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[EVENT][PV Eddard] Faire confiance est une preuve de courage, être fidèle, un signe de force
Eddard CrocD'Argent
Messages : 46
Date d'inscription : 19/05/2015
Age : 45
Localisation : Hasdruba
Sorceleur
Eddard CrocD'Argent
En cette nuit sans lune, seules les étoiles éclairèrent nos deux Sorceleurs sur leur long périple jusqu'à Novigrad, la ville la plus au Nord de Nova. Piégée entre deux chaînes de montagne, la ville assurait la dernière frontière entre le Royaume de Salicar et le reste de Ryscior.
Lorsqu'ils arrivèrent devant l'immense portail de fer exacavé dans la roche, un garde les interpella à la volée du haut de la vigie :
« Halte là, qui s’aventure en ces lieux par une nuit aussi noire ?
- Eddard CrocD’Argent …
- Alyzée BrumeTempête ...
- Sorceleurs, finirent-ils à l’unisson.
A ces mots, le garde sembla interloqué.
« Que nous vaut la visite de deux Sorceleurs en ces lieux si reculés ?
- Une affaire de la plus haute importance, dit Alizée.
- Ouvrez vos portes, nous devons nous entretenir avec votre Seigneur, enchérit Eddard.
- A cette heure-ci, vous aurez bien du mal, notre Seigneur a depuis longtemps rejoint Finil. Ce que j’aimerai bien fait aussi, il murmura la fin de sa phrase.
- Dans ce cas nous attendrons qu’il se réveille, répondit Eddard.
Le garde ne répondit pas, la tête légèrement inclinée, il semblait juger la situation d’un œil circonspect.
- Les règles de bienséances stipulent que chaque villes se doit d’accueillir Les Chasseurs de Monstres comme un membre intégrant de sa communauté. Si votre Seigneur apprend que vous avez laissé deux Sorceleurs dans le froid toute une nuit, je pense bien que demain, vous prendrez notre place, les pieds dans la neige, dit Alizée en montrant le manteau de neige de trente centimètre qui recouvrait tout autour d’elle.
Le garde ouvrit la bouche pour répondre mais il la referma aussitôt.
Eddard sourit, il aimait voir Alizée comme ça, espiègle et prête à tout pour avoir ce qu’elle voulait.
« Très bien, vous pouvez entrer. Mais vous serez tenus responsables pour avoir réveillé toute la ville en sursaut au beau milieu de la nuit.
- Réveiller toute la ville ? s’enquit Alizée.
- Vous allez vite comprendre, dit le garde tout en faisant signe à ses coéquipiers d’ouvrir le portail.
Quelques secondes plus tard les gros engrenages sur lesquelles les chaines qui permettaient de soulever la grille de chaque côté de portail s’enroulaient, le mirent à tourner et alors un bruit strident retentit. La grille se délogea lentement du sol dans un vacarme infernal qui obligea même Alizée à se boucher les oreilles, quant aux deux loups ils se mirent même à hurler.
- Ce portail à l’air de manquer un peu d’huile, cria Eddard dont la voix était complètement recouverte par le remue-ménage que faisait le carcan de fer.
Lorsque la grille fut enfin levée, le garde vint à leur rencontre :
- Moi c’est Arald, général de son Seigneur. Suivez-moi.
Il leur tourna alors le dos et chemina lentement vers la ville. Eddard et Alizée se lancèrent un regard puis lui emboîtèrent le pas, suivis de près par les deux loups géants.

*

La porte de l’auberge de l’Edelweiss s’ouvrit à la volée. Mais Eddard et Alizée n’osèrent pas toute de suite franchir le pas de la porte.
« Entrez ! leur lança le garde déjà à l’intérieur.
Au moment ou Eddard et Alizée se convinrent d’entrer, un homme, vêtu d’une grenouillère et d’un bonnet de nuit, déboula des escaliers sur leur gauche, empoignant fermement une fourche de paysan qui paraissait aussi vieille que lui :
« Qui va là ?! scanda-t-il tremblant.
- Remballe ton arme vieillard, Capitaine Arald, de la garde de nuit.
A ces mots, celui qui devait être l’aubergiste cacha la fourche derrière son dos, même si les piques dépassaient toujours au dessus de sa tête.
« Oh ! dit l’aubergiste un peu déstabilisé. Oooooooh ! Oui ! Capitaine Arald, la fierté de toute cette bonne ville de Novigrad, vous honorez cette humble auberge de votre seule présence et …
- Ouais, ouais, c’est ça, garde tes belles paroles pour tes clients et tache de trouver deux chambres pour ces deux-là, que tu mettras sur le compte de notre Seigneur Bartus.
A ces mots l’aubergiste fit mine d’être affligé d’une profonde tristesse :
- Cela aurait été avec plaisir capitaine, vraiment, mais il s’avère que nous ne disposons plus d’aucune chambre de libre à cette heure tardive de la …
- Vous serez payé double.
- Suivez-moi !
Le capitaine fit demi-tour puis arrivé au niveau d’Eddard, il lui dit à voix basse :
« Faîtes gaffe à ce gus-là, sympa, mais il tuerait père et mère pour une pièce d’or, après il fait les meilleurs œufs brouillés de toute la région, alors on lui pardonne. Demain vous aurez le droit à un petit déjeuner, pas plus, le Seigneur n’est pas là pour payer toute vos dépenses. Puis vous aurez le droit à un entretien seul à seul avec lui.
- J’apprécie votre geste, ma consœur et moi-même vous en sommes redevable. » 
Sans un mot le garde sortir de l’auberge en refermant la porte derrière lui.
Alizée monta les escaliers puis Eddard lui emboita le pas, suivi de près par l’aubergiste.
Quand ils arrivèrent à l’étage, ils prirent à droite le long d’un long corridor menant sur les différentes chambres de la maisonnée.
Arrivés au fond du couloir, le vieillard leur présenta deux chambres dont les portes se faisaient face, quand toute à coup les deux loups se faufilèrent entre les jambes de l’aubergiste qui fit un bond dans les airs.
« Normalement je prends un supplément de deux pièces d’argent pour les animaux de compagnies -enfin si on peut appeler ces deux-là des animaux de compagnie-, mais pour vous …
- Merci, c’est bien brave à vous, dit Alizée.
- … je baisse le prix à une pièce d’argent ! finit l’aubergiste d’un ton qui laissait pensait qu’il venait de faire preuve de la plus grande générosité.
- Quoi ?! s’exclama Alizée stupéfaite.
- Ah ah, allez Alizée, donne-lui ce qu’il veut, dit Eddard en rigolant.
Celle-ci lui lança un regard noir, puis, à contrecœur, elle posa une pièce d’argent dans le creux de la main tendue de l’aubergiste puis ouvrit la porte de sa chambre.
- Chacun ! dit le vieux, le sourire aux lèvres en direction d’Eddard.
- Quoi ?!
- Donne lui ce qu’il veut, Eddard , lança Alizée en direction du Sorceleur, l’œil plein de malice avant de refermer la porte de sa chambre derrière elle en lâchant un ‘’Bonne Nuit’’ guilleret
Eddard se retourna vers le l’aubergiste qui ne l’avait pas lâché des yeux, ses zygomatiques crispés dévoilant l’étendue de sa dentition cariée et la main toujours tendue pour recevoir sa petite piécette.

*
 
Eddard se déshabilla sans tarder et alla se mettre au lit.
La journée avait été fatigante, l’Hirondelle de la veille lui avait filé un mal de tête qui avait duré toute la journée, et cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pu passer une nuit dans un vrai lit.
Il fit fi de la paille qui dépassait du matelas et lui piquait le dos et se mit à fixer le loup qui l’avait accompagné dans la pièce tandis que l’autre avait préféré passer la nuit avec Alizée. Des deux loups géants que leur avaient confié les dryades, c’était avec lui qu’il s’entendait le mieux : calme, docile, utile, cette grosse boule de poil ne remplacerait surement jamais se défunte Silver, mais elle faisait néanmoins un bon compagnon de voyage. De plus l’animal semblait l’apprécier aussi.
« Il faudrait quand même que je te donne un nom » murmura-t-il à l’encontre de l’animal qui dormait déjà apparemment à points fermés.
Il réfléchit un instant à un nom qui pourrait lui aller, quand tout à coup un détail qui lui avait échappé lui vint à l’esprit : est-ce qu’il avait affaire à un mal ou à une femelle ?
Les deux petites boules velues pendant entre les cuissots de l’animal qui lui faisait face répondirent vite à sa question.
Il recentra ses pensées sur le meilleur nom qu’il pourrait lui donner. Qu’est ce qu’il caractérisait au mieux cet animal ?
La couleur de sa fourrure ? Argent pale ? Non il ne l’appellerait pas lui aussi Silver.
Il réfléchit à la question un petit instant puis l’idée lui traversa l’esprit comme une évidence : Immortel ! Enfin c’est vrai, lui et son frère (ou sa sœur d’ailleurs) avaient quand même survécus à : une avalanche, aux lames viles des gobelins, une chute de plusieurs dizaines de mètre dans les abysses et, à chaque fois, ils leur étaient revenus frais comme des gardons.
Immortel alors ? Ouais ça ne sonne pas super. Comment dit-on immortel en langue ancienne déjà ? Mmmm, Ambros ? Oui c’est ça !
« Ambros » murmura Eddard en direction de l’animal, ce sera ton nom à présent.  
Ce dernier ne daigna même pas bouger la queue à l’annonce de son tout nouveau nom.
Eddard sourit. « Ambros » murmura-t-il une dernière fois avant de s’écrouler de fatigue.
 
 
 *

Ambros, premier du nom, le réveilla aux aurores. Eddard estimait tout de suite moins l'animal. Il avait en toute et pour tout du dormir environ trois heures et se sentait toujours fatigué. Tout à coup la porte tambourina. Eddard alla ouvrir d'un pas nonchalant.
Derrière, une homme grand et maigre aux habits luxueux, apparemment un majordome. 

''Sorceleur, votre petit déjeuner est servi dans le hall. Lorsque vous aurez fini, si vous voudrez bien me suivre, Seigneur Bartus vous attend au château.''

*

Après avoir réveillé Alizée, et pris leurs copieux petit déjeuner (qui valait largement leur pièce d'argent de la veille) les deux Sorceleurs se mirent en route vers le château du seigneur, un peu à l'extérieur de la ville. Le majordome leur avait apportait deux chevaux à l'allure solide, ainsi le voyage ne fut pas très long. Alizée montra une nouvelle fois qu'elle n'avait aucun talent en équitation en manquant plusieurs fois de tomber de son cheval. Eddard lui, repensa un instant à sa jument Silver, et fût parcouru d'un grand sentiment de nostalgie.

