Le Deal du moment :
Tablette 11″ Xiaomi- Mi Pad 6 global version ...
Voir le deal
224.97 €

 :: Ryscior :: Oro Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
[Terminé]Une vie prend fin
Emerelle Firnstay
Messages : 6
Date d'inscription : 17/05/2015
Emerelle Firnstay
Emerelle, sale, épuisée, affamée, vit un humain entrer. Ce n’était pourtant pas l’heure de sa nourriture. En bas, elle voyait Asarith Lune-Pale flatter une manticore pour l’instant calme. Pour l’instant seulement. La halfeline savait ce qu’il en serait quand elle se réveillerait. Elle tenterait d’aller la dévorer. Heureusement, sa cage était trop haute. Juste assez cependant. Les griffes de la bête raclaient les barreaux, mais ne parvenaient pas à la tuer. Il arrivait souvent cependant que la manticore parvienne à glisser l’extrémité de ses griffes. Voilà la raison pour laquelle tout le corps de la halfeline était couvert de sillons rouges, et pour lesquelles ses vêtements étaient en lambeaux. Elle n’avait pas eu de nouvelles de Juri, mais sa cage n’était jamais descendue. Son amie servait donc bien l’ordure qui se trouvait en bas. Elle se permit de tenter de lui cracher dessus. Sans même lever la tête, il évita le projectile, pas même inquiété. Puis Emerelle sentit que l’on secouait sa cage.
Elle se tourna. L’homme décrochait l’une des chaines qui la retenaient. Elle crut pendant un instant que c’était pour la libérer, mais quand il alla en décrocher une autre, juste en face, et que la cage tomba brusquement, elle comprit. Juri avait dû trahir Asarith, la condamnant. La cage allait tomber auprès de la manticore, qui n’aurait aucun problème pour en réduire les barreaux en pièces, et pour l’atteindre elle.

Emerelle savait, tandis que l’homme décrochait les deux autres chaînes, qu’elle aurait dû avoir peur. Elle aurait dû appréhender ces griffes et ces crocs qui l’attendaient. On disait que les manticores étaient d’une incroyable férocité, et qu’elles aimaient faire souffrir leur proie. Connaissant le roi Asarith, elle voulait bien croire qu’il pousserait sa bête à faire ça. Alors pourquoi n’était-elle pas effrayée par la perspective d’une mort aussi atroce ? Pourquoi ? Avait-elle tant renoncé à la vie que cela ?
Lorsque l’homme décrocha la troisième chaine, la cage décrivit un arc de cercle et alla se cogner contre un mur, rebondissant plusieurs fois, sonnant la halfeline secouée. Les barreaux étaient tordus, et le raffut avait fini par attirer l’attention de la manticore, qui s’était relevée et guettait avidement la chute de la cage. Reprenant ses esprits, Emerelle constata qu’elle était largement assez basse pour que la bête attaque. Mais elle devait être intelligente. Elle savait qu’il fallait attendre la fin de cette agitation pour attaquer.

C’est à cet instant qu’Emerelle comprit pourquoi n’avait-elle pas peur. Elle n’avait pas peur de la mort parce qu’elle était résignée. Elle n’avait pas envie de se révolter car elle avait toujours su, au fond d’elle-même, que l’on ne pouvait poser aucune chaine à Juri. Asarith lui-même devait avoir échoué, comme en témoignait la mise à mort dont elle allait faire l’objet. Elle sourit. C’était comme ça qu’elle avait aimé la guerrière. Indépendante et fière. Et au final, il était normal qu’elle cesse de se soucier d’elle. Emerelle avait toujours été un poids. Et Juri était froide. Pourquoi s’était-elle attachée à elle déjà ?
Pour la première fois, Emerelle cessa de se dire qu’elle avait été assez maligne et séduisante pour manipuler Juri et se trouver une garde du corps idéale. En vérité, elle réalisa qu’elle s’était fait berner depuis le début. Comme en témoignait l’abandon dont elle avait fait l’objet, Juri n’avait jamais voyagé avec elle que par pur caprice. Et maintenant que ce caprice l’entravait, elle s’en débarrassait. Pourquoi ne pas le lui avoir dit franchement alors ? Emerelle l’ignorait.

Cette résignation n’était cependant pas la seule chose. Au final, à force de se faire griffer par la bête, Emerelle était devenue habituée à la présence de ce monstre. Elle le regarda, et non l’homme qui décrochait la dernière chaine. En fait, elle était heureuse que ce monstre la dévore elle plutôt qu’Asarith. Peut-être la bête serait-elle aussi heureuse de dévorer cette friandise qu’on lui avait refusée pendant des semaines ?

Emerelle éclata de rire quand la cage tomba. C’était une manticore, elle ne s’encombrait pas de ce genre de considérations idiotes. Elle avait faim, elle était féroce. Elle serait bien évidemment heureuse de la dévorer, mais cela ne représentait rien de plus qu’un repas supplémentaire à ses yeux. De la viande fraiche en somme. Quoiqu’il n’y avait pas grand-chose à manger sur le corps désormais maigre de la halfeline affamée. Qui fut à nouveau sonnée par le choc contre le sol. Elle entendit des craquements quand la cage tomba. Dans une semi-conscience, elle se dit que peut-être que si le sol était blanc, c’était les os des victimes ? Elle allait bientôt y ajouter ses os. Des os qu’elle avait dû briser en tombant. Car elle avait mal partout.
Mais bien sûr que c’était cela. Elle avait assisté aux repas de la bête. Pas des humains, pas toujours, mais souvent des vaches. Parfois des moutons. Et toujours, la manticore nettoyait impeccablement les os et les laissait autour d’elle. Elle avait dû casser des os en tombant avec sa cage. Quel était ce bruit au fait ? Et ces chocs qu’elle ressentait ? Elle était désormais trop sonnée pour réaliser.

Elle réalisa ce dont il s’agissait quand une griffe cruelle se planta dans son bras et la tira au centre de la cage. La manticore jouait avec ses victimes aussi, cela était vrai. Cela prouvait que l’animal était tout sauf naturel. Un vrai animal aurait mangé sans se poser plus de questions. Dans une semi-conscience, Emerelle vit soudain une ombre noir passer devant ses yeux, recouvrant le ciel bleu marine et étoilé. Cette masse noire était pourvue de deux billes brillantes et de nombreuses petites piques blanches. La tête du monstre ? Elle avait du mal à réaliser. Quand la chose s’avança vers elle à toute vitesse, elle eut l’impression de tomber. Comme elle était tombée quand sa cage avait été décrochée. Non, pas comme ça. Quand elle était tombée dans la cage, elle avait senti sa chute, et elle avait été cognée. Là, alors que la masse noire descendait vers elle… Ou plutôt qu’elle descendait vers la masse noire, elle se sentait légère comme jamais. Oui, elle volait vers son destin !

Puis ce fut fini.
Lun 19 Oct 2015 - 19:18
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: