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[Terminé][PV Furam]Une rencontre à deux sous
Noire
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Heaven can wait
Noire
Les derniers événements étaient plus que marqués, et d'un fer rouge, dans l'esprit de Phadransie. Tout d'abord, sous ses yeux, il y avait eu cet échange. Le Seigneur Émeraude, joyau des océans, propriété d'Ariel, s'était vu englouti, sans prévenir, afin de troquer sa place avec celle du Wicked Wench, le favoris de Theoden, d'après ce qu'elle avait pu en comprendre et en entendre.

Il y avait pire que cela.

Ariel, la Déesse des mers, avait délibérément offert le Seigneur Emeraude a un Capitaine Elfe Noir, situé sûrement à quelques centaines de kilomètres d'ici, dans le même état d'esprit qu'elle avait remonté des océans le Wicked Wench pour Theoden. Tout cela lui laissait un goût d'encre dans la bouche. Un goût d'encre et de sang.

Une terrifiant mélange de rage, de dégoût, d'incompréhension, de rancœur et de haine emplissait tout son être.


Le Seigneur Emeraude. Allait. Appartenir. Aux. Elfes. Noirs.

Ces mêmes salauds qui avaient réduits en un tas de cendre Port-Argenterie, il y avait un Tour de cela à présent. Allaient hériter du Seigneur Emeraude. Le Navire le plus rapide au monde. Tout cela, parce que la Déesse l'avait décidé. Phadransie avait appris à s'incliner devant chacune des décisions de la Grande Garce, et chacun de ces caprices.

Donc, c'était ainsi.

Et ce fut ainsi.

Si Phadransie n'avait jamais connu la sensation de s'attacher à un être cher, elle avait au moins le mérite d'avoir ressenti cela pour un bien. Le Seigneur.

Rien ne pourrait jamais remplacer ce Navire à ses yeux. Celui de Brecianne Leocadas avant tout.

Le Second événement qui restait gravé dans ses souvenirs, était sa discussion en privée avec le Capitaine Theoden, quelques heures avant cet échange désavantageux.


*

Phadransie La Noire, en tant qu'officier de quart, avait enfin réussi à se faufiler jusqu'à la Cabine du Capitaine Theoden, à bord du Seigneur Emeraude. Le Navire venait tout juste d'affaler ses voiles et de jeter l'ancre, les rabans serrant lesdites voiles, non loin du port des Marches D'Acier. La lune était en son quart, la nuit à demi avancée. Dans plusieurs heures, le jour se lèverait.

Le plus discrètement possible, Phadransie tapa trois coups à la porte de la cabine de Theoden. Nulle réponse. Elle réitéra son geste, trois fois, puis prit l'initiative d'ouvrir la porte violemment, et entra.

Elle dut en premier lieu plisser son oeil gauche afin de discerner avec circonspection l'état dans lequel se trouvait l'espace privé du Capitaine. Plusieurs documents de papiers, ainsi que quelques bouteilles vidées jonchaient le sol. Il y avait également, abandonné dans un coin, le fameux Tricorne du Capitaine. Ce dernier se trouvait assis, devant son bureau, le regard totalement vidé penché sur ses écrits. Sa plume encore trempée d'encre -sèche-  rejetée sur ledit bureau, prête à tomber. Phadransie remarqua après que le Capitaine n'était pas coiffé, il portait une simple chemise, froissée, lui d'habitude si soigneux. Une barbe de plusieurs jours dissimulait son menton et une partie de ses joues. Une simple lampe à huile, ainsi que la lueur nocturne, éclairait la pièce.

Theoden leva ses yeux, jadis fiers, faiblement vers elle. Il semblait avoir près de cent ans, ce n'étaient les cheveux blancs qui manquaient. Inconsciemment, Phadransie ne pu s'empêcher de relier l'expression de ce regard empli de renoncement et de douleur à celui de Brecianne Leocadas, lorsque Jack Lissander l'avait tirée jusque dans les geôles de son Navire, après l'avoir brisée toute la nuit durant. Ce même sentiment, cette même amputation psychique. La Noire en eut un haut le cœur, malgré elle.

« Que veux tu Phadransie ? Avait demandé Theoden, las.

Phadransie le maudit intérieurement de lui rappeler autant la femme qu'elle regrettait. Elle parla froidement.

-Vous excuserez cette entrée en matière un peu cavalière, mais il fallait que je vous parle et déranger Monsieur Gibbs pour cela me semblait légèrement inapproprié. Nous devrions causer, Capitaine. Maintenant.

Un silence s'instaura. Non évoqué, mais qui ne surprit personne.

-N'as tu pas tout ce qu'il te faut ? Je ne puis t'accorder plus, tu le sais.

Non, Phadransie ne savait pas. Elle ne comprenait rien à ce que disait Theoden !

-Ce n'est pas de moi qu'il s'agit, Capitaine, répondit elle en manquant de marcher sur un objet, au sol, qu'elle ramassa. Mais de vous. Il s'est passé quelque chose ici.

Elle vit qu'il s'agissait du compas de navigation de Theoden. Un très bel instrument, qui en temps normal, ne se serait pas retrouvé là, sous sa botte.

Phadransie entendit Theoden soupirer et détourner légèrement la tête.

-Il ne se passe rien ici. Sors, je t'en prie.

La Noire s'approcha et lui tendit le compas.

-Vous devriez reprendre ceci. Un capitaine faible n'est pas en état d'assurer ses fonctions, et sans un capitaine à sa proue, un Navire comme le Seigneur Emeraude ne fera pas un bon mouillage. Vous le savez autant que moi. On peut donc dire, d'une certaine façon, que si je suis ici c'est dans le but d'aider l'équipage.

Second silence. Qu'elle se décida à briser, d'une voix tranchante.

-Morbleu. Que vous est-il arrivé ?

La Capitaine regarda longuement son compas, puis le saisit mollement, avant de le déposer sur son bureau sans grande conviction, a coté d'une pile de cartes maritimes.

-J'ai rencontré la Reine des Océans.

Phadransie cru que le pont du Seigneur allait se briser sous ses pieds. Non...

-Que vous a t elle dit ?

Le Capitaine, cette fois ci, bougea. Phadransie vit qu'il ne portait pas de ceinture, ni de foulard. Il marchait courbé, presque boitillant. Fait plus étrange, sa main restait plaquée sur son foie.

-Je suis parvenu à faire lever la malédiction qui pèse sur toi.

Ce fut un nouveau choc pour Phadransie. Elle laissa se briser au sol la bouteille de rhum arrangé qu'elle venait de dénicher près du lit du Capitaine. Tout se bousculait en elle. Décidément, soit ce Theoden se foutait de sa gueule, soit...

-Quoi ? La...La malédiction de la Garce ? Mais...comment ?
-De la chance, j'imagine.

Il tourna lentement autour du bureau. Ces derniers mots avaient été prononcés d'une voix rauque et faiblarde.

-Je ne comprends rien. Vous êtes en train de me dire...qu'Ariel a accepté de lever la malédiction ? Il vous a suffit de le lui demander ? En tant qu'élu ?
-Je ne serai pas son élu, Phadransie.

Il était à pas plus de trois pas d'elle, de dos. Ainsi elle ne pu voir son visage lorsqu'il avait parlé.

-Vous etes le Capitaine du Seigneur Emeraude oui ou non ?

Assistant au mutisme de Theoden, Phadransie prit sur elle l'envie de le bousculer et lui brandir son crochet sous le nez.

-Mais répondez moi ! Dites quelque chose morbleu !
-Ariel... n'a jamais voulu de moi comme Capitaine.
-Connerie. Vous tenez la barre de son vaisseau.
-Je ne l'ai eu que par Medron.

Silence supplémentaire. Phadransie était bien plus tendue qu'elle l'aurait voulue. Elle reprit avec cynisme.

-La Garce vous a fait la morale apparemment.

Theoden se retourna et lui lança un regard noir.

-Tu as eu ce que tu voulais. Maintenant laisses-moi.

Malheureusement pour lui, à ce jeu là il avait tout à envier à Noire. Elle ne fut pas impressionnée.

-Siresse de merde, mais il s'est passé quoi exactement ? Vous ne valez pas mieux qu'une épave ! Et moi j'ai juré devant la Garde de servir et rester fidèle au Capitaine de ce Navire. Je n'ai pas l'intention d’exécuter les volontés d'une épave ou d'un homme vidé de l'intérieur. Restez et méritez votre place, comme avant, ou offrez votre titre à quelqu'un d'autre !
-Ariel l'a déjà fait. Le Seigneur sera bientôt offert à un de ses Favoris, vrai favori. Quelque part chez les Elfes Noirs.

Un choc. Une chute.

-Vous plaisantez ?
-J'ai l'air de plaisanter, Phadransie ? Tu crois que c'est le genre de blagues que je ferais ?

Phadransie chancela, comme si elle venait de sucer une bouteille de rhum entière. Mais ça n'était malheureusement pas le cas. Elle posa son crochet sur le mur pour se soutenir. Non. Pas ça. Tout mais pas cela...

-Je crois que vous tenez mal l'alcool Capitaine Theoden. Cela ne se peut ! Je refuse qu'un elfe noir se ramène sur le pont de ce Navire et s'en déclare Capitaine ! Jamais plus mon oeil ne verra un Capitaine elfe noir debout vivant à la proue d'un Navire de guerre, surtout un comme celui ci ! Jamais !!

Le Capitaine se tourna vers l'un des hublots, dissimulant son visage à Phadransie, l'exposant à la clarté lunaire.

-Tu n'auras pas à le supporter. A notre arrivée à terre... le Seigneur disparaîtra...
-Pourquoi la déesse en a t-elle décidée ainsi ? Vous lui avez déplu ?
-Je crois que je ne lui ai jamais plu.

Un autre silence vint les frapper sans partage. Plus long et dur que ses précédents. Puis Phadransie le brisa derechef.

-Il semblerait que nous soyons deux dans ce cas là.
-Voilà le truc. Ariel... n'aura plus jamais d'élu. J'obtins ta libération et le retour de mon ancien navire, le Wicked Wench. En échange. le Seigneur n'est plus mien...
-Brecianne..était donc la dernière élue ? Pourquoi ?
-Lorsque j'ai voulu l'apprendre, répondit amèrement Theoden, il s'est avéré que ta Brecianne a fondu sur moi et m'a arrachée une épaule à coup de dents.

Cette fois ce fut la poitrine de Phadransie qui sembla chanceler. Était-ce possible ? Elle qui avait tant de fois eut affaire à Brecianne en rêve. Elle empêcha sa voix de dérailler.

-Vous avez vu Brecianne ?
-Je la vis, oui. A côté d'Ariel, transformée en Sirène, répondit-il le Capitaine en serrant les poings.

Phadransie ne trouva rien à répondre à cela. Elle enviait presque Theoden  d'avoir eu le privilège de voir Brecianne à travers la mort. Pourquoi fallait-il que tout soit si compliqué ces derniers temps ?

-Ca n'a pas du faire du bien à votre épaule. Je suppose qu'il n'y a rien à faire pour convaincre la Garce des profondeurs de renoncer à son projet... Je suis aussi frustrée que vous Capitaine.
-Tu es donc libérée de mon commandement, Phadransie. A notre arrivée à terre, poursuivit le Capitaine en se saisissant de son sabre, dans son fourreau, posé sur le bureau, tu hériteras de ça. Ainsi je penses que tu auras ton tour en mer de payé.
-Un sabre comme il y en a des milliers sur Ryscior. Vous venez de lever la malédiction. Mes services sont payés. Que ferez vous à notre arrivée ?
- Enchanté par Astalil pour s'enflammer au combat. La lame est faite d'acier des Marches et le pommeau fut sculpté par des artisans nains en or massif à l'effigie d'Ariel. Un sabre unique...Quant à mes projets.. je ne sais pas. Je penses végéter sur l'épave de mon vaisseau.

Phadransie dévora l'arme du regard, avidement.

-La Lame D'Or de Korlanos. Et le Sabre d'Astalil de Theoden. Si j'ai convoité la première, jamais je me serais attendue à ce que la seconde me soit offerte de votre gré.

Elle s'en saisit en un tour de main, et l'ota de son fourreau.