Le château était une véritable merveille. Rien comparé aux magnifiques citadelle de l'Empire d'Ambre ou d'Oro bien sur, mais Eddard fut surpris de trouver une pièce d'architecture pareil au milieu des montagnes. 
Ils entrèrent par la grande porte après avoir laisséleurs chevaux aux écuries avec les deux loups, et furent accueillis dans un immense hall, dont l'extrémité accueillait un immense escaliers donnant sur les deux étages supérieurs de la batisse. Les murs étaient tapissée d'une moquette rouge aux motifs de fleurs montagnardes, et de multiples tableaux y étaient accrochés. Au sol un immense tapis brodé main recouvrait presque la totalité de la surface.
'' Ou est Seigneur Bartus ? demanda Eddard.
- Dans sa loge.
- Dans ce cas alons-y, nous n'avons pas de temps à perdre.
- Oh non Sorceleur, vous ne pouvez rencontrer le Seingneur Bartus dans cet état " ricana presque le majordome.
Eddard ne compris pas tout de suite la remarque.
'' Dans cet état ? Dans quel état ? 
- Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi sale ! ''
Eddard s'examina des pieds à la tête. Taché de boue et de sang, ses habits déchirés et rapiessés de partout, une barbe mal taillée et les cheveux gras, c'est vrai qu'il n'était pas beau à voir. Lorsqu’il se retourna vers Alizée, celle-ci lui rendit un regard qui confirma ce qu'il pensait. 
'' Le constat est le même pour vous Sorceleuse. Vous passerez d'abord par nos bains afin d'y être débarbouillés, rasés et parfumés. Nous vous prêterons aussi des habits appropriés à la stature de notre Seigneur. Maintenant suivez moi. ''
Arrivés au niveau des salles de bain, le majordome demanda ses armes aux deux Sorceleurs. Devant le refus immédiat de ceux-ci, il reprit :
'' C'est la condition pour avoir un entretien avec le Seigneur Bartus. Si vous refusez, vous pouvez d'or et déjà quitter la ville. ''
Eddard et Alizée ne purent que finir par acquiescer. Ils furent ensuite séparés dans deux salles d'eau différentes. Un bain chaud avait déjà était coulé, et trois magnifiques servantes, surement les plus belles qu'ils avaient au château avaient été dépêchées exprès pour laver Eddard. Le Sorceleur s'installa dans la baignoire en bois, puis celles-ci s'installèrent sur des tabourets, deux posés à droite et à gauche d'Eddard et un posé derrière lui. Celles de par et d'autre d'Eddard s'occupaient de lui frotter les bras avec de grosses éponges tandis que celle derrière lui, lui peigna les cheveux. 
'' Vous arrivez à temps mon seigneur, vous commenciez à avoir des lentes. ''
Eddard se prit au jeu et se décontracta dans son bain, content d'avoir trois femmes rien que pour lui mais non sans garder ses sens de Sorceleur en alerte pour une quelconque embuscade. 
Quand le bain fut finit, le barbier lui rasa la barbe et enfin le costumier lui proposa un costume à la mode de la région, noir, couronné d'une collette blanche qui lui serrait atrocement. Quand le costumier le présenta devant le miroir, Eddard ne put s’empêcher de faire une grimace : son armure de maille et son pantalon en cuir bouillie lui manquait déjà. 
Lorsqu'il sortit de la salle de bain, il croisa Alizée qui l'attendait apparemment depuis longtemps. Elle paraissait très en colère :
'' Non mais t'en as mis du temps ! Ça fait dix minutes que je t'attends !
- Désolé, mais les servantes ne voulaient plus me lâcher.
- Plus te lacher ?
- Ouais elle m'ont savonné. Elle ont même eu l'air de plus apprécier que moi.
- Quoi !? Mais elles m'ont presque jeter l'éponge à la gueule. 
- Qu'est ce que tu veux, c'est moi qui les intéresse.
- Les garces !
- Au fait, pas mal la robe ! 
- Ta gueule. ''
Le majordome revint à leur rencontre :
'' Formidable, dit-il en tapant des mains. Deux parfaits sujets de la cour. Vous pouvez rencontrer le Seigneur Barus à présent, il vous attend. ''
Le Majordome leur demanda de les suivre jusqu'au deuxième étage. Puis il les arrêta devant la porte menant aux appatements du roi :
'' Une dernière chose Eddard, n'oubliez pas de faire la révérence en entrant. Comme ceci. '' dit-il avant de s'incliner très bas avec un mouvement fluide du bras. 
Eddard le regarda s'exécuter les bras croisés, Alizée, elle, leva les yeux au ciel. 
'' Refaites. ''
Eddard hésita un instant puis s’exécuta avec toute la mauvaise intention possible. Alizée ricana.
'' Très bien. Pour vous Sorceleuse ce sera la même chose sauf que vous devrez relever légèrement le pan de votre robe. Faîtes. ''
Alizée ouvrit la bouche pour répliquer mais Eddard lui lança un regard qui lui fit comprendre que plus tôt ils feraient ce que le majordome leur demande et plus tôt ils auraient ce pourquoi ils étaient venus jusqu'ici.  
Elle s’exécuta. 
'' Parfait, vous êtes fin prêt. ''
Le majordome frappa trois fois à la porte puis l'ouvrit, avant de faire un pas sur le côté en s'inclinant pour laisser le passage aux deux Sorceleurs, déjà un brin agacés avant de commencer cette discussion. 

Ils débouchèrent sur une pièce bien décorée, quoique à leur surprise, moins pompeuse que le reste de château. Point de tapis excentriques au sol, ni de chandeliers en cristal, la décoration se voulait sobre et raffinée avec des armoires et un bureau disposé devant eux en bois de santal surement approvisionné depuis les lointaines contrées de la jungle. 
Devant eux, attablé au bureau, se trouvait le Seigneur Bartus. La cinquantaine passée, Bartus avait un visage sympathique. Bien tenu, rasé de près et cheveux courts, il était légèrement plus grand qu'Eddard. Il portait un pourpoint mauve qui serrait son ventre et faisait ressortir son poitrail, ainsi qu'un pantalon noir tiré à quatre épingles.  Les deux Sorceleurs se penchèrent pour lui faire la révérence mais Bartus les devança pour leur serrer la main :
'' Laissez tombé ces manières Sorceleurs, une poignée de main suffira. Ce Majordome ; encore une idée de ma femme, comme la décoration du hall d'ailleurs, même quand il s'agit de ma garde robe il faut qu'elle y mette son grain de sel. Regardez moi ce pourpoint, une horreur, j'ai l'impression que l'on a mis du poil à gratter sous mes manches. Mais bon je l'aime, alors j'accepte. Vous connaissez les femmes. Allez y asseyez vous, dit-il en tendant le bras ver son bureau.
Lorsqu'ils furent tous assis, il reprit :
'' C'est un honneur de recevoir des Sorceleurs de votre rang en ces lieux ! Eddard CrocD'Argent, votre nom est réputé dans le continent entier. Et vous, Alizée Hyacentho, on m'a beaucoup parlé de vous : la guérisseuse de l'Est, celle qui murmurait aux vents ; vous êtes encore plus belles que dans les histoires, dit-il en empoignant à son tour la main d'Alizée qu'il secoua de haut en bas.
- Il est bien rare que nous autres Sorceleurs soient aussi bien reçus, dit Eddard étonné de cet accueil.
- C'est à dire que j'ai une dette envers les Sorceleurs. Lorsque j'étais jeune, ma mère s'était fait mordre par une vouivre. Elle dut rester au lit pendant des semaines mais chaque jour la fièvre se faisait plus forte. Jusqu'au jour où elle tomba dans le coma. Les décoctions des guérisseuses et herboristes du coin ne changèrent rien, aucune n'était assez qualifiée pour guérir ma mère. Jusqu'au jour où arriva dans la ville un Sorceleur, un certains Azilmut.
Eddard et Alizée le lancèrent un regard.
- Nous connaissons fort bien Azilmut, c'était un de nos professeurs lorsque nous étions à l'Ecole. Il nous enseignait l'art des potions. D'ailleurs, Eddard était son meilleur élève.
- Si cet homme vous a enseigné l'alchimie aussi bien qu'il la pratiquait Eddard, vous êtes sans doutes le plus grand alambiste que Ryscior connaisse.
- Je n'irai pas jusque là, mais je m'y connais en potions, c'est mon truc avec la rune-magie. Nous avons chacun notre spécialité nous autres Sorceleurs. Ma mère était elle même alchimiste alors ; les décoctions, philtre et onguent, j'y baigne dedans depuis tout petit. 
- Mais vous n'avez pas finit votre histoire Seigneur, vôtre mère s'en est-elle sortit ?
Le Seigneur Barus tendit une main, qui voulait dire de patienter un instant, puis il se dirigea vers le bar qui se trouvait à l'autre bout de la pièce.
- Une goutte d'alcool peut être ? Du bourbon des terres d'Oro, gorgé de chaleur, car c'est bien ce qu'il nous manque ici en Nova.
La lumière naissante qui filtrait à peine à travers les fenêtres fit rappeler à Eddard qu'il devait être à peine sept heures du matin.
- Non merci, il est trop tôt pour boire.
- Comme vous voudrez, moi je m'en sers un petit, dit il en en versant dans un petit verre en cristal une larme de son précieux alcool brun. 
Il revint s'asseoir au bureau. 
- Mon père a fait quérir le Azimut jusqu'à la cour. Puis ils ont longuement discuté dans son bureau. J'était alors petit garçon je ne me souviens plus très bien des détails. Toujours est-il que le lendemain, ma mère était guérie. Depuis ce jour, je suis éternellement reconnaissant envers les Sorceleurs. 
- Azimut était un homme exceptionnel. Malheureusement il périt lors de l'attaque de l'Ecole, dit Alizée.
- Oui, on m'a rapporté cette information il y a de cela plus heures années. 
- Toujours est-il que son meurtrier cours toujours ... continua Eddard.
- Et il se trouve derrière vos murs, en Salicar finit Alizée. 
Bartus fronça les sourcils. Puis il lipa une goutte de son bourbon et reprit la parole :
- Dîtes m'en plus. 
- Anassan est son nom. Un Sorceleur, qui a tourné du mauvais côté, tué nos professeurs, et quitté l'Ecole en usant de la téléportation.
- Et tout nous fait penser à croire qu'il se trouve en ce moment même en Salicar.
- Tout ?
- Une force maléfique énorme émane du Nord. 
Bartus finit son bourbon d'une traîte. Son expression avait changé du tout au tout. Il paraissait soucieux. Il se leva et vint placer sa tête contre la vitre, dos aux Sorceleurs.
- Maintenant que vous le dîtes. Depuis plusieurs mois, des épidémies se propagent dans notre ville. Parfois le lait caille à peine sortit du pie de nos vaches. Et lorsque le vent du Nord souffle, une odeur pestilentielle envahit notre cité, depuis cinquante ans que je vis ici, je n'avais jamais vu ça. 
- Une odeur pestidentielle ? reprit Alizée.
- Des goules, murmura Eddard.
- Que murmurez vous tous les deux ?
- La situation est peut-être pire que nous le pensions.
- De plus Anassan ne serait peut-être pas seul. Eddard a eu une vision de Lyches. 
Bartus se retourna vivement, de soucieux, il était passé à effrayé. 
Eddard lança un regard furieux à Alizée. 
- Rien n'en est plus sur Seigneur Bartus. Je ne suis qu'un piètre oracle, d'ailleurs je n'avais jamais fais de visions avant celle là.
- Toujours est-il que nous devons nous préparer au pire, continua Alizée.
- Voilà pourquoi nous nous adressons à vous aujourd'hui. Nous avons beau être deux Sorceleurs expérimentés, nous ne ferons peut être pas le poids contre ce qui nous attend au Nord. 
- Vous voulez des hommes ? J'ai une armée de plus de cinq cent miliciens. Je vous les fournis sur le champ.
- C'est aimable à vous mais ceci est une mission d’infiltration, nous serions trop vite repérés avec une armée pareille, répondit Eddard. 
- Non, deux ou trois de vos hommes suffiront, ajouta Alizée.   
- Cela va sans dire, mes hommes sont à vous.
- De plus, vous devez nous promettre qui si nous ne revenons pas d'ici une semaine, vous devrez envoyer un messages aux autres Royaumes de Ryscior, pour les prévenir de ce qui se trame derrière vos frontières, sinon, la situation pourra bien vite devenir ingérable. 
- Mais la situation est déjà ingérable ! Ryscior est en guerre, ne le savez vous pas ?
- Je vous demande pardon ?
- Oro est entrée en guerre il y a de cela deux lunes contre les Cités Etats. On me rapporte du lointain Est que l'Empire d'Ambre prépare aussi ses armées.  
- Et Salicar ?
- On en sait rien ? Depuis que la reine Ravenna et le roi Bomendacir ont accédé au trône, plus aucunes informations ne filtre. Nous avions l'habitude d'être de bon alliés Salicar la Plate et Nova la Montagneuse, mais maintenant plus rien. Cependant des rumeurs circulent qu'Hasruba planifirait une attaque contre Salicar.
- Et vous ?
- Nous n'entrons pas en guerre, les récoltes ont déjà bien été assez pauvres, une guerre nous entraînerait à la faillite et à la mort. 
- Dans ce cas en ce climat de guerre, vous devrez nous assurer une retraite neutre car comme vous le savez, les Sorceleurs sont tenus à l'impartialité politique. 
- Ce sera fait selon vos ordres.

