En cette nuit sans lune, seules les étoiles éclairèrent nos deux Sorceleurs sur leur long périple jusqu'à Novigrad, la ville la plus au Nord de Nova. Piégée entre deux chaînes de montagne, la ville assurait la dernière frontière entre le Royaume de Salicar et le reste de Ryscior.
Lorsqu'ils arrivèrent devant l'immense portail de fer exacavé dans la roche, un garde les interpella à la volée du haut de la vigie :
« Halte là, qui s’aventure en ces lieux par une nuit aussi noire ?
- Eddard CrocD’Argent …
- Alyzée BrumeTempête ...
- Sorceleurs, finirent-ils à l’unisson.
A ces mots, le garde sembla interloqué.
« Que nous vaut la visite de deux Sorceleurs en ces lieux si reculés ?
- Une affaire de la plus haute importance, dit Alizée.
- Ouvrez vos portes, nous devons nous entretenir avec votre Seigneur, enchérit Eddard.
- A cette heure-ci, vous aurez bien du mal, notre Seigneur a depuis longtemps rejoint Finil. Ce que j’aimerai bien fait aussi, il murmura la fin de sa phrase.
- Dans ce cas nous attendrons qu’il se réveille, répondit Eddard.
Le garde ne répondit pas, la tête légèrement inclinée, il semblait juger la situation d’un œil circonspect.
- Les règles de bienséances stipulent que chaque villes se doit d’accueillir Les Chasseurs de Monstres comme un membre intégrant de sa communauté. Si votre Seigneur apprend que vous avez laissé deux Sorceleurs dans le froid toute une nuit, je pense bien que demain, vous prendrez notre place, les pieds dans la neige, dit Alizée en montrant le manteau de neige de trente centimètre qui recouvrait tout autour d’elle.
Le garde ouvrit la bouche pour répondre mais il la referma aussitôt.
Eddard sourit, il aimait voir Alizée comme ça, espiègle et prête à tout pour avoir ce qu’elle voulait.
« Très bien, vous pouvez entrer. Mais vous serez tenus responsables pour avoir réveillé toute la ville en sursaut au beau milieu de la nuit.
- Réveiller toute la ville ? s’enquit Alizée.
- Vous allez vite comprendre, dit le garde tout en faisant signe à ses coéquipiers d’ouvrir le portail.
Quelques secondes plus tard les gros engrenages sur lesquelles les chaines qui permettaient de soulever la grille de chaque côté de portail s’enroulaient, le mirent à tourner et alors un bruit strident retentit. La grille se délogea lentement du sol dans un vacarme infernal qui obligea même Alizée à se boucher les oreilles, quant aux deux loups ils se mirent même à hurler.
- Ce portail à l’air de manquer un peu d’huile, cria Eddard dont la voix était complètement recouverte par le remue-ménage que faisait le carcan de fer.
Lorsque la grille fut enfin levée, le garde vint à leur rencontre :
- Moi c’est Arald, général de son Seigneur. Suivez-moi.
Il leur tourna alors le dos et chemina lentement vers la ville. Eddard et Alizée se lancèrent un regard puis lui emboîtèrent le pas, suivis de près par les deux loups géants.
*
La porte de l’auberge de l’
Edelweiss s’ouvrit à la volée. Mais Eddard et Alizée n’osèrent pas toute de suite franchir le pas de la porte.
« Entrez ! leur lança le garde déjà à l’intérieur.
Au moment ou Eddard et Alizée se convinrent d’entrer, un homme, vêtu d’une grenouillère et d’un bonnet de nuit, déboula des escaliers sur leur gauche, empoignant fermement une fourche de paysan qui paraissait aussi vieille que lui :
« Qui va là ?! scanda-t-il tremblant.
- Remballe ton arme vieillard, Capitaine Arald, de la garde de nuit.
A ces mots, celui qui devait être l’aubergiste cacha la fourche derrière son dos, même si les piques dépassaient toujours au dessus de sa tête.
« Oh ! dit l’aubergiste un peu déstabilisé. Oooooooh ! Oui ! Capitaine Arald, la fierté de toute cette bonne ville de Novigrad, vous honorez cette humble auberge de votre seule présence et …
- Ouais, ouais, c’est ça, garde tes belles paroles pour tes clients et tache de trouver deux chambres pour ces deux-là, que tu mettras sur le compte de notre Seigneur Bartus.
A ces mots l’aubergiste fit mine d’être affligé d’une profonde tristesse :
- Cela aurait été avec plaisir capitaine, vraiment, mais il s’avère que nous ne disposons plus d’aucune chambre de libre à cette heure tardive de la …
- Vous serez payé double.
- Suivez-moi !
Le capitaine fit demi-tour puis arrivé au niveau d’Eddard, il lui dit à voix basse :
« Faîtes gaffe à ce gus-là, sympa, mais il tuerait père et mère pour une pièce d’or, après il fait les meilleurs œufs brouillés de toute la région, alors on lui pardonne. Demain vous aurez le droit à un petit déjeuner, pas plus, le Seigneur n’est pas là pour payer toute vos dépenses. Puis vous aurez le droit à un entretien seul à seul avec lui.
- J’apprécie votre geste, ma consœur et moi-même vous en sommes redevable. »
Sans un mot le garde sortir de l’auberge en refermant la porte derrière lui.
Alizée monta les escaliers puis Eddard lui emboita le pas, suivi de près par l’aubergiste.
Quand ils arrivèrent à l’étage, ils prirent à droite le long d’un long corridor menant sur les différentes chambres de la maisonnée.
Arrivés au fond du couloir, le vieillard leur présenta deux chambres dont les portes se faisaient face, quand toute à coup les deux loups se faufilèrent entre les jambes de l’aubergiste qui fit un bond dans les airs.
« Normalement je prends un supplément de deux pièces d’argent pour les animaux de compagnies -enfin si on peut appeler ces deux-là des animaux de compagnie-, mais pour vous …
- Merci, c’est bien brave à vous, dit Alizée.
- … je baisse le prix à une pièce d’argent ! finit l’aubergiste d’un ton qui laissait pensait qu’il venait de faire preuve de la plus grande générosité.
- Quoi ?! s’exclama Alizée stupéfaite.
- Ah ah, allez Alizée, donne-lui ce qu’il veut, dit Eddard en rigolant.
Celle-ci lui lança un regard noir, puis, à contrecœur, elle posa une pièce d’argent dans le creux de la main tendue de l’aubergiste puis ouvrit la porte de sa chambre.
- Chacun ! dit le vieux, le sourire aux lèvres en direction d’Eddard.
- Quoi ?!
-
Donne lui ce qu’il veut, Eddard , lança Alizée en direction du Sorceleur, l’œil plein de malice avant de refermer la porte de sa chambre derrière elle en lâchant un ‘’Bonne Nuit’’ guilleret
Eddard se retourna vers le l’aubergiste qui ne l’avait pas lâché des yeux, ses zygomatiques crispés dévoilant l’étendue de sa dentition cariée et la main toujours tendue pour recevoir sa petite piécette.
*
Eddard se déshabilla sans tarder et alla se mettre au lit.
La journée avait été fatigante, l’Hirondelle de la veille lui avait filé un mal de tête qui avait duré toute la journée, et cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas pu passer une nuit dans un vrai lit.
Il fit fi de la paille qui dépassait du matelas et lui piquait le dos et se mit à fixer le loup qui l’avait accompagné dans la pièce tandis que l’autre avait préféré passer la nuit avec Alizée. Des deux loups géants que leur avaient confié les dryades, c’était avec lui qu’il s’entendait le mieux : calme, docile, utile, cette grosse boule de poil ne remplacerait surement jamais se défunte Silver, mais elle faisait néanmoins un bon compagnon de voyage. De plus l’animal semblait l’apprécier aussi.
« Il faudrait quand même que je te donne un nom » murmura-t-il à l’encontre de l’animal qui dormait déjà apparemment à points fermés.
Il réfléchit un instant à un nom qui pourrait lui aller, quand tout à coup un détail qui lui avait échappé lui vint à l’esprit : est-ce qu’il avait affaire à un mal ou à une femelle ?