-Je n'y connais rien en magie. Quel est cet enchantement ? Il y a t il une façon précise de l'enclencher ?
-L'enchantement dit... que tant que tu ne frapperas pas la première... ce sabre coupera n'importe quoi et sa lame sera nimbée de flammes... autrement... il ne coupera pas même du beurre.
-Je ne laisse jamais l'opportunité à mes ennemis, de plus, ils ne sont pas en beurre. Cette babiole ne me servirait à rien. J'ai une meilleure idée, nommez moi Capitaine du..Wicked Wench, vous dites. J'imagine que ce Navire, lui, souhaite autre chose que vegeter.
-Ne t'avises MÊME-PAS d'effleurer cette idée. Je suis peut être bien diminué mais j'ai encore assez de force pour t'étrangler avec tes propres tripes, répondit Theoden du tac-au-tac, haussant le ton et fronçant les sourcils.

Ce qui plut à Phadransie. Elle se serait pour peu offerte à sa colère.

-Je suis heureuse de l'entendre de votre bouche. Dans ce cas ci il se peut que nos chemins se recroisent d'ici peu, sur les Grand'Eaux.

Le Capitaine ajouta a voix basse, pour sa seule personne, "j'ai déjà bien assez perdu pour lui."

Phadransie La Noire se saisit fermement d'une bouteille de rhum encore inentamée qui traînait quelque part par là, trop seule à son goût.

-Je peux prendre ceci en gage de paiement pour avoir reussi à outrepasser la vigilance de votre Second ? Ce diable de Gibbs est fichtrement efficace, morbleu ! Détourner sa vigilance pour une entrevue avec vous m'a donné terriblement soif.
-Fais ce qu'il te plaît. J'en ai bien assez.
-Une dernière chose Capitaine. Pourquoi avoir pris tant de risques...pour lever cette malédiction ?

Elle se maudit d'avoir posé cette question lorsqu'elle eut franchi la commissure de ses lèvres. Mais c'était trop tard. Et elle devait avoir une réponse, absolument. Un demi sourire para le visage éprouvé de Théoden. Le seul depuis cette conversation. Le seul. Depuis cette conversation. Depuis des jours entiers, surement.

-J'avais... de grands projets...pour nous deux.
-Je pense que vous devriez vous rendre au temple une fois qu'il fera jour, reprit la pirate. Ariel est comme elle est, mais c'est grâce à sa volonté que les mers et les Grand'eaux nous sont accessibles. Remerciez la d’être seulement en vie
-Si j'ai bien une chose... pour laquelle je devrais la remercier... c'est pour m'avoir offert le moyen... de quitter son service...
-Ma chienne de place n'est pas sur terre, et la votre non plus Capitaine.
-Je suis à court d'options, Phadransie. Le monde est devenu... si terne...
-Si la mort vous semble si douce qu'attendez vous ?

Phadransie avait dans le creux de sa paume Lame D'Or, sa plus fidèle alliée. La dague brillait, éclairant par les rayons lunaires. Elle sentait son sang bouillir dans ses veines.

-Je n'ai pas l'habitude d'être gentille avec mes proies. Mais pour cette fois, je peux vous faire une faveur et faire ça "relativement" rapidement.
- J'ai prises mes dispositions...Avec Ariel...pour ça, répondit l'homme face à elle sans se départir de son sourire.
-Soit. Alors je vous souhaite bon vent et vous dis à bientôt...Capitaine.

Phadransie avait rangé son arme dans son étui, accroché à sa ceinture. Elle avait détourné le regard de Théoden et l'avait frôlé pour le dépasser, se dirigeant vers la sortie. Mais cette fois ci, il n'avait pas baissé le regard.

-Mes projets tiennent toujours...Phadransie.
-Il me faut déjà trouver un navire. Une fois que je serai un brin plus "présentable" je viendrai me tenir de nouveau devant un Capitaine de votre trempe.

Théoden se hissa vers une étagère, en claudiquant et en tira une carte reliée de cuir qu'il lui lança.

-J'ai noté...sur ces cartes... quelques Royaumes où tu pourras trouver... des navires convenables...ainsi que des itinéraires sûrs d'après ce que me dirent des marins de l'Île Verte...

Sans mot dire, Phadransie La Noire s'était saisie des cartes, puis les avait rangées dans sa chemise bouffante. Elle quitta la cabine du Capitaine Théoden, environ une demi heure après y être entrée.

Elle ne repassa pas par la sienne, mit une chaloupe à la mer puis directement pied à terre sur le vaste port des Marches D'Aciers. Un autre pan de sa vie se déclarait à l'horizon.


*
Mar 21 Avr 2015 - 22:53
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Phadria Red
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Phadria Red
Phadria Red repoussa doucement son Tricorne de devant ses yeux. Elle venait tout juste de se réveiller à bord du Wicked Wench, c'était là sa première nuit. Après que le Capitaine Théoden, après des mois d'absences se soit de nouveau montré à son équipage, l'air plus abattu et grave que jamais, il avait quitté le Seigneur en compagnie d'un homme d'environ le même âge que lui, ou tout du moins inclus dans la même dizaine de tours.

Tout comme ça n'avait pas échappé aux membres d'équipages, ça n'avait pas échappé à Phadria non plus : le capitaine Théoden était au plus bas, et nul à bord n'aurait su dire pourquoi il en était ainsi.

Elle fit le lien lorsque le Seigneur Emeraude lui fut enlevé, englouti par la Déesse. Phadria conclut que Théoden savait ce qui allait arriver, et qu'il était atterré de devoir renoncer à son Seigneur. Ca ne pouvait être qu'un truc comme ça.

Red était restée à bord du Wench toute la journée, puis la nuit suivante. A vrai dire, la tentation de fouler la terre ferme et goûter à une bonne bouteille de rhum était imposante, mais le climat la retenait. Elle ne pouvait empêcher a chacune de ses expirations de laisser échapper de ses lèvres un filet de buée glaciale. C'était la première fois de sa vie que Phadria Red mouillait autant au nord. Malgré sa chemise, sa veste, la fine voilure qui faisait office de couverture et tout ce que le Wench pouvait apporter comme confort, malgré son état désastreux, la pirate frissonnait encore de temps à autre. Elle décida finalement de se lever, abandonnant le navire aux gardes côtes et tous les marins à son bord ou restés près du port. Elle fit quelques pas sur le port des Marches D'Acier, et entra dans la première taverne qu'elle trouva. Elle y commanda du rhum ce qui entreprit de la réchauffer un peu, puis, lorsque le soleil fut haut dans le ciel et entamait sa descente, se risqua à sortir. L'air était déjà moins agressif.

Phadria Red profita autant qu'elle le put cette étrange alliance qu'était la chaleur solaire et l'air marin nordique, tout en cherchant une rue commerciale et des vêtements à acheter. Elle en eut pour sa satisfaction, et pu ajouter un vêtement chaud sous sa veste ainsi qu'un manteau au dessus. Tournant la tête, elle aperçut une femme en blanc, prêtresse d'Ariel, semblant se diriger vers un lieu bien précis. N'ayant rien de mieux à faire et pas envie de dépenser toute une fortune dans de l'alcool, Phadria Red lui emboîta le pas jusqu'au temple.

Bien sûr, ce temple ci n'avait rien à envier à celui de Kelvin, la plus grande cité portuaire du monde. En revanche, ce temple devait se situer non loin d'une rue commerciale ou des docks, car malgré la présence du port, des dizaines de passants marchaient en ligne droite autour de la demeure d'Ariel, sans vraiment s'y intéresser. Dans le lot, il n'y avait pas que des marins, mais également des femmes, des artisans, des commerçants et de jeunes enfants.

Se remémorant la façon dont la Déesse avait engloutie le Seigneur Emeraude, et surtout celle dont elle avait arraché des abysses la carcasse du Wench, Phadria, une fois n'était pas coutume, décida d'y faire un tour. Il est vrai qu'habituellement, c'était surtout de l'essor des capitaines d'honorer la déesse, en la remerciant de sa bienveillance lorsque leur navire revenait accoster, ou au contraire réclamant ses faveurs lorsqu'il prenait la mer.

Il faisait assez sombre à l'intérieur, une odeur d'algue apaisante était présente. Phadria hésita à faire demi tour, mais se trouva prise de réserve au dernier moment, et s'avança jusqu'à un petit feu ou quelques coquillages étaient disposés autour, selon une forme qui semblait bien précise. Phadria ferma les yeux rapidement, et dit muettement une prière destinée à la Garce. Puis, se sentant mieux, comme si la Déesse venait de braquer son regard insatisfait sur une autre personne, Phadria aperçut un petit escalier menant à l'étage supérieur, et le gravit.

Elle comptait ne pas vraiment s'attarder ici, n'ayant rien à dire de plus à la Déesse, lorsque ses yeux tombèrent sur Noire, plantée là au milieu de la salle, seule. Elle était agenouillée, prostrée sur le sol et semblait clamer des dévotions.

Phadria Red se demanda si elle devait éclater de rire maintenant ou attendre au moins d'etre sortie du temple. De tous ses souvenirs, Phadransie était la femme la plus cruelle qu'elle avait eu le déplaisir de rencontrer, et la moins dévote. Apparemment sa rencontre avec la Garce et son Elue l'avait bien changé. D'un point de vue religieux surtout.

Se sentant soudain de trop, comme si la Déesse était bel et bien présente, occupée à écouter les idioties que devait être en train de clamer Noire, Phadria commença à redescendre le petit escalier.

-Tu n'as pas déposer, lui fit simplement remarquer La Noire.
-Non, mais j'ai adressé une prière à la Garce des Profondeurs.
-Son titre en ces lieux est "Reine des Mers".
-Reine ou Garce, c'est la même chose. On s'adresse à la même personne. Seule l'intention compte ici.

La Noire s'était relevée, lentement. Elle s'était saisie de son Tricorne posé près d'elle, et l'avait gardé à bout de bras.

-Non, ça n'est pas la même chose.

Red avait détourné le regard, peu encline à l'idée de devoir subir l'oeil noir de son interlocutrice braqué sur elle.

-Si tu le dis.
-Dépose, répéta Phadransie. N'oublies pas sur quel navire tu viens de naviguer.

Jugeant inutile le fait de froisser Noire, Red se saisit d'un collier de perle qu'elle portait autour de son cou, et le déposa aux pieds de la statue représentant la Déesse. Elle ne dit rien et continua sa descente, préférant fuir Noire et sa foi rattrapée. Elle eu quand même le temps de la voir déposer devant la statue quelques bijoux ainsi qu'un sac en toile, prodigieusement garni d'or, tant que la ficelle qui avait pour charge de le fermer semblait sur le point de céder. Probablement la totalité de sa paye pour son service en mer toute cette année. Phadria attendit que Noire l'ait rejointe au rez de chaussée.

-Je ne te savais pas si généreuse, Noire.

Padransie ne lui répondit pas. Mais elle ne semblait pas non plus spécialement pressée de quitter le temple. A voir les marques sur ses genoux, Phadria pu deviner qu'elle était restée de nombreuses heures dans cette position, agenouillée.

-Combien de temps, se risqua-t-elle à demander.
-Deux nuits et un jour, lui répondit simplement Noire.

Les deux femmes avancèrent de quelques pas à l'intérieur du temple. Une vaguelette de fidèles ainsi que prêtresses venait d'y entrer et les croisèrent.

-Tu sais, lui dit Phadria, il paraît qu'un jour le capitaine Leocadas a déposé un coffre empli d'or au temple d'Argenterie. Un butin entier, résultat d'un pillage d'une flotte royale.

Un silence. Phadransie tourna vers Red le plus étrange des regards qu'elle lui connaissait.

-Ton Tricorne.
-Et bien ?
-Découvre toi. Tu es dans le temple d'une Déesse. Tu ne t'es pas découverte.

Phadria prit sur elle et obtempéra. Après tout Noire n'avait pas tout à fait tord.

