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[Terminé][Flashback][PV Abad] Exaction et Pavillon Noir
Noire
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Noire
Ce RP se situe environ 1 an avant le RP intitulé [Des informations cruciales] avec Emerelle Firnstay, lui même daté de deux mois avant [A la taverne des Pièces de Huit].




Phadransie La Noire enfila son chemisier sur ses épaules, et sortit de sa Cabine. C'était une très belle journée qui venait de se dérouler. Dehors, à présent, il faisait nuit, le ciel était menaçant, exceptionnellement bas. Phadransie pouvait sentir l'odeur de la pluie, qui n'allait pas tarder à s'abattre sur le Galion Déité. Elle articula avec prudence son épaule blessée. Un maudit garde du Palais du Khemsin, plus téméraire que les autres, avait réussi à faire couler son sang d'un estoc bien placé. Phadransie avait répliqué de suite, elle s'était servi de son 3 coups pour l'immobiliser et l'allonger, puis l'avait tué lentement.
L'attaque des Sultanat aurait pu très bien se dérouler globalement, si l'un de ces pirates merdeux n'avait pas accidentellement et déplorablement tué le Sultan de Khemsin. Phadransie, en guise de repentir, l'avait envoyé sous la quille du Déité, puis pendre au Grand Mât, haut et court. Hormis cette bavure qui aurait pu tout faire foirer, elle et l'Equipage y avaient pris un réel plaisir, sans compter le butin qu'ils avaient pu ramener, ainsi que le nombre particulièrement élevé de Prisonniers. Il faut préciser néanmoins que sa menace de faire passer sous le pont quiconque tuerait, même accidentellement, un Erudit ou un Prêtre, y avait été pour quelque chose. Phadransie n'était peut être pas Capitaine, mais tous à bord du Déité la craignaient, et donc la respectaient.

La Seconde dépassa le Chef de Pièces qui la salue poliment en s'écartant, ainsi qu'un certains nombre de Pirates. Les pertes avaient été plus faibles qu'elle l'avait prédit, cent cinquante hommes environ. Et seulement dix d'entre eux étaient des membres d'Equipage du Galion. Les autres provenaient des flottes alliées qu'elle avait réussi à réunir sous le Pavillon Noir, afin d'attaquer Khemsin. Une fois la ville tombée, le sang versé et surtout le butin partagé, la dizaine de sombres Vaisseaux s'étaient séparés sans mots dire. Les Pirates s'étaient saoulés, Phadransie ne faisant pas exception, puis s'étaient endormis flasques, et ivres morts. Elle s'était réveillée dans sa Cabine, les draps de son lit tâchés de sang, ainsi que ses vêtements, et avait dû changer le bandage autour de son épaule. 

En fait, Phadransie se foutait pas mal de son épaule. Si ils avaient attaqué les Sultanats, si ils avaient pillé Khemsin, si elle s'était donnée tant de mal afin de constituer une armada, ça n'était pas pour rien. Il était temps qu'elle passe aux choses sérieuses, aux choses les plus amusantes, surtout.

Le Chef de Pièces s'avança de nouveau vers elle. Il tanguait encore légèrement, aussi petit qu'il était gras. Phadransie savait qu'il tenait bien moins l'alcool qu'il le prétendait et l'aurait voulu. 

«Seconde Phadransie, nous sommes à présent à près d'un Mille des Sultanats et... »


« Il n'y a rien d'étonnant à cela, Gal. Où sont les Prisonniers..? »



« Le Quartier Maître les a parqué à fond de cale. J'ai également monté dans votre Cabine tous les rouleaux et écrits que nous avons ramené de Khemsin. »



