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[En cours] [Privé avec Lÿsmael] Une marche vers Kelvin et peut-être bien plus...
Elise Sazem
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Elue de Nimen
Elise Sazem
Cela faisait maintenant un tour, si pas plus qu’Elise était touché du pire mal, une bénédiction de la pire des déesses possibles, Nimen. Une maladie incurable donnée par la peste elle-même qui était la pire chose qui pouvait arriver pour quelqu’un de sa profession : une médecin, élue de la maitresse des maladies. Est-ce que ce monde était-il aussi fou qu’on le décrivait ? Était-ce un mauvais rêve comme toute l’histoire qui l’entourait avec la Malpeur et autre ? Était-elle toujours chez elle et n’avait-elle jamais voyagé ? Elle tenait cet espoir tous les jours à son réveil en sachant que c’était un vil mensonge. Tout était vrai et tout était fichu. Mais elle n’abandonnerait jamais quand même. Même si elle servait la pire des déesses, elle ferait tout pour arrêter ce monstre et ses créations. Elle soignerait toutes les maladies qu’elle croiserait et cela jusqu’à la fin des temps, jusqu’à son dernier souffle. Elle ne deviendrait jamais un instrument de cette dégénérée mais deviendrait un instrument de justice réparant tous ses méfaits. Elle ne pouvait pas tomber si bas. Elle allait en sortir et peut-être même qu’une autre divinité la sortirait de ce terrible mal qui lui a été fait. Peut-être qu’elle ne serait plus une élue de cette folle. C’était sa raison de se lever chaque matin, sa petite pensée. Que Nimen ou pas l’entendait, cela lui était égal. Elle s’en sortirait. Puis cela ne l’empêchait pas de mener son boulot.
Pour cela, elle allait de contrés en contrés, ne s’arrêtant jamais de voyager à part pour soigner et dormir. Tout ce qui lui restait se résumait à cela. Une vie de voyage et de médecine et s’arrêterait seulement quand l’énergie ne serait plus là pour dire de voyager. Elle ne voulait pas rester à un endroit fixe trop longtemps, de peur d’attirer l’œil de Nimen sur des innocents. Elle ne voulait pas être la cause de mort. Elle voulait seulement soigner les maux de la déesse. Une angoisse qui la hantait tel un fantôme au plus profond d’elle-même. Mais elle ne savait pas si cette angoisse avait raison d’être vrai. Et elle redoutait la réponse. Car si cela s’avérait vrai : faudrait-il mieux vivre en s’excluant de la société pour sauver des vies ou continuer à exercer la médecine pour en sauver d’autres. Une balance vicieuse n’ayant aucune bonne réponse… Un cauchemar éveillé presque, ou peut-être même pire. Elle deviendrait ainsi une paria, elle, ayant rêvé toute sa vie de soigner les gens… Elle… plongeait dans le noir. Et elle en sortit en trébuchant dans sa marche.
Cela faisait en effet un moment qu’elle marchait s’en étant perdu dans ses pensées. Heureusement pour elle, le chemin allait en ligne droite.  Elle releva donc sa chute et regarda où en était le soleil. Il était au-dessus d’elle, un peu après le zénith. L’après-midi avait commencé depuis déjà un moment. Au moins elle avait confirmation de cela mais aucune par contre si elle prenait le bon chemin vers Kelvin. Aucun panneau depuis déjà ce matin. Les paysans chez lesquelles elle avait logé lui avaient pourtant d’aller tout droit en suivant ce carrefour mais aucune indication, voyageurs ou indice pour lui confirmer son avancée. Après la route ne la dérangeait pas. Arriver à sa destination, passagère bien sûr, avec un jour ou une semaine de retard n’était rien pour elle. Elle continua donc à marcher sur ce chemin de terre pendant plusieurs heures où bordait de chaque côté les prairies et champs de diverses céréales en train de pousser. Cela passait du blé, à l’orge en allant aussi à l’avoine. Salicar n’était pas connu pour être un royaume de paysan pour rien. Il vivait principalement que de ça.
Une fois arrivé à un carrefour, elle sut enfin le chemin à suivre. Un panneau lui indiquait la capitale de Salicar, une bien petite ville pour un si grand royaume et de l’autre côté, à sa gauche, Kelvin, sa destination, ancienne ville de Salicar ayant revendiqué son indépendance. Elle décida donc de se diriger vers Kelvin, la grande cité maritime, qu’on disait en siège selon les rumeurs, même s’il y avait moyen de contourner celui-ci par la mer. Après ces rumeurs dataient sûrement aussi, vu qu’elle l’a appris d’un voyageur bourré dans une taverne, lui disant que ce même dire lui venait d’un autre voyageur revenant de Kelvin en passant par la mer. Ou peut-être même qu’il l’avait appris aussi d’un autre voyageur. Les nouvelles voyageaient toujours sur Ryscior entre les gens du voyage mais il fallait souvent du temps, qui faisait que celles-ci n’étaient plus d’actualité. Une guerre en cours selon celles-ci était des fois finis depuis bien longtemps. Ce qui en faisait une source importante mais pour autant peu fiable pour choisir ses futures destinations. Un bien étrange système fonctionnant parfaitement.
Elle arriva enfin en haut d’une colline après une longue montée de plusieurs bonnes dizaines de minutes. Le soleil était en train de descendre. Il ne lui restait plus que deux heures avant le coucher de soleil et pas une seule bâtisse pas à portée de vue. Elle décida donc de se reposer quelques instants à  l’ombre d’un arbre pour se reprendre de cette belle montée. En tout cas, il lui faudrait trouver un endroit pour la nuit, surtout si elle ne trouvait pas de toit pour mettre au-dessus de sa tête. Elle devait ainsi avancer vite pour avoir l’espoir de trouver un endroit pour dormir comme une auberge ou même dans une ferme, tout en gardant un œil sur le côté au cas où elle croiserait un chouette endroit pour dormir en cas de dernière nécessité. En tout cas, elle marchait depuis ce matin sans avoir croisé grand monde excepté quelques paysans dans leur champ. Salicar était vraiment un royaume perdu où chacun vivait de son côté. Un royaume bien étrange quand elle réfléchissait à ceux où la majorité de la population était agglutinée dans des énormes villes. Ici, c’était tout le contraire.
Elise devait penser à redémarrer si elle voulait trouver un endroit où dormir, si aucune solution venait à elle, mais elle marchait depuis si longtemps que cette pause lui parut salvatrice et qu’elle voulut la prolonger, juste quelques instants.
Jeu 30 Aoû 2018 - 23:53
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Lÿsmael
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Lÿsmael
Pour la première fois depuis ses 20 tours, Lÿsmael savourait sa solitude. Après avoir quitté Ram et traversé la mer la séparant de la région de Salicar, la jeune Amazone s’était mise en tête de rejoindre Kelvin, et par la même occasion découvrir les paysages du monde dans lequel elle devait à présent vivre. Après avoir été arrachée de sa Forêt, de son peuple, elle voyait à présent qu’il n’y avait plus de retour possible. Près de quatre tours plus tôt, elle avait perdu la liberté si propre aux Amazones. Elle savait avoir changé. Les humains avaient d’une certaine manière déteint sur elle. Sa façon de se mouvoir, de penser avaient été forgées par des Hommes. Elle avait oublié tout ce qui faisait d’elle une femme de la Jungle, jusqu’à sa langue maternelle qui ne lui apparaissait plus que par bribes. Elle ne pouvait rejoindre les siennes à présent. Néanmoins, elle sentait encore cette flamme de sauvagerie brûler en elle, et avec elle une once d’espoir de retrouver sa place au sein de la Jungle.