-Brecianne se découvrait toujours, conclut Phadransie.
Mer 22 Avr 2015 - 2:35
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Furam Erthus
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Voyageur de flammes
Furam Erthus
Furam a 15 tours à présent. Cela va bientôt faire un tour qu'il est parti en voyage. Il avait décidé de commencer à visiter le Nord. Il passait de villages en villages, son maître lui avait donné de l'argent pour pouvoir payer les aubergistes et autres marchands. Il avait rencontré beaucoup de gens, il s'était même lié d'amitié avec certains d'entre eux. Il avait su développer son réseau social, ce qui permettait de combler partiellement le vide qui s'était créé dans son coeur. Il dût user de ruse pour pouvoir survivre, pour la chasse,... Puis il arriva à destination. Les Marches d'Argent, cité célèbre pour son port et le temple d'Ariel. Furam voulait voir des pirates de ses propres yeux et qui sait, il nouerait peut-être quelques liens avec certains d'entre eux.

Furam marchait dans les rues de la cité. Il observait les gens qui y résidaient et voyait des pirates. Il admirait leurs navires, ils le faisaient rêver. Bien sûr la vie de pirate ne l'intéressait pas, passer la plupart de sa vie entourée d'eau, non merci. Sa bourse s'était épuisée, il n'avait plus beaucoup d'argent, cela l'inquiétait un peu. Il devait absolument trouver un petit travail dans cette cité histoire de remplir sa bourse. Il s'était rendu à un marché. De nombreux poissons étaient posés sur les étales, tout cela donnait faim à notre jeune mage de feu. Il les regardait avec émerveillement quand soudain, il surprit une discussion qui le retira de ses pensées.
Deux pirates, des hommes avec une forte corpulence, étaient en train de parler du temple d'Ariel.

"-Alors, vous vous rendez au temple d'Ariel ?
-Oui, je vais lui faire une offrande. Une offrande pour qu'elle continue à nous aider dans notre périple marin. C'est important.
-Haha, l'or l'intéresse beaucoup, cette reine de l'océan ! Qu'elle vous porte loin sur les vagues du grand bleu, mon ami."

Une offrande ? De l'or ? Une idée traversa l'esprit de Furam. Il n'était pas très fier de cette méthode, mais il eut l'idée de se rendre au lieu des offrandes au temple et d'y voler l'or, tout ça dans la plus grande des discrétions. Et pour ça, il devait avoir l'air d'un pirate, pour ne pas éveiller l'attention sur lui. Il traversa tout le marché et finit par trouver un marchand de vêtements. Ce n'était pas dur de se procurer des vêtements de pirates dans cette cité portuaire. Furam prit deux rubans, un rouge et un blanc, ainsi qu'un gilet en cuir brun clair. Il acheta aussi une paire de bottes noires avec ses derniers sous. Il sortit du marché et se mit à l'écart de la foule dans une petite ruelle. Il enroula le ruban blanc autour de son front et le ruban rouge autour de sa taille. Il enfila le gilet en cuir par-dessus son haut et mit ses bottes en rentrant son pantalon dedans. Bien sûr, il remit par-dessus sa cape noire. C'était bon, il avait déjà plus l'air d'un pirate, de quoi passer inaperçu. Il se dirigea ensuite vers le temple et fut impressionné par le bâtiment.

"Je m'apprête à pêcher..." se disait Furam.

Il entra dans le temple et y vit deux pirates, deux femmes que Furam trouvait plutôt jolies, mais elles ne le remarquèrent pas. Elles s'apprêtaient à partir. Il vit des escaliers pour monter à l'étage et, ne voyant pas d'or au rez, il monta à l'étage. Ici, il n'y avait personne. Furam vit au centre de la pièce plusieurs bijoux de valeur ainsi qu'un sac en toile rempli d'or. Les yeux de l'adolescent se mirent à briller.

"Parfait... À moi l'argent !"

Il avança doucement vers les offrandes, son coeur palpitait de plus en plus vite, le rythme de sa respiration fut troublé. Il risquait gros si quelqu'un le voyait. Il s'abaissa et plaça les bijoux dans les manches de sa cape, mit le collier dans la poche de son pantalon et le sec rempli d'or sous son haut. Il devait faire vite et quitter cet endroit. Il se retourna et à ce moment, un groupe de religieux finit de monter les escaliers. Le coeur de Furam faillit s'arrêter. Une des prêtresses du groupe s'avança et dit en souriant :

"-Oh, vous êtes venu faire vos prières, mon bon garçon ?
-O... Oui !!
-Vous êtes encore jeune, la vie de pirate ne doit pas être facile tous les jours. Je prierai pour vous.
-Oh et bien... C'est bien gentil de votre part ! Maintenant excusez-moi mais ... Mais mon équipage m'attend, on va bientôt lever l'ancre !
-Que votre voyage se passe bien !"

Furam se précipita vers les escaliers. Il fut arrêté par une autre religieuse, plutôt jeune, qui lui embrassa la joue. Furam rougit davantage et faillit perdre un bijou se trouvant dans sa manche. Son coeur ne s'arrêtait plus de battre, il courut dans les escaliers pour sortir au plus vite de ce temple. Les religieux se retournèrent tous en choeur en voyant le jeune homme descendre rapidement. L'un d'eux dit "Quel gentil garçon.", tous approuvèrent.

Furam se précipitait vers la sortie du temple d'Ariel. Son coeur faillit lâcher une seconde fois lorsqu'il fit tomber un bijou de sa manche en butant sur la marche de la sortie, et ce juste sous les yeux écarquillés des deux femmes pirates qu'il avait vu  en entrant dans le bâtiment. Ils se regardèrent tous trois pendant un instant. Furam était tout rouge, très stressé. Il se mit à courir en hurlant en gardant le sac rempli de pièces d'or contre lui et les bijoux dans ses manches. Il courait entre les gens qui le regardaient bizarrement, l'air soupçonneux. Il devait fuir, les deux pirates le poursuivaient en jurant. Qu'allait-il devenir ? Ce n'était pas le moment de se poser des questions, il devait vite se cacher. Il se préparait à tourner à droite quand il entra en collision avec un passant. Il s'écroula au sol en lâchant le sac. Toutes les pièces d'or s'éparpillèrent au sol. Furam était un peu sonné, les deux femmes ne mirent pas longtemps à le rejoindre.
Mer 22 Avr 2015 - 13:55
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Phadria Red
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Phadria Red
Phadria et Noire étaient toujours face à face, à l'intérieur à quelques pas de l'entrée du temple d'Ariel.

-Nous allons boire un coup ensemble ? Proposa à tout hasard la Rouge à la Noire.

Elle ne savait pas trop ce qu'elle faisait et pourquoi elle venait de proposer ça à sa rivale, mais après tout, elles ne semblaient rien avoir de mieux à faire.

-Au cas où ça t'aurait échappé, lui répondit Phadransie La Noire, je n'ai plus d'or. Mais tu n'auras qu'à me payer la bouteille que tu me dois.
-Je te dois quelque chose ?
-Dans les geôles du Seigneur. Tu as parié que Théoden se ferait ma peau.

Phadria acquiesça sans oser remettre cet échange sur le tapis. Elle n'avait jamais été à l'aise aux côtés de cette femme, même aujourd'hui.

-Et puis, se risqua-t-elle, tu n'as rien de mieux à faire. Maintenant que le Seigneur Emeraude a été récupéré par la Garce, que vas-tu faire ? Ariel t'avait bien commandé de ne servir à bord d'aucun autre vaisseau que celui ci.
-Le Seigneur n'a pas été récupéré par la Déesse, elle l'a offert aux Elfes Noirs.

Cette nouvelle fit à Phadria l'effet d'une gifle.

-Comment le sais-tu ?
-J'ai parlé avec elle.
-Encore ? Et que t'a-t-elle dit cette fois ?
-Apparemment ma présence sur son navire la répugnait tellement qu'elle a préféré l'offrir à d'autres. En échange je ne suis plus liée au Seigneur.
-Donc tu es de nouveau libre, acheva Phadria.
-Non, car le Seigneur Emeraude est le seul Navire en ce monde que je convoite. Je refuse de le voir aux mains de nos ennemis !
-D'un autre côté, reprit Phadria, si tu n'avais pas offusquée la déesse en crevant son unique Elue, ceci ne serait pas arrivé. Brec...

Phadria n'eut le temps de terminer sa phrase que le poing de Phadransie vola vers elle, et l'empoigna fermement. Elle avait prévu le coup mais la rapidité de l'action l'avait surprise. Sans comprendre, elle se retrouva plaquée contre le mur du temple de la Reine de mers, un crochet acéré pointé sur sa gorge. Son visage avait changé d'expression en un éclair. Elle exhalait la haine, la rage et la folie pure. Pure et noire.

-Qui es-tu pour prononcer le nom de Brecianne Leocadas en ma présence ?! Je ne veux pas t'entendre, ferme la, ne prononce jamais son nom ! Tu n'es qu'une merde, comme tous les autres. Je ne l'ai pas tué, tu entends ? JE NE SUIS PAS RESPONSABLE !

Phadria Red parvint à esquiver le regard terrifiant de son ennemie tout en luttant contre la pression de Phadransie, afin de faire sortir de ses lèvres les mots suivants :

-Je te...crois..Noire. Je suis d'accord avec toi...

Cette dernière sembla se radoucir. Phadria reprit tandis que le crochet s'éloignait de sa gorge.

-Ce n'est pas toi qui est responsable de ça, Noire. C'est la Légende.

Un silence sinsinua. Phadransie sembla relâcher sa tension.

-Tu as fauché plus de vies que tu ne saurais t'en souvenir pour cette babiole. Tu as mutilé, tu as trompé, trahi. Je mettrai ma main à trancher que tu as levé ton crochet au moins une fois sur le Capitaine Korlanos. C'est la Légende du Fou qui t'a poussé à offrir Brecianne à la torture, puis à la mort. Je suis aussi désolée que toi, Noire.
-Garde ta compassion de siresse dans ta bouche. J'en ai rien à foutre.
-Je n'en ai jamais eu pour toi. Mais quand on cherche le Fou, c'est la folie qui finit par nous trouver.

Phadransie ramena son bras tendu le long de son corps, fixant toujours avec autant d'intensité son ennemie. Phadria Red trancha, simplement.

-Passe à autre chose maintenant Noire. Fais ton deuil et avance.

Justement, lorsque ce dernier mot tomba, un bruit aiguë bien connu des deux femmes se répercuta dans tout le temple. Les deux pirates tournèrent en même temps la tête derrière elle. Se trouvait là un jeune pirate, le manteau gonflé de joyaux et d'or qu'il tentait très très maladroitement de dissimuler. Le bijou qui venait de tomber sur le sol du temple, causant ce son si agréable aux oreilles des deux femmes, n'était rien d'autre que le collier de perle que Phadria venait de déposer aux pieds de l'autel d'Ariel, quelques minutes plus tôt. Alors qu'elles firent le lien, le jeune pirate poussa un cri strident, et détala comme un lapin. Lapin qui fut donc, très vite pris en chasse par les deux pirates qui le traitèrent de tous les noms. Des pièces d'or et des bijoux divers s'éparpillaient partout sur le sol, dans les rues glacées des Marches.

-Il court vite ce fils de pute !
-Prends à gauche, cria Phadransie à Phadria, on le coincera dans cette ruelle !

*

-TOI !

Phadransie balança un formidable coup de pied dans les côtes du jeune garçon qui venait de tomber au sol, en heurtant un passant. Un second coup lui permit de se défouler. Elle leva son bras, prêt à l'éventrer net, mais Phadria l'arrêta.

-Ne fais pas ça, Noire ! Il y a des gens tout autour de nous, tu vas nous foutre dans la merde encore !

Ignorant ce "encore", Phadransie La Noire se saisit du jeune voleur tout rouge et suffoquant par le pan de son manteau et le plaqua contre un mur. Sa tête le heurta violemment et il cria de douleur tandis qu'un flot d'or glissait de son manteau et de ses manches.

-Tu espérais quoi bâtard ?? Voler Phadransie La Noire et la Reine des Mers de surcroît ?!

Elle lui décocha un coup de poing dans le ventre qui le fit déglutir, et le secoua avec violence. On aurait dit que son œil était apte à lâcher la foudre sur son ennemi.

-Répond putain !! Cesse de gémir et répond moi connard !

Elle lui brandit son crochet acéré sous le nez.

-Ca fait longtemps que je ne me suis plus faite un gosse, mais crois moi je ne pense pas avoir perdu la main ! Ou le crochet, devrais-je plutôt dire.

