Phadransie s'était éloignée du trio, comportant une Elue Divine, une pirate et un jeune roublard. Drole de trio que celui ci. Elle avait pris grand' soin de prendre avec elle son sac d'or, bien qu'à présent légèrement allégé de par sa masse. Ce gamin lui paierait ça.
En vérité, comme l'avait cru Phadria Red, elle n'avait jamais gagné cet or pour son travail effectué en mer. Lorsque Théoden avait proposé de la payer, elle avait refusé, pretextant que « s'être agenouillé devant la Garce pour plaider sa cause » était déjà une forme de paiement en soit. Mais avant de quitter le Wench, elle n'avait pas su résister à cette délicieuse tentation que fut celle d'emmener avec elle un peu de cet or. Après tout, elle avait bien travaillé un an à bord du Seigneur Emeraude. Phadransie La Noire n'avait eu aucun remords vis à vis de Théoden. Il n'était pas mendiant.
Elle s'était arrêté dans une ruelle ombragée, relativement sombre. L'air frais la faisait frisonner. Elle porta à ses lèvres une bouteille de hrum, avant de se rendre compte qu'elle n'en avait pas sur elle. Elle jura et alla s'acheter, faute de rhum, un peu de tabac qu'elle fuma tranquillement. Puis elle se leva et retourna vers la ruelle censée abriter Madame Red, comme elle l'appelait, et l'autre voleur. Elle sourit en apercevant du coin de l'oeil Tesla Eilun qui s'en extirpait, l'air froid. Elle marchait d'un pas assuré, en regardant toujours droit devant elle. Phadransie, qui avait attendu ce moment, décida de la suivre.
Tesla conservait une allure vive, elle semblait se dirigeait vers les portes de la ville. Ne souhaitant nullement s'éloigner trop, et trop vite, des Marches, Phadransie accéléra le pas et raccourci considérablement le distance qui les séparait jusqu'à présent.
-Je sais que vous êtes là.
Elle savait. Et alors ? C'était là ce que phadransie désirait. La pirate vint se placer à sa hauteur.
-Je n'en attendais pas moins d'une femme de ton envergure, Tesla Eilun.
Elle était bien plus posée que l'heure précédente, lorsque cette prophetesse l'avait empêchée de mettre fin aux jours du jeune mage de feu.
-Que me veux-tu ? Sois brêve, j'ai à faire.
-Ca tombe bien moi aussi, retorqua Phadransie serrant toujours contre elle, sous sa chemise, l'épais sac d'or. J'aimerai causer un peu avec toi l'Elue. Tout d'abord, toi qui es ce que tu es, tu dois savoir pas mal de choses concernant les affaires des dieux. Connaissais-tu Brecianne Leocadas, élue d'Ariel ? Ainsi que le Capitaine Théoden, présent actuellement aux Marches ?
-Je les connais, répondit simplement la femme en blanc.
Phadransie se demanda si elle savait pour Brecianne, mais finalement jugea la réponse sans importance.
-Tu devrais alors savoir que Théoden, bien qu'ayant hérité du Seigneur Emeraude, n'est pas Favoris d'Ariel. Le Seigneur est actuellement aux mains de corsaire elfe noir. Son Favoris est-il parmi eux ? Ou n'y a-t-il définitivement plus d'elus divins liés à la Déesse ?
Tesla tourna lentement -et pour la première fois- sa tête vers Phadransie. Son regard était désagréable. Sa réponse de même.
-Qu'est-ce que ça peut te faire ?
Phadransie s'appréta à lui répondre mais elle la coupa.
-Je n'ai pas de temps à consacrer à cette question. Tout ce que je peux te dire, c'est que le Seigneur a toujours été la propriété des favoris d'Ariel. A toi d'en tirer les conclusions que tu veux.
-Ceci sera fait, ne t'en fais pas pour moi. Autre chose, je suis à la recherche d'un Navire incomparable, un bâtiment de guerre. Mais pour ce faire, j'ai besoin d'or. Beaucoup d'or. Tu n'aurais pas entendu des rumeurs, quelques trésors perdus dans le coin et succeptibles de m'interresser par le plus grand des hasards ?
Phadransie agita sous la vue de Tesla le sac d'or dans sa main.
-Je suis sure que si tu réfléchis bien, tu auras bien un petit quelque chose pour moi.
-Il y a des trésors au fin fond de la Jungle, répondit-elle froidement.
-Ca fait loin pour une information si peu précise.
- Tu voulais une réponse, tu l'as.
-J'ai autre chose à fouttre de ma vie que fouiller toute la jungle.
-Donne une carte, s'impatienta Tesla en tendant la main.
Phadransie s'obtempéra tandis que Tesla y traça un petit cercle, sur un coin situé au cœur de la Jungle.
-Voilà, dans cette région, il y a une caverne. Tu y trouveras ce que tu voudras.
-Ca marche, j'espere que tu te fous pas de ma gueule l'amie, retorqua la Noire en récupérant fermement la carte et l'observant.