Parallèlement, elle serait toujours rejetée par les Humains, de part sa différence physique et son passé de « sauvage ». Tiraillée entre ces deux peuples auxquels elle ne pouvait nier son appartenance, elle goûtait enfin à une solitude libre de tout tourment. Quitter la ville lui faisait le plus grand bien. Peu à peu, elle regagnait la forme physique perdue durant son séjour prolongé à Ram. Les muscles sculptés dans sa silhouette allongée semblaient réapparaître, même si ridicules en comparaison à sa force d’antan. Malgré les difficultés de la vie de vagabonde, elle ne s’était pas sentie aussi bien depuis – il lui paraissait – des millénaires. Elle restait néanmoins aux aguets, attentive à tout danger. Mais la route vers Kelvin était longue, déserte et monotone. Les seuls voyageurs ou paysans qu’elle croisait ne représentaient de danger que pour sa discrétion – la taille de l’Amazone et ses cheveux rougeoyants ne l’aidant pas à fuir les regards interloqués.
Lÿs n’avait toujours pas réussi à se débarrasser de sa peur d’être recherchée partout dans Ryscior par les autorités de Ram. Elle savait cette pensée irrationnelle, mais ne cessait de sursauter chaque fois qu’elle apercevait une silhouette au loin. Elle avait le sentiment que cette méfiance ne l’abandonnerait jamais, qu’elle était destinée à craindre et répugner tout être foulant cette terre. Durant son périple maritime, elle avait maintes fois tenté de communiquer avec la magnifique femme du capitaine, sans succès, comme si une barrière invisible la séparait d’autrui.
La jeune femme refusait pourtant d’abandonner. Cette expérience n’avait été qu’un premier contact avec le monde extérieur, et elle refusait de ne voir que la face sombre de celui-ci. Déterminée à débuter une nouvelle vie, anonyme et sans Histoire, elle accéléra le pas, cette pensée lui ayant donné un regain d’énergie. Elle n’avait qu’un prénom, une demie-identité (bien que déjà lourde à porter). Écrasée par l’immensité du paysage, elle se promit alors de n’être plus qu’une ombre, qu’une silhouette parcourant les contrées en quête de connaissances. La route allait être longue… tant mieux ! pensa-t-elle. Cela signifie qu’il y a d’autant plus de contrées et de cultures à découvrir. Elle destina sa promesse à son vieux professeur, resté derrière elle. Son cœur se serra en pensant à lui. Elle avait une dette immense envers le Vieux, qu’elle ne pourrait sûrement jamais repayer entièrement. Elle avait hérité de sa curiosité, de son immense soif de savoirs, et n’honorerait son héritage qu’en parcourant le monde pour en acquérir d’autres.
Lÿs fut extirpée de ses pensées à la vue d’une figure se mouvant au loin. La progression de ce voyageur était accentué par son ombre, exagérément étirée par le soleil de la mi-journée. Agacée par cette intrusion dans son champs de vision, l’Amazone garda ses distances. Sa discrétion naturelle ainsi que les habits (offerts par le Capitaine l’ayant aidé à quitter sa ville-prison) qui se confondaient parfaitement avec le décor, lui permirent de passer inaperçue. Mais Lÿs savait qu’elle n’aurait pas cet avantage éternellement, et qu’il allait bien falloir s’approcher.
Les heures passèrent, Lÿs suivant furtivement les traces de l’autre voyageur. Soudainement,  la figure fit un quart-de-tour, dévoilant des traits féminins. Apparemment lasse de son voyage, elle se dirigea au pied d’un arbre. Profitant de cette occasion, l’Amazone accéléra le pas. Elle devrait certes confronter le regard de cette étrangère, mais avec un peu de chance elle prendrait de l’avance sur elle et retrouverait le doux goût de la solitude.
Arrivée à sa hauteur, et ayant prévu de l’ignorer, elle céda pourtant à la tentation de scruter son visage. Au-dessus de ses petites lunettes rondes brillaient deux yeux verts qui lui rappelèrent, pour on ne sait quelle raison, ses propre iris.
Lÿs baissa la tête, étrangement bouleversé par ce regard. Elle réalisa qu’il n’y avait que très peu de différences entre elle et cette femme, allégorie des autres voyageurs. Tous ces êtres qu’elle répugnait ressentaient peut-être la même aversion envers elle. Ces yeux, qu’elle n’avait vu qu’une fraction de seconde, la ramenèrent à sa simple condition de vagabonde parmi des milliers d’autres. Bouleversée par cette réalisation, elle vacilla, buta contre un caillou et se rattrapa dans sa chute in extremis. Elle se tourna précipitamment vers l’inconnue, ses joues en feu de part sa maladresse, puis reprit sa marche, courant presque, pour fuir son embarras. Il n’était pas dans ses habitudes de faire preuve d’autant de gaucheries. Sa mortification s’apaisa cependant lorsqu’elle relativisa : plus jamais n’aurait-elle à confronter cette femme, qui n’était après tout qu’une figure éphémère dans sa vie, une silhouette sur une route. Elle disparaîtrait de sa vie aussi soudainement qu’elle était apparue.
C’est du moins ce qu’elle espérait.
Dim 2 Sep 2018 - 13:45
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Elise Sazem
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Elue de Nimen
Elise Sazem
Vert… Tel était l’impression que l’avait laissée cette voyageuse. Elle était arrivée tel un daim effrayé essayant de passer un torrent en furie, en avançant à pleine vitesse, tout en restant aux aguets du moindre danger, comme si ce chemin était un champ de bataille où pouvait sortir à tout moment un combattant prêt à vous sauter dessus. Tout n’était que majestuosité en la regardant. On pouvait voir la tension des muscles la travaillant pour avancer tel un terrible chasseur sa proie, à pas fourré se posant délicatement sur le sol que même la terre ne devait pas sentir son contact. Ce n’était pas la première fois qu’elle assistait à un spectacle pareil, ayant été en terre elfe où elle avait eu l’immense chance d’en croiser tout en étant encore de ce monde pour pouvoir s’en souvenir. Mais par contre, c’était bien la première fois qu’elle voyait cette attitude de puissance, d’union presque avec la nature de la part d’un humain, ou plutôt d’une humaine si elle voyait l’importance du sexe comme une condition à cela.
Cependant, l’effet de surprise fut encore plus saisissant quand la voyageuse se tourna vers elle. Elise aurait pu y voir ses cheveux d’un brun pur telle l’écorce des grands chênes pouvant pousser dans les plus anciennes forêts dépassant la vie de plusieurs générations humaines. Elle aurait pu aussi y voir un visage harmonieux, plaisant à regarder, comme si elle avait face à une statue de marbre digne des grands artistes de ce monde. Mais elle ne vit qu’une seule chose, son regard : vert comme la cime des arbres, commune mais pourtant lointaine. Celui-ci n’était que détresse, peur, curiosité et aussi une légère amertume de dégoût. Ce regarde ne dura qu’un instant, un fragment de seconde mais elle le marqua au fer rouge, comme pouvait le faire les scènes les plus poignantes d’une vie. Elle sentait au fond d’elle-même qu’elle devait faire quelque chose. Que cet instinct qu’elle ressentait, était comme un signe qu’elle devait suivre.
Après ce regard, la marcheuse continua son chemin, sans une dernière chute qu’elle arrêta d’un coup, comme si elle aussi, avait eu cette sensation de choc face à cet instant. Elise ne pouvait la laisser partir mais pourtant la voyageuse commençait déjà à marcher à vive allure comme si un feu léchait chacun de ses pas derrière elle. Encore sous le choc, Elise n’eut pas le réflexe de lui demander de l’attendre, comme si aucun son ne pouvait sortir de sa bouche. Elle patienta encore quelques secondes avant de récupérer la pleine capacité de son corps et se prit à se relever pour se remettre en marche en embarquant bien toutes ses affaires. Le temps qu’elle fasse cela, la femme se trouvait à déjà plus d’une bonne centaine de mètres devant elle et Elise ne savait pas si elle devait courir pour la rattraper et suivre son instinct ou si elle allait faire comme si rien ne s’était passé.
Elle y réfléchit quelques secondes en se mettant bien sûr en mouvement puis décida de quand même suivre son instinct, surtout qu’elle devait trouver un endroit où dormir et peut-être que cette possible compagne de route avait une idée d’où dormir cette nuit. Elle décida de se mettre à courir pour essayer de la rattraper en criant à haute voix :