Phadransie La Noire ne s'embêta pas à répondre qu'elle venait de les voir à l'instant, elle exécuta un volte face et descendit dans les geôles du Déité. Une odeur aigre et renfermé régnait entre ces planches. Il n'y avait as assez de cellules pour contenir tous les prisonniers, et Phadransie avait ordonné qu'on les relie directement au sol, autour d'un maillon en acier suffisamment large pour contenir une quinzaine de chaînes. Les prisonniers étaient entassés comme du bétails, certains étaient blessés. Phadransie les examina rapidement, afin de s'assurer qu'il n'y avait pas de mort entretemps, et en eut pour sa satisfaction. En entendant le bruit de ses bottes, la plupart des prisonniers avaient tressaillis, ils se bousculaient en tentant de relever la tête (autant que leur chaîne le leur permettait, passée autour des poignets pour les plus chanceux, du cou pour les moins) et se pressèrent loin de la Pirate à l'oeil Noir qui s'approchait. Phadransie avait une réputation, et cette sensation de peur presque palpable qu'elle semblait tenir en laisse, et trimbaler partout au fil de ses pas était jouissive pour elle. Les chaînes ne permettaient pas aux malheureux de se lever, tout juste pouvaient ils se mettre sur les genoux. La Pirate s'arrêta pour les observer. Une vingtaine d'autre étaient en cellule. Il y avait principalement des mâles, mais Phadransie pu quand même compter trois femmes. L'une d'entre elle avait de très beaux yeux. Tous étaient torses nus, même les femmes. En cet instant, la beauté des Sultanats était réduite à un ramassis pitoyable d'ignominie et de peur. Phadransie aimait cela, aussi. Il ne lui restait plus qu'à tirer le maximum d'informations de ces merdeux. 
Elle dit d'une voix puissante en foudroyant le plus de prisonniers possibles du regard. 
«Bienvenue à bord du Galion Déité, Khemsiniens. Je suis la Seconde de ce Navire et croyez moi, je vais faire de votre voyage un enfer encore plus ardent que celui de Canërgen. Les plus chanceux d'entre vous mourront rapidement, après m'avoir satisfaite. Je crains que ça ne soit pas le cas, et beaucoup moins plaisant pour tous les autres. Dès cet instant, votre vie ne vous appartient plus, et j'en suis la seule Maîtresse.»
Sur ces mots, elle éclata d'un rire grave, strident, presque étouffant, qui ne devait cesser qu'au bout d'une bonne minutes. Phadransie La Noire reprit en arrangeant son tricorne et léchant son crochet.
«Nous allons d'ailleurs commencer votre initiation tout de suite. Une première question, répondez y bien gentiment si vous ne voulez pas me presser dans les projets que j'ai élaboré pour chacun d'entre vous. Parmi vous se trouvent un Prince Sultan et sa putain. Lesquels d'entre vous sont ils..? »
Ven 24 Oct 2014 - 19:41
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
Abad sentit plusieurs pressions successives au niveau de ses côtes. Mais il n'y prêta attention. 


     Il était tellement bien, là, allongé dans l'herbe auprès de Leyla. Ils se tenaient la main et regardaient le ciel, d'un rose cireux, une légère brise caressait leurs visages. Il tourna légèrement sa tête vers celle qui se tenait à ses côtés. A quelque centimètres de lui, il aperçut son visage.


     Sa chevelure ondulaitt de la base de son crane pour se jeter en cascade dans l'herbe fraiche. A son tour, elle tourna la tête. Elle battit des paupières. Ses cils étaient longs et fournis. Abad partit de leur pointes et remonta lentement son regard jusqu'à leur base. Là, deux magnifiques yeux bleus en amandes le fixait sensuellement.
     Mais il ne s'y attarda pas, il voulait tout voir, tout voir de ce visage interdit dont on lui avait tant parlé mais auquel on lui avait empêché d'y jeter le moindre regard pendant vingt-quatre heures.
     Il descendit lentement l'arrête de son nez et ses yeux se posèrent sur une bouche rose pale. ''Qu'elle était belle'', pensa-t-il soudain et maintenant, elle était sa femme.


     Soudain, les lèvres s'entrouvrirent délicatement. Elle s'apprétait à parler. Abad tendit l'oreille :


''Alors c'est toi le bâtard d'Azim, hmm pathétique''


    Cette voix dédaigneuse n'était pas celle de Leyla. Elle tira soudainement Abad hors de ses rêves. Il ouvrit les yeux, où était-t-il ? Que s'était-il passé ? L'invasion, l'autel, tout lui revenait peu à peu en mémoire mais c'était trop pour son cerveau qu'une forte migraine assailli. Une silhouette se dessina devant ses yeux, et quand elle fut assez claire, Abad discerna le visage d'une femme. Un grand œil noir le transperçait du regard.


