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[Terminé][PV Hrist]Débarquement
Friedriech von Tanemberg
Messages : 37
Date d'inscription : 03/09/2014
Chevalier Errant
Friedriech von Tanemberg
« J’y penserai Dalya, j’y penserai, merci, dit Friedriech, tandis qu’il observait la ligne noire qui se dressait à l’horizon. »

Voilà à présent une lune entière qu’ils naviguaient vers le Nouveau Monde, cherchant à laisser le vieux continent, et leur échec derrière eux. Le Nouveau Monde, c’était une occasion de tenter une nouvelle vie pour eux. Friedriech savait que Dalya, comme lui, ne parviendrait jamais à se pardonner ce qui était arrivé à Télhias et Hastefae. Leur espoir commun était que le Nouveau Monde, et tout ce qu’il amenait d’étranger, leur permettrait d’oublier, à défaut de pardon.
Mais il y avait quelque chose qui avait ravivé des blessures plus anciennes encore dans le cœur de Friedriech. Le nom du Roy du Nouveau Monde était, apparemment, Kafkon Samuel. Et c’était un vampire, disait la rumeur publique. Un vampire assez ancien pour que les hasdrubiens estiment que ce crime jetait l’opprobre sur toute la lignée, y compris son descendant aujourd’hui duc. Mais si cela était vrai, alors cela voulait dire que l’un des sept chevaliers fondateurs du royaume d’Hasdruba, un autre que Friedriech du moins, était encore en vie. Ou plutôt, qu’il n’était pas exactement encore en vie, vu qu’il était mort. Mais si c’était vraiment lui, alors Friedriech serait sans doute confronté une nouvelle fois à son passé.
Voilà pourquoi Dalya venait de lui prodiguer un fameux conseil. Celui de se tenir éloigné dudit Kafkon. Ou de considérer qu’il n’était pas l’ami qu’il avait connu. Et Friedriech avait répondu qu’il y songerait, mais alors qu’il bourrait sa pipe, il était évident pour lui, et Dalya le savait également, qu’il n’y songeait pas un seul instant. Bien sûr qu’il irait voir Kafkon dès le départ.
Et Friedriech rassemblait déjà tous les souvenirs qu’il avait de son ami. Il y en avait, un grand nombre.

Le plus lointain dont Friedriech se souvenait, c’était lorsqu’il avait vu Kafkon, à l’époque chevalier fraichement adoubé alors que lui-même n’était qu’un écuyer, se pavaner dans sa nouvelle armure et montrer son épée à tous dans la cour du château de l’Ordre des Sept. Il avait dû voir Kafkon Samuel de loin avant cela, mais c’était la première fois qu’il lui avait parlé, car ce dernier était venu le trouver alors qu’il sellait le cheval de son maître, pour lui demander s’il pensait un jour avoir une telle épée. Friedriech avait été tenté de répondre que si un minable comme lui pouvait en avoir une, ce serait facile, mais il avait été retenu par deux choses. La première, c’était qu’il devait le respect à ce chevalier. Une incartade à cette règle aurait tout aussi bien pu l’éloigner de l’adoubement. La deuxième, c’était qu’il était tout à fait normal que le chevalier fraichement nommé se vante un peu de son nouveau titre, et cherche à aller narguer les écuyers. Friedriech, étant lui-même encore à ce stade, savait à quel point il pouvait être pénible d’atteindre le stade de chevalier, et savait que Kakfon méritait amplement l’arme qu’il avait à la ceinture.
Il y avait ensuite de nombreux souvenirs du temps où leur amitié avait grandi, après que Friedriech lui-même ait été adoubé. Des souvenirs du temps où ils avaient dû fuir les Cités-Etats. Des souvenirs des difficultés et des disputes quand il avait fallu fonder Hasdruba. A quoi ressemblerait le royaume ? Puis ils avaient fini par trouver. Puis les souvenirs qu’ils avaient en commun en tant que ducs du royaume.
Mais surtout, Kafkon Samuel était supposé incarner la loyauté absolue. Friedriech avait du mal à croire qu’il ait pu avoir été changé en vampire. Kafkon tel qu’il le connaissait aurait préféré se donner la mort plutôt que d’accepter une telle transformation. A moins qu’il n’ait commis la plus grande trahison de tous les temps. Dans ce cas il aurait été du devoir de Friedriech de le combattre, mais d’un autre côté, il avait tout à fait conscience de l’inanité de ses chances face à un vampire aussi ancien. Déjà qu’étant humain, les joutes entre eux deux étaient serrées…

« Nous approchons Friedriech, dit soudain Dalya. »

Se reconcentrant sur l’instant présent, Friedriech constat qu’en effet, alors qu’il était perdu dans ses souvenirs, le navire s’était rapproché du quai, et commençait sa manœuvre d’accostage. Il descendit donc dans la cabine rassembler les affaires que lui et Dalya avaient emportées. Pas grand-chose. Il avait renoncé à son armure de plaques pour la laisser sur le  vieux continent, où il l’avait rendue à Hasdruba. Il n’avait gardé d’elle que la côté de mailles, plus aisée à transporter. En revanche, il avait pris toutes ses armes avec lui. Un attirail des plus encombrants, mais il avait appris à les transporter toutes sans exception, par un jeu de sangles et de ceinturons portant des crochets assez solides. Cela mis à part, il avait une paire de braies et deux chemises de laine. Dalya, pour sa part, avait opté pour deux tenues de voyage simples, et une tenue plus raffinée si le temps venait pour elle de devoir faire usage de ses talents de diplomate.
Ils descendirent peu après sur la terre ferme. C’était la première fois qu’ils la touchaient après des semaines de voyage, aussi leurs pieds mirent-ils un certain temps avant de se réhabituer au contact d’un sol qui ne bougeait pas. Ils durent attendre plusieurs heures, surveillés par une milice qui leur demandait d’attendre la future reine du Nouveau Monde, qui devait venir leur souhaiter la bienvenue.

