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[Terminé][PV Abad]Premier contact
Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Peri, regardant au loin l’étendue salée, essuyait une larme sur sa joue avec le bout de son aile.
Cela faisait désormais quatre saisons que les premiers envahisseurs étaient venus. Elle avait entendu dire qu’ils revendiquaient la Terre comme étant la leur, quand bien même celle-ci n’était pour eux qu’un continent de plus. Il était difficile pour la magicienne Gyrkime d’imaginer que la Terre ne soit qu’un deuxième continent d’un monde bien plus immense qu’il n’y paraissait, mais c’était pourtant bel et bien le cas. Les envahisseurs en étaient la preuve.
Et dire qu’il y a de nombreuses saisons de cela, quand elle n’était qu’un poussin, on racontait des légendes sur des peuples étranges pour effrayer les enfants. Maintenant, ces peuples étranges étaient arrivés, et fondaient leurs villes sur la Terre. C’était quelque chose d’incompréhensible pour les Gyrkimes. Le Dieu du Ciel et la Déesse de la Terre avaient donné à ces peuples un continent entier, et ils en voulaient plus, contestant ce qui avait été donné aux Gyrkimes.
Voilà les raisons du début de la guerre. Lorsqu’elle s’était engagée, les envahisseurs avaient tenté d’imposer leur vision des choses. Et avec leur langage qui avait la réputation d’être guttural et laid, ils avaient réussi à faire comprendre aux Gyrkimes que selon eux, la partie basse de la Terre leur appartenaient, et la partie haute revenait aux Gyrkimes. Alors que c’était toute la Terre qui leur avait été donnée par le Dieu du Ciel et la Déesse de la Terre.
Mais tout cela, la magicienne n’en avait jamais qu’entendu parler. On était beaucoup trop au sud des quatre villages des envahisseurs. Peri et sa cité s’étaient donc crus à l’abri, même s’ils se tenaient prêts  à venir au secours des cités plus au nord. Mais voilà qu’un matin, Peri avait été méditer au bord du lac salé, et qu’elle y avait vu arriver des pyramides de bois craquant et poussé par des bandes de toiles. C’était sans doute là ce que les envahisseurs, dans leur langage, nommaient « navire ». Et de ces navires étaient descendus une centaine d’entre eux.
Peri était restée au loin, observant sans rien dire les envahisseurs. Peut-être allaient-ils repartir ? Non, ils avaient tranquillement dressé un camp. C’est lorsqu’ils commencèrent à tailler les branches des arbres proches pour se faire une palissade que Peri avait compris. Ils avaient l’intention de rester. Une larme lui était venue à l’œil quand elle avait compris cela. Les temps de paix étaient donc terminés pour la cité de Gyrvigul, sa ville natale.
En quelques battements d’ailes, elle s’était envolée, et repartit vers la ville, qui était à une journée de vol d’ici. Peut-être, pensait-elle, peut-être que si les guerriers chassaient assez vite les étrangers, alors ils les dissuaderaient de s’installer ici. Peut-être. En attendant, avec les robes de la famille des magiciens d’améthyste qu’elle portait, et l’envergure de ses ailes qui plus que la taille d’un homme, il ne faisait aucun doute que les étrangers sauraient qu’ils avaient été remarqués.

Elle arriva dans sa ville bien plus vite que prévu. Sans doute la peur l’avait-elle poussée à se presser. Gyrvigul, comme toute cité Gyrkime, n’était pas une ville proche du sol. Les maisons étaient de grandes tours, assez éloignées les unes des autres, et qui accueillaient les différentes familles. Les magiciens dans différentes tours, différente en fonction de la magie qu’ils manipulaient, les guerriers dans d’autres tours, différentes selon qu’ils maniaient l’arc, le javelot ou préfère le corps à corps, les politiciens dans une autre tour, les marchands encore dans une autre, etc., etc. De famille, ces corporations n’avaient que le nom, et il n’était pas rare que des couples vivent séparés, car devant chacun loger dans leur tour, quand bien même ils auraient des poussins. Les poussins étant de toute façon logés dans la tour des poussins et éduqués par la famille des précepteurs jusqu’à ce qu’ils soient en âge de se trouver une famille. Les parents gyrkimes ne veillaient que peu sur leurs enfants, laissant ce soin à la famille qui était en charge de ce travail.
Il y avait ainsi des dizaines de tours dans cette ville, et chacune d’entre abritait une famille pouvant compter de plusieurs dizaines à quelques milliers de gyrkimes. Peri, en arrivant devant l’une d’elles, monta en flèche pour aller au sommet de la tour. Celle-ci était un cylindre creux en son centre, dans lequel elle descendit, pour se poser sur l’un des balcons. Celui-ci ne menait pas à ses appartements, mais à celui du chef de famille, qui répondait au nom de Pudro. Si elle mettait ce dernier au courant de la présence des étrangers, il lui serait bien plus aisé qu’à elle d’organiser une expédition.

Et en effet, deux jours plus tard, Fayro, chef de la famille des archers, vint la trouver. Il avait été choisi pour diriger une expédition qui devait déterminer d’une part les intentions de ces nouveaux envahisseurs, et d’autre part les chasser par la force si nécessaire. Les gyrkimes haïssaient la guerre, voilà pourquoi il n’utiliserait la force qu’en dernier recours, mais quand elle vit le nombre de guerriers et de magiciens guerriers issus de toutes les familles qui accompagnaient Faryo, elle comprit qu’il envisageait très sérieusement cette possibilité.
Et à elle, Peri, il revenait le soin de guider cette expédition, et de retrouver l’endroit où elle avait vu les envahisseurs. Aussi, bien vite, elle prit son envol. Elle se souvenait exactement du chemin à parcourir, et c’est donc d’un battement d’ailes sûr qu’ils firent la première moitié du chemin, avant que Fayro n’ordonne une halte. Il ne voulait que ses guerriers arrivent épuisés quand ils rencontreraient les envahisseurs. Elle en profita pour regarder combien de gyrkimes avait-il emmené précisément. Avec elle, presque deux cent. Il voulait impressionner, elle en était désormais convaincue. Bien que chef d’une famille de guerriers, il n’aimait pas la guerre. Voilà pourquoi ils étaient si nombreux. Et si cela devait tourner à la bataille, les envahisseurs n’auraient certainement pas assez d’archers talentueux pour abattre tous les gyrkimes.
Puis ils repartirent, alors que le soleil se couchait dans le ciel. Ils arriveraient à la faveur de la nuit, peu avant l’aube.
Mar 12 Mai 2015 - 9:48
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
Journal de bord d'Abad el Shrata, Sentinelle du Nouveau Monde.




Jour 1 
     Nous prenons enfin la mer. Tahssar m'a accordé 3 galions et  1 caravelle, cela dépasse de loin mes espérances. Le port est rempli de personnes venues nous acclamer. Savent-ils que je suis un demi sang ? Je ne pense pas, ils m'auraient lancer des œufs à la place de roses. 
A mon bord, 5o colombs, en tout, 12o, et en comptant les 8o guerriers, nous sommes 2oo. Tous à mes ordres. Serais-je à la hauteur ? Je l'espère. Je dois parfois commander des hommes de 5o ans et plus. Je vois qu'ils me regardent de travers, mais ils s'exécutent. Après tout je n'ai que 2o ans et à bord tout le monde sait que je suis un demi sang. D'ailleurs je ne cache plus mes oreilles. J'ai jeté mon bandeau à la mer. Je laisse flotter mes cheveux dans le vent à l'heure ou j'écris ces pages. Je dois incessamment sous peu m'entretenir avec le capitaine quant à la démarche à suivre.


Nous décidons de voguer vers le Sud, afin de nous installer le plus loin possible du camp de Samuel. Sage décision.
Je prie seulement pour une mer calme, pas de maladies et surtout, que l'on ne croise pas de navires Elfes Noirs, auquel cas, la mission serait bien vite écourtée...



Jour 2 

     Les lits des cales sont durs. J'ai très mal dormi. Mais je ne peux plaindre. Après avoir passé 3 mois sur le Détié, même dormir sur des poignards serait agréable. 
Beau soleil. J'ai vu des dauphins nager dans note sillage cet après midi. Le capitaine m'a dit que c'était un bon présage.



Jour 3

    Cette nuit j'ai une nouvelle fois rêvé de Leyla. J'ai encore très peu dormi. Mauvaise journée.



Jour 10

     La mer est agitée, les hommes vomissent par dessus bord. Je plains ceux qui ont le mal de mer, parce qu'on est loin d'être arrivé. Selon le capitaine, nous ferons face à une tempête cette nuit. Une tempête au bout de 10 jours de navigation, notre voyage commence bien.



Jour 11

     La tempête s'est avérée moins virulente que prévu. Les matelots font du bon travail, Tahssar n'a pas engagé n'importe qui. Je l'estime beaucoup, il m'a aidé a reprendre ma ville, m'a aidé à la défendre. Je lui dois énormément. Je ne le décevrai pas.



Jour 13

     Leyla.



Jour 25

     Les civils commencent à fatiguer. Très peu avaient déjà naviguer avant. Je comprends que celà puisse être éprouvant, mais nous ne sommes pas au bout de nos peines.



Jour 26

     Ce matin, nous avons retrouvé un homme mort dans les cales. Un des colons l'a tué après une bagarre qui a mal tourné. Selon la femme du décédé, il voulait leur subtiliser de l'argent, accusation que les autres ont confirmé. La pauvre est anéantie et tout l'équipage est choqué. Pour l'instant je l'ai mis au fer dans les cales, je ne sais quoi faire. J'espère que la nuit me portera conseil.



Jour 27

     J'ai très mal dormi mais j'ai pris ma décision. J'ai ordonné la mise à mort de l'accusé. Je ne peux tolérer un homme violent et imprévisible dans mon équipage. C'est une décision difficile mais nécessaire.



Jour 28

     J'entends les murmures derrière moi lorsque je marche sur le pont. Sur le navire tout le monde est silencieux. Quand je passe près des marins, ils font semblant de nouer un nœud ou se remettent vite à passer la serpillière.  Je pense que mon équipage a peur de moi à présent. 



Jour 35

     Je suis hors de moi ! Ce matin, un des colons m'a demandé discrètement de le suivre dans les cales. Sa femme gisait sur le sol, enceinte ! Son ventre est énorme, elle est à terme. Ils sont monté clandestinement et la cachent dans les cales depuis le début du voyage. Quels inconscients ! Personne à bord n'a les capacités nécessaires pour l'aider. Elle risque de perdre son enfant et de mourir aussi ! Pour tenter le diable à ce point, leur vie sur le continent devait vraiment être misérable. Personne ne veut s'y coller. Je me chargerai de l'accouchement.




Jour 36

     C'est un garçon. L'acte s'est passé sans gène, les dieux ont été bons. Ils ont appelé l'enfant Abad. Demain, nous organiserons un banquet pour fêter ça. Quelle aventure.



Jour 37

     Le repas était délicieux, cela a remis de l'entrain dans le cœur de l'équipage. Tout le monde m'a applaudi. Je pense qu'ils sont entrain de m'accorder leur confiance.
Nous allons devoir nous rationner dans les prochains jours, pour compenser le festin.



Jour 48

     Aujourd'hui nous avons perdu un bœuf. Si la maladie se répand aux autres bétails, nous avons du soucis à nous faire. J'ai interdit qu'on le mange. Les hommes étaient outrés mais ils m'ont quand même obéis et ont jeté la bête par dessus bord. Je pense que j'ai acquis le respect de mon équipage. Mais on ne sait jamais ce qu'il se dit derrière nous.



Jour 73

     Nous venons de faire face à la plus grosse tempête que je n'ai jamais vu. Semblable à celle du Déité. Phadransie aurait-elle de nouveau réveiller les forces de Lorin ? Ou Lorin l'a t-il enfin retrouvé ? Si la dernière option s'averre vrai, je prie pour qu'elle soit encore vivante.



Jour 83

     Aujourd'hui, le capitaine a cru voir une terre sous l'acclamation de tout l'équipage. Ce n'était qu'une illusion d'optique. Les marins commencent à montrer de l'impatience surtout que les vivres et l'eau douce commencent à faire défaut.
Je décide de suivre les oiseaux. Nous changeons de cap, ouest sud ouest.