''Je suis Phadransie la Noire, finit les beaux rêves chéri, avec moi commence ton pire cauchemar''
Ven 24 Oct 2014 - 23:49
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Noire
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« Je suis Phadransie La Noire, finit les beaux rêves chéri, avec moi commence ton pire cauchemar. »


Ici et maintenant, le type ressemblait à tout sauf à un Prince. Il était parqué dans une cellule, ses vêtements en partis déchirés avaient traînés dans le sable, le sang et l'eau crasseuse. Il papillona un instant des paupières et se redressa sur un coude. Le temps qu'il prit avant d'immerger entièrement énerva la Pirate. Si une grille ne les avait pas séparé, elle l'aurait sans doute criblé de coups de crochets et de pieds. 


«Et ta catin, laquelle est-ce ? »



Abad venait de se redresser dans ce cellule, il prenait conscience de tout ce qu'il y avait autour de lui. De toute l'horreur qui l'environnait. Phadransie se saisit de son pistolet à 3 coups et le pointa à l'intérieur de la cellule, menant droit à la tête dudit Prince.


« La première chose que je vais t'apprendre chéri, c'est à répondre à mes questions. »



Jamais elle n'aurait tué un Prisonnier de cette qualité là. Un Prince serait sans doute légèrement plus difficile à briser que ces collègues prêtres, scribes et érudits de tout genre, mais son "dressage" serait également davantage intéressant pour La Noire. Elle avait même hâte de commencer. Mais avant, elle allait devoir le réveiller un peu. 
La Pirate se retourna et changea la direction de son arme. Il y avait 3 femmes présentes parmi les Prisonniers. Bien. Elle visa la plus proche, enchaînée à même le sol. Contrairement aux deux autres, elle n'avait pas un air terrifié et n'empestait pas la peur comme les autres captifs. Phadransie laisse au Prince le temps de se lever et agripper ses bras aux barreaux. Il était plus grand qu'elle, et pouvait donc voir aisément par dessus son épaule. 


Phadransie tira un seul coup au visage de la Dame en face d'elle. 


Elle n'avait pas bougé, mais elle avait crié en revanche lorsque son œil avait été heurté par la balle, avant qu'elle ne s'écroule simplement. Une sillon de sang noir maculait son visage ayant été, vraisemblabement, bien entretenu durant des années. Un cri d'effroi et d'horreur, comme une vague, vint percuter le flot d'humains enchaînés. Phadransie hurla : 


« Silence bande de pourceaux immondes ! Le premier qui ouvre la bouche je lui tranche la langue et la lui fait bouffer ! »



Une fois les cris retombés, elle se retourna afin de plonger son regard dans celui de l'homme derrière les barreaux. Elle tira en arrière le récent cadavre, encore presque vivant, si l'on pouvait dire, et la saisit par les cheveux. Son corps était encore chaud et doux. Elle lécha le sang qui avait jaillit sur son visage, ses tempes et sa nuque. Pourtant, ce n'est pas à la femme qu'elle s'adressait.


«C'était elle n'est-ce pas ? C'est elle ta putain, Fils d'Azim ? »



Phadransie ri et tranche d'un revers du crochet la nuque de la jeune femme déjà morte. Encore une fois les cris et les sanglots ne purent être contenus. Mais Phadransie, pour l'instant, se délectait tant moins du goût du sang que de l'expression hagarde du Prince en face d'elle. Il était démuni, prisonnier. Elle, avait la puissance, et menait le Jeu.


Elle aimait ça.
Sam 25 Oct 2014 - 0:20
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Abad El Shrata du Khamsin
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     Tout s'était passé en une fraction de seconde. Abad avait à peine eu le temps de se relever que la balle était déjà partie. A présent, Phadransie se tenait devant les barreaux, elle avait lâché sa victime qui retomba sans vie sur le sol. 


'' C'était elle n'est-ce pas ? C'est elle ta putain, fils d'Azim ? ''


     Non, ce n'était pas Leyla que Phadransie avait abattue. Cependant, il connaissait cette jeune femme qui avait à peu près le même âge que lui, elle était servante au palais, ils s'étaient souvent croisés, et à chaque fois elle lui avait souri. 