- Pardon, excusez-moi, je ne vous veux pas de mal mais avez-vous une idée d’où je pourrais dormir cette nuit, dit-elle en étant coupée dans sa phrase à plusieurs moments pour reprendre son souffle dans cette course effrénée pour pouvoir la rattraper.

Elle n’espérait qu’en soi une seule chose, même si elle proféra en soi un léger mensonge se disant à la recherche d’un abri. Elle espérait trouver un compagnon, une personne avec qui parler, discuter ou même juste parler dans un silence le plus complet mais tout sauf la solitude accompagnée de cette descente en Enfer que lui offrait la moindre pensée au sujet de Nimen. Juste le fait d’y penser la rongeait de l’intérieur comme la pire des maladies et le fait de courir, de sentir le vent caressant son visage, ses poumons se remplir d’air, son métabolisme travaillant à pleine vitesse, cette poussée de chaleur sous l’effort lui faisait oublier cela. Elle voulait vivre librement… et non en cage de la pire des déesses, du pire des fléaux.
Et tout cela, n’était que le début d’une longue agonie, elle le savait. Sa vie était bien loin d’être finie mais elle refusait d’y penser, de peur de devenir folle, jusqu’à la fin des temps…
Lun 3 Sep 2018 - 14:50
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Lÿsmael
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Lÿsmael
Malgré sa course, Lÿs entendit les pas de la jeune femme la rattraper. Avant même qu’elle ne l’interpelle, l’Amazone pouvait entendre son souffle saccadé. Elle prit une inspiration exaspérée, leva les yeux au ciel avec une expression peinée. Comme chaque fois que l’on s’adressait à elle, Lÿs se remémorait tout ce que l’on pouvait remarquer de différent dans son apparence et son attitude. La petite taille de la voyageuse allait accentuer sa disproportion en comparaison aux humains, son accent étranger serait dévoilé et elle n’arriverait peut-être pas à dissimuler ses lèvres tremblantes. Lÿs serra les poings et ravala son appréhension, déterminée à avoir l’air le plus naturel possible.
- Pardon…
Lÿs ne s’arrêta pas.
- … excusez-moi, je ne vous veux pas de mal mais avez-vous une idée d’où je pourrais dormir cette nuit ?
L’Amazone perçut une forme de supplication dans sa voix, comme si elle représentait un espoir inespérée. Elle se retourna vers la femme, qui tentait de reprendre son souffle après sa course folle.
A bien y penser, Lÿs n’avait aucune idée d’où coucher ce soir-là. Absorbée par sa marche, par ses pensées d’un futur plus heureux, elle en avait oublié l’essentiel. Elle s’était à peine arrêtée de marcher depuis le levé du soleil, et ne pourrait pas continuer encore très longtemps. Elle qui aimait vagabonder sous le ciel étoilée, c’était une occasion manquée. Parfois, quand l’envie lui prenait, Lÿs se posait sur la branche d’un arbre assez grand pour ne pas qu’elle sois vu, et somnolait jusqu’au couché du soleil. La nuit, tous les sons semblent décuplés, toute lumière est salvatrice, et le vent frais rappelle irrémédiablement que l’on est vivant. Lÿs aimait marcher la nuit car les étoiles sont belles quand elles se réveillent, quand elle se mettent à briller faiblement avant d’offrir leur éclat au cœur de l’obscurité.
Mais pas ce soir. Lÿs sentait ses muscles tirer, son dos endolori lui susurrait qu’elle devait s’arrêter. Elle observa la jeune femme. Elle la surplombait d’une tête, peut-être deux, plongeant son regard digne dans ses petites lunettes opaques. Il n’y avait aucune trace de méchanceté chez cette femme, au contraire. Plutôt une bonté naturelle, une persistance à tendre la main vers autrui, quoi qu’il en coûte.
Lÿs fronça du nez. Elle ne se fiait jamais aux apparences. Elles n’étaient que rarement pures, et jamais entièrement sincères.
- Peu de choix s’offre à…
Elle s’arrêta avant d’avoir fini sa phrase. Elle avait été sur le point de dire « nous », prenant conscience au dernier moment de ce lapsus. Elle se sentait tiraillée entre son désir de solitude et la nécessité de s’accrocher à autrui. Elle avait perdu tous ceux qu’elle aimait. Le Vieux était la seule personne à qui elle avait réussi à s’ouvrir depuis son départ de la Jungle, et elle l’avait lui aussi abandonné. La solitude semblait être le prix de sa liberté.
Cependant, la question de l’autre voyageuse trahissait son désir d’échapper au silence terrifiant du délaissement. Elle avait l’air terriblement seule et Lÿs connaissait ce sentiment d’isolement. Elle refusait de laisser quiconque souffrir autant qu’elle avait souffert de ce mal. A cette pensée, sans aucune autre hésitation, elle sourit timidement.
- Peu de choix s’offrent aux voyageurs sur cette route, il semblerait. Soit marcher jusqu’à ce que l’on trouve un endroit convenable, ou s’aventurer dans les champs afin de trouver une ferme, une grange à occuper clandestinement le temps d’une nuit.
Peu importait la décision de son interlocutrice, Lÿs savait s’adapter à toute sorte de situation.  Un sentiment de curiosité vis-à-vis de cette étrangère grandissait petit à petit au sein de son esprit. Son rejet d’autrui laissait doucement place à l’envie d’étudier ce que cette femme allait faire et de comprendre les mécanismes qui la pousserait à prendre une décision. Sans même qu’elle s’en rendre compte Lÿs avait elle-même choisi une voie pour son futur. Cette femme, cette drôle et intrigante voyageuse, serait son premier objet d’étude dans la quête de la jeune Amazone à saisir le monde et trouver sa place en son sein.
Ven 7 Sep 2018 - 12:27
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Elise Sazem
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Elue de Nimen
Elise Sazem
Elise reprenait seulement son souffle après cette course effrénée pour ses capacités que sa solitude allait fondre telle neige au soleil face à cette inconnue et son accueil qui se voulait franc mais en même temps étrange. En effet, derrière son sourire crispé, on put y lire de la sincérité et une volonté de bien faire même si la méthode n’était pas acquise. Et cela fit tel l’effet d’un baume sur une brûlure à l’élue divine. Elle voyait en cette personne peut-être un espoir court et éphémère de fuir cette solitude qui allait l’accueillir et devenir son nouveau compagnon de route pendant cette vie de cauchemar face à Nimen. En effet, même si elles croisaient des voyageurs, des nouveaux choix, de nouvelles possibilités, rien ni personne ne pourrait comprendre son mal-être et encore moins le soigner. Cela revenait à un combat éternel sans possibilité de victoire et comme seul récompense le bracelet de Szaya Meïn pour lui rappeler sa condition.
Seulement, elle devait profiter des petits instants que la vie lui offrait et les vivre mille fois pour rattraper tous ses instants perdus par Nimen. C’est pourquoi elle vit dans cette inconnue qu’elle venait seulement de croiser comme un espoir, une bouffée d’air dans cet immense océan.