Jour 91

     Ma décision s'est avérée fructueuse. Je suis le premier à voir vu la terre, aux premières lueurs du jour. Elle est bleue et les arbres sont oranges ! Mais ou avons nous attéri ? J'ai ordonné à ce que les bateaux restent en retrait. Je décide de partir en éclaireur le continent avec 2 de mes meilleurs hommes. On va pagayer.



*




     Lorsque Abad déposa pied sur le continent, sa méfiance envers ses terres retenaient son excitation. Les 2 hommes qui l'accompagnait eux aussi étaient anxieux. Devant eux se formait une légère plage de sable fin et blanc. A quelques mètre d'eux se dressaient des arbres immenses, de plus de 15 voir 2o mètre de haut semblables à des séquoias. Leur tronc était de couleur orange, leurs feuilles étaient bleues. 
'' Mais ou avons nous été envoyé, murmura Abad
- Je sais pas chef mais cet endroit ne me dit rien qui vaille'' grommela celui à sa droite. Il avait un bandeau sur l’œil droit et un bandana couvrait ses cheveux. Sa mâchoire était tordus et il mastiquait de tabac a chiquer. Il tenait fermement sa baïonnette entre ses mains. Il s'appelait Richard. Tout le monde savait qu'il avait été pirate avant d'être engagé dans la marine, mais il l'avait toujours férocement démenti. '' Je suis d'avis pour qu'on reparte, dit il avant de cracher un un crachat jaune.
- On ne pourra pas repartir, il n'y a pas assez de vivres pour le retour, dit l'autre marin. Lui s'appelait Armand. Il était blond et portait les cheveux longs attaches en une queue de cheval. Il avait un nez en trompette et de beaux yeux verts. Il avait le même âge que Abad, pourtant il faisait beaucoup plus jeune. Mais il avait déjà navigué dans plus de bateaux que n'importe qui à bord des caravelles, de plus il était très intelligent. 
'' Ne nous laissons pas duper par ces couleurs inhabituelles, ces terres sont peut être fertiles et accueillantes.
-Armand à raison dit Abad. Avançons.''


     Ils tirèrent la barque sur le sable et avancèrent péniblement vers la forêt. Leurs pieds s'enfonçaient dans le sable. Il faisait une chaleur lourde et étouffante, leurs tuniques collaient à leur peau et des hordes de moustiques virevolter autour de leur tête.
Quand ils arrivèrent au niveau des arbres, Abad posa une main sur leur tronc de plus de 5 mètre de diamètre. Il leva la tête vers leur cime.
''Comment va-t-on faire pour s'installer ? Nous ne sommes pas équipés pour couper des arbres de cette envergure, dit Abad.
- Avançons, nous trouverons peut être un endroit défriché dans la forêt '' suggéra Armand.
Ils s'engouffrèrent dans un océan d'herbes orange et bleu au son de cris d'animaux que Abad n'avait jamais entendu et qu'il ne préférait pas croiser. L'herbe haute arrivait à hauteur des hanches d'Abad et au niveau du torse de Richard qui mesurait pas plus d'1m6o. Il se débattait presque pour se frayer un chemin à travers l'herbe touffue, et Armand ricanna. L'herbe cachaient leurs pieds, il ne savaient pas ce qui se trouvait en dessous. Abad préférait ne pas y penser. 
Ils marchèrent preque vingt minutes avant de voir se profiler devant eux une enclave. Une zone défrichée se tenait entre eux une immense falaise plus grande que les arbres. Ils levèrent les yeux vers le sommet et Abad eut le tournis. Tout à coup un immense oiseau prit son envol. Les trois le regardèrent voler dans le ciel azurée.
'' Ce continent nous réserve bien des surprises, dit Abad en regardant l'oiseau au dessus d'eaux.
- En tout cas, nous avons trouvé un endroit pour notre campement, dit Armand qui s'était accroupi et caressait l'herbe de sa main.
- Non, coupa Abad. Cet endroit est trop dangereux, nous sommes coincés entre la falaise et la fôret, en cas d'attaque d'animaux sauvages ou d'indigènes, nous serions fait comme des rats. Nous devrions voir ce qu'il y a derrière ce pic, dit-il en se couvrant les yeux pour les protéger du soleil.
- D'accord mais avant tout un peu de repos ! dit Richard en s'asseyant de toute sa masse sur le sol mou. Ses cheveux et ses habits piqués d'herbe bleue.''
Abad accorda à Richard une courte pause, puis ils reprirent leur route vers l'Est. Cent mètre plus loin, une pente permettait d'accéder au sommet de la falaise. Ils grimpèrent. Lorsqu'ils furent arrivé en haut, Abad dut se frotter les yeux : devant lui s'étendait une plaine immense et des champs à perte de vue. 
'' C'est ici que nous batirons la colonie ! ''



*




Journal de bord d'Abad el Shrata, Sentinelle du Nouveau Monde.



Jour 91

     L'expédition s'est bien passée. Nous avons trouvé un lieu pour ériger la colonie : une plaine immense au sommet d'une falaise. 
Les hommes ont débarqué. Nous avons laissé les bêtes en lieu sûr dans les bateaux pour la nuit. Nous n'avons sorti que les chevaux qui nous aident pour la construction du campement. Nous n'avions plus de foin. L'herbe bleue à l'air de leur plaire, je prie qu'elle ne soit pas toxique. 
Les hommes et moi même nous sommes attelés à la construction du campement, et cela n'a pas été une partie de plaisir. Les arbres sont beaucoup trop gros pour être coupé, nous ne sommes pas assez bien équipés. Ils sont aussi trop grands, nous ne pourrions contenir leur chute. J'ai ordonné à ce que l'on coupe seulement les branches des arbres, de la taille des troncs de l'ancien contient. Mes hommes montent aux arbres et les scient. En bas, d'autres les réceptionnent et les tronçonnent pour pouvoir construire le camp. Les chevaux nous aident a tirer les tronçons jusqu'en haut de la falaise
Les femmes et les enfants coupent les herbes hautes de la plaine pour en faire des bottes que nous ferons sécher pour nourrir le bétail. Elle commencent aussi à bécher le sol afin de planter les premières semailles au plus vite car les vivres commencent à manquer. 
Nous avançons vite, mais pas assez pour que tout le monde ait un toit sur la tête d'ici cette nuit. Ce soir nous dormirons dans les bateaux. 



Armand:


Richard:
Mar 12 Mai 2015 - 17:40
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Dargor
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Dargor
Fayro, maitre des archers, observait au loin le camp des envahisseurs. Peri lui avait garanti que quand elle était partie, le camp de base des envahisseurs se trouvait au bord du lac salé. Mais le temps que les chefs des différentes familles discutent, débattent, et désignent un chef pour l’expédition qui iraient à leur rencontre, les envahisseurs s’étaient avancés, et avaient établi un camp taillé dans le bois des arbres sur la Haute Terre. Il semblait clair que ceux-là voulaient s’installer. Il avait entendu dire que les envahisseurs du nord s’étaient installés au bord du lac salé, ce qui était déjà trop.

« Tu m’assures qu’il s’agit de ce que tu as vu, Peri ? demanda-t-il à la gyrkime qui se trouvait à côté de lui. »

En attendant sa réponse, il observa derrière lui. Les gyrkimes s’étaient posés dans des arbres, pour ne pas être (trop) remarqués par les envahisseurs, et discutaient à voix haute. Il savait, d’après ce qu’on avait entendu dire, que les envahisseurs prenaient leurs discussions pour des chants d’oiseau. Le camp était si loin qu'il n'en distinguait que la silhouette d'une part, et d'autre part il n’y avait donc pas grand risque, alors que le soleil se levait dans le domaine du Dieu du Ciel, que les envahisseurs se méfient. Quoi de plus normal que des oiseaux piaillant pour saluer le lever du soleil ? Mais ce qu’il nota, c’est que la plupart de ses gyrkimes avaient les ailes repliées en ovale de manière à cacher leurs visages, ou bien alors déployées en une ligne droite dans leur dos. La première position trahissait une certaine appréhension, l’autre la colère. Dans les deux cas, mieux ne valait pas les envoyer au combat tout de suite.

« Oui, confirma la membre de la famille des magiciens d’améthyste. C’est bien eux. Enfin je pense.
-Tu le penses, ou tu es sûre ?
-Je n’ai pas eu le temps de bien voir leurs visages, dit-elle.
-Soit, dit Fayro. Donc tu es sûre que c’est eux ?
-Quand bien même ce ne serait pas eux, qu’est-ce que ça changerait ? explosa-t-elle.
-Rien du tout, tu as raison. Bien ! Je pensais envoyer un éclaireur, mais il semblerait que nous n’en ayons pas besoin, nous savons où sont-ils, et tu avais l’air d’être sûre de leur nombre.
-Nous allons donc nous montrer, chef ? demanda un archer du nom de Khavo, à côté de lui.
-Et comment ! répondit Fayro. Ne les attaquez cependant pas tout de suite. J’aimerais ne pas avoir à les chasser par la force. Contentons-nous de les intimider.
-Et comment ferons-nous ? demanda Khavo.
-Mon cher, répondit Fayro, si nous avons amené des magiciens parmi nous, ce n’est pas pour qu’ils sèment tout de suite la mort et la destruction. C’est d’abord pour qu’ils s’amusent un petit peu.
-Détruite tout de suite leurs cultures, objecta Peri, ne serait pas un acte de guerre ?
-Ce sont des envahisseurs, répondit Fayro. Ils doivent bien savoir que nous sommes-là. Procédez à votre œuvre, magiciens. Nous autres, guerriers, nous vous protégeront. »

Quelques instructions plus tard, et la nuée s’envola. Les magiciens étaient vêtus de robes courtes et légères, au couleur de leur famille. Courtes et légères car il ne fallait surtout pas les alourdir dans leur vol. Il en allait de même pour les guerriers et les guerrières, qui étaient vêtus au mieux d’armures de cuir. Les gyrkimes se savaient avantagés par leur vitesse et leur agilité. Autant ne pas les sacrifier à une protection pure.
Tandis que les magiciens s’acharnaient à défaire le travail qui avait été fait par les envahisseurs il la veille, Fayro inspecta ce qu'il pensait être leur village. Il était vide. Il donna alors l'ordre de se replier. Si les envahisseurs étaient dans les parages, mieux valait leur envoyer un message clair et se replier plutôt que de prendre le risque d'être surpris. Mais ce n'était que partie remise.