« Future reine du Nouveau Monde ? Kafkon serait capable de briser son serment du mariage ?
-Je l’ai fait aussi, répondit Friedriech à Dalya. Je peux difficilement lui en vouloir. Mais il y a d’assez fortes chances pour qu’elle soit aussi une vampire, chose qui m’angoisse un peu.
-Si un couple de vampire domine ce continent, tu estimes ne rien avoir à y faire ?
-D’après ce que m’ont dit les rumeurs, ils ne le dominent pas tant que ça. Partir en expédition ou vivre notre vie devraient suffire à nous tenir éloignés d’eux… A moins que Kafkon n’apprenne ma présence ici. Je pourrais aussi me faire annoncer, il faut faire face à l’inévitable le plus tôt possible…
-La nuit est tombée, dit Dalya. Cette reine ne devrait plus tarder à se montrer si c’est effectivement une morte-vivante. »
Mar 21 Avr 2015 - 21:59
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Hrist Ragnarson
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Hrist Ragnarson
Hrist soupira en sortant de la salle où elle venait de parler à Kafkon. Il voulait que ce soit elle qui aille faire le discours d'acceuil des nouveaux arrivants de leur ville, prétextant qu'il avait d'autre chose à faire. Certes, ses nouvelles fonctions l'occupait, mais d'habitude il trouvait toujours le temps et le petit sourire qu'il avait esquissé quand elle était sorti ne lui avait pas échappé. Il avait fait exprès de lui donner cette tâche, sans doute parce qu'il trouvait qu'elle ne se donnait pas assez dans ses fonctions de reine, comme il lui avait fait remarquer quelques jours auparavant.
Elle pensait à ça en traversant la ville. Bientôt... elle serait reine. Et mariée. Cette pensée lui donnait toujours un frisson, sans qu'elle ne devine jamais si c'était de la joie ou de la colère.
La guerrière pressa le pas en voyant l'attroupement de personne qui semblait attendre qu'on leur parle – qu'elle leur parle.
Hrist s'avança sur l'estrade, réussissant parfaitement à cacher son appréhension. Elle n'aimait pas vraiment les discours, mais avec Kafkon vampire elle avait appris à dissimuler ses émotions et c'est donc en apparence parfaitement sereine et maitresse d'elle-même qu'elle prit la parole d'une voix forte.

-Bienvenue dans le nouveau monde !

Elle poursuivit avec quelque phrase en incluant une rapide description de la ville, ainsi que quelques présentations de personnes importantes, ajoutant que Kafkon Samuel et elle était à présent leur dirigeant. Elle ne put s'empêcher de ressentir une pointe de satisfaction en voyant les gens accepter son autorité sans discuter, mais s'efforca de chasser ce sentiment. Elle ne devait pas être heureuse de commander, commander était contraire à ses serments.
Et ses serments étaient la seule chose qui lui permettait de rester humaine.

Après avoir fini, elle descendit de l'estrade et observa la milice qui laissait les gens se disperser, prête à intervenir si une rixe éclatait. Elle s'attendait à ce que tout le monde s'éparpille, mais elle vit un homme, un guerrier même (il transportais avec lui plusieurs armes) accompagné d'une femme blonde, qui s'approchait d'elle. Il semblait vouloir lui parler et elle l'attendis donc, curieuse, lui laissant l'initiative de la parole.
Ven 24 Avr 2015 - 18:46
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Friedriech von Tanemberg
Messages : 37
Date d'inscription : 03/09/2014
Chevalier Errant
Friedriech von Tanemberg
Elle ne mit pas bien longtemps à arriver. Ainsi donc, elle était la future reine du Nouveau Continent ? Soit, songea Friedriech. Il se mit à l’observer pendant qu’elle parlait, n’écoutant son discours que d’une oreille des plus distraites. Dalya lui mit d’ailleurs un coup de coude.

« Fais attention Friedriech, murmura-t-elle. Tu la dévisages. Vu que c’est une vampire et la future reine, mieux vaut éviter de la vexer. Et qui sait, elle n’apprécie peut-être pas des regards trop insistants.
-Tu parles d’or, comme toujours, répondit Friedriech sur le même ton. Toutefois, si elle est la future reine, alors c’est la fiancée de Kafkon. Ne puis-je pas observer le genre de femme qu’a pu trouver mon ami ?
-Tu sais bien que sa seule beauté ne te permettra pas de juger de son caractère.
-C’est là que tu n’as pas tout à fait raison mon amour, répondit Friedriech. Regarde-là. Future reine ou pas, elle a du sang noble dans les veines. Ça se voit d’une part à la façon dont elle se tient, mais aussi aux traits fins et gracieux de son visage. Aucun gueux n’aurait une face aussi bien entretenue. D’autre part tu peux ajouter à cela maquillage qu’elle porte. Le petit noir sous ses yeux et le rouge de ses lèvres ne sont pas naturels, tu en conviendras. Et c’est trop bien fait pour être l’œuvre de quelqu’un qui n’a pas été habitué au faste et à la richesse.
-Hum, dit Dalya, finement observé. Je te ferais tout de même remarquer que si tu faisais attention à l’écouter, il serait beaucoup plus simple et sûr de savoir qu’elle a du sang noble, mais qu’elle n’a jamais été habituée à diriger.
-C’est une femme, répondit Friedriech en haussant les épaules.
-Ce que je veux dire, répondit Dalya en ignorant sa remarque, c’est que si tu l’écoutais mieux que ça, tu entendrais qu’elle prononce son discours d’une voix qu’elle veut assurée et pleine de conviction, mais aussi et surtout très monocorde, ce qui est une erreur de débutant. N’importe quel précepteur ou professeur qui essayerait de t’apprendre à t’exprimer en public te montrerait qu’il faut s’agit d’un jeu d’acteur.
-Constance m’a fait rentrer ça dans le crâne avec des leçons assez dures à l’époque, confirma Friedriech.
-Exactement. C’est une leçon qu’elle n’a pas encore apprise. Elle sait mettre de la conviction dans sa voix, ce n’est pas le problème, mais elle n’a pas encore compris qu’il fallait la moduler. Mais passons. Qu’est-ce que son physique peut t’apprendre d’autre ?
-C’est une guerrière, répondit Friedriech.
-Très observateur mon amour, mais les gens qui portent une armure sont habituellement des guerriers.
-Ils peuvent aussi bien être des coqs qui portent une armure pour faire croire à leur valeur au combat, dit Friedriech. Ce n’est pas le cas de celle-là.
-Rappelle-toi de la supériorité physique des vampires, dit Dalya. Cela peut fausser la donne.
-Pas ici. C’était déjà une guerrière avant d’être transformée, ou bien alors elle a pris du muscle après coup. Et en tous les cas, elle sait se battre, même sans exploiter la puissance que lui donne son état. Regarde ses jambes. La fente de sa robe nous laisse apercevoir quelque chose d’intéressant… »

Il dût s’interrompre dans sa phrase quand Dalya lui mit une tape derrière la tête.