- Peu de choix s’offrent aux voyageurs sur cette route, il semblerait. Soit marcher jusqu’à ce que l’on trouve un endroit convenable, ou s’aventurer dans les champs afin de trouver une ferme, une grange à occuper clandestinement le temps d’une nuit.

Elle respirait d’un bonheur simple et pur une bouffée d’air faisant l’effet du printemps aux plantes ayant traversée la rigueur de l’hiver. Elle eut presque envie d’en rire tellement que c’était stupide cette manière de s’émerveiller pour un rien. C’est pourquoi elle sourit juste de manière sincère et joyeuse.

- Rien n’oblige d’être clandestin sur de tel lieu. Il faut juste savoir se faire accueillir par les habitants qui sont bien souvent bienveillants si on sait se montrer convaincant. Je peux te montrer si tu le désires.

Les mots lui glissèrent de la bouche et se lâchèrent comme si son écluse s’était ouverte. Des mots adressés à quelqu’un d’autre qu’elle-même.  Cela lui fit tellement du bien de parler sans penser au futur, ni au passé, de juste vivre dans l’instant présent en espérant qu’il dure éternellement. Et c’est ainsi que la conversation continua sur tel ou tel sujet venant de leur expérience de voyage. Et même si cette femme paraissait distante, gênée et tout autant perdue qu’Elise, elle sentit ses efforts mais fit pourtant comme si cette situation ambigüe n’existait pas.

C’est quand elles arrivèrent non loin d’une ferme après deux bonnes heures de marche qui donnaient l’impression seulement de quelques secondes pour Elise qu’elle réfléchit qu’elle ne connaissait même pas le nom de la personne devant elle.

- Je viens d’y réfléchir. Nous ne nous sommes même pas présentées. Je me nomme Elise. Elise Sazem pour être précis.

Elle se demandait quand même pourquoi cette question de la présentation ne fut pas abordée lors de cette longue discussion mais aucune raison ne lui vint de manière convaincante qu’un oubli sans réel importance. Rien de bien grave pour elle et cette inconnue qui ne le serait bientôt plus quand elle connaitrait enfin son nom.
Après cela, elles n’auraient plus qu’à se diriger vers cette ferme et y trouver un endroit pour dormir pour se reposer de cette longue journée, lui laissant la saveur du printemps sur sa vie : un goût doux de renouveau et de commencement d’un cycle.
Lun 10 Sep 2018 - 14:36
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Lÿsmael
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Lÿsmael
Le visage de la jeune femme s’illumina. Les mots de Lÿs semblaient étrangement la rassurer, ou bien l’extraire d’une solitude dans laquelle elle était enfermée. Ses yeux pétillants mirent presque l’Amazone mal à l’aise, mais celle-ci se détendit en entendant la remarque malicieuse de son interlocutrice :
- Rien n’oblige d’être clandestin sur de tel lieu. Il faut juste savoir se faire accueillir par les habitants qui sont bien souvent bienveillants si on sait se montrer convaincant. Je peux te montrer si tu le désires.

La maladresse de Lÿs la fit rougir : une fois de plus, elle venait d’exposer son manque total de sociabilité. Cependant le sourire de l’étrangère avait quelque chose de rassurant, qui réchauffait presque son cœur de pierre. On pouvait y lire un puissant désir d’aider, ainsi qu’un besoin de se libérer des jougs de la solitude.

Les deux femmes poursuivirent leur chemin ensemble, gardant un œil ouvert. La nuit commençait à tomber, et il ferait bientôt noir. Petit à petit, la langue de la jeune Amazone se dénoua. Malgré des difficultés persistantes à adopter une attitude normale, Lÿs appréciait étrangement la compagnie en laquelle elle se trouvait. Depuis l’instant même où Lÿs lui avait adressée la parole, elle avait dégagé une fraîcheur que l’Amazone n’avait jamais eu l’occasion d’observer. En effet, durant ses années au sein des Hommes, elle avait eu largement l’occasion d’observer leur puanteur et leur brutalité, mais rarement s’était-elle trouvée en présence d’un être aussi délicat que cette femme. A quelques exceptions près, elle n’avait jamais été aussi fascinée par un être humain de sa vie. A bien y penser, elle n’avait jamais vu un être tel que celui-ci avant. Elle dégageait une puissance phénoménale, et il n’était pas difficile de percevoir sa force de caractère. Lÿs savait être tombée sur l’une des personnes les plus intéressantes qui lui serait donné de rencontrer. Mais il était encore trop tôt pour comprendre d’où venait cette étrange fascination.