*

Quand le Soleil fut à son zénith, les deux Sorceleurs se remirent en route accompagnés des trois meilleurs guerriers de l'armée de Novigrad, prêt à faire face à de Mortelles Retrouvailles.
Jeu 24 Mar 2016 - 23:31
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Noire
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Heaven can wait
Noire
Vous entendrez toute l'année
Sur votre tête condamnée
Les cris lamentables des loups

Et des sorcières faméliques, 
Les ébats des vieillards lubriques
Et les complots des noirs filous.

Baudelaire



Le trajet fut long et laborieux. Par bonheur pour Alyzé Hyacentho, personne ne remarqua sa fatigue bien dissimulée tandis que le Royaume de Salicar se déployait sous les sabots de leurs montures. Plus leur groupe approchait de la capitale du royaume, plus sa magie s'affolait. Elle parvenait à y epprouver et y ressentir toutes sortes de choses, différentes, nouvelles, exacerbée. Les vents tourbillonaient autour d'elle à longueur de jours ! Alyzé n'avait plus aucun doute à présent, sur le fait que ce qu'ils trouveraient en Salicar -que ça soit Anassan, ou bien tout autre chose d'ailleurs- dissimulait une puissance magique et maléfique exhorbitante. 

En dépit de la puissante constitution de leurs chevaux, ils peinaient à avancer. Le mauvais temps les ralentissait considérablement, la neige de l'avant-veille avait entamé sa fonte, et le terrain par endroit s'était transformé en d'immenses flaques de boue. Afin d'ajouter à cette représentation, il semblait planer sur Salicar une ombre permanente, de sorte que l'on se serait cru de nuit même au beau milieu de la journée. Les nuages demeuraient épais, sombres et bas, et voilaient l'astre diurne, comme pour avertir Lothyë que sa présence en ces lieux n'était plus désirée. Par deux fois, Eddard, Alyzé et leurs compagnons de voyages furent attaqués par des bandits de chemins. Les mettre hors d'état ne nuire ne fut difficile ni la première, ni la seconde fois. En revanche ce qui le fut pour la Sorceleuse, fut le regard empli d'un désespoir sans nom que lui lança le plus jeune des bandits alors que l'un des Novigradiens s'appretait à lui ouvrir la gorge en deux. La jeune mage bleue s'était opposée à ce que l'on prenne la vie de ce malfrat. En contrepartie, ce dernier leur fournirait des informations sur ce qu'il se tramait en Salicar. Désarmé, l'homme, âgé de trente Tours au maximum, le visage sale mangé par une épaisse barbe blonde, suivait les voyageurs à pied, marchant derrière les chevaux et les deux loups. Son récit faisait froid dans le dos d'Alyzé !

- Ca a commencé il y a plusieurs Tours, disait le malfaiteur comme une nuée blanche s'échappait de ses lèvres à chacun de ses mots, peu de temps après que la grande guerre qui a ravagé le continent se soit achevée. Une fois l'armée des Elfes Noirs rentrée chez eux, en fait. Pour certains, ça n'étaient que des ombres. De simples ombres. Pour d'autres, il s'agissait de fantômes, d'âmes errantes maudites. D'aucuns parlaient aussi de démons ou de hérauts de Nimen. Il s'agit de silhouettes sombres, armées. Elles ont commencé à se répendre en Salicar. Fort rare, heureusement, mais à chacun de leur passage des villages entiers tombaient ! Des épidémies se répandirent dans tout le royaume. Nos parents et nos amis mourraient pas centaine. Assez vite, le ciel a commencé à se couvrir, comme si la situation ne pouvait pas être pire. Mais Salicar n'est pas un royaume riche, vous devez le savoir. Nous vivons de nos récoltes et de nos ventes, alors les paysans ont poursuivi le travail de la terre, les bucherons ont continué de buchonner, les chasseurs de chasser, les tisseerands de tisser et les princes de gouverner. Puis la situation a empirée de nouveau. Le Roi et la Reine ont envoyé leur héraut, le Chevalier de la mort par les villes et les villages. Ils se préparaient pour la grande guerre, qu'il se disait. Tous étaient mobilisés, hommes valides, malades, vieillards, enfants. Ceux qui s'opposaient aux directives du Roi et de la Reine finissaient par disparaître. Les villages qui refusaient de se soumettre tombèrent en poussière, ravagés par des épidémies de mort. Nimen avait le regard posé sur Salicar. Beaucoup de villageois désertèrent et s'enfuirent dans les montagnes et les forêts, espérant fuir la malédiction qui s'abattait dans le royaume. Je suis de ceux-là.

Le jeune brigand s'était arrêté quelques secondes, afin de reprendre son souffle. Alyzé Hyacentho croisa le regard de son confrère, Eddard. Anassan était-il à l'origine de ces spectres sans visages, ces ombres du mal ? Et cette guerre. Que pouvait-elle bien signifier ? Leur conteur avait reprit.

- Bientôt, Salicar la malade devint Salicar la maudite. Les morts se relevèrent parmi les vivants, les corps en putréfaction s'animèrent et se mirent à dévorer les vivants. Généralement, ces armées de morts se terrent dans la ville qu'ils occupaient de leurs beaux jours, attendant la venue du Chevalier de la Mort. Ce dernier les amenait jusqu'à la capitale afin qu'ils gonflent les rangs du Roi et de la Reine. L'hiver s'était abattu sur nos régions. Il fut rude, la disette frappa les cités qui n'étaient pas tombées sous le joug du mal. 

Et si ce Chevalier de la Mort était en fait Anassan ? Selon Alyzé, les probabilités pour qu'une telle affirmation soit vérité demeuraient élevées. Elle avait du mal à imaginer leur ancien camarade, mage violet, se faire appeler Chevalier, mais il en était capable, et toutes les pistes devaient être explorées.

- Que s'est-il passé après cela ? demanda Alyzé à leur prisonnier.
- Salicar a levé son armée. Une armée gigantesque. Une armée d'abominations. Et le Roi et la Reine ont envoyé le Chevalier de la Mort ainsi que le plus gros de leurs bataillons et leurs non-morts vers Hasdruba. 
- Le plus gros de leur bataillons as-tu dis, le coupa l'un des guerriers Novigradiens, insinues-tu que le Roi de Salicar possède d'autres bataillons en retrait ?
- Parfaitement messire. Il restent dans les steppes de glace, tout au nord. Ils attendent l'ordre du Roi ou de la Reine pour preter main forte au détachement principal. Et pour ce que j'en sais, il y a peut être encore des villages infestés par la malemort et qui n'ont pas été ''balayés'' par le Chevalier de la Mort...
- Le Roi et la Reine sont-ils en route avec leur bataillon principal ? Pour rejoindre ce Chevalier de la Mort ? demanda Alyzé d'une voix plus inquiète qu'elle ne l'aurait voulu. 

En effet, si Anassan était à la tête d'une armée gigantesque de non-vivants, Ryscior courrait des jours bien sombres..

- La Reine est restée à Salicar, je crois.
- Comment ça tu crois ?
- Je ne sais pas. Je ne suis pas sûr. Je vais rarement en ville ! Je n'ai plus mis un pied dans mon village natal depuis des lunes et des lunes ! Le Roi est au front, mais la Reine aurait choisit de rester à Salicar.
- Où cela en Salicar ?
- A Salicar, la capitale. La capitale du royaume a le même nom que ce dernier.