« Tu as de la chance que je n’ai pas l’intention de déranger tout le monde, dit-elle. Alors, qu’est-ce qui est intéressant ?
-Outre le fait que ses jambes soient assez belles pour justifier ta jalousie ? répondit Friedriech, qui ne comptait pas manquer cette occasion.
-Ce soir à l’auberge, nous prenons deux chambres séparées si tu continues.
-D’accord mon amour. Et tes jambes sont plus belles que les siennes, rassure-toi.
-Seulement mes jambes ?
-Tu sais bien qu’à part Filyon, personne ne pourrait rivaliser avec toi à mes yeux.
-J’aime quand tu dis ça. Donc, qu’est-ce qui est intéressant ? Et ne plaisante pas, cette fois.
-Ce sont des jambes musclées. Mais regarde également la façon dont elle les a positionnées. Elle est prête à bondir à tout moment. C’est assez révélateur. Elle sait se battre, et sait se défendre à tout moment.
-Et t’offre un prétexte pour te rincer l’œil.
-Aussi. »

C’est à cet instant que le discours de la future reine, qui avait dit s’appeler Hrist Ragnarson, et qui serait bientôt Hrist Samuel, s’acheva. Avec toutes ces histoires, Friedriech n’avait pas vraiment compris de quoi il en retournait à part leur souhaiter la bienvenue ici et leur apprendre qui étaient les maitres du continent. Cela parce qu’il avait discuté à voix basse avec sa dulcinée pendant presque tout le discours. Restait un détail à régler. Aller voir Kafkon ou ne pas aller le voir ? Dalya avait déjà son opinion sur la question, mais Friedriech demeurait hésitant.
Finalement, alors que la foule commençait à s’éparpiller, et que la future reine s’éloignait, il prit sas décision, et s’engagea à sa suite sans vraiment y réfléchir. Dalya soupira, puis le suivit. Friedriech savait qu’elle avait compris ce dont il retournait, et qu’elle avait également compris qu’elle ne pouvait rien faire pour s’y opposer. Toutefois, au moment où Hrist Ragnarson, qui devait avoir senti sa présence, se retourna, Friedriech se remit à hésiter. Devait-il vraiment aller trouver son vieux compagnon ? Il n’était pas sûr que cela soit la meilleure des idées. Dalya dût sentir son hésitation et craindre que la reine ne s’impatiente, car elle intervint aussitôt.

« Excusez mon époux votre altesse, dit-elle. Une question lui brûlait la langue mais il a dû l’oublier. L’excitation d’être sur le Nouveau Monde, cela ne fait aucun doute. Cette nouvelle terre est quelque chose qui nous occupe l’esprit à tous les deux. Mais je suis bavarde, et je m’excuse pour vous avoir dérangée. Nous allons trouver une auberge, et s’il se remémore la question, il ne fait nul doute qu’un des chevaliers du Nouveau Monde sera capable de nous répondre sans avoir à vous déranger personnellement. »

Sur ces mots, Dalya fit une gracieuse révérence. Grâcieuse, ou presque, car elle saisit la tête de Friedriech pour le forcer à s’incliner lui aussi. Il s’exécuta sans protester.
Dim 26 Avr 2015 - 13:32
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Hrist Ragnarson
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Hrist Ragnarson
Le guerrier qui s'était approché d'elle sembla sur le point de poser une question, mais il se retint au dernier moment. Après quelques secondes de flottement, la femme blonde qui l'accompagnait poussa un soupir excédé et fit une révérence, tout en forcant l'homme à faire de même. Elle s'excusa pour lui, et ils finirent par s'éloigner pendant qu'elle le rabrouait.

Hrist les regarda partir vers l'auberge et soupira en voyant leur bonheur. Eux avaient eu le choix de venir ici, au nouveau monde, et de tout abandonner.

Elle, elle n'avait pas eu le choix. Son pays, sa famille lui manquait, et sa vie avec Kafkon n'était pas drôle tout les jours... Chaque fois qu'elle rentrait dans leur humble villa «royale», chaque fois qu'elle franchissait le seuil de la chambre qu'ils partageaient, elle craignait de tomber nez à nez avec le vampire qui l'avais transformé. Elle s'était aperçu que l'humain qu'il avait été reprenait parfois le dessus, et qu'il avait bon fond. Dans ses moments, il était sympathique et sincère avec elle... Avant qu'elle ne dise une phrase de trop, et que le vampire ne revienne.

Mais le pire avec tout ça, c'est que ce n'était pas lui qu'elle craignait le plus.

C'était elle-même.
Elle était en train de devenir un monstre, elle le sentais. Chaque fois qu'elle utilisait ses nouvelles capacités -ce qu'elle essayait de faire le moins possible- elle était obligée de réfréner ses envies de pouvoir, et de prouver à toutes les personnes présentes qu'elle leur était supérieur.
À chaque fois, elle entendait comme une voix dans sa tête, un murmure qui lui soufflait tout ce qu'elle pouvait faire mais qu'elle ne souhaitais pas forcément. Comme une mauvaise conscience.
Et cette voix avait déjà pris le contrôle, plusieurs fois.
C'était tout simplement horrible de voir son corps agir, indépendamment de sa volonté mais dirigé par... une autre personne. Oui, dirigé par sa propre vampire, qui était en train de fleurir en elle et menacait de la dévorer de l'intérieur...

C'est donc perdue dans ses sombres pensées et plutôt mélancolique, une fois de plus, qu'elle arriva dans leur villa. Elle avait le mince espoir qu'aujourd'hui, il serait plus chevalier que le vampire...
Mer 13 Mai 2015 - 23:37
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Friedriech von Tanemberg
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Chevalier Errant
Friedriech von Tanemberg
Friedriech et Dalya trouvèrent avec difficulté une auberge. On pouvait aisément sentir que cette cité, Teikoku, n’était encore qu’à ses débuts. Les rues étaient boueuses, et les maigres planches de bois orange n’aidaient en rien à la circulation agréable. Rapidement, leurs bottes de voyage furent trempées de boue jusque largement au-dessus de la cheville. Mais ils ne s’en offusquaient pas. La ville était jeune et pauvre, elle n’était pas prête à être faite de pierre. Pour l’instant, ses habitants pouvaient s’estimer heureux d’avoir des abris confortables, mais aussi de ne pas avoir beaucoup d’incendies. Du moins, s’il y en avait eu, ni Friedriech ni Dalya n’en virent la moindre trace.

« C’est parce que, expliqua l’aubergiste chez lequel ils logeaient, les bois oranges de cette terre sont bizarre. Regardez. »

Il joignit une buche dans l’âtre de la cheminée, et après plusieurs minutes à avoir joué avec son tisonnier, il la retira. Elle n’était même pas noircie.

