Le haut de la ville a connu bien de beaux évènements : des bals dont on ne pouvait dénombrer l’existence, des pièces de théâtre d’exception, des galas, des fêtes privées entre riches marchands et encore bien d’autres. Mais notre histoire ne se porte pas sur la noblesse de cœur et de sang, mais sur la richesse de la bourse et surtout celle de son assiette. Dans le Pot Bleu à Kelvin, repaire officieux des malandrins de la ville, un incident des plus intéressants allait avoir lieu pour la première fois. Sortant des ombres, à la lumière du jour, de nombreux voleurs s’affichaient pour cette grande soirée qui allait avoir lieu : un match de légende entre des guerriers d’exception. Il était au nombre de quatre : des chefs et des stratèges de génie comme Ryscior n’en avaient jamais connu, qui feraient tomber Filyon de plaisir face à la nature de leur coup. D’un coup de main bien placé mêlé d’une bonne idée, il pouvait faire fondre toute la salle et les rallier de leur côté pour cette soirée endiablée.

« Tremblez malandrin, tremblez bouseux, tremblez va-nu-pieds, car voici venu votre soirée ! Le premier des combattants nous venant tout droit des cendres de Port-Argenterie, Alonso le Bleu. On dit que lui et son art ont survécu de l’ost noir pour ensuite se réfugier dans les bas-quartiers de la ville. Lui et le reste de son équipage forment une équipe d’enfer prête à mettre le pâté au premier des inconnus se dressant dans son chemin. La seconde, Anne, originaire de l’Empire d’Ambre, a tout quitté avec sa famille pour venir vivre dans notre belle cité. On l’a dit aussi agile au couteau que l’armée d’Asarith, et cette passion elle l’a transmise à ces trois enfants : deux belles donzelles et le benjamin de fils. De quoi donner du fil à retordre à ces adversaires. La troisième, Boris le Fort, respecte les traditions de sa patrie natale : le royaume de Nova. Ici point d’artifices, tout est naturel. On respecte les règles de l’art et les traditions que ce sont transmis ces aïeux depuis des temps immémoriaux. Tout est une histoire de parcimonie, de temps et surtout de poignée. Et enfin la dernière participante est la cuisinière favorite de Kelvin, officielle artiste du Pot Bleu, Sasha Braus. Il ne faut pas se fier à son âge ni à son apparence, car les halfelins ont de quoi vous surprendre. Accompagnée d’un autre personnage haut comme trois pommes, Bluck le Nain, garde à ceux qui oseront les regarder de haut.
Mais me direz-vous ? Comment nos féroces adversaires vont se battre ? Grâce aux milles-et-un talents de Filyon mes amis ! Sapristi, vous n’avez toujours pas compris. Dans un concours de cuisine de légende. Bienvenue aux concours du Meilleur Cuisinier de Kelvin. À ma droite se tient notre belle juge, capable de faire chavirer les hommes d’un mouvement, Delly la patronne du Pot Bleu. À ma gauche, Fridolin Yacine, chef favori de bon nombre d’entre vous et homme d’exception. Juste devant moi, Jack, trésorier de la plus noble des institutions cette ville, pour nous bien sûr, et homme de goût. On le croirait venir directement des palais de Kelvin tellement qu’il est difficile dans la matière. Et enfin, le plus important, vous le public ! Est-ce que vous êtes chaud ce soir pour ce repas culinaire d’exception ? Je suis Ezequiel, et je serais votre commentateur pour la soirée. » cria de toutes ses forces le jeune homme débout sur une table pour se faire entendre de tous, derrière les cris de la foule criant de joie face à la nouvelle.

L’ambiance était à son comble. Le Pot Bleu avait été aménagé pour que la cuisine soit visible de tous, en faisant tomber complètement un mur. Les quatre équipes se tenaient prêt à réagir au départ pour préparer en trois heures leur meilleur plat que le jury devait élire comme meilleur cuisinier de Kelvin et ainsi lui offrir une notoriété d’exception qui ferait briller son établissement dans les bas-quartiers. Une publicité d’ontologie pour n’importe lequel de ces hommes. L’établissement était plein à craquer et à l’entrée certains se faisaient refuser aux retardataires. Fridolon sortit un pistolet de sa veste et tira en l’air pour donner le top départ. Comme par magie, tous les hommes en cuisinier se mirent en action.

« Et c’est parti pour ce match de légendes mes amis ! » gueula de toutes ses forces Ezequiel.