Alors que la peur se saisissait du visage du jeune garçon, Phadria entreprit de récupérer l'or tombé au sol. Elle était bien placé pour savoir que Noire ne se vantait pas, elle avait bel et bien torturé des enfants par le passé.

Elle se souvint de sa première jeune victime, alors qu'elles étaient toutes deux à bord du Galion Déité. Phadransie en tant que Seconde, elle en tant qu'officier. Le Galion venait de couler une galère originaire d'Oro, et il n'avait fait aucun quartier. Seul un "chanceux" avait pu échapper à ce massacre, un jeune aristocrate, fils de personnage important, à présent la gorge ouverte et à six pieds sous l'eau. Prétextant demander une rançon pour le gamin d'une douzaine d'années au plus, Phadransie en avait fait son prisonnier personnel. Phadria Red se souvint très bien, des cris de douleur qui durèrent un jour entier, puis une nuit et encore un jour. A la fin de celui ci seulement, ils cessèrent et Phadransie foula de nouveau aux pieds le pont du Galion Déité. Des gouttes de sang parsemaient son visage et ses habits, et elle les essuyait négligemment, tout en léchant son crochet.

-Toi, avait-elle dit en désignant Red qui l'observait depuis la dunette, va nettoyer.
-Et la rançon ? Avait-elle demandé, première chose qui lui passa par l'esprit.
-On s'en fiche de la rançon, on le leur prendra de force, leur or.
-A vos ordres, avait dit Red en se rendant dans la Cabine de la démente.

Il était méconnaissable, et suspendu au plafond par un croc, tel une pièce de viande. A voir les cicatrices et sillages de sang, partout, Red avait pu juger que La Noire s'était faite plaisir. Le garçon était déjà semi mort, ses yeux, crevés étaient fermés cependant il parvenait à supplier qu'on l'achève, si bas que Red avait dû s'approcher de ses lèvres pour entendre.

-Pas de pitié.

Elle l'avait détaché, et tandis qu'il s'était affalé sur le sol comme un poids déjà mort, Phadria Red s'était saisie de son sabre et l'avait décapité. Elle avait mis les morceaux dans un sac en toile, et avait tout balancé à la mer. Les requins avaient été les premiers à s'en ravir.

Aujourd'hui, ce jeune pirate lui rappelait cet enfant.
Sam 25 Avr 2015 - 16:54
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Furam Erthus
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Furam Erthus
« Oh mais c’est… parfait ! Je vais tourner à droite et j’irai vite fait me cach… »

Furam percuta un passant au moment de tourner à droite. Il s’écroula à terre, un peu sonné, en lâchant la bourse remplie d’or. Il tentait de se relever mais les deux femmes qui le poursuivaient arrivaient déjà. Phadransie arriva la première et lui mit un puissant coup de pied dans les côtes. Furam posa directement ses mains à l’endroit frappé et serrait les dents en poussant un petit gémissement de douleur. Il se reçut un deuxième coup. Dans la douleur, Furam fixa la pirate d’un seul œil et la voyait lever le bras pour lui donner le coup fatal, mais sa compagne lui dit d’arrêter. Le jeune garçon se fit empoigner par le pan de son manteau et plaquer contre un mur. Sa tête heurta celui-ci plutôt violemment et Furam laissa sortir un cri de douleur. Les dernières pièces d’or sortirent de ses manches. La pirate ne s’arrêta pas là, elle lui donna un coup de poing dans le ventre. L’adolescent souffrait pendant qu’un filet de sang coulait de sa bouche.
Furam remarqua que les regards étaient tournés vers eux. Il se dit :

« Merde… ça n’aurait pas dû foirer ! Qu’est-ce qui va m’arriver maintenant ? raaah… aller, je vais m’en sortir… »

Furam vit le crochet de la pirate juste sous son nez. La peur s’empara du jeune garçon. Non, c’était impossible, il ne pouvait pas mourir maintenant… il ne devait pas mourir maintenant. Il avait encore tant de choses à découvrir dans le monde… Et puis, il devait aussi revenir au près de son maître afin que celui-ci constate les progrès de son élève, tout cela ne devait pas être vain. Soudain, face à la mort, Furam eut un flash devant ses yeux, une image. Celle de sa cité détruite. Le jeune mage rouge resta un instant sans bouger puis agrippa le bras qui le retenait avec ses deux mains. Il afficha un large sourire et regarda Phadransie dans les yeux. Il déclara :

« Vas-y, enfonce-moi ce crochet dans le corps si tu le veux, ça ne pourra de toute façon pas plus être douloureux que la douleur qui s’est emparée de mon cœur depuis ce jour-là… »

Furam sentit que son aggresseuse exerçait une pression plus forte sur lui depuis ses paroles. Il commençait à avoir mal au dos à force d’être appuyé ainsi contre le mur. Il vit que la pirate avait rapproché légèrement son crochet. Furam devait rusé pour se tirer de ce pétrin, il eût une idée. Il caressa doucement la main restante de Phadransie d’une main et lui fit un clin d’œil.

« Je suis sûr qu’on peut s’arranger, mademoiselle. »

Le regard encore plus noir que lui lançait la pirate fit comprendre à Furam qu’il valait mieux ne pas continuer cela. Il tremblait. Une seconde idée lui traversa l’esprit. Il replaça sa main sur le bras de Phadransie de façon à ce que les deux tiennent son bras. Le garçon ferma les yeux et se concentra. Il se rappela le jour où il avait réussi à produire une petite flamme de lui-même, après un long moment d’entraînement. À ce moment, il sentait qu’il ne faisait plus qu’un avec la Magie Rouge. Il sentait que Lothÿe le regardait. Son maître était content que son entraînement portait ses fruits. Furam essayait de se rappeler de la sensation de la flamme dans sa main. Il essayait de percevoir les courants de Magie Rouge qui étaient autour de lui. Ça y est, il était prêt. La chaleur que dégageaient ses mains augmentait de plus en plus si bien qu’à un moment, Phadransie fut obligée de lâcher sa proie dans une grimace de douleur, en reculant.

Furam glissa le long du mur et resta assis par terre en se tenant la gorge et en toussant légèrement. Son souffle avait été légèrement perturbé à force d’être tenu de cette manière. Il passa son poing sur le filet de sang qui avait coulé le long de son menton et le fit partir. L’adolescent se releva difficilement en se tenant les côtes, il avait encore mal. Il fixa successivement les deux pirates et jeta un coup d’œil à l’or qui était éparpillé au sol. Il devait absolument l’avoir. Furam serra les poings et dit en regardant Phadransie :

« Je survivrai ! Et pour survivre, j’ai besoin de cet or… laisse-le moi où je serai obligé de me battre contre toi ! »
Sam 25 Avr 2015 - 20:39
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Phadria Red
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Je suis à toi pour toujours
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« Je survivrai ! Et pour survivre, j’ai besoin de cet or… laisse-le moi où je serai obligé de me battre contre toi ! »

Phadransie La Noire avait retiré sa main du jeune voleur, et celui ci semblait fou au point de la provoquer davantage. Phadria se dit que la meilleure chose qu'il aurait dû faire en ce moment, aurait été de s'écraser devant Noire, puis détaler. Même si elle ne doutait pas des capacités magiques de ce type, elle avait en revanche ses raisons de se questionner sur le fait qu'il tienne plus de cinq minutes en combat régulier contre leur ennemie commune. Certes, il semblait avoir quelques tours de passe passe en main, et pourrait tenir Phadransie à distance grace à eux, mais combien de temps ? Une minute ? Deux ? Jusqu'à ce qu'elle se lasse, brandisse son pistolet habilement dissumulé dans ses vêtements, et lui tire une balle en pleine tête ?

Enfin, cela aussi Phadria en doutait. Elle pensait connaître suffisement Phadransie pour savoir que son pistolet n'était jamais chargé à bloc, et qu'elle ne tuait jamais ses victimes avec rapidité. Pour une personne comme elle, c'aurait été faire montre de faiblesse. Si Noire l'avait laissée en vie agonisante elle, lors de la prise de Khamsin, alors rien n'impliquait qu'elle descende ce gamin effronté qui osait lui tenir tête.

Voyant le regard déjà noir de Phadransie tourner au plus que noir, Phadria préféra trancher.

-Arrête de faire ton malin petit. Tu ne nous impressiones pas le moins du monde.

Il semblait toujours aussi déterminé.

-Tire toi avant qu'on te fasse la peau.
-Vous non plus vous ne m'impressionnez pas ! Je ne partirai pas sans cet or !

Il avait répliqué du tac au tac, sans laisser un seul interstice de silence s'insinuer entre la menace de Phadria. Phadra s'apprétait à sortir de ses vêtements un poignard qu'elle gardait sur elle, mais Noire fut plus rapide. Elle venait d'expédier un coup de botte en plein visage de cet importun. Bien que celui ci ait pu s'en douter, il n'avait pas vu le coup venir. En revanche il l'avait senti. Du sang coulait de son nez. Alors qu'il se relevait, Phadransie l'empoigna fermement par les cheveux, et le traina dans la poussière et le gel, à l'abri des regards curieux et inquiets des passants à présent rassemblés autour d'eux.

-Tu me supplieras à genoux fils de pute.
-Noire morbleu ! Tu vas nous foutre dans la merde, mettons lui une raclée et retournons au Wench.
-Toi tu y retournes, moi je m'occupe de cette sous merde.

Phadria ne pouvait s'empêcher de vouloir apprécier la suite des événements. Après tout, Phadransie n'avait pas tort, et Phadria pouvait la comprendre. Ce que ce gamin venait de dérober s'élevait à plus d'un an de paye de travaux honnêtes à bord du Seigneur Emeraude pour Noire. Cette dernière avisa une ruelle qui semblait isolée et désertée. Le jeune garçon se débattait comme il le pouvait, Phadria devina qu'il tentait d'attraper quelque chose qu'il gardait sur lui, sûrement une arme. Apparement, Noire l'avait compris aussi. Elle plaqua son poignet à terre avec sa botte, fermement, alors qu'il venait enfin de saisir la garde d'un katana destiné à être brandi.

-N'y pense même pas chéri.

Un bruit net fit comprendre à Red que le poignet du jeune garçon, sous la pression de son adversaire, venait de céder. Il cria et lâcha sur le sol son arme, que Phadria récupéra en l'admirant. Cette babiole pourrait toujours se revendre.

-Je vais être gentille, reprit Noire, parce que tu es tellement minable et faiblard que te briser ne serait même pas drole. Présente moi des excuses, et à genoux s'il te plait. Alors on te laissera tranquille, toute petite merde que tu sois. Mais attention, pas des excuses crachées au visage. Des regrets vraiment sincères, comme si tu t'humiliais devant la Reine des Mers en personne, vois tu.

Comme on aurait pu s'y attendre, le jeune garçon cria de rage, et se releva malgré la douleur qui pouvait se lire sur son visage. Phadria recula afin d'éviter les flammes qui jaillirent de lui, semblant vouloir se saisir de son visage, mais surtout de celui de Noire, et le dévorer jusqu'à ce qu'il n'en reste quasi rien. Encore une fois, ce fut peine perdue pour le voleur. Phadransie avait réussi à esquiver le coup, et elle levait déjà son bras, prête à lancer son attaque favorite.

-Non ? Hoo, que c'est dommage. J'espérais vraiment plus de componction de ta part !

Un. Deux. Trois. Le jeune pirate heurta le mur de la ruelle de plein fouet, tout comme tout à l'heure, mais en encore plus fort. Il tomba sur le sol, paralysé. C'était la fin pour lui. Un sourire se dessina sur les lèvres de Red. Elle aimait voir Noire à l'oeuvre, malgré toute l'antipathie qu'elle éprouvait à son égard. Parfois, trop souvent elle avait l'impression, ces derniers temps surtout, ses sentiments envers l'ancienne Seconde du Galion Déité se confondaient. Elle l'avait toujours admirée pour sa personnalité, et, entre autre, sa maîtrise des 3 points clés. Et parallèlement, ne l'avait jamais aimée. Alors que foutait-elle là à ses côtés, à sourire en la regardant infliger une correction bien méritée à un gamin trop ambitieux ?
Noire souleva le gosse, aussi raide qu'un mort, et leva son crochet, prête à conclure cette histoire qui n'avait visiblement que trop duré à son goût. Elle n'allait pas viser le cœur, Red le savait. Mais le ventre. Ainsi soit-il.