Les deux petites boules velues pendant entre les cuissots de l’animal qui lui faisait face répondirent vite à sa question.
Il recentra ses pensées sur le meilleur nom qu’il pourrait lui donner. Qu’est ce qu’il caractérisait au mieux cet animal ?
La couleur de sa fourrure ? Argent pale ? Non il ne l’appellerait pas lui aussi Silver.
Il réfléchit à la question un petit instant puis l’idée lui traversa l’esprit comme une évidence : Immortel ! Enfin c’est vrai, lui et son frère (ou sa sœur d’ailleurs) avaient quand même survécus à : une avalanche, aux lames viles des gobelins, une chute de plusieurs dizaines de mètre dans les abysses et, à chaque fois, ils leur étaient revenus frais comme des gardons.
Immortel alors ? Ouais ça ne sonne pas super. Comment dit-on immortel en langue ancienne déjà ? Mmmm, Ambros ? Oui c’est ça ! « Ambros » murmura Eddard en direction de l’animal, ce sera ton nom à présent.
Ce dernier ne daigna même pas bouger la queue à l’annonce de son tout nouveau nom.
Eddard sourit. « Ambros » murmura-t-il une dernière fois avant de s’écrouler de fatigue.
*
Ambros, premier du nom, le réveilla aux aurores. Eddard estimait tout de suite moins l'animal. Il avait en toute et pour tout du dormir environ trois heures et se sentait toujours fatigué. Tout à coup la porte tambourina. Eddard alla ouvrir d'un pas nonchalant.
Derrière, une homme grand et maigre aux habits luxueux, apparemment un majordome.
''Sorceleur, votre petit déjeuner est servi dans le hall. Lorsque vous aurez fini, si vous voudrez bien me suivre, Seigneur Bartus vous attend au château.''
*
Après avoir réveillé Alizée, et pris leurs copieux petit déjeuner (qui valait largement leur pièce d'argent de la veille) les deux Sorceleurs se mirent en route vers le château du seigneur, un peu à l'extérieur de la ville. Le majordome leur avait apportait deux chevaux à l'allure solide, ainsi le voyage ne fut pas très long. Alizée montra une nouvelle fois qu'elle n'avait aucun talent en équitation en manquant plusieurs fois de tomber de son cheval. Eddard lui, repensa un instant à sa jument Silver, et fût parcouru d'un grand sentiment de nostalgie.
Le château était une véritable merveille. Rien comparé aux magnifiques citadelle de l'Empire d'Ambre ou d'Oro bien sur, mais Eddard fut surpris de trouver une pièce d'architecture pareil au milieu des montagnes.
Ils entrèrent par la grande porte après avoir laisséleurs chevaux aux écuries avec les deux loups, et furent accueillis dans un immense hall, dont l'extrémité accueillait un immense escaliers donnant sur les deux étages supérieurs de la batisse. Les murs étaient tapissée d'une moquette rouge aux motifs de fleurs montagnardes, et de multiples tableaux y étaient accrochés. Au sol un immense tapis brodé main recouvrait presque la totalité de la surface.
'' Ou est Seigneur Bartus ? demanda Eddard.
- Dans sa loge.
- Dans ce cas alons-y, nous n'avons pas de temps à perdre.
- Oh non Sorceleur, vous ne pouvez rencontrer le Seingneur Bartus dans cet état " ricana presque le majordome.
Eddard ne compris pas tout de suite la remarque.
'' Dans cet état ? Dans quel état ?
- Je n'ai jamais vu quelqu'un d'aussi sale ! ''
Eddard s'examina des pieds à la tête. Taché de boue et de sang, ses habits déchirés et rapiessés de partout, une barbe mal taillée et les cheveux gras, c'est vrai qu'il n'était pas beau à voir. Lorsqu’il se retourna vers Alizée, celle-ci lui rendit un regard qui confirma ce qu'il pensait.