Alyzé Hyacentho ne répondit nullement au jeune brigand qui reprenait son souffle, elle songeait, inquiète. 

- Salicar, la capitale. C'est là où nous allons, dit Eddard la voix froide. 
- Il ne faut pas ! C'est la mort qui habite ses murs ! Par pitié messire, n'allez pas voir la Reine !
- Il y a aux-côtés de la Reine de ce royaume une vieille connaissance à nous avec qui nous devrons reprendre contact, répondit la mage bleue d'une voix conciliante. 
- La Reine Ravena est cruelle et invulnérable entre ses murs ! N'y allez-pas, elle vous tuera !
- Tu n'es pas obligé de venir avec nous.

Alyzé avait arrêté son cheval, les sabots dans la neige. D'une demi-rotation sur sa selle, elle fit les propos suivants à leur prisonnier.

- Je consens à te laisser la vie sauve, en échange des informations que tu nous a transmises, et si tu acceptes de nous guider par les bois et les chemins dérobés afin de gagner Salicar. Tu ne seras ensuite pas inquiété, tu as ma parole.  Mais tu dois nous promettre, une fois arrivés à destination, de quitter ce royaume maudit. Va jusqu'en frontières Noviennes, dans la cité de Novigrad, dis que tu viens de la part d'Eddard CrocD'argent et d'Alyzé BrumeTempête, trouve le Seigneur Barthus et explique-lui l'urgence de la situation ici.

Le jeune homme accepta, et consentit à expliquer avec le plus de détails possible, comment Eddard et Alyzé devraient manoeuvrer afin d'atteindre la capitale sans être vu, puis il disparut pour Novigrad. Alyzé flatta l'encolure de sa jument mouchetée tout en laissant errer son regard sur les deux loups gris argents trottant à leurs côtés.

- Entrer dans Salicar sera facile. C'est en sortir qui risque d'être périlleux...

~



Alyzé, Eddard, Ambros et son gémeau ainsi que les trois guerriers Novigradiens avaient atteint une caverne au cœur des monts bordant la capitale. De là où ils campaient, ils pouvaient apercevoir en contrebas la tristement célèbre cité. Les trois Noviens se prénommaient Alrick, Dani et Willem. Alrick et Dani étaient d'excellentes lames qui servaient dans la garde et l'armée personnelle du Seigneur Bartus. Willem était le vice-commandant de cette même armée, doublé d'un escrimeur hors-pair.
Il planait une telle aura noire et maléfique sur cette ville que la Sorceleuse avait du mal à croire que même un non-mage ne pouvait ne pas la percevoir. Abrités de la pluie tombante drue et du ciel bas et sombre, les deux Sorceleurs ainsi que les trois Noviens s'acharnaient à entretenir un feu mourant dans le but de faire cuir au dessus des flammes le lapin qu'ils venaient de chasser dans la matinée. Cela faisait déjà deux jours qu'ils se trouvaient en cet endroit.

- Nous devons trouver un moyen d'entrer dans le château sans se faire repérer à présent, commençait Eddard.

Alyzé ne l'écoutait que d'une oreille. Au fur et à mesure de leur périple, elle semblait s'être retranchée au fond d'elle-même. Elle parlait moins, mangeait peu, dormait beaucoup et mal. Eddard devait très bien l'avoir remarqué.

- Le problème, lui répondit Willem, c'est que les portes du chateau sont très bien gardées, ainsi que les jardins, et chaque façades surveillées.
- Qu'en est-il du hall, tenta Eddard.
- J'imagine qu'il doit être gardé aussi. 
- Que savez-vous sur ces gardes ? demanda le Sorceleur.
- Rien de plus que vous-même.
- Que savez-vous sur la reine Ravena ? Avez-vous entendu parler d'un mage noir ou bien d'un démoniste qui évoluerait au château ?
- Nous n'en savons rien. Vous savez, Novigrad est plus proche en terme d'échanges de Nova que de Salicar.

Eddard se donna le temps de la reflexion en tournant doucement le lapin au-dessus du feu.

- C'est là qu'un mage gris nous aurait été utile...maugréa-t-il derrière sa tasse. Tu as une idée toi, Alyzé ?

La Sorceleuse sentit ses yeux se révulser en arrière, le manque de sommeil fit tourner sa tête et elle chuta du rocher qui lui servait de chaise. Eddard la redressa en la secouant, doucement, les deux loups gris s'étaient mis à grogner. Elle voyait les visages des quatre hommes inquiets s'agiter au-dessus d'elle.

- Eddard...Eddard il est là. Il arrive.

Et, à l'instant sinistre où s'échappaient de ses lèvres ces deux derniers mots, une silhouette encapuchonnée se dressa à l'entrée de la grotte, bénéficiant de la toute-protection d'un contrejour sans doute désiré. Alyzé s'était attendue à un déferlement d'aura magique, comme une lame de fond qui l'aurait brisée en deux et envoyée à terre, mais il n'en était rien. Le mal était toujours là, mais partout, constant, brouillé, et c'était ce climat là qui l'épuisait jours après jours depuis leur arrivée en ce Royaume maudit. Il ne s'agissait pas de cette silhouette visiblement humaine qui leur faisait face, grâce en soit rendue aux dieux de Ryscior. Cette silhouette, qui abaissa alors le capuchon dissimulant à tous son visage.

Et malgré le peu de luminosité, Alyzé le reconnut très bien.
Dim 17 Avr 2016 - 21:20
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Eddard CrocD'Argent
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L'obscurité dans la grotte qui leur servait d'abri de fortune était quasi totale. Bien sûr grâce à ses pupilles fendues de félin, Eddard distinguait bien mieux son environnement que ses coéquipiers mais il se devait tout de même d'apporter un peu de lumière dans cet endroit sinistre et froid.
D'une main, il sortit son feu alchimique attaché à sa bandoulière et ouvrit le bocal avant de le placer devant lui. Celui-ci diffusa immédiatement une lueur orangée ainsi qu'une faible chaleur qui, bien qu’insuffisante pour réchauffer tous les membres du groupe, avait au moins l'avantage de donner chaud au cœur.
Le cadavre de feu qui gisait au centre de la grotte lui indiqua que plus d'un avait pris cet endroit comme abris par le passé, ce qui ne le rassura pas de reste, pensant qu'ils avaient peut être pénétré la cachette de quelconque brigands. Tout de même il entreprit de ranimer l'ancien brasier afin d'y faire cuire le lapin qu'ils avaient chassé et dépecé ce matin grâce à l’habilité qu'avait démontré Dani au maniement de l'arc et ainsi que la dévotion Ambros qui avait débusqué aisément le terrier d'ou le gibier avait surgit. Le loup géant s'était allongé aux pieds d'Eddard, la tête posé entre ses deux pattes avant, il regardait celui-ci avec ses deux grands yeux bleus acier.
'' Oui Ambros, ta part t'est déjà réservée, enfin tout n'est pas dit que j'arrive à allumer ce maudit feu '' dit Eddard en s'acharnant à réanimer le brasier à l'aide de son feu d'alchimiste.
Après plusieurs tentative Eddard réussit à embraser les vieux morceau de bois noircis et humides, ce qui dégagea une fumée opaque qui envahit bien vite la grotte moite.
Dehors, la pluie tombait toujours en trombe d'eau dans une plainte monotone.
Dire que j'avais cru que l'hiver était terminé en sortant de la Montagne, j'ai bien sous estimé les hivers nordiques, pensa Eddard avec un sourire en coin. 
Le Sorceleur se chargea d'embrocher le lapin et le mit a cuire au dessus du feu. 

Tandis que le groupe essayait de trouver un moyen d'entrer dans le château, Eddard aperçut Alizée sur sa droite. Elle avait l'air épuisée, et visiblement elle lutait contre quelque chose. 
Le froid mordant qui les suivait depuis le début de leur périple dans le Nord lui avait peut-être refilé une quelconque grippe mais Eddard pencha plutôt pour une alternative bien moins rationnelle. 
Eddard savait ô combien sa consœur était sensible aux vent magiques. Il se souvint qu'elle lui avait raconté qu'elle avait pu ressentir la magie familière d'Anassan en Salicar depuis Oro ! Même lui qui n'avait absolument aucun dons pour ressentir la magie décelait en et endroit des effluves de magie noire de plus en plus puissantes, alors il se mettait à la place d'Alizée qui devait être assaillit en permanence. 
Néanmoins, il tâcha de rester attentif aux paroles des mercenaires tandis que d'une main il faisait tourner le lapin au dessus du feu. 
'' C'est là qu'un mage gris nous aurait été utile...maugréa-t-il. Tu as une idée toi, Alizée ? ''
Tout à coup, Eddard vit Alizée glisser doucement du rocher qui lui servait d'appui visiblement victime d'un malaise.
Il lâcha le lapin qui tomba dans la braise dans un crépitement d'étincelles et vint soutenir la nuque de son amie Sorceleuse, juste à temps avant qu'elle ne tombe à terre. Visiblement épuisée, celle-ci murmura entre ses lèvres quelques mots à peines audibles :
''' Eddard...Eddard il est là. Il arrive. ''

Au moment même où Alizée avait susurré son dernier mot, Eddard sentit une présence derrière lui, une présence étrangement familière. Voyant ses coéquipiers placer une main sur la garde de leurs épées, Eddard se retourna brusquement et tomba alors nez à nez avec une silhouette encapuchonnée. Celle-ci entreprit de rabattre le capuchon afin de révéler son visage mais Eddard n'avait nul besoin de le voir pour savoir à qui il avait à faire. Il le savait déjà. La capuche glissa néanmoins lentement sur la nuque de l'étranger dont l'identité fut révélée à la vue de tous. 