« Si je l’y laissais plus longtemps, elle finirait par brûler, comme un bois normal, mais en attendant, ces étranges arbres sont très résistants aux flammes. On a déjà essayé de mettre le feu à une forêt pour la défricher, les flammes n’ont même pas pris. Alors vous imaginez, un incendie… On vit sans cette crainte, c’est assez agréable. Ça change du vieux monde où ça pouvait ravager des quartiers entiers, pas vrai ?
-Et en hiver ? demanda Dalya.
-En hiver, répondit l’aubergiste, on se chauffe comme on peut. J’ai dit que c’était résistant aux flammes, j’ai pas dit que ça finissait pas par brûler. Mais c’est clair que pour une fois, ces salopards de magiciens, s’ils sont capables de faire apparaitre du feu, feront une fortune à l’hiver prochain. On aura bien besoin de leur services, tous magiciens qu’ils soient. Ca fera pas plaisir à tout le monde. Et de toute façon, heureusement, on les a pas encore ici. Y’a pas beaucoup de magiciens, à part ceux qui président la pluie et le beau temps, et quelques énergumènes qui prétendent parler aux animaux, qui ont fait la traversée. Faut croire qu’ils tiennent trop à leur petit statut de merde dans le vieux monde, ha ! Je les envie pas. Cet endroit est bien mieux. Les impôts y sont bas, à part le peuple fée, y’a pas de guerre, et encore, ces emplumés veulent pas venir en nombre… Tout va bien.
-Le peuple fée ? demanda Friedriech, tenant Dalya par le bras, même s’il la savait habituée à de tels propos sur les magiciens.
-Des grands emplumés qui ont des ailes dans le dos. Vous les entendrez sans doute piailler, on dirait des oiseaux quand ils essayent de parler. Tchip tchip et piou piou, c’est tout ce qu’ils sont capables de dire. Et à les en croire, c’est eux les maitres du monde ! Heureusement qu’on est là pour leur apporter la civilisation, je vous jure. Après tout, aucun dieu n’aurait pu créer des êtres aussi aberrants.
-A tout le moins, les dieux vous ont créé vous, répondit Dalya en sortant de l’auberge. »

Friedriech la rejoignit au plus vite, conscient des regards noirs que jetaient les habitants. Dès le premier soir, Dalya avait prétendu que les ennemis de ce Nouveau Monde étaient meilleurs que ses habitants.

« Avec un peu de chance, les miliciens nous arrêteront pas, dit-il, mais on trouvera pas d’aubergiste pour nous loger. Tu peux être sûre que la nouvelle ira vite.
-Je suis désolée mon amour.
-Un truc me choque, dit Friedriech. Quand tu m’avais parlé des amazones, tu m’avais dit que malgré leur apparence humaine, c’étaient des animaux.
-La situation est différente, répondit Dalya. La Jungle a toujours fait partie du continent. Que des humaines se dégradent au point d’y vivre en bête montrent qu’elles ont elles-mêmes rejeté ce pour quoi les dieux ont créé l’humanité, et sont revenues de leur plein gré au rang d’animaux. Qu’elles en assument les conséquences. Le peuple-fée, en revanche, ou sur le continent les hommes-lézards, ont fait l’inverse. D’animaux, ils se sont élevés au rang d’humain. Ce qui les rend bien meilleurs qu’une partie de l’humanité dans un sens.
-Mouais, répondit Friedriech… En attendant, c’est pas avec cette belle philosphie qu’on trouvera où se loger. Tu as une idée en tête ?
-Aller demander l’hospitalité à ton vieil ami, dit-elle en soupirant. J’ai essayé de retarder ce moment, mais nous allions de toute façon le voir un jour ou l’autre… »

---

Lorsque Kafkon entendit la porte de la villa se refermer, il sût qu’elle était de retour. Hrist Ragnarson, sa reine. Ou plutôt sa future reine. Il n’était pas difficile de savoir que c’était elle. A cette heure tardive, il n’y avait personne d’autre dans ce qui tenait lieu de palais royal à ce Nouveau Continent. Et il était heureux qu’elle arrive maintenant, il avait quelques reproches à lui faire.
Aussitôt après qu’elle ait poussé la porte de la pièce dans laquelle il se trouvait, il commença son discours.

« Hrist, dit-il, je ne tolèrerai plus longtemps cette attitude. »

Le ton sec et direct employé montrait clairement quelle personnalité dominait en cet instant son esprit. En lui, le chevalier approuvait les reproches, il le savait. Il en désapprouvait la forme, mais pas le fond, il s’abstiendrait donc de se mêler de cette affaire. Le vampire en était plus que satisfait. Ce chevalier intervenait trop ces derniers temps.

« Je reçois régulièrement des remarques de citoyens attentionnés qui me disent que tu as l’air soucieuse, voire malheureuse pas moments. Il va falloir mettre un sourire sur ce visage dès que possible, ma fiancée. En temps de guerre ou de malheur, il serait normal et tolérable que tu sois angoissée, mais nous sommes en temps de paix et de prospérité. Si les habitants voient leur future reine s’angoisser, ils vont être persuadés que nous cachons quelque chose. »

Il s’approcha de Hrist, qui se tenait immobile.

« Et s’ils sont persuadés que nous cachons quelque chose, ils vont perdre le peu de confiance qu’ils ont en nous. Et si cela arrive, alors nous pourrions très bien avoir affaire à des révoltes. Notre royaume est beaucoup trop petit pour cela. »

Il lui pinça les joues, et les tira, la forçant à sourire, avant de lâcher.

« Alors à partir de maintenant, tu vas garder le sourire en présence de nos citoyens, ou sinon je te le jure, je le taille moi-même au couteau sur ton beau visage. Me suis-je bien fait comprendre ? »
Jeu 14 Mai 2015 - 10:37
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Hrist Ragnarson
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Date d'inscription : 02/10/2014
Hrist Ragnarson
-Hrist, je ne tolérerai plus longtemps cette attitude.

En entendant la voix de Kafkon, Hrist se tendis et resta à distance prudente de lui. C'était le vampire qui parlaient, et il n'avait pas l'air de très bonne humeur.
Elle se tint immobile en écoutant ce qu'il avait à lui dire, et jura intérieurement. Il était vrai qu'elle ne souriait plus souvent. Mais qui pouvait le lui reprocher ? Elle qui avait tout perdu, et qui avait été obligé d'abandonner sa terre natale pour vivre avec son tortionnaire, forcé de se marier avec lui ?

Et maintenant, il fallait qu'elle ait l'air heureuse ?

Hrist savait qu'elle ne pouvait dire cela à personne. Le chevalier était le seul qui comprenait sa peine. Les autres... Ils les regardaient comme des monstres, alors même qu'ils n'avaient pas choisi. Ils ne cherchaient pas à comprendre. Voilà pourquoi elle n'en parlait pas, et voilà pourquoi elle ne souriait pas.
Mais ce qu'elle voulait et ce qu'elle avait voulu, seuls les dieux le savaient.
Et ils l'avaient abandonnés.

