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[Terminé][Ouvert][Quête] Le trésor du grand Nord
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Chapelier
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Chapelier
Cela devait faire trois jours que leur bateau était amarré à Turpek et que les bas fonds de la ville avaient été pris à la gorge par l'équipage du capitaine Riffengard. Il était arrivé sous d'autres voiles et s'était fait passer pour un navire marchand, pour les autorités locales. Toutes les traces qui auraient pu faire douter de leur véritable nature au premier coup d’œil avaient été camouflées. Il avait d'ailleurs acheté de nombreuses fourrures, fournitures, alcools et autres objets utiles en vue d'une soi-disant grande vente à destination de Kelvin. Mais dans le fond, beaucoup savaient la vérité sans réellement la mentionner, de peur de mourir ou encore bien pire. Encore un mensonge utile à ajouter à la liste mais aussi un indice laissé volontairement.  
Chaque décision, chaque fait avait été calculé par le duo à la tête du navire depuis déjà bien longtemps. Tout ne tenait que sur un fil en tension permanente. Seulement le hasard n'avait pas lieu pour une fois. Même la taverne du Porc Couineur était surveillée depuis leur arrivée, même si leur réunion n'y aurait pas lieu. Le mensonge avait juste pour but de tester la capacité des futures membres de l'expédition, et aussi d'empêcher quelques fouineurs de les écouter. Si les intéressés s'y rendaient et attendaient toute la soirée, c'est que ce n'était pas les bons. Et que les vents les portent bien loin d'eux.
Ne pas être capable de se glisser dans les ombres pour en apprendre un peu plus avec la pègre était un minimum pour une expédition parmi les pirates. Même si certains parmi eux étaient bons, généreux et galants, la grande majorité restait des êtres de la pire engeance prêt à tout pour un peu d'or et beaucoup de gloire, et Adams en faisait partie. Pourtant il était déjà connu dans son milieu mais il désirait plus, toujours plus et atteignait ainsi les sommets de la grande Port-Argenterie de légende.
La débrouillardise et le talent étaient les qualités phares de ce voyage. Personne ne savait ce qu'il allait rencontrer là-bas et mieux fallait se préparer à tout. Mais encore une fois, telle est la raison de la venue d'étrangers sur son navire.
Le capitaine Riffengard était ainsi en place. La nuit commençait à pointer son nez et la réunion arriverait bientôt. Les consignes étaient claires pour l'équipage. Deux hommes se tenait dans la taverne du Porc Couineur pour la surveiller et peut-être guider les retardataires si le profil sortait de l'ordinaire et promettait du joli pour l'expédition mais encore fallait-il que ceux-ci leur demandent et qu'ainsi ils reconnaissent leur allégeance pour deviner qui il fallait interroger dans cette grande salle, plus bondés que les autres soirs à cause des différentes rumeurs sur la soirée. Dans le reste du port et des bas-fonds, une bonne moitié de l'équipage circulait dehors, allait dans les divers lieux de beuveries pour des fois camoufler les soupçons et se tenait prête à répondre à n'importe quelle attaque dans une guérilla sanglante jusqu'à la sortie complète de l'équipage du port. Quant au reste, il rodait, l'arme à portée de main, autour d'une vieille bâtisse à moitié abandonnée, qui faisait lieu de taverne et logis pour les quelques clochards de la ville. Elle sentait le rat, ce qui était logique vu qu'il n'était pas rare d'en voir circuler. Cela tenait en quelque sorte de repas pour les plus démunis. Le capitaine Riffengard et sa seconde y attendaient à l'intérieur. Ils avaient payé les quelques clodos du lieu pour oublier tout ce qui se passerait ici et ainsi continuer à vivre comme d'habitude, quels que soient les événements. Il fallait bien donner un certain naturel à cette scène.
Adams attendait en buvant la bière qui était servie ici, si on pouvait appeler ça une bière vue le goût de pisse qu'elle avait, à se demander si c'était les rats qui lui donnaient son goût. Mais malgré le fait qu’elle soit immonde, cela restait meilleur que d'attendre sans rien faire. Quant à Ivy, elle lançait les dés et jouait en quelque sorte toute seule à miser sur ses futurs lancers. L'ambiance était pesante et personne n'osait parler, même les quelques clodos qui s'exprimaient entre eux en chuchotant. L'attente était longue pour ceux qui avaient tout calculé et prévu les événements de la soirée et ils espéraient juste que ça finisse vite, sans aucun grain de sable dans le rouage.
Et le temps passa, tout petit doucement. Jusqu'au moment tant attendu de la soirée, la lune se tenant à son zénith. La deuxième pleine lune du règne de Vamyse accueillerait en premier et guiderait les intéressés à cette longue quête pour ensuite rencontrer l'équipage du capitaine Riffengard, prêt à tuer au premier soupçon ou au premier ordre de la hiérarchie de l'équipage. Pendant ce temps-là, Ivy se tenait dans un coin de la salle et vérifia une dernière fois son matériel: ses armes. Puis elle mit son tricorne sur la tête et se leva tout en dépoussiérant sa veste d'un geste :

- Tenez-vous prêt mes frères, le moment est arrivé !
Sam 4 Mai 2019 - 16:50
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Lykaios
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Tête pensante de la meute
Lykaios
Lykaios entamait maintenant avec enthousiasme sa tarte à la patate douce dans l’ambiance sombre du Porc Couineur. Elle avait déjà avalé un plat d’effiloché de bœuf aux épices accompagnées d’une purée de pommes de terre, une soupe à la betterave et avait profité du fait que Alkan aille chercher un autre pichet d’eau pour lui piquer un morceau de sa tourte au pigeon. Ce n’était pas le repas le plus succulent qu’elle ait mangé mais il lui remplissait l’estomac et c’était amplement suffisant pour remonter le moral de la jeune voleuse. Après un aussi long voyage, elle était bien contente de se poser tranquillement autour d’un repas plus que complet. Elle l’aurait d’ailleurs volontiers accompagné d’autre chose que de l’eau mais il lui fallait garder l’esprit clair ce soir. Car, si Lykaios et Alkan dînaient dans cette taverne ce soir-là, ce n’était pas par hasard. En effet, durant leur pérégrination avec Alkan, une rumeur au sujet d’une quête maritime et d’un trésor arriva aux oreilles de Lykaios. Ni une ni deux, elle récolta les informations dont elle avait besoin et mit le cap sur la réunion qui était censée se tenir avant le départ, sans réellement demander son avis à Alkan au passage. Mais le vieux prêtre ne sembla pas émettre d’objection (ou du moins, Lykaios n’en tint pas compte) et suivit la jeune voleuse dans une aventure qui l’enthousiasmait tout particulièrement. La chapardeuse adorait les histoires de pirates et elle avait toujours rêvé côtoyé ces gens bénis de Nerel. C’était donc une grande opportunité pour elle.

« - Comment arrives-tu à avoir encore de la place dans ton estomac après tout ce que tu viens d’engloutir ? » Lui demanda Alkan en déposant le pichet d’eau et se rasseyant à sa place. « Je vois même que tu as piqué dans mon assiette » ajouta-t-il d’un air faussement réprobateur après avoir baissé les yeux sur son repas. Lykaios lui offrit un sourire et rétorqua, la bouche encore pleine.

« - Relax Doc, il vaut mieux profiter d’un bon repas tant qu’il est encore temps. Si on est pris sur ce navire et qu’on se retrouve avec un mauvais cuisinier, on en aura pas un comme celui-là avant un sacré moment ! » Et sur ces belles paroles, elle enfourna une nouvelle part de sa tarte dans sa bouche. Depuis leur aventure dans le désert de Ram et celles qui ont suivi, Lykaios se sentait de plus en plus à l’aise en la présence du prêtre, devenant par la même occasion plus loquace.

« - Oui eh bien en parlant de ce fameux navire et de cette quête, est-ce que tu as eu les informations que tu voulais ? » Alkan avait beau s’être pris d’affection pour Lykaios, il n’en était pas moins septique quant à cette idée de chasse au trésor et des prétendues talents cachés de la voleuse. Celle-ci prit le temps de manger et de réfléchir avant de répondre.

« - La rumeur parlait d’une réunion ici au Porc Couineur mais au vu de ce je vois, c’était une fausse piste ou une sorte de test. En tout cas, ce n’est pas ici que se passe la fête ». La jeune fille se versa un verre d’eau et but de longue gorgée, puis reprit. « Ça, c’est la mauvaise nouvelle on va dire. En revanche, les deux hommes au fond de la pièce, près de la fenêtre qui donne sur l’arrière-cour font partie de l’équipage et ça, c’est une bonne chose pour nous. » À ces mots, elle reposa brusquement son verre sur la table et, sans attendre Alkan, se dirigea vers ces messieurs. Comme toujours, elle y allait sans trop réfléchir, lançant une petite prière à Virel et Nerel au passage, en espérant que cela suffit. Elle n’aimait pas se prendre la tête en argumentation et dissertation. Si elle avait quelque chose à prouver, ce n’était pas par les paroles mais par les actes. Elle se campa donc devant les deux hommes et déclara sans préambule. «Où est-ce que ça se passe ? »

Les deux hommes la dévisagèrent et l’examinèrent de haut en bas avant d’échanger un regard entre eux. Lykaios ne laissa rien paraître de la légère appréhension qui commençait à monter en elle. De toute manière, se dit-elle, s’ils ne lui disaient rien, elles suivraient tout simplement en douce la prochaine personne qui viendrait s’adresser à eux. Mais il semblait que Nerel et Virel aient entendu ses prières car l’un des hommes sortis de sa poche un morceau de papier dans un piteux état et le glissa sur la table dans sa direction. Lykaios l’empocha, leur adressa un hochement de tête et repartit à sa table. Elle donna une tape sur l’épaule d’Alkan et lui lança en continuant à se diriger vers la sortie. « On y va Doc, c’est par là ! »
Lun 3 Juin 2019 - 20:27
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Urmri Tête de Fer
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Urmri Tête de Fer
Il ne pouvait que supposer que c’était fini. La capitaine avait décidé de partir sans lui après l’avoir chassé à coups de fouets du navire un soir qu’il avait vomi sur le pont au moment de l’embarquement. Mais c’était pas sa faute, elle le connaissait ! Toujours se saouler avant et après le navire, parce que une fois dessus, mieux vaut éviter de le faire pour éviter les ennuis – Et en mer, les ennuis peuvent arriver à n’importe quel moment, sous n’importe quelle forme ! – Mais le fait était que ça avait atterri un peu sur ses bottes, et qu’elle n’avait pas aimé. Donc au lieu de lui faire simplement nettoyer, ou plutôt après lui avait fait nettoyer tout ça, elle l’avait prié très aimablement, à sa manière, de partir. Il s’était donc exécuté, parce qu’on devait obéir à la capitaine. Mais voilà, la capitaine était partie sans lui, et elle était partie depuis trop longtemps. C’était simplement pas normal, il y avait anguille sous roche. Ou bien alors tout simplement, l’océan lui avait réservé l’un de ses pièges. Ça arrivait aux meilleurs des capitaines après tout.
C’était pas la fin pour lui. Il avait apprécié naviguer sous son pavillon, parce que malgré ses coups de fouets, elle le respectait. Parce que c’était une capitaine sévère, exigeante avec ses marins, et toujours brutale dans sa façon de les pousser à se donner au maximum, quelque part, elle les respectait aussi, parce qu’elle respectait une chose, c’était la compétence. Une capitaine capable de reconnaître ses marins comme compétents et de les respecter pour ça, c’était quelque chose d’extrêmement rare et précieux, il l’avait appris dans sa carrière de quelques décennies. Alors oui, beaucoup la quittaient après le premier embarquement en la traitant de salope. Mais les autres … Ils pouvaient rester avec elle, et ça lui plaisait bien. Enfin, c’était pas l’important.

L’important c’était que maintenant, lui, Urmri Tête-de-Fer, il était sans emploi. Et on ne mettait pas Urmri Tête-de-Fer au chômage ! Il allait prendre le premier embarquement venu et prouverait au monde qu’il était toujours le meilleur nain dresseur de perroquets du monde. Même s’il devait y perdre encore un autre membre ! Tant qu’il ne perdait pas le plus important de tous, après tout… Il pouvait bien se permettre de se taper deux jambes de bois au lieu d’une seule, non ? C’est pourquoi il écouta les rumeurs d’embarquement à Puerto Blanco, la nouvelle capitale de la piraterie. Et il en entendit une qui l’intéressait. Quelque chose qui avait l’air simple.
On avait fait l’annonce d’une chasse au trésor qui se mettait en place. Quelqu’un recrutait un équipage. Il avait entendu parler de la taverne où se rendre. Il avait pas bien saisi tous les détails, c’était compliqué ce genre de choses. Il avait juste compris « Taverne, engagement, trésor ». Ça lui allait parfaitement, il n’avait pas besoin d’en savoir plus.

« [i]En route, coco[i], songea-t-il, invitant son ara à se poser sur son épaule. »

Il était temps de reprendre du service. Sa bourse était aussi vide que son esprit en ce moment, et c’était un problème qu’il fallait régler.
Mar 4 Juin 2019 - 10:59
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Alkan Holdus
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Le chercheur philosophe
Alkan Holdus
Alkan était amusé de constater que l’appétit de Lykaios n’avait visiblement pas de limite. Il se demandait bien comment elle pouvait continuer à manger après tout ce qu’elle avait englouti. Un aspect de plus qu’elle a en commun avec le chat. En revanche, le prêtre était un peu sceptique quant à la quête dans laquelle elle l’entraînait. Cette taverne ne lui disait rien qui vaille et il doutait de la fiabilité des informations que Lykaios avait récoltées. Et il avait peur que cette aventure ne soit pas très honnête, ce qui l’embêterait sincèrement, en tant que représentant d’Antescior. Néanmoins jusqu’à présent, la jeune femme s’était toujours montrée digne de confiance, elle était même de plus en plus à l’aise en présence d’Alkan, il espérait donc qu’elle savait ce qu’elle faisait. Et malgré ses doutes, le prêtre était curieux d’en savoir plus sur cette quête.

Alors qu’il revenait avec son pichet d’eau, il constata que son amie avait pris un morceau de sa tourte dans son assiette. Elle ressemblait à une enfant parfois, ce qui l’amusait beaucoup.

« Comment arrives-tu à avoir encore de la place dans ton estomac après tout ce que tu viens d’engloutir ? Je vois même que tu as piqué dans mon assiette ! dit-il, feignant d’être fâché

-Relax Doc, il vaut mieux profiter d’un bon repas tant qu’il est encore temps. Si on est pris sur ce navire et qu’on se retrouve avec un mauvais cuisinier, on en aura pas un comme celui-là avant un sacré moment ! »

Elle n’avait pas totalement tort sur ce point-là, pensa Alkan, alors que la voleuse se servait à nouveau dans son assiette.

« Oui eh bien en parlant de ce fameux navire et de cette quête, est-ce que tu as eu les informations que tu voulais ?

-La rumeur parlait d’une réunion ici au Porc Couineur mais au vu de ce je vois, c’était une fausse piste ou une sorte de test. En tout cas, ce n’est pas ici que se passe la fête. Ça, c’est la mauvaise nouvelle on va dire. En revanche, les deux hommes au fond de la pièce, près de la fenêtre qui donne sur l’arrière-cour font partie de l’équipage et ça, c’est une bonne chose pour nous. »

Soudain, Lykaios se leva et se dirigea vers les hommes qu’elle venait de désigner. Alkan se demanda si elle venait d’agir sur un coup de tête ou si elle observait les deux hommes depuis un moment. Il était impressionné par sa capacité d’observation. Il préféra ne pas la suivre, attendant de voir ce qu’elle comptait faire. Elle revint quelques instants plus tard. Apparemment, elle avait eu ce qu’elle voulait.

« On y va Doc, c’est par là ! »

Alkan s’empressa d’aller payer et suivit la voleuse à l’extérieur. Alors la réunion n’était donc pas au Porc Couineur, comme l’avait deviné Lykaios. Pour ce genre d’affaires, elle était bien plus douée qu’Alkan qui ne se sentait pas réellement dans son élément. Encore une fois, il bénit Virel qui lui avait permis de rencontrer une coéquipière aussi utile. Ils se dirigèrent à travers les rues sombres vers l’endroit indiqué. Alkan s’étonna de voir qu’à une heure aussi tardive, de nombreuses personnes étaient encore dans les rues, et encore plus étranges, elles semblaient sobres. Le prêtre avait désormais la conviction qu’un grand événement se passait ici, il espérait juste que ce ne serait pas un piège pour Lykaios et lui… Ils arrivèrent devant une bâtisse miteuse. C’était là qu’on leur avait dit de se rendre. Bonne idée d’avoir caché une réunion secrète ici. Ils entrèrent alors dans la salle…
Sam 29 Juin 2019 - 16:00
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Chapelier
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Chapelier
Au moment où le duo rentra, quelques aventuriers et pirates sans allégeance avaient déjà rempli le premier test et s’en réjouissaient une bière à la main sans pour autant se donner à la débauche. Ainsi en plus des figurants payés, se tenait dans la taverne la seconde et la capitaine côte à côté, un nain à la jambe de poids ayant une gueule ne faisant en aucun point douté de sa nature de forban, deux humains, sûrement parents, à l’allure assez jeune étant sûrement à la recherche d’aventures et de sensations fortes, une halfeline assez sinistre bien loin de sa terre natale et le duo en train de rentrer. La prise était mince pour le moment, selon le point de vue de la seconde. Mais dedans, il y avait la tête de vrais marins et aventuriers, prêt à tout pour y arriver, si on ne comptait le jeune homme, au regard trop franc et à la pose si rigide qu’il cassait avec le reste du groupe. On aurait dit une princesse en détresse au milieu de mercenaires bien d’appétits de tout genre, prête à se faire dévorer par le premier venu. Qu’avait-il à offrir au groupe pour mériter de rester ? Ivy n’avait qu’à le découvrir.
Elle laissait les deux s’installer à une table et participer au tableau ambiant, en s’occupant d’une bière à la main et en chuchotant avec son voisin. Elle se leva une bonne dizaine de minutes après que le groupe soit installé et que plus personne ne soit rentré. Elle siffla et monta sur la table centrale. En quelque temps, la majorité de son équipage en attente dehors, excepté deux sentinelles, rentra dans la taverne. Il y avait une grosse dizaine de personnes à l’intérieur maintenant et la moitié était sous les ordres du capitaine Riffengard.

- Mes frères, mes sœurs, je sais bien pourquoi vous êtes tous venus, attirés par l’appât du gain et par l’appel de l’aventure. Je n’ai à douter des talents d’aucuns parmi vous, seulement le code reste le code.

Elle marqua ensuite une courte pause pour voir les réactions. La majorité acceptait ses dires et les autres restaient dans l’incompréhension.

- Seulement, vous monsieur, vous m’avez l’air tellement frêle que même une putain de Puerto Blanco pourrait pour vous casser en deux, dit-elle en désignant Alkan sous l’hilarité de son équipage. C’est pourquoi je vous soumets à l’épreuve. Prouvez-moi votre valeur comme il se doit.

En même temps qu’elle dit ceci, un homme de son équipage d’un bon mètre 80, aux yeux aussi sombres que sa chevelure s’avança vers le centre, tandis que le reste des marins reculaient, pour laisser place à l’épreuve.

- La seule règle de cette épreuve est de la réussir. Donc, allez-y Monsieur, rajouta-t-elle en descendant la table et en rejoignant la droite de son capitaine qui observait la scène d’un œil avisé.
Mar 9 Juil 2019 - 13:49
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Alkan Holdus
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Le chercheur philosophe
Alkan Holdus
L’endroit où venaient d’entrer le prêtre et la mercenaire était sinistre. Les personnes déjà présentes ne semblaient guère accueillantes envers eux. Alkan ne savait pas ce qu’il devait penser de leur situation. Il avait l’impression d’être une tâche sur une nappe immaculée, celui dont on ne veut pas, un boulet. Pourtant, ces lieux lui rappelaient les quartiers de son enfance et il était persuadé qu’il pourrait trouver sa place ici. Il jeta un regard en coin à Lykaios. Était-elle à l’aise en ces lieux ? Pensait-elle toujours que c’était une bonne idée ? Il n’avait pas besoin de lui demander pour deviner la réponse : tant que l’espoir de la récompense était présent, elle serait partante. Le jeune homme, quant à lui, aurait préféré s’en aller, mais il savait que c’était trop tard. De toute manière, il ne souhaitait pas laisser la mercenaire seule ici et il devait bien reconnaître qu’il était très curieux de voir ce que cette aventure allait donner.

« Tu as vu, Doc ? Leur véritable repaire est encore plus miteux que celui de tout à l’heure. Il fallait vraiment le chercher pour le trouver. »

Lykaios, malgré son sarcasme, était visiblement assez fière d’elle, ce qui amusait Alkan. Cette aventure lui tenait à cœur et elle était déterminée à la mener à bien. Encore une fois, le prêtre se sentait de trop.

« Je vois ça Lykaios, je vois ça. C’était très bien pensé de ta part !

-Merci. Mais il est encore trop tôt pour crier victoire.

-Je ne crierai victoire que lorsqu’on sera de retour sur le continent avec la récompense.

-Bonne idée. »

La mercenaire avait presque l’air déçue du manque d’enthousiasme d’Alkan. Cependant, elle semblait comprendre sa gêne et le laissa tranquille avec ses pensées, observant les autres personnes présentes. Le prêtre en fit autant, connaître ses adversaires tout comme ses alliés est un avantage certain. Il repéra rapidement ceux qui avaient organisé cette expédition, ceux qui dégageaient le plus de prestance, les plus charismatiques. Un homme et une femme. Il devait s’agir d’un capitaine et d’un second, mais le jeune homme n’arrivait pas à déterminer qui était qui. L’un tenait une bière et observait la scène distraitement tandis que l’autre était très concentrée et tendue. Le prêtre ne savait vraiment pas qui était le supérieur de qui. En pure objectivité de scientifique, il se dit que c’était l’homme qui devait être le capitaine car il avait plus souvent vu des hommes en tant que capitaines épaulés de femmes que l’inverse. À part ces deux là, il y avait beaucoup de personnes qui ne faisaient a priori pas partie de l’expédition, ils avaient trop bu pour embarquer dans un bateau. Si on les enlevait de l’équation, il restait quatre personnes. Un nain, une halfeline, deux humains. Ils avaient tous des têtes de navigateurs ou aventuriers expérimentés. Ils s’avèreraient sans doute des alliés précieux, et le cas échéant, des adversaires redoutables.

Alkan en était là dans ses réflexions, lorsque la femme qu’il présumait être la seconde se leva. Elle monta sur la table au centre de la salle et siffla. Aussitôt, plusieurs personnes entrèrent, certainement le reste de l’équipage. La femme prit alors la parole :

« Mes frères, mes sœurs, je sais bien pourquoi vous êtes tous venus, attirés par l’appât du gain et par l’appel de l’aventure. Je n’ai à douter des talents d’aucuns parmi vous, seulement le code reste le code. »

Quel code ?

« Seulement, vous monsieur, vous m’avez l’air tellement frêle que même une putain de Puerto Blanco pourrait vous casser en deux. C’est pourquoi je vous soumets à l’épreuve. Prouvez-moi votre valeur comme il se doit. »

Alkan était désormais la cible des moqueries de l’équipage. Parfait. Plus tôt il se ferait une place parmi eux, mieux cela vaudrait. On n’apprend pas à un natif de Kelvin comment monter sur un bateau.

Un homme immense s’était avancé et le reste des marins avait reculé pour laisser de la place.

« La seule règle de cette épreuve est de la réussir. Donc, allez-y Monsieur. »

Elle descendit de la table. L’épreuve avait commencé. Alkan réfléchit à toute vitesse. La seule règle est de réussir. Autrement dit, tous les coups sont permis. Acheter l’aide de Lykaios ? Non, c’est à moi de faire mes preuves. Aucune chance de l’emporter avec la force brute. Menacer le capitaine ? Impossible, trop de monde aux alentours, ils sont probablement armés.

Pendant ce temps, son adversaire le frappa sans ménagement en pleine tête. Alkan ne put encaisser le coup et tomba, ses lunettes avec. Il avait bien peur d’échouer. Il sentait la situation lui échapper et la panique le gagnait. Il se releva le plus vite possible, juste à temps pour éviter un deuxième coup. Néanmoins, il n’avait pas pris le temps de remettre ses lunettes et maintenant, sa vision était très réduite. Cela avait au moins le mérite d’axer ses possibilités d’action. Le jeune homme eut alors une idée. Il ne savait absolument pas si elle lui serait utile mais c’était la seule option qu’il voyait pour l’instant.

Il devait prouver sa valeur. Il ne pouvait pas y arriver si on ne le jugeait que sur ses aptitudes physiques, mais il avait des connaissances. Le gros dur qu’il affrontait le frappa de nouveau, dans le ventre cette fois. Alkan tomba encore une fois. Pourtant, au lieu de se relever, il attendit de reprendre son souffle et il commença à chanter. Il chantait une vieille mélodie de Kelvin, une chanson que tout marin expérimenté connaît : « Kelvin et Hobbes », qui raconte la vie du vieux loup de mer Hobbes. Il entendit le bruit de quelqu’un qui venait de se frapper le front. Certainement Lykaios qui le pensait foutu. Pourtant, il entendait aussi certains membres de l’équipage siffloter l’air de la chanson. Son adversaire avait l’air déconcerté par son action et il regardait en direction de la femme qui avait lancé l’épreuve. Le prêtre se tut finalement, adressant une prière à Atnescior en espérant que son savoir lui serait utile, puis il attendit le verdict de la hiérarchie.
Mar 23 Juil 2019 - 12:10
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Lykaios
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Tête pensante de la meute
Lykaios
Vous vous souvenez quand je vous avais dit qu'Alkan était la tête pensante de notre duo et moi la tête brûlée qui ne réfléchit qu’après avoir agi ? Eh bien laissez tomber, il est encore pire que moi.
Si Lykaios s’était attendue à ce qu’il soit difficile pour le vieux Doc de se faire accepter dans l’équipage, elle ne s’attendait certainement pas à ce qu’il s’en sorte aussi mal. Elle savait qu’il pouvait se défendre un minimum en cas d’attaque mais l’homme désigné par la femme ne lui laissa aucune chance et Alkan ne faisait pas le poids. Mais tout de même, une chanson?! De tout ce qu’il avait dans le crâne, de toute sa soi-disant sagesse, il n’avait rien trouver de mieux qu’une vieille chanson de marin ?

Dès que l’épreuve fut lancée, l’homme n’avait pas perdu de temps et avait frappé Alkan à la tête. Lykaios aurait voulu intervenir mais elle savait que cela n’aurait pas joué en la faveur du prêtre. Il était là pour faire ses preuves et se faire aider aurait été la dernière chose à faire. Elle avait donc rongé son frein et l’avait laissé prendre les coups les uns après les autres. La seule règle était de gagner. Il pouvait donc retourner la force de son adversaire contre lui-même ou alors se servir d’un verre pour lui fracasser sur la tête… Mais Alkan avait eu une autre idée : chanter. En le voyant entamer la chanson, Lykaios se frappa le front de sa main. Il était foutu. On ne réglait pas une bagarre en poussant la chansonnette. Mais à nouveau, la jeune voleuse n’était pas intervenue. Elle le laissa faire et observa les alentours. Les autres occupants de la taverne regardaient le prêtre, certains riant aux éclats et d’autres en entonnant la chanson à leur tour.
L’adversaire de Doc fini par se tourner vers sa patronne, attendant une réponse. Le silence se fit peu à peu jusqu’à devenir complet. La femme se tourna à son tour vers l’homme qui devait être le capitaine, qui hocha la tête en signe d’acquiescement. La seconde dit alors : «  Comme le veut la chanson, Virel sourit à Hobbes et aux hommes audacieux. Et puis, nous ne refusons pas les comiques parmi nous. Qui n’aime pas rire, mes frères ? Bienvenue monsieur... ». L’adversaire d’Alkan l’aida à se relever tandis qu’il se présentait à la seconde. Elle hocha la tête et Alkan revint vers la table où Lykaios était installée, se grattant l’arrière de la tête, gêné.

« - Ça s’est plutôt bien passé… » lui dit-il en s’asseyant devant elle et attrapant le verre qui était arrivé entre-temps. La jeune voleuse croisa les bras sur sa poitrine et le toisa du regard :« Rappelle-moi la prochaine fois, on entrera séparément.
- Pour que tu puisses intervenir sans problème ?
- Non, pour pas qu’on m’associe au binoclard qui chante quand il se fait tabasser. » répliqua-t-elle. Alkan parti d’un grand éclat de rire et vida son verre, sous le regard moqueur de Lykaios, qui affichait un sourire sarcastique. L’aventure serait loin d’être de tout repos.
Mer 24 Juil 2019 - 14:51
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Chapelier
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Chapelier
Le capitaine prit enfin la peine de se lever. Le temps des épreuves était fini et l’équipage devait partir sans laisser une dernière surprise. Il n’était pas des pirates pour rien et il devait rappeler que même avec la destruction de Port-Argenterie, la piraterie vivait et était impartiale. Il s’avança vers le centre de la foule sous le regard de tout l’équipage, qui restait en suspens en attendant la première action de Riffengard.

- Mes frères, mes sœurs. Nous partons au plus vite, mais avant cela, il nous faut mentionner pour les derniers arrivés que là où nous allons le froid sera le dernier de nos problèmes. Seulement il pourra nous tuer tout autant que le reste. C’est pourquoi il faudra vous en protéger. Et comme nous sommes des pirates, seul le pillage compte. Donc, courez vite et prenez tout ce que vous trouvez. Le chaos ambiant vous y aidera et de toute façon, tout ce que nous voyons, au vu de notre rang, nous appartient. Courez et ne trainez, car le navire ne vous attendra pas.