-Moi ? Jamais. Au revoir.
Elle s'était déjà éloignée.
~
La nuit était tombée depuis grand nombre d'heures à présent. Phadransie La Noire avait un peu erré dans les rues et la ville, elle avait mangé rapidement un potage et bu un verre d'eau de vie, puis s'était acheté une cape en laine, accessoire vital dans un tel pays et au vu des vêtements qu'elle portait. Ne voulant pas dépenser trop, la pirate avait acheté le capuchon le moins cher qu'elle avait vu. Estimant qu'elle avait à présent assez tourné dans les Marches, et étant trop tard pour passer au Port et signer un contrat, elle jugea que passer la nuit dans la première Taverne venue lui ferait le plus grand bien. Elle passa devant un bordel mais ne s'y arreta pas, la tentation étant dix fois moindre à ses yeux. Ce qu'elle voulait là, c'était du rhum, une bière bien noire, une eau de vie bien brûlante, de quoi la réchauffer en fin de comptes. Elle remarqua un bâtiment sombre, dans un angle de rue peu acceuillant, dans un quartier près du port qui ne le semblait vraiment pas plus. La pirate arrangea son Tricorne et y poussa la porte violemment. Le silence se fit dans la Taverne d'Ulan à son entrée.
La Taverne était emplie, et en grande partie de marins. Il y avait deux serveuses, une jeune femme brune, et une vieille, grosse, plus un tavernier au comptoir. Un gros homme portant des grègues rayées ainsi qu'un chapeau usé par le temps jouait d'un instrument à corde, apportant une certaine gaieté à l'endroit. Un feu brûlait dans le coin de la Taverne. Phadransie la balaya rapidement de l'oeil. Dans l'un des angles, Phadria Red ainsi que le jeune garçon aux cheveux rouges étaient attablés. Ce dernier avait dans la main une pinte d'un alcool inconnu, et quand il vit le regard foudroyant que lui décocha Noire, la reposa et detala sans demander son reste. Phadransie ne perdit pas de temps à le poursuivre. Elle avança parmi les autres clients, des hommes principalement. Ils ne semblaient pas saouls, mais beaucoup riaient fort en mangeant et buvant. Du moins, jusqu'à ce qu'elle fasse claquer la porte du bâtiment et y pénètre. Elle se rendit jusqu'au comptoir et commanda au Tavernier son rhum le plus redoutable. Le Tavernier s'excusa poliment, et répondit à cela qu'ils n'en avait pas. Il lui proposa en compensation une bouteille d'un alcool fort local. Phadransie paya sans rien ajouter. Elle fit sauter le bouchon en lège avec son crochet, et porta directement le liquide à sa gorge. Ca piquait. C'était parfait. Phadransie reconnut au goût la signature d'une vodka originaire de ce coin du monde. Elle laissa echapper un « Haaaaaaaa » et leva sa bouteille à bout de bras. Le musicien reprit, les clients voquèrent de nouveau à leurs discussions.
Phadransie La Noire prit place face à Phadria Mary Red, sans la saluer. Cette dernière avait un verre d'alcool à demi entamé devant elle. Phadransie vit qu'elle était sobre. Cette dernière croisa les bras en écartant par la même les pans épais de sa veste rouge qui devaient la gêner.
-Je crains que tu aies fais fuir mon nouveau mousse, Noire.
-Que Lorin le consumme dans ses feux.
Phadransie trinqua seule devant Phadria, et but de nouveau. Cette dernière l'observait, les bras croisés, un air neutre sur le visage.
-Que comptes-tu faire à présent ? A part te saouler j'entends. Aurai-je la chance de t'avoir à mes côtés à bord du Wicked Wench dès qu'il appareillera ?
Phadransie fit simplement non de la tête.
-Non Madame Red, je ne vais pas me saouler ce soir.
Elle jeta alors, sans prévenir, sans crier gare, un lot de pièce d'or sur la table de la Taverne. Phadransie arrêta d'un seul geste la serveuse brune qui circulait entre les tables, en attrapant sa ceinture de son crochet.
-Apporte moi tout ce que cette taverne miteuse contient d'alcool chérie.
La serveuse écarquilla les yeux avant d'acquiescer.
-Pour cette somme, il y en aura assez pour noyer un homme.
-Ou deux, compléta Phadransie en la laissant repartir.
-A quoi joues-tu Noire ?
-Bois.
Phadransie avait tendu sa bouteille à Phadria Red, qui en but une gorgée sans comprendre ce que sa rivale cherchait à faire. Elle répéta sa question.
-Il se trouve Red, que je ne remonterai pas à bord du Wench de sitôt, et j'ai même une longue route qui m'attend. Alors je pense que profiter un peu de cette dernière nuit ne serait pas un luxe ! Surtout après un an de travaux communs.
Elle se saisit du verre de Phadria et trinqua de nouveau, sourire au coin des lèvres. Un sourire mauvais.
-A Ariel !
-A Ariel.
