Affûtez les couteaux et les sabres,
et bourrez bien le fût des canons.
Il est fini le temps des palabres,
soyez prêts au combat compagnons.
Rohan le Barde
- Spoiler:
Nom : De Everhell
Prénom : Bervers de naissance, Baldassare est son pseudonyme
Race : Humain
Surnom : Le Pirate Prophète
Métier : Capitaine du brigantin l'Eradicate.
Position sociale : Actuellement sans le sou.
Origine : Dernier né de la famille aristocratique des De Everhell issus de l'Empire.
Histoire : ???
- Spoiler:
Reginald Thorn
- Santé.
- A la votre, Capitaine.
L'ancien Lieutenant Reginald Thorn fit heurter sa chope contre celle de l'homme en noir, puis bu la bière qui y était contenue. Enfin, tout juste remis de sa descente, conclut de la mine assombrie qu'il voyait prendre à son Capitaine, qu'il avait grand'mal à se détacher de la folie des derniers événements. Monsieur Thorn était un homme trop convenable pour ne pas réussir à lâcher un "je vous l'avais dis".
- Bon, on fait quoi maintenant ? demanda l'ancien Lieutenant en rabattant son Tricorne sur son visage. On vit de rapine et de vol à la main ?
- Je réfléchis.
Baldassare porta finalement sa chope à ses lèvres et but la bière tandis qu'au fond de la taverne à l'intérieur de laquelle ils avaient pris place, une barde entamaient quelques mélodies.
- Tiens, tiens, sourit Reginald Thorn. N'est-ce pas là notre Triss Miders.
Étrangement, le visage d'Everhell sembla se détendre.
- Sa musique fait toujours autant de bien à mes oreilles.
- C'est vrai qu'elle chante bien, reconnut le pirate. Dommage que personne ne l'écoute.
- Revenons-en à nos affaires, le coupa Everhell en se grattant la barbe. Notre priorité reste de regonfler nos bourses, nous n'avons plus rien. Et pour cela, je crois que je n'ai plus le choix. Il ne me reste plus qu'une seule option, même si celle-ci me répugne..
- C'est pour ça que vous nous avez conduit jusque dans l'Empire, j'imagine.
- Si fait. Mais nous devrons faire preuve de discrétion absolue Monsieur Thorn. Ici plus qu'ailleurs, ma tête est mise à prix et je connais un certain corsaire prêt à tout pour me la ravir.
Le Capitaine s'était interrompue comme, près de leur table, une des serveuses de l'auberge se faisait violemment gifler par un vermineux entouré de ses comparses. Une lueur passa dans le regard de l'homme en rouge.
- Je déteste ces bâtiments merdeux ou on ne peut pas manger tranquille, admit Reginald en détournant le regard.
Déjà, le Capitaine avait posé la main sur la garde de son sabre.
- Je croyais que vous vouliez rester discret, monsieur.
- Je ne supporte plus la violence, monsieur Thorn. Plus depuis qu'
elle a quitté l'Eradicate.
La seconde qui suivit fut celle où les malfrats durent faire face à l'homme en noir, debout et sabre en main, dressé entre eux et sa protégée.
- Je suis d'une humeur noir, clama-t-il sans pour autant crier, alors je vous préviens, le premier qui incommode cette femme je le cloue sur l'entrée du bâtiment.
De son côté, Reginald Thorn termina sa chope et se leva. Il savait qu'ils devraient quitter cette auberge au plus vite maintenant. Déjà, son Capitaine ainsi que les quatre brigands sortaient de l'auberge, prêts à régler cette affaire à l'épée et surtout à l'extérieur. Monsieur Thorn ajusta son Tricorne, et sortit lui aussi.
Le sabre d'Everhell fendit l'air, il plaça deux estocs suivit d'un coup latéral. Son premier adversaire fut désarmé, envoyant sa rapière exécuter un vol plané, et emportant en un même coup un bon centimètre de chair et de peau de sa main droite. Le pirate tout de noir vêtu se retourna, et para le coup d'un autre de ses adversaires, ayant pour but de lui ôter la vie. Il resta fidèle à ses appuis, et se servit de sa haute taille et sa force brute pour le repousser. Puis il l'empala sur sa lame, sans outre forme de préliminaires. Reginald Thorn venait de parer le coup du troisième larron dans le dos de son Capitaine, qui avait bien eut l'intention de lui enfoncer sa lame entre les omoplates. En moins de deux minutes, les quatre hommes étaient en déroute. La fille, elle, avait disparu.