Eddard se jeta sur lui la tête la première et ils planèrent tout les deux sur trois bon mètres avant qu'il ne plaque violemment le corps de l'étranger au sol. Seul leurs bustes dépassaient de l'entrée de la grotte et le pluie trempait le visage d'Anassan tandis qu'Eddard armait son poing au dessus de sa tête.
La demi seconde durant laquelle Anassan avait eu le temps de révéler son visage avant qu'Eddard ne lui fonce dessus n'avait pas suffit au Sorceleur pour s'attarder sur les détails de son anatomie.
Une chose était sure, son visage était radicalement différent que dans sa soi-distante vision.
Ses cheveux, jadis rouge, avaient été teints en noir ce qui accentuait l'aspect creusé de son visage comme en témoignaient ses joues sépulcrale et la peau qui collait à ses pommettes osseuses. Une chose était sure : il avait maigri. Eddard fut surpris à quel point il l'avait soulevé avec facilité lorsqu'il l'avait plaqué au sol. Eddard vérifia d'un coup d’œil sur la gauche le bras sectionné d'Anassan qui contrairement à ses visions n'avait pas été remplacé. Il plongea alors ses yeux dans les yeux noirs et encombrés de cernes d'Anassan qui le regardait presque avec paresse, aucun once de peur transparaissant au sein de leurs pupilles ce qui éveilla en lui une rage encore plus terrible.
Il abattit son poing dans un rugissement au moment ou un éclair blanc éclate au dessus d'eux et qu'une lumière blanche les engloutis.

*

L'entrainement c'est terminé tard. Je suis monté jusque dans ma chambre, fatigué. Je m'apprête à m'allonger sur ma couchette quand j'entends des bruits de pas monter les escaliers. Ils ont l'air de se diriger vers ma chambre. J'entreprends alors d'aboutonner ma chemise lorsque l'on frappe à la porte. Je rajuste mon col et invite l'inconnu à entrer.
'' Je ne te dérange pas ? ''
Oh non, ce n'est pas un inconnu, mais Alizée, je reconnaîtrai sa voix entre mille. 
Sans mots, je l'invite a s'asseoir à mes cotés. 
'' Alors ta journée ? Kastevid n'a pas été trop dur avec toi ? 
- Dur ? dis-je en ricanant. Dur est un bien faible mot pour décrire les entraînements de Kastevid, mais c'est vrai qu'il en voit de belles avec moi. Mais tant que Rodavick ne sera pas rentré de Salicar, il devra me supporter. Je n'ai malheureusement pas le même talent qu'Eddard pour l'escrime.''
A mes mots, le visage d'Alizée se renfrogne. 
'' Je ... je ... tu sais à propos d'Eddard ... 
- N'en parlons plus Alizée, ça va, mentis-je. 
- Non ça ne va pas. Je vois bien que tu nous évites lui et moi. Tu sais même si il est bien trop fier pour te le dire, cette situation lui fait aussi beaucoup de peine. Tu es son meilleur ami après tout '' dit-elle en baissant les yeux. 
Je prends ses mains dans les miennes :
'' Alizée, ose dire que tu ne ressens rien pour moi ! 
- Anassan ... 
- Ose dire qu'il ne se passe rien entre nous ! ''
Elle retire ses mains et se lève, visiblement je l'ai énervée. 
- Anassan on ne vas pas recommencer ! Combien de fois tu vas remettre cette discussion sur la table ! Ecoute, j'étais seulement venu te voir pour m'assurer que tu ailles bien, je croyais que l'on n'avait mis ce sujet au clair, mais puisque apparemment pour toi ce n'est toujours pas le cas, je préfère partir. 
Je me lève à mon tour. 
- Non, non, s'il te plaît en t'en va pas.
J'hésite un peu, je cherche mes mots puis reprends :
- Tu sais que je tiens à toi comme à la prunelle de mes yeux
- Tu sais que moi aussi, murmure-t-elle. 
- Et je ne peux pas, non, je n'arrive pas à faire semblant, faire comme si j'allais bien alors que je vous vois vivre le parfait bonheur tous les deux, parce que voilà c'est ça, je n'arrive pas à être le témoin de votre bonheur. 
Alizée fait un pas sur le côté.
- Notre bonheur ? dit-elle en hoquetant un rire. Depuis que tu nous évites, Eddard ne me parle presque plus. Et moi je me retrouve au milieu ! 
- Dans ce cas, met toi avec moi ! Moi je t'aime Alizée, je saurai prendre soin de toi !
- Pa ... pardon ? Je viens de te dire qu'Eddard ne m'adresse plus la parole parce qu’il se sent coupable de ta tristesse et toi tu sautes sur l'occasion comme si j'étais un morceau de viande.
- OSE DIRE QUE TU NE RESSENS RIEN POUR MOI ! 
Elle ne répond rien et regarde ses pieds, cela me met encore plus hors de moi. 
'' Alors tu dois choisir ! Eddard et moi, on ne peut pas choisir pour toi !
- Dans ce cas .. Dans ce cas je ne choisis personne ! Je demanderai à terminer mon entrainement demain ! Vous serez bien mieux sans moi vous deux ! Vous n'aurez qu'à coucher ensemble pour m'oublier ! dit-elle en se ruant vers la porte. 
La porte claque et je me rassois sur mon lit, dépité. Je n'ai jamais vu Alizée autant en colère, ses yeux brillaient de larmes. Je sens la rage monter en moi mais elle n'a pour destinataire ni Eddard, ni Alizée car c'est à moi que j'en veux le plus. Alizée à fait son choix, je devrais le respecter, je suis le fautif dans l'histoire, mais ... je l'aime trop pour ça. 
J'enfonce alors ma tête dans mon coussin et m'endors, rapidement, ce qui m'empêche de réfléchir. 

*

Quand je rouvre les yeux, la petite bougie qui était placée sur mon bureau s'est entièrement consumée et il fait à présent nuit noire dans ma chambre. Je ne saurai dire si l'on s'approche plus de la pleine nuit ou du petit matin mais en tout cas une chose est sure : je ne pourrai pas me rendormir. Je décide alors de me lever et de rallumer une bougie sur mon bureau. Grâce à la lueur de la flamme j'aperçois ce qui semble être une lettre posé dans un coin. Je détache le cachet grossier de cire et lorsque je déplie le papier je m'aperçois que l'encre violette et l'écriture penchée me sont familières. 
'' Anassan, rejoins moi au sous-sol dans mon bureau. J'ai une information importante dont je dois te faire part. Rodavick. ''
Je lis ces derniers mots avec beaucoup moins d'enthousiasme que lorsque je les avais commencé, moi qui pensait que c'était une lettre d'Alizée c'est en fait mon professeur, visiblement revenu plus tôt que prévu de son voyage dans le Nord.  
Je me prépare donc et sors de ma chambre pour me diriger dans son bureau. Je décide de passer par la tour Nord qui me conduira directement jusqu'aux étages inférieurs du château. Sur le chemin, je ne peux m'arrêter de penser à ce que m'a dit Alizée un peu plus tôt. Sans doute est-elle déjà aller parler à Kristelo pour lui demander d'arrêter son entraînement. Elle ne devrait pas gâcher son talent pour nous. C'est moi qui n'arrive pas à tirer un trait sur elle, c'est moi qui dois partir. 
Ainsi lorsque je frappe aux portes du bureau, ma décision est déjà prise, lorsque Rodavick m'aura prévenu de ce qu'il a à me dire, je lui ferait part de mon choix de quitter le château. 


'' Entrez ! ''