- Je viens d’y réfléchir. Nous ne nous sommes même pas présentées. Je me nomme Elise. Elise Sazem pour être précis.

Lÿs avait en vérité tenté d’éviter le sujet. Son identité lui semblait si floue, si futile aussi. Elle se résolut tout de même à dévoiler son prénom, mais apercevant une masure au loin, elle changea de sujet presque immédiatement.
- Il semblerait que nous n’aurons pas besoin de dormir dehors ce soir.

Les deux femmes s’aventurèrent plus proche de la ferme, dont la silhouette sombre se dessinait contre le ciel bleu sombre. Lÿs laissa la dénommée Elise s’approcher en première. Telle une enfant obstinée à ne parler à personne, elle resta en retrait, mais avant même qu’elles n’aient pu s’approcher, la porte de la ferme s’ouvrit, dévoilant la figure d’un fermier au regard menaçant. Immédiatement sur la défensive, Lÿs s’apprêta à tourner les talons. Elle n’était, de toute évidence, pas la bienvenue ici. Sans chercher à comprendre la raison de cette malveillance, elle la justifia par l’animosité qu’elle connaissait à l’encontre de son peuple. Elle eut pourtant à peine le temps de faire un mouvement de recule qu’Elise et le fermier échangèrent quelques mots, et Lÿs se retrouva dans une grange assez spacieuse pour les accueillir pour la nuit. Le regard méfiant du fermier semblait pourtant lui coller à la peau. Lÿs ne parvint pas à se sentir à l’aise, comme si une menace invisible planait au dessus de sa tête. Elle soupira. Si sa paranoïa l’empêchait de dormir dans un endroit aussi isolé et désert que celui-ci, comment survivrait-elle dans une ville aussi massive que Kelvin ? Elle avait encore un long chemin à faire, aussi bien littéralement que figurativement. Une peur naissante se développait en elle malgré sa motivation : que se passerait-il si elle n’arrivait pas à surmonter son appréhension, si elle se heurtait sans cesse au regard d’autrui ? Et si elle ne parvenait jamais à trouver sa place dans le monde ?
Ven 28 Sep 2018 - 23:41
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Elise Sazem
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Elise Sazem
Après une courte discussion avec le fermier, où celle-ci se présentait en tant qu’Elise Sazem, médecin itinérante, elle réussit à obtenir un lieu de logis pour elles-deux, lors de cette nuit. En effet, l’homme, même si fort méfiant en voyant des inconnues arriver si tard, changea bien vite d’avis et leur proposa gentiment le logement dans la grange. En échange, Elise lui proposa de s’occuper de sa famille avec ses maigres talents. Elle le proposa par pure générosité, même si elle doutait fortement d’être bien utile. Si aucun mal n’était à signaler, ses compétences ne servaient en aucun cas. Le fermier accepta et lui proposa de s’occuper de cela, après le repas du soir qu’il serait bien heureux de partager avec les deux voyageuses en échange de quelques nouvelles du grand monde. Ce que bien sûr, sans hésiter un instant et sans se concerter avec sa compagne, elle opina. Pas à un seul instant elle ne pensa mal faire et que cela ne déplairait à l’autre voyageuse. Elle cessa donc d’y penser et se dit qu’elle lui ferait part de cette décision une fois installée.
A la suite des quelques indications de la part du fermier pour se repérer dans la ferme et trouver la grange, Elise prit son chemin en faisant signe de la suivre à l’autre femme, sur lequel aucun nom ne planait encore sur son visage. Elle traversa la basse cour de la ferme où se trouvait quelques volailles, en grande majorité des poules selon la logique qu’elle appliquait. Mais cela n’était qu’hypothèse car cela faisait déjà un moment qu’elles étaient rentrées pour dormir, poussées un peu de la part des habitants de la ferme. Cela créa une sorte de malaise d’entendre un lieu qu’elle voyait comme majoritairement bruyant, être aussi calme. En effet, à part les quelques bruits de la nature, aucun ne se faisait entendre, et le soleil éclairait pour encore quelques instants de ces derniers rayons, le chemin qu’elle devait suivre pour arriver à la grange. Cela leur prit quelques minutes le temps d’y arriver. La bâtisse était aussi bien calme. En effet, à cette période de l’année, rare était les fermiers à rentrer leur bête en étable et à part le foin en train de sécher des bonnes périodes de la saison, tout était vide. Elle n’eut donc aucun mal à se trouver une petite place confortable sur la paille. Elle y déposa son sac, y sortit une partie de son matériel classique pour sa consultation d’après le repas et ensuite y sortit les quelques affaires qu’elle avait besoin pour dormir comme une couverture qu’elle utilisait en toute période de l’année : un confort qu’elle se permettait et aussi une de ses dernières habitudes de sa vie sédentaire. Une fois tout qu’elle termina tous ses petits préparatifs, elle lâcha sans réfléchir :

- Le fermier nous propose de venir manger chez lui ce soir. J’ai accepté pour nous deux comme je me suis dit que tu n’avais sûrement pas de meilleurs plans pour le repas. Puis ils doivent sûrement avoir besoin d’aide pour le préparer. Je vais donc me proposer de le faire, mais tu n’es pas obligé de venir. Je viendrais te chercher, si tu n’es pas encore arrivé, au moment du repas.

Ensuite elle partit en direction de la salle de vie de la ferme, avec son matériel, où elle allait se proposer à aider pour le repas et bien sûr, cette aide fut acceptée. C’est ainsi qu’Elise, en dédommagement pour le repas et le logement, elle aida à la cuisine, à des tâches non trop complexes comme l’épluchage par exemple des quelques pommes de terre, tout en parlant des dernières nouvelles et autres racontars qu’elle avait appris lors de ces nombreux voyages. Bien sûr, la majorité était dépassé et bien peu était réellement croustillant. En effet, Elise vivait plus seul, par peur et par habitude, qu’en groupe pour ces voyages. D’ailleurs cette peur la possédait en ce moment-même, car elle se demandait si elle ne prenait pas un risque avec cette voyageuse et cette famille, en leur parlant et vivant avec eux, même si cela était de courte durée. Il lui faudrait évidemment qu’elle réfléchisse à si elle prenait le risque de continuer un jour de voyage de plus avec cette inconnue. Non pas qu’elle ne l’aimait pas mais elle était un risque énorme pour toute personne la croissant, et elle en avait peur. Et c’est sur cette interrogation qu’elle termina d’aider à préparer le repas, qui fût presque prêt.
Mar 2 Oct 2018 - 17:54
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Lÿsmael
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Lÿsmael
Lÿs s’affala sur un petit tas de paille qui lui servirait de lit pour la nuit. Elle s’assit en tailleur et observa l’autre voyageur s’installer. Son aisance dans un lieu aussi peu familier l’étonnait. Quant à elle, elle n’avait plus qu’à attendre que la nuit passe. Elle n’avait presque rien, qu’une besace où elle gardait les quelques sous qu’elle possédait. Néanmoins, Lÿs se sentait apaisée : un silence presque absolu régnait sur la ferme, que seuls les bruits de la nature venaient briser. Tous les sons semblaient étouffés par les ombres de la nuit. L’Amazone savait son ouïe décuplée lorsque sa vision était amoindrie, et elle savourait chaque instant où elle se sentait proche de la Nature.
Sa plénitude fut cependant rompue par la voix, pourtant douce, d’Elise :