Au moment où le crochet de Phadransie fendit l'air, bien décidée qu'elle l'était à porter le coup qui serait décisif, quelqu'un arrêta sa main, fermement. Phadria n'eut pas besoin de brandir le katana qu'elle tenait afin de venir en aide à Noire, car la dureté de la voix de le femme qui l'empêcha d'aller au bout de son geste, était témoin de sa propre autorité. Donc de sa puissance. Une puissance qui semblait trapie, prête à jaillir à la moindre seconde. Sa voix était aussi glacée que le climat des Marches.

-Laissez ce garçon.

Spoiler:

Phadransie, l'oeil plein de rage, défia la femme vetue de fourrure et qui venait de parler.

-Nous ne nous sommes pas présentées l'amie.
-Non, effectivement.

Noire tira d'un coup sec sur son bras, que la femme avait toujours dans sa main.

-Tu es qui ?
-On m'appelle Tesla Eilun.

Phadria n'avait jamais entendu ce nom, mais apparemment Phadransie, si. Elle reprit, en lachant le voleur qui, toujours paralysé, s’écroula pour la énième fois.

-Tesla Eilun. C'est un nom d'Elue ça, non ?
-Oui.
-Ne te mêle pas de mes affaires l'amie. Je dirige mon navire, tu diriges le tien.

Phadransie leva de nouveau le bras, prête à frapper. Encore une fois, la dénommée Tesla Eilun l'arrêta.

-J'ai dis non.
-Morbleu ! Ce connard vient de me voler la totalité d'un sac d'or que je venais de déposer en tant qu'offrande aux pieds de la Garce ! Il va crever pour ça !
-Je confirme, intervint Phadria. D'une manière ou d'une autre la sentence pour le vol de dons destinés aux Dieux n'est-elle pas la mort ?
-Je ne cautionne pas les voleurs, répondit Tesla Eilun. Je ne dis pas qu'il ne faille pas le punir. Mais quand un gamin tel que celui-ci commet un vol, l'acte est réparable et n'a rien de grave. Il suffit de l'éduquer.
-Je peux m'en charger, railla Phadransie en se dégageant une nouvelle fois.
-En revanche, reprit froidement son interlocutrice, ce qui est plus grave, ce sont lorsque des personnes adultes et lucides volent ou décident d'attaquer d'autres personnes, afin de leur dérober leurs possessions.

Noire défia son interlocutrice du regard. Le mot piraterie n'avait pas été prononcé une seule fois à voix haute, mais toutes l'avaient en tête. Sur le sol, le jeune pirate toussa et cracha du sang. La paralysie qui l'avait frappé, et qui se voulait courte de la part de Noire, commençait à prendre fin. Il commença à remuer.

Phadransie avait serré son poing de rage. Sans mot dire, Phadria lui tendit son sac d'or et lui fit un signe de tête, qu'elle interpreterai aisément comme un ''Pars d'ici, c'est moi qui m'en charge.''

-Comment te sens-tu ? Avait demandé Tesla au garçon qui commençait à reprendre ses esprits.

Phadransie etouffa un rire hautin entre ses lèvres, et remua la tête doucement, comme pour dire non. Puis elle toisa sa proie, se saisit de l'or et tourna les talons.

-Vous avez de la chance, dit Phadria à Tesla, je n'aurai pas pensé un seul instant que Noire vous craindrait.
-Cette femme ne craint personne, si ce n'est la colère des Dieux, répondit Tesla Eilun. Cela est sa plus grande tromperie.

Elle répéta à l'attention de Furam, en détournant le regard de Phadria.

-Comment te sens-tu ?
Lun 27 Avr 2015 - 22:00
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Furam Erthus
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Furam Erthus
Furam était assis, dos au mur. Il regardait Phadransie reculer suite à la brûlure. Sa respiration reprit un rythme normal maintenant qu’il n’était plus maintenu par le col. Il était soulagé, mais il n’était pas encore sorti d’affaire.

« Arrête de faire ton malin petit, tu ne nous impressionnes pas le moins du monde. »

La détermination du mage de Magie rouge ne flanchait pas.

« -Tire-toi avant qu’on te fasse la peau.
-Vous non plus vous ne m’impressionnez pas ! Je ne partirai pas sans cet or ! »

Un coup de botte vint se loger dans son visage. Il saignait du nez. Furam se relevait pour tenter de riposter, il ne devait pas se laisser faire mais son adversaire l’empoigna par les cheveux et le traina dans un endroit à l’abri des regards. Qu’allait-il lui arriver ? L’inquiétude le gagnait. Dans l’espoir d’être lâché, le jeune garçon se débattait. Il voulut dégainer son katana mais la pirate plaqua son poignet au sol à l’aide de sa botte. C’était fichu. Il était fichu. Il sentit une grande douleur qui émanait de son poignet. Il lâcha son arme en criant de douleur.

« À l’aide, quelqu’un ! »

Le jeune mage se concentra et fit jaillir des flammes de son corps. Il voulut les jeter au visage de cette pirate mais elle esquiva facilement toutes ses offensives. C’était peine perdue, Furam l’avait bien compris. Il fut projeté contre le mur de la ruelle. Le choc le paralysa et il s’écroula au sol. Il regardait désespérément autour de lui en espérant que quelqu’un viendrait à son secours. Lorsque Phadransie le souleva et brandit son crochet, le garçon comprit que c’était la fin. Il contenait ses larmes, il ne voulait pas pleurer. Il pensait à son maître. Quel élève médiocre…

Soudain, une voix l’arracha de la mort. Phadransie le lâcha et il tomba au sol, toujours paralysé. Qui était donc cette personne ? Le soulagement de ne plus être seul se répandit partout en Furam. Quoi qu’il en soit, il serait très reconnaissant envers cette personne. Il reprenait ses esprits.

« -Comment te sens-tu ?
-Je… »
Le jeune garçon vit les deux femmes repartirent.
« -Comment te sens-tu ?
-Je… alors c’est donc ça que l’on ressent lorsque la mort est toute proche… »
Sam 16 Mai 2015 - 22:27
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Phadria Red
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Je suis à toi pour toujours
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-Je… alors c’est donc ça que l’on ressent lorsque la mort est toute proche…

Tesla Eilun ne dit rien, puis, à l'evidence amplement désireuse de ne pas se mêler plus de cette affaire, se detacha sans esquisser la moindre parole, sans lâcher le moindre sourire. Une bien étrange Elue que celle ci, songea Phadria, au moins aussi froide que les Marches.

La pirate saisit le jeune mage de feu par le poignet, le forçant à la regarder.

« Tu as eu un sacré bol petit, habituellement quand Phadransie La Noire désire la mort de quelqu'un, il ne survit pas au delà du temps qu'elle a prévu de lui accorder.

Ce disant, elle tira un peu plus le gamin vers elle. Néanmoins, il avait bien compris ce qu'elle avait désiré lui faire passer comme message dans ses attentions. Elle ne le tuerait pas, et ne lèverait pas non plus la main sur lui. En plus, c'était l'or de Noire qu'il avait tenté de dérober, pas le sien.

-Tu vas transpirer pour rembourser tes dettes, jeune con.

Ce dernier voulut se dégager de l'étreinte de la pirate, Phadria sentant sous sa paume la chaleur crescendo des flammes du jeune mage, semblant enfermées sous les pores de sa peau, et plus que tout désireuses de s'en libérer, une seconde fois.

-Quelles dettes, tonna le jeune garçon, la pirate a récupéré son or non ?!
-Elle en a récupéré une partie, mais beaucoup de pièces sont tombées dans les rues, et n'ont pas été perdues pour tout le monde. Et puis tu me dois un collier !

Phadria Red lâcha le jeune mage ; en vérité, les flammes commençaient à se faire un peu trop violentes selon elle. Elle ne voulait pas prendre le risque d'une brûlure, ce qui serait fort embêtant une fois que le Wicked Wench reprendrait les mers et donc qu'elle retrouvera ses fonctions.

-Tu as déjà navigué ? Demanda-t-elle au garçon en s'éloignant doucement de la ruelle sombre jusqu'à laquelle Phadransie les avait conduits tous les deux.

Il répondit par la négative, en suivant le sillage laissé par la rouge. Qu'il la suive, cela était le but recherché par Phadria en le relachant. Bientot, la lumière du soleil, bien que haut et caché par le ciel grisonnant et les nuages des Marches d'Acier, put les éclairer de nouveau.

-Et bien tu vas apprendre, et très vite. Dans peu de temps le Wicked Wench appareillera. Tu seras à son bord avec moi. Je te deposerai au premier port auquel il fera escale.

Avant même que son interlocuteur n'ait eu le temps de riposter verbalement, ou bien d'exprimer son mécontentement d'une façon ou d'une autre, Phadria le coupa. Elle leva une main en signe de silence imposé, sans même le regarder.

-Ceci n'est pas une proposition petit. C'est un ordre. Et estime toi heureux d'en rester là, j'aurai pu faire bien pire. Maintenant si tu as volé cet or, j'en déduis que c'est parce que tu es sans le sou. Alors viens avec moi, si tu le veux bien, je me rends dans la taverne la plus proche afin de me désaltérer de cette mésaventure.

Elle ajouta à son egard.

-Refuse, ou tente de me fuir, et je lancerai Noire à tes chausses, tel un chasseur et sa proie. Crois moi, tu ne feras pas long feu, malgré ce que tu sembles croire, et ta mort sera lente et douloureuse. Mais pour l'heure, j'imagine que tu as autant faim que moi, petit morveux.

Elle ne lui sourit pas, ne le regarda même pas et continua son chemin. Si ce garçon n'était pas trop bête, il ne refuserait pas une telle proposition. Surtout que Phadria Red n'était pas réputée pour sa générosité. Mais se mettre à dos une Elue Divine ainsi qu'un futur camarade de voyage n'était jamais bon signe.

Et puis ce gamin lui rappellait un peu elle même, au même âge. Cette irréflexion doublée d'une audace particulière lui plaisait bien, en fin de comptes.
Sam 16 Mai 2015 - 23:43
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Noire
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Heaven can wait
Noire
Phadransie s'était éloignée du trio, comportant une Elue Divine, une pirate et un jeune roublard. Drole de trio que celui ci. Elle avait pris grand' soin de prendre avec elle son sac d'or, bien qu'à présent légèrement allégé de par sa masse. Ce gamin lui paierait ça.

En vérité, comme l'avait cru Phadria Red, elle n'avait jamais gagné cet or pour son travail effectué en mer. Lorsque Théoden avait proposé de la payer, elle avait refusé, pretextant que « s'être agenouillé devant la Garce pour plaider sa cause » était déjà une forme de paiement en soit. Mais avant de quitter le Wench, elle n'avait pas su résister à cette délicieuse tentation que fut celle d'emmener avec elle un peu de cet or. Après tout, elle avait bien travaillé un an à bord du Seigneur Emeraude. Phadransie La Noire n'avait eu aucun remords vis à vis de Théoden. Il n'était pas mendiant.

Elle s'était arrêté dans une ruelle ombragée, relativement sombre. L'air frais la faisait frisonner. Elle porta à ses lèvres une bouteille de hrum, avant de se rendre compte qu'elle n'en avait pas sur elle. Elle jura et alla s'acheter, faute de rhum, un peu de tabac qu'elle fuma tranquillement. Puis elle se leva et retourna vers la ruelle censée abriter Madame Red, comme elle l'appelait, et l'autre voleur. Elle sourit en apercevant du coin de l'oeil Tesla Eilun qui s'en extirpait, l'air froid. Elle marchait d'un pas assuré, en regardant toujours droit devant elle. Phadransie, qui avait attendu ce moment, décida de la suivre.

Tesla conservait une allure vive, elle semblait se dirigeait vers les portes de la ville. Ne souhaitant nullement s'éloigner trop, et trop vite, des Marches, Phadransie accéléra le pas et raccourci considérablement le distance qui les séparait jusqu'à présent.

-Je sais que vous êtes là.

Elle savait. Et alors ? C'était là ce que phadransie désirait. La pirate vint se placer à sa hauteur.

-Je n'en attendais pas moins d'une femme de ton envergure, Tesla Eilun.

Elle était bien plus posée que l'heure précédente, lorsque cette prophetesse l'avait empêchée de mettre fin aux jours du jeune mage de feu.