Ensuite il se mit à sortir de la bâtisse, qui méritait à peine le nom de taverne, en premier, avec le reste de l’équipage qui le suivait. Sa seconde se tenait juste derrière lui et sortit son pistolet. Elle se mit à le charger et tira un coup en l’air. Le signal du départ venait d’être lancé et une horde de pirates se tenait en ville. Tout l’équipage, qu’il soit proche du capitaine ou pas, se mit à courir en tous sens pour se servir de tout ce qu’il trouva, quitte à défoncer des portes pour cela. Et en même temps, ils avançaient tous vers le navire avec à leur tête le Capitaine Riffengard et sa seconde.

- N’oubliez jamais que Port-Argenterie ne mourra jamais, dit Riffengard en beuglant, sous l’appui d’approbation de son équipage qu’on pouvait à peine entendre derrière le brouhaha ambiant.

Des bagarres s’étaient lancées dans la majorité des tavernes et les combats se poursuivaient dans les rues. Tout avait été calculé pour que leur départ soit la dernière des choses mentionnées par la garde municipale de la ville. De plus, certains pirates rentraient dans les maisons et magasins pour se servir. Qui leur en voudrait ? Ils n’écoutaient que leur bon capitaine.

Arrivé au navire, une partie de l’équipage attendait le capitaine et la seconde en se préparant à partir au plus vite. Une fois les derniers parvenus, leur navire mettrait toute voile dehors, au grand dam des retardataires. Pour marquer le signal, la seconde tira un second coup de fusil en l’air, c’était le signal que tous les pirates devaient revenir au plus vite au navire. Tous couraient pour monter à bord et se mettre à son poste, en laissant leur butin sur le pont. De toute façon, ils n’appartenaient à personne d’autre qu’à l’équipage dans son entièreté. La collectivité pour tous était une règle d’or. On ne laissait pas mourir un de ses frères. Est-ce que tout le monde était à bord ? Riffengard n’en savait rien. Il avait déjà attendu quelques grosses minutes en plus que son plan le prévoyait et il avait jugé avoir attendu assez longtemps pour que même les nouveaux arrivés soient dans la possibilité d’être à bord.

- Mettez les voiles, nous partons, cria-t-il tandis que tous les marins faisaient leur travail.
Jeu 25 Juil 2019 - 11:40
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Urmri Tête de Fer
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Urmri Tête de Fer
Quand le capitaine dit qu’il faudrait s’équiper en conséquence, Urmri mit quelques instants à comprendre. En fait, il mit quelques minutes à comprendre ce que signifiait le coup de feu.

« Ah. Zut. »

Il n’avait jamais été une flèche en matière de réflexion, mais là il fallait avouer que cette fois, ça le mettait dans de sales draps. Il avait perdu une avance considérable sur les autres marins. Et avec sa jambe de bois, ça n’allait pas l’arranger. Il avait appris à marcher sans canne, mais ça ne voulait pas dire qu’il savait courir comme il le fallait dorénavant ! Alors il choisit d’opter pour une autre solution. Beaucoup de nains étaient de redoutables sprinteurs, sur des courtes distances, mais certains autres étaient plutôt du type à marcher lentement, mais pendant des heures, voire des jours. Par bonheur, il s’avérait qu’Urmri était de ceux-là. C’est donc en se frayant un chemin dans la foule qu’il descendit vers le port.
La foule était excitée par cette immense bagarre. Il y avait ceux qui paniquaient, et ceux qui se joignaient sans bien comprendre ce qui se passait, en plus des commerçants essayant de défendre leur affaire. Nul doute que le guet de la cité aurait à ramasser quelques cadavres dans pas longtemps. Ici, ce genre de mouvements étaient réguliers, mais avec une telle ampleur, force était de constater que c’était rare. Et ça allait bien sûr en s’empirant, à mesure que l’hystérie collective gagnait tous les quartiers possibles et imaginables de la ville. Seuls les quartiers des riches seraient épargnés, parce que les miliciens allaient tout de suite les boucler, et ensuite seulement prendraient-ils le temps de s’occuper du reste. Ce qui lui donnait tout de même à lui, plus lent que les autres, une certaine marge.

La marge qu’il n’avait pas, cela dit, était celle de l’embarquement. Le temps qu’il comprenne qu’il fallait se bouger, les capitaines étaient déjà partis ! Il devinait bien que s’il prenait trop son temps, ils arriveraient au navire avant lui. Et s’ils arrivaient au navire avant lui, il n’y aurait plus de navire. Plus de navire, plus d’embarquement. Plus d’embarquement, plus d’aventure. Plus d’aventure, plus de paie. Plus de paie … Plus de paie.
Et c’était bien sûr tout à fait inadmissible.

C’est donc d’un pas décidé malgré sa jambe de bois qu’il s’élança vers le port. S’il avait bien compris le discours du capitaine, il allait faire froid, et il fallait s’habiller en conséquence. Mais ça, ce n’était pas son problème à lui. Il trouverait d’autres solutions une fois à bord. Il avança donc en maugréant, bousculant sur son passage, et frappant s’il le fallait. Mais peu de gens cherchaient des noises aux nains. Ils ne cherchaient pas à les éviter, car ils ne regardaient pas où ils mettaient les pieds, mais il fallait être fou pour décider de s’engager dans une rixe de rue avec cette race. A moins d’être une race de peau-verte, auquel cas… Mais il n’en avait pas vu, donc ça n’était pas un problème. Aussi, il arriva donc finalement presque à temps. Il avait entendu il y avait peu un coup de feu, mais déjà, un navire mettait les voiles… Bon, il allait falloir faire autrement.
Le temps que la manœuvre soit faite, le navire resterait dans le port, avec des pilotes à ses côtés pour lui éviter de dériver trop loin. Ça lui laissait, à lui, le temps de nager. Il était très bon nageur. Il avait toujours pensé que les nains devaient avoir compensé dans leurs torses et leurs bras ce qui leur manquait dans les jambes. Puisqu’on n’avait pas les jambes puissantes des humains pour se propulser dans l’eau, surtout quand il en manquait une, alors à tout le moins un nain unijambiste avait-il encore ses bras puissants ! Enfin l’un d’entre eux. Mais dans un navire où l’équipage n’avait pas eu le temps de se connaître avant d’embarquer, il régnait une certaine confusion. Aussi, cela lui laissa-t-il le temps d’arriver jusqu’à la coque. Problème, personne ne lui jetterait une corde. La solidarité, chez les pirates, était un concept à géométrie variable. Il ne savait pas ce que ça voulait dire mais il trouvait juste le terme tout à fait élégant. Il l’avait entendu dire une fois par la Capitaine. Depuis il l’utilisait quand il voulait dire que quelque chose n’était pas normal.
Toujours était-il qu’il ne se laissa pas démonter. En temps normal, pour escalader une coque de navire, il fallait des haches d’abordage. A défaut, il avait son bon vieux crochet ! Celui-ci lui fournirait des prises improvisées, et une fois planté dans le bois, en le faisant jouer un peu, un espace où glisser un orteil. Ça irait. Ça devrait bien suffire. Heureusement pour lui d’ailleurs que la mer était calme. Si le navire avait roulé et tangué, il n’aurait jamais réussi. N’en demeurait pas moins que l’opération fut pour lui longue et essoufflante, et quand enfin il escalada le bastingage, les voiles avaient fini par être déployées. Mais il ne s’en souciait guère plus. Il se laissa tomber comme il aurait laissé tomber un sac de pommes de terre sur le pont du navire, s’affalant contre la barrière qu’il venait d’escalader. Il sentit son perroquet venir à lui et se poser sur son épaule. Lui tapotant le crâne, il songea qu’il était temps de se relever. Sur quoi s’était-il vautré d’ailleurs ? Ah. Sur des vêtements chauds. Il était évident que ça allait poser problème.

« Non seulement t’arrives en retard, mais tu te poses sur les vêtements des autres, dit effectivement un marin à la mine patibulaire. »

Il semblait que les vêtements ne lui appartenaient pas. Il avait son propre sac sur le dos. Ils semblaient appartenir à un duo qui avait pu participer à la manœuvre et qui n’avait pas encore été les récupérer. Bon, dommage qu’ils les aient mouillés. Et dommage surtout que ça lui ait attiré l’œil d’un de ces marins que les capitaines aimaient nommer chefs de groupe. Urmri se demanda s’il serait bien vu qu’il le flanque à la flotte…
Lun 12 Aoû 2019 - 14:32
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Lykaios
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Lykaios
À peine que le coup de feu eut retenti, Lykaios se tourna vers Aklan et lui donna ses directives. Il devait prendre toutes leurs affaires avec lui et trouver le navire qui les emmènerait. Quant à elle, elle ne gardait qu’un grand sac à dos pratiquement vide et se chargeait de rapporter ce qui leur manquait. Ne prenant pas la peine d’attendre son aval, elle fila en un éclair et prit la direction de son terrain de jeu favori : les toits. Tout le monde en bat courait en tout sens, se bousculant et se battant pour les affaires qu’ils trouvaient et Lykaios savait qu’elle ne faisait pas le poids contre une bande de gros bras enragés. En revanche, le vol était sa spécialité tout comme la haute voltige. Elle grimpa donc sur le toit du bâtiment le plus proche et observa un instant le quartier d’en haut. Elle laissa de côté les commerces, sachant qu’elle arriverait forcément après ceux qui passaient par la porte en bas et se concentra sur les maisons les mieux conservées. Car une maison bien conservée est une maison dont le propriétaire a les moyens de l’entretenir. Qui dit moyen… Vous avez compris la logique.
Cela fait, elle s’élança donc de toit en toit, courbée en deux pour ne pas attirer l’attention en contrebas. Arrivée à sa première cible, elle sortit de son sac une corde et ses outils à crocheter, qu’elle accrocha à sa ceinture. Si les portes et les fenêtres du rez-de-chaussée ont sans doute été barricadées, les fenêtres de l’étage ne devaient être que verrouillées. Dans ce genre de moment, on ne pense que très peu à une menace venant d’en haut. La monte-en-l'air adressa une prière à Nerel avant d’accrocher une extrémité de sa corde à une poutre du toit qui avait l’air solide, et l’autre extrémité à sa taille. Elle installa une petite poulie qui lui permettrait de descendre sans encombre et testa la solidité de sa prise avant de descendre prudemment jusqu’à la fenêtre et jeta un œil dans la pièce. Elle était vide et plongée dans le noir. Petit bonus, la porte était même fermée. Virel lui souriait. Comme elle l’avait espéré, elle n’était que verrouillée et céda très vite. Se glissant précautionneusement dans la chambre, la jeune fille tendit l’oreille. Des pas et des bruits de discussions se faisaient entendre à côté, aussi s’arrêta-t-elle et retint sa respiration. Elle pria fort pour que les personnes de l’autre côté s’éloignent car elle devait se dépêcher, le temps pressait. La déesse de la chance semblait de bonne humeur car au bout de quelques secondes, elle finit par entendre les pas descendre l’escalier. Libérant un long soupir, elle se remit en mouvement et fouilla la chambre. En ouvrant la grande armoire qui lui faisait face, elle y découvrit une collection de manteaux pour femmes à droite et pour hommes à gauche. Un sourire tranchant se dessina sur ses lèvres. Laissant de côté les manteaux pour femmes, elle examina les manteaux masculins. Elle en trouva un long manteau noir en laine, qu’elle s’empressa de mettre. Il était un peu grand pour elle, surtout au niveau des épaules et sur la longueur, mais rien qui ne pouvait être réglé par plusieurs couches de vêtements et une reprise. Elle aurait tout le temps de s’en occuper sur le navire. Le retirant, elle entreprit d’en trouver un plus petit pour Alkan, qu’elle finit par dénicher au fond de la penderie. Le prêtre étant assez petit, le manteau aurait besoin d’être repris également mais il ferait l’affaire. Elle enfourna le tout dans son sac à dos et referma la porte de l’armoire. Après une seconde d’hésitation, elle rouvrit la porte, enfourna quelques manteaux en plus dans son sac et la referma de nouveau avant de ressortir par où elle était arrivée.
Elle répéta l’opération encore quelques fois sous l’œil bienveillant de Nerel, et dénicha gants, écharpes, bonnets en plus de plusieurs vêtements chauds. Elle trouva même quelques briquets et allumettes ainsi que des gâteaux secs dans une chambre d’enfant. Elle ne put s’empêcher d’embarquer également une boîte à bijoux sertie d’un magnifique émeraude sur le couvercle. La boîte était bien trop belle pour rester enfermée après tout.
Au moment où, sur un toit, elle s’arrêta pour faire le point sur ses trouvailles, elle entendit le second coup de feu qui annonçait l’embarquement. Se dressant sur ses pieds, elle fila comme l’air à travers les toits jusqu’au port, ne se souciant pas cette fois de faire preuve de discrétion. À bout de souffle, elle s’arrêta sur un toit en bord de mer et chercha Alkan du regard. Celui-ci était à quelques mètres, près d’un grand navire noir où l’équipage s’affairait. Il avait entouré un de leurs bagages d’un grand tissu rouge écarlate, impossible à rater et faisait les cent pas devant le navire. Souriant, Lykaios se laisser tomber au sol et courra le rejoindre. Passant devant lui, elle lui administra une petite tape sur l’arrière de la tête et fila sur le pont.

"- Dépêches-toi Doc, t’es en retard !"
Mar 3 Sep 2019 - 20:50
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Chapelier
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Chapelier
- Que tout le monde s’active sur le pont. Si vous ne trouvez rien à faire, je vous trouverais du travail avec les poissons, par-dessus bord. Je ne vous paie pas pour être fainéant, beuglait le capitaine.

Pour les habitués, ils connaissaient le refrain et ils étaient déjà à leur poste depuis leur arrivée. La remarque avait surtout son utilité pour les nouveaux. D’ailleurs alors que les nouveaux prenaient leur marque, tout l’équipage habituel s’activait sur le pont dans un brouhaha catastrophique où chacun criait ses instructions et autres indications.  Ça gueulait en tous sens et personne ne se comprenait réellement et donc on hurlait encore plus pour être entendu. Il n’y avait en soi aucune réelle coordination si on observait d’un œil extérieur, mais c’était l’ordre établi. Il marchait et à quoi bon le changer. Ils étaient des pirates, des marins buveurs de rhum, non des aristocrates souhaitant mener une vie de société civilisée sur les mers. La seule hiérarchie à bord c’était celle du capitaine Riffengard, puis ça revenait soit au plus fort, soit selon le choix de l’équipage. Il fallait être rusé, pernicieux et malin pour monter, ou alors être charismatique.
Pour la seconde, Ivy, elle avait atteint son poste grâce à son charisme, malgré les avis sur son sexe. D’ailleurs, le dernier marin qui avait osé lui dire qu’elle avait obtenu son poste en baisant avec le capitaine, avait fini six sous terres après une balle à bout portant dans la tête. Elle déteste qu’on se moque d’elle, car elle est une femme et l’équipage l’a vite compris. De toute façon, la seule putain à laquelle sont fidèles les marins, c’est Ariel.
Le bateau prenait de la distance avec le port. On pouvait encore y entendre les bruits de combat et autres, en plus des flammes léchant le ciel. On aurait cru à une grande attaque, mais ce n’était que le départ d’une bande de pirates ne voulant pas se faire repérer. Ou si, ils le voulaient, mais le plus tardivement possible.
Le capitaine voyant que tout se passait bien, regagna sa cabine personnelle. Ivy prit alors son rôle et poussa l’équipage au travail. Elle trouva une place pour chacun ses nouveaux, en fonction de leur physique. Et s’ils ne connaissaient pas comment ça fonctionnait, qu’il demande ou qu’il se débrouille. Ce n’était pas son problème s’ils avaient des emmerdes. En tout cas, c’était son discours.