- Le fermier nous propose de venir manger chez lui ce soir. J’ai accepté pour nous deux comme je me suis dit que tu n’avais sûrement pas de meilleurs plans pour le repas. Puis ils doivent sûrement avoir besoin d’aide pour le préparer. Je vais donc me proposer de le faire, mais tu n’es pas obligé de venir. Je viendrais te chercher, si tu n’es pas encore arrivé, au moment du repas.

Sans attendre de réponse, elle quitta la grange, laissant Lÿs derrière elle. Cette dernière observa sa silhouette se diriger vers l’autre masure. Elle ne s’était posée qu’un instant, à peine de quoi se remettre des longues heures de marche qu’elle avait effectuées. Aux yeux de Lÿs, elle paraissait toujours en mouvement. Cette femme se mouvait dans le monde constamment. Comme elle, elle voyageait dans le monde entier – peut-être pour y trouver sa place aussi, ou peut-être était-elle à la recherche de quelque chose de plus précis ? Ou bien fuyait-elle ? Tant de questions restaient sans réponses, mais Lÿs avait la certitude qu’Elise ne traversait pas les régions sans raison. Sa manière de toujours avoir l’air occupée, même lorsqu’elle ne faisait rien, trahissait des préoccupations dont elle n’arrivait pas à se détacher.

Après s’être reposée quelques minutes ou peut-être une heure, le temps s’étant écoulé bien vite lorsque plongée dans ses pensées, Lÿs se décida à rejoindre l’autre voyageur et ses hôtes. Elle se glissa hors de la grange telle une ombre puis rejoint discrètement la salle où tous étaient affairés. Elise finissait de découper une pile de légumes, les yeux rivés sur son couteau. Elle avait une dextérité impressionnante, tranchant avec une précision exemplaire tout ce qui lui passait sous le nez. Ses traits étaient tirés, sa mâchoire serrée. Elle termina la tâche qui lui avait été donnée sans remarquer le présence de Lÿs, qui restait dissimulée dans l’ombre, sans un bruit.
Le fermier fit remarquer le repas était bientôt prêt. Lÿs fit un pas en avant, délibérément moins discret que les autres et émit un sourire forcé envers ses hôtes. Elle s’excusa auprès d’eux pour ne pas avoir participé à la concoction du dîner, ses talents culinaires moindres n’étant pas très utiles.
_ Puis-je au moins vous aider à mettre la table ? demanda-t-elle timidement.

L’accueil des habitants de la ferme fut cordial. Malgré son quasi mutisme, Lÿs se vit obligée d’admettre qu’elle apprécia leur compagnie pour la soirée, malgré les quelques regards interloqués lancés par les plus jeune membres de cette famille. Lÿs avait rarement côtoyé des enfants, et ne sachant pas quel comportement adopter, elle se tint tendue sur sa chaise, anxieuse à l’idée de faire un faux pas. Elle n’aurait su dire si elle rêvait ou non, mais elle avait parfois l’impression de voir un sourire moqueur se dessiner sur les lèvres d’Elise. L’attitude de sa nouvelle compagne de voyage, cependant, la surprit d’autant plus. Cette femme, qui semblait si seule, paraîssait pourtant connaître parfaitement bien les codes sociaux. La tension que Lÿs avait perçu sur son visage plus tôt n’avait pas entièrement disparu, mais elle agissait pourtant avec une certaine aisance. Elle répondait aux questions du fermier du mieux qu’elle pouvait, ayant été en contact avec le monde extérieur bien plus que Lÿs. L’Amazone écoutait d’une oreille attentive les récits de la jeune femme, en espérant en apprendre le plus possible avant d’atteindre Kelvin. Le voyage jusqu’à la ville était encore long, mais son appréhension grandissait à une vitesse ahurissante. Elle n’avait toujours pas la moindre idée de ce qu’elle ferait une fois arrivée. En dehors de Ram, elle ne connaissait qu’une seule personne, et ne savait ni où il était, ni comment le contacter en cas de besoin. Lÿs tentait tant bien que mal de se rassurer, de se répéter qu’elle n’avait besoin de personne, mais il était évident qu’elle était loin d’être tranquille à l’idée d’être seule et sans but dans l’une des plus grandes villes du royaume. Elle savoura donc son repas, et la nuit qui suivit, certaine qu’elle ne serait probablement pas aussi chanceuse et en sécurité avant un long moment.
Ven 12 Oct 2018 - 0:16
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Elise Sazem
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Elise Sazem
Le matin se leva sur la ferme et avec elle, les oiseaux et autres bêtes de la ferme, réveillant en cœur dissonant Elise. Elle avait passé une bonne soirée en compagnie des habitants de la ferme, où comme elle l’avait promis après le repas, elle avait bien sûre offert ses services. Et comme elle s’en doutait bien, cela ne servit à rien, à son plus grand soulagement, mais le geste était plus important que le résultat, comme bien souvent lors de ce genre d’échange de service. Cela était comme un code social assez connu qu’il est conseillé d’héberger les voyageurs proposant leur service que le contraire. Mais cela n’était qu’un petit détail car elle avait bien plus payé le repas en information sur le monde que par un autre moyen. Et même l’inconnue, à qui elle ne mettait toujours pas de nom, l’ayant aussi caché pendant le repas, avait participé à ce prix.
C’est donc sur ces souvenirs de cette bonne soirée, qu’elle se réveilla en cherchant ses lunettes. En soi, elle pouvait voir sans celle-ci mais elle lui était comme une seconde nature tout autant qu’un confort. En effet, celle-ci était comme une genre de carapace servant parfois à cacher son regard aux autres. C’était d’ailleurs une des raisons de leur teinte.
Une fois enfilée, elle se leva et se prépara, et remarqua qu’elle était la seule des deux à encore dormir il y a peu. Elle était en effet la seule personne pensante dans la grange. Et croyant donc ainsi que l’autre l’attendait, à qui elle désirait fortement mettre un nom, elle prépara ses affaires en toute hâte et prépara son sac. Ensuite elle alla à la ferme où les habitants ne disaient ne pas avoir vu sa compagne et lui offrirent un rapide déjeuner qu’elle avala à toute vitesse, croyant alors au départ de sa complice. Elle prit à peine le temps de l’avaler, sans presque avoir manqué de s’étouffer plusieurs fois, qu’elle adressa de chaleureux remerciements et adieux aux habitants de la ferme.
Et c’est donc ainsi qu’elle partit sur la route en direction de Kelvin, espérant rattraper sa complice en route en accélérant le pas. Elle marcha pendant vingt bonnes minutes sans croiser une âme qui vive sur la route, jusqu’à que des fourres au bord de la route, où la végétation dominaient largement, sa compagne apparut sans faire un bruit, sauf à la fin. Cela fit sursauter Elise pensant à une attaque, pour ensuite la reconnaître.