- J'imagine que pour la discrétion c'est raté, Capitaine.
- Qu'importe. La damoiselle va bien.
Reginald esquissa un sourire tout en rangeant son sabre dans son fourreau.
- Vil forban qu'ils disaient.
Les deux hommes se retournèrent alors vers la jeune femme qui marchait à leur rencontre. Elle serrait contre sa poitrine un luth, qu'Everhell connaissait bien. Le Capitaine se para d'une révérence, main sur le cœur.
- Il fallait que ce jour soit béni des Dieux, damoiselle, pour que je puisse de nouveau entendre votre musique.
~
- Vous cherchez à reprendre l'Eradicate ? demanda Triss au Capitaine, tout en louvoyant dans les quartiers de l'Empire.
- J'imagine que vous n'avez pas oublié La Noire, l’Élue, commença Everhell.
- Qui n'était en fait élue de rien du tout, marmonna l'ancien Lieutenant, et c'est pas faute de vous avoir mis en garde.
- Peu importe, là n'est plus la question. Phadransie avait prévu de vendre la bête à prix d'or sur les marchés d'Oro, ce pourquoi je l'accompagnât. Mais elle y perdit la vie de façon tragique et sanglante. Un duel avec l'un de ses anciens "ami" qui a obliqué en sa défaveur. A partir de là, j'ai dû retirer l'Eradicate de Karak-Tur en toute urgence, perdant ainsi et l'"élue" et la bête. A partir de ces événements, une mutinerie a éclaté à bord, les marins étaient furieux. Ils n'auraient pas réagis ainsi avant la venue de La Noire sur mon bâtiment, mais le fait est dès lors accompli. Ils se voyaient déjà infiniment riches avec l'or que rapporterait la bête, de plus, ont-ils prétendu, beaucoup d'entre eux avaient perdu la vie lors de l'expédition dans la Jungle pour la capturer, ainsi que sous le commandement de "l'élue". Incapable de tenir mes serments envers l'équipage, affamés d'or pour leur part, ils me firent prisonnier de l'Eradicate après m'avoir destitué de mon poste. La suite est rapide. Avec mon nouveau Premier Lieutenant Monsieur Thorn ici présent, nous avons pu quitter le vaisseau afin de nous réfugier dans l'Empire. Mais nous sommes sans le sou et sans navire.
- Pourquoi l'Empire ? demanda Triss Miders.
- J'y ai quelques connaissances, répondit simplement le Capitaine. Et vous même, Damoiselle Miders. Que diriez-vous de nous accompagner ? Aidez-nous dans notre quête, récupérons l'Eradicate, exterminons les mutins, et je vous promets une belle récompense...
~
Baldassare Everhell avança au travers la grande allée principale de la résidence. Il s'y écarta rapidement, frôlant les murs du manoir, ayant prit grand'soin de rabattre sur son visage le capuchon noir de son manteau. Il tenta de se souvenir de l'emplacement de chaque tour, des pièces dissimulées derrière chaque croisée, des personnes qu'il demeurait susceptible de croiser derrière chaque aile. Arrivé au dessous d'une des tours du manoir, il porta ses mains en porte-voix autour de sa bouche, et imita le cri du gypaète, trois fois et de façon répétée. Il attendit.
Bientôt, des draps noués entre eux vinrent longer la façade et tombèrent jusqu'à lui. Le Capitaine n'eut qu'à escalader afin de se glisser au travers la fenêtre. Une jeune femme aux yeux bleus et aux cheveux de jais se trouvait là, vêtue simplement d'une robe de chambre blanche. La pâleur de sa peau mêlée aux rayons de lune de la mi-nuit faisait d'elle la plus belle des femmes, pensa Baldassare. Il hésita, puis se permit de l'enlacer.
- Tu m'as manquée Hilena. J'ai pensé à toi chaque jour de ma vie.
- De ta vie de pirate.
Elle le repoussa. Everhell n'était point surpris, il s'y attendait, même. Dieux, qu'elle était belle...