C'était peut être cette douloureuse lucidité qui l'avait le plus blessé. Les dieux n'avaient cure de ces pensées, du fait qu'elle n'avait pas choisi sa transformation, de ce qu'elle vivait toujours maintenant. Ils l'avaient maudit, tout simplement. Eux qui étaient tout puissant, n'avaient fait que délaisser, quand bien même elle était une de leur prêtresse.

Elle avait envie de crier cette injustice et toute sa souffrance, mais elle ne le fit pas. Kafkon s'était approché d'elle, et lui avait attrapé les joues pour lui proférer une menace.
Elle commençait à avoir l'habitude, maintenant.

La guerrière avait compris que le vampire ne l'aimait pas et que tout ce qu'il voulait, c'était que la vampire qui la rongeait de l'intérieur ressorte et prenne enfin le contrôle totale sur son corps.
Mais elle ne lui donnerais pas ce plaisir.

Elle allait répondre, quand on frappa à la porte de la villa. Qui cela pouvait-il bien être ? Les seules personnes qui allaient et venaient encore dans le bâtiment à cette heure étaient les serviteurs, et ils n'avaient pas besoin de passer par l'entrée principale car ils avaient accès aux entrées de services.

Hrist n'échangea pas un regard avec Kafkon mais commença à partir pour aller regarder qui était l'inconnu. Avant de passer la porte, elle lança au passage, d'une voix neutre :

-Très bien. Je ferais de mon mieux.
Dans un bruissement, Kafkon la suivit, silencieux. Mais elle sentait qu'il n'était pas encore satisfait.

Lorsqu'elle eut finalement atteint la porte et l'ayant ouverte, elle se rendit compte que c'était l'homme et la femme qui l'avaient abordés tout à l'heure. Elle les reconnut quand soudain elle entendit la voix de son fiancé s'élever derrière elle, et à cet instant elle ne sut plus qui du vampire ou du chevalier parlait alors qu'il découvrait le nouveau venu :

-Friedriech... !?
Mer 27 Mai 2015 - 8:49
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Friedriech von Tanemberg
Messages : 37
Date d'inscription : 03/09/2014
Chevalier Errant
Friedriech von Tanemberg
Tandis que s’ouvraient les portes de la villa, Friedriech sentait son cœur battre fort dans sa poitrine. Même si c’était dans un état qu’il déplorait, revoir un de ses anciens frères d’armes allait lui faire du bien, il en était certain. Et qui plus est, il n’avait nul doute que ce serait une surprise sans égale pour lui aussi. Après tout, Kafkon n’avait aucune raison de le croire vivant. Voilà pourquoi il retint un sourire amusé quand une voix qu’il reconnaitrait entre mille dit d’un ton surpris « Friedriech ? » alors que sa fiancée achevait d’ouvrir la porte.

« Mon ami, dit-il en entrant, Dalya sur ses pas. »

Il prit la main de Hrist et y déposa un baiser.

« Mademoiselle. »

Puis, sans plus attendre, il se retourna vers Kafkon. Dalya s’appuya contre le mur derrière lui. Ils avaient convenu qu’elle n’interviendrait que lorsque cela lui serait demandé. Ou si les choses venaient à mal tourner. Après tout, nul ne pouvait savoir comment réagirait le vampire en voyant les fantômes du passé revenir.

« Ça c’est inédit, dit Kafkon d’un ton neutre. Je ne pensais pas te voir ici… En fait, si je ne m’abuse, Friedriech von Tanemberg est mort… Alors qui est-tu, mon ami ? »

Il avait très fortement appuyé les deux derniers mots. Friedriech n’en fut par surpris. Après tout, il avait parfaitement le droit de ne pas avoir confiance en lui. Pas alors qu’il le croyait mort. Il était temps de lui parler de choses que lui seul pouvait connaitre. Quitte à passer pour un idiot devant sa fiancée et devant Dalya.

« Je suis Friedriech von Tanemberg, dit-il. Par la grâce de Daudysse et de Prarag, membre de l’Ordre des Sept, et représentant du courage au sein de ce dernier. Je suis le premier Duc von Tanemberg, fondateur de ma lignée, époux de Constance von Tanemberg, et père de Maximilian von Tanemberg et Agnès von Tanemberg.
-Cela, n’importe quel imposteur pourrait y prétendre, dit Kafkon, sur un ton qui était tout de même moins assuré qu’il ne le voulait.
-Aux côtés de l’Ordre des Sept, dit Friedriech, j’ai combattu les peaux-vertes à la passe des épées. Durant le grand hiver, premier qui s’est abattu sur Hasdruba, j’ai tué le loup gigantesque qui semait la terreur dans nos campagnes. Lorsqu’est venu le temps de choisir chacun nôtre duché, j’ai réclamé le sud du royaume car mon épouse appréciait la chaleur apportée par le désert. C’est moi qui ait découvert que la terre de mon duché était idéale pour faire pousser les orangers, et Caer von Tanemberg fut fondée à ma demande, bien que la première pierre ait été posée par toi, Kafkon Samuel, qui était à l’époque venu m’inviter à partir avec toi à la chasse dans la Grande Forêt d’où je ne revins que récemment. Nous étions alors tous les deux âgés, et… »

Il se retourna et jeta un regard amusé à la fiancée de Kafkon. Si elle s’imaginait que son futur époux avait toujours été épais et musclé comme il l’était aujourd’hui, elle allait avoir une surprise. Et après tout, seul lui, Friedriech von Tanemberg, pouvait faire preuve d’une telle insolence.

« Et à l’époque, quand nous combattîmes ensembles, tu gagnas définitivement ton surnom de la Couane, car ton écuyer avait beau desserrer au maximum les sangles, il était impossible de te faire rentrer dans ton armure. Tu m’as dit ce jour-là pour plaisanter que cette maudite armure avait dû prendre l’eau pour rétrécir à ce point, puis tu avais repris ton sérieux, et d’un air affligé, tu m’avais fait un discours sur ce que nous devions. Constance, mon épouse, t’a répondu que nous devenions de fiers vétérans qui feraient bientôt d’excellents grands-pères. Même si je ne connus jamais ma descendance.
« Toi, tu es Kafkon Samuel. Par la grâce de Daudysse et de Prarag, tu es membre de l’Ordre des Sept, où tu représentes la loyauté absolue. Tu es l’époux de Pyoskà Samuel, et le père d’Urraca Samuel, Antonina Samuel, Fiora Samuel et Adelina Samuel. Tu pestais fréquemment sur le fait que tu n’aies eu que des filles, mais c’était toujours de l’humour, tu étais fou d’elles. Quand nous avons découpé le royaume d’Hasdruba, c’est ton amour de la chasse qui t’a amené à demander la frontière avec la Grande Forêt. Tu as tenu héroïquement contre les peaux-vertes à la bataille du pont gelé du Solland, quand le duc de Sirenia était blessé et a dû aller chercher les renforts plutôt que de combattre. L’on dit que les peaux-vertes étaient à quarante contre un, que la glace leur permettait de traverser à pied la rivière, et pourtant toi et tes chevaliers vous avez tenu jusqu’à l’arrivée des renforts.
« Tu as disparu durant une nuit d’été. Et je te retrouve ici, sur le point de te remarier, et ton cœur ayant cessé de battre. Mon ami, qu’es-tu devenu ? »

Kafkon ne devait pas savoir quoi répondre, car il passait sans cesse son pouce le long de sa joue. Friedriech, en voyant cela, sourit. Venant de Kafkon, ce geste était un tic nerveux révélateur d’une certaine gêne. Il ne savait pas comment réagir.