- Tu aurais pu m’attendre pour partir, déclama Elise, encore sous le choc.

Seulement, l’inconnue lui expliqua qu’Elise était partie avant elle de la ferme, et que celle-ci avait attendu son réveil en faisant un tour et qu’en remarquant son départ, elle avait dû tout faire pour la rattraper. D’ailleurs Elise se demandait bien pourquoi celle-ci avait cela, car elle avait l’impression que sa présence pour celle-ci, était de trop. Cela lui posa donc une nouvelle interrogation en plus de son nom. Seulement cette fois-ci elle n’esquiverait pas le sujet et l’imposerait jusqu’à la fin sans lui laisser d’échappatoire. Elle ne pouvait pas voyager avec quelqu’un à qui elle ne pouvait mettre comme nom que l’inconnue. Et c’est donc ainsi après quelques excuses sur le fait qu’elle pensait que l’inconnue était partie avant elle et qu’elle avait essayé de la rattraper, qu’elle aborda le sujet.

- Pas que ta présence me dérange, mais il n’est pas pratique de voyager avec quelqu’un avec qui je ne connais même pas le nom. J’ai accepté hier que tu le caches mais si on continue à voyager ensemble, je pense pouvoir avoir mention de ton nom. Je ne risque pas de te tuer avec celui-ci, dit-elle à la fin pour dédramatiser le sujet par une pointe d’humour non très fin.
Mar 16 Oct 2018 - 17:13
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Lÿsmael
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Le Prix de la Réalité
Lÿsmael
Lys se réveilla quelques minutes avant que le soleil ne se lève. Il faisait encore sombre, mais doucement, le ciel s’éclaircissait et prenait une teinte rosâtre. Sentant son sommeil définitivement évaporé, la jeune femme se décida à quitter la grange en attendant qu’Elise se réveille et soit prête à partir. Peut-être irait elle remercier une dernière fois les fermiers pour leur accueil, ou peut-être laisserait-elle l’autre voyageure s’en charger. Son esprit était encore embrumé par la torpeur qu’elle venait de quitter, elle n’arrivait pas bien à mettre ses idées au clair. Rien de mieux qu’une balade matinale pour vider sa tête et bien commencer la journée. Elle attrapa sa cape et son sac, vacilla jusqu’à la porte de la grange en baillant, et se faufila dehors.
Elle semblait être la seule à être réveillée à des kilomètres à la ronde. Elle n’entendait pas un bête, pas un ronflement. Rien. Juste le léger bruit des feuilles caressées par la brise matinale. Lÿs se sentait bien. Son cerveau était encore trop lourd pour qu’il ne lui rappelle ses problèmes du quotidien : ses angoisses, l’éventualité d’être traquée par les autorités de Ram, la perspective d’arriver dans une grande ville. Rien de tout cela ne lui était encore venu à l’esprit.
Prenant uniquement conscience de la chance qu’elle avait de ne pas être troublée par un autre lève-tôt, elle initia sa balade en traversant un champ de blé. Sa grande taille lui permettait de voir l’impressionnant étendu de cultures du fermier. L’esprit ailleurs, elle poursuivit sa marche sans prêter attention au soleil qui grimpait doucement l’horizon bleue. Il faut dire qu’elle se sentait bien Lÿs, au milieu des longues tiges jaunes qui lui chatouillaient les mains.

Encore couvertes de rosée du matin, leur fraîcheur extirpait petit à petit l’Amazone de sa somnolence, avant que celle-ci ne réalise soudainement que l’heure tournait, et qu’Elise était sûrement déjà debout et prête à lever l’ancre. Se figeant un instant pour se maudire une demie-douzaine de fois, elle tourna les talons à toute vitesse. Le champ de blé lui semblait brutalement moins apaisant, les hautes plantes la griffant et l'empêchant de courir comme elle le souhaitait. De plus, c’était tout de même la moindre des choses de ne pas écraser les plantations du fermier qui les avait si bien nourrit le soir d’avant. Lÿs continua de maugréer des insultes inaudibles jusqu’à arriver à leur gîte temporaire. Elle y jeta un coup d’œil aussi rapide qu’irritant et poursuivit sa course, saluant d’un grand signe de la main le fermier enfin réveillé en guise d’au revoir. Devinant que le rousse avait prit la route vers la ville, elle décida de couper par de nouveaux champs. Quitte à pourrir son pantalon, autant le faire jusqu’au bout.
Au bout de quelques instants, elle aperçut enfin une figure se dessiner à l’horizon. N’arrivant pas à discerner avec précision ses contours, Lÿs se baissa jusqu’à ce qu’elle soit entièrement dissimuler par les herbes. Avec précaution, elle s’approcha de la silhouette mais reconnaissant la demoiselle, elle abandonna sa furtivité et s’empressa de la rejoindre. Ses reproches étant justifiés, l’Amazone expliqua succinctement ce qu’il s’était passé, omettant délibérément sa négligence de l'heure.

- Allons-y ? demanda-t-elle quand elle eut finit son récit.

Enjambant le talus sur lequel elle se tenait encore, elle fit quelques pas décidés avant de remarquer que la belle rouquine ne la suivait pas. Elle ne se retourna pas quand la petite femme à lunettes lui demanda une nouvelle fois son identité, d’un ton bien plus inquisiteur que la fois précédente. Lÿs se mordit la lèvre inférieure. Elle n’avait aucune idée de la véritable raison qui la poussait à garder son prénom sous silence. Mais de manière inexpliquée, le dévoiler sonnait comme une trahison. Elle avait raison, la jolie humaine, son prénom n’était pas une arme. Mais il était une parcelle de l’identité qu’elle se cherchait. Il était à la fois dissonant et profondément ancré en elle.
Cette fois, elle savait qu’elle n’avait plus le choix. Les yeux rivés sur le sol poussiéreux, elle prit une inspiration.