De là où elle était, Peri observait Faryo. Il était d’une grande taille, portait de longs cheveux blonds, et une armure verte, couleur des archers dont il était le chef. Il était réputé pour son agressivité, et c’était sans doute pour cela qu’il avait été choisi par le conseil pour mener l’expédition. D’autres membres auraient épargné cette destruction gratuite et se seraient contentés d’aller trouver les étrangers pour tenter de négocier. Mais pas Fayro.
Fayro avait ordonné qu’on réduise à néant les cultures des étrangers. Il voulait définitivement impressionner. Peri avait craint pendant un instant qu’il n’ordonne une attaque immédiate, mais il avait su se contrôler lui-même. C’était une bonne chose. Enfin une bonne chose… Cette destruction gratuite allait certainement énerver les envahisseurs. Elle craignait un peu pour la vie des membres de l'expédition, surtout que le maitre archer avait ordonné le combat si les envahisseurs frappaient les premiers ou s’il en donnait l’ordre.
Et elle ne doutait pas que combat il y aurait. Voilà pourquoi elle volait en cercles très hauts, afin de ne pas se retrouver en première ligne si les envahisseurs choisissaient le combat. Ce n’était pas de la lâcheté de sa part, c’était simplement l’ordre des choses. Les gyrkimes, en s’organisant en familles, avaient aussi décidé de ce qu’ils devaient arriver si affrontement il devait y avoir. Les guerriers en première ligne, avec leurs boucliers ronds et leur massues en bois, puis les archers, et enfin les magiciens, qui volaient toujours plus haut.
Cela avait un impact direct sur les aptitudes de vol de chaque gyrkime. Les magiciens avaient des ailes larges, mais pas très fortes, car ils planaient beaucoup. Les archers, pour leur part, avaient des corps souples et des ailes longues mais surtout puissantes, de sorte qu’ils puissent se déplacer rapidement pour changer d’angle de tir. Quant aux guerriers, leurs ailes étaient petites et très puissantes, car ils devaient voler en rase-motte mais aussi remonter et virer à toute vitesse.
Dans un sens, cette différence au niveau des ailes, qui apparaissait en partie dès la naissance, déterminait un peu la future famille du poussin. Le choix restait libre, mais il était toujours plus facile à un poussin ayant les aigles larges de rejoindre la famille des magiciens que de rejoindre la famille des guerriers.
Mais ça n'avait pas d'importance, et Peri fut soulagée quand Fayro, constatant que le village était vide, ordonna un repli stratégique. Les gyrkimes allèrent se réfugier dans un bois non loin, et se perchèrent dans les arbres. Peri, comme tous les autres, espérait que les envahisseurs recevraient le message, et rentreraient chez eux. Fayro fit poster des sentinelles, et donna l'ordre à la nuée de se reposer.
Jeu 14 Mai 2015 - 11:41
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
     Abad se réveilla avant que le Soleil ne se lève. La construction du camp de la veille l'avait épuisé, mais malgré ses courbatures, il avait dormi d'un sommeil lourd et réparateur. Il s'assit péniblement sur son lit et enfouit son visage dans ses mains. Il revit les dernières bribes de son rêve défiler devant ses yeux. Noir. Un coup de Feu. Leyla. ''Je t'aime''
Il secoua la tête. 
Quand il rêvait de Leyla, c'était une mauvaise journée qui s'annonçait et cela s’avérait vrai presque à chaque fois. Il se mis debout et étira son corps long et fin. Il ouvrir la petite fenêtre de sa chambre pour laisser rentrer l'air frais du matin dans la pièce qui sentait le moisi.
'' J'ai hâte de quitter ces cales pour une chambre sur la terre ferme '' pensa-t-il pendant qu'il se lavait le corps à l'éponge près de la bassine. Quand il eut fini, il se saisit de la serviette pendue au dos de sa chaise et s'essuya consciencieusement puis il enfila ses habits de travail : un haut en lin lâche à manches courtes et un pantalon épais et bouffant. Quand il ouvrit la porte de l'escalier menant vers le pont, les premiers rayons de soleil filtraient à travers les petits rideaux blanc de sa chambre.


     Arrivé sur le pont, Abad découvrit avec surprise qu'il n'était pas le seul. Armand et Richard se tenaient contre la rambarde, accompagnés de 5 hommes, tous des guerriers. 
'' C'est une belle journée qui s'annonce '' dit Abad en s'approchant.
Les autres ne semblaient pas partager son enthousiasme, ils avaient tous grises mines.
'' Que se passe-t-il ? Vous anticipez la journée de travail qui nous attend ? '' dit Abad sur un ton enjoué.
Personne ne répondit. Puis Richard se décida enfin à briser le silence.
'' Vous n'avez pas entendu patron, dit-il en scrutant la falaise au loin. Abad la fixa à son tour.
- Entendu quoi ? répondit-il, anticipant la réponse avec inquiétude.
- Le boucan de cette nuit. Cela venait du campement. Je crois que nous avons fort bien fait de dormir dans les bateaux, dit-il d'un ton grave en mâchouillant son tabac à chiquer. 
- Le campement a été attaqué ? demanda Abad, les yeux écarquillés en se retournant vers Richard.
Il vit d'autres hommes sur les autre bateaux scruter la falaise eux aussi.
'' Je suis le seul qui n'ait pas entendu ou quoi ? '' pensa-t-il.
'' Je ne sais pas, dit Richard. La falaise cache le campement et de toute manière il faisait bien trop nuit pour que nous puissions y voir quoi que ce soit. Les bruits se sont évanouis avant la levé du jour. Nous devrions envoyer un équipe, capitaine ''
Abad n'était pas le capitaine de ce bateau, mais c'était ainsi que presque tout le monde l'appelait. Or à cet instant, Abad se sentait tout sauf un chez de troupe. A vrai dire il se sentait débile. Il avait dormi comme un loir toute la nuit et ses hommes étaient plus réactifs que lui et prenaient des décisions à sa place !
Il cacha son désarroi et fit son possible pour paraître énergique. 
''Oui, réunissez la moitié des guerriers, les autres resteront pour surveiller les bateaux. Et que ça saute .. euh vite !'' dit-il sur un ton faussement autoritaire.
Richard et les autres le regardèrent un petit moment puis Richard se tourna vers le bateau d'à côté.
'' Vous avez entendu le patron ! Préparez la moitié des guerriers ! '' cria-t-il les mains en cône devant sa bouche.
Un des matelots du bateau adjacent fit de même jusqu'à ce que l'information atteigne le cinquième galion.


     Quelques minutes plus tard, 4o hommes répartis dans 1o barques se dirigeaient vers la terre ferme. 
Lorsque les hommes arrivèrent en haut du plateau, ils virent avec dégoût ce qui restait du campement. Les plantations avaient été retournées, les ballots de foin détachés et dispersés, les fondations du campement détruites et les tronçons de bois envoyés par dessus la falaise. 
Tout à coup, un brouhaha s'empara du groupe chacun y allant de sa propre hypothèse.
'' Cela pourrait tout simplement être des animaux sauvages attirés par les semailles, dit Armand voulant calmer un peu les esprits.
- Des animaux sauvages !? repris Richard rouge de colère. Des animaux sauvages se seraient peut être attaqués au semis mais n'auraient pas détruits le campement tout entier ! Quelqu'un ne souhaite pas notre présence ici, nous ne sommes pas les bienvenus ! ''
Il avait dit tout haut ce que tout le monde pensait tout bas : il y avait des indigènes sur le continent. La cacophonie repris, les hommes s'étaient maintenant rassemblés en deux groupes : le groupe Armand et le groupe Richard.
'' Des animaux sauvages ! Quel être humain aurait pu se développer dans un endroit où l'herbe est bleue et les arbres oranges ! cria un des guerriers au menton carré et à la peau caramel du côté du groupe Armand.
- Des indigènes ! renchérit un autre du groupe Richard. J'y mets ma main à couper ! ''
Abad lui ne les écoutait pas. Il scrutait le sol à la recherche de trace et s'éloigna un peu du groupe. Tout à coup il aperçu ce qu'il cherchait.
''Il me semble que Richard a raison, dit-il en s'accroupissant, mais pas assez fort pour que les hommes l'entendent. Il perdit patience.
'' Taisez vous ! '' tout le monde se tut. '' Je pense que Richard a raison ! '' dit-il en pointant les traces de pied humain devant lui. Il se releva à moitié, les genoux toujours fléchis et suivit les traces qui continuaient sur quelques mètres, avant de s'enfoncer plus profondément dans le sol et de disparaître, comme si l'on avait pris de l'élan avant de bondir, mais aucune trace d’atterrissage. Abad se mit debout.
'' Vous êtes sur que personne n'a quitté le bateau pendant la nuit ?
- Non capitaine, des patrouilles ont été faites sur les ponts et personne n'a quitté les bateaux, dit Armand.
- Les patrouilleurs auraient pu venir ici, répondit Abad du tac au tac.
- Pourquoi auraient-ils voulu détruire le campement ?
- Je ne sais pas, j'ai bien du faire face à un meurtrier pendant le voyage, peut être que Tahssar m'a envoyé d'autres fous à mon bord ! Et arrêtez de m'appeler capitaine ! dit Abad d'une voix forte ... trop forte. Les hommes le fixèrent pantois, personne n'osa bouger. Il se massa les tempes. 
'' Excusez moi, je suis à bout de nerf, nous avons passé tellement de temps pour construire cela hier ... les autres vont être tellement déçus ... ''
Il ferma les yeux et pris une grande respiration et quand il les ouvrit, il parut soudain plus sûr de lui.
'' Richard !
- Oui capi.. patron !
- Je te nomme chef de la colonie pendant mon absence. Les 39 hommes présents ici et moi même partirons en mission de reconnaissance chercher les auteurs de ce bazar. Si indigène il y a, indigène je dois rencontrer. Je dois les informer que nous ne sommes pas venus en ennemi. Pendant mon absence, je veux une patrouille posté près du camp jour et nuit, et la nuit vous maintiendrez celle près des bateaux. Jusqu'à mon retour, aucun colon de devra dormir sur terre, me suis-je bien fait comprendre ? dit-il sur un ton autoritaire et assuré.
- Oui patron !
- Si nous ne sommes pas revenus d'ici quatre jours, défaites le camp et reprenez les bateaux à la recherche d'un lieu plus sur ! ''
Richard acquiesça d'un signe de tête, comme tout le reste des guerriers d'ailleurs, et ce depuis le début de son discours. Il savait qu'il avait pris la bonne décision et ses hommes le soutenait.

     Ils repassèrent chercher leurs armes et leurs armures ainsi que des provisions dans les bateaux et partirent ensuite à travers les immenses champs bleus, à la recherche des fauteurs de trouble.
Sam 16 Mai 2015 - 0:11
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Les gyrkimes s’agitaient. L’expédition ayant été préparée pour une durée largement moindre, ils devaient déjà économiser sur les rations. L’empire des Gyrkimes dominant la Terre, et parce que les Gyrkimes, bien que comportant quelques familles peu peuplées de guerriers dans chaque cité, n’aimaient pas la guerre, c’était un peuple qui n’avait que rarement connu la faim, et plus rarement encore la famine. Ils savaient se rationner si les temps étaient durs, mais c’était là une chose qu’ils n’aimaient certainement pas faire.
Et pourtant, ils avaient préparé l’expédition à la hâte, et donc pris des vivres pas assez importantes pour le voyage. Voilà pourquoi Fayro avait dû envoyer les archers chasser. Ils avaient rapidement ramené des proies de petites tailles, qu’ils avaient dépecées et cuites avant d’en distribuer. Quant aux guerriers, ils s’étaient chargés de cueillir des baies sauvages. C’était un des chasseurs ainsi envoyés qui avait remarqué que les envahisseurs avaient bel et bien constaté les dégâts faits à leur camp. Aussitôt, Fayro avait ordonné que tout le monde se tienne prêt à aller au combat, et avait envoyé quelques éclaireurs. Voilà la cause de cette agitation.
Les éclaireurs, au nombre de trois, revinrent au bout d’une heure. Ils confirmèrent que les envahisseurs étaient revenus. Une grande partie d’entre eux, l’immense majorité même, s’enfonçait encore plus à l’intérieur des terres. Et ils étaient armés ! Fayro fit s’envoler la nuée. En vol, il fut rejoint par Peri. Cette dernière était pratiquement à la tête de l’expédition, un peu par erreur, parce que c’était uniquement à cause du fait qu’elle ait vu les envahisseurs la première. Mais maintenant qu’on avait confirmé leur présence, Fayro ne voyait plus l’importance qu’elle pouvait avoir. Toutefois, si elle souhaitait parler, c’était son rôle de chef que de l’écouter.

« Tu vas tout de suite attaquer ? demanda-t-elle.
-Ca dépendra de leur attitude. »

Il mit fin à l’échange là-dessus, et envoya Herma, une guerrière réputée pour sa rapidité, observer ou étaient les envahisseurs. Celle-ci dépassa rapidement le peloton et s’élança à la recherche de leurs proies.