J'ouvre la lourde porte de fer sur une salle sombre, malgré les quelques torches à la lumière translucide dont les flammes dansent dans chaque coins de la pièce. Au fond, assis à son bureau m'attend Rodavick. Cela fait plusieurs mois que je ne l'ai pas vu, depuis qu'il est partir régler des affaires dans le Nord. 
Son visage est émacié et malgré le froid ambiant, des gouttes de sueurs coulent de son front. Lorsqu'il me voit, il se lève à la hâte et s'approche de moi.
'' Anassan, je t'attendais, dit-il en posant une main sur mon épaule.
- C'est bon de vous revoir maître, j'espère que votre voyage c'est bien passé. Je suis venu aussi vite que j'ai pu dès que j'ai vu votre lettre. J'étais un peu fatigué hier soir, une migraine, j'ai du me coucher tôt '' mentis-je. 
Rodavick me regarde d'un œil suspicieux. 
'' Viens t'asseoir Anassan. ''
D'une main, il m'invite à prendre place à son bureau. Lorsqu'il vient s'asseoir devant moi, son regard semble avoir changé, ses yeux me paraissent plus sombres, ou alors serait-ce la lumière des torches qui s'est affaiblie ?
'' Dis moi Anassan, cette histoire avec Alizée, ne me dis pas que tu prends ça au sérieux, dit-il en haussant un sourcil.
Je sens une boule comprimer ma gorge. Comment est-il au courant ? Il doit lire sur mon visage comme dans un livre car il me répond du tac au tac :
- Ce n'est pas parce que je m'absente six mois que je sais pas ce qui se passe dans ce château ! Alors, rassure moi, tu n'es pas amoureux d'elle au moins ? ''
'' Vous savez cela fait maintenant vingt ans que je connais Alizée et ... mais Eddard 
- Tu lui pisses dessus à cet Eddard, dit-il en frappant du poing sur la table. N'oublie pas que tu es le plus puissant d'entre eux. Qu'est-ce qu'il sait faire lui à part faire joujou avec ses runes de merde et du vent avec des épées ? Toi tu peux faire mourir n'importe qui d'un simple claquement de doigt -clic-, rappelle toi en avant de te laisser marcher dessus par cet abruti aux yeux jaunes. '' 
Je baisse les yeux. Après tout il a peut être raison. D'enfant chétif à adolescent malade jusqu'à adulte renfermé, j'ai toujours été un être insignifiant. Pourtant mes pouvoirs ne me font pas me sentir plus fort. Le seul moment où je me sens bien c'est dans les yeux d'Alizée.
Je baisse les yeux et ne répond rien.
'' Ecoute, je ne te l'ai peut être jamais dis, mais tu es le plus brillant de mes disciples. Après tout tu es le sang de mon sang. La puissance de la plus grande famille de mage violet de Ryscior coule dans tes veines. Tous les deux, nous pourrions accomplir de grandes choses. ''
Il se lève et se place dos à moi, les bras appuyés contre la commode qui se trouve derrière lui. 
Il prend une voix niaise :
'' Le but des Sorceleurs est d'exterminer les abominations de Ryscior qu'ils disent, ricane-t-il. Mais ils ont tort. Nous sommes des élus, des êtres supérieurs dotés de la connaissances des mages et rayonnants d'une puissance magique infinie. Et qu'est ce que l'on fait de ça ? On se bat contre des monstres ? '' Il hurle de rire. 
'' Non ce n'est pas pour cela que nous sommes destinés. Nous devons nous élever au dessus de ça ! dit-il en envoyant valser au sol un vase posé à côté de lui.
- Maître, j'ai l'impression que ce voyage dans le Nord vous a changé, vous ne tenez plus le même discours qu'à vôtre départ. Est-ce que vous êtes sûr que tout va bien ? 
Il rigole de plus belle puis s'approche de moi. Ses yeux brûlent d'une passion malsaine et dévorante.
'' Oh mon garçon, si seulement tu avais pu voir ce que j'ai vu dans le Nord. Vois tu, j'ai été très surpris d'y croiser ... des Lyches. '' 
A ces mots mes yeux s'écarquillent.
'' Oh, je sais déjà ce que tu penses mon garçon : mais les Lyches n'existent pas, cela fait des années que les Lyches n'ont pas arpenté le continent, blablabla, dit-il avec une voix faussement aiguë. ''
Tout à coup sa main vient se serrer autour de mon menton. 
'' Ecoute moi bien Anassan, tout ce que l'on t'as dis, tout ce que tu as pu lire dans les grimoires et même tout ce que j'ai pu t'apprendre par le passé, oublie-le ! Ce n'est que foutaise ! Les Lyches sont les êtres les plus puissants que nous connaissons, les Dieux eux mêmes en ont peur. Veux-tu être hissé au rang de Dieu Anassan ? Devenir Immortel ? Alors joins toi à moi. Ensemble et avec l'aide des Lyches nôtre règne sera sans limite. '' 
Il prononce des derniers mot si près de mon visage que je peux presque sentir son souffle chaud sur ma peau. Ses yeux me transpercent du regard. Il parait presque être entrer en transe.  
Cependant lorsque j'hoche la tête de droite à gauche, sa frénésie semble retomber comme un soufflé. Il lâche alors lentement ma mâchoire puis se met à tourner autour de moi, d'un pas lent.
'' Tu me déçois tant Anassan, moi qui t'estimais tant, moi seul qui connaissait ta puissance, sang de mon sang. Mais tu as fais ton choix, et je rejoindrai les Lyches seul, ce n'est pas plus mal après tout. ''
Il repasse à nouveau devant moi et se place derrière son bureau, me tournant le dos une nouvelle fois. 
'' Cependant personne ne doit connaître mes plans. Ce soir tous les moutons de la bergerie seront mangé par le loup et à commencer par l'agneau ! '' 
Au moment même où il finit sa phrase, Rodavick se retourne brusquement et de sa main tendue jaillit un éclair de lumière violette qui file tout droit vers moi. J'ai à peine le temps de me jeter au sol pour éviter ce rayon d'énergie mortelle, qui vient s'écraser dans le bureau qui vole alors en éclats qui me tailladent le visage. J'ouvre les yeux sur ceux de Rodavick qui me transpercent du regard presque deux mètres au dessus de moi. Il essaie de pénétrer dans ma tête, je sens sa puissance magique envahir mes pupilles et essayer de se frayer un chemin jusqu'à mon cerveau. Tant bien que mal, je bloque mes portes psychique et essaie à mon tour d'assiéger sa boite crânienne. Malheureusement je ne fais pas le poids face à la magie de Rodavick. Nous sommes de la même famille, du même sang, et il connait ma manière d'utiliser les vents magiques par coeur. Il dévie chacune de mes attaques et me les renvoie avec une puissance décuplée au centuple. 
Je sens la peau de mon visage se flétrir peu à peu, mes lèvres se gercer et mes cheveux tomber. A l'intérieur de moi, je sens os s'affiner et se craqueler. Je vieillis. Alors c'est comme ça que je vais mourir. Une voile opaque envahit mes yeux et bientôt ma vue n'est plus assez bonne pour que je puisse distinguer les traits de mon agresseur. Je peux seulement voir sa silhouette qui s'approche de moi. Dans ma bouche, je sens mes dents se déchausser et tomber peu à peu.
Bientôt Rodavick est sur moi, il approche délicatement sa bouche putride de mon oreille :
'' Un homme ne devrait pas vivre plus vieux que ses dents. Fais tes prières mon ''jeune'' élève. ''
C'est alors que je sens une faille dans sa défense psychique. Je profite de se léger moment d'inattention et mon bras trace seul la trajectoire qui va rejoindre sa tête. Une giclée de sang chaud, le coup à fait mouche. 
Même si ma vue est toujours brouillée, je peux voir le morceau de bois que j'ai récupéré lors de l'explosion du bureau bien enfoncé dans sa tempe. Une seconde plus tard, il retombe sur moi. 
Avec beaucoup de peine, je pousse le corps de presque quatre vingt kilos qui gît sur moi et me relève tant bien que mal. Je me sens complètement vidé de mon énergie. Une minute de plus et je serai mort, vidé de mon essence vitale comme une orange que l'on presse pour en extraire le jus. 
La vie s'échappe du corps de Rodavick aussi vite que l'eau des ruisseaux descend des cascades pour rejoindre les fleuves, je dois puiser à la source pour me régénérer selon les techniques ancestrales que celui qui gît devant moi m'avait apprise. Accroupi à ses côtés, les mains plaquées sur son dos, je m'applique à récupérer l'énergie vitale qu'il m'a volé. Je me sens de mieux en mieux, ma vue s'améliore et les rides qui strient mes mains se retendent peu à peu, mais en plein milieu de mon rituel je suis interrompu par un bruit sourd derrière moi. La porte s'est ouverte à la volée. 


Mon sang fait alors un tour. Eddard et Alizée sont sur le pas de la porte. Derrière eux je peux apercevoir Kastelvid. Je peux voir l'horreur dans les yeux d'Alizée, les larmes aux yeux, elle apporte une main à sa bouche pour étouffer un cri. Je suis tellement absorbé que je ne vois pas la lame d'argent d'Eddard qui fuse vers moi. 
SHLACK.
Au début je ne ressens rien. Puis une chaleur, langoureuse, et qui coule le long de mes côtes. Lorsque je rouvre les yeux, c'est sur une épaule gauche écourtée de mon bras qui repose sur le sol. Vient alors la douleur, qui remonte en un éclair les nerfs de mon cou pour venir exploser dans mon cerveau. Je hurle et porte une main à mon épaule meurtri, dont dépasse à peine une moignon à la coupure nette. Le sang coule à travers mes doigts. 
Devant moi Eddard lève son épée en l'air, le souffle court, ses yeux injectés de sang me lancent des éclairs. Je recule tant bien que mal.
'' Eddard je ... ''
Mais il fonce sur moi en lançant un cri. Je n'ai pas d'autres choix que d'utiliser ma magie. La main tendue vers lui, je lance alors la plus grosse onde magique que je n'ai jamais su produire. Eddard est repoussé en arrière, tandis que les livres et les morceaux d'écharges qui étaient par terre son propulsés comme de véritables projectiles. 
Lorsque son dos heurte le sol, ses cheveux longs ont tourné au blanc platine. L'ai-je tué ? 
Alizée se précipité à ses côtés en hurlant. 
Je profite de la panique ambiante pour me diriger vers les fenêtres. Je l'ouvre à la volée de ma main valide et place mes deux pieds sur le bord. En bas, j'entends le ressac des vagues qui viennent heurter les rochers et l'air salée embourbe mes narines. 
J'hésite à me retourner une dernière fois vers Alizée. La regarder une dernière fois. Mais je me ravise et après une demi seconde d'hésitation, et saute alors que je sens l'épée de Kastelvid fuser à mes oreilles et me rater de peu. 

Le vent dans mes cheveux. Mes larmes qui coulent à la verticale. L'eau noire qui se rapproche de moi. L'impact. 
Le vide. 
Je sombre 
.

.
'' AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ! '' 
Alizée reprit ses esprits avec un inspiration terrible, comme si elle était restée en apnée tout le temps de son malaise. 
Devant elle, la lumière blanche de l'éclair s'éclipse et révèle les deux corps d'Eddard et d'Anassan qui n'ont pas bougé. Eddard, lève toujours le poing qu'il s'apprête à abattre contre le visage d'Anassan qui ne cherche même pas à se protéger. 

" NOOOON ! hurla alors Alizée. Saisissez les !! "

Dani et Alrick se jettent alors sur Eddard qui se débat comme un diable. Il arrive même à prendre le dessus et envoie valser Dani dans le feu avant d'éclater le nez d'Alrick d'un violent coup de tête tandis qu'Ambros hurle à la mort. 
Rassemblant ses dernière forces, Alizée dessine une virgule de ses deux doigts dans le vide en fixant un un petit rocher posé dans la grotte qui est immédiatement propulsé vers Eddard. Le projectile improvisé vient heurter sa nuque et le Sorceleur s'effondre alors sur le sol trempé.
Ven 6 Mai 2016 - 21:58
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Noire
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Heaven can wait
Noire
Elle martèle mon pauvre cœur
En feux et étouffé,
Il cache un singe moqueur
Qu'à tes vœux j'occirai.



Alyzée Hyacentho aide Dani à se redresser ! Les flammes lèchent déjà avec avidité le dos de sa veste, menaçant de s'étendre malgré l'humidité ambiante. La Sorceleuse s'assure que cette menace disparaisse aussi rapidement qu'elle est apparu, en poussant le Novien à l'extérieur de la grotte. Alrick se tient courbé à l'intérieur de la grotte, tenant à deux mains son nez brisé, du sang coulant entre ses doigts serrés ! Leur troisième compagnon tente de le soulager à l'aide de tapes sur le dos et avec des paroles réconfortantes.

Et au milieu de tout ce tintamarre...

Anassan Thanassil !

Toujours le visage à l'extérieur de la grotte, Eddard sur lui, le mage violet peine à se relever. Ses mains veinées aux doigts tordus tentent de repousser le corps de son ancien camarade, évanoui ; Alyzée serre contre elle son bâton, signe de sa position de mage bleue de renom ! Combien de Tours cela faisait qu'elle n'avait plus vu cet homme, celui qui éclairait ses journées lorsqu'ils étaient encore que de jeunes apprentis Sorceleurs ? Anassan... Il a tellement changé, mais la mage bleue en elle lit en son âme comme dans un livre. Anassan n'a pas d'intention hostiles, elle le sait. Elle le sent. Alyzée sent alors sa gorge se nouer. Ce ne sont pas les vents qui viennent de lui apporter cette information. Il lui suffit d'un regard, un seul plongeant dans l'âme de son ancien ami, afin de faire s'effondrer toutes ses certitudes ! Anassan n'est pas le mal. Anassan n'a jamais été la source de tout ce mal. Anassan n'est pas un démon. Alyzée sent alors des larmes couler le long de ses joues fouettées par la pluie et le vent. Comment avait-elle pu se laisser aveugler ainsi, durant tous ces Tours ? Le plus intime de ses vœux semblait se réaliser.

