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[Solo] La bénédiction maudite
Elise Sazem
Messages : 27
Date d'inscription : 03/11/2016
Elue de Nimen
Elise Sazem
Je ne saurais dire si ces lignes seront lues ni même si elles en aideront certains dans le mal, tel que je l’ai été. J’aurais aimé recevoir de l’aide, ou même du soutien. Seulement chacun de mes proches est un possible damné, un « mort vivant » comptant ses jours à chaque coucher de soleil. L’isolement et l’errance ne sont donc que la seule solution. Je vagabonde de route en chemin, sans destination ni foyer. Même le lieu qui nous est dévolu, aux êtres de tel que nous, n’est qu’une bâtisse austère et froide remplie de magie. Mais j’y laisserais quand même ce livre car ne dit-on pas que chacun des livres du monde s’y trouve. Si la plupart peuvent être lus par un système complexe de magie permettant son apparition immatériel, je souhaiterais en laisser une trace physique : l’unique passage de ma vie sur terre. Un carnet brut avec mon écriture parfois difficile à lire. J’avoue ne pas être habitué à l’exercice et peut-être que celui-ci sera un repoussoir à la douleur de l’existence. La bibliothèque obtiendra ainsi un manuscrit exclusif de la main de ces membres et les autres pourront le lire, que je sois encore de ce monde ou pas.
À l’heure où je vous écris, je suis la dernière des élus à résider dans ce lieu si on oublie sa gardienne n’existant que pour le combat et n’étant pas une personne d’agréable compagnie. Son aura est froide et sa présence glace le sang. Quant à son armée, leur présence est encore pire. J’ai eu une fois le malheur de devoir traverser leur corps suite à un retour difficile après mon passage en ville. L’alcool m’avait amoindri les sens, il m’arrive en effet assez souvent d’aller chercher de l’alcool pour m’aider. Et une fois les avoir traversé, j’ai senti comme mon cœur se serrer et le brouillard déjà lourd avait failli m’étouffer. Je ne sais ce qui serait arrivé si ceux-ci m’étaient hostiles. En serais-je mort ? J’en ai tremblé pendant tout le reste de la soirée au point de plus en avoir trouvé le sommeil pendant plusieurs jours. Je veillais sous mon travail avec l’espoir d’oublier cette sensation. Il m’arrive même parfois de me réveiller en sueur juste en y pensant : ce gel se cristallisant sur ma peau me mettant à nu et me rappelant que la mort n’est pas une libération mais un autre cauchemar. Et face à ce dilemme, seules les armes me viennent car Nimen me maitrise quoiqu’il arrive. L’alcool… l’ange libérateur et sauveur.

Quant est-ce que dans ma vie tout cela a merdé ? Je ne saurais le dire. Je pourrais raconter l’épisode dans la Grande Forêt seulement je n’en aurais pas le courage. Je la revois comme si c’était hier. Cet instant décisif où j’ai vu le temps s’écouler au ralenti. Les elfes guidant Bluck et moi-même portaient la fiole de Malpeur, une maladie immonde portée au monde par la déesse des maladies même, d’une aura magique terrifiante à même de détruire le continent d’une traite. Et dans ces sombres desseins, elle espérait voir son œuvre au jour au point de corrompre la nature elle-même pour la réalisation de son projet : un écureuil, si on peut encore appeler cela vu son aspect terrifiant, sous son pelage verdâtre et violet, son troisième œil guettant le meilleur moment et sa troisième paire de pattes pour l’aider dans la pagaille, sauta pour renverser la bouteille. Je vois encore la chute arriver et à l’instant du tintement de cristal, ce gaz vert s’échapper de toute part et entourer les trois elfes qui périrent dans la douleur. Celle-ci ne dura qu’une brève seconde mais au vu de leur rictus, même l’écorchement aurait paru être un moment de plaisir face à cela. Puis elle se dirigea vers le nain, Bluck le râleur aux multiples jurons. Seulement je décidai de me mettre au travers de la trajectoire avec l’imbécile espoir d’en arrêter son avancée. Quoi qu’il en soit, ma vie était finie et si je pouvais avec celle-ci en sauver une, il fallait le tenter. Le vert m’entoura et rentra dans mes poumons. L’air vicié me fit tomber à genoux et me brula le corps de l’intérieur. Des cloques poussaient sur ma peau et me déchiraient les chairs à une vitesse que je n’en sentis même plus la douleur à partir d’un moment. Je vis ma fin et je me sentais partir. Seulement la déesse est farceuse et apprécie corrompre de la folie qui la ronge telle une coquille viciée ceux s’étant promis de la vaincre. Mes larmes m’empêchèrent de voir directement le pot au rose, mais je peux respirer de l’air sain. Sans même y réfléchir, mon corps reprenait ses droits sans consentement de ma part et je m’accrochais à cet espoir. Alors qu’auparavant les arbres n’étaient que paysage, je me tenais autour d’un marais à perte de vue avec comme seule irrégularité le trône face à moi. Dessus se trouvait une femme, d’une blancheur maladive : une robe noire comme la nuit et des cheveux aussi sombres que son tissu. Celle-ci se leva et me força à la regarder dans les yeux sous sa poigne forte. J’étais faible et paralysé sous sa force. En forçant plus, elle aurait pu me briser la mâchoire mais elle apprécia seulement me dominer et me voir m’agiter dans un espoir futile. Une fois brisée, elle n’eut que le temps de profiter du silence et de mon inaction pour peser chacun de ses mots dans son long monologue. Je m’en rappelle encore mot à mot, silence par silence. Il m’arrive même parfois en fermant les yeux de voir les mots s’afficher dans ma mémoire comme une écriture au fer rouge.

