Shiumei entra dans la salle, et aussi dans la danse. Elle était satisfaite de son petit jeu sur lequel elle avait mené son compagnon, Sire Tobias et le dénommée Sire Arlequin, l'un des derniers vestiges de l'époque de son père. Elle s'avança donc vers les deux parties, avec l'objectif de les arrêter. Elle ne voulait pas ramasser les ossements de ses deux alliés. Cela serait tellement dommage de les perdre. Surtout qu'elle avait d'autres plans en tête.
- Rangez cette lumière Sire Arlequin. Vous n'avez point besoin d'éclairer les tâches de sang ayant décoré ce manoir.
Mais il ne réagit point à cette remarque piquante, marquée par un certain humour, comme elle aimait parfois le montrer. Il continua donc son rite en psalmodiant, main tendu avec sa relique, et les yeux chatoyant comme si 1000 bûchers brûlait des impies. Une scène pouvant presque inspiré une grande oeuvre de la peinture. Mais le temps n'était pas à l'art, même si la mort en était un, d'une certaine manière.
Alors elle s'approcha encore, pour être à portée de l'Arlequin prêtre, tandis que la magie Draken était prête à lâcher un démon dont le comté se souviendrait si il n'était point maitrisé. Elle lui remit les idées au clair d'une baffe, non douloureuse mais ayant pour but de provoquer la honte de la personne ciblée. N'était-elle pas la comtesse à qui il devait obéir.
- Soit je vous tue sur l'instant, soit vous rangez votre lumière, sire Arlequin. Je ne me répéterais pas.
Il tomba à genoux, face à l'impact, la bouche ouverte et à bout de souffle. Il enveloppa ensuite la croix à l'intérieur de la paume de sa main, cachant cette immonde lumière. Il sembla ensuite s'apercevoir ce qui se passait autour de lui et la personne l'ayant remis les idées en place. Il rangea alors son talisman sous sa chemise tandis que Sire Tobias rangea sa dague de la gorge de l'un des lycans qu'il envoya plus loin, d'un coup violent mais non dangereux, n'ayant sûrement aucun respect pour ses créatures. Ce que je pouvais comprendre, mais nous aurions sûrement besoin d'elle dans un futur proche.
- C'était d'un amusement. Dommage que j'ai du vous interrompre à cause de votre dernière prouesse. L'exorcisme n'est pas une pratique que je supporte par dessus tout.
- Je vous ai déplu, Madame la Comtesse ? dit-il d'un air peiné.
- Vous avez été parfait mais le spectacle est fini pour aujourd'hui. Je ne désirais pas que cela soit votre dernier, ni le dernier du cher Tobias.
Il répondit alors d'une révérence tout en mettant un genou à terre, devant Shiumei qui le regardait de haut, telle une reine face à l'un de ses sujets.
- Vos désirs me commandent.
La scène avait l'air d'amuser Sire Tobias si on se fixait au sourire en coin qui se lisait.
- Sauf si vous avez quelque chose à dire Sire Arlequin. Vous pouvez prendre quartier et profitez des joies du domaine pour vous, et votre troupe.
Il fixait le cadavre de Masque, tombé au combat contre Tobias, ayant sali le manoir par son sang.
- Ma troupe, Madame la Comtesse, semble se trouver réduite après ce dernier numéro.
- Vous aurez tout le temps de lui trouver un remplaçant. Si il est mort, c'est qu'il avait une raison.
- Votre père, Monsieur le Comte, m'aurait dit la même chose.
Il se releva et se retira une fois les lycans remis en cage, avec le reste de sa troupe. Plus le temps passait, plus il le voyait comme l'ancien comte. Mais elle n'était pas Alden, ancien comte de Galaz'ar, se cachant du pouvoir en place d'Oro. Elle était Shiumei Rokeinawa, comtesse de Galaz'ar, et Oro bientôt s'en souviendrait.
- J'aurais cru que vous auriez plus facile, Draken.
- J'aurai cru moi aussi. Mais ça ne peut être que bénéfique qu'il soit plus puissant que prévu. Et puis ça reste un prêtre de Fylion
- Cela sera bénéfique. Je vous laisse Draken. La nuit m'aurait déjà pris dans ses bras si j'étais encore humaine...
Et c'est ainsi qu'elle partit vers sa chambre, ayant goûté suffisamment à la scène.
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Deux jours étaient passés depuis les événements, et peu de choses avaient bougés dans le manoir, pourtant le jeu avançait. Une lettre traînait sur le bureau de Shiumei avec un sceau de la royauté d'Oro. Cela n'était pas au goût de Shiumei mais elle n'avait pas le choix. Elle n'était pas la seule joueuse sur l'échiquier mais elle était seule de son côté. Mais une idée lui rodait dans la tête, une merveilleuse idée, un coup de poker que personne ne verrait venir. Sacrifier sa reine pour rajouter un joueur dans la partie. C'était un parie risqué mais non dénudé d'intérêt. Et elle pouvait être même plus que gagnante à long terme. La famille Galaz'ar ne comptait qu'elle comme représentant. Elle fit donc appel à Sire Tobias pour lui faire part de la nouvelle, et surtout de son idée.