'' Le constat est le même pour vous Sorceleuse. Vous passerez d'abord par nos bains afin d'y être débarbouillés, rasés et parfumés. Nous vous prêterons aussi des habits appropriés à la stature de notre Seigneur. Maintenant suivez moi. ''
Arrivés au niveau des salles de bain, le majordome demanda ses armes aux deux Sorceleurs. Devant le refus immédiat de ceux-ci, il reprit :
'' C'est la condition pour avoir un entretien avec le Seigneur Bartus. Si vous refusez, vous pouvez d'or et déjà quitter la ville. ''
Eddard et Alizée ne purent que finir par acquiescer. Ils furent ensuite séparés dans deux salles d'eau différentes. Un bain chaud avait déjà était coulé, et trois magnifiques servantes, surement les plus belles qu'ils avaient au château avaient été dépêchées exprès pour laver Eddard. Le Sorceleur s'installa dans la baignoire en bois, puis celles-ci s'installèrent sur des tabourets, deux posés à droite et à gauche d'Eddard et un posé derrière lui. Celles de par et d'autre d'Eddard s'occupaient de lui frotter les bras avec de grosses éponges tandis que celle derrière lui, lui peigna les cheveux.
'' Vous arrivez à temps mon seigneur, vous commenciez à avoir des lentes. ''
Eddard se prit au jeu et se décontracta dans son bain, content d'avoir trois femmes rien que pour lui mais non sans garder ses sens de Sorceleur en alerte pour une quelconque embuscade.
Quand le bain fut finit, le barbier lui rasa la barbe et enfin le costumier lui proposa un costume à la mode de la région, noir, couronné d'une collette blanche qui lui serrait atrocement. Quand le costumier le présenta devant le miroir, Eddard ne put s’empêcher de faire une grimace : son armure de maille et son pantalon en cuir bouillie lui manquait déjà.
Lorsqu'il sortit de la salle de bain, il croisa Alizée qui l'attendait apparemment depuis longtemps. Elle paraissait très en colère :
'' Non mais t'en as mis du temps ! Ça fait dix minutes que je t'attends !
- Désolé, mais les servantes ne voulaient plus me lâcher.
- Plus te lacher ?
- Ouais elle m'ont savonné. Elle ont même eu l'air de plus apprécier que moi.
- Quoi !? Mais elles m'ont presque jeter l'éponge à la gueule.
- Qu'est ce que tu veux, c'est moi qui les intéresse.
- Les garces !
- Au fait, pas mal la robe !
- Ta gueule. ''
Le majordome revint à leur rencontre :
'' Formidable, dit-il en tapant des mains. Deux parfaits sujets de la cour. Vous pouvez rencontrer le Seigneur Barus à présent, il vous attend. ''
Le Majordome leur demanda de les suivre jusqu'au deuxième étage. Puis il les arrêta devant la porte menant aux appatements du roi :
'' Une dernière chose Eddard, n'oubliez pas de faire la révérence en entrant. Comme ceci. '' dit-il avant de s'incliner très bas avec un mouvement fluide du bras.
Eddard le regarda s'exécuter les bras croisés, Alizée, elle, leva les yeux au ciel.
'' Refaites. ''
Eddard hésita un instant puis s’exécuta avec toute la mauvaise intention possible. Alizée ricana.
'' Très bien. Pour vous Sorceleuse ce sera la même chose sauf que vous devrez relever légèrement le pan de votre robe. Faîtes. ''
Alizée ouvrit la bouche pour répliquer mais Eddard lui lança un regard qui lui fit comprendre que plus tôt ils feraient ce que le majordome leur demande et plus tôt ils auraient ce pourquoi ils étaient venus jusqu'ici.
Elle s’exécuta.
'' Parfait, vous êtes fin prêt. ''
Le majordome frappa trois fois à la porte puis l'ouvrit, avant de faire un pas sur le côté en s'inclinant pour laisser le passage aux deux Sorceleurs, déjà un brin agacés avant de commencer cette discussion.
Ils débouchèrent sur une pièce bien décorée, quoique à leur surprise, moins pompeuse que le reste de château. Point de tapis excentriques au sol, ni de chandeliers en cristal, la décoration se voulait sobre et raffinée avec des armoires et un bureau disposé devant eux en bois de santal surement approvisionné depuis les lointaines contrées de la jungle.