---

Herma, volant haut et vite, eut tôt fait de trouver les envahisseurs. Ridicules bipèdes. Leur présence sur la Terre l’ennuyait et testait sa patience. Elle détestait moins que ses frères la guerre, et en outre, le comportement des envahisseurs au nord du continent était clair. Ils étaient ici pour chercher la bagarre. Pourquoi Fayro n’avait-il pas attaqué plus tôt ? Pourquoi n’ordonnait-il pas d’office leur mise à mort ? Alors qu’elle songeait à cela, les envahisseurs s’élancèrent dans des hautes-herbes. Herma aurait pu ne rien faire, mais quand elle vit le grand oiseau sans ailes et à la crête bleue et rouge s’approcher d’eux, elle comprit que Fayro exigerait une intervention. En la faveur des étrangers.
Dans la famille des guerriers, on considérait que la capacité à prendre des initiatives était l’une des plus importantes. Aussi prit-elle rapidement une décision. Si Fayro souhaitait essayer de les renvoyer pacifiquement chez eux en se contentant de faire une démonstration de force, autant l’aider dans sa tâche après tout. Elle tira son épée.
Il pourrait paraitre étrange qu’un peuple ailé comme les gyrkimes puisse extraire le métal de la terre. De fait, il ne s’agissait pas de métal. L’arme des gyrkimes était faite en bois et en obsidienne que l’on pouvait trouver dans des volcans, loin au centre du continent. Dégainant cette épée de pierre donc, Herma fondit sur l’oiseau. Elle savait que cette bête était réputée pour ses griffes tranchantes qu’elle possédait en bout de pattes et pour son agressivité. Peut-être les envahisseurs auraient-ils eu le temps de l’abattre sans son intervention. Peut-être n’auraient-ils pas réussi à l’abattre avant qu’il ne tue l’un d’eux.
La question ne se posa pas.

---

Herma était posée devant les envahisseurs. Le groupe immobile contre elle immobile, quand Fayro se posa. Il observa le cadavre de l’oiseau au sol. Un bon choix fait par la guerrière, sans aucun doute. Restait à présent le problème de la communication avec les envahisseurs. Comment leur faire comprendre qu’ils devaient partir ? Il réfléchissait à la situation quand, sans plus y réfléchir, Peri s’avança.


Peri se mit à piailler dans sa langue. Elle savait que les envahisseurs n’entendaient qu’un chant d’oiseau, mais elle essaya de leur expliquer en termes clair qu’ils devaient repartir, adjoignant la direction de la mer à ses paroles. Elle sentit une main sur son épaule. Fayro !
Ce dernier avait sorti une flèche, et l’avait passé sur sa gorge, avant de les désigner, et de désigner la mer. Un langage universel et explicite.
Sam 16 Mai 2015 - 23:07
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
Son cerveau bouillonnait dans sa boite crânienne comme dans une cocotte minute mais, au vu de l'expression sur le visage de ses coéquipiers ainsi que les grosses gouttes de sueur coulant le long de leurs tempes, Abad n'était pas le seul à mourir de chaud. Et pourtant ils marchaient encore et toujours vers le bois à présent à une cinquantaine de mètres devant eux. Et l'herbe bleue qui frottait depuis des heures contre leur peau humide leur donnait de l’urticaire.

     Quand tout à coup, entre les hautes herbes, Abad aperçut ce qui se rapprochait d'un oiseau, semblable à une poule, montée sur des pattes plus hautes, puisque sa tête au plumage rouge et bleu, dépassait des fourrées. Certains hommes crurent à un mirage, que leur cerveau chauffé à blanc leur jouait des tours. L'oiseau semblait ne pas les avoir vu, bien trop préoccupé à gratter le sol de ses pattes, en quête de nourriture. Quand subitement, un craquement sonore se fit entendre derrière Abad ; tous les hommes tournèrent la tête : un des soldats, un peu à la traîne, avait écrasé ce qui semblait être des œufs sur le sol, de la taille d'une main. Toute la troupe le fixait, l'un des hommes le menaça du poing et serra les dents. Le coupable restait immobile, ballot.
Un cri strident retentit, et tous les hommes regardèrent de nouveau l'oiseau qui grattait le sol, s’apprêtant à charger. En une fraction de seconde, Abad tendit son bras droit sur le côté pour protéger ses hommes ; et de sa main gauche, il se saisit de sa dague car l'oiseau était à présent à moins d'un mètre de lui. Il s’apprêta à transpercer la bête lui fonçant dessus à toute vitesse, quand tout à coup il fut éjecté dos contre le sol. Il se redressa péniblement sur son coude et plaça une main devant ses yeux afin de se protéger des rayons du soleil qui frappaient de face, quand il aperçut dans un halo de lumière ce qui semblait être un autre oiseau, plus gros que le précédent, et en vol qui plus est. Était-il venu aider son ami à plumes ? Non, puisque le corps de la bête gisait sur le sol, ensanglanté. Tandis qu'Abad reprenait ses esprit et s'habituait à la lumière qui avait inondé ses yeux, le corps de l'individu se détaillait. Derrière lui des hommes retinrent leur souffle, d'autres étouffèrent un cri de stupeur, lorsqu'Abad pu enfin distinguer correctement le corps de celui, ou plutôt celle, qui se tenait devant lui. Puisque c'était un humain. Un humain ailé.

     Abad n'en crut pas ses yeux. Il se releva à la hâte, manquant de trébucher, de s'étaler une nouvelle fois par terre. Elle était là, devant lui, flottant à quelques centimètres du sol. Derrière elle, se tenaient d'autres de ses semblables. Leurs ailes, faites de plumes magnifiques et délicates arboraient une envergure de plus de trois mètres, et battaient à l'unisson, produisant une légère brise qui rafraîchissait la peau brûlante des guerriers et faisaient virevolter les mèches d'Abad à intervalles réguliers. Puis ils posèrent leurs pieds nus sur le sol, un par un, délicatement. Et leurs ailes se rangèrent avec une facilité déconcertante, bien droites, au milieu de leur dos, semblables à des anges.
Un des hommes ailé s'avança et fixa le corps de l'oiseau rouge et bleu qui gisait sur le sol. Puis il regarda son bourreau et lui lança un regard approbatif suivi d'un léger hochement de tête. L'indigène mâle qui se tenait devant eux mesurait plus d'un mètre quatre-vingts et était de constitution puissante. Il portait dans sa main un magnifique arc de bois clair de deux mètres de haut tanqué au sol, arborant des courbures stylisées. Il portait une armure de couleur vert émeraude qui luisait au soleil. Ses ailes étaient les plus longues de toutes, surtout comparées à sa compagne aux cheveux auburn, se tenant à ses côtés, dont les ailes, petites et rabattues dans son dos, ne se voyaient même plus. Les siennes, longues et fines, dépassaient de ses épaules et on pouvait voir les dernières plumes s'étirer derrière ses fesses. Ils échangèrent quelques mots dans une langue inconnue, une sorte de chant d'oiseaux, celui même qu'ils avaient entendu lors de leur débarquement. Ils semblaient préoccupés, et parlaient tout bas en jetant des regards furtifs vers eux. Les hommes d'Abad étaient toujours derrière lui, immobiles, certains ne s'étaient même pas redressés, se tenant toujours accroupis sur le sol, parmi les fourrés. Armand, qui pensait quant à lui que le camp avait été attaqué par de simples animaux, regardait ces êtres divins avec des yeux écarquillés, la bouche béante. Et, quand bien même Richard qui avait soutenu avec ferveur la thèse des indigènes, arborait un air ébahit. Le cerveau des hommes bouillait toujours, non plus à cause de la chaleur, mais bel et bien à cause des pensées qui se bousculaient dans leur tête.

« C'est pour ça que les traces s'arrêtaient, pensa Abad. Parce qu'ils volent. »

    Cependant, une même question les taraudait tous : Qu'allait-il advenir d'eux ? Ailes ou pas ailes, ils étaient prêts à se battre.
Tout à coup, une des indigène se fraya un chemin entre eux deux. Elle semblait submergée par l'émotion et piaillait avec ardeur des sons qu'ils ne pouvaient comprendre. Elle était plus petite que les deux autres, et n’arborait pas d'armure, mais de simples habits de cuir doux ornés de plumes multicolores et de colliers en perles de bois. Ses yeux brillaient d'un violet éclatant et ses cheveux, blonds comme les blés, descendaient en cascade sur ses épaules nues.
Ses yeux croisèrent ceux d'Abad et elle parut interloquée. Elle se tut quelques secondes. Au même moment, l'archer posa une main sur son épaule et l'écarta sur le côté. Elle ne l'avait pas lâché du regard. Il passa devant elle, dégaina une flèche et la passa sur sa gorge avant de désigner la mer. Abad saisit immédiatement le message, comme tous ses hommes d'ailleurs. Mais il ne pouvait répliquer. D'autant plus qu'il n'avait pas vu la foule qui s'était petit à petit amassée autour d'eux, à présent trois fois plus nombreux.Certains étaient postés sur les arbres, d'autres pied à terre, ou accroupis, mais tous abordaient ce même regard, empli de haine. Abad fit quelque pas en arrière et rebroussa lentement son chemin comme si il s'éloignait d'une bête sauvage prête à bondir.

*

-On les attaque ! Durant la nuit ! Ils ne s'y attendront même pas ces abominations ! Je leur couperai les ailes, et me ferai des oreillers de leurs plumes, grondait Richard en tournant autour de la table en bois remplie de matériel de navigation.

     Abad avait convoqué ses principaux conseillers, qu'étaient Richard et Armand, ainsi que les capitaines de chaque bateaux, à se réunir dans la cale de son galion. Richard était rouge de rage et il faisait les cent pas dans la pièce, vociférant des menaces de mort envers les indigènes. Assis au bout de la table, Abad ne l'écoutait même pas. « Des ailes », pensait-il. Il revoyait ces surhommes se tenir devant eux de toute leur grâce. Comment pouvait-il lutter contre des anges ?

« Il faut les comprendre, répliqua Armand. Kafkon Samuel a envahit le nord du Continent. Il a sûrement dû tuer bon nombre d'entre eux. Ils pensent qu'on est là pour leur voler leurs terres. Je trouve que c'est déjà une chance qu'ils nous aient laissé un sursis.
Richard s’apprêtait à répliquer de toute sa rage mais Abad le coupa :
-Je te l'accorde, répondit-il. Mais nous ne pouvons repartir. Il n'y a pas assez de vivres pour le voyage du retour, nous mourrions tous de faim.
Abad disait juste, et Armand le savait, il s'inclina.
-Les attaquer et leur faire bouffer leurs satanés ailes de pigeon, marmonnait Richard en faisant les cent pas.
-Le plus sage serait de partir plus au nord, dit Abad. Et trouver d'autres terres afin de nous installer.
Le capitaine du cinquième galion, à la barbe hirsute et aux cheveux bruns tirés en une queue de cheval, qui se tenait à sa gauche, prit la parole :
-Pardonnez moi mon Seigneur, mais comme l'a souligné Armand, le nord est gouverné par Samuel. Et j'ai entendu dire que ses troupes gagnent du terrain de jour en jour en descendant vers le sud. Un homme dangereux ce Samuel, il ne vaut mieux pas approcher de ses terres. Nous devrions nous retirer vers le sud, dit il les bras posés sur la table, la tête en avant.
-Va pour le sud, dit Abad. Nous devons partir de nuit, il ne faut pas que les indigènes sachent que nous restons sur le continent. Ils doivent croire que nous rentrons chez nous.
Les cinq capitaines acquiescèrent. Seul Richard le dévisageait le visage presque déformé par la colère, dégoûté de devoir laisser ces terres à ces immondices.
-Doit-on parler des indigènes aux hommes ? demanda Armand.
-Pas un mot, répondit Abad du tac au tac. Dites leur que nous avons exploré le continent, et trouvé un endroit plus accueillant au sud, c'est tout.
-A vos ordres, lui répondit-il.
-Défaites le campement et ramenez tout dans les bateaux. Je retourne sur le continent, je...je dois me recueillir un instant.

*

     Abad avait longé la falaise le long de la côte. Il s'était assis sur le bord les pieds dans le vide. Au loin, touchant l'horizon, le soleil se couchait et ses derniers rayons de lumière se reflétaient sur l'eau calme comme de l'huile, dans d'éblouissants reflets dorés.

     La mission était un échec.

     Ils allaient mourir de faim. Il le savait. Il s'obligeait à rester sérieux et confiant devant ses hommes, mais au fond il était tout autant paniqué qu'eux. Quand bien même ils trouveraient de quoi se nourrir plus au sud, les indigènes les retrouveraient. C'était leur terre après tout, et ils pouvaient scruter leur territoire depuis les airs. Ils étaient faits comme des rats.
Il allait mourir ici, à des kilomètres de ses terres, à des kilomètres de son père, à des kilomètres de Leyla, dont la mémoire ne serait jamais vengée.