Il tarda pas à venir, comme à l'habitude, à attendre derrière la porte après qu'un serviteur est fait appel de sa présence. Elle l'invita à rentrer sans perdre son temps.
- Draken, vous pouvez entrer. Nous avons à discuter de sujets très importants.
Il rentra et veilla à bien fermer la porte. Les murs pouvaient toujours avoir des oreilles. Il s'assit ensuite, et était tout ouie à la comtesse.
- Et quelles sont les sujets?
- N'avez vous jamais pensé à vous munir d'un grand nom? A voir plus loin que vous même?
Elle ne passerait pas par 4 chemins pour exprimer son idée même si elle le disait pas clairement. L'invitation devait garder une certaine subtilité, pour ne pas ressembler à un appel à l'aide. Et ce n'était point cela. Mais avec le refus, elle n'allait pas perdre mais elle se mettait dans une meilleure position avec ce point.
- Expliquez vous.
- N'avez vous jamais pensé à rejoindre le monde des puissants? A rejoindre un jeu palpitant où chaque famille se doit de prendre le pouvoir? Pas en tant que pion mais en tant que joueur.
- J'avoue ne jamais avoir réellement réfléchi a la question. Mais ce monde doit apporter bien des distractions alors pourquoi pas.
- Je ne suis que l'unique représentant de la famille Galaz'ar. Je possède un titre pouvant inspirer la crainte, je possède des alliés, je possède des richesses. Mais je ne possède aucun égale, portant les intérêts Galaz'ar. Nous savons tous les deux que nous sommes égaux même si nous donnons l'impression du contraire pour les autres. Mais ne rêveriez-vous pas de faire parti d'une cause, ayant de l'importance.
- Qu'est ce que vous me proposez? dit-il avec un air intéressé qui se lisait tant dans sa voix que dans ses yeux.
Elle avait parfaitement réussi son goût. Elle pensait avoir compris comment marchait son compagnon. Le pouvoir ne l'intéressait en aucun cas. Il ne cherchait que le plaisir du risque. Et elle lui en offrait à plein nez. La vie politique n'était que cela. Risquer et écraser ses adversaires.
- Je ne suis moi-même jamais né dans la famille Galaz'ar. J'ai été adopté et accepté. Une telle situation pourrait de nouveau arrivé.
- Je vois ou vous voulez en venir.
- Et qu'en pensez-vous?
- Ça pourrait être très... intéressante et très divertissant.
- Je rêverais de vous laisser le temps de réfléchir mais le temps presse. Je viens de recevoir un message de la reine, demandant de venir la saluer à la capitale. Je dois malheureusement y aller. Je partirais dans 3 jours. Et le temps avance, le temps de voir la fin. Le temps d'écraser le pouvoir en place. Il me faut une armée, en plus de ce que possède le domaine, n'étant pas entraîné pour la guerre. Voyez vous le problème? Soit nous écrasons le problème, soit il va nous écraser. dit-elle tout en regardant la lettre qui rodait sur son bureau.
Elle l'avait empêché de penser à autre chose tout le reste de la journée, et le soleil était déjà en train de descendre lors de cette conversation. Le temps, elle n'en avait pas mais elle en avait besoin. Juste une semaine de plus aurait été parfait. Mais là, elle devait se dépêcher. Et elle n'aimait pas cela.
- Je vois vous voulez que je crée une armée pour tenir tête a celle de notre chère roi.
- Pourquoi en créer une, des mercenaires feraient l'affaire pour le moment, vu le manque de temps? Cela sera une histoire à regarder une fois celle du roi, écrasé. Mais il faut une personne tenant le nom Galaz'ar pour s'en occuper, pendant que je dois aller vers la capitale. Personne ne s'attendra à ce coup-là. Un Galaz'ar apparaissant une fois que je suis sorti de la capitale, sur le pied de guerre, dans une discrétion parfaite.
- Frapper au moment où eux même nous ouvre leurs portes et où ils s'y attendent le moins.
- Non, quand je suis parti en tant que jeune servante de la couronne. Qui penserait qu'une fois sorti en tant que servante du roi, je me retourne avec un autre Galaz'ar, que personne ne connaîtrait, avec une armée penchée sur les murailles. Vous auriez même votre propre blason pour entretenir le mystère.
- Il me tarde déjà.
- L'accepteriez-vous alors Draken Castelanos Galaz'ar?
- Bien sur que je l'accepterais
- La famille Galaz'ar contient une nouvelle tête, cher frère, si cela vous dérange point. Je vous laisse mener le jeu de votre côté. Je partirais dans 3 jours, et j'arrivais surement à la capitale dans 6 nuits, vu ce que je vais emporter.
- Très bien. Et que comptez vous faire de Sire Arlequin ?