Devant eux, attablé au bureau, se trouvait le Seigneur Bartus. La cinquantaine passée, Bartus avait un visage sympathique. Bien tenu, rasé de près et cheveux courts, il était légèrement plus grand qu'Eddard. Il portait un pourpoint mauve qui serrait son ventre et faisait ressortir son poitrail, ainsi qu'un pantalon noir tiré à quatre épingles. Les deux Sorceleurs se penchèrent pour lui faire la révérence mais Bartus les devança pour leur serrer la main :
'' Laissez tombé ces manières Sorceleurs, une poignée de main suffira. Ce Majordome ; encore une idée de ma femme, comme la décoration du hall d'ailleurs, même quand il s'agit de ma garde robe il faut qu'elle y mette son grain de sel. Regardez moi ce pourpoint, une horreur, j'ai l'impression que l'on a mis du poil à gratter sous mes manches. Mais bon je l'aime, alors j'accepte. Vous connaissez les femmes. Allez y asseyez vous, dit-il en tendant le bras ver son bureau.
Lorsqu'ils furent tous assis, il reprit :
'' C'est un honneur de recevoir des Sorceleurs de votre rang en ces lieux ! Eddard CrocD'Argent, votre nom est réputé dans le continent entier. Et vous, Alizée Hyacentho, on m'a beaucoup parlé de vous : la guérisseuse de l'Est, celle qui murmurait aux vents ; vous êtes encore plus belles que dans les histoires, dit-il en empoignant à son tour la main d'Alizée qu'il secoua de haut en bas.
- Il est bien rare que nous autres Sorceleurs soient aussi bien reçus, dit Eddard étonné de cet accueil.
- C'est à dire que j'ai une dette envers les Sorceleurs. Lorsque j'étais jeune, ma mère s'était fait mordre par une vouivre. Elle dut rester au lit pendant des semaines mais chaque jour la fièvre se faisait plus forte. Jusqu'au jour où elle tomba dans le coma. Les décoctions des guérisseuses et herboristes du coin ne changèrent rien, aucune n'était assez qualifiée pour guérir ma mère. Jusqu'au jour où arriva dans la ville un Sorceleur, un certains Azilmut.
Eddard et Alizée le lancèrent un regard.
- Nous connaissons fort bien Azilmut, c'était un de nos professeurs lorsque nous étions à l'Ecole. Il nous enseignait l'art des potions. D'ailleurs, Eddard était son meilleur élève.
- Si cet homme vous a enseigné l'alchimie aussi bien qu'il la pratiquait Eddard, vous êtes sans doutes le plus grand alambiste que Ryscior connaisse.
- Je n'irai pas jusque là, mais je m'y connais en potions, c'est mon truc avec la rune-magie. Nous avons chacun notre spécialité nous autres Sorceleurs. Ma mère était elle même alchimiste alors ; les décoctions, philtre et onguent, j'y baigne dedans depuis tout petit.
- Mais vous n'avez pas finit votre histoire Seigneur, vôtre mère s'en est-elle sortit ?
Le Seigneur Barus tendit une main, qui voulait dire de patienter un instant, puis il se dirigea vers le bar qui se trouvait à l'autre bout de la pièce.
- Une goutte d'alcool peut être ? Du bourbon des terres d'Oro, gorgé de chaleur, car c'est bien ce qu'il nous manque ici en Nova.
La lumière naissante qui filtrait à peine à travers les fenêtres fit rappeler à Eddard qu'il devait être à peine sept heures du matin.
- Non merci, il est trop tôt pour boire.
- Comme vous voudrez, moi je m'en sers un petit, dit il en en versant dans un petit verre en cristal une larme de son précieux alcool brun.
Il revint s'asseoir au bureau.
- Mon père a fait quérir le Azimut jusqu'à la cour. Puis ils ont longuement discuté dans son bureau. J'était alors petit garçon je ne me souviens plus très bien des détails. Toujours est-il que le lendemain, ma mère était guérie. Depuis ce jour, je suis éternellement reconnaissant envers les Sorceleurs.