-Que me veux-tu ? Sois brêve, j'ai à faire.
-Ca tombe bien moi aussi, retorqua Phadransie serrant toujours contre elle, sous sa chemise, l'épais sac d'or. J'aimerai causer un peu avec toi l'Elue. Tout d'abord, toi qui es ce que tu es, tu dois savoir pas mal de choses concernant les affaires des dieux. Connaissais-tu Brecianne Leocadas, élue d'Ariel ? Ainsi que le Capitaine Théoden, présent actuellement aux Marches ?
-Je les connais, répondit simplement la femme en blanc.

Phadransie se demanda si elle savait pour Brecianne, mais finalement jugea la réponse sans importance.

-Tu devrais alors savoir que Théoden, bien qu'ayant hérité du Seigneur Emeraude, n'est pas Favoris d'Ariel. Le Seigneur est actuellement aux mains de corsaire elfe noir. Son Favoris est-il parmi eux ? Ou n'y a-t-il définitivement plus d'elus divins liés à la Déesse ?

Tesla tourna lentement -et pour la première fois- sa tête vers Phadransie. Son regard était désagréable. Sa réponse de même.

-Qu'est-ce que ça peut te faire ?

Phadransie s'appréta à lui répondre mais elle la coupa.

-Je n'ai pas de temps à consacrer à cette question. Tout ce que je peux te dire, c'est que le Seigneur a toujours été la propriété des favoris d'Ariel. A toi d'en tirer les conclusions que tu veux.
-Ceci sera fait, ne t'en fais pas pour moi. Autre chose, je suis à la recherche d'un Navire incomparable, un bâtiment de guerre. Mais pour ce faire, j'ai besoin d'or. Beaucoup d'or. Tu n'aurais pas entendu des rumeurs, quelques trésors perdus dans le coin et succeptibles de m'interresser par le plus grand des hasards ?

Phadransie agita sous la vue de Tesla le sac d'or dans sa main.

-Je suis sure que si tu réfléchis bien, tu auras bien un petit quelque chose pour moi.
-Il y a des trésors au fin fond de la Jungle, répondit-elle froidement.
-Ca fait loin pour une information si peu précise.
- Tu voulais une réponse, tu l'as.
-J'ai autre chose à fouttre de ma vie que fouiller toute la jungle.
-Donne une carte, s'impatienta Tesla en tendant la main.

Phadransie s'obtempéra tandis que Tesla y traça un petit cercle, sur un coin situé au cœur de la Jungle.

-Voilà, dans cette région, il y a une caverne. Tu y trouveras ce que tu voudras.
-Ca marche, j'espere que tu te fous pas de ma gueule l'amie, retorqua la Noire en récupérant fermement la carte et l'observant.

-Moi ? Jamais. Au revoir.

Elle s'était déjà éloignée.

~

La nuit était tombée depuis grand nombre d'heures à présent. Phadransie La Noire avait un peu erré dans les rues et la ville, elle avait mangé rapidement un potage et bu un verre d'eau de vie, puis s'était acheté une cape en laine, accessoire vital dans un tel pays et au vu des vêtements qu'elle portait. Ne voulant pas dépenser trop, la pirate avait acheté le capuchon le moins cher qu'elle avait vu. Estimant qu'elle avait à présent assez tourné dans les Marches, et étant trop tard pour passer au Port et signer un contrat, elle jugea que passer la nuit dans la première Taverne venue lui ferait le plus grand bien. Elle passa devant un bordel mais ne s'y arreta pas, la tentation étant dix fois moindre à ses yeux. Ce qu'elle voulait là, c'était du rhum, une bière bien noire, une eau de vie bien brûlante, de quoi la réchauffer en fin de comptes. Elle remarqua un bâtiment sombre, dans un angle de rue peu acceuillant, dans un quartier près du port qui ne le semblait vraiment pas plus. La pirate arrangea son Tricorne et y poussa la porte violemment. Le silence se fit dans la Taverne d'Ulan à son entrée.

La Taverne était emplie, et en grande partie de marins. Il y avait deux serveuses, une jeune femme brune, et une vieille, grosse, plus un tavernier au comptoir. Un gros homme portant des grègues rayées ainsi qu'un chapeau usé par le temps jouait d'un instrument à corde, apportant une certaine gaieté à l'endroit. Un feu brûlait dans le coin de la Taverne. Phadransie la balaya rapidement de l'oeil. Dans l'un des angles, Phadria Red ainsi que le jeune garçon aux cheveux rouges étaient attablés. Ce dernier avait dans la main une pinte d'un alcool inconnu, et quand il vit le regard foudroyant que lui décocha Noire, la reposa et detala sans demander son reste. Phadransie ne perdit pas de temps à le poursuivre. Elle avança parmi les autres clients, des hommes principalement. Ils ne semblaient pas saouls, mais beaucoup riaient fort en mangeant et buvant. Du moins, jusqu'à ce qu'elle fasse claquer la porte du bâtiment et y pénètre. Elle se rendit jusqu'au comptoir et commanda au Tavernier son rhum le plus redoutable. Le Tavernier s'excusa poliment, et répondit à cela qu'ils n'en avait pas. Il lui proposa en compensation une bouteille d'un alcool fort local. Phadransie paya sans rien ajouter. Elle fit sauter le bouchon en lège avec son crochet, et porta directement le liquide à sa gorge. Ca piquait. C'était parfait. Phadransie reconnut au goût la signature d'une vodka originaire de ce coin du monde. Elle laissa echapper un « Haaaaaaaa » et leva sa bouteille à bout de bras. Le musicien reprit, les clients voquèrent de nouveau à leurs discussions.

Phadransie La Noire prit place face à Phadria Mary Red, sans la saluer. Cette dernière avait un verre d'alcool à demi entamé devant elle. Phadransie vit qu'elle était sobre. Cette dernière croisa les bras en écartant par la même les pans épais de sa veste rouge qui devaient la gêner.

-Je crains que tu aies fais fuir mon nouveau mousse, Noire.
-Que Lorin le consumme dans ses feux.

Phadransie trinqua seule devant Phadria, et but de nouveau. Cette dernière l'observait, les bras croisés, un air neutre sur le visage.

-Que comptes-tu faire à présent ? A part te saouler j'entends. Aurai-je la chance de t'avoir à mes côtés à bord du Wicked Wench dès qu'il appareillera ?

Phadransie fit simplement non de la tête.

-Non Madame Red, je ne vais pas me saouler ce soir.

Elle jeta alors, sans prévenir, sans crier gare, un lot de pièce d'or sur la table de la Taverne. Phadransie arrêta d'un seul geste la serveuse brune qui circulait entre les tables, en attrapant sa ceinture de son crochet.

-Apporte moi tout ce que cette taverne miteuse contient d'alcool chérie.

La serveuse écarquilla les yeux avant d'acquiescer.

-Pour cette somme, il y en aura assez pour noyer un homme.
-Ou deux, compléta Phadransie en la laissant repartir.
-A quoi joues-tu Noire ?
-Bois.

Phadransie avait tendu sa bouteille à Phadria Red, qui en but une gorgée sans comprendre ce que sa rivale cherchait à faire. Elle répéta sa question.

-Il se trouve Red, que je ne remonterai pas à bord du Wench de sitôt, et j'ai même une longue route qui m'attend. Alors je pense que profiter un peu de cette dernière nuit ne serait pas un luxe ! Surtout après un an de travaux communs.

Elle se saisit du verre de Phadria et trinqua de nouveau, sourire au coin des lèvres. Un sourire mauvais.

-A Ariel !
-A Ariel.

Phadria but une gorgée cul sec et cligna plusieurs fois des yeux.

-Dis moi Noire, je pensais que cet or revenait à la Déesse.
-Ca n'est pas ma faute si ton copain bâtard le lui a dérobé.
-Tu ne comptais pas retourner au temple pour le déposer ?
-Crois moi Madame Red, sussura Phadransie, d'ici peu, j'aurai cent fois plus d'or à déposer à ses pieds.

Un plateau avec deux coupes ainsi qu'une dizaine de bouteilles fut apporté et posé entre les deux femmes. Phadransie se délaissa de sa cape, la laissant choir au sol, puis emplit les deux verres à ras bord.

-C'est un concours de beuverie si je comprends bien.
-Parfaitement.

Phadransie leva son verre et foudroya du regard la femme en face d'elle. Encouragée par les impulsions rythmiques et la folle convivialité ambiante de l'endroit dans lequel elles étaient posées, les deux femmes se détendirent. Autour d'eux, les regards curieux commencèrent à dévier. Non loin, un nain observait même la scène avec ce qui semblait fortement à de l'intêret. L'air musical léger avait tout pour plaire à une ambiance comme celle ci. Les deux femmes burent cul sec. Phadransie ne cilla pas, se saisit de nouveau de la bouteille et remplit les verres, une seconde fois, à ras bord. Phadria ne dit rien et le porta à ses lèvres. Elle semblait trop intimidée par sa rivale pour oser refuser d'aller au bout d'une proposition comme celle ci, et visiblement trop tentée par ladite proposition pour la refuser de façon pure et dure. Elle burent de nouveau cul sec. Phadria essuya d'un revers de la manche l'alcool de son visage. Phadransie ne se donna pas cette peine. Elle se saisit du goulot pour la troisième fois. Lorsqu'elle abaissa la bouteille, un son caractéristique lui fit comprendre que cette dernière était vide.

-Putain déjà ?
-On va finir bourrées, et après? Demanda la rouge.
-Après on s'en fout.

Phadransie se saisit de la seconde bouteille. Autour d'elle, un leger cercle de curieux, voire d'interressés -voire les deux- commençait à se former et à grossir. Le barde avait même adapté sa musique, endiablant tout au mieux son rythme, tapant du pied sur le sol. Si Phadransie n'avait pas provoqué l'inaperçu lors de son entrée, utiliser cette même expression à cet instant précis aurait été un grossier euphémisme. Phadransie déboucha la seconde bouteille. Phadria en prit une troisième.

-T'emmerde pas putain.

Elle fit sauter le bouchon, et porta le goulot à ses lèvres, faisant voleter sur le sol son verre, d'un geste maladroit. Il se brisa en mille morceaux. Phadransie sourit en la regardant s'enfoncer dans la gorge la demi de la bouteille.

-Ben alors Noire ? T'as pas de couilles ou quoi ?

Au timbre de sa voix, Phadransie se demanda combien de verres elle avait bu en présence du jeune mage avant son arrivée. Sûrement plus d'un demi en fait. La Noire éclata de rire et trinqua solitaire. Elle but sans soif.

-B..Bien ! S'exclama Phadria en posant la bouteille vidée. On dirait que j'ai gagné.

Phadransie termina la sienne et cracha. A présent, le cercle formé autour d'elle était bien réel, bien que légèrement tanguant. Phadransie se serait cru sur le pont d'un navire, elle raffolait de cette sensation. La Noire envoya valser la bouteille vide d'un geste incontrolé, cette dernière se brisa non loin de la table. Phadria sourit à sa rivale. La Noire s'empara de la bouteille suivante, elle fit sauter le bouchon avec ses dents et but cul sec une large goulée qui lui déchira la gorge. Alors qu'elle avait descendu le quart du liquide, Phadria lui prit la bouteille des mains. Elle termina le reste. Hocketa. S'essuya encore du revers de la manche. Remis son Tricorne en place. Phadransie éclata de rire. Phadria fit de même, puis posa dans un bruit sourd la bouteille vide sur la table.

-Tu as perdu Noire. File moi ton o..or.

Elle hocketa encore. Phadransie lui lança un regard tellement sévère qu'il aurait pu faire palir un homme.

-Non Madame Red. TU as perdu.

Phadransie poussa violemment la table sur sa rivale et se releva, arrangeant son Tricorne. Tout tournait, mais c'était encore controlable comme attraction.

-Tu mens ! S'exclaffa Phadria.
-Tu roules déjà sous la table.

Phadransie se saisit de sa bouteille qu'elle enfonça avec une minutie bien dosée dans son décolleté, se foutant de l'alcool l'aspergeant. Elle fit de même avec une seconde bouteille, qu'elle planqua au mieux. Puis se saisit de son sac d'or par dessus l'épaule et fit un volte face. Elle controla mal la violence de son mouvement et manqua de percuter un homme de petite taille avec une large barbe rousse. La Noire le gratifia d'un « Dégage fils de pute » grommelé plus que crié et se dirigea droit vers la sortie. Phadria se leva d'un bond en la voyant.