- Le premier marin que je ne vois sans rien faire, ou qui fait mal son boulot, il pourra se plaindre autant qu’il veut, il ne touchera pas une seconde à sa boustifaille. J’en ferais ma mission, ne vous inquiétez pas, cria-t-elle.

D’ailleurs elle travaillait autant que n’importe quel marin. Elle aidait où il le fallait, elle donnait ses instructions et elle corrigeait sans s’énerver, malgré sa remarque, les erreurs tant qu’elle n’était pas excessivement grave. C’est pourquoi elle passa quelque temps avec les nouveaux n’ayant pas le pied marin : la voleuse et l’érudit au physique digne d’un nourrisson. Elle n’avait pas à s’inquiéter pour le nain, qui malgré sa race et son apparence quelque peu étrange, trouva bien vite sa place dans ce bordel. C’était un vrai pirate comme on en faisait plus depuis la chute de Port-Argenterie.
Pendant qu’elle travaillait, elle chantonnait, entre deux remarques, pour elle-même une chanson qu’elle adorait plus que tout. Et elle bossait sans s’arrêter, par habitude. Leur mission ne faisait que commencer et il avait encore bien du chemin à faire.


Sont les filles d'Argenterie
Ont armé un bâtiment
Pour aller faire la course
Dedans les mers du Levant.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

La grande vergue est en ivoire
Les poulies en diamant
La grand-voile est en dentelle
La misaine en satin blanc.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

Les cordages du navire
Sont de fils d'or et d'argent
Et la coque est en bois rouge
Travaillé fort proprement.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

L'équipage du navire
C'est toutes filles de quinze ans
Le cap'taine qui les commande
C'est le roi des bons enfants.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

Hier faisant sa promenade
Dessus les gaillards d'avant
Aperçut une brunette
Qui pleurait dans les haubans.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

Qu'avez-vous gentille brunette
Qu'avez-vous à pleurer tant?
Av'- vous perdu père ou mère
Ou quelqu'un de vos parents?
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

J'ai cueilli la rose blanche
Qui s'en fut la voile au vent
Elle est partie vent arrière
Reviendra en louvoyant.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.
Dim 22 Sep 2019 - 16:08
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Lykaios
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Lykaios
À peine arrivés sur le pont que les marins se mirent au travail. La seconde s'adressa à eux d'une voix forte et autoritaire, qui fit comprendre à Lykaios que ce n'était pas le genre de femme que l'on contredisait. Cela lui plaisait.
Elle aurait bien voulu admirer leur départ, voir le rivage s'éloigner au fur et à mesure et les voiles se gonfler sous le vent. Mais il n'y avait pas de temps pour cela et, avec Alkan, elle s'attela de ce pas aux corvées à bord.
Il ne fut pas difficile de trouver du travail pour le prêtre d’Antescior. Il alla s’installer dans les cuisines où il aida le chef du navire à préparer les repas et à faire la plonge.
Quant à Lykaios, elle toucha à tout. Elle commença par aider à récurer le pont du navire afin qu'il brille mais surtout qu'il ne glisse pas, elle ponça les rambardes et lava même le linge. Elle accepta de bon gré toutes les corvées qu’on lui donnait et ne perdait aucune occasion d’apprendre quelque chose de nouveau. Son silence et sa bonne volonté plu au reste des marins qui n’hésitaient pas à lui apprendre de nouvelles choses et lui attribuer de nouvelles tâches à faire. La seconde, Ivy qu’elle s’appelait, passait de temps en temps voir comment elle se débrouillait et la corrigea parfois quand elle voyait que la voleuse se trompait. Elle était bonne pédagogue, patiente et attentive, ce qui plut à Lykaios.
Mais ce que cette dernière préférait plus que tout, c’était les cordages et les voiles. Elle adorait grimper au mât, vérifiant que les nœuds des cordages étaient en ordre, passant de vergue en vergue, de la poupe à la proue, telle une araignée passant de fil en fil. De là-haut, elle pouvait voir l’infini de l’océan et du ciel qui s’ouvrait devant elle, le vent qui faisait danser ses courts cheveux et le sel marin frapper sa peau qui se basanait de plus en plus à cause du soleil et s’irritait avec le froid. Du haut du mât, elle avait le sentiment d’être pleinement libre et vivante, que le monde et l’avenir lui appartenaient. C’était une sensation plus que merveilleuse qui lui gonflait le cœur de bonheur.
Lykaios s’adaptait donc très bien à sa nouvelle vie sur les flots. Une routine s’installa au fil des jours, commençant à l’aube quand elle montait sur le mât pour vérifier les cordages et se terminait le soir par un repas avec le reste de l’équipage à écouter les récits d’Alkan qui s’était fait conteur du groupe au fil du temps. Malgré la réticence à le voir embarquer et le doute quant à son utilité à bord, les marins avaient fini par apprécier son sens de l’humour, sa cuisine et ses récits qui trompait l’ennui. Son acceptation au sein de l’équipage passa également par le fait qu’il lui arrivait à l’occasion d’assister le médecin de bord, lui donnant des conseils sur les différentes herbes à utiliser en remède quand un marin était malade.
Mais toute cette joie que ressentait Lykaios n’endormit tout de même pas sa méfiance qui était toujours présente, tapie au fond d’elle-même, en alerte. La jeune fille dormait tous les soirs entre Alkan et un mur, ses couteaux constamment sur elle et jamais profondément. L’équipage avait beau les avoir acceptés, il n’en restait pas moins qu’ils se connaissaient tous de longue date, hormis un nain unijambiste, et qu’ils étaient tous des pirates. Si quelque chose venait à dérailler, les trois nouveaux seraient livrés à eux-mêmes et seraient en minorité. Elle ne perdit pas non plus de vue leur objectif. Elle attendait avec impatience que le capitaine et sa seconde leur expliquent vers où ils se dirigeaient de manière concrète et qu’elle serait la suite des événements. Car, autant Lykaios adorait sa vie en mer, autant elle adorait l’idée du poids de l’or dans ses poches.
Sam 28 Sep 2019 - 18:03
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Urmri Tête de Fer
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Urmri Tête de Fer
Le voyage était bien engagé quand la tempête frappa. Personne n’en fut surpris. Une tempête en mer, ça n’a rien d’exceptionnel. Après tout, la mer, c’est l’endroit où les vents chauds du sud, et les vents glacés du nord, soufflent sans résistance et se rencontrent librement. Et là où souffle le vent, l’orage n’est jamais loin.
Ces premiers jours de voyage, qui étaient devenus des semaines, avaient été l’occasion pour l’équipage de mettre de côté la concurrence qui avait été voulue au début par les officiers qui commandaient le bord. Ils en avaient été quittes pour des chansons faisant allusion à la fiabilité de la parole de leurs pères, à défaut de faire allusions à leurs mères. Pirates, oui, mais ça n’était pas pour autant que l’équipage en négligerait, dans ses chansons, certaines règles de politesse.
Et puis qui aurait fait des allusions aussi basses, quand on pouvait simplement se réjouir de chanter des boiteuses, les grands coureurs et les Danaés ! L’équipage mettait du cœur à l’ouvrage, et à partir de cet instant, c’était tout ce qui comptait, et tout ce qui devait compter.

Urmri, pour sa part, ne fut pas tout à fait heureux pour autant, durant cette période. Lui, le nain le plus célèbre de la flibuste, simplement réduit à un vulgaire rôle de briqueur de pont ! Par toutes les sardines de la mer, cela ne devrait pas être ainsi. Jambe de bois, d’accord, mais il n’était pas pour autant incompétent à la manœuvre ! Et il guettait, silencieux, l’occasion de faire savoir au capitaine que ce le rôle auquel il avait été réduit ne lui plaisait pas. En attendant, comme toujours, il mettait du cœur à la manœuvre, et quand le soir venait, il plaisantait avec les autres marins.
Ça l’agaçait quand même un peu, au début, de voir ces deux étrangers, qui ne semblaient pas rigoler avec le reste de l’équipage, mais il finit par opter pour les ignorer. Bien qu’il soit lui-même regardé de travers par certains membres d’équipage, car il était le seul nain, il avait eu le bon sens de se faire un ami de Peter Betham, le gabier le plus grand gueule de l’équipage. Et comme il ne rechignait pas à la tâche, et qu’il était costaud, et qu’il avait la voix qui portait, cet homme basané, cicatrisé, édenté, avec sa chemise jaune visible par tous, était devenu, en quelques sortes, le meneur de l’équipage, le héraut des petites gens du navire. Moins heureux que les officiers, et pourtant plus heureux que l’équipage, en somme.

Lorsque vint la tempête, il était évidant que « Bety », comme tout le monde l’appelait désormais, aurait un rôle à jouer pour maintenir le moral de l’équipage. Mais personne ne s’attendit à ce qu’il ait un rôle aussi important à jouer pour la survie du navire tout entier. Voilà ce qui arrivait quand on recrutait un équipage d’une façon aussi bâclée que ce qui avait été fait ! On se retrouvait sans charpentier digne de ce nom. Aussi, quand le gouvernail, après un grand craquement, se mit à ne plus répondre, les officiers en furent quittes pour être bien emmerdés. Il fallait que quelqu’un aille s’occuper de la mèche de gouvernail, qui avait apparemment subi des misères sous les assauts des vagues.
Bety fut choisi pour descendre. Il fallut lui mettre préparer, sous les assauts des vagues qui désormais déferlaient sur le pont du navire. Et on avait beau être dans les mers du sud, la mer était froide. Un froid qui pénétrait jusqu’au fond des os, glaçant même les hommes les plus ardents. Quand on s’y plongeait, au début, on n’avait pas la sensation que c’était si froid. Mais une vague, plus une autre vague, plus une autre vague… Urmri avait souvent apprit cela, songeait-il en frissonnant, commençant à être transi. La mer n’était pas dangereuse en petite quantité. Ce qui la rendait terrifiante, c’était véritablement sa taille, l’ampleur de ce qui se passait.
Bety descendit sur une petite assise, car il n’était pas envisageable qu’il travaille debout. Pas dans ces conditions. Enfin, la suite serait à sa discrétion, selon la façon dont il envisagerait son propre équilibre ! Car il allait faire un travail de charpentier pour essayer de combler, avec des planches et des clous, et un marteau, le trou dans la barre, pour que cette dernière accepte de répondre enfin favorablement aux commandes des timoniers. Autrement, le navire partirait à la dérive, et c’en serait fini de tout. A commencer par le navire, qui partirait à la dérive, puis par son équipage.
Mais pour que cette assise, soit stable, il fallait des gaillards solides pour le descendre et tenir les cordes. Ce serait une lutte pour Bety, d’une part, mais aussi pour ceux qui, comme Urmri, furent choisis pour tenir. Et les vagues déferlaient sur le pont, nombreuses, mais ceux qui tenaient les cordes savaient qu’ils étaient privilégiés. Bety, lui, était plus proche encore du niveau de la mer, et n’avait pas de bastingage pour le protéger. Il devait avoir froid, il devait avoir mal, et l’intensité des lames de la mer augmentait encore. Ce n’était pas encore le point fort de la colère d’Ariel qui les frappait en cet instant !
Urmri dût faire jouer ses muscles de nains plus encore que d’habitude. Il voyait sur ses bras des veines et des artères si irriguées qu’elles en étaient très visibles sous sa peau. Il les voyait et savait que, même s’il ne les voyait pas, il en était de même pour les cinq marins autour de lui. Il fut heureux de voir que l’un des deux étrangers, habituellement discrets, était là avec lui. Peut-être les deux. La pluie, glacée, tombait dans ses yeux et l’aveuglait.

Puis vint le temps où ils remontèrent Bety. Et tous se réfugièrent à l’intérieur. Ils étaient bleus, tous, et ce n’était pas à cause de la couleur de l’eau. Au vu de ce qu’ils venaient de faire, ils furent envoyés se reposer. On leur donna d’épaisses couvertures pour se réchauffer, prévues pour le grand nord, mais qui furent sorties dès maintenant, et on leur fit chauffer quelque chose.

Car après tout, ils n’étaient pas sortis de danger.
Tous grelottaient, encore.
Ven 4 Oct 2019 - 10:28
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Chapelier
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Chapelier
Les six gaillards, même si une femme était dans leur rang, furent récompensés. Chacun, en plus des couvertures se fit offrir un bon repas exclusif, bien chaud pour les remettre d'aplomb et une ou deux bouteilles de rhum à siroter ensemble pour faire passer le tout. Le but était autant de les réchauffer que de montrer que chaque bonne action était récompensée sur ce navire. Les bons pirates avaient toutes leurs chances de monter et de devenir importants au côté du capitaine Riffengard. Le trésor serait une chance d'arriver loin, et l'or ouvre des portes à qui sait l'utiliser. Même s’il doutait que la majorité de son équipage en soit capable, sans dépenser de suite la moitié dans les putains et le rhum.
Parmi les six, il y avait deux des nouveaux: le nain dont Ivy avait oublié le nom et la femme voleuse. Elle n'avait pas l'air d'être une habituée de la mer, au contraire du court sur pattes. Et cela plaisait à Ivy. Elle voyait l'intérêt de titiller l'appât du gain au nain. On les disait fiables et grands magiciens avec l'or. Il ne restait plus qu'à vérifier ce dire en l'expérimentant avec lui. Peut-être pourrait-il faire fructifier le trésor, de manière assez convaincante pour que plus jamais le capitaine et elle n'est plus jamais à travailler. Même si elle aimait la mer et que jamais elle ne la quitterait réellement, elle ne se plaindra de ne plus devoir écumer les océans dans des actions risquées dans le seul but d'avoir son pain pour le lendemain, mais elle ne connaissait que cela. Donc elle continuait, autant par amour du risque que de la mer. Seulement, il faut prévoir le lendemain et peut-être déjà s'approcher d'un jour sans risque pour ces vieux jours, si elle vivait jusque là. Ce qu'elle en doutait, mais de toute façon, de l'or reste de l'or et qui n'aime pas en avoir toujours plus?

Le lendemain de cette longue soirée, Ivy invita le nain à discuter légèrement, dans le but de préparer son plan, en privé bien sûr.