Alors que la jeune femme avait passé des Tours entier à prier Finil afin qu'elle lui prodigue la force et le courage nécessaire qu'il lui faudrait pour affronter l'homme qui faisait battre son cœur, voilà que les Dieux dans leur toute bienveillance éloignaient d'elle ce fardeau. Elle aida Anassan à se relever, ôta sa propre cape et la posa sur les épaules de son ami. Alors, sans un mot, elle l'entoura de ses bras. Il était si frêle, si froid !

Et c'est des mots empli de tristesse et de douceur qui furent murmurés à l'oreille du mage mutilé :

« J'y vois clair maintenant. Tu es avec nous, rien n'est perdu...

~



Les trois guerriers de Novigrad ainsi que les deux Sorceleurs s'étaient lovés autour du feu d'alchimiste, assis en tailleur et le regard perdu dans les courbes des flammes dansantes. Anassan était à côté d'Alyzée, enveloppé à l'intérieur de son propre manteau, la mine grise, les yeux cernés de noir et le visage creusé.

- Mange, Anassan. l'encouragea d'une voix douce Alyzée en lui tendant une cuisse de lapin.

Elle fut surprise de la facilité avec laquelle elle s'était fourvoyée elle-même durant tous ces Tours. Elle. Alyzée Hyacentho, censément la plus grande mage bleue de Ryscior, la prophétesse ! Et, aveuglée par les remords, paniquée par la toute-noirceur des vents qu'elle percevait, elle avait élevé Anassan au rang de coupable potentiel responsable de tout ce mal ; avant de le condamner se faisant seule juge de cette parodie de procès mental ! La Sorceleuse serrait nerveusement son bâton tandis que le mage violet se nourrissait en silence sous un silence de plomb, perturbé seulement par l'abattement de la pluie sur la roche et le sol au-dehors. Et pire que tout ! Elle avait prit Mystin et Finil à témoin, parlant de cet imbroglio personnel comme d'une vérité générale ! Mon orgueil est-il si grand ? se désolait la jeune mage. Et elle adressa une prière d'excuse à Mystin ainsi qu'à Finil.

Eddard était étendu non loin d'eux, près du feu, toujours évanoui. Alyzée frissonna en songeant à ce qu'il aurait pu se passer si elle n'était pas intervenue. Eddard tuant Anassan...pour rien. Anassan. Eddard. Eddard. Anassan.

Elle laissa aller sur la jambe famélique de son ami une main qui se voulait rassurante sitôt qu'il eut finit de se nourrir. Elle était étonnée et surprise de la présence de ce lien si étrange qu'elle se redécouvrait en présence d'Anassan. A ses côtés, Alyzée n'avait pas besoin d'utiliser sa magie et capter les vents pour savoir. Elle savait rien qu'en le voyant, le touchant, l'écoutant respirer. Comme si Anassan avait toujours eu le pouvoir et la particularité d'offrir son cœur et son essence même à la lecture de ses sens. Le silence fut brisé par Dani, qui voulut en savoir plus sur ''toute cette histoire de fou'' tout en se frottant les mains au-dessus du feu.

- Anassan ici présent est mon confrère, un Sorceleur, expliqua la jeune magicienne pressée de blanchir son ami. Et il n'est pas au service de la Reine ou du Roi de Salicar...
- Mais vous aviez dit que...
- Je sais ce que j'ai dis, les coupa Alyzée d'une voix peinée. Je me suis égarée...

Anassan tourna alors ses yeux sombres, fatigués vers son ancienne amie. Il ne dit rien, mais Alyzée se sentit encore plus coupable des ces actions tandis que ce regard l'effleurait, comme une caresse. Alors Anassan prit la parole, mais d'une voix si faible que seule Alyzée la perçut. De toutes façons, ces mots ne lui étaient adressés qu'à elle.

- Je ne l'ai pas tué, Alyzée.

Il parle de Rodavick...

- Je sais Anassan...
- Il faudra l'expliquer à Eddard. Je ne l'ai pas tué.

Un râle sourd se fit alors entendre. La Sorceleuse bondit sur ses chevilles et vint soutenir son confrère aux cheveux blancs afin de l'aider à se redresser.

- Eddard, doucement Eddard.

Elle caressa doucement le dos de sa main à l'aide de son pouce. Le Sorceleur papillonnait des paupières. Alyzée Hyacentho se tourna à demi vers Anassan, toujours Eddard au creux des bras, et laissa planer jusqu'à lui un regard peuplé de douce compréhension.

- Nous allons le faire, Anassan.
Lun 30 Mai 2016 - 16:51
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Eddard CrocD'Argent
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Lorsque Eddard ouvrit les yeux, la première chose qu'il vit fut le visage d'Alizée, lui souriant timidement. Cette vision de son amie Sorceleuse le réconforta quelque peu. Il voulut se redresser, mais une douleur derrière sa nuque l’empêcha de bouger la tête comme il le voulait.
Qu'est ce qu'il s'est passé ?
C'est alors qu'Alizée s'écarta quelque peu, pour révéler Anassan, cachée derrière elle.
Eddard voulut se précipiter sur lui mais comme il voulut se relever, il fut assaillit d'un vertige et retomba au sol. Alizée le maintint par les deux bras :
'' Putain Alizée qu'est ce que tu fous ?! Il est là, tue le !
- Non Eddard, répondit-elle calmement.
Les mots résonnèrent dans la tête d'Eddard. Il ne comprenait pas le comportement de la Sorceleuse.
- Comment ça non ! Il a tué Rodavick ! Il a fait fermer l'Ecole, tu ne t'en souviens pas !?
- Je ne l'ai pas tué ! dit Anassan.
- Tu crois pouvoir me faire croire ça, fils de ...
- JE NE L'AI PAS TUEEEE !! hurla Anassan. ''
Tout à coup un silence de plomb s'installa dans la grotte.
- Enfin, si, mais ...
- Eddard, reprit Alizée, Anassan dit vrai. J'ai eu une vision. Je dois te raconter ce que j'ai vu, mais tu dois me promettre de rester calme ou je t'assomme à nouveau.
Eddard écarquilla les yeux :
- La douleur que j'ai à la nuque ... ça vient de toi ?
- J'ai du prendre les mesures qui s'imposaient Eddard, tu devenais trop violent.
- Violent ? J'essayais seulement de rétablir justice en tuant ce traitre, dit-il en pointant du doigt Anassan qui baisse les yeux.
Alizée posa une mais sur son épaule.
- Laisse moi te raconter '' dit-elle en le fixant de ses yeux bleus.
Eddard se résigna à écouter la Sorceleuse, et émit un râlement qui lui somma de faire vite.

*

Lorsque celle-ci eut finit de raconter ce qu'elle avait vu, Eddard ne dit pas un mot. Anassan et Alizée le fixèrent, attendant de sa part un signe d’acquiescement ou de négation, mais le Sorceleur resta de marbre. Enfin, au moment ou Alizée allait briser le silence, il se décida à parler :
" Et comment se fait-il que tu sois en vie ? Tu aurais du te vider de ton sang.
- J'ai simplement eu de la chance. J'ai été recueillie par un navire Ramien. Et il s'avérait qu'à bord se trouvait un prêtre d'Atye. Grâce à ses bon soins, j'ai pu survivre à mes blessures.
- Comment t'es tu retrouver si loin au Nord, et pourquoi ?
- Alizée m'a expliqué que vous étiez monté jusqu'ici car vous sentiez une présence noire, c'est la même chose pour moi.
- Nous pensions que les vents magiques que nous sentions émanaient de toi !
- C'est faux ! Ils viennent d'une chose bien plus terrible, dit-il en frissonant.
- De quoi viennent-ils ?
- Des Lyches, dit Anassan dans un souffle. ''
Alizée et Eddard échangèrent un regard. Si Anassan disait vrai, la paix sur Rysior ne régnerait plus pour longtemps.
Ven 5 Aoû 2016 - 17:14
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- j'ai vu l'enfer des femmes là-bas ; - et il me sera loisible de posséder la vérité dans une âme et un corps.



Rimbaud



« Je t'aime Alyzée, tu le sais. Je t'aime depuis le premier jour.

Alyzée Hyacentho serre contre elle son bâton de Mage bleue, les genoux recroquevillés contre la poitrine. La pluie avait cessé. Anassan et elle-même, de tour de garde, avaient laissé derrière eux la grotte les abritant ainsi que les trois Noviens. Eddard de toutes façons ne parvenait pas à dormir ; toute cette histoire le travaillait, un malaise constant régnait dans l'atmosphère et la noirceur de ce ciel chargé de remords et d'humidité embaumait les esprits des voyageurs. Alyzée et Anassan, souhaitant bénéficier d'une discussion plus profonde, plus intime, avaient donc choisis de quitter la grotte, prétextant qu'ils allaient faire une ronde. Ils s'étaient posés à moins d'un quart de lieu du plateau rocheux, sur la terre humide, au bord d'une rivière et en avait profité pour remplir les gourdes presque vides. Puis ils avaient parlés. Et voilà qu'Anassan, alors qu'il ne parvenait à détacher de ses yeux clairs les siens, lui avouait cela.

Gênée, prise en tenaille entre les fantômes du passé qu'il valait mieux ne pas réveiller et les aspirations futures qui excluaient de quelques façons qu'il soit la présence d'Anassan, son ancien aimé, Alyzée Hyacentho ne sut quoi répondre au Mage Violet.

- Je donnerai mille fois ma vie pour te plaire, reprit Anassan. Alyzée, tous ces Tours je n'ai cessé de penser à toi.

Calmement, la jeune Mage bleue répondit :

- Tu donnerais mille fois ta vie Anassan, si il n'y avait pas Eddard.
- Il n'y a pas Eddard ! s'exclama soudain le jeune Mage. Alyzée, tu ne sors pas avec lui. Il ne sait pas t'aimer, il te considère comme une amie, c'est tout ! Tu ne lui dois rien !
- Tu as tort Anassan, je lui dois beaucoup. Il a sauvé ma vie.

Elle tourne la tête vers la rivière, si froide, si claire. Si pure.

- C'est mon compagnon, conclut-elle.
- Ton compagnon de route ? Ou ton compagnon dans la vie ?

Alyzée choisit de ne pas répondre. Sa relation avec Eddard avait toujours été compliquée, c'était vrai. Depuis la chute de l'école, tous deux avaient été expatrié aux quatre coins de Ryscior. Tous deux n'avaient pas cherché à se revoir. Tous deux étaient passé à autre choses. Bien sûr, elle adorait Eddard ! Ainsi que les moments chargés d'allégresse passés en sa compagnie ! Mais ils étaient tous les deux d'accord pour dire muettement que leur idylle appartenait désormais au passé, et que la menace bien plus importante qui menaçait Ryscior méritait toute leur attention. Ils ne pouvaient se permettre de douter car ils ne pouvaient se permettre d'échouer.