-Tu vas où ? Hé !! Hééé !!
-Je m'en vais pour la Jungle, Red.
-La Jungle ? La Jungle ! Hahahaha !!! La Jungle !!

Phadria serait tombée au sol si un homme n'avait pas été présent derrière elle afin de la soutenir. Elle convulsait presque de rire.

-C'est tellement drole ! Ph..Phadransie La Noire perdue au fin fond de la J..Jungle !

Soudain, Phadria tira d'un coup sec le sabre pendant à la ceinture de l'homme qui la retenait, et l'envoya sur Phadransie. Cette dernière sentit la lame passer à quelques centimètres de sa joue, frôlant son oreille droite avant de se tanquer dans la porte !

Pharansie s'arrêta net, dos à Phadria. Elle passa ses doigts sur son oreille, et y repéra un filet de sang. Derrière elle, Phadria avait tiré son propre sabre. A présent, pas une seule des personnes présentes dans la Taverne ne perdait une miette du spectacle se jouant.

-Tu as trahi ma confiance à Khamsin. Tu m'as pris de derrière. Tu m'as laissé pour morte, le goût du sang dans la bouche. Et maintenant tu me payes un coup à boire et tu te tires ! C'est quoi ton problème Phadransie La Noire ?!
-Range ce bout de fer, répondit simplement l'autre, tu te couperas.
-Jamais ! Je vais te tuer, Noire ! Je vais planter ce sabre entre tes côtes !

Phadria Red s'était avancée, à quelques pas de Phadransie. Cette dernière se retourna avec une quiétude destabilisante. Elle ecarta les bras, nonchalemment.

-Voyez vous ça Camarades ! Phadria Red du Déité réclame vengeance !
-Je vais te tuer, ne cessait de crier Red en pointant son sabre sur la femme en face d'elle.
-Je n'aurai pas même pas l'utilité d'un sabre pour mettre fin à tes jours !

Phadransie avait déposé son sac d'or et s'était élancée, tel un rapace fondant sur sa future proie, qui n'était autre que Phadria Red. Le crochet en avant.

Phadria avait fait décrire un arc de cercle à sa lame, que Phadransie avait esquivé en se baissant.

-Putain..Délatrice !

Phadria avait riposté avec un estoc frontal. Phadransie bondit sur le côté et l'évita.

-Putain mais crèèève !

Un coup porté verticalement ayant pour but de clouer son adversaire au sol avait encore échoué. Phadransie s'était simplement penchée en arrière, laissant la lame pourfendre l'air à deux centimètres de son corps, se fichant entre ses bottes. Alors que Phadria tirait pour la ressortir du sol, Phadransie La Noire lui expédia un coup de pied en plein visage, avec toute la force dont elle était encore capable de mettre dans ce coup. Phadria cria sous le choc et recula, du sang coulant de son nez. Elle revint à la charge, focalisée sur son épée. Phadransie la laissa volontairement atteindre la garde. Phadria la leva de nouveau, bien décidée à décapiter son adversaire.

-Tu n'y vois même plus clair poupée.

Phadransie lui avait planté son crochet dans le flanc. Phadria cria de douleur, mais n'arrêta pas pour autant son geste, bien que maladroit de base. Phadransie arrêta la lame avec son crochet, en pivotant sur elle même. Elle repoussa la Rouge qui buta le dos contre une table et tomba.

-Tu nous fais quoi là Madame Red ? Ricana Phadransie en bondissant sur ladite table. Honneur mal placé ? Honte ? Rage ? Vengeance ?

Elle fusa sur son adversaire, désireuse d'enfoncer son crochet dans son ventre. Phadria roula sur le côté, voulut se relever, tangua, chuta. Phadransie bondit et agrippa le lustre, s'en servant afin de se balancer sur son adversaire. Ce qu'elle fit, et ce qui la cloua au sol. Phadransie releva Phadria de nouveau, et lui expédia un coup de genou en plein visage, aussi froid que la mort en elle même. Phadria, à terre, ne se releva plus.

Phadransie trouva l'occasion excellente afin de boire un coup. Elle vida la bouteille trônant sur l'une des tables avoisinantes, puis la brisa sur la nuque de Phadria Red, qui gémissait en tentant de recouvrer ses esprit. Phadransie s'accroupit sur son adversaire, son crochet sous sa gorge, prêt à en finir. Mais elle se ravisa en remarquant l'or qui dépassait de sa veste.

-Voyons ce que tu peux m'offrir Madame Red.

Elle avait laissé glissé son crochet jusqu'à sa veste et son chemisier, qu'elle avait déchiré d'un coup sec. Effectivement il y avait de l'or, pas mal d'or même. Phadransie ne se fit pas prier. Elle dépouilla également Phadria de sa veste flamboyante, qui lui serait probablement confortable pour le voyage en mer qu'elle s'apprétait à faire. Elle acheva sa rivale par une gifle qui avait bien là quelque chose de magistral. Phadria saigna encore.

-La prochaine fois, clama la pirate vêtue de rouge à présent aussi pleine d'alcool que d'or, tu réfléchiras un peu plus avant de défier Phadransie La Noire !

~

Phadransie tanguait légèrement, son pied gauche ayant toujours grand mal à se placer devant le droit. Un vent frais s'était levé sur les Marches, et particulièrement le Port, faisant voler au vent la chevelure jais de la pirate. Phadransie avait su trouver instinctivement le port des Marches D'Acier, imbibée d'alcool, ou pas. Surtout qu'elle n'était clairement pas aussi ivre que Phadria en quittant l'Ulan. Phadransie était tombée sur une bande de jeunes soûlards dans une ruelle autant sombre et obstruée que glaciale et peu ragoûtante. Ils l'avaient suivis depuis la Taverne d'Ulan et pensaient pouvoir la prendre par surprise, profitant de son ivresse.

Ils ignoraient qu'eux même étaient bien plus ivres que Phadransie La Noire, en ayant pourtant bu moins. Ils riaient forts et montraient la pirate du doigt, prétextant vouloir la dépouiller de son or, et « d'un peu plus tant qu'à faire ». Phadransie avait ri, ces idiots étaient l'incarnation même de ce qu'elle avait besoin en ce moment afin de passer ses nerfs. Son dernier combat contre l'humaine vêtue de violet l'avait mise face à face avec sa propre impuissance, surtout lorsqu'elle baignait dans de l'alcool. Mais là...
Phadransie evalua rapidement la situation. Ils était quatre, semblaient assez jeunes. L'un d'entre eux ne devait même pas avoir seize ans. Phadransie La Noire posa derrière elle l'épais sac d'or qu'elle portait avec fermeté et brandit son crochet. Là non plus, elle n'allait pas leur offrir le plaisir de degainer Lame D'Or ou même un sabre quelconque. Ils périraient sur son crochet, quand bien même le sol dansait sous ses bottes.

Effectivement, moins de cinq minutes plus tard, Phadransie quitta ladite ruelle, les semelles rouges de sang. Le crochet également.

La pirate prit le temps de ressentir avec une certaine ivresse -toute autre que celle due à l'alcool, et pourtant étonnament proche, comme une soeur- l'air iodé marin ainsi que les embruns, volant autour d'elle, embrassant sa nuque. Elle se sentait tellement apaisée, pour une fois. Elle laissa errer son œil noir sur les vaisseaux à quai, tentant de flairer visuellement le plus de détails possible malgré l'obscurité de cette nuit sans lune visible. Sans lune, certes, mais quel vent !

Soudain, elle aperçut une silhouette grandissant en sens inverse, celle d'un homme tenant au dessus de son crane son Tricorne, empêchant le vent farceur de le lui ravir. Phadransie reconnut immédiatement le Capitaine Théoden. Elle qui pensait ne plus le revoir avant plusieurs mois, voire plusieurs Tours, en quittant furtivement le Wicked Wench. La pirate ne désirait pas lui parler, après tout les deux personnages s'étaient déjà tout dit. Mais ils allaient se croiser, cela était inévitable. Phadransie leva son crochet, comme par reflexe. Elle appréciait Théoden, et le reconnaissait. Mais elle appréciait également un bon combat et la vue du sang suintant des plaies tracées dans la chair encore fraiche. Lequel de ces plaisirs l'emporterait sur l'autre ? Elle était curieuse de le savoir.

Théoden était près d'elle, il l'avait distinguée et semblait visiblement, non heureux, mais au moins, pas mécontent de la revoir après ces quelques jours d'escales. Il était à moins de cinq mètres d'elle. Phadransie hésita. Elle avait bu, certes, mais était-ce vraiment l'alcool qui alimentait ainsi sa soif de tuer et de sang ? Elle ne le pensait pas. Elle avait peut être l'occasion de lui faire payer la petite semaine à fond de cale du Seigneur Emeraude.

« Bonsoir Phadransie, la salua le Capitaine Théoden en baissant la tête, évitant les bourrasques.

La pirate abaissa son crochet et hocha la tête en guise de réponse. Il lui demanda ce qu'elle faisait ici, ce à quoi la jeune femme répondit qu'elle avait quelques projets également, et ne tarderait plus à mettre les voiles. Théoden lui affirma qu'il en était de même pour lui. Phadransie le trouvait étrange, comme changé. Quelque chose s'était passé entre le moment où elle avait presque dû le secouer afin qu'il se rappelle son nom et maintenant. L'ancien Théoden n'était peut être pas de retour, soit, mais...
Phadransie le vit buter sur une bitte d'amarrage, qu'il contourna après un petit « ho » et devina que lui aussi avait sans doute bu. Pourtant, il ne semblait pas ivre le moins du monde.

-Ca tangue pour vous aussi, Capitaine ? Avait-elle demandé.

Il lui avait sourit.

-Moins que dans ton cas Phadransie, tu ne marches plus droit on dirait.

Puis il lui avait proposé de faire quelques pas ensemble. N'ayant rien d'autre et de mieux à faire, Phadransie avait accepté. Le Capitaine Théoden et elle même longèrent ainsi le port des Marches, d'une part puis d'une autre, sur plusieurs kilomètres, emporté par l'élan de leur échange.

« J'ai eu une période difficile... avec certains habitants des Îles de Jade. Disons que j'avais un stock indéniable de prisonniers, expliquait patiemment le jeune Capitaine à sa noire compagne tandis qu'ils évoquaient son passé depuis plusieurs minutes maintenant.
-J'aurai aimé vous connaître à cette époque, répliqua Phadransie l'air froid.
-C'était au tout début de ma carrière de marin, après la mort de mon mentor. Cette époque a coulée avec mon Wicked Wench.

Un silence s'insinua entre eux deux. Phadransie avait beaucoup appris en peu de temps sur cet homme qui mêlait sans la moindre frayeur ses pas aux siens.

-Avec Medron, hein ?
-Il en fit partie oui, répondit Théoden d'une voix posée.
-De cette époque, ou de vos prisonniers ? Sourit Phadransie
-J'aurais aimé qu'il fut mon prisonnier. Même pour un temps.
-En vérité, Est-ce vous qui l'avez trahit ou lui qui vous a trahit ?
-C'est lui qui a ordonnée la boucherie qui entraîna la mort de mon mentor. Je considère qu'il fut le premier à trahir.

Ils désignèrent d'un geste du visage le Wicked Wench, solidement amarré, devant lequel ils étaient en train de passer. Ou de repasser.

-Je ne l'aime pas non plus, dit Phadransie. Je n'aime personne de toute façon.
-Hormis toi même, lui répondit sans hésitation, et d'un timbre toujours aussi calme son auditeur.

Phadransie ne cilla pas.

-C'est vous qui le dites.
-Hormis toi même et sans aucun doute le Capitaine Léocadas, reprit Théoden.

Heureusement pour elle que Phadransie n'avait pas en cet instant un goulot collé aux lèvres, ceci car elle se serait étouffée avec, sans nul doutes. Il se prenait pour qui, ce Théoden ? Elle avait tressaillie malgré elle, mais se renfrogna.

- Je ne vois pas vraiment de quoi vous parlez.
-Allons bon, ne fais pas l'innocente !