- L'équipage vous doit une fière chandelle à vous et les cinq autres courageux. On ne serait comment vous récompenser dignement. Mais je ne suis pas là pour flatter votre ego, mais dans le but de voir plus grand. On dit que les vôtres... les nains, dit-elle en s'arrêtant dans le but de trouver les mots corrects, savent faire fructifier l'argent et l'or une fois ceux-ci dans leurs mains. Est-ce bien vrai?

Elle pesa bien sûr chacun de ses mots dans le but de bien mettre en avant la personne face à elle. Si ces dires étaient corrects, ils pourraient faire de grands projets et mener une vie digne des plus grands. Elle se voyait déjà riche propriétaire d'un grand terrain et de faire fructifier son avoir pour ne plus jamais à avoir travailler de sa vie. Elle n'aurait qu'à se préoccuper de naviguer par pur plaisir et elle aurait même son propre équipage. L'or coulerait à flots et elle serait une femme comblée. Mais bien sûr, pour en arriver là, elle devait d'abord mener à terme ce voyage et guider l'équipage de son capitaine à bon port. Puis même si elle rêvait grand, elle resterait d'abord fidèle à son capitaine.

- Ça dépend lesquels, répondit-il.

- Faites-vous parti de ces quelques privilégiés? lui demanda-t-elle de but en blanc.

Et un non fut sa réponse. Elle qui voyait grand, vit sa vision tombée en miettes face à un seul mot: une négation sans intérêt. Elle fut déçue, mais elle ne pouvait changer les gens et en faire des miracles. Elle n'était pas magicienne ni une déesse, sinon elle n'aurait pas à regarder à des sujets aussi futiles que l'argent, car elle en serait couverte.

- C'est bien dommage. Mais vous restez un bon marin. Retenez bien que chaque bonne action vous fera monter dans les grâces du capitaine et qu'être un simple briqueur de ponts n'est point une fatalité. Si nous réussissons cette expédition, nous serons peut-être aussi riches que l'actuel roi d'Oro. Et tous reconnaîtront le poids de nos bourses.

Et suite à ces dires, elle laissa le nain partir de son côté. Elle n'avait même pas pensé à lui demander son nom au nain. Elle irait se renseigner auprès d'autres marins qui avaient de grandes chances de connaitre cette information. Elle était le lien entre l'équipage et leur capitaine. Elle ne devait pas oublier son travail.
Le voyage en mer n'était pas encore fini, mais déjà le temps passait et les températures chutaient. Si les tempêtes pouvaient être un problème, la navigation dans le Nord et ses chaleurs inexistantes serait eux aussi un défi de taille. Et ils n'étaient pas encore sortis de l'auberge, pour au final trouver le trésor. Mais que pouvait bien être sa nature exacte et à quelles dangers devraient-ils affronter pour le trouver?
Mer 9 Oct 2019 - 21:46
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Lykaios
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Lykaios
Voilà un mois maintenant qu'ils étaient en mer. Si Lykaios avait compris qu'ils partaient pour le nord dès le début, elle n'avait aucune idée d'où précisément. On lui apprit à lire la position du soleil le jour et des étoiles la nuit et comment guider le navire en conséquence et elle savait donc se repérer en mer, même si elle ne connaissait pas la destination finale. Durant ces dernières semaines, elle emmagasina une telle quantité de savoir qu'elle se demandait si son cerveau n'allait pas finir par exploser et surtout, comment il avait pu être aussi vide depuis tout ce temps.
Elle avait également exploré le navire de fond en comble et il n'avait plus de secret pour elle, hormis la cabine du capitaine et celle de sa seconde. Elle connaissait ses limites et celles-ci se trouvaient derrière ces deux portes. Le reste du bateau était cartographié dans sa tête. Elle savait où chaque chose se trouvait et connaissait la valeur de chacune. Bien sûr, pour certaines, la tentation de chaparder était tentante mais elle n'était pas assez stupide pour voler un pirate qui se trouvait sur le même bateau qu'elle, et ce pour un long moment encore. Surtout que depuis l'épisode de la tempête, les trois nouveaux avaient été définitivement adoptés au sein de l'équipage. Un respect envers eux était né quand ils aidèrent les autres sans hésiter. Lykaios se sentait donc à sa place au sein de ce groupe, même si elle n'avait lié aucune véritable amitié. Étant la seule femme, la seconde exceptée, à bord et la plus jeune membre, il n'était pas facile de nouer des liens particuliers. Alkan restait donc la personne la plus proche d'elle et la seule en qui elle avait véritablement confiance. Néanmoins, elle échangea quelques paroles avec le nain qui se révéla être une personne joviale qui riait beaucoup. Il initia Lykaios à un jeu de cartes où elle s'avéra particulièrement douée, ce qui plut moyennement au nain mais qui fit le bonheur de la jeune fille. Son air impassible, son coup d’œil et, il fallait l'avouer, la faveur de Virel, la fit devenir une joueuse redoutable.
Grâce à cela, elle allégea la bourse de plusieurs marins sans avoir à les voler ! Elle tomba néanmoins sur quelques adversaires qui lui donnèrent du fil à retordre et qui lui fit se rendre compte que le revers de Virel pouvait être fatal. Alkan la mit en garde contre l'appât du gain et elle jugea préférable de l'écouter. Mais cela ne l'empêchait pas de continuer à jouer de temps à autre. Elle aimait le contact des cartes qu'elle battait contre ses mains, cela la détendait. Alors, sans même jouer, elle avait pris l'habitude de les manipuler pour le simple plaisir de les battre.
Le temps commençait à se faire un peu long. C'était la première fois qu'elle prenait le large aussi longtemps et la vue de la terre ferme commençait à lui manquer. Les jours se succédaient inlassablement, se ressemblant presque tous. Seule la météo apportait parfois quelque chose de nouveau, comme des nuits agitées par un vent particulièrement fort. Mais une certaine routine s'était installée et cela ennuyait quelque peu Lykaios qui n'était pas femme à rester en place. Ses membres la démangeaient et son coeur réclamait l'adrénaline de l'aventure qu'elle lui avait promise. Elle avait donc hâte que les choses sérieuses débutent.
Dim 20 Oct 2019 - 12:16
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Urmri Tête de Fer
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Urmri Tête de Fer
Les chants. Toujours et encore les chants.

Le marin a deux ennemis jurés, que l’on ne peut hélas que guérir. Car il est difficile de prévoir quand est-ce qu’une tempête frappera, ou qu’un calme plat tombera. Et il fallait bien dire que cet équipage n’avait vraiment pas de chance ! Après la tempête d’il y avait quelques jours, les vents semblaient s’être essoufflés, avaient donc petit à petit laissé tomber le navire, qui avait continué sa route au début comme si de rien n’était, mais qui avait fini, lentement mais sûrement, pas s’immobiliser. Au fur et à mesure de son ralentissement, qui prit plusieurs journées complètes, il se faisait encourager par l’équipage, qui chose rare ne renâclait pas à la manœuvre.
Dame, c’était qu’on savait que le pacha non plus n’aimerait pas se faire piéger par la mer plate. Alors quand il avait l’impression de percevoir un changement dans le vent qui serait favorable à l’équipage, il ordonnait aussitôt à la manœuvre de reprendre, et pour ça, elle reprenait. Mais malgré ces efforts, il fallut bien un jour s’avouer vaincu. A l’est du continent, alors qu’il naviguait vers le nord, le navire dériverait quelques temps. Le temps pour Ariel de leur offrir un meilleur visage.

Il ne fallait cependant pas croire que c’était une période de repos pour l’équipage, qui était depuis déjà près de deux lunes complètes en mer ! Et pour des pirates, qui pensaient s’être embarqués pour des aventures fantastiques et des trésors, deux lunes, c’était long. Et voilà qu’on devait ajouter cet impondérable des plus énervants. Le moral fut donc en baisse nette. D’autant plus que, encore une fois, point de repos pendant le calme plat. Tout comme on avait tenté d’empêcher le navire de s’immobiliser, la moindre brise déclenchait une tentative de le faire redémarrer. Il fallait donc en permanence déployer, puis resserrer les voiles. Les timoniers devaient se relayer pour tenter d’imprimer au navire une direction nouvelle presque toutes les minutes…
Mais rien n’y faisait. Alors l’équipage se réfugiait dans les chants. Et pirates ou honnêtes, tous les marins avaient cela. Car l’un dans l’autre, ils n’avaient plus que cela à faire pour passer l’ennui, et au final, poser implicitement une question au capitaine.

« Qu’est-ce qu’on fout ici exactement ? »
Mer 6 Nov 2019 - 22:01
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Chapelier
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Chapelier
Riffengard se voyait aux confins du monde, où seuls les fous naviguaient. Et pourtant chacun marin se donnait à fond, car tous les dangers guettaient dans ces eaux du ?ord. On n’était pas à l’abri de débris de glace qui pouvaient devenir un fléau pour un navire. Il tenait la barre et se donnait autant que chacun marin. N’était-il pas leur capitaine ? Ne l’avait-il pas nommé à cette charge comme il était dit dans la tradition ? Il était leur leader, leur chef et pour eux, il ferait tout. Mais la folie a ses limites, et d’autres voix sur leur navire le montraient. Ils étaient des pirates qui luttaient pour la richesse, mais à quoi bon être un riche mort ? Ivy l’avait compris.

- Si nous continuons comme ça, nous finirons soit morts, soit dans une mutinerie. Ces eaux ne sont pas navigables. Le trésor peut se trouver devant, mais la mer n’est pas la solution. Elles sont traitresses et les vents sont comme des morsures dans ces régions, dit Ivy au capitaine.

La vie était dure sur le navire depuis qu’ils étaient montés dans le Nord. La mort n’était pas loin. Les eaux étaient tellement froides qu’aucun ne s’y risquerait, même sous la contrainte. Les vents étaient des crocs de glace capables de vous frigorifier le corps sur les plus violentes bourrasques. Et chaque coupure, même les plus petites, pouvait signer des problèmes bien plus graves avec les gelures. Il y avait un climat atroce et une humeur morose régnait en maitre dans l’équipage. Ils n’étaient pas rares que des pluies atroces s’en mêlent, vous gelant autant le corps que l’esprit. L’équipage avait beau respecter le capitaine, qui était depuis leur arrivée dans le Nord le premier à se jeter dans la bataille dehors contre le froid, ils n’aimaient aucunement ces conditions. Et la seconde l’avait compris. Elle avait tout fait pour remettre d’aplomb l’humeur du groupe, mais elle ne pouvait faire de miracle. Ils avaient déjà navigué depuis un moment et ils ne voyaient aucun résultat. Les pirates ont beau être patients, ils ne sont pas habitués à attendre que les évènements se passent. Ils le saisissent d’habitude et une fois en main, ils ne lâchent qu’à leur dernier souffle. Or là, ils ne faisaient que naviguer sans que rien ne coupe les évènements que la mer leur balançait à la face.

- Et que veux-tu faire ? Nous sommes des marins, lui répondit-il.

- Passons par les terres. Nous n’y sommes peut-être pas maitres, mais la colère d’Ariel est trop forte dans ces eaux. Nous n’y survivrons pas et l’équipage n’en peut plus. Sur terre, nous pourrons nous chauffer normalement. Si bien sûr nous survivons dans ces terres inexplorées de tous. De toute façon, si ces terres ne nous tuent pas, la mer le fera. Nous nous ne sommes pas assez préparés, lui rétorqua la seconde.

La côte n’était pas si éloignée du navire. À certains moments, ils pouvaient même quelques fois la voir au loin. L’option était réelle et le capitaine Riffengard en prit la réflexion. Ils n’étaient pas très loin et ils estimaient qu’ils en auraient encore pour 4 à 5 jours au minimum à ce rythme, avec un vent bien plus souvent contraire à leur sens. Alors oui, la terre était une option et peut-être n’iraient-ils pas aussi vite que sur mer, mais leur condition pourrait être meilleure. Après ne pas avoir un bateau sur place pourrait devenir un problème plus tard. Mais… Si les dieux le veulent, qu’advienne que pourra et que la mort les fauche. N’était-ce pas déjà de la folie d’entreprendre ce voyage ? Ils savaient tous que ce voyage était risqué. Même si certains l’acceptaient plus difficilement que d’autres.

- Si l’équipage est pour, je suivrais son avis. J’ai beau être le capitaine et mon autorité prime par moment, je ne peux tout décider pour eux. Alors, demandons-leur. Appelle les Ivy.  

Une bonne trentaine de minutes après cette discussion entre les deux bouches d’autorité sur le navire, tout le monde fut appelé sur le pont. Certains travaillaient en même temps, car il était impossible de stabiliser complètement un navire sur mer, mais les voiles avaient été réduits au maximum.
Le capitaine prit la parole devant tous.

- Mes frères, mes sœurs, je sais que ce voyage vous est pénible. Le froid vous harasse, le temps devient long et l’ennui vous guette. Beaucoup ici se demandent si nous arriverons un jour à la fin. Et ce temps est proche. Nous ne sommes plus très loin du trésor tant espéré. À peut-être cinq jours, si Virel nous sourit. Mais d’autres problèmes plus graves arrivent, Ariel est en colère dans ces régions. Elle semble s’être calmée pour le moment, mais combien de temps restent-ils avant qu’elle nous attaque ? Les eaux sont dangereuses et je me dois d’être honnête avec vous. Rien n’interdit que nous finissions comme bien des autres avant nous, à des lieux sous la mer à nourrir les poissons. Seulement, désirez-vous abandonner si proches ? Je ne le crois pas. Nous sommes des marins, des pirates. Nous avons lutté et nous ne repartirons pas vivant les mains vides. Deux choix s’offrent à nous, soit nous continuons comme nous l’avons toujours fait, sur mer. Soit nous prenons la deuxième option. La côte est proche et peut-être que les conditions sur terre seront plus faciles. Mais même ainsi, cela voudrait dire laisser la surveillance du navire à certains pendant que les autres continuent à pied. Aucune des options ne me plait et je me dois de vous dire la vérité. Vous avez droit aux chapitres. Nous sommes une fraternité, vous m’avez élu, pour la plupart. Le choix vous revient autant qu’à moi. Que faisons-nous ?