     Tout à coup un bruit le tira hors de ses pensées. Cela venait des fourres à quelques mètres sur sa gauche. Il avait tourné sa tête assez rapidement pour les avoir aperçu frémir. Il se leva doucement ne perdant pas le buisson des yeux et s'approcha à tâtons. Arrivé au niveau du buisson, il écarta les feuilles de ses deux mains. Là, entre les arbres, se tenait la fille aux yeux violets qui avait discouru quelques heures plus tôt. Elle ouvrit de grands yeux à sa vue et pâlit. Abad la fixa un instant, ébahi.

Spoiler:

Que venait-elle faire seule, aussi loin de chez elle, et surtout aussi près de leur campement ? Abad mit un pied dans les buissons mais elle prit peur et courut en direction opposée, à travers la forêt.

« Non, attend ! 

     Il se lança à sa poursuite. Ses ailes la gênaient pour courir, elle les déploya, s’apprêtant à prendre son envol, mais Abad eut tout juste le temps de sauter et de s'agripper à sa cheville. Ils roulèrent boulèrent tous les deux le long de la pente et à l'arrivée, Abad fut plaqué le dos au sol, une main couvrant sa bouche et l'autre tenant un fin poignard au dessus de sa tête. Il avait mordu la poussière deux fois aujourd'hui, cela commençait à faire beaucoup, mais contrairement à la première fois, là, il n'avait pas peur. Il faisait fi de la lame qui luisait au dessus de lui, car il se perdait dans les yeux violets de son agresseuse qui lui rappelaient terriblement ceux de Leyla. Son père lui avait toujours dit que « l'on peut voir la bonté transparaître sur certains visages. » Et celui qui le surplombait était un de ceux là. Elle demeura ainsi un petit moment, le fixant droit dans les yeux, haletante. Puis elle détourna la tête, se releva brusquement, s'apprêtant à partir.
- Non, ne t'en va pas... S'il te plait, murmura Abad se redressant un bras tendu vers elle.

     Elle s'arrêta tout de même à ces mots, même si elle ne les comprenait probablement pas. Dos tourné, Abad apercevait sa chevelure qui ondulait le long de sa nuque. Elle tourna lentement sa tête, sans vraiment la placer de face, ne sachant quoi faire, puis elle pivota et s'approcha lentement d'Abad avant de s'accroupir sur ses genoux. Elle ouvrit une petite sacoche de cuir qu'elle portait autour de la taille et en sortit un collier ne portant qu'une seule pierre d'un rouge profond, serti dans une pièce de bois marron clair. Elle prit délicatement la main d'Abad, l'ouvrit et plaça le collier en son centre. Ensuite, elle lui désigna le bijou qu'elle portait elle même autour du cou : un collier identique. Il mit lentement le collier autour de son cou et sentit comme un picotement dans ses oreilles, qui n'était pas douloureux, et même plutôt agréable. Elle le fixa un instant, et quand elle vit à l'expression de son visage qu'il avait ressenti l'étrange sensation dans ses oreilles, elle ouvrit la bouche. Abad s'attendait à entendre des gazouillis d'oiseaux, mais une voix cristalline en sortit :

« Vous devez rentrer chez vous, ce soir !  Dit-elle.
Abad ne pouvait en croire ses oreilles.
-Co...Comment puis-je te comprendre ?
-Le collier est enchanté, dit elle en faisant glisser le médaillon entre ses doigts.
Mais tout à coup elle se ressaisit :
-Mais as-tu compris ce que je t'ai dis ? Tu dois rentrer chez toi, insista-t-elle. N'essaie pas de rester sur le continent, ou les miens vous trouveront et vous tueront.
Abad vit une once de peine dans ses yeux.
-Nous ne pouvons pas repartir, nous avons déjà épuisé toutes nos vivres, nous mourrions pendant le voyage.
Elle ne semblait pas comprendre. Habitait-il si loin ? Elle baissa les yeux.
-Pour...Pourquoi es-tu venu nous prévenir, demanda Abad.
Elle rougit un peu.
-Je ne veux pas de guerre, mais je regrette déjà mon choix. Mon père a raison, vous n'êtes qu'un peuple de barbares.
Il se renfrogna mais répondit d'un ton calme.
-Si tu parles de ceux qui résident plus au nord, nous ne sommes pas comme eux. Nous...
-Alors vous les connaissez ! Coupa-t-elle en se relevant d'un bond. Ce sont des membres de votre tribu ! Tu me dis que vous êtes différents mais pour moi vous êtes tous les mêmes! Comme eux, la première chose que vous avez faite en arrivant fut de couper nos arbres et raser nos champs. Bientôt vous tuerez nos hommes et réduirez nos femmes en esclavages, tout comme eux.
-Non !
Il se releva à son tour.
-Nous ne sommes pas comme ça, tu peux me croire ! Nous sommes habitués à construire de cette manière, mais nous pouvons changer nos habitudes. Vous pouvez nous apprendre. Quant aux horreurs qu'ont commis les autres, nous ne ferons jamais subir ça à ton peuple. Ce sont des êtres abjects et nous les détestons tout autant que vous.
Elle redressa la tête les yeux pleins de larmes, elle semblait presque le croire.
-J'en ai assez de voir souffrir mon peuple, j'ai vu ce qu'il se passe là bas, et je n'ai pas de mots pour le décrire, dit-elle en sanglots.
Abad se sentait mal à l'aise, il repensait à ce qu'avait dit Richard dans le bateau. Quel crétin ! Il ne pouvait pas s'imaginer le moins du monde ce qu'ils ressentaient. Il posa une main sur son bras.
-Vous devez aider vos semblables du nord à se débarrasser de ces barbares.
-C'est interdit, répondit-elle d'un ton sec.
Abad était déconcerté.
-Moi même je trouve ça stupide mais notre peuple est régi par d'anciennes lois très strictes. Nous sommes un peuple très fier, nous avons ordre de ne jamais aider les autres cités, tout comme elles ont ordre de ne jamais nous aider. De toutes façons, ils préféreraient mourir plutôt qu'on leur vienne en aide.
-Moi je t'aiderai !
Elle leva ses yeux d'améthystes vers lui remplis d'un espoir qu'elle savait impossible. Son regard si intense destabilisa Abad.
-Enfin, je veux dire nous vous aiderons, ajouta-t-il un peu embarrassé.
-Ne m'as-tu donc pas écouté ? Déjà que nous refusons l'aide de nos prochains comment pourrions nous vous laisser nous aider ? Et puis surtout, comment pourrions nous vous faire confiance ? ''

     Tout à coup Abad entendit un bruit derrière l'indigène dont il ne connaissait pas encore le nom. Un bruit de craquement, semblable à une brindille que l'on écrase. Il regarda par dessus son épaule, elle ne semblait pas avoir entendu. Il semblait distinguer comme une ombre dans les branchages. Sans crier gare, un homme sortit du buisson brandissant une lame dans leur direction. Sans réfléchir, Abad ecarta la fille de son bras un peu violemment, et elle retomba à plat ventre sur le sol, évitant de  justesse la lame qui avait fendu l'air et lui avait subtilisé une mèche de cheveux. Abad fit un bond sur la gauche et entreprit de dégainer sa dague, mais elle était coincée dans son fourreau. Il tira dessus plusieurs fois mais impossible de la retirer. Tout à coup il vit un éclair de lumière et fut projeté au sol, le nez en sang. La douleur se répandit tout le long de sa face, tiraillant ses dents et remontant jusque dans ses sinus. Il apporta machinalement ses mains à son nez ensanglanté, visiblement fracturé. L'homme blanc s'approcha et releva bien haut sa dague, prêt à transpercer le corps d'Abad.

    Quand tout à coup, la fille s'agrippa à son dos, ils se débattirent un instant puis l'homme recula et écrasa le dos de la jeune femme contre un tronc d'arbre frappant de toutes ses forces et à plusieurs reprises.
C'en était trop. Abad fit abstraction de la douleur et se releva d'un bond même si sa tête tournait un peu. Il courut vers l'homme et saisit la main dans laquelle il tenait la dague de ses deux mains puis le tira vers lui. La fille lâcha prise et retomba une nouvelle fois sur le sol. Abad réussit à faire plier le bras de l'homme en forçant dessus de tous ses muscles. Il était plus grand que lui, c'était un avantage. L'homme mit un genou à terre, il essaya de le frapper de son autre main mais Abad fut plus rapide. Son poing s'abattit sur la face de l'autre et il put retirer la dague de ses mains. Il leva son arme prêt à le tuer mais il changea d'avis et se saisit d'une pierre qui traînait. Au moment où l'autre se releva, la pierre vint s'abattre contre la tempe avec fracas et il s'étala sur le sol, apparemment évanoui. Abad reprit un peu ses esprits : tout s'était pensé en une fraction de secondes. Puis il vit l'indigène peinant à se relever et s’appuyant sur le tronc, les genoux fléchis. Il s'approcha d'elle en courant et l'aida à se remettre debout. Elle fixa l'homme gisant par terre puis regarda Abad, titubante et l'air un peu perdue.
-C'était un des hommes de Kafkon. Moi capitaine m'a averti que ses hommes descendent vers le Sud, il me semble que lui était un simple éclaireur. Alors tu me fais confiance maintenant ? dit Abad qui la soutenait.
Elle fixait le sol, s'appuyant sur l'avant bras d'Abad :
-Il y a peut être un moyen, dit elle en un murmure.
-Que dis-tu ? demanda-t-il.
-Il y a peut être un moyen ! dit elle en se redressant brusquement. Je parlerai de ce qu'il vient de se passer ce soir à Pudro. Il m'écoutera peut être.
Elle fit un pas en avant, puis s’arrêta net :
-Mais il nous faut une preuve.. aide moi à prendre le corps de l'homme ! Nous devons partir, maintenant !
-Mais mes hommes s'apprêtent à partir pour le sud ! Si ils pensent que je me suis fais attaquer par l'un des vôtres ils partiront à la recherche de ton peuple !
-Peu importe, si je réussi à convaincre Pudro. Viens nous devons partir, dit-elle en se saisissant du corps de l'homme.
Il la regarda un instant. Quand elle vit qu'il ne bougeait pas, elle ajouta :
-A toi de me faire confiance.
Abad regarda une dernière fois derrière lui puis acquiesça d'un hochement de la tête et se saisit à son tour du corps gisant.
Jeu 4 Juin 2015 - 13:24
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Dargor
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Peri, paniquée, observait Abad. Elle savait qu’aller observer cet humain était de base une mauvaise idée, et maintenant elle se retrouvait dans une situation plus que compliquée. Elle avait même dit certaines choses fausses, mentant par omission ou par amplification à cause de la panique. C’était notamment le cas des ruches Gyrkimes. Bien sûr qu’elles pouvaient s’entraider ! Cela était juste rare, car les ruches étaient très éloignées les unes des autres. Leur population était en effet telle que deux ruches ne pouvaient pas se permettre d’être trop proches l’une de l’autre, sous peine de voir les populations des deux être soumises à la famine. Car si la Terre était nourricière, ses ressources restaient limitées.
Ce qu’il lui avait révélé, de même, la choquait profondément. Si les Gyrkimes détestaient la guerre, c’était quelque chose qu’ils connaissaient. Mais toujours, un conflit entre deux ruches s’était déclenché à cause de mauvaises conditions climatiques, qui avaient forcé l’une d’elle à empiéter sur les terrains de chasse de l’autre. Jamais rien de plus. Ici, elle ne comprenait pas les étrangers. Non seulement ils se sentaient obligés de franchir le lac salé pour aller sur la Terre, alors que le Dieu de la Terre et la Déesse du Ciel leur avaient donné à eux également une Terre sans aucun doute bien plus grande que la leur, mais en plus, même en venant ici, ils portaient les germes d’une guerre entre étrangers du nord et étrangers du sud. Sans compter le mal qu’ils pouvaient faire aux gyrkimes.
Voilà pourquoi elle lui avait offert de le suivre. Plus encore que de prouver à Pudro, le chef de la famille des magiciens d’améthyste, que les étrangers ne voulaient pas forcément leur mal, ce dont elle doutait un peu, elle voulait présenter l’étranger au conseil de la ruche. Il allait sans aucun doute falloir que ces derniers comprennent un peu ces étranges gens sans ailes, et communique ses découvertes aux autres ruches. Ainsi, il ne faisait nul doute qu’en comprenant leurs ennemis, ils pourraient les renvoyer plus aisément, et en faisant couler moins de sang, à travers le lac salé.
Mais pour l’heure, il fallait convaincre l’humain.