Phadria but une gorgée cul sec et cligna plusieurs fois des yeux.
-Dis moi Noire, je pensais que cet or revenait à la Déesse.
-Ca n'est pas ma faute si ton copain bâtard le lui a dérobé.
-Tu ne comptais pas retourner au temple pour le déposer ?
-Crois moi Madame Red, sussura Phadransie, d'ici peu, j'aurai cent fois plus d'or à déposer à ses pieds.
Un plateau avec deux coupes ainsi qu'une dizaine de bouteilles fut apporté et posé entre les deux femmes. Phadransie se délaissa de sa cape, la laissant choir au sol, puis emplit les deux verres à ras bord.
-C'est un concours de beuverie si je comprends bien.
-Parfaitement.
Phadransie leva son verre et foudroya du regard la femme en face d'elle. Encouragée par les impulsions rythmiques et la folle convivialité ambiante de l'endroit dans lequel elles étaient posées, les deux femmes se détendirent. Autour d'eux, les regards curieux commencèrent à dévier. Non loin, un nain observait même la scène avec ce qui semblait fortement à de l'intêret. L'air musical léger avait tout pour plaire à une ambiance comme celle ci. Les deux femmes burent cul sec. Phadransie ne cilla pas, se saisit de nouveau de la bouteille et remplit les verres, une seconde fois, à ras bord. Phadria ne dit rien et le porta à ses lèvres. Elle semblait trop intimidée par sa rivale pour oser refuser d'aller au bout d'une proposition comme celle ci, et visiblement trop tentée par ladite proposition pour la refuser de façon pure et dure. Elle burent de nouveau cul sec. Phadria essuya d'un revers de la manche l'alcool de son visage. Phadransie ne se donna pas cette peine. Elle se saisit du goulot pour la troisième fois. Lorsqu'elle abaissa la bouteille, un son caractéristique lui fit comprendre que cette dernière était vide.
-Putain déjà ?
-On va finir bourrées, et après? Demanda la rouge.
-Après on s'en fout.
Phadransie se saisit de la seconde bouteille. Autour d'elle, un leger cercle de curieux, voire d'interressés -voire les deux- commençait à se former et à grossir. Le barde avait même adapté sa musique, endiablant tout au mieux son rythme, tapant du pied sur le sol. Si Phadransie n'avait pas provoqué l'inaperçu lors de son entrée, utiliser cette même expression à cet instant précis aurait été un grossier euphémisme. Phadransie déboucha la seconde bouteille. Phadria en prit une troisième.
-T'emmerde pas putain.
Elle fit sauter le bouchon, et porta le goulot à ses lèvres, faisant voleter sur le sol son verre, d'un geste maladroit. Il se brisa en mille morceaux. Phadransie sourit en la regardant s'enfoncer dans la gorge la demi de la bouteille.
-Ben alors Noire ? T'as pas de couilles ou quoi ?
Au timbre de sa voix, Phadransie se demanda combien de verres elle avait bu en présence du jeune mage avant son arrivée. Sûrement plus d'un demi en fait. La Noire éclata de rire et trinqua solitaire. Elle but sans soif.
-B..Bien ! S'exclama Phadria en posant la bouteille vidée. On dirait que j'ai gagné.
Phadransie termina la sienne et cracha. A présent, le cercle formé autour d'elle était bien réel, bien que légèrement tanguant. Phadransie se serait cru sur le pont d'un navire, elle raffolait de cette sensation. La Noire envoya valser la bouteille vide d'un geste incontrolé, cette dernière se brisa non loin de la table. Phadria sourit à sa rivale. La Noire s'empara de la bouteille suivante, elle fit sauter le bouchon avec ses dents et but cul sec une large goulée qui lui déchira la gorge. Alors qu'elle avait descendu le quart du liquide, Phadria lui prit la bouteille des mains. Elle termina le reste. Hocketa. S'essuya encore du revers de la manche. Remis son Tricorne en place. Phadransie éclata de rire. Phadria fit de même, puis posa dans un bruit sourd la bouteille vide sur la table.
-Tu as perdu Noire. File moi ton o..or.
Elle hocketa encore. Phadransie lui lança un regard tellement sévère qu'il aurait pu faire palir un homme.
-Non Madame Red. TU as perdu.
Phadransie poussa violemment la table sur sa rivale et se releva, arrangeant son Tricorne. Tout tournait, mais c'était encore controlable comme attraction.
-Tu mens ! S'exclaffa Phadria.
-Tu roules déjà sous la table.
Phadransie se saisit de sa bouteille qu'elle enfonça avec une minutie bien dosée dans son décolleté, se foutant de l'alcool l'aspergeant. Elle fit de même avec une seconde bouteille, qu'elle planqua au mieux. Puis se saisit de son sac d'or par dessus l'épaule et fit un volte face. Elle controla mal la violence de son mouvement et manqua de percuter un homme de petite taille avec une large barbe rousse. La Noire le gratifia d'un « Dégage fils de pute » grommelé plus que crié et se dirigea droit vers la sortie. Phadria se leva d'un bond en la voyant.