     Abad s'écroula au sol. Il était totalement impuissant, et Phadransie en jouissait. Elle n'avait pas tué Leyla ; mauvaise pioche, mais ce n'était plus qu'une question de temps. Cette folle allait abattre chaque personne présente dans cette pièce, et lui, il ne pourrait rien y faire. Il ne pourrait que regarder le sang couler. 


* Réfléchis, Réfléchis ! *


     Il lui fallait un plan, il fallait qu'il se donne un objectif. 


* Tuer cette pute ! *
*Non, ne t'emballe pas. Reste calme, réflechis !*

     Comment ? Comment pouvait-t-il la sauver ? Tout se bousculait dans sa tête ...


''Oui'' dit-il, impassible


     Phadransie écarquilla son oeil. Sa réponse l'avait visiblement perturbée. 


     Abad aurait tant aimé relever la tête et se replonger dans les yeux bleu lagon de Leyla, qui gisait, il l'avait aperçue par dessus l'épaule de Phadransie, à quelques pas derrière elle. 
      Mais non, il ne pouvait se laisser aller à son désir de se délecter encore une fois de son magnifique visage, son regard les trahirait. 


* Garde ton sang froid Abad, c'est pas le moment de faire de conneries ! *


Il devait se montrer imperturbable. Il leva lentement les yeux vers Phadransie, et lui lança un regard glacial, inflexible, encore plus noir que le sien. 


'' Oui, c'était elle. Maintenant, que veux-tu ? ''


     Son impassibilité pouvait tenir la route. Après tout il ne connaissait pas Leyla, il ne l'avait aperçu qu'une fois. De plus c'était un mariage arrangé. Elle pourrait croire qu'il ne disposait d'aucun attachement pour elle. 
Le bluff, était sa seule carte en main et il l'étalait a présent sur la table.
Sam 25 Oct 2014 - 1:46
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Noire
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«Oui, c'était elle. Maintenant, que veux-tu ? »


Phadransie sentit presque un frisson glacial lui chatouiller l'échine suite au regard que venait de lui lancer Abad. Un regard brûlant, emplis d'autant de haine et de rage qu'un humain en était capable. Pour qui il se prend cet avorton ? Phadransie se fraya un passage au sein des prisonniers à coups de pieds, mais en vérité cela n'était pas tâche difficile, car tous tiraient le plus qu'ils le pouvaient sur leurs chaînes afin de ne pas avoir ne serait-ce le moindre contact avec la Pirate. La seconde du Galion Déité fit un signe de la tête au Quartier Maître ainsi qu'à ses hommes, qui se précipitèrent pour ouvrir la porte de cellule. Comme elle s'y attendait, l'avorton d'Azim s'était jeté sur eux. Il est fou, dans son état il ne pourra rien faire. 


Phadransie écarquilla son oeil d'étonnement en le voyant asséner un coup de coude dans le visage de l'un des Pirates, faisant craquer le cartilage de son nez et l'envoya au sol. Néanmoins, le Prince Sultan ne réussit pas à échapper au Quartier Maître. Moins d'une dizaine de secondes plus tard, il se retrouvait maintenu et agenouillé au sol, entravé par de solides mains crasseuses. Phadransie envoyer valser sa botte dans la joue du Pirate à terre, le nez sanguinolent. Ce dernier se redressa immédiatement, titubant encore sous la douleur liée au coup. A l'évidence, il craignait davantage la colère de la Seconde que la douleur provoquée par le coude robuste du Prisonnier. Phadransie La Noire éclata de rire en soutenant le regard sombre du jeune Sultant.