« Ce n’est pas grave, assura-t-elle. Je suis sûre que les tiens seront assez prudents pour ne pas essayer d’attaquer une ruche entière. Nous y sommes des milliers, et quoi qu’il arrive, ils seront de toute façon repérés bien avant d’y aller. »

Ses arguments étaient bien sûr mauvais, mais semblèrent le convaincre, et il lui fit signe de partir. Puis il souleva le cadavre, et elle s’élança à travers les airs pour le guider, restant proche de lui. La tâche était difficile, car il lui fallait fréquemment battre des ailes, elle qui était beaucoup plus habituée à planer tranquillement. Elle s’épuisa donc rapidement au bout de quelques heures de voyage, et l’expédition en fut ralentie. A la fin du premier jour, ils avaient adopté un rythme d’environ deux heures de voyage pour une de repos.
C’est donc épuisée qu’elle arriva au Gyrigul, sa ruche. Les hautes tours ne manqueraient pas de surprendre l’étranger, qu’elle guida entre chacune d’elles. Bientôt, le ciel s’assombrit autour d’eux et un vrombissement continu, causé par les battements d’ailes de milliers de gyrkimes, se fit entendre. Sans s’en soucier, elle amena le prince humain vers son nid, la tour des magiciens d’améthyste. Lui faisant signe d’attendre à son pied, elle s’envola, sans le cadavre, vers le sommet, mais était à peine élevée que déjà, elle rencontrait Pudro. En trois piaillements, elle lui résuma la situation. Pudro devait être d’excellente humeur, car il ne discuta pas son opinion. Ou peut-être songeait-il que Peri devrait payer les pots cassés après que l’on ait décidé quoi faire de l’humain, qui fut emmené vers une tour se trouvant exactement au centre de la ville.

Là, trois gyrkimes plus costauds que les autres le soulevèrent et l’emmenèrent au sommet de la tour, pour ensuite plonger dans son creux et l’amener vers une plateforme pour l’instant vide. Ils amenèrent par la suite le cadavre, puis le conseil de la Cité arriva petit à petit. Les chefs de toutes les familles se posèrent calmement. Il y en avait plus d’une centaine. Les gardes poussèrent les lourdes portes d’une salle très longue où des sièges étaient disposés autour de tables. A l’un des bouts furent mis Abad et le cadavre, de sorte que tous puissent les contempler. Puis enfin, une voix prit la parole.

« Je suis Pudro, chef de la famille des mages d’améthyste. Une de mes filles, Peri, a ramené cet envahisseur et cet autre envahisseur en état de décomposition avancée. Il semblerait, m’a-t-elle dit, que les envahisseurs se livrent une guerre intestine. Apparemment, ce jeune envahisseur viendrait, contrairement à ceux d’un certain Samuel, en paix. Dès lors, l’expédition conduite par Fayro ne serait rien de plus qu’un grand malentendu. »

Des concerts de piaillement se firent alors entendre partout dans la salle, tandis que tous les chefs de familles cherchaient à prendre la parole. Finalement, un vieux gyrkime, l’ainé de toute la ruche, demanda le silence, qui se fit aussitôt. Il fallait respecter la tradition, et c’était l’ainé qui dirigeait ici les débats.

« Qu’il soit venu en paix ou non n’est pas la bonne question, dit-il. La bonne question est autre. »

Il se tourna vers Abad.

« Vous, les envahisseurs, vous avez de l’autre côté du grand lac salé un immense continent pour vous seuls. Nous, Gyrkimes, nous n’avons que la Terre, donnée par le Dieu de la Terre et la Déesse du Ciel. Chez nous doit rester, pour tous, chez nous. Alors dites-moi, jeune envahisseur, pourquoi vous et ceux qui suivent Samuel, venez envahir la Terre qui nous a été donnée, et qui nous appartient ? Comprends que nous ne souhaitons pas une guerre, mais si elle doit arriver, nous défendrons nos ruches et nos poussins férocement, cela je peux te le garantir. Mais regarde mon peuple, ici représenté par ses chefs. Nous ne sommes pas des guerriers. Alors pourquoi, oui pourquoi, vouloir nous prendre ce qui est à nous ? »
Sam 20 Juin 2015 - 16:15
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Abad El Shrata du Khamsin
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A cet instant même, Abad craignait pour sa vie. A genoux au milieu de la grande salle circulaire, Peri et le cadavre puant à ses côtés, il se demanda un instant pourquoi il avait accepté de suivre la magicienne. Il n'avait même pas pensé à prendre des armes avec lui. De toute façon on les lui aurait subtilisées à l'entrée de la tour. Il avait bien le sablier magique qu'il gardait jour et nuit dans la poche de son veston, mais il savait que la tempête qu'il déclencherait ne serait pas assez forte pour lui permettre de passer outre la centaine de Gyrkimes armés qui se tenaient devant lui. Leurs regards remplis de haine lui piquait presque la peau.

     Mais après tout, leur animosité était justifiée. Il était l'envahisseur, le démon venu des mers...il était l'ennemi et n'était pas le bienvenue, d'autant plus après la venue de Kafkon. Abad n'eut aucun mal à distinguer les trois ordres qui composaient la civilisation Gyrkime et dont Peri lui avait beaucoup parlé durant leur voyage. Elle lui avait expliqué comment les Gyrkimes étaient séparés de leurs parents à la sortie de leur œuf, fait qui avait encore plus troublé Abad, pour être répartis dans les différentes castes qui scindaient leur société. Il avait été étonné d'apprendre à quel point leur vie était hiérarchisée, et ceux dès la ''naissance''. Mais lorsqu'Abad lui avait expliqué que d'où il venait, les hommes étaient maîtres de leurs destins, Peri l'avait regardé avec des yeux étonnés et désapprobateurs.

     A sa gauche, il repéra le clan des guerriers, qu'il reconnut de part leurs fortes carrures et leur visage qui semblaient être taillés dans de la pierre. Ils étaient une cinquantaine et représentaient à eux seuls la moitié de tous les Gyrkimes venus l'observer.
Parmi eux, au premier rang, il reconnut la fille aux cheveux auburn qui s'était opposée entre lui et l'oiseau au plumage rouge et bleu il y avait de cela quatre jours. Contrairement à ses coéquipières féminines, elle avait le visage fin et à vrai dire elle était plutôt belle. Ses yeux verts émeraude tranchaient avec le feu de ses cheveux, qui retombaient en une large tresse le long de sa poitrine et des tâches de rousseur parsemaient sa peau laiteuse.
Néanmoins ses oreilles étaient décollées et une cicatrice rose pâle le long de son philitrum semblait indiquer qu'elle était née avec un bec de lièvre. Elle portait des épaulettes en bronze ainsi qu'une armure de cuir par dessus une fine cotte de maille qui compressait sa poitrine. Un ceinturon fait de plusieurs cercles de bronze ceinturait ses hanches. Accroché à celui-ci, sur sa droite pendaient deux longues plumes bleu et rouge qu'elle avait dû récupérer sur l'oiseau et qu'elle arborait maintenant en trophée. A sa gauche, son épée courte demeurait dans son fourreau. Sa tenue se terminait par une jupe en cuir plissée et des bottes dont les lanières de cuir également remontaient jusqu'à ses mi-mollets.
Elle se tenait debout et les bras croisés. Lorsqu'Abad croisa son regard, il vit le feu brûler dans ses pupilles. Elle semblait lutter pour ne pas dégainer son épée et venir mettre fin à ses jours. Il détourna vite les yeux, vers l'autre extrémité de la salle.

     Sur sa droite se tenaient fièrement les archers. Leur groupe, qui comptait une quarantaine d'individus était entièrement composé d'hommes et chose assez rare, certains étaient plus grands qu'Abad. Leurs bras puissants soutenaient des arcs longs et travaillés, et au dessus de leurs épaules, dépassaient des carquois remplis de flèches.
Le plus grand d'entre eux se tenait devant les autres. Il n'était autre que Fayro, celui qui avait fait comprendre à Abad qu'il devait quitter le continent. Peri lui avait appris qu'il était le chef du clan des archers, et que c'était un tireur hors pair, le meilleur depuis des générations. Il devait représenter leur ruche au grand tournois qui opposait les clans Gyrkimes du continent, mais c'était avant que Kafkon Samuel accoste, et que leurs priorités soient remises en question...
Il se tenait bien droit, une main posée sur le haut de son arc qui reposait sur le sol. Ses cheveux blonds étaient attachés en un chignon qui dépassait derrière sa tête et le faisait paraître encore plus grand. Comme si il ne l'était pas déjà assez ! Abad n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi grand, il devait mesurer plus de 2 mètres. Néanmoins, il est vrai que les Sultanats n'étaient pas réputés pour la hauteur de leurs hommes et Abad dépassait facilement d'une tête tous les gardes de son père. C'était étrange de voir quelqu'un plus grand que lui. Son équipement était simple mais stylisé. Son demi plastron en écailles ne recouvrait que ses pectoraux et était maintenu en place par deux lanières de cuir sur ses flancs, laissant ainsi voir ses abdominaux et ses obliques saillants. A vrai dire, il était tout en muscle. Il avait beau être spécialisé dans le tir à l'arc, Abad n'aurait pas aimé se battre à main nu contre lui.
Il portait un pantalon de cuir fin et moulant et accrochés à sa ceinture, de chaque côtés de ses hanches, pendaient deux fines dagues dans leur fourreau. Ses bottes étaient les mêmes que celles de la guerrière. Sa main droite était recouverte d'une mitaine en cuir et les extrémités de son index et de son majeur étaient enveloppées dans un fin tissu afin que le frottement de ses flèches ne le blesse pas.
Mais le plus important était de loin les dessins noirs gravés dans sa peau halée qui remontaient de son poignet jusqu'à son épaule et qui semblaient même englober son pectoraux droit, mais son plastron lui masquant la vue, Abad ne put l'affirmer avec certitude. Dans les Sultanats, il n'était pas rare de voir des hommes arborer ce genre de dessin. Dans le langage des sables, on les appelait des Ak'har. Cependant, Abad n'avait jamais eu l'occasion d'en voir un aussi travaillé. Ses motifs tribaux partaient de son poignet et s'entrecroisaient parfaitement et sans fausse note, s'agençant parfaitement selon les muscles de son bras, pour remonter jusqu'à son épaule et former un cercle d'où r d'autres motifs semblables descendant son pectoral et peut être remontant vers l'omoplate. Abad ne se souvenait pas avoir vu cet Ak'har lors de sa première rencontre avec Fayro, aussi majestueux soit-il, mais l'archer portait alors une armure plus conséquente et la peur avait sans doute dû aveugler ses yeux.
Lorsqu'Abad leva les yeux vers son visage, il ne put lire aucune émotions dans ses yeux bleus glacials. Il le fixait, le visage figé, incrédule, et c'était peut être pire.

     Enfin, devant lui se tenaient les membres de l'ordre des magiciens, celui auquel appartenait Peri. Dans les Sultanats, Abad n'avait jamais vu de vrais magiciens, seulement quelques diseurs et diseuses de bonne fortunes qui lisaient l'avenir dans des boules de cristal en échange de quelques pièces de bronze. Mais Abad avait toujours pensé que c'était des escrocs, même si il savait que sur Ryscior, la magie existait réellement et que certains pouvaient commander aux vents magiques comme bon leur semblait. Lors de sa formation, son père lui avait fait apprendre les différentes familles magiques ainsi que l'histoire des Sorceleurs, ces magiciens surentraînés qui parcouraient Ryscior à la recherche de ses pires abominations.
Ceux qui se tenaient devant lui devaient avoir de vrais pouvoirs, pour en arriver à créer un ordre entier ! Pourtant ils ne payaient pas de mine...tous vieux et vêtus de fines robes de tissus ou peaux usées. Peri en était la plus jeune membre, et de loin ! Même si Abad était certain qu'il n'avait pas affaire à l'ordre dans sa totalité. Comme Peri, ils abordaient tous un collier de plumes multicolores autour de leurs cours, dont le nombre de plumes variait selon les individus, mais était toujours plus grand que Peri et ses deux plumes qui se livraient bataille.
Abad fut étonné de ne pas distinguer de la colère dans leur regard, ni même une quelconque amertume à son égard. Certes, ils le fixaient, tous, et avec insistance, mais Abad crut discerner comme de l’intérêt dans leurs yeux, comme si d'une seconde à l'autre, ils allaient sortir de leurs robes décrépites un calepin et un crayon et faire un croquis de sa personne. Abad n'eut pas besoin de plus les observer pour comprendre qu'il avait affaire aux plus sages, à l'ordre des érudits et que s'il devait plaider son sort, ce serait eux qu'il devrait convaincre.