-Tu vas où ? Hé !! Hééé !!
-Je m'en vais pour la Jungle, Red.
-La Jungle ? La Jungle ! Hahahaha !!! La Jungle !!
Phadria serait tombée au sol si un homme n'avait pas été présent derrière elle afin de la soutenir. Elle convulsait presque de rire.
-C'est tellement drole ! Ph..Phadransie La Noire perdue au fin fond de la J..Jungle !
Soudain, Phadria tira d'un coup sec le sabre pendant à la ceinture de l'homme qui la retenait, et l'envoya sur Phadransie. Cette dernière sentit la lame passer à quelques centimètres de sa joue, frôlant son oreille droite avant de se tanquer dans la porte !
Pharansie s'arrêta net, dos à Phadria. Elle passa ses doigts sur son oreille, et y repéra un filet de sang. Derrière elle, Phadria avait tiré son propre sabre. A présent, pas une seule des personnes présentes dans la Taverne ne perdait une miette du spectacle se jouant.
-Tu as trahi ma confiance à Khamsin. Tu m'as pris de derrière. Tu m'as laissé pour morte, le goût du sang dans la bouche. Et maintenant tu me payes un coup à boire et tu te tires ! C'est quoi ton problème Phadransie La Noire ?!
-Range ce bout de fer, répondit simplement l'autre, tu te couperas.
-Jamais ! Je vais te tuer, Noire ! Je vais planter ce sabre entre tes côtes !
Phadria Red s'était avancée, à quelques pas de Phadransie. Cette dernière se retourna avec une quiétude destabilisante. Elle ecarta les bras, nonchalemment.
-Voyez vous ça Camarades ! Phadria Red du Déité réclame vengeance !
-Je vais te tuer, ne cessait de crier Red en pointant son sabre sur la femme en face d'elle.
-Je n'aurai pas même pas l'utilité d'un sabre pour mettre fin à tes jours !
Phadransie avait déposé son sac d'or et s'était élancée, tel un rapace fondant sur sa future proie, qui n'était autre que Phadria Red. Le crochet en avant.
Phadria avait fait décrire un arc de cercle à sa lame, que Phadransie avait esquivé en se baissant.
-Putain..Délatrice !
Phadria avait riposté avec un estoc frontal. Phadransie bondit sur le côté et l'évita.
-Putain mais crèèève !
Un coup porté verticalement ayant pour but de clouer son adversaire au sol avait encore échoué. Phadransie s'était simplement penchée en arrière, laissant la lame pourfendre l'air à deux centimètres de son corps, se fichant entre ses bottes. Alors que Phadria tirait pour la ressortir du sol, Phadransie La Noire lui expédia un coup de pied en plein visage, avec toute la force dont elle était encore capable de mettre dans ce coup. Phadria cria sous le choc et recula, du sang coulant de son nez. Elle revint à la charge, focalisée sur son épée. Phadransie la laissa volontairement atteindre la garde. Phadria la leva de nouveau, bien décidée à décapiter son adversaire.
-Tu n'y vois même plus clair poupée.
Phadransie lui avait planté son crochet dans le flanc. Phadria cria de douleur, mais n'arrêta pas pour autant son geste, bien que maladroit de base. Phadransie arrêta la lame avec son crochet, en pivotant sur elle même. Elle repoussa la Rouge qui buta le dos contre une table et tomba.
-Tu nous fais quoi là Madame Red ? Ricana Phadransie en bondissant sur ladite table. Honneur mal placé ? Honte ? Rage ? Vengeance ?
Elle fusa sur son adversaire, désireuse d'enfoncer son crochet dans son ventre. Phadria roula sur le côté, voulut se relever, tangua, chuta. Phadransie bondit et agrippa le lustre, s'en servant afin de se balancer sur son adversaire. Ce qu'elle fit, et ce qui la cloua au sol. Phadransie releva Phadria de nouveau, et lui expédia un coup de genou en plein visage, aussi froid que la mort en elle même. Phadria, à terre, ne se releva plus.
Phadransie trouva l'occasion excellente afin de boire un coup. Elle vida la bouteille trônant sur l'une des tables avoisinantes, puis la brisa sur la nuque de Phadria Red, qui gémissait en tentant de recouvrer ses esprit. Phadransie s'accroupit sur son adversaire, son crochet sous sa gorge, prêt à en finir. Mais elle se ravisa en remarquant l'or qui dépassait de sa veste.
-Voyons ce que tu peux m'offrir Madame Red.
Elle avait laissé glissé son crochet jusqu'à sa veste et son chemisier, qu'elle avait déchiré d'un coup sec. Effectivement il y avait de l'or, pas mal d'or même. Phadransie ne se fit pas prier. Elle dépouilla également Phadria de sa veste flamboyante, qui lui serait probablement confortable pour le voyage en mer qu'elle s'apprétait à faire. Elle acheva sa rivale par une gifle qui avait bien là quelque chose de magistral. Phadria saigna encore.