« As-tu également fait la rencontre d’un vampire dans la Grande Forêt, mon ami ? demanda Kafkon.
-Les légendes disent que les vampires peuvent entendre nos cœurs battre dans nos poitrines. Auraient-elles faux ?
-Non tu as raison, je peux entendre le tiens. Alors comment as-tu pu vivre deux millénaires, Loupiotte ? »

Friedriech fut un peu gêné par l’emploi de son surnom, mais après tout, n’avait-il pas lui-même pris soin de révéler beaucoup de choses à sa fiancée ? Il pouvait deviner le sourire amusé de cette dernière même si elle était dans son dos.

« Je n’ai pas croisé un vampire, mais j’ai croisé des elfes. Mais assez parlé de nous. J’ai déjà pu faire la connaissance de ta délicieuse fiancée, je me permets de te présenter la mienne, Dalya Comnenus.
-Messire, dit Dalya en faisant une révérence.
-Tu as fait sa connaissance, mais je ne te l’ai pas présentée, dit Kafkon. Hrist ! Viens saluer nos invités comme il convient ma chère. Friedriech, voici Hrist Ragnarson, ma future épouse. »
Jeu 28 Mai 2015 - 18:26
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Hrist Ragnarson
Messages : 19
Date d'inscription : 02/10/2014
Hrist Ragnarson
Hrist s’effaça pour laisser passer l'homme, que Kafkon semblait connaître, puis la femme qui l'accompagnait.
Elle fut plutôt décontenancée par le salut du guerrier, n'ayant absolument pas l'habitude, ni qu'on lui fasse un baisemain, ni qu'on l'appelle mademoiselle ; de fait, personne ne l'avait jamais fait – Kafkon l'appelait tout simplement Hrist, ne lui faisait pas de baisemain, et les autres personnes du nouveau monde s'inclinait et la désignait par «majesté».
Néanmoins il détourna bien vite son attention d'elle, et se tourna vers un Kafkon qui semblait plutôt mal à l'aise et surtout méfiant.
Il voulut d'ailleurs confirmer l'identité de son interlocuteur, et s'ensuivit une conversation compréhensible seulement par les deux chevaliers, qui faisait référence à une série de titre, de dieux, et de batailles oubliées depuis des siècles.
Elle ne fut pas étonnée quand il dit que Kafkon servait Prarag, car il lui en avait déjà parlé.
En revanche, ce qui la surprit plus, c'est d'apprendre l'ancien surnom de son futur mari et, surtout, pourquoi il l'avait gagné. Elle ne put s'empêcher d'esquisser un sourire en entendant cette histoire.

Mais ce qui la choqua le plus, ce fut d'entendre tout les noms de l'ancienne famille de Kafkon. Elle savait qu'il avait déjà été marié, mais n'imaginais pas qu'il avait eu autant de filles, dont, selon Friedriech, il était fou.
En fait, sa vampirisation avait du être encore plus difficile pour lui que pour elle.

À sa propre tristesse s'ajoutais donc la compassion qu'elle ressentais pour le chevalier. Et puis, elle était la mieux placé pour comprendre ce qu'il ressentait, après tout...
De plus, elle appréciait la présence du chevalier. Déjà, parce qu'il empêchait le vampire (qu'elle voyait comme un tortionnaire) d'agir, mais ce n'était pas tout. Elle retrouvait en lui la droiture et la bravoure dont elle-même faisait preuve, ou du moins essayait.

Mais les deux hommes avaient fini leur conversation et semblaient (enfin) se souvenir qu'il n'étaient pas seuls. Le dénommé Friedriech présenta la femme blonde, sa fiancée, comme étant Dalya. Hrist fronça les sourcils quand Kafkon l'imita, tout s'avançant vers eux. Elle pouvait très bien se présenter toute seule, et son futur mari le savait.
Elle ne dit cependant rien devant les deux invités et se contenta, gênée, de leur faire un rapide salut – masculin, puisque Kafkon n'avait pas pensé, ou n'avait pas eu le temps de l'entraîner à faire de gracieux salut féminin (souvent impossible à faire en armure, d'ailleurs).

-Bonsoir, madame, monsieur.
Sam 30 Mai 2015 - 1:05
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Friedriech von Tanemberg
Messages : 37
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Chevalier Errant
Friedriech von Tanemberg
Friedriech ne releva pas le salut masculin de Hrist, après tout, pour une femme en armure, il était logique qu’elle ne soit pas au fait de toutes les règles de politesse… Même s’il vit bien le regard un peu désapprobateur de Kafkon. Après les salutations d’usage, il serra la main de son ancien frère d’armes.

« C’est bon de te revoir, mon ami, dit Kafkon.
-Kafkon, la joie illumine mon visage en cet instant. »

Les deux chevaliers s’éloignèrent rapidement, laissant leurs fiancées respectives derrière eux. Kafkon l’entraina dans un jardin au centre de la villa. Il faisait encore bien nuit, il était donc libre de marcher où il le souhaitait. Là se trouvaient deux chaises qui se trouvaient sur un balcon. Il fallait dire que la villa avait été construire sur une hauteur qui dominait la ville. De ce qu’il pouvait en voir, Friedriech estimait qu’elle formait un fer à cheval dont l’ouverture était ce jardin qui permettait d’admirer la cité de nuit. Par un caprice de la montée, le sentier avait fait de l’entrée principale le dos de ce fer à cheval, de sorte que jusqu’à ce qu’on y arrive, on ne se doutait pas de l’existence du jardin.
Kafkon s’excusa quelques instants, puis revint, deux bouteilles à la main. Friedrieh ouvrit la sienne, et sentit l’odeur du vin lui monter au nez.