«Je peux savoir à quoi tu t'attendais mon cher ? Tes armes t'ont bien évidemment été confisquées. Toutes. Je ne commets jamais l'imprudence de ne pas fouiller un homme avant d'en faire un prisonnier. Tu es impuissant, il me semble déjà te l'avoir dit. Peut être as-tu peur de ce qu'il va t'arriver. Peut être espères-tu encore. Tu sais quoi fils d'Azim, je vais me faire un plaisir de rayer de ton esprit tous ces futiles sentiments. Bientôt, en toi, il n'y aura la place plus que pour une seule pensée. Ma satisfaction. »



La Noire ajouta : 


«D'ailleurs, les festivités vont commencer immédiatement. D'une manière ou d'une autre -dont l'une est sans doute bien plus agréable-, tu me révéleras ton nom. Je vais donc te laisser une chance d'échapper à ceci, en te posant la question maintenant. Et de manière "civilisée. »



Le Prince avait déjà perdu presque tout de son arrogante opiniâtreté. Phadransie en avait assez qu'il lui tienne tête. Attendre, même deux secondes, la réponse à sa question devait être punissable pour lui. Elle envoya sa botte heurter ses flancs et ses côtes. Deux fois. Deux secondes de trop.


Alors qu'il s'apprêtait à ouvrir la bouche, le boucanier accourut vers la Pirate. Il fit abstraction de l'odeur et de l'ambiance qui auréolaient la cale, et se planta droit devant La Seconde.


«Seconde Phadransie La Noire, le Capitaine vous demande. »



«Faites lui savoir que je suis occupée présentement, j'irai le voir dans sa Cabine seulement une fois que j'en aurai terminé avec celui ci. »



Le Boucanier baisse son regard bleu azur sur le sol trempé. Il avait horreur, oui horreur de ce genre de situation où il servait d'intermédiaire entre le Capitaine et sa Seconde à lier. Cela impliquait, 9 fois sur 10, qu'il devait prendre parti. Et bien qu'au niveau de la hiérarchie il y avait peu de place pour le doute quant à qui devait aller sa loyauté sur le Déité, pour rien au monde il n'aimait se faire foudroyer du regard par La Seconde. Son oeil noir et son crochet, tout dans sa personne en fait, l'effrayait comme du temps de sa petite enfance, et contrairement au Chef de Pieces, lui ne le cachait pas et ne se mentait pas à lui même.


«Seconde Phadransie, il vaut sans doute mieux que vous écoutez ce qu'il à à vous dire maintenant. Vous pourrez ensuite vous occuper de faire parler vos Prisonniers une fois cette anicroche dans votre dos. »


«Et que veut le Capitaine exactement ? A t il nécessairement besoin de sa seconde pour lui déboucher sa bouteille, ou lui faire un compte rendu oral de l'attaque ? » 


«Moi, je l'ignore. Mais vous, êtes sa Seconde, et après tout, vous êtes la seule à bord du Galion à avoir la réponse. Le Capitaine se doutait que vous seriez en train de les torturer, mais il m'a dit de vous ramener quand même. »



«Très bien. Il en aura pour sa demande. Vous autres, attachez ce gamin, ce "Prince" dans la cale, loin des autres. Je crois bien que moi seule pourrait jouir de ces cris de détresse. Ce n'est qu'un contretemps le merdeux, tu as de la chance. Mais je ne te laisserai pas le loisir de m'attendre trop longtemps, fais moi confiance.»



Elle ajouta à l'attention du Quartier Maître :


«Que personne ne le touche. Celui ci est à moi. Quant aux autres, je vous laisse les assagir. Faites vous plaisir avec la moitié d'entre eux, seulement la moitié. Je veux juste qu'ils soient en mesure de parler et de voir lorsque je m'en occuperai personnellement.»


Sur ce, elle se saisit d'une bouteille de rhum qu'un des Pirate tenait négligemment dans sa main droite. Phadransie La Noire en fit sauter le goulot avec ses dents et en but une large goulée, tête penchée en arrière. C'était toujours légèrement dangereux de boire cul sec avant de se présenter devant Korlanos, car ainsi, et même sobre en vérité, il lui arrivait, peut être un peu trop souvent, de friser la mutinerie. Phadransie termina la bouteille, à demi remplie, et brisa le verre en le frappant contre le dos de l'un des prisonniers qui hurla de douleur. Elle leva son arme improvisée au dessus de sa tête.



«Sur ce, je bois au Galion Déité et à son Capitaine ! Ha ha ha ! »



Elle fit couler dans sa bouche les quelques gouttes de rhum qui restaient au fond du verre brisé, et jeta la demi bouteille tranchante au genoux du fils d'Azim. 