-La prochaine fois, clama la pirate vêtue de rouge à présent aussi pleine d'alcool que d'or, tu réfléchiras un peu plus avant de défier Phadransie La Noire !
~
Phadransie tanguait légèrement, son pied gauche ayant toujours grand mal à se placer devant le droit. Un vent frais s'était levé sur les Marches, et particulièrement le Port, faisant voler au vent la chevelure jais de la pirate. Phadransie avait su trouver instinctivement le port des Marches D'Acier, imbibée d'alcool, ou pas. Surtout qu'elle n'était clairement pas aussi ivre que Phadria en quittant l'Ulan. Phadransie était tombée sur une bande de jeunes soûlards dans une ruelle autant sombre et obstruée que glaciale et peu ragoûtante. Ils l'avaient suivis depuis la Taverne d'Ulan et pensaient pouvoir la prendre par surprise, profitant de son ivresse.
Ils ignoraient qu'eux même étaient bien plus ivres que Phadransie La Noire, en ayant pourtant bu moins. Ils riaient forts et montraient la pirate du doigt, prétextant vouloir la dépouiller de son or, et « d'un peu plus tant qu'à faire ». Phadransie avait ri, ces idiots étaient l'incarnation même de ce qu'elle avait besoin en ce moment afin de passer ses nerfs. Son dernier combat contre l'humaine vêtue de violet l'avait mise face à face avec sa propre impuissance, surtout lorsqu'elle baignait dans de l'alcool. Mais là...
Phadransie evalua rapidement la situation. Ils était quatre, semblaient assez jeunes. L'un d'entre eux ne devait même pas avoir seize ans. Phadransie La Noire posa derrière elle l'épais sac d'or qu'elle portait avec fermeté et brandit son crochet. Là non plus, elle n'allait pas leur offrir le plaisir de degainer Lame D'Or ou même un sabre quelconque. Ils périraient sur son crochet, quand bien même le sol dansait sous ses bottes.
Effectivement, moins de cinq minutes plus tard, Phadransie quitta ladite ruelle, les semelles rouges de sang. Le crochet également.
La pirate prit le temps de ressentir avec une certaine ivresse -toute autre que celle due à l'alcool, et pourtant étonnament proche, comme une soeur- l'air iodé marin ainsi que les embruns, volant autour d'elle, embrassant sa nuque. Elle se sentait tellement apaisée, pour une fois. Elle laissa errer son œil noir sur les vaisseaux à quai, tentant de flairer visuellement le plus de détails possible malgré l'obscurité de cette nuit sans lune visible. Sans lune, certes, mais quel vent !
Soudain, elle aperçut une silhouette grandissant en sens inverse, celle d'un homme tenant au dessus de son crane son Tricorne, empêchant le vent farceur de le lui ravir. Phadransie reconnut immédiatement le Capitaine Théoden. Elle qui pensait ne plus le revoir avant plusieurs mois, voire plusieurs Tours, en quittant furtivement le Wicked Wench. La pirate ne désirait pas lui parler, après tout les deux personnages s'étaient déjà tout dit. Mais ils allaient se croiser, cela était inévitable. Phadransie leva son crochet, comme par reflexe. Elle appréciait Théoden, et le reconnaissait. Mais elle appréciait également un bon combat et la vue du sang suintant des plaies tracées dans la chair encore fraiche. Lequel de ces plaisirs l'emporterait sur l'autre ? Elle était curieuse de le savoir.
Théoden était près d'elle, il l'avait distinguée et semblait visiblement, non heureux, mais au moins, pas mécontent de la revoir après ces quelques jours d'escales. Il était à moins de cinq mètres d'elle. Phadransie hésita. Elle avait bu, certes, mais était-ce vraiment l'alcool qui alimentait ainsi sa soif de tuer et de sang ? Elle ne le pensait pas. Elle avait peut être l'occasion de lui faire payer la petite semaine à fond de cale du Seigneur Emeraude.
« Bonsoir Phadransie, la salua le Capitaine Théoden en baissant la tête, évitant les bourrasques.
La pirate abaissa son crochet et hocha la tête en guise de réponse. Il lui demanda ce qu'elle faisait ici, ce à quoi la jeune femme répondit qu'elle avait quelques projets également, et ne tarderait plus à mettre les voiles. Théoden lui affirma qu'il en était de même pour lui. Phadransie le trouvait étrange, comme changé. Quelque chose s'était passé entre le moment où elle avait presque dû le secouer afin qu'il se rappelle son nom et maintenant. L'ancien Théoden n'était peut être pas de retour, soit, mais...
Phadransie le vit buter sur une bitte d'amarrage, qu'il contourna après un petit « ho » et devina que lui aussi avait sans doute bu. Pourtant, il ne semblait pas ivre le moins du monde.
-Ca tangue pour vous aussi, Capitaine ? Avait-elle demandé.
Il lui avait sourit.