« On en produit pas ici, dit Kafkon, mais certains colons sont venus avec ce vin, que je leur ai taxé. Je crois qu’il vient de vignes sur la côte d’un des royaumes détruits pendant les récentes guerres.
-Vous pouvez boire du vin, vous les vampires ? demanda Friedriech.
-On peut boire et manger tout ce qu’on veut. Seulement, non seulement ça ne rassasie ni notre faim ni notre soif, mais en plus ça n’a aucun goût. Je vais boire ce vin avec toi, mais il me paraitra plus fade encore que de l’eau pure.
-Tu devrais pas le gâcher comme ça.
-Et laisser un bon copain boire seul ? Plutôt crever une nouvelle fois. »

Friedriech fit oui de la tête, puis but directement au goulot le vin qui lui avait donné. Il n’était pas très bon, car un peu passé, mais il restait buvable.

« Tu sais, mon ami, quand j’ai appris que tu étais un vampire, je m’imaginais un être cruel et fourbe, pas retrouver mon vieux copain que j’ai laissé il y a deux millénaires.
-Normalement, je suis cruel et fourbe, répondit Kafkon. Mais il m’arrive aussi de me rappeler ce que j’ai été pendant un temps. J’ai trompé ma Pyoskà avec la catin qui m’a transformé, et maintenant je trahis sa mémoire en me fiançant à une autre. C’est l’influence de mon côté vampirique… Tu me rappelles cependant trop le bon vieux temps pour que je me laisse aller à ces instincts. Le chevalier reprend le pouvoir en moi grâce à toi l’ami.
-Tu n’es pas le seul à avoir trahi la mémoire de ton épouse, mon ami. J’ai moi-même trahi mes serments de fidélité faits à Constance. Mais d’un autre côté… Je pouvais pas traverser cette époque seul, tu le sais bien.
-Tu vas me dire que si tu m’avais trouvé en premier, t’aurais pas eu Dalya ?
-Je pense. Un vieux copain, ça me suffisait. Tu sais, même Hasdruba a changé. Là-bas, on m’a condamné à une connerie d’errance, en disant que je devais faire des exploits que seul le vrai Friedriech von Tanemberg pourrait faire.
-Et c’est pour ça que t’es dans le Nouveau Monde ?
-Si je ne prouve pas que je suis bien moi-même, mon duché est fichu. Les elfes noirs sont passés, tu le sais. Il existe plus maintenant. Ma lignée s’est éteinte, à moins que je ne la rétablisse.
-Je n’aurais aucun mal à te rendre ce qui t’appartient, Friedriech. Il me suffit de signer trois lettres et tu reviens dans le Vieux Monde en étant le chevalier le plus valeureux que ce monde ait jamais connu. Tu le mérites bien.
-Je te remercie pour ta sympathie, l’ami, dit Friedriech en contemplant sa bouteille désormais à moitié vide, mais je ne compte pas tricher à ce jeu. Tu crois qu’il y a des exploits à faire dans le Nouveau Monde ?
-Ma foi, il y en a quelques-uns, dit Kafkon en terminant la sienne, mais je ne crois pas qu’il y ait quoi que ce soit à ta hauteur… Peuple fée mis à part, il n’y a ici aucun adversaire digne de ce nom, et encore moins un adversaire digne de Friedriech von Tanemberg.
-Bon eh bien, dit Friedriech en terminant la sienne assez vite… Je vais rester ici quelques temps. J’en suis qu’à la fin de ma deuxième, il m’en reste huit à tirer. Pas grave si j’en perds une, dans le pire des cas je retourne sur le Vieux Monde et je m’en vais étriper une saloperie quelconque… C’est pas ça qui manque là-bas.
-En effet… Puis-je savoir ce qui t’a attiré sur le Nouveau Monde d’ailleurs ? »

---

« Ce qui nous a amenés ici, tous les deux ? dit Dalya à Hrist. Moi, je le suis, parce que lui, il s’est mis en tête de reconquérir son duché, et pour ça, il doit prouver qu’il est bien l’Homme qu’il prétend être. Et moi, qui suis assez sotte pour l’aimer, je l’accompagne. »

Ce n’était qu’une partie de la vérité, mais Dalya n’aimait pas cette femme. C’était une vampire, elle était dangereuse, et mieux valait se méfier d’elle, ainsi que de son fiancé. C’est pourquoi lorsque cette femme lui avait posé, après un long silence gêné, cette simple question, elle avait choisi cette réponse laconique, mais qu’elle avait prononcé sur un ton ouvertement hostile. En temps normal, elle l’aurait rendu un peu plus mielleux, mais même si elle craignait la puissance de la vampire, dire qu’elle avait peur d’elle était faux. Elle savait se défendre, Friedriech interviendrait aux moindres son de combat, et si elle ne se trompait pas, il était probable que même ce Kafkon Samuel choisirait son frère d’armes plutôt que sa fiancée.
Enfin ça, c’était juste la théorie.
Dim 31 Mai 2015 - 14:49
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Hrist Ragnarson
Messages : 19
Date d'inscription : 02/10/2014
Hrist Ragnarson
Les deux chevaliers s'en allèrent, et les abandonnèrent là, toutes les deux. Un silence gêné s'installa entre les deux femmes, et Hrist tenta de briser la glace. Elle essaya d'engager la conversation, en lui demandant ce qu'elle était venu faire ici, sur le nouveau monde. L'autre répondit d'un ton sec et clairement hostile, et la guerrière comprit qu'elle ne tirerait rien de plus de l'autre.
Oui, décidément, sa vampirisation lui avait tout prit. Tout. Les seules personnes à qui elles pouvaient parler à présent, sans crainte de se faire rejeter où, dans le pire des cas, brûler, étaient les autres membres de sa nouvelle race. Les autres vampires. Et encore... Elle était quasiment sûr qu'ils réagiraient comme la partie vampire de Kafkon, qu'ils la regarderaient de haut et la mépriseraient parce qu'elle avait encore une partie humaine qui gardait le dessus la plupart du temps.

La seule personne capable de la comprendre était le chevalier qui subsitait en Kafkon.

C'est donc ces sombres pensées qu'elle rumina dans la tension palpable et silencieuse qui s'était réinstallée entre elle, en attendant le retour de leur fiancé respectif.
Hrist avait hâte que cette femme parte. Sa haine apparente, la future reine y était pourtant habitué, mais elle commençait à être lasser de la voir dans tout les visages et tout les regards des gens qu'elles croisaient.