     Tout à coup, un des membres de l'ordre fit un pas en avant, celui dont les plumes autour du cou étaient les plus nombreuses. Ce devait être Pudro, Peri lui en avait aussi longuement parlé. Elle lui avait fait l'éloge de ce puit de science qu'elle considérait comme son maître et son père. Son crâne était rasé et ses paupières tombantes lui donnaient l'air fatigué.
Il prit laparole en direction de toute l'assemblée tout en levant une main vers le ciel. Quand il se retourna en le fixant, Abad sut que c'était à lui qu'il s'adressait, mais à ses oreilles, il ne parvenait qu'une succession de sifflements incompréhensibles...
Quand il eut finit de parler, Abad sentit les regards de l'assemblée avec encore plus d'insistance. Pudro avait dû lui poser une question, mais comment formuler une réponse à une question que l'on a pas compris...
Tout à coup, Abad sentit une pression sur son épaule qui le fit presque sursauter. C'était la main de Peri. Elle lui traduisit ce que Pudro avait dit...où plutôt le médaillon se chargea de transformer les piaillements en sons que ses oreilles pouvaient capter et son cerveau comprendre.
« Alors pourquoi, oui pourquoi, vouloir nous prendre ce qui est à nous ?»
Abad ne savait que ce moment était décisif. Que la réponse qu'il allait leur apporter serait cruciale, même si après tout, il lui suffisait de dire la vérité. Néanmoins, le choix de ses mots serait capital.
Il entendit la voix de son père dans un coin de sa tête : ''Un bon sultan n'est pas celui qui gagne la guerre, mais celui qui sait négocier avec finesse avec ses ennemis.''
Il inspira un grand coup. C'était le moment où jamais.
''Est-ce que tu peux traduire en même temps que je m'adresse à ton peuple ?'' demanda-t-il à Peri.
Elle hocha la tête.
Abad se leva et fit un pas en avant sur la grande plateforme ouverte à tous les regards, prit son courage à deux mains et salua l'assemblée de la façon la plus polie et que Peri lui avait apprise durant leur voyage, et qui consistait à mettre une main sur son cœur avant de poser un doigt sur ses lèvres et de s'incliner. Tous le regardèrent avec stupéfaction et échangèrent des piaillements tout bas. Du coin de l’œil, il vit que même Peri était bouche bée.
Cependant Pudro, Fayro et la guerrière avaient gardé la même expression sur leur visage.
Ils ne les convaincraient pas avec des révérences. Il devait leur apporter des réponses.
Il prit la parole :

« Cher peuple Gyrkimes ! (à peine eut-il entonner les premiers mots que derrière lui il entendit la voix de Peri faire écho à ses paroles) Je comprends votre méfiance à mon égard et envers mon peuple. Je ne sais que trop bien que les étrangers que vous avez accueilli sur vos terres vous ont menti, dupé et trompé. Qu'ils vous ont volé vos terres et ont massacré vos enfants. Comment nous faire confiance après avoir été trahis de la sorte ? Mais sachez que mon équipage et moi même ne ressemblons en rien à ces bêtes assoiffées de sang qui ont foulé le sol de vos plages de leurs pieds impies, nous ne sommes pas venus dans le but de vous faire la guerre.
De ce fait, je ne peux répondre à votre question Maître Pudro. Nous ne voulions rien prendre de ce qui vous appartient puisque nous n'étions même pas au courant que ces terres étaient habitées. Nous pensions explorer des terres vierges d'hommes pour le compte de notre roi et découvrir de nouvelles ressources à ramener sur notre continent.
Or nous avons appris à nos dépends que ces terres abritaient la vie lorsque notre campement à été, et je n'ai pas d'autres termes, lâchement saccagé durant la nuit. -à ces mots, Pudro se retourna vers Fayro qui se dandina- Si je n'avais pas ordonné à mes hommes de dormir sur les bateaux, il ne fait aucun doute que l'archer et sa troupe nous aurait occis jusqu'au dernier.
Il est vrai que mon équipage à réclamé vengeance et je les comprends. Mais à quoi bon leur ai-je dis ? Vous êtes sur vos terres ici, et nous n'avons aucun droits. De plus, la colère passée, nous n'avons pu que nous montrer compréhensifs, car les premiers étrangers que vous avez accueillis ici n'étaient, il me semble pas les meilleurs invités.
Je sais que vous nous désirez partis, loin de vos terres et de vos enfants.
Or nous ne pouvons reprendre la mer. Nos vivres sont épuisées et nous ne pourrions survivre face au voyage retour, mon équipage mourrait de faim. Nous nous devons de rester afin de collecter des ressources suffisantes pour maintenir mes hommes en vie pendant la durée de la traversée c'est à dire trois mois. Nous irons là où vous nous direz d'aller, nous couperons ce que vous nous autoriserez à couper, sèmerons ce que vous nous autoriserez à semer et chasserons hors de votre territoire et dans la limite du notre.
Or, pendant que nous sommes ici, laissez nous racheter nos erreurs et descendre Kafkon Samuel du trône qu'il s'est autoproclamé sur vos propres terres. Car, sachez le, Kafkon Samuel est peut être détesté ici, mais il l'est encore plus chez nous ! Ni vivant ni mort, marchant au clair de lune et buvant le sang de ses victimes, il est une abomination sans pareil. Lui qui a tant fait souffrir votre peuple doit être tué et ce le plus vite possible. Unissons nos forces contre ce lâche, il en est encore temps ! Rassemblez vos frères et chargeons. Nous disposons de navires et de troupes armées. Les airs sont votre terrain de jeu. Nous pourrions les attaquer de tous les fronts. La victoire est possible, il faut y croire !
Abad était monté crescendo, parlant avec ferveur et brandissant le point. Il marqua une longue pause dans son discours et quand il reprit la parole sa voix était redevenue neutre.
Et sachez qu'à la fin de notre coopération, si vous n'êtes toujours pas convaincu des bonnes intentions qui nous animent, alors nous quitterons nos terres et vous n'entendrez plus jamais parler de nous. »

     Quand il se tut, il entendit Peri finir quelques secondes après lui. Puis tout à coup, une multitude de piaillements lui arriva aux oreilles. Apparemment, son discours avait fait l'effet d'une bombe, mais dans le bon ou le mauvais sens, il ne saurait le dire. Certains guerriers étaient à deux doigts de se battre, semblant argumenter pour des causes contraires. Abad entendait presque leurs paroles : ''Il faut profiter des forces de l'étranger et charger.'' ''Non, on ne peut lui faire confiance, arrivé aux portes de Teikoku il se retournera contre nous !''
Même l'ordre des magiciens, pourtant réfléchi et doté de bon sens semblait divisé.
Tout à coup Pudra leva la main au ciel et tout le monde se tut. Le mage se hissa jusqu'à la plateforme et demanda à Peri de s'approcher. De plus près, Abad distingua les rides qui recouvraient son visage ainsi que ses yeux violets délavés sur lesquels retombaient ses deux paupières pendantes, il paraissait incroyablement vieux. Quand elle fut arrivée à son niveau, il désigna le collier de ses mains et elle lui offrit en une révérence. Pudro passa le collier autour de son cou et reprit la parole :
''Tes paroles sont bien bonnes l'étranger, trop bonnes. Tu divises mes conseillers. Prouve nous ta bonne foi et nous réfléchirons peut être à ta requête.''
Le médaillon lui avait révélé une toute autre voix. Les piaillements aiguës avaient laissé place à une voix douce et calme mais que le temps avait étouffé, comme de la poussière sur la couverture d'un vieux libre. Tout à coup Peri prit la parole avec presque plus de vigueur que lorsqu'il l'avait vu la première fois dans les champs d'hautes herbes et qu'elle lui avait désigné la mer. Mais privé du collier magique, ses paroles étaient redevenues que de simples piaillements aux oreilles d'Abad . Seulement, à ses mots, les vieilles paupières tombantes de Pudro s'écarquillèrent, relevant ses iris d'améthystes.
''Est-il vrai que tu as sauvé ma fille des mains de cet homme ? Dit-il en un souffle en désignant le cadavre croupissant de l'éclaireur.
Abad acquiesça d'un signe de tête. Un nouveau vent de protestation s'éleva dans la salle mais cette fois ci Pudro ne demanda pas le silence. Il se contenta de le fixer. Ses yeux délavés semblaient lire dans son esprit. A ses côtes, Peri esquissa un léger sourire, le premier depuis qu'il l'avait rencontrée quatre jours plus tôt.
Ven 7 Aoû 2015 - 1:23
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Dargor
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Les piaillements s’élevaient de partout dans le grand hall, tandis que les Gyrkimes discutaient de ce qu’il adviendrait des étrangers. Il était vrai que ces derniers n’avaient pas leur place donnée par le Dieu de la Terre et la Déesse du Ciel sur la Terre. Mais pour autant, il s’avérait qu’ils avaient sauvé la vie d’une des leurs. Et les Gyrkimes respectaient cela. Leur conscience leur dictait donc de devoir choisir entre quel acte des étrangers, qui n’était pour l’instant plus appelés les envahisseurs, serait pris en compte pour rendre une décision. Leur intrusion sur les terres ou le respect de la vie ?
En vérité, rares étaient les Gyrkimes, d’un camp ou d’un autre, à penser que l’un des deux actes devait être totalement effacé au profit de l’autre. La décision qui serait prise, quelle qu’elle soit, serait un compromis. Ce qui par définition n’allait plaire à personne, mais on ne pouvait pas faire mieux. Et très vite, trois tendances se distinguèrent parmi les Gyrkimes.

Les uns, menés par Pudro, pensaient que les étrangers avaient mérité qu’on leur donne une chance de vivre sur le continent, quitte à les surveiller pendant un certain temps afin de s’assurer qu’ils n’aient pas de plus mauvaises intentions que ce qu’ils prétendaient. Leurs arguments s’appuyaient sur le fait qu’ils soient de façon évidente en conflit avec les envahisseurs du nord. Dans une civilisation où il y avait conflit, il était tout à fait possible d’espérer voir se distinguer des traits de caractères différents selon les peuples, et selon les dirigeants. Peut-être celui-ci était-il réellement honnête, peut-être pas. Il fallait lui donner sa chance et le garder en observation.
Le deuxième clan était mené par l’archer Fayro. Ce dernier, déclenchant parmi tous les Gyrkimes la surprise, était en faveur d’une installation des étrangers sur la Terre. Mais pas exactement proche d’une quelconque ruche. Il y avait, disait-il, des terres hautes, des montagnes, loin à l’intérieur, loin des ruches. Si les étrangers s’installaient sur ces montagnes, ils ne dérangeraient personne, et réaliseraient leur rêve de trouver une nouvelle terre. En outre, arguait-il, ils pourraient ainsi être utiles aux gyrkimes. Tous connaissaient les légendes concernant les peuples étranges qui vivaient au-delà de ces montagnes. Et lors de l’époque sombre du Mon’tau, il y a plus de saisons que les plus anciens Gyrkimes ne puissent s’en rappeler, on disait qu’ils étaient descendus et avaient mis la Terre à feu et à sang. Les humains pourraient prévenir si une telle chose devait arriver. Fayro prenait, en avançant cet argument, un très grand risque, car ces peuples étaient souvent considérés comme appartenant à la pure légende. Il risquait donc de passer pour un superstitieux en disant cela. Mais après tout, on avait bien vu d’étranges être envahir la Terre en venant d’au-delà du lac salé récemment. La situation n’en était pas à une légende près.
Finalement, menés par la guerrière Herma, celle-là même qui avait été observée par l’humain durant la conversation, un grand nombre de Gyrkimes pensaient que si le problème était une affaire de vivres, alors il fallait donner aux humains de quoi retraverser le lac salé et les faire partir tant qu’il en était encore temps. On ne pouvait pas faire confiance à cette race, arguait-elle. Elle était véhémente dans ses propos et le pointait souvent du doigt, n’hésitant pas à lui lancer des regards oscillant entre le dédain et la franche hostilité. Elle ne l’aimait pas, et cela se voyait.