-Moins que dans ton cas Phadransie, tu ne marches plus droit on dirait.
Puis il lui avait proposé de faire quelques pas ensemble. N'ayant rien d'autre et de mieux à faire, Phadransie avait accepté. Le Capitaine Théoden et elle même longèrent ainsi le port des Marches, d'une part puis d'une autre, sur plusieurs kilomètres, emporté par l'élan de leur échange.
« J'ai eu une période difficile... avec certains habitants des Îles de Jade. Disons que j'avais un stock indéniable de prisonniers, expliquait patiemment le jeune Capitaine à sa noire compagne tandis qu'ils évoquaient son passé depuis plusieurs minutes maintenant.
-J'aurai aimé vous connaître à cette époque, répliqua Phadransie l'air froid.
-C'était au tout début de ma carrière de marin, après la mort de mon mentor. Cette époque a coulée avec mon Wicked Wench.
Un silence s'insinua entre eux deux. Phadransie avait beaucoup appris en peu de temps sur cet homme qui mêlait sans la moindre frayeur ses pas aux siens.
-Avec Medron, hein ?
-Il en fit partie oui, répondit Théoden d'une voix posée.
-De cette époque, ou de vos prisonniers ? Sourit Phadransie
-J'aurais aimé qu'il fut mon prisonnier. Même pour un temps.
-En vérité, Est-ce vous qui l'avez trahit ou lui qui vous a trahit ?
-C'est lui qui a ordonnée la boucherie qui entraîna la mort de mon mentor. Je considère qu'il fut le premier à trahir.
Ils désignèrent d'un geste du visage le Wicked Wench, solidement amarré, devant lequel ils étaient en train de passer. Ou de repasser.
-Je ne l'aime pas non plus, dit Phadransie. Je n'aime personne de toute façon.
-Hormis toi même, lui répondit sans hésitation, et d'un timbre toujours aussi calme son auditeur.
Phadransie ne cilla pas.
-C'est vous qui le dites.
-Hormis toi même et sans aucun doute le Capitaine Léocadas, reprit Théoden.
Heureusement pour elle que Phadransie n'avait pas en cet instant un goulot collé aux lèvres, ceci car elle se serait étouffée avec, sans nul doutes. Il se prenait pour qui, ce Théoden ? Elle avait tressaillie malgré elle, mais se renfrogna.
- Je ne vois pas vraiment de quoi vous parlez.
-Allons bon, ne fais pas l'innocente !
Phadransie aurait dû le foudroyer du regard sans outre mesures. Mais au lieu de cela, elle se contenta d'éviter le sien, et scruta la mer et l'horizon. Il n'y avait pas d'astre lunaire cette nuit, éclairant le port des Marches D'Acier. Le vent était fort et glacial. Il s'agissait d'un vent du nord à l'image de cette région de Ryscior, à la fois cinglant et serein. Phadransie l'appréciait beaucoup. Le sujet de conversation commençant à lui déplaire et la mettre mal à l'aise, elle l'orienta vers une autre voie, qu'elle prit soin de choisir. Ils évoquèrent le Seigneur Emeraude, et Phadransie confia à Théoden l'un des projets qu'elle avait sur le cœur. L'oter des mains des Elfes Noirs.
-Si elle a offert le Seigneur Emeraude à Lokhir, Phadransie c'est bien qu'elle le porte au moins dans son cœur, plus que moi. D'ailleurs je te fais remarquer que si j'ai pu te libérer du Seigneur elle t'en a aussi et surtout bannie !
La pirate s'arrêta net. Elle n'avait visiblement pas saisi cette partie du discours du Capitaine. Il reprit, voyant qu'elle n'avançait plus.
-N'oublies pas d'ailleurs qu'Ariel te bannit de son vaisseau. Poser à nouveau le pieds dessus t'exposerait à son courroux.
- Le vaisseau d'Ariel ? Le Seigneur de Brecianne vous voulez dire ? Vous ne me l'avez pas dit auparavant, ça, Capitaine. Je l'ignorais.
-Je suis navré Phadransie, j'étais en grand trouble cette nuit où tu vins dans ma cabine. Ce doit être le détail que j'omis dont je ne parvenait plus à définir le caractère...
-La Reine des mers vous a t-elle dit pourquoi ?
Une demi seconde de silence s'évapora, lentement.
-Elle ne t'aime pas, Phadransie. Vraiment pas. Et ta présence à bord du Seigneur sembla la déranger au plus haut point lorsque je commença à argumenter en ta faveur. Si j'en avais la raison, je te l'aurais évidemment donnée. Mais je penses qu'il est inutile de te rappeler l'épisode de la mort de Brecianne et de sa raison.
Encore cette histoire, évidemment. Brecianne Leocadas. Jack Lissander. Lissander le traître.
-Vous savez, les derniers mots du nécromancien furent "c'est Phadransie qui m'a offert Brecianne." Comment la Reine des Mers pourrait-elle m'apprécier après cela ? D'autant plus que j'ai évoqué avec elle un sujet qu'il aurait mieux fallut taire. Quant à Brecianne..vous ne pouvez pas comprendre.