Et puis il y avait Anassan. Depuis toujours -une éternité lui semblait-il !- le Mage Violet déchu avait été jugé coupable pour des crimes qu'il n'avait pas commis. Toute cette histoire avait obligé la jeune femme à verrouiller ses sentiments. Elle était souriante en apparence, ouverte, un brin timide, souriant à la face de la nue et des nuages. Mais jamais les dieux n'auraient pu voir un cœur tant voilé que celui d'Alyzée ! Elle s'était elle-même abaissée au rang d'animal, une sorte de bourreau au regard inquisiteur damnant toute une idylle autour d'une échafaud.

Mais Anassan était de retour.

Alyzée se forçait à croire que son aide leur serait précieuse. Ils courraient tous au-devant d'un très grave danger. Si liches il y avait sur Ryscior, guerre se préparait. Peut-être était-elle déjà en marche ? Qui le savait ? Anassan se battrait à ses côtés.

Mais il y avait autre chose.

Sous le secret des arbres et des eaux où la Mage Bleue se trouvait, il lui sembla que sa vie se déroulait sous le regard de son ami. Anassan avait cette force d'âme qui la faisait se sentir elle. Alyzée Hyacentho. Et pas Alyzée Hyacentho, Sorceleuse et Mage Bleue de renom. Avec lui à ses côtés, elle n'avait pas besoin de se concentrer pour sentir les vents. Elle sentait. Et bien plus que les vents de magie...

Jusqu'à présent, elle poussait des cris muets d'amour. Anassan de retour, il lui faisait l'impression de pouvoir changer ces cris en chants.

- Anassan, nous devrions y retourner. L'aube ne tardera plus.
- Alyzée, c'était déjà notre destinée qui me regardait sous tes paupières, ce jour-là !

Alyzée ne put dissimuler un sourire timide. Elle voyait de quel jour Anassan voulait parler. Le jour de leur rencontre, si particulier. Ce premier regard entre deux personnes, qui faisait toute la différence. Ce premier regard qui portait à la fois la vie et la mort, la lune et les étoiles, les caresses et le poison. Anassan se saisit doucement de ses mains, et il l'embrassa.

Alyzée sentit une tornade de sentiments l'envahir. Elle lui rendit son baiser. Anassan alors, lui paraissait si chétif, si malingre, parut gagner en assurance et en bravoure. Il se fit plus profond dans ses baisers, ses caresses plus malignes, ses élans plus amoureux. Alyzé l'arrêta, avec difficulté, elle se l'avoua.

- Anassan, nous devrions rejoindre les autres...La mission n'est pas terminée.

Après un silence, respectueux, Anassan remonta sur son visage son capuchon sombre, récupéra les gourdes et se mit en marche.

- Tu sais Anassan, si nous allons réellement nous battre contre des liches, il se peut que même pour nous, Sorceleurs, ça soit notre dernière mission.

Alyzée suivit Anassan, son bâton de mage bien campée entre ses doigts fins.

- Nous avons Eddard avec nous. Et puis je t'ai toi. Et tu m'as moi. Ensemble, nous y arriverons.

Elle ajouta, tandis qu'ils regagnaient la grotte où Eddard, Dani, Alrick et Willem, ainsi que Ambros et son gémeau devaient les attendre.

- Nous allons devoir convaincre Eddard d'accepter une alliance avec les vents violets. Une fois cette histoire finie, Anassan, j'irai où tu iras. »

J'irai où tu iras. Alyzée songea que cela sonnait comme une promesse. Anassan ne se faisait pas de récits, il savait qu'ils ne survivraient pas tous les trois à la guerre qui s'annonçait. Il espéra secrètement que si l'un d'entre eux, un seul, devrait y laisser la vie, cela ne serait pas Alyzée.

Alyzée sut capter les pensées de son ami. Un frisson terrifiant gela son cœur. Non pas qu'elle fut frappée d'horreur en devinant de tels souhaits. Mais car elle entretenait les même secrètement.

Dieux, Finil, si l'un d'entre nous devait mourir dans cette guerre, faîtes que ça ne soit pas Anassan. Ou faîtes que nous mourrions ensemble.
Sam 13 Aoû 2016 - 18:08
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Eddard CrocD'Argent
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Lorsque Eddard ouvrit les yeux, le feu qui demeurait au centre de la grotte s'était éteint. Seul les rayons de lunes argentées qui s’infiltraient par les interstices de la roche amenaient un peu de clarté. Les yeux de félin d'Eddard n’eurent pas de mal à s'habituer à l'obscurité et bientôt, il y vit comme en plein jour. Il regarda autour de lui et remarqua tout de suite l’absence d’Alizée et d’Anassan.
Eddard entreprit de de relever sans bruit, non sans mal. A chaque mouvement qu'il faisait, la douleur qui partait de ses cervicales semblaient se répercuter dans tous les recoins de son corps. Décidément, Alizée ne l’avait vraiment pas loupé.
Lorsqu’il fut enfin debout, il se dirigea vers la sortie de la grotte quand il entendit un petit cri plaintif derrière son dos. Il tourna la tête et aperçu deux paires de d'yeux jaunes qui le fixaient dans la nuit.
"Viens « murmura alors Eddard en tapotant sa cuisse de la paume de sa main. Alors les deux loups géants se mirent sur patte sans bruit et ils sortirent ensemble de la grotte.
Au dehors l'air était nettement plus frais. Eddard respira a plein poumon la brise des montagnes qui avait lava l’odeur de centre mouillée et de moisissure qui collait à ses narines.
Ce soir la Lune s’était parée de son plus beau costume d'argent et elle se dessinait au-dessus de ses yeux dans un cercle parfait, comme pour rendre jalouse la Montagne fusse-elle elle aussi partie des merveilles des terres du Nord.
La beauté du paysage rendit le Sorceleur nostalgique. Cela faisait maintenant deux pleines lunes qu'il avait affronté le loup garou dans la Grande Forêt, deux pleines lunes que les dryades avaient pris contact avec lui et lui avec Alizée.
Alizée qui l'avait poussé à venir, Alizée qui l’avait averti d’un grand mal, Alizée qui avait scande le nom d'Anassan a tout va et avait réveillé en lui une rancœur intarissable.
Ce fut donc non sans un pincement au cœur qu'Eddard les aperçus s'embrasser en contre bas. Il serra les poings, détourna la tête et reprit sa route, les deux loups géants trottant à ses côtés, s'éloignant du spectacle qui se jouait aux abois de l'astre lunaire.
Il ne ressentait plus rien pour Alizée. Cela faisait longtemps qu'il ne ressentait plus rien pour personne de toute façon.
Tu deviens sensible vieil homme.
Depuis quand n’avait-il pas pleure. Même lui n’en savait rien. Pourtant à chaque fois qu’il repensait à un souvenir douloureux, toujours ce même flash lui revenait en mémoire.
La nuit ou, âgé da peine sept ans, on l’avait arraché à ses parents. Ou plutôt la nuit ou mes parents m’ont offert comme apprenti Sorceleur à un ordre qui les dépassaient, rectifia-t-il mentalement en revoyant son père le tendre à bout de bras vers l'homme encapuchonne qui deviendrait bientôt son maitre d’armes, le toute devant les yeux de sa mère, à genoux et en sanglots au milieu de leur ancienne maison de chaume.
Il s'assit au bord de la falaise et les deux loups géants vinrent s'allonger à ses côtés. Il passa ses mains dans leurs fourrures épaisse et chaude et se remémora ce qui s'était déroulé dans la grotte un peu plus tôt, avant qu'il ne s'endorme.
Anassan, sorti de nulle part après plus de dix ans d'absence leur avait avoué la vérité sur cette funeste nuit dix ans en arrière. Comment il avait été contraint de se défendre contre un Rodavick devenu fou, voulant s’associer avec les sois disant Lyches du Nord.
Mais peut-on pour autant lui faire confiance.
[i]Tandis qu'il leur avait expliqué à Alizée et lui son histoire, le regard fuyant, Eddard n’avait pu s'empêcher de mettre mentalement en doute chacunes de ses paroles - contrairement à Alizee qui buvait les mots sortant de ses lèvres .
Tout de même il faut du cranpour faire ce qu'il a fait. Venir retrouver dix ans après deux personnes qui ont juré de te tuer ! Il n'aurait pas pu faire cela si il nous mentait. C’est le désir de dire la vérité lui a donné du courage. De plus ce qu’il dit se tient. L’aura maléfique que nous sentons et qui rend Alizée malade appartiendrait aux Lyches. Même moi qui n’est que peu sensibles au vent magiques je les sens s’intensifer. D’ailleurs ce soir ils me donnent presque la nausée ... Quoique attend ce n’est pas les vents magiques …
Eddard renifla un coup.
" Pouah cette odeur ! "
Tout à coup les deux loups se mirent à grogner vers le vide, découvrant leur canines acérées. Eddard s'avança vers le précipice et jeta un coup d’œil en contrebas quand il sentit son sang ne faire qu'un tour.
La vallée était entièrement envahie de zombies, titubant et grouillant à lumière de la lune de qui faisait reluire leur peau moite.
Eddard ne perdis pas de temps et se mit à courir vers la grotte quand il croisa Anassan et Alizee remontant de la rivière main dans la main. Quand ils l’aperçurent, ils desserrèrent leur étreinte, visiblement gênés :
- Eddard mais où tu vas comme ça ? dit Alizée qui semblait avoir rougi. Tu devrais être en train de te reposer.
- Non je n’avais pas sommeil. Une chance pour vous. Les rondes servent à surveiller les alentours Alizée et pas à se bécoter au bord des rivières.
- Je ...
- N'as-tu donc pas sentit cette odeur ?
- Quelle odeur ?
- L'odeur de putréfaction d'un zombie qui a faim, et il s'avère qu'il en grouille par toute la vallée, répondit Eddard du tac au tac avant de rentrer en furie dans la grotte.
" Tout le monde debout, on lève le camp ! "
Et déjà alors que les mercenaires ouvraient les yeux, Alizée et Anassan purent entendre les râlements des zombies parvenir à leurs oreilles et se dépêchèrent de rassembler leurs affaires.
Mar 16 Aoû 2016 - 20:33
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