Les minutes s'écoulèrent, se transformèrent en une heure. Finalement, après ce moment qui parut interminable, des bruits de pas se firent entendre dans le couloir. Les deux chevaliers revenaient-ils enfin ?
Lun 1 Juin 2015 - 21:58
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Friedriech von Tanemberg
Messages : 37
Date d'inscription : 03/09/2014
Chevalier Errant
Friedriech von Tanemberg
Lorsque Friedriech entra dans la pièce où se trouvaient Hrist et Dalya, la tension y était presque palpable. Ces deux femmes ne devaient pas vraiment s’aimer. Sans doute la nature vampirique de la première était-elle en cause. Il comprenait Dalya. Après tout, même si Kafkon était son ami, il avait beaucoup de mal à ne pas grimacer de dégout en regardant ce qu’il était devenu. Aucun humain ne devrait selon lui être condamné à cet enfer, qu’il soit transformé volontairement ou non. Il les aurait volontiers aidé à y échapper s’il ne connaissait pas les légendes qui disaient que bons ou mauvais, tous les vampires finissaient invariablement par partir en enfer. Et il ne le souhaitait pas à son ami, quoi qu’il arrive. Pour le reste, il s’en fichait royalement. Du moment que ces bêtes n’essayaient pas de se mettre à lui pomper le sang, ou à pomper celui de Dalya, cela allait de soi.
Mais pour l’heure, il fallait envisager de se loger et de décider ce qu’il faisait dans le Nouveau Monde. La question du logement n’aurait pas dû être difficile à régler, la villa étant largement assez grande pour les héberger, lui et Dalya. Mais cette dernière en décida autrement, refusant par principe de dormir sous le même toit que les vampires. Friedriech eut beau arguer que s’ils avaient voulu les vider de leur sang, cela serait déjà fait, sa femme fut intraitable et se mit finalement en route sans plus écouter ses arguments. Friedriech s’excusa rapidement auprès de Kafkon, puis après avoir fait un rapide salut devant Hrist, courut rejoindre sa fiancée. Tandis qu’il descendait sur le chemin, il garda le silence. A voir l’air grave de Dalya, ils auraient très prochainement une longue discussion sur un choix qu’il devrait faire entre son ami vampirisé et elle. Très longue… Non, plutôt courte en fait, réalisa-t-il en comprenant que bien qu’il ait toujours pour Kafkon une bonne amitié, il ne pourrait jamais placer en lui toute la confiance qu’il avait placé dans l’humain qu’il avait connu. Pas maintenant qu’il avait été vampirisé.
En vérité, lorsqu’il se tourna une dernière fois vers cette villa, intérieurement, il dit adieu à Kafkon Samuel. Car il paraissait évident que bientôt, il allait quitter cette ville pour partir vers une des villes coloniales plus au sud, avant de retourner vers le Vieux Monde quand le temps viendrait. Mais il comprenait désormais Dalya. Fréquenter un vampire, fût-ce un vieil ami, le gênait, et il ne comptait pas passer outre cette gêne. Prarag et Daudysse, les deux divinités qu’il servait, avaient tous deux maudit à jamais les deux bêtes qui se trouvaient là-haut, dans cette villa. Lothÿe les avait éloigné de sa lumière protectrice, et les sorts d’exorcisme que les prêtres employaient sur les démons fonctionnaient sur les vampires. Friedriech marmonna une prière à ses dieux pour obtenir le pardon pour avoir pensé qu’il pourrait se lier d’amitié avec l’une de ses bêtes, puis rejoignit Dalya. Celle-ci l’avait observé. Elle devait avoir compris le cours de ses pensées, car elle avait un sourire approbateur. Et les deux amants se mirent sans rien dire en quête d’une chambre pour passer la nuit.
Il était amusant, songea Friedriech, que ce soit Dalya qui ait suggéré et qui rejeté successivement la même idée. Mais mieux ne valait pas interroger l’esprit de sa femme. Peut-être avait-elle eu cette inquiétude en fréquentant la fiancée de Kafkon. Oui, songea-t-il. Certainement, cette Hrist devait être loin d’être aussi douce à côtoyer qu’à écouter parler quand elle vous accueillait. Dalya avait dû s’en apercevoir, d’où son désir de partir.

---

Kafkon les suivit des yeux tout au long de leur descente, perturbé par l’arrivée de son très vieil ami. Ce dernier lui avait raconté comment avait-il pu survivre humain durant ces deux longs millénaires. Ainsi, les elfes avaient ce pouvoir ? Quand il songeait, le chevalier d’Hasdruba qu’il était redevenu au contact de Friedriech se disait que ça n’était pas étonnant. Quand il chassait, humain, dans la Grande Forêt, les donc des elfes pour la tromperie et la dissimulation ne l’avaient jamais surpris. Et vampire, il avait souvent entendu parler d’histoires d’Hommes qui ressortaient de la Grande Forêt vieillards alors qu’ils y étaient entrés enfants. Si une telle légende était véridique, alors sans nul doute, l’inverse, qu’affirmait avoir vécu Friedriech, devait l’être.
En y réfléchissant, Kafkon éprouva pour la première fois depuis des siècles un sentiment très humain pour un vampire. De la peine et de la compassion pour autrui. Les humains qui, comme Friedriech, se faisaient prendre à ce piège ne devaient pas tous avoir la chance d’avoir la belle vie que son vieil ami avait à leur retour. Sans doute devenaient-ils fous.
Mais le vampire en lui avait donné au chevalier un grand cartiérisme, qu’il fit fonctionner. Si les elfes sylvains avaient les pouvoirs de distordre le temps dans leurs forêts, alors sans nul doute les elfes blancs, êtres de légendes dont le talent en matière magique n’était plus à décrire, devaient avoir le pouvoir de faire rebattre les cœurs. Il regarda Hrist derrière lui, et choisit de ne rien lui en dire tandis qu’il allait se coucher. Mieux ne valait pas lui donner de faux espoirs, cela la détruirait et ferait sans nul doute triompher à jamais la vampire qu’il y avait en elle.
Car tandis que la chaleur de la journée montait, bien qu’il ne puisse voir le soleil, le chevalier, dans son lit, sentant la présence froide de Hrist à ses côtés, réfléchissait à cette éventualité. Il était venu ici en entendant dire qu’il y avait des elfes blancs. Ils n’y étaient pas. Mais ils devaient être quelque part. Et s’ils avaient ce pouvoir… Le chevalier était heureux, car pour la première fois depuis deux millénaires, un espoir de guérir du vampirisme était amené à lui. Il comprit ce qu’il devait faire. Trouver les elfes blancs, les trouver et puis les convaincre de faire redémarrer son cœur… C’est sur cette pensée que le chevalier entra dans l’état de léthargie qui était le sommeil des vampires.

Puis Kafkon Samuel se réveilla. Hrist était « endormie » à côté de lui. Le vampire la réveilla en la mordillant. Il avait envie d’elle…
Sam 20 Juin 2015 - 16:10
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