- Azimut était un homme exceptionnel. Malheureusement il périt lors de l'attaque de l'Ecole, dit Alizée.
- Oui, on m'a rapporté cette information il y a de cela plus heures années.
- Toujours est-il que son meurtrier cours toujours ... continua Eddard.
- Et il se trouve derrière vos murs, en Salicar finit Alizée.
Bartus fronça les sourcils. Puis il lipa une goutte de son bourbon et reprit la parole :
- Dîtes m'en plus.
- Anassan est son nom. Un Sorceleur, qui a tourné du mauvais côté, tué nos professeurs, et quitté l'Ecole en usant de la téléportation.
- Et tout nous fait penser à croire qu'il se trouve en ce moment même en Salicar.
- Tout ?
- Une force maléfique énorme émane du Nord.
Bartus finit son bourbon d'une traîte. Son expression avait changé du tout au tout. Il paraissait soucieux. Il se leva et vint placer sa tête contre la vitre, dos aux Sorceleurs.
- Maintenant que vous le dîtes. Depuis plusieurs mois, des épidémies se propagent dans notre ville. Parfois le lait caille à peine sortit du pie de nos vaches. Et lorsque le vent du Nord souffle, une odeur pestilentielle envahit notre cité, depuis cinquante ans que je vis ici, je n'avais jamais vu ça.
- Une odeur pestidentielle ? reprit Alizée.
- Des goules, murmura Eddard.
- Que murmurez vous tous les deux ?
- La situation est peut-être pire que nous le pensions.
- De plus Anassan ne serait peut-être pas seul. Eddard a eu une vision de Lyches.
Bartus se retourna vivement, de soucieux, il était passé à effrayé.
Eddard lança un regard furieux à Alizée.
- Rien n'en est plus sur Seigneur Bartus. Je ne suis qu'un piètre oracle, d'ailleurs je n'avais jamais fais de visions avant celle là.
- Toujours est-il que nous devons nous préparer au pire, continua Alizée.
- Voilà pourquoi nous nous adressons à vous aujourd'hui. Nous avons beau être deux Sorceleurs expérimentés, nous ne ferons peut être pas le poids contre ce qui nous attend au Nord.
- Vous voulez des hommes ? J'ai une armée de plus de cinq cent miliciens. Je vous les fournis sur le champ.
- C'est aimable à vous mais ceci est une mission d’infiltration, nous serions trop vite repérés avec une armée pareille, répondit Eddard.
- Non, deux ou trois de vos hommes suffiront, ajouta Alizée.
- Cela va sans dire, mes hommes sont à vous.
- De plus, vous devez nous promettre qui si nous ne revenons pas d'ici une semaine, vous devrez envoyer un messages aux autres Royaumes de Ryscior, pour les prévenir de ce qui se trame derrière vos frontières, sinon, la situation pourra bien vite devenir ingérable.
- Mais la situation est déjà ingérable ! Ryscior est en guerre, ne le savez vous pas ?
- Je vous demande pardon ?
- Oro est entrée en guerre il y a de cela deux lunes contre les Cités Etats. On me rapporte du lointain Est que l'Empire d'Ambre prépare aussi ses armées.
- Et Salicar ?
- On en sait rien ? Depuis que l
a reine Ravenna et le roi Bomendacir ont accédé au trône, plus aucunes informations ne filtre. Nous avions l'habitude d'être de bon alliés Salicar la Plate et Nova la Montagneuse, mais maintenant plus rien. Cependant des rumeurs circulent qu'Hasruba planifirait une attaque contre Salicar.
- Et vous ?
- Nous n'entrons pas en guerre, les récoltes ont déjà bien été assez pauvres, une guerre nous entraînerait à la faillite et à la mort.
- Dans ce cas en ce climat de guerre, vous devrez nous assurer une retraite neutre car comme vous le savez, les Sorceleurs sont tenus à l'impartialité politique.
- Ce sera fait selon vos ordres.
*
Quand le Soleil fut à son zénith, les deux Sorceleurs se remirent en route accompagnés des trois meilleurs guerriers de l'armée de Novigrad, prêt à faire face à de Mortelles Retrouvailles.