« Bonjour, mon enfant. Tu ne vois pas qui je suis, et pourtant tu me connais très bien. Ne suis-je pas celle que tu juges responsable de ton statut d’orpheline ? Oh, je vois que tu devines qui je suis. Je t’en prie, appelle-moi Grand-mère, comme le font les autres. Tu vois mon enfant, je n’ai plus d’élue. Ma précédente a été dévorée par les démons et son âme se trouve, je crois, bien aux enfers à cause de ça. Tout ce qui me reste d’elle, c’est ce bracelet. C’est triste pour moi, tu comprends ? J’aimerais vraiment que tu endosses ce rôle pour la remplacer. Tu as l’air d’une femme si bien… Ne t’en fais pas, tu ne pourriras pas. Enfin, pas d’extérieur à tout le moins. Pour l’intérieur, je ne promets rien. Mes élus m’ont fait comprendre qu’ils n’aimaient pas que ça se voie… Il faut dire que comme pour toi, j’ai l’habitude de prendre des médecins. J’aime à croire que c’est … Adapté. Alors bonne chance ! »

Et à mesure qu’elle disait cela, ma peau retrouva un aspect lisse. Les cloques qui rongeaient ma peau et même mes imperfections et blessures passées disparurent. Sa parole était vraie et son emprise réelle. Au moment où elle porta sa dernière parole, je sentis une douleur intérieure qui me marqua et me fit vomir : mon âme était saoulée à jamais de sa présence. Même si physiquement j’étais en pleine santé, la douleur m’arrachait les tripes et psychologiquement ma chute commença.
Puis à nouveau la fumée verte s’enroula autour de moi mais cette fois-ci sans me mettre à mal. Pourtant je sentais que je ne pouvais respirer : qu’elle inondait mon être et mon corps en tout point mais j’étais en pleine forme. Et je réapparus dans la forêt là où le gaz s’était étendu. La végétation était mourante et ne laissait place qu’aux cadavres secs des arbres et autres plantes. L’herbe était noire et des cadavres d’animaux jonchaient le sol autour de moi. Et pourtant je m’y tenais comme si de rien n’était. J’y restai plusieurs instants sans avoir la foi de bouger regardant ce cauchemar réel. Je ne savais que faire ni que penser : je venais d’être maudite et autour de moi seule la mort subsidiait.

Après plusieurs heures, de ce qu’on m’a raconté car je n’ai pu assister de manière claire, les plus puissants mages sylvains guidèrent les vents pour diminuer la sphère d’influence de ce mal pour le réduire au fur et à mesure dans une sphère régressant au cours du temps pour à nouveau l’enfermer dans sa prison de verre. Ils ne trouvèrent pour survivant autour que Bluck ayant pu prendre ses jambes à son coup par je ne sais quel mystère, peut-être que Virel l’avait bénite, et moi-même me tenant dans le cœur de la tempête passée. Abattu, je ne bougeais ni ne réagissais car à l’inverse de la Grande Forêt, je ne sais si je m’en remettrais. Nombreux furent les elfes et autres êtres peuplant ces lieux qui périrent. Avec leur cadavre, ils en firent des offrandes à la forêt dans l’espoir que ce massacre n’en laisse pas de traces mais j’en doute vu le mal. Même si Elye reprendra ses droits, à jamais il en restera le stigmate de ma mort intérieure. Un jour j’aurais la force d’y retourner pour assister à sa renaissance, seulement il me reste tant à faire.

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Dim 4 Avr 2021 - 15:33
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