- Lÿsmael.

Pas Lÿs. Non, pas question.
Lÿsmael, le nom que sa mère et ses sœurs lui avaient donné à sa naissance. Elle le répétait ce jour-là comme on nomme une nouvelle-née. Une renaissance, en somme, et le commencement d’une route vers sa véritable identité. Une route longue et tortueuse sur laquelle elle allait trébucher à de nombreuses reprises. Son cœur était serré, sa gorge sèche et nouée. Il lui avait été difficile de prononcer ce mot unique. Il n’avait été qu’un soufflement, qu’un murmure probablement emporté par le vent. Lÿsmael releva la tête et se retourna vers Elise. Elle dégagea d’un mouvement rapide de la main les cheveux emmêlés mais éternellement beaux qui recouvrait ses yeux, et plongea ces derniers dans le regard vif de son interlocutrice.

_ Lÿsmael, répéta-t-elle d’un ton ferme.

Sa voix s’était durcie. Elle n’aimait définitivement pas parler d’elle. Sans plus attendre, elle réajusta son sac, fit volte-face en lançant :
- Maintenant allons-y.

Elle n’attendit pas plus longtemps, à la fois embarrassée, pressée et en colère. Pour quelle raison ? Elle ne le savait pas trop elle-même. Une chose était sûre, elle refusait de traîner plus longtemps alors qu’il leur restait tant de pas à faire avant d’atteindre Kelvin. Le chemin paraissait interminable, et le silence qui suivit cette courte conversation ne le rendit pas plus agréable. Au moins, elles économisaient leur souffle, relativisa Lÿsmael. Mais elle avait conscience qu’elle avait été dure. Elle n’en savait rien Elise, de cette foutue crise existentielle à deux piécettes. Elle soupira.

- Vous savez combien de temps il nous faudra pour atteindre Kelvin ?
Elle esquissa un sourire maladroit, en espérant que ce soit suffisant pour détendre l’atmosphère.
Elle sentait que le voyage allait encore être long...
Dim 25 Nov 2018 - 22:53
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Elise Sazem
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Elue de Nimen
Elise Sazem
Tout cela était bien étrange dans cette manière de cacher son nom et de ne pas vouloir le révéler même si elle devait avoir ses propres raisons, même si Lysmaël avait ses raisons. C’était d’ailleurs un bien jolie prénom et cela ne valait pas la peine de le cacher. Mais Elise s’empêcha de le dire, voulant éviter les problèmes et aussi la gêne créée par cette possible remarque. Elle préféra donc se taire sur ces manières et fit comme si de rien n’était. Cela ne la dérangeait en aucun point. Elle est peut-être curieuse mais non envahissante. Elle savait que tout le monde pouvait avoir un terrible calvaire, et elle était bien placée pour cela : elle, la maudite de Nimen. Et le silence après cette discussion dura jusqu’à que Lysmäel prenne elle-même l’initiative de tuer ce blanc dans l’œuf.
D’un sourire, quoi qu’un peu crispé et légèrement forcé, elle demanda le temps d’arrivée vers Kelvin. Seulement, elle n’en avait aucune idée. C’était la première fois qu’elle voyageait dans ce royaume, comme la majorité des voyages. Elle ne restait jamais longtemps dans les mêmes endroits, pour ne pas avoir le temps de s’y attacher, d’y prendre ses marques. Elle répondit donc négativement à la question n’en sachant plus que sa compagne, exceptée qu’elle avait tout son temps pour ce voyage, car le sien s’était arrêtée.
Seulement pour éviter de relaisser prendre cette distance entre elles-deux, elle relança directement une conversation où comme bien souvent, elle parlait bien plus que sa comparse mais cela ne la dérangerait en aucun point. Tant que celle-ci était plus à l’aise, cela lui suffit. Elle parla donc ainsi de sa vie, passant de son apprentissage de la médecine à ses voyages parmi diverses royaumes dont la Grande Forêt. Elle ne racontait pas toujours tout en détail, sauf quand Lysmaël avait l’air plus intéressée par le sujet. Elle ne cacha rien sauf une seule chose : sa rencontre avec la déesse et l’existence de la malpeur. Elle inventa d’ailleurs facilement une autre excuse plus ou moins similaire à base d’un mal inconnu pour expliquer sa rencontre avec le nain Bluck.
Celui-ci lui manquait d’ailleurs un peu derrière sa rusticité et sa brutalité mais aussi sa simplicité. Cela était une qualité bien rare pour les personnes souvent intellectuelles ou du voyage. A force d’avoir trop vu, trop vécu, de connaitre énormément de choses, il en devient difficile de profiter d’un simple instant, bien souvent banal mais non moins plaisant : une simple discussion avec quelqu’un de sa famille ou un ami, le plaisir d’un travail manuel fini ou encore même le plaisir d’un paysage commun et familier. Et plus elle vivrait, plus elle se dit qu’elle se détacherait de cela. Que deviendrait-elle ? Un être sans attache, distant et sûrement sans objectif. Était cela qu’elle avait rêvé réaliser il y a presque plus de dix ans en partant sur les routes ? Elle n’en savait rien. Mais elle ferait tout pour essayer de rester le plus humain possible. C’était tout ce qu’elle pouvait faire. Elle ne put d’ailleurs s’empêcher de verser une larme quand elle parla de Julie Moyel, prêtresse d’Atye et la personne qu’elle considérait le plus comme une mère pour elle. Peut-être était ce un signe qu’il y avait de l’espoir quant à son humanité ?

Et la discussion dura encore bien longtemps et aucun voyageur ne se montrait non plus sur la route. Elles avaient seulement rencontré quelques paysans se montrant de plus en plus nombreux plus ils avançaient vers Kelvin, à qui Elise avait demandé si Kelvin était encore bien loin. Selon leurs indications, ils se trouvaient encore à deux bons jours de marches de la ville. Mais cela n’était en aucun cas un problème vu la distance qu’elles avalaient toutes les deux en une seule journée.
Le soleil d’ailleurs commençait à nouveau à descendre dans le ciel et la même question se posait encore : où dormir ? Elles passèrent toutes les deux devant une clairière dans un bosquet assez calme un peu au loin mais Elise était sûre qu’en avançant, elles trouveraient encore une ferme pour dormir. Pourtant elle ne voulait pas imposer son choix à sa compagne. Elle lui demanda donc.

- Il y a là-bas une clairière assez calme là-bas, dit-elle en la montrant du doigt. Seulement nous pouvons aussi continuer et trouver une ferme si tu préfères. J’avoue que je n’ai pas réellement de préférence, tant que la nuit est bonne, rajouta t’elle en mentant un peu car dans le fond, elle préférait quand même une nuit entre quatre murs.
Jeu 29 Nov 2018 - 15:06
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