- L'emporter avec moi, lui et ma nouvelle garde. Vous verrez, ce sont des hommes très compétents. Donnez leur un ordre, et ils agissent.
- Parfait.
Il avait raison sur ce point, tout se passait selon son plan. Tout était parfait. Complètement parfait. Elle n'avait plus qu'à aller voir sa garde et sa capitaine, Alice, pour signaler qu'une partie de la garde du manoir devrait se mettre en marche.
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Elle avait fait appelé Alice, sa capitaine qui la suivait telle son ombre et se dirigeait vers la salle qui était la salle privé de sa garde personnelle, dont bien peu avait vu la réelle utilité n’exerçant pas encore leur métier. Et même, il se faisait très discret dans le manoir, ne traînant avec personne d'autre dans le manoir qu'eux onze, et la capitaine aussi, qui n'était pas leur supérieur selon les rumeurs. Rumeurs qui était bien fondé parce qu'il ne faisait pas partie du même groupe de garde. Ceux-ci était sa garde privé alors que le reste faisait parti de la garde du manoir. Cela n'arrangeait en aucun point Alice mais elle ne pouvait broncher sur les idées de la comtesse.
- Que comptez-vous faire chez eux? Ils ne devaient pas commencer le travail à la fin du mois?
- Le plan a changé. Mais tu comprendras bien assez tôt, en même temps qu'eux pour être précis.
Une fois, arrivé, elle vit seulement seulement trois du groupe. Elle aurait espéré en voir plus, vu l'heure quand même tardive, même si la nuit n'était pas à son apogée. Mais il n'y avait que les deux jumeaux, Rose, la fille et Neige, le garçon, en train de jouer au échec et Claire, en train d'être dans la vapeur, comme bien souvent quand elle ne faisait rien.
Elle avait découvert les jumeaux, il y a déjà un petit moment. Deux personnes assez froide, et assez uni. Tellement qu'on se demandait presque si ce n'était pas de l'amour qu'autre chose qui les unissait. Selon les rumeurs, il aurait tué leurs parents dans leur jeunesse, par pur plaisir. Mais les résultats étaient là et c'est ce qui importait. Ils savaient se battre, il était même dans les meilleurs, comme tout le reste des autres. Elle ne les avait pas engagé parce qu'ils étaient franc, saint ou bien d'autres critères sans intérêt. La majorité était même bien le contraire, brigand, violeur, bandit, mercenaire ou bien d'autres choses. Eux étaient de simples mercenaires, qu'elle avait réussi à engager par simple promesse de l'argent, même si elle ne voyait pas l'intérêt qu'ils y portaient, vu le manque d'intérêt sur tout, excepté leur mission et eux-mêmes.
Quand à Claire, c'était une ancienne tueuse ayant arrêté bien assez tôt le métier par... honte, rancœur. Personne ne le savait vraiment mais elle avait l'air hanté par ses anciennes victimes. Elle était surtout à la recherche d'un sens, d'un but à sa vie. La famille Galaz'ar lui en avait proposé un, devenir une des mains armées de la comtesse. Elle l'avait vite accepté n'ayant rien à faire d'autre. C'était une personne bien assez étrange qui lui demanderait bien assez de temps avant de la percer complètement à jour. Mais en attendant, elle faisait avec.
- Où se trouve les 8 autres? dit Shiumei.
- Edgar, sûrement à essayer de compléter son vice malsain. Ezequiel est sûrement aussi chez les prostitués. Et les autres doivent roder dans la ville ou dans les alentours du manoir à la recherche d'autre chose, ou peut être à observer le terrain pour leur futur métier. dit Rose, sans aucune délicatesse pour la personne de rang à qui elle parlait.
Mais Shiumei n'y faisait pas attention, comme à l'habitude. Le respect se gagne. Elle espérait juste qu'elle ne ferait pas cela devant d'autres personnes que ce groupe restreint.
Les jumeaux avaient bien sur arrêté leur partie à la venue de Shiumei mais Claire, elle, regardait encore le feu, brûlé doucement les bûches.
- Je n'ai pas de temps à perdre, vous transmettrez donc le message aux autres. Nous bougeons dans 3 jours, à la capitale d'Oro. Je ne veux aucune erreur et je vous veux tous les onze, frais et dispo. Quant à toi Alice, je veux que tu prépares une partie de la garde du manoir. Nous devons être armé mais non vu comme une menace, mais je veux que tu prennes le meilleur de tes hommes. Tu viendras aussi à la capitale. Et tu laisseras le commandement du manoir à ton second.
Et suite à ses mots, elle partit retourner à ses activités sans laisser faire un seul commentaire aux personnes présentes, prises un peu au dépourvu. Mais un sourire se lisait déjà sur le visage des jumeaux. Enfin ils auraient quelque chose à faire, et ils n'auraient plus à se cacher du reste du manoir, même si certains serviteurs connaissaient leurs présences, d'une certaine manière.