Le Capitaine parut soudain interressé.
- Quel sujet as-tu donc abordé avec la Reine des Mers ?
-Il vaut mieux que vous l'ignoriez, croyez moi.
-Nous avons tous deux pu parler avec notre déesse, je penses que c'est gage que nous sommes assez liés, non ?
Phadransie ne sourit pas, mais sentit les commissures de ses lèvres se détendre.
-Personne d'autre que vous n'aurait pu me présenter les choses ainsi je pense. Je ne suis plus liée à vous Capitaine, mais si vous voulez je peux vous en parler. Avez vous déjà entendu parler de la Légende du Fou ?
Théoden flatta sa moustache d'une main, les bras croisés, avant de dire : « Non, j'en ai peur . »
-Il s'agit là d'un artefact aux propriétés admirables, la Légende de Lorin. Avec l'aide du capitaine Korlanos nous sommes parvenus à mettre le crochet sur l'artefact. Mais Lorin s'en ait ressaisi, emportant avec lui le Galion Déité ainsi que son equipage foi de siresse.
Elle laissa passer un silence.
-J'ai voulu obtenir de la Reine des mers le retour de l'Artefact.
- Ces genres d'artéfacts étaient choses rares et il était curieux de savoir quelles étaient ses propriétés : Et... qu'était censé faire cet artefact ?
-Les pouvoirs du dieu Capitaine, bien qu'amoindris, étaient emprisonnés en lui.
-Par la chevelure d'Ariel... je comprends mieux pourquoi vous avez été ainsi coulé ! Clama Théoden, une surprise et frayeur évidente et non dissimulée ayant pris d'assaut son visage.
-Le problème n'est pas là. C'est juste que... Ariel et Lorin n'ont jamais été en très bon termes, et lui proposer de me dresser en son nom face au Fou n'était apparemment pas une bonne idée. Ca s'est mal terminé.
Théoden pu voir qu'un frisson parcourut tout le corps de Phadransie tandis qu'elle evoqua ce souvenir, pour la première fois à voix haute.
-Seule la Gemme aurait été une compensation suffisante à la mort de son Elue, ajouta la pirate en plongeant son visage dans sa main.
Aucun son, si ce n'était la signature du vent et des eaux, vinrent troubler cet instant. Théoden ne parla pas. Phadransie soupira, et reprit très vite :
-Toute cette histoire est merdique, j'en ai assez de revivre cet echec en boucle de toute manière.
-Tu devrais la coucher dans un journal, et cesser de ressasser ça. Maintenant tu as une nouvelle mission, Phadransie, lui souffla Théoden.
-Vous dites avoir eu l'épaule arrachée par Brecianne, vous êtes familier de cette douleur à présent. Capitaine Théoden. Je meurs toutes les nuits dévorée par elle, en rêve. Et parfois c'est tellement réaliste que je...
Phadransie arrangea son Tricorne sur sa tête et brisa ce silence importun. Qu'est ce qu'il lui prenait de raconter tout ça à cet homme ?
-Vous avez raison de toutes façons. J'ai un objectif et une mission à accomplir. On a bien parlé de mes projets Capitaine, mais qu'en est-il des votres à présent ?
Théoden soupira.
-Je viens de me rendre chez Tesla Eilun. Un sauvetage d'urgence dans le Royaume d'Oro. Et une jeune femme à...ramener de enfers.
Il rit, amusé.
-Comme tu vois, trois fois rien !
Puis ajouta, tout doucement.
-J'évite le plus possible l'attention de la Reine des Mers pour quelques temps.
-Une femme à ramener des enfers ? Je vous ignorais suicidaire.
-Une bonne cause appelle de bons sacrifices.
- Après tout il se peut que vous réussissiez. Canërgen devrait etre moins enclin à l'impulsivité meurtrière qu'Ariel.
-Prions seulement pour que sa fille ne désire point me voir trop tôt !
-Je ne prie que Ariel, elle est la seule que j'honore.
-Tu as bien raison. Ce n'est qu'ainsi que l'on survit le mieux.
-Je ne saurai le dire Capitaine. Même son Elue n'est plus là pour confirmer ses propos
-En tout cas Brecianne trouva une place de choix à côté de sa déesse, sois en sûre, lui répondit Théoden en esquissant l'ombre d'un sourire.
-Selon vous. Une chance ? Ou une malchance ? Demanda à voix basse Phadransie, de peur que le vent rapporte à la Déesse ses paroles.
-Une chance, assurément. Servir en tant que sirène pour l'éternité aux côtés d'Ariel dans son palais sous-marin est plus qu'un honneur. C'est une bénédiction !
Phadransie émit un verbeux soupir, puis s'écarta de Théoden avant de le saluer d'un geste du crochet. Ils avaient assez discuté à présent, d'ici quelques temps l'aube poindrait à l'horizon. Elle devait s'en aller. Théoden haussa un sourcil dans son dos, en l'observant faire.