«Quant à toi chéri, on se dit à tout à l'heure.»





*


«Vous vouliez me voir, Capitaine ? »


Phadransie referma -un peu trop bruyamment, certes- la porte de la Cabine du Capitaine. Ce dernier était assis à son bureau, entre multitudes de parchemins, poignards, sabres, instruments de navigation de toutes sortes et bouteilles d'alcools, soit entièrement pleines, soit entièrement vides. Le visage de Drakk James Korlanos était caché en partie par son grand Tricorne noir, aussi noir que la plus sombre des nuits. Une nuit comme celle, par exemple, où Phadransie avait tenté de mettre fin à sa vie avec Lame D'Or. 
La Pirate posa doucement ses doigts sur la fameuse arme, enfilée à sa ceinture. Elle ne tanguait pas, c'était bien. Mais le Capitaine n'était pas naïf, encore moins aveugle ou aveuglé, et la démarche de sa Seconde n'était pas des plus exemplaires non plus.


«Tu sais Noire, il n'est guère recommandé de se présenter ivre devant son Capitaine quand celui-ci vous le demande.»


«Je ne suis pas ivre, Capitaine. Juste plus apte à assimiler ce que vous allez me dire.»


Le Capitaine sourit furtivement à sa jeune Seconde, laissant révéler une rangée de dents jaunâtres et argentées.


«Débouche m'en une, Noire.»
«Lequel de nous deux est le plus ivre, Capitaine ?»
«C'est un refus ? »
«Non, simplement une question dénuée de tous sous-entendus.»


Phadransie se saisit d'une des nombreuses bouteilles trônant sur le bureau du Capitaine Korlanos, lâcha un "Morbleu" entre ses lèvres à demi closes en forçant sur le bouchon, et la lui tendit. Ce dernier en avala plusieurs gorgées sèches puis la posa à côté de lui, et se pencha sur le document qu'il était en train d'étudier. Un vieux parchemin en langue ancienne. Phadransie ne savait pas déchiffrer ces caractères écrits. Et elle doutait très franchement que le Capitaine le pouvait lui aussi. 


«Alors, où en-es tu de cet interrogatoire, Ma Seconde ?»
«Il n'a pas encore eu lieu, je viens de dénicher le bâtard d'Azim, mais rien de plus ou de mieux pour l'instant. En revanche je dois vous informer d'un impair qui a été commis contre ma volonté alors que nous foulions le port du Khemsin. L'un des matelots a accidentellement estropié ce fils de pute d'Azim, et ce galeux a crevé des suites de ces blessures. Mais rien  n'est perdu, capitaine, et je compte bien prendre en main "l'éducation" de son cher fils. 
«Comment le trouves-tu ?»
«Un mâle arrogant, comme les autres. Il me maudira puis se tordra de douleur au bout de quelques minutes. J'en aurai vite fini.»
«Ne sois pas dupe, les Princes Sultans ne sont pas des faibles hommes. Celui ci particulièrement j'ai ouïe dire. J'aime ta détermination, Noire mais fais en sorte qu'elle ne t'emporte pas.»
«Je pense avoir suffisamment d'expérience avec les merdeux comme lui, merci, vos conseils ne me sont d'aucunes utilités. Est-ce tout ce que vous vouliez me dire ? Ou peut être désirez vous une autre bouteille ?»
«Tu es ivre, Noire.»
«Non, Capitaine.»


Drakk James Korlanos se leva, toujours son visage mal rasé dissimulé sous son imposant Tricorne. Sans crier gare, il leva le bras et Phadransie ne pu esquiver la gifle qui la percuta. La Seconde jura et perdit l'équilibre, tombant au sol. 


«Vous êtes malade ?!»
«Ho oui, je le suis ! Si j'en suivais le code d'honneur de la Piraterie je te ferai jeter par dessus bord, Noire, un boulet au pied, après t'avoir fait passer sous le pont, entre deux cordes ! Ma bonté me perdra, car tu n'as même pas l'excuse de l'ivresse pour toi ! » 


Phadransie La Noire se frotta la joue et tenta de contrôler du mieux qu'elle pu l'intensité de son regard, braqué sur son Capitaine. Ce dernier bu encore une large gorgée de rhum et désigna le fauteuil en face de son bureau.