Ainsi, pour le capitaine, il n’existait que trois options, ou plutôt la quatrième était inenvisageable. La première serait sur mer, la deuxième sur terre, la troisième se solderait par une mutinerie ou un retour au port, mais il était prêt à l’accepter. On ne pouvait gagner à tous les coups. Et la dernière serait la mort de l’équipage. Or, autant sa mort ne le faisait pas peur. Il l’avait accepté en devenant pirate. Son métier était dangereux et la mort devenait une bonne amie. Autant voir mourir les siens, sa famille, il le refusait.
Dim 10 Nov 2019 - 18:52
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Lykaios
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Lykaios
Un courant de murmures et de chuchotements suivis les paroles du capitaine. Tout le monde était fatigué de cette lutte contre les vents et les marées, de ce combat contre tantôt les tempêtes prêtes à vous retourner le navire, tantôt contre la mer d'huile qui vous emprisonne au milieu de nulle part. Mais surtout, on avait peur. On avait peur de ce qu'on allait trouver au bout de ce voyage, on avait peur de ce qu'Ariel allait nous réserver. Les discussions allaient donc bon train autour de Lykaios, qui gardait quant à elle le silence. Elle avait toujours été une Terrienne, voire même, une fille de l'air. Elle avait fait des toits son territoire et elle le maîtrisait à la perfection. Quand les gens se retrouvent en hauteur, ils pensent que c'est fini, qu'il n'y a plus d'issu. Pour elle, les hauteurs offrent une infinie de possibilités qui ne lui ont jamais fait défaut. Sentir sous ses pieds les tuiles des bâtiments lui manquait. Néanmoins, quand le moment fut venu de voter, elle vota pour rester en mer. Elle était maintenant pirate, c'est en mer qu'ils avaient entrepris leur quête et c'est en mer qu'ils la finiraient. Quitte à nourrir les poissons, telle est leur place plutôt que six pieds sous terre.
Le vote fut assez serré. Tous craignaient la colère d'Ariel et certains préféraient tenter leur chance sur la voie terrestre, ne voyant que le but de ce voyage, à savoir le trésor qui se trouvait au bout. Mais les autres, s'ils accordaient de l'importance au trésor visé et à leur vie, ils accordaient encore plus d'importance à leur statut. Ils étaient pirates et c'est sur mer qu'ils avanceraient. Leur vie, le trésor, n'auraient aucun sens s'ils décidaient d'abandonner le navire et de continuer sur la terre ferme. Or, à quoi bon vivre, à quoi bon être riche si l'on n'a pas de sens à donner à son existence . Ce fut cette partie de l'équipage qui l'emporta. Elle finit par persuader l'autre de continuer et on s'attela à redoubler d'efforts pour avancer aussi vite que possible.
Lykaios observa une légère crispation chez la seconde, qui semblait s'inquiéter des conséquences de cette décision, ce qui ne fut pas le cas du capitaine. Le vote sembla lui avoir retiré un poids sur les épaules, qui se décontractèrent légèrement et son expression du visage s'adoucit brièvement avant de reprendre un air impassible. Il adressa ses remerciements à l'équipage et lâcha quelques mots d'encouragement avant de donner le relais à sa seconde qui distribua les directives d'une voix forte. Tout l'équipage se secoua, revigoré par cette mise au point et de nouveau motivé par le but à atteindre. On est des pirates, la mer est notre territoire : c'est ici qu'on vit et c'est ici qu'on meurt.
Lun 18 Nov 2019 - 18:34
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Dargor
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Dargor
Par la mer ce serait donc ! Les officiers du navire avaient fait du bon boulot : en laissant l’équipage choisir, ils avaient semé pour toujours la discorde dans ce dernier, en un sens. Après tout, maintenant, si quelqu’un s’avisait de regretter de ne pas avoir pris la terre, ou se plaignait de la mer, ce ne seraient pas les officiers qui auraient à le réprimander car ses camarades marins eux-mêmes s’en chargeraient, Urmri et Betty en tête. Après tout, ces deux loups de mer savaient exactement à quoi s’en tenir concernant l’opposition terre/mer et avaient été des meneurs dans le succès du vote de la mer. Enfin surtout Betty. Mais Urmri lui avait apporté un soutien franc et de tous les instants. Et qu’on le méprise ou qu’on l’admire, Urmri avait un avantage éternel : avec sa gueule hallucinante, il était immanquable. Aussi, quand il se mettait à gueuler, on l’écoutait.
Par la mer ! Comme si la Grande garce en personne approuvait ce choix, le vent s’était très vite remis à souffler après le vote et le navire avait donc pu reprendre sa marche, dans une atmosphère de liesse. Après un calme plat, les marins étaient bien trop heureux de repasser à la manœuvre en ayant quelque chose à faire pardi ! La seule chose qu’ils regretteraient parfois serait la possibilité, pour les nageurs, de piquer une tête dans la mer. Mais ça, c’était accessoire, comparé au fait de sentir le navire qui avançait sous leurs pas, tandis qu’ils parcouraient le pont en tous sens.
Et puis, à défaut de la mer, on avait les violons pour égayer un peu certaines soirées ! La misère du marin venait après tout tous les jours, un triste pain quotidien. Carguer les huniers, se pendre aux filins, sous les coups de gueule du pacha, c’était une vie qui n’était après tout pas si romantique que ça. Donc on prenait ce qu’on avait pour se distraire le soir venu. Et chasser la boule au ventre qui pouvait naître dans le cœur de certains qui n’avaient pas encore trop d’expérience de longues navigations. Et c’était le cas de la plupart des membres d’équipage, car après tout, on ne faisait pas le tour de la moitié du continent tout le temps ! Un voyage de plus semaines, pour le marin moyen, c’était déjà énorme. Alors plusieurs lunes complètes…

Cet équipage n’échappait pas à cette moyenne. Aussi, à son bord, Urmri aurait pu faire figure d’ancien. Mais la vérité était que lui non plus n’avait jamais, malgré sa longue vie, voyagé si longtemps. Seul Betty, qui venait de la lointaine Kelvin, pouvait s’en vanter. Après tout il avait bien dû venir ici du temps où son capitaine, un Académicien, avait tourné pirate, à la glorieuse époque d’Argenterie.
Comment avait-il survécu à la chute de cette dernière, lui demanda-t-on d’ailleurs ? On posa la même question à Urmri. Après tout, même si les survivants d’Argenterie n’étaient au fond pas si rares que cela, bien qu’ils soient malgré tout sensiblement moins nombreux que les pirates qui n’avaient pas connu Argenterie, on avait toujours envie d’entendre comment s’en étaient-ils sortis de l’attaque des elfes noirs. La réponse était hélas souvent « En n’étant pas en ville cette nuit-là ». C’était presque le cas d’Urmri. Presque, car lui était en fait en train de préparer un navire, et avait pu se cacher sous un quai, dans l’eau, pendant que le sang coulait partout en ville. Quant à Betty, il s’en était sorti en se cachant avec le « Vieux Seth », lui et quelques autres.
A cette nouvelle, des acclamations des chants reprirent de plus belle. Le vieux Seth était après tout une figure appréciée des pirates, même de ceux qui ne l’avaient pas connu. Descendant de la fondatrice du royaume pirate, Lily Bloody Seth, ce vieillard avait été une mascotte du temps de son grand âge. Bien que sénile dans une ville qui ne pardonnait pas ce genre de défauts, on ne lui avait fait aucun mal, et c’était bien, et que les elfes noirs n’aient même pas réussi à lui mettre le grappin dessus était bien aussi. Aujourd’hui, il était de notoriété publique que le vieux Seth avait survécu, puisqu’il était à Puerto Blanco, en train de couler une vieillesse tranquille. Mais de rencontrer quelqu’un capable de raconter comme il avait survécu, ça avait réveillé le cœur des marins !

Enfin bon. Betty était un gars bien, et Urmri aussi. Bien que l’équipage les ai déjà pris en haute estime durant le début du voyage, cette fois, ils en étaient devenus les chefs, soumis à la chaîne de commandement officielle du navire bien sûr. Mais le voyage s’en passa d’autant mieux. Il fallut une escale dans un royaume côtier dont la plupart des membres d’équipage n’avaient jamais entendu parler avant de reprendre la navigation, cependant, car ce foutu calme plat avait épuisé les rives plus que de raison. Cependant, pour s’éviter les ennuis, cette escale fut limitée au strict minimum par le pacha et les siens. Les marins râlèrent, mais quel choix avaient-ils ? Non ce qui les énerva vraiment fut le fait d’apprendre que ce royaume qu’ils avaient laissé à côté d’eux étaient Euplemio. Ils passaient au large des montagnes d’or qui étaient si grandes que même dans Puerto Blanco, qui se servait sur le dos de certains navires revenant de la Jungle, avec toutes ses richesses, entendaient dire qu’en Euplemio, les mendiants portaient des habits cousus d’or, et que l’on trouvait des diamants en se baissant par terre ! Et on les avait privés d’une escale ici par tous les dieux !

Heureusement pour les commandants, encore une fois, les marins s’auto-régulèrent. Après tout, ces bouseux du nord ne pouvaient pas être si riches que ça pas vrai ? De plus, un nouvel ennui marin s’ajouta un jour. Le froid. On approchait du nord, et la roue des saisons avait changé. Ça allait bientôt être l’hiver ici… Il fallut des couvertures épaisses, et la givre commença à envahir le navire, surtout les marins. Puis un jour, ils virent ce que, pour la plupart, ils voyaient pour la première fois : une glace flottante. Une immense glace, qui dérivait non loin du navire.
Mer 27 Nov 2019 - 20:52
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Chapelier
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Chapelier
Elle avait déjà affronté de nombreuses fois le froid de sa vie de marin. Il faisait partie de sa vie et elle en avait l'habitude. Quel marin n'avait jamais connu le froid accompagnant les pluies gelées et les vents du nord? Pourtant cette fois-ci, il était différent. Il vous glaçait le sang et s'infiltrait en vous telle une maladie incurable. Quoi qu'elle fasse, il était toujours là et aucune couverture ne pouvait lui barrer le chemin. Il ne restait plus que le travail et l'alcool pour l'oublier, comme bien sûr la majorité des soucis. Mais on n'avait à s'ennuyer sur le pont depuis le début de l'apparition des glaces flottantes: les icebergs si l'on en croyait les grands marins ayant survécu de leur voyage dans le Nord. Ils sont des mastodontes pouvant faire rejoindre un navire complet au domaine d'Ariel. Et tout l'équipage devait participer aux manœuvres pour les éviter au risque d'en mourir, et ceux qui ne faisaient rien ne pouvaient s'empêcher pour la plupart d'être des vigiles secondaires.
Les premiers jours où ils étaient apparus, la tâche fut aisée, mais plus le temps passait, plus ils se faisaient nombreux. Mais aucunement l'équipage ne prenait peur. Ils étaient des guerriers, de grands aventuriers parcourant les mers à la recherche de richesse à piller. Or là où ils se rendaient,  y avait soi-disant qu'à se baisser pour devenir le plus riche des hommes. Chacun connaissait sa tâche et une routine s'installait dans ces manœuvres.

Ivy était fière de ces hommes. Ils étaient téméraires, puissants et jamais elle n'aurait souhaité une autre vie. Fille de marin, elle se retrouvait aux côtés des pires engeances de ces mers et elle aimait ça: une liberté totale à insulter tous les puissants de ce monde et à leur cracher aux visages. Seulement tout ne pouvait pas bien se passer.
La côte n'était pas loin, elle se retrouvait entourée de glaces, d'icebergs et d'autres pièges encore plus mortels. Les provisions ne seraient pas suffisantes pour le voyage du retour selon les dires du cuistot pour l'ensemble de l'équipage. Le capitaine avait déjà fait la demande de baisser les rations pour chacun à chaque repas, en réduisant les siennes en première pour montrer l'exemple. Mais cela ne pouvait continuer comme ça. Ils ne pouvaient pas se nourrir d'eaux salées et de poussières. Mais qui s'intéressait à cela? C'était le grand jour et tous les marins étaient au courant. Selon la carte, ils devraient apercevoir d'ici peu sur les côtes l'endroit du trésor. Un cimetière énorme de navires: un lieu de mort et de désolation où devait encore rôder l'âme de nombreux marins.

- Navire en vue sur la côte, à bâbord ! , cria la vigile.

Tous les marins qui n'étaient pas affairés à la tâche coururent pour le voir eux-mêmes. Était-ce vrai? La fin était-elle proche? Même le capitaine se pressa d'aller voir avec sa longue-vue pour ensuite mettre en place l'organisation pour l'expédition.
Il en fut décidé que le navire s'approcherait au maximum possible de la côte sans se mettre en danger puis que deux chaloupes avec chacune cinq pirates seraient mises à la mer et continueraient pour arriver aux navires échoués et vérifier le contenu du navire. Le capitaine et la seconde feront bien sûr partie des dix sélectionnés pour aller voir le trésor en premier. Les autres seraient décidés par le vote de l'équipage. Seuls les téméraires acceptant le danger et le risque avaient à s'avancer pour montrer leur volonté de participer à l'expédition puis l'équipage n'aurait qu'à élire ses huit représentants dans ce court voyage. Personne n'osa s'avancer le premier puis quand Betty prit le courage de le faire, d'autres le suivirent.
Une fois que tous se montrèrent, il ne resta plus qu'à voter. Qui ferait partie des huit téméraires au côté d'Ivy et d'Adams Riffengard?
Mer 4 Déc 2019 - 17:18
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Lykaios
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Tête pensante de la meute
Lykaios
Lykaios fut l'une des premières à se porter volontaire pour aller sur la côte. Elle trépignait d'impatience à l'idée que la terre ferme était toute proche, que le trésor était là quelque part, à portée de main. Il n'était donc pas concevable qu'elle patiente tranquillement sur le navire alors que d'autres mettaient enfin pied à terre.
Elle laissa ses affaires à la charge d'Alkan, qui préféra attendre sur le navire, et aida les autres volontaires à préparer les chaloupes et à les faire descendre à la mer. Les autres marins avaient l'air aussi enthousiastes qu'elle à l'idée d'être tout proche du but. On s’apostrophait gaiement, on se tapait dans le dos à coup de grands éclats de rire. Le désespoir qui commençait à s'emparer de l'équipage avait disparu aussi vite qu'une anguille qui vous file entre les doigts. L'espoir et l'enthousiasme prirent sa place dans l'esprit des marins qui mirent du cœur à l'ouvrage.
La jeune voleuse prit place dans la chaloupe dirigée par la seconde, à côté du nain qui avait été le premier à se porter volontaire, et fixa son regard sur la côte. Ils naviguèrent prudemment, refrénant leur impatience qui pouvait s'avérer fatal dans une zone aussi imprévisible et dangereuse. Plusieurs fois, de grandes vagues vinrent bousculer les chaloupes et trempèrent les marins jusqu'aux os. Lykaios serrait les dents pour éviter de se mordre la langue, tellement elles claquaient forts, mais elle ne pouvait stopper les frissons qui s'emparèrent de son corps tout entier. Elle ne sentait plus ses pieds gelés par l'eau froide qui s'était engouffré jusque dans ses chaussettes pourtant épaisses. Elle tint bon tout de même et prêta main-forte à ses camarades qui se battaient contre les vagues à coup de rames. La seconde les dirigeait habilement afin d'éviter les gros blocs de glace et les grandes vagues qui menaçaient de les faire tomber de bord. Ils finirent néanmoins par atteindre le rivage sans incident, au soulagement général.
Au grand dam de Lykaios, ils durent se jeter à l'eau pour débarquer les chaloupes. Ce fut donc les mâchoires serrées et le corps convulsé de frissons qu'elle tira de toutes ses forces la barque pour l'amener enfin sur la terre ferme. Sans plus attendre, elle se laissa tomber sur le sol mouillé et froid, puis ferma les yeux. Elle savait que ce n'était pas une bonne idée de rester allongée comme ça sous un froid terrible comme celui-ci mais cela lui permit de souffler un peu. Elle se releva ensuite, aidée par ses camarades tout aussi rompus de fatigue mais fous de joie. Ils se rassemblèrent tous autour du capitaine et de la seconde, les uns serrés contre les autres pour se tenir chaud, dans l'attente des prochaines directives.
Dim 8 Déc 2019 - 12:41
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Urmri Tête de Fer
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Urmri Tête de Fer
« Hardi compagnons ! Nous y serons plus tôt que vous ne le pensez ! »

Betty avait beau lieu d’encourager ainsi tout le monde, songeait Urmri en ramant de toutes ses forces. Lui-même, en bon nain, avait le cuir solide et s’adaptait bien à ces eaux glacées du nord. Pour ainsi dire, il s’en fichait. Grand-Papi lui racontait que le feu de la forge et la chaleur des profondeurs de la mine se trouvaient dans le cœur de chaque nain, et le réchauffait, même quand il s’éloignait. Il fallait croire qu’il y avait un peu de vrai là-dedans, car le froid de la mer du nord, il ne s’en était pas encore plaint, et il avait l’intention de continuer sur cette si bonne lancée. Non pas qu’il ne le ressente pas bien sûr ! Mais il savait ce qui l’attendait en se portant volontaire pour débarquer avec les autres. Ça ne l’avait pas empêché de le faire, parce qu’il n’avait pas l’intention de se tourner les pouces, ah ça non ! On n’avait jamais vu un nain se chauffer le cul à bord du navire alors que des humains prendraient tous les risques ! Qui serait là pour leur rappeler que les courtes jambes étaient compensées partout ailleurs sinon ?
Et évidemment, Betty avait aussi été parmi les premiers volontaires, avec la demoiselle. Pas qu’Urmri la respectait pas, mais il y avait chez elle quelque chose de trop continental. De pas assez pirate à son goût. Mais ça pouvait basculer ça pour sûr, ça pouvait basculer. Enfin ça ne le ferait pas alors que Betty leur racontait toutes ses histoires pour leur tenir chaud.