Phadransie aurait dû le foudroyer du regard sans outre mesures. Mais au lieu de cela, elle se contenta d'éviter le sien, et scruta la mer et l'horizon. Il n'y avait pas d'astre lunaire cette nuit, éclairant le port des Marches D'Acier. Le vent était fort et glacial. Il s'agissait d'un vent du nord à l'image de cette région de Ryscior, à la fois cinglant et serein. Phadransie l'appréciait beaucoup. Le sujet de conversation commençant à lui déplaire et la mettre mal à l'aise, elle l'orienta vers une autre voie, qu'elle prit soin de choisir. Ils évoquèrent le Seigneur Emeraude, et Phadransie confia à Théoden l'un des projets qu'elle avait sur le cœur. L'oter des mains des Elfes Noirs.

-Si elle a offert le Seigneur Emeraude à Lokhir, Phadransie c'est bien qu'elle le porte au moins dans son cœur, plus que moi. D'ailleurs je te fais remarquer que si j'ai pu te libérer du Seigneur elle t'en a aussi et surtout bannie !

La pirate s'arrêta net. Elle n'avait visiblement pas saisi cette partie du discours du Capitaine. Il reprit, voyant qu'elle n'avançait plus.

-N'oublies pas d'ailleurs qu'Ariel te bannit de son vaisseau. Poser à nouveau le pieds dessus t'exposerait à son courroux.
- Le vaisseau d'Ariel ? Le Seigneur de Brecianne vous voulez dire ? Vous ne me l'avez pas dit auparavant, ça, Capitaine. Je l'ignorais.
-Je suis navré Phadransie, j'étais en grand trouble cette nuit où tu vins dans ma cabine. Ce doit être le détail que j'omis dont je ne parvenait plus à définir le caractère...
-La Reine des mers vous a t-elle dit pourquoi ?

Une demi seconde de silence s'évapora, lentement.

-Elle ne t'aime pas, Phadransie. Vraiment pas. Et ta présence à bord du Seigneur sembla la déranger au plus haut point lorsque je commença à argumenter en ta faveur. Si j'en avais la raison, je te l'aurais évidemment donnée. Mais je penses qu'il est inutile de te rappeler l'épisode de la mort de Brecianne et de sa raison.

Encore cette histoire, évidemment. Brecianne Leocadas. Jack Lissander. Lissander le traître.

-Vous savez, les derniers mots du nécromancien furent "c'est Phadransie qui m'a offert Brecianne." Comment la Reine des Mers pourrait-elle m'apprécier après cela ? D'autant plus que j'ai évoqué avec elle un sujet qu'il aurait mieux fallut taire. Quant à Brecianne..vous ne pouvez pas comprendre.

Le Capitaine parut soudain interressé.

- Quel sujet as-tu donc abordé avec la Reine des Mers ?
-Il vaut mieux que vous l'ignoriez, croyez moi.
-Nous avons tous deux pu parler avec notre déesse, je penses que c'est gage que nous sommes assez liés, non ?

Phadransie ne sourit pas, mais sentit les commissures de ses lèvres se détendre.

-Personne d'autre que vous n'aurait pu me présenter les choses ainsi je pense. Je ne suis plus liée à vous Capitaine, mais si vous voulez je peux vous en parler. Avez vous déjà entendu parler de la Légende du Fou ?

Théoden flatta sa moustache d'une main, les bras croisés, avant de dire : « Non, j'en ai peur . »

-Il s'agit là d'un artefact aux propriétés admirables, la Légende de Lorin. Avec l'aide du capitaine Korlanos nous sommes parvenus à mettre le crochet sur l'artefact. Mais Lorin s'en ait ressaisi, emportant avec lui le Galion Déité ainsi que son equipage foi de siresse.

Elle laissa passer un silence.

-J'ai voulu obtenir de la Reine des mers le retour de l'Artefact.
- Ces genres d'artéfacts étaient choses rares et il était curieux de savoir quelles étaient ses propriétés : Et... qu'était censé faire cet artefact ?
-Les pouvoirs du dieu Capitaine, bien qu'amoindris, étaient emprisonnés en lui.
-Par la chevelure d'Ariel... je comprends mieux pourquoi vous avez été ainsi coulé ! Clama Théoden, une surprise et frayeur évidente et non dissimulée ayant pris d'assaut son visage.
-Le problème n'est pas là. C'est juste que... Ariel et Lorin n'ont jamais été en très bon termes, et lui proposer de me dresser en son nom face au Fou n'était apparemment pas une bonne idée. Ca s'est mal terminé.

Théoden pu voir qu'un frisson parcourut tout le corps de Phadransie tandis qu'elle evoqua ce souvenir, pour la première fois à voix haute.

-Seule la Gemme aurait été une compensation suffisante à la mort de son Elue, ajouta la pirate en plongeant son visage dans sa main.

Aucun son, si ce n'était la signature du vent et des eaux, vinrent troubler cet instant. Théoden ne parla pas. Phadransie soupira, et reprit très vite :

-Toute cette histoire est merdique, j'en ai assez de revivre cet echec en boucle de toute manière.
-Tu devrais la coucher dans un journal, et cesser de ressasser ça. Maintenant tu as une nouvelle mission, Phadransie, lui souffla Théoden.
-Vous dites avoir eu l'épaule arrachée par Brecianne, vous êtes familier de cette douleur à présent. Capitaine Théoden. Je meurs toutes les nuits dévorée par elle, en rêve. Et parfois c'est tellement réaliste que je...

Phadransie arrangea son Tricorne sur sa tête et brisa ce silence importun. Qu'est ce qu'il lui prenait de raconter tout ça à cet homme ?

-Vous avez raison de toutes façons. J'ai un objectif et une mission à accomplir. On a bien parlé de mes projets Capitaine, mais qu'en est-il des votres à présent ?

Théoden soupira.

-Je viens de me rendre chez Tesla Eilun. Un sauvetage d'urgence dans le Royaume d'Oro. Et une jeune femme à...ramener de enfers.

Il rit, amusé.

-Comme tu vois, trois fois rien !

Puis ajouta, tout doucement.

-J'évite le plus possible l'attention de la Reine des Mers pour quelques temps.
-Une femme à ramener des enfers ? Je vous ignorais suicidaire.
-Une bonne cause appelle de bons sacrifices.
- Après tout il se peut que vous réussissiez. Canërgen devrait etre moins enclin à l'impulsivité meurtrière qu'Ariel.
-Prions seulement pour que sa fille ne désire point me voir trop tôt !
-Je ne prie que Ariel, elle est la seule que j'honore.
-Tu as bien raison. Ce n'est qu'ainsi que l'on survit le mieux.
-Je ne saurai le dire Capitaine. Même son Elue n'est plus là pour confirmer ses propos
-En tout cas Brecianne trouva une place de choix à côté de sa déesse, sois en sûre, lui répondit Théoden en esquissant l'ombre d'un sourire.
-Selon vous. Une chance ? Ou une malchance ? Demanda à voix basse Phadransie, de peur que le vent rapporte à la Déesse ses paroles.
-Une chance, assurément. Servir en tant que sirène pour l'éternité aux côtés d'Ariel dans son palais sous-marin est plus qu'un honneur. C'est une bénédiction !

Phadransie émit un verbeux soupir, puis s'écarta de Théoden avant de le saluer d'un geste du crochet. Ils avaient assez discuté à présent, d'ici quelques temps l'aube poindrait à l'horizon. Elle devait s'en aller. Théoden haussa un sourcil dans son dos, en l'observant faire.

-Je pensais que la nouvelle te réjouirait, Phadransie.
-Vous savez, peu de choses me réjouissent en ce monde en fait, autre que l'or que je possède et le sang que je fais suinter des plaies de mes victimes. Je pense simplement qu'il est temps pour moi de prendre congé et me mettre en route. J'ai aussi une voie à parcourir Capitaine, et j'aimerai ne pas perdre mon temps. Et comme on dit, le temps c'est de l'argent, 'voyez.

Encore une fois, un silence vint se presser entre eux deux. Phadransie s'arrêta d'avancer en attendant dans son dos le bruit des bottes de Théoden, s'avançant sur le sol des Marches. Elle se retourna au moment où Théoden lui décolla une épaisse gifle, du revers de la main, la faisant reculer et vaciller. Pour peu, le goût du sang serait en train de se répendre dans sa bouche !

-As-tu donc oublié pourquoi tu navigues, Phadransie ? L'on ne le fait pas que pour l'or et les combats ! Aurais-tu donc passé trop de temps loin de la barre d'un navire ? Nous autre gens de mer naviguons car c'est seulement sur les eaux que nous sommes libres. N'oublies jamais cela, car l'or pourra toujours te manquer et le combat te coûter mais jamais la liberté de voguer ne pourra te trahir ! Et si je te vois revenir comme je te vois maintenant, alors j'espères que tu auras toutes les excuses du monde ou des jambes assez rapides pour éviter que mon autre main ne décore ton autre joue de sa marque.

Phadransie était encore sous le choc. Personne ne l'avait giflé avant ça, même Korlanos, bien que sous certains points de vue, il avait parfois fait pire. La Noire lança un regard si affligeant à son interlocuteur, que Théoden aurait pu craindre qu'elle lui bondisse dessus afin de le tuer sur l'heure. Mais finalement, elle finit par eclater de rire, d'un air dément, convulsif.

-Et c'est Théoden le Grand qui dit cela ? Naviguer sur les Grand'Eaux, la liberté de voguer, toutes ces conneries. De beaux mots. Brecianne est partie. Ariel m'a maudite, moi ainsi que la légende du fou. Le Seigneur Emeraude est entre les mains de nos ennemis. Et pourtant si je vous tourne le dos aujourd'hui, c'est pour empêcher ces fils de pute de se rendre maitres incontestés des eaux. Car c'est là qu'est ma place, la votre, c'est là qu'elles ont toujours été, et je ne permettrai jamais que d'autres nous retirent notre liberté.

Elle porta une main à sa joue, bien marquée.

-Et ne faites jamais plus ça, si vous tenez à la vie !
-Va Phadransie, fais comme bon te semble, lui répondit Théoden en soupirant. Tu es encore bien jeune, tu as tout le temps de faire tes erreurs.
- Qui parle d'erreurs lorsque vous comptez faire affaires avec Canërgen ? Les risques que vous prenez ne sont pas moindres que les miens !
-C'est vrai. Mais je tiens peut être aussi moins à la vie que toi !
- Les risques pris ne sont pas inutiles dans ce cas !
-Je n'ai jamais remise en cause ta quête, au contraire je l'approuve. Je prie seulement pour que tu n'oublies pas pourquoi tu fais tout cela, obnubilée dans la rage du combat.
-Au pire, railla la pirate. Vous serez visiblement là pour me le "rappeler"
-Non. Dans quelques tours je serais ou mort ou en retraite.

Phadransie haussa les épaules et s'eloigna. Elle finit quand même par s'arreter a quelques pas et lancer par dessus son épaule la remarque qui lui démangeait les lèvres.

-La prochaine fois Capitaine, ne vous sacrifiez pas autant auprès de la Reine des Mers pour moi. Le Seigneur aurait dû vous appartenir, après Brecianne.

Théoden sourit doucement, en croisant les bras. Phadransie pouvait le deviner, face à elle, dans son dos, le vent dans le sien faisant voler ses cheveux.

-Sais-tu pourquoi j'ai tant prié pour ta libération ?
-Peut être aviez vous compris que je vous servirai plus utilement en tant qu'officier ou officier supérieur.
-Je comptais utiliser ton aide pour semer directement la mort dans les ports des Elfes Noirs. Nous en avions presque les moyens.
-Je vous y aurai suivi, même aveugle, susurra Phadransie, le poing serré à s'en faire ressortir les veines.
-Il nous aurait suffit d'un second vaisseau de bonne taille et rapide... et nous aurions cloués dans les ports Elfes toutes leurs flottes.

Phadransie reprit sa route, arrangeant son Tricorne, jouant avec l'or dissimulé dans sa veste flamboyante.

-Nous nous reverrons vite. Alors essayez de ne pas crever bêtement.
-J'allai te dire la même chose ! Clama le Capitaine du Wicked Wench.

L'aube venait tout juste de naître à l'horizon.
Sam 16 Mai 2015 - 23:53
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