- Cela fait presque dix Tours que tu nous as quitté pour aller titiller Ariel. Si tu es ici c'est qu'il y a forcément une raison. La mièvrerie est ton masque, mais dans la plus grossière de ses façons.
- Hilena je...
- Tu as pris d'énormes risques en revenant ici. Tous cherchent à éradiquer définitivement ta personne. Tu fais honte à notre nom et à notre famille.
- Je ne serai pas long, promis.
Il remarqua alors la parure de jade et de diamants autour de son cou délicat. Lui-même lui avait offert des Tours en arrière. Il fut touché de voir ce bijou posé sur sa peau.
- Parle. Que veux-tu de moi, papa ?
Alors la toute-ignominie de sa raison d'être ici frappa Everhell de plein fouet. Il voulut se jeter par la fenêtre en cet instant, et disparaître.
- J'ai besoin d'argent. Je suis ruiné.
Un rire lui fit la réplique. Un petit rire étouffé mais mesquin. Sa fille avait changée. Elle le haïssait, Everhell le voyait à présent, et c'était clair comme de l'eau de roche.
- Dis-moi, tu crois que l'amour s'achète ?
- Non, répondit-il simplement.
- Ok, je vais vous payer, asséna-t-elle en passant au vouvoiement, puis vous disparaîtrez de nos vie.
- Hilena, ne crois pas que c'est aussi simple. Je n'ai de cesse de penser à toi lorsque j'écume les eaux. Si je ne suis pas revenu te voir c'est parce que... Enfin, tu sais très bien pourquoi. Vinzent m'a coupé toute retraite.
- Oncle Vinzent a fait ce qu'il fallait.
Elle ôta lentement le collier de pierreries qui ornait sa nuque élégante et la tendit à l'homme en noir.
- Vous devriez en tirer un bon prix.
- Je vois. Il n'y a rien que je puisse faire, ma fille ?
- Vous feriez mieux de partir maintenant.
Baldassare referma sa main sur le bijou, puis l'empocha. Il dû faire un effort surhumain afin de lever les yeux vers sa fille et lui faire les mots suivants :
- C'est Vinzent qui s'est chargé de ton éducation après mon départ, n'est-ce pas ?
- Mère était là aussi. Elle a espéré auprès de votre retour. Au début.
- Ta mère ne m'a jamais aimé, Hilena. Tu le sais.
- Vous feriez mieux de partir maintenant, répéta-t-elle.
Everhell n'eut point le courage de l'embrasser.
- Merci pour tout. Je reviendrai te voir, c'est une promesse.
- La parole d'un pirate ne vaut pas plus que celle d'un homme qui a trahi et abandonné les siens. Adieu.
~
- J'ignore ce qu'attendait le Capitaine de Phadransie, expliquait pendant ce temps Monsieur Thorn à la jeune barde, il n'a jamais voulu me le dire, mais il a joué la comédie tout ce temps dans un but précis. Il ne le dit pas, il ne t'en parlera pas, mais ce soir-là, lorsque, ivre, elle a tué le Second du Capitaine, il ne se l'est jamais pardonné. ll m'a fait passer Second par la suite, mais je sais quelle relation particulière il entretenait avec cet homme. Les deux avaient été amants. Et il n'a rien fait pour empêcher Phadransie de le tuer. Cela dit, ça reste entre nous hein ? Ne va pas lui reparler de ça, il a encore du mal à faire son deuil.
La jeune barde acquiesça du chef. Monsieur Thorn reprit :
- Si j'ai bien compris, nous allons poursuivre l'Eradicate tout en étant nous-même poursuivi par un certain Corsaire de l'Empire, Vinzent qu'il s'appellerait. Assurément, cela ne sera pas une quête facile.
L'ancien Lieutenant de l'Eradicate fit silence comme revenait le Capitaine vers eux.
- Alors ? Comment s'est passé votre rendez-vous ?
- Bien, rétorqua Everhell. J'ai là du bel argent pour nous assurer de notre réussite.
- Où allons-nous à présent ?
- On quitte l'Empire au plus vite, rétorqua Baldassare. Je n'y ai que très peu d'amis...
Il offrit son bras à la jeune barde tout en rabattant sur son visage creusé son capuchon à étoffes noires.
- Je sais où va mouiller l'Eradicate.