Il avait reçu charge de barrer la chaloupe dans laquelle il était Betty. Mais en fait, tout le monde ramait avec un telle force vers la terre ferme qu’il n’avait pas grand-chose à faire. Alors il leur gueulait des encouragements. De la chaloupe d’à côté, alors qu’il était sur le banc de rame avec la demoiselle, Urmri l’entendait beugler comme un veau, et raconter ses vieilles gloires. Apparemment avant c’était un marin kelvinois, ça on le saurait, pour sûr ! Il prétendait avoir servi à bord d’un navire dont le capitaine leur avait fait voir des vertes et des sacrées aventures ! Là, il était en train de raconter la fois où ils avaient remonté un fleuve dans les Marches d’Acier, justement pas loin d’ici, pour bombarder une ville pleine de putains d’orcs. Une sacrée bataille, si on voulait son avis, mais lui à ce moment il bombardait pas. Il avait son mousquet en main et faisait gaffe à ce qu’on se fasse pas trop aborder, parce que sinon, ça allait mal. Bref il faisait son boulot de gabier même dans le froid du nord, parce le contexte l’exigeait, les peaux-vertes n’étant pas réputés pour le nombre de prisonniers qu’ils faisaient. Donc quand on les engageait, et bla bla bla, et bla bla bla… Urmri aurait cru entendre parler les nains de la ville.
Sauf que les nains de la ville racontaient ça mieux que Betty le faisait à son goût ! Parce qu’en plus, ils parlaient des trésors de la ville. Un jour, quand il serait assez riche pour ça, Urmri les rejoindrait en se payant le voyage. Un jour. Et il amènerait la capitaine, quand il l’aurait retrouvée, avec lui. Et Coco aussi, ça c’était pour sûr. Mais avec tout le respect qu’il avait pour Betty, il l’emmènerait pas : sa trop grande gueule aurait eu tendance à se faire fermer de façon pas très respectueuse par les nains, si on voyait ce qu’il voulait dire. Enfin ce genre de choses pouvaient arriver à n’importe qui qui se la ramenait trop.

A l’image de ce navire fracassé contre le rivage. Qui avait sérieusement cru pouvoir naviguer de façon aussi risquée que ça dans le grand nord, au milieu des glaces ? Avec toutes les raisons qu’il y avait de faire naufrage ici, il avait fallu que ces crétins s’échouent. Alors qu’il fallait débarquer, Urmri regarda ses camarades faire le travail à sa place, parce qu’avec sa petite taille, il aurait eu la tête sous l’eau, et ça il n’aurait pas fallu. La chaleur de la forge, ça réchauffe pas tout ma bonne dame, dit-il à la demoiselle, en ne s’excusant pas une seule seconde de ne pas l’accompagner tandis qu’elle allait se mouiller un peu dans l’eau gelée. Par contre, il ne serait pas dit qu’Urmri tête de fer était un ingrat ! Aussitôt à terre, connaissant son rôle, il s’appliqua à allumer un feu pour que tout le monde puisse s’y réchauffer. Puis les histoires de Betty sonneraient mieux au coin du feu qu’à se faire tremper par la mer gelée.
Et bien sûr, le grand gabier continua à les raconter, mais cette fois sans gueuler, d’une voix plus … Grave. Il semblait à Urmri que ce qu’il racontait valait le coup d’être écouté. Apparemment Betty se confessait auprès des marins, il parlait des esprits vénérés par les gens des Marches. Apparemment, d’après lui, ce n’était pas que des croyances de péquenot. Pendant les fois où son capitaine l’avait emmené au nord il avait pu observer de ces rituels… On les prenait pour des crétins du nord, les gens des Marches, disait Betty pendant que Urmri allumait sa ration de tabac pour le séjour à terre à venir dans sa pipe, mais, disait Betty, toujours, ils avaient plus de foi dans le fait de monter sur des falaises danser autour de feux et prétendre que dans la fumée qui se mêlait à la brume de la mer, on pouvait voir un quelconque géant bénir les femmes de marins pour que leurs maris reviennent. Enfin c’est ce que disaient ceux des Marches, dit-il, il ne voulait pas attirer la colère d’Ariel sur le navire, c’était pour sûr ! Mais il trouvait que ceux des Marches, quand ils faisaient ce genre de choses, ils le faisaient vraiment. Alors qu’il avait vu des prêtresses d’Ariel faire semblant, ça c’était pour sûr !

Mais cette fois ça jetait un froid. Il le voulait peut-être pas mais en disant ça, il était à deux doigts du blasphème le Betty !
Ven 13 Déc 2019 - 22:59
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Chapelier
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Gardien du savoir
Chapelier
D’un côté, un océan blanc, infini à décourager les plus téméraires, de l’autre, le domaine d’Ariel, gelé et destructeur. Et entre tout cela, il y avait la victime : la carcasse morte et poisseuse d’un navire, le corps ouvert en deux d’une blessure béante. Tel était le destin de bien des bateaux en ces lieux et eux avaient survécu, par prudence ou par chance, seul Virel pouvait le dire. Mais en tout cas, même si le climax s’avançait, le danger rôdait toujours. Il serait stupide de foncer et de mourir sur la dernière marche, Elis entre le trésor et nous-mêmes. Cela pouvait faire pleurer rien que d’y penser, mais n’étaient-ils pas de téméraires pirates, les terreurs des Océans, des vivants morts avant l’heure profitant de la fortune à pleines dents jusqu’au croisement de la faux. Ils en riaient, en bons vivants, en fou promis à une aventure perpétuelle sans fin. Ils étaient de romantiques tueurs, pouvant faire pâlir les plus grands marins de l’académie de Kelvin, n’ayant que pour seule mère, vie et expérience : la chaleur d’Ariel. Ils n’étaient pas des savants, ni tout simplement des gens intelligents, sinon ils auraient trouvé richesse ailleurs. Ils étaient seulement des rêveurs, des parias, des meurtriers, des couards même parfois, qui mordaient la vie à pleine dent. Ceci n’est pas une histoire belle ni une histoire touchante, c’est la leur et peut-être que leur fin est arrivée… Ce sont les aventures du capitaine Adams Riffengard, de sa seconde, Ivy, et de son équipage : un tout cosmopolite.

Quand Ivy s’avança, la neige craquait sous ses pas. C’était une première pour elle. Elle était née bien loin de ses régions à la neige perpétuelle. Elle avait déjà vu quelques flocons, mais rien de comparable à ici. À croire que le froid n’engendrait que le blanc manteau de l’hiver, le vêtement d’Elué. Elle marchait vers le bateau. Certains de son équipage la regardaient, tellement sa prestance pouvait des fois être envoutante. Elle n’avait pas été nommée seconde seulement à cause de ses nichons ou de sa grande gueule, elle avait les airs d’un chef. Mais elle s’arrêta avant d’atteindre son objectif. Elle n’était pas la première ligne, avant elle, devait se tenir son capitaine. Elle le laissa passer devant. Il marchait lentement. Son âge pouvait être mis en cause, mais l’accusation aurait pu aussi se poser sur la peur de l’inconnu et passer pour véritable. Puis le reste des hommes et des femmes alors que certains étaient encore gelés les suivirent. Ils n’avaient pas besoin de grands discours. La place n’était plus aux mots, aux ordres. Quelque chose d’autre avait pris place. L’ambiance était lourde. Un léger brouillard se levait, d’abord léger. Puis plus ils s’avançaient, plus une brume épaisse s’intensifiait autour d’eux. À force, personne ne pouvait voir à plus d’un mètre devant soi. Cela permettait de cacher la peur sur les visages. Mais tous connaissaient la direction. Ils allaient vers le navire. L’effroi était palpable et certains pirates ne purent s’empêcher de tirer leur arme pour se calmer. Comme si ils gardaient l’espoir que leur sabre pouvait couper l’air, ou son origine.
Une fois qu’ils furent assez proches, en quelques minutes, et que la brume les couvrait bien, les premiers furent en vue du navire. Et une chose apparut, les attendant, sous un long manteau. Personne ne l’avait vu en arrivant et pourtant elle était là. Cette présence augmentait leur angoisse et d’autres marins sortirent eux aussi leur sabre. Le capitaine prit la parole :

- Quoique vous soyez, laissez-nous passer et aucun mal ne vous sera fait.

Quelques secondes passèrent et l’entité ne bougeait pas. Puis elle leva la tête, mais rien ne fut visible sous sa capuche. Était-ce un humain ? Et si ça l’était, était-ce un homme, une femme ou autre chose ? D’une voix envoutante, à la limite du surnaturel, elle répondit.

- Je devine que vous désirez ce qui se tient derrière moi : l’amertume de la vie et la mort de nombreux marins. Mais tout a un coût. Le mien se tient dans l’épreuve. Répondez à mon énigme et vous la gagnerez. Sinon venez rejoindre ce trésor. Et bien sûr, je ne vous laisse pas refuser ma proposition. Vous êtes venus en connaissance de cause, sans peur face aux dangers.

Des murmures se levèrent parmi l’équipage, mais aucun n’osa bouger. Et pour s’en assurer, le capitaine montra bien d’un geste dur qu’aucun de ses hommes ne devait bouger sans son autorisation. Il ne connaissait pas cette chose et autant on peut être téméraire et fou, autant tout être tient à la vie.

- Je vous la délivre alors aussi tôt, téméraires marins, renchérit la chose.
Instrument qui ne joue pas de musique,
Son aiguille personne ne pique.
On se trouve tout affolé,
Si par nous elle est égarée.
Qui est-elle ?




Communication externe aux récits:

Alors ici, je marque la fin de la première partie de mon post. Pour éviter de jouer une partie sans intérêt face à cette énigme (pas spécialement dur, je précise), je vais opérer autrement. Je suis quelqu’un de joueur et vous aussi, je parie. Au pire si ça ne l’est pas, c’est moi qui décide. Donc vous avez face à vous une énigme. Pour y répondre, vous le ferez en PV.
Mais quelques petites précisions. Je vous accorde une réponse par joueur. Donc vous avez deux chances, une pour Lykaois et une pour Umri. Vous pouvez vous mettre en commun et me donner une réponse différente si vous le souhaitez. Ce qui vous donnerait deux chances. Je ne demande la bonne réponse que d’un seul des joueurs, donc soyez malin. Autre chose aussi, à la base je pensais inventer l’énigme moi-même par rapport à l’univers de Ryscior, mais les examens et le manque de temps on fait que non. C’est ma faute. Donc j’ai pris l’énigme sur internet. À bon entendeur, vous pouvez la trouver dessus si vous tenez à gagner, en gâchant tout le fun bien sûr. C’est votre choix, vous en faites ce que vous voulez, moi j’essaie d’être original pour vous. Donc si vous voulez être gentil, vous savez ce qu’il ne faut pas faire. Mais je ne suis pas là pour vérifier. (Si vous connaissez déjà la réponse, répondez quand même, là, c’est de ma faute clairement.)
En dehors de ça, après que vous m’ayez tous les deux donné la réponse, j’écrirais la suite du post en connaissance de cause, en prenant en compte vos réponses, sur le fait qu’elle soit correcte ou pas. Bien sûr, les deux situations me sont déjà en tête, elles ne manquent plus que d’être écrite selon vos réponses.
Clairement, je teste quelque chose. Je ne sais pas si ça donnera bien ou pas. Si ça tombe, ça va faire un flop, mais qui ne tente rien, n’a rien. Merci en tout cas, de me faire part de vos critiques, que vous trouviez ça bien ou pas. Ça pourrait m’aider pour de futures quêtes. Je vais arrêter de prendre votre temps maintenant et stoppez ma communication.



__________


Après un temps de réflexion et de murmures, aucun ne trouva de réponse ni de parole. Il n’était pas des têtes pensantes. Mais être arrêté par obstacle pareil ne serait pas une fierté.

- Mes frères, pour ouvrir votre gueule, jurer et crier, vous êtes nombreux. Mais une fois la parole sage appelée, vous rabattez tous la queue. Est-ce ainsi que nous finirons ? La queue entre les jambes battue par une chose, dit le capitaine en la montrant sans aucun respect. Aucun parmi nous ne peut aligner deux pensées cohérentes et y arriver ? Ensemble, nous…

Il fut coupé net par la voleuse qui s’affirma. La flamme brûlait dans ces yeux : une rage de vivre et de prendre toutes les richesses à portée de main.

- La réponse est simple, si l'on y réfléchit, dit-elle. C’est une boussole.

- Bravo, surenchérit le gardien. Ainsi donc nous, rancœur et haine des marins, avons été vaincus. Et je vous laisse passer, rajouta-t-il en disparaissant en même temps que le brouillard.

La plage était telle qu’il l’avait trouvé à leur arrivée. Les bateaux se tenaient devant eux et ne demandaient plus qu’à être explorés. Il y était, enfin… Qu’allaient-ils y trouver ? Personne ne le savait et tout le monde pariait sur la nature du trésor. Les hommes les plus simples pariaient sur de l’or, tandis que les téméraires voyaient des pierres précieuses, des armes, des œuvres d’art. Dans tous les cas, seul comptait la valeur pécuniaire du butin pour les hommes.