-Je pensais que la nouvelle te réjouirait, Phadransie.
-Vous savez, peu de choses me réjouissent en ce monde en fait, autre que l'or que je possède et le sang que je fais suinter des plaies de mes victimes. Je pense simplement qu'il est temps pour moi de prendre congé et me mettre en route. J'ai aussi une voie à parcourir Capitaine, et j'aimerai ne pas perdre mon temps. Et comme on dit, le temps c'est de l'argent, 'voyez.
Encore une fois, un silence vint se presser entre eux deux. Phadransie s'arrêta d'avancer en attendant dans son dos le bruit des bottes de Théoden, s'avançant sur le sol des Marches. Elle se retourna au moment où Théoden lui décolla une épaisse gifle, du revers de la main, la faisant reculer et vaciller. Pour peu, le goût du sang serait en train de se répendre dans sa bouche !
-As-tu donc oublié pourquoi tu navigues, Phadransie ? L'on ne le fait pas que pour l'or et les combats ! Aurais-tu donc passé trop de temps loin de la barre d'un navire ? Nous autre gens de mer naviguons car c'est seulement sur les eaux que nous sommes libres. N'oublies jamais cela, car l'or pourra toujours te manquer et le combat te coûter mais jamais la liberté de voguer ne pourra te trahir ! Et si je te vois revenir comme je te vois maintenant, alors j'espères que tu auras toutes les excuses du monde ou des jambes assez rapides pour éviter que mon autre main ne décore ton autre joue de sa marque.
Phadransie était encore sous le choc. Personne ne l'avait giflé avant ça, même Korlanos, bien que sous certains points de vue, il avait parfois fait pire. La Noire lança un regard si affligeant à son interlocuteur, que Théoden aurait pu craindre qu'elle lui bondisse dessus afin de le tuer sur l'heure. Mais finalement, elle finit par eclater de rire, d'un air dément, convulsif.
-Et c'est Théoden le Grand qui dit cela ? Naviguer sur les Grand'Eaux, la liberté de voguer, toutes ces conneries. De beaux mots. Brecianne est partie. Ariel m'a maudite, moi ainsi que la légende du fou. Le Seigneur Emeraude est entre les mains de nos ennemis. Et pourtant si je vous tourne le dos aujourd'hui, c'est pour empêcher ces fils de pute de se rendre maitres incontestés des eaux. Car c'est là qu'est ma place, la votre, c'est là qu'elles ont toujours été, et je ne permettrai jamais que d'autres nous retirent notre liberté.
Elle porta une main à sa joue, bien marquée.
-Et ne faites jamais plus ça, si vous tenez à la vie !
-Va Phadransie, fais comme bon te semble, lui répondit Théoden en soupirant. Tu es encore bien jeune, tu as tout le temps de faire tes erreurs.
- Qui parle d'erreurs lorsque vous comptez faire affaires avec Canërgen ? Les risques que vous prenez ne sont pas moindres que les miens !
-C'est vrai. Mais je tiens peut être aussi moins à la vie que toi !
- Les risques pris ne sont pas inutiles dans ce cas !
-Je n'ai jamais remise en cause ta quête, au contraire je l'approuve. Je prie seulement pour que tu n'oublies pas pourquoi tu fais tout cela, obnubilée dans la rage du combat.
-Au pire, railla la pirate. Vous serez visiblement là pour me le "rappeler"
-Non. Dans quelques tours je serais ou mort ou en retraite.
Phadransie haussa les épaules et s'eloigna. Elle finit quand même par s'arreter a quelques pas et lancer par dessus son épaule la remarque qui lui démangeait les lèvres.
-La prochaine fois Capitaine, ne vous sacrifiez pas autant auprès de la Reine des Mers pour moi. Le Seigneur aurait dû vous appartenir, après Brecianne.
Théoden sourit doucement, en croisant les bras. Phadransie pouvait le deviner, face à elle, dans son dos, le vent dans le sien faisant voler ses cheveux.
-Sais-tu pourquoi j'ai tant prié pour ta libération ?
-Peut être aviez vous compris que je vous servirai plus utilement en tant qu'officier ou officier supérieur.
-Je comptais utiliser ton aide pour semer directement la mort dans les ports des Elfes Noirs. Nous en avions presque les moyens.
-Je vous y aurai suivi, même aveugle, susurra Phadransie, le poing serré à s'en faire ressortir les veines.
-Il nous aurait suffit d'un second vaisseau de bonne taille et rapide... et nous aurions cloués dans les ports Elfes toutes leurs flottes.
Phadransie reprit sa route, arrangeant son Tricorne, jouant avec l'or dissimulé dans sa veste flamboyante.
-Nous nous reverrons vite. Alors essayez de ne pas crever bêtement.
-J'allai te dire la même chose ! Clama le Capitaine du Wicked Wench.
L'aube venait tout juste de naître à l'horizon.