Au bout de plusieurs heures de conversation, aucun des trois camps ne semblait parvenir à rassembler plus de partisans que les autres, et prendre une décision dans ces conditions semblait purement impossible. Les chefs de toutes les familles se réunirent au-dessus de la masse de Gyrkimes qui s’étaient désormais mis à converser par deux, et convinrent que la nuit porterait conseil, ce n’était pas une décision que l’on pourrait prendre sans réfléchir, quelles qu’en seraient les conséquences. Il fut décidé qu’en attendant, l’humain serait logé dans la maison des guerriers, plus à mêmes de s’assurer qu’il ne fasse pas d’ennuis en attendant le lendemain.
Herma grommela en apprenant cette nouvelle, mais le maitre de la famille des guerriers, Shar, régla le problème en lui rappelant qu’elle n’avait pas le choix. Elle fit l’erreur de manifester malgré tout son désaccord, sans demander au préalable l’autorisation de parler librement de cette décision. La famille des guerriers était très fortement hiérarchisée, et en présence du chef de famille, ne parlaient que ceux qui en avaient reçu l’autorisation. Ce qu’elle n’avait pas. Il avait toléré ses grommellements, mais cette réplique donnée à un ordre devant tout le monde aurait remis en cause son autorité de patriarche s’il n’avait pas répondu. Bien que le patriarche soit toujours l’aîné, si son autorité devait vaciller, les très jeunes notamment auraient de folles idées et commettraient de nombreuses sottises. Ce qui pourrait s’étendre aux aînés, mais plus rarement, car ils étaient plus sages. Il n’était donc pas étonnant que Herma, supposée être une jeune, n’ait pas encore acquis cette sagesse. Il faudrait le lui inculquer sévèrement.

« Par les dieux du Ciel et de la Terre, piailla-t-il, tu veux me chercher ? Tu m’as trouvé ! Il restera parmi nous cette nuit, et tu lui donneras ton nid pour passer la nuit. Pendant qu’il se reposera dans ce dernier, tu iras pour ta part prendre une garde de nuit qui te rafraichirai les idées et te remettra ta tête entre tes deux oreilles ! »

Le ton calme mais ferme sur lequel cela avait été dit ne laissait que peu de doutes quant à l’extrême mécontentement de Shar. Il était de base opposé à ce que d’autres personnes que les chefs de famille participent à cette assemblée, et il avait prouvé qu’il avait raison. Voilà pourquoi, le lendemain, seuls les chefs choisiraient pour toute la cité. Sinon on serait repartis pour une journée de perdue, et quand la ruche était peut-être en danger, alors on ne pouvait pas se permettre de perdre du temps. En tant que chef de la famille des guerriers, il était supposé savoir cela.
Lun 31 Aoû 2015 - 17:28
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Abad El Shrata du Khamsin
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A ses mots, le visage d'Herma se renfrogna et elle serra les points. Abad se demanda un instant si elle oserait taper son chef de famille, mais tout à coup son corps pivota et elle se dirigea vers le large balcon ouvert de la tour qui servait aussi de piste d'envol.
Mais les mots de Shar la rattrapèrent :
« Et TU conduiras l'humain jusque dans ta chambre ! »
Herma s'arrêta net. Tout à coup elle fit volte face et se dirigea en courant vers Abad. Il crut d'abord qu'elle allait s’arrêter mais elle prit de la vitesse. Et à la distance où elle se trouvait à présent l'impact était inévitable. Abad tendit les bras pour se protéger, mais la guerrière ouvrit ses ailes au dernier moment, et de son bras elle le saisit par le col de sa tunique. Une fraction de seconde plus tard, ils avaient décollés et se dirigeaient tout droit vers le ciel.

*

     L'impact fut rude. Herma avait projeté Abad sur le balcon de sa chambre et poursuivit son vol sans se retourner. Il prit peine à se relever. Il n'avait pas beaucoup dormi durant le voyage avec Peri et ses muscles commençaient à le faire souffrir. Quand il se redressa il vit devant lui la pièce qui servait de chambre à la guerrière. Au centre de a pièce en demi cercle se trouvait une sorte de nid fait de mousse dans lequel étaient enchevêtrées quelques plumes de couleur noire. Sur les côtés, se dressait diverses armes de formes particulières et qu'Abad n'avait encore jamais vu. Il y avait aussi divers apparats et armures faites de plumes multicolores, de végétaux exotiques et de cuir.
Après un bref coup d’œil autour de la pièce, Abad s'assit en tailleur et regarda au loin. La ruche Gyrkime se composait de quatre tours disposées selon les quatre points cardinaux. Celle des guerriers s'élevait à l'est et donnait donc une vue éperdue sur la forêt qu'Abad avait traversé avec Peri. Il ne put s'empêcher de penser à ses coéquipiers restés sur place. Etaient-ils partis à sa recherche ? Richard l'ancien pirate au sang chaud, avait sans doute dû commander une expédition. Mais à pied, combien de temps mettraient-ils pour le rejoindre ? Et si tant bien même parviendraient-ils jusqu'à lui, tomberaient-ils sur des alliés ou sur des ennemis ? Serait-il encore vivant ? Tout cela dépendait de la décision des chefs de famille Gyrkimes. Abad avait eu l'impression de convaincre avec son discours. Pudro avait paru abasourdi d'apprendre qu'il avait sauvé la vie de Peri. Et venant du plus ancien des mages, c'était un très bon point. 
Déjà ils ne l'avaient pas tué, c'était l'essentiel.
  
     Néanmoins Abad n'était toujours pas fixé sur son sort et l'amertume persistant dans le regard des autres Gyrkimes (en particulier dans ceux des guerriers) le laissait en proie à toutes les possibilités. Maintenant, il ne restait plus qu'à attendre.
Et Abad attendit. Il attendit même plusieurs heures, assis là, perdu dans ses pensées, scrutant l'horizon. Il ne s'était même pas aperçu que le soleil s'était à présent couché quand tout à coup, l'arrivée de Peri le tira hors de ses rêves. Il se leva d'un bond. Elle atterrit avec grâce presque devant lui. Dans ses mains elle portait un panier d'osier rempli de fruits étranges et de couleurs vives. Elle portait toujours son collier magique que Pudro lui avait sans doute rendu.

« Peri !? Mais que fais-tu ici ? dit Abad avec surprise.
- Je viens t'apporter à manger bien sûr. Tu dois mourir de faim, dit-elle de sa douce voix humaine.
Abad ne s'était même pas aperçu qu'il avait faim mais maintenant que Peri le lui avait fait remarquer, son estomac le faisait souffrir.
- Et toi ? Tu n'as pas faim ?
- A vrai dire, dit elle en regardant les fruits éclatant d'un œil avide, ces Succozas me donnent bien envie. »

     Ils s'assirent en tailleur et entreprirent de se délecter de ces quelques fruits. Peri lui enseigna comment peler la peau épaisse et se repaître de la pulpe juteuse. Au premier abord, Abad fit une grimace, le goût était acide mais l'arrière goût sucré lui arracha un "mmm" de satisfaction. A vrai dire le goût se rapprochait un peu de l'ananas.
Après quelques minutes de délectation, quand leurs estomac commençait à être bien plein, Abad s'autorisa à parler :

« Mais comment as-tu fais pour venir jusqu'ici ?
Peri esquissa un sourire.
- Ça a été assez simple à vrai dire. C'est Herma qui devait t'apporter à manger. Je n'ai eu qu'à lui demander et elle a accepté sans problème...Je crois qu'elle te déteste.
Abad ne put s'empêcher de rire.
- Ho ça, je l'avais remarqué...dit il en se grattant la tête.
Un silence gêné s'insinua entre eux deux puis brusquement Peri releva la tête et jeta dans ses yeux son regard d'améthystes.
- Abad. J'espère vraiment que Père va réussir à convaincre les miens de ta sincérité.
- Alors tu me crois ? dit Abad en soutenant son regard.
Peri baissa les yeux. A nouveau un long silence s'immisça.
- Oui.
Elle redressa à nouveau la tête, délicatement cette fois ci et à cet instant Abad voulut de tout cœur l'embrasser. Il se sentait enfin soutenu depuis qu'il avait prit la mer, depuis qu'il avait perdu Leyla.
Il la contempla longuement hésitant à approcher son visage de ses lèvres ...

     Quand tout à coup, Herma fit irruption dans les airs mettant brusquement fin à ses rêveries. Peri se leva en vitesse et Abad leva les yeux en direction d'Herma. La guerrière semblait folle de rage, son visage était crispé et elle lançait un regard noir de haine en direction de Peri. Mais contre toute attente elle ne lâcha qu'un léger piaillement en direction de la Gyrkime et exécuta un volte face vers le sol. Peri se retourna vers lui :
- Je...Je...balbutia-t-elle, mon père me cherche.
Puis elle s'apprêta à prendre son envol mais Abad se releva brusquement et la saisit par la main.
- Te reverrai-je demain ? demanda-t-il d'une voix franche.
- Sûrement, répondit-elle avant de prendre son envol. »

     Cette nuit là Abad dormit d'un sommeil agité. Ce fut la secousse d'Herma sur son épaule qui le tira de ses cauchemars.

Il allait enfin connaître son sort.
Sam 19 Sep 2015 - 0:57
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Fayro emporta les débats. On ne fit entrer le jeune roi dans la chambre du conseil que pour lui annoncer cela. Cette fois, seuls les chefs de familles étaient réunis, afin d’éviter la confusion d’hier. Ils avait sans aucun doute discuté durant toute la nuit de l’attitude à tenir quant aux étrangers, puis en étaient arrivés à cette conclusion. L’archer l’ayant proposée, c’est à lui qu’il revint de l’annoncer au prince. Il ne prit pas le moindre gant pour le faire, car n’estimant pas avoir besoin. La solution qu’il avait proposée était selon lui la meilleure, et il n’avait aucunement à être gêné de l’annoncer. Peut-être retirait-il un peu de fierté du fait d’avoir été écouté ? C’était tout naturel. Toujours est-il que c’est avec un sourire poli, mais qui illuminait un visage triomphant, qu’il lui déclara, dans le silence de la salle du conseil pourtant pleine, ce qui l’attendait.

« Nous avons choisi de vous accepter sur la Terre, dit-il. Il serait cruel de vous renvoyer mourir sur le Lac Salé alors que vous n’avez aucun moyen de retourner chez vous. Toutefois, nous posons des conditions à cela. Nous souhaitons choisir nous-même la terre où vous et les vôtres vous établirez. Ne vous en faites pas pour cela, il s’agit d’une terre prête à être cultivée, et beaucoup plus grande que ce dont vous ne devriez avoir besoin. Elle est loin à l’intérieur, il faudra voyager pour y parvenir, mais nous nous engageons à vous fournir les vivres pour vous y rendre, une escorte contre les éventuels fauves qui pourraient vous attaquer, et même des matériaux pour construire vos maisons si besoin est.
« Tu te demandes sans doute pourquoi un tel élan de générosité humain ? Je vais te répondre honnêtement, car tu comprendras ensuite la recommandation que je te fais dès à présent de faire de votre village un camp plus ou moins fortifié. Vous allez loger sur les flancs de hautes montagnes. Nous autres gyrkimes ne les avons jamais franchies, mais les légendes racontent qu’il y a bien longtemps, une race de bipèdes étranges le fit, et ravagea nos ruches. La hantise de ce jour reste. Ce n’est qu’une légende, mais beaucoup d’entre nous sont superstitieux. Savoir qu’il y a des guetteurs leur ferait du bien. Je suis conscient que cela peut paraitre effrayant, mais ce n’est qu’une vieille légende. Personne n’a jamais franchi ces montagnes. Acceptes-tu l’offre ? »
Dim 4 Oct 2015 - 0:04
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