- Allons-y, et prenons ce qui est nôtre. Et que notre gagnante mène la danse et se serve en première. N’est-ce pas elle la tête pensante de la meute, offrit le capitaine.
Sam 21 Déc 2019 - 18:14
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Lykaios
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Tête pensante de la meute
Lykaios
La monte-en-l'air était bien contente d'avoir appris à aiguiser autant ses lames que son esprit par le passé. La preuve était devant elle, un pirate avait tout aussi besoin de manier la lame que d'affûter son intelligence. La réponse lui était apparue assez rapidement et cela lui valut le droit d'être la première à se servir dans le butin. Un sourire carnassier se dessina sur ses lèvres et elle prit la tête de l'équipe d'un pied léger. Elle avait hâte de découvrir ce qui se cachait dans ce navire à l'abandon. Le reste de l'équipage la suivit dans un brouhaha ravi et quelque peu soulagé. Mais même s'ils avaient passé l'épreuve pour accéder au bâtiment, Lykaios n'en était pas moins méfiante. Elle sortit l'un de ses poignards accrochés à son avant-bras et le tint fermement. Sentir le cuir de la garde dans sa paume la rassura et lui donna de l'assurance.
Le brouillard les avait jusqu'ici empêché de discerner véritablement le bâtiment éviscéré, mais maintenant qu'ils avançaient, Lykaios pouvait voir l'état de pure désolation dans lequel le navire se trouvait. La peinture noire de la coque avait été rongée par le sel et les algues, apportant une odeur nauséabonde aux nez des pirates. Le vent soufflait fortement entre les deux parties du cadavre marin, sifflant aux oreilles et créant des sons qui faisaient froid dans le dos. Mais après tout ce chemin, ce n'était pas cela qui allait arrêter ces braves marins. Remontant son écharpe sur son nez, Lykaios tenta de trouver l'endroit le moins glissant afin de se hisser à l'intérieur. Les parties qui étaient en contact avec le sol ne semblaient pas contenir de point d'entrer. Elle en fit le tour et finit par apercevoir la fenêtre de ce qui devait être anciennement une cabine à quelques mètres du sol. Elle rangea son poignard puis dégagea quelques débris sur son passage et finit par trouver un point d'appui sur lequel elle posa son pied pour s'élancer vers le rebord de la fenêtre qu'elle attrapa d'une main. Il ne restait plus grand-chose de la vitre, aussi se balança-t-elle et réussit à poser son pied sur le cadran afin de hisser le reste de son corps. La voleuse atterrie sur le parquet grinçant et regarda autour d'elle. Le tout était plongé dans la pénombre et il fallut un instant à ses yeux pour s'y accoutumer. Ensuite, elle put discerner quelque peu ce qui avait clairement été la cabine du capitaine. Elle inspectait le reste de la pièce à la recherche de quelque chose pour éclairer quand elle entendit le reste de l'équipage s'impatienter au-dehors. Elle leur cria qu'elle avait besoin de lumière et d'un point d'ancrage pour sa corde avant de pouvoir les aider à monter. Elle finit par trouver plusieurs lampes à huile dans un placard qu'elle enflamma grâce à des allumettes trouvées dans son sac. Elle évalua ensuite la résistance du bureau qui trônait près de la fenêtre et le trouva assez solide pour y attacher sa corde qu'elle fit ensuite passer par-dessus bord. Leur laissant l'une des lampes sur le bureau, elle en emporta une autre pour continuer son inspection.
Le bois gémissait sous ses pas, l'obligeant à se faire la plus légère possible et d'éviter les endroits les plus fragiles. Elle avait déjà testé la température de l'eau plus tôt et une seconde baignade ne la tentait pas. Lykaios avança donc dans les entrailles du navire, la lampe devant elle. Dans sa tête, la voleuse tenta de dessiner le plan du navire afin de voir où le trésor avait pu être entreposé sans subir de dommage. La cabine du capitaine ne possédait rien de ressemblant à un trésor, les cales étaient certainement submergées par l'eau et le pont victime de la météo, aussi, ne perdit-elle pas de temps à les inspecter. Elle se fraya un chemin tant bien que mal jusqu'au pont où elle monta en direction de la cabine supérieure, où elle trouva la porte fermée. Plutôt bon signe. Sortant ses outils, elle entreprit de crocheter la serrure. Elle lui donna un peu de fil à retordre et lui arracha quelques jurons bien sentis mais elle finit par en venir à bout et la porte s'ouvrit dans un grincement. La lampe de la pirate illumina la pièce à mesure qu'elle entrait dans la pièce. Mais elle ne put aller très loin. En effet, le sol était parsemé de pièces d'or et coffres débordant de bijoux. Un immense sourire naquit sur les lèvres de Lykaios tandis qu'elle embrassait du regard les tableaux, les coffres débordants et les murs tapissés de livres anciens. Elle avait trouvé le trésor.
Sam 18 Jan 2020 - 16:13
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Urmri Tête de Fer
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Date d'inscription : 15/05/2015
Urmri Tête de Fer
C’est qu’elle en avait dans la tête la terrienne ! Enfin Urmri aurait dû arrêter de parler d’elle ainsi. Il en était conscient parce qu’après tout, l’autre fois, elle avait bien aidé à la manœuvre sur le navire. On n’est pas totalement un terrien quand on aide comme ça à la manœuvre. Ce genre de choses, c’est pas des détails. Ça non, c’est pas des détails, c’est même quelque chose de hautement important.
Urmri savait ne pas forcément être le plus malin des nains. En fait, il était probable que sa mère l’ait bercé trop près du mur quand il était gosse. Mais du coup, la simplicité dans laquelle il voyait le monde lui plaisait. Et quand une personne se montrait valeureuse, fallait la respecter. Et la terrienne devenue vrai fille de la mer était à respecter, parce qu’elle avait montré en avoir dans les bras et en même temps elle avait montré en avoir dans la tête. Lui Urmri il en avait dans les bras, mais dans la tête… D’un autre côté, il ne savait pas s’il aurait aimé en avoir pareillement dans la tête. De sa connaissance, les gens intelligents s’attiraient souvent des ennuis. Et il avait suffisamment fréquenté des gens de pouvoir que ces derniers pouvaient être des sacrés cons. Alors si un con peut devenir officier de navire, à quoi ça servait d’être intelligent, ha !
C’est très fier de ce raisonnement qu’il fit sa tête la plus moqueuse possible au gardien du trésor après que la terrienne ait répondu correctement à l’énigme. Sa tête de nain fier de lui et fier d’appartenir à l’équipage auquel il appartenait. Puis il pénétra le navire à la suite du reste de l’équipage, tout guirellet malgré le froid ambiant. Après tout c’était un nain, il avait la peau dure qui lui tenait chaud, peut-être plus encore sa tête. Et pourtant il était réputé pour qu’elle soit en bois elle aussi !

Toujours est-il que l’équipage, impatient de piller les lieux, se sépara. Une partie suivit la terrienne à la recherche de la chambre des officiers, l’autre décida de s’aventurer dans les profondeurs du navire, là où on stockait normalement les marchandises de valeur… Pour trouver les cales inondées.

« Vous pensez qu’il y a moyen que la marée descende au bout d’un moment ? suggéra un marin. »

Betty lui dit quelque chose au sujet de la marée dans le coin, n’y croyant pas un seul instant, et repartir avec l’autre partie de l’équipage. Mais cette partie, dont Urmri faisait partie, n’avait pas pour ambition de laisser tomber maintenant. Une corde, et la graisse de la viande qu’on avait emportée, vite ! On allait y aller à la barbare. Le trésor valait bien ça. Et évidemment, qui est-ce qui allait devoir se taper le plongeon dans l’eau glacée sous prétexte que le cuir des nains était dur ? C’était bibi, bien sûr ! Urmri leva les yeux au ciel, pesta, protesta, fit une énorme tête et donna un coup dans la paroi du navire pour faire bonne mesure, mais au fond de lui-même, il avait compris dès qu’il avait vu cette cale inondée qu’il allait devoir prendre son bain. Donc il n’alla pas plus loin, et se passa lui-même la corde autour de la taille.
Brrr elle était quand même froide non d’une pipe ! Urmri se rappela soudainement, au moment de prendre l’inspiration pour plonger la tête, qu’on lui avait raconté que dans une eau pareille, en principe, on meurt en quelques secondes. Ha ! Mais on n’avait jamais vu un nain. Bon d’accord il n’irait pas bien loin, mais à tout le moins, il allait faire l’effort. Pour le principe. Mais il serait déçu. Il ne trouverait RIEN pendant son plongeon. Rien. Totalement, complètement, et définitivement rien. Ça c’était frustrant, et il remonta aussi vite que possible pour se remettre au chaud. Il courut vite près du feu allumé à côté du navire, passant à travers certaines parois fines au bois vermoulu pour gagner du temps, pestant contre lui-même et contre sa propre stupidité. Aux marins qui disaient qu’il aurait pu tenter un deuxième plongeon, il rétorqua qu’ils n’avaient qu’à y aller eux-mêmes, ces imbéciles.
La suite, pour Urmri, consista à claquer des dents et à maudire la région, les gens qui la peuplaient, la mère de ces derniers, et leur père, et le jour où ce dernier reçut l’autorisation de monter dans la chambre de la première, et le jour où ci, et le jour où ça… Un chapelet d’injures créatives sur la famille qu’il tenait d’une sage-femme qu’il avait connu un jour. Juste le temps d’apprendre à insulter en utilisant l’arbre généalogique des gens. C’était un bon temps. Un temps où n’avait pas froid notamment ! Parce qu’on avait tout de même pas idée d’aller chercher un trésor dans un navire si loin au nord. Et puis pourquoi un navire à trésor serait-il venu ici pour commencer ? Coco lui-même n’aimait pas cet endroit ! Et puis …

Et puis il entendit les cris de joie en provenance du navire. Ils n’avaient quand même pas trouvé le trésor ? Et s’ils l’avaient fait, ils ne s’imaginaient tout de même pas qu’ils allaient pouvoir le fouiller et le piller sans lui, ha ! S’ils s’imaginaient qu’Urmri Tête de Fer serait tenu éloigné d’un trésor par une température que les dieux n’auraient jamais dû autoriser, par la barbe de Morin, ils se trompaient lourdement ! Sortant une flasque d’hydromel, un alcool rare qu’il réservait donc aux très grandes occasions, comme la découverte d’un trésor, pour se réchauffer le gosier, il but d’une traite, la rangea à nouveau dans son pantalon, et partit ensuite au pas de course, du moins autant que sa jambe de bois lui permettait, rejoindre le reste du groupe.
Les autres marins auraient été avertis de l’arrivée imminente d’un nain furieux s’ils avaient été attentifs aux jurons et au bruit d’une jambe en bois qui appuyait de façon appuyée chaque pas, à un rythme normalement impossible. Mais pour ça encore aurait-il fallu qu’ils soient attentifs. Et Urmri comprenaient qu’ils soient concentrés sur autre chose vu tout cet or ! Pour l’instant, il nota que les officiers laissaient pour l’instant les marins se baigner et faire des anges dans l’or, avant de les rappeler à l’ordre et aux règles de partage du butin aussi. Malin, Urmri songea que c’était le moment de grappiller une ou deux pièces supplémentaires, si personne ne regardait. Et n’était-ce pas justement une petite cassette fermée qu’il voyait là ? Tut tut tut… Horrible tentation que de l’ouvrir comme une brute pour voir ce qu’elle contenait ! D’ailleurs, le verrou était rouillé et sauterait facilement. Un large sourire aux lèvres, le nain utilisa son crochet pour ouvrir la serrure proprement tout de même, et tandis que sa main valide ouvrait le coffre, il imagina toutes les richesses qu’il pourrait y trouver. O que cela serait bon ! Sans doute un gros rubis, ou une émeraude ! Ou un saphir, sa capitaine aimait beaucoup le bleu et …

Un putain de papier ?

Qu’est-ce que c’était que cette blague ? Il cria de frustration et eut envie de déchirer le parchemin. Il l’aurait d’ailleurs fait si un mot que tout nain digne de ce nom, même s’il ne sait ni lire ni écrire, devait savoir reconnaître.
Hache.
Ah mais s’il y avait une hache sur ce navire ça changeait tout ! Bon. Il avait juste besoin de quelqu’un pour lire les instructions laissées sur le reste du papier. A moins que … Non il arrivait à reconnaître d’autres mots, mentionnant des pièces du navire, mais qu’est-ce qu’on faisait de cette saleté ? Il y avait une hache à bord de ce navire, mais sans doute dans la partie engloutie, et il n’avait pas envie de prendre un aussi grand bain… Il avait vraiment besoin que quelqu’un lui explique comment lire cette carte pour avoir la certitude de comment aller à cet endroit du premier coup. Et plutôt que de parler au capitaine, il décida de se confier à la terrienne maligne. Elle saurait lire la carte, elle. Il alla donc la trouver, tandis qu’elle lui tournait le dos, dans l’allégresse générale, et tira le bas de son manteau pour avoir son attention.

« Dis l’amie, fit-il, j’ai trouvé ça dans une cassette. Je crois que ça dit qu’il y a une hache sur le navire et ça m’intéresse, tu vois. Donc tu saurais me lire et me dire où c’est qu’elle se cache ? Parce que là j’y arrive pas. »

Elle accepta bien sûr, et c’est fort de la localisation de son trésor du grand nord à lui qu’il faussa compagnie au reste du groupe. Merde à la corde cette fois, il allait falloir plonger dans l’eau à nouveau, avec juste sa carte … Enfin non il voulait pas la détruire. Donc elle attendrait sagement au bord de l’eau, pour sûr ! Et il plongea à nouveau. Cette fois, il sentit à peine la morsure du froid, tout émoustillé par la découverte qu’il s’apprêtait à faire. Et elle était là. Exactement où le papier, sans doute un registre, l’avait mentionnée.
Oh qu’elle était belle cette hache ! Une vraie hache certainement forgée par un nain et non pas un tocard d’humain. Il voyait d’ailleurs des runes dessus, qu’il faudrait qu’il fasse examiner pour savoir ce qu’elles faisaient. Mais il soupçonnait, en sortant de l’eau, que y’avait un truc du goût qu’elle n’allait jamais rouiller. Parce que sinon, ça devrait être un tas de faille actuellement… Mais purée quelle beauté ! Une poignée de fer, de l’or et du rubis partout où on pouvait en mettre… Une vraie œuvre d’art. Sentant soudain le froid le reprendre, il se mit à courir aussi vite que possible, son nouveau paquetage avec lui, jusqu’au feu. Devant ce dernier, il se vêtit de toutes les couvertures qu’il pouvait, s’interdisant de dormir. Non pas qu’il ait peur de jamais se réveiller ! Urmri Tête-de-Fer n’avait jamais peur d’une stupidité pareille ! Non, il avait peur qu’un de ces imbéciles d’humain lui pique sa vraie hache, taillée pour être maniée par un nain.

« [i]Mon bébé[i], souffla-t-il en la contemplant… »
Mer 22 Jan 2020 - 7:30
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