«Assieds toi, je pense que nous tenons quelque chose.»
«Vous avez découvert l'emplacement de la Légende ?»
«Pas encore, Noire, pas encore. Mais je crois avoir trouvé autre chose à propos de cet Artefact, de tout autant d'importance.»


Phadransie braqua sa pupille de Ténèbres dans le regard d'acier, presque aussi sombre du Capitaine du Galion Déité, Lame Noire passée au côté.


«C'est une Gemme. La Légende du Dieu fou est contenue à l'intérieur d'une Gemme... »
Sam 25 Oct 2014 - 20:51
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
     ''Clic''

     Au déclic de la clé qui tournait dans la serrure, Abad ne put contenir sa rage plus longtemps. Il se jeta sur le pirate le plus proche en hurlant et lui assainit un violent coup de coude dans la tête. Il savait qu'il ne pourrait pas s'échapper, il voulait seulement lui faire mal, évacuer toute sa fureur. Et, au son distinct du craquement de cartilage, sa fureur avait pris la forme d'une fracture nasale. Abad se sentit tout de suite mieux. Mais son plaisir fut de courte durée.
     Les des autres pirates se jetèrent sur lui et Abad se retrouva bien vite maintenu agenouillé au sol. Phadransie s'approcha, un large sourire narquois aux lèvres :


'' Je peux savoir à quoi tu t'attendais mon cher. Tes armes ont bien évidemment été confisquées, toutes. Je ne ... ''


* Merde, mes armes *


     Abad jeta un oeil au niveau de sa ceinture : en effet, ses dagues d'apparat lui avaient été subtilisées. Il ne s'en était pas aperçu et il ne lui était même pas venu à l'esprit de les utiliser pour attaquer le pirate. Il avait seulement voulu se défouler.


     Phadransie lui parlait encore, mais sa voix était lointaine à présent.


* Comment m'échapper d'ici ? Si seulement j'arrivais à ... *


BAM !


     La botte en cuir dur de Phadransie heurta de plein fouet les côtes d'Abad, ce qui le tira soudainement hors de ses plans d'évasions. Il tomba sur le flan, le souffle coupé.


BAM !


     Abad lacha un petit cris étouffé et un filet de bave gicla hors de se bouche. Ses côtes étaient en feu.


     Phadransie arma son pied, prête à lui asséner un troisième coup. Abad contracta ses muscles, prêt à encaisser le choc ...


'' Seconde Phadransie la Noire, le capitaine vous demande. ''


     Phadransie se retourna. 


     Abad jeta un œil vers l'homme qui venait de parler. Grand, taillé comme une armoire, barbu, tatoué, une créole à l'oreille gauche, des cicatrices, il avait tout d'un pirate. Pourtant on pouvait lire la peur dans ses yeux. On aurait dit un petit chien craintif, dont Phadransie était la maîtresse. 


* Elle ne doit pas mater que les prisonniers *


     Phadransie s'éloigna de quelques pas, puis, s'adressant au grand barbu et aux quatres autres pirates : 


'' Que personne ne le touche, celui ci est à moi. Quant aux autres, je vous laisse les assagir. Faîtes vous plaisir avec la moitié d'entre eux, seulement la moitié. Je veux qu'ils soient en mesure de parler et de voir lorsque je m'en occuperai personnellement. ''


     Elle marcha vers l'escalier qui menait au pont, écrasant mains et visages des captifs, dont certains, vu leur absence de réactions étaient surement déjà morts ... 
En s'éloignant, elle confisqua la bouteille de rhum que tenait l'un des pirates et la vida d'un trait.
     Le prisonnier à ses pieds, vieil érudit avec une longue barbe blanche, marmonnait mains jointes un charabia incompréhensible, surement quelques prières de protection envers Lothÿe. 


'' TOI FERME LA ! ''


     A ces mots, Phadransie frappa de toutes ses forces sur le dos du prisonnier avec la bouteille de rhum qui se brisa en deux. Des morceaux de verres volèrent un peu partout dans la pièce.
     Le vieil homme hurla de douleur.


     Phadransie rajusta ensuite son tricorne, comme si ne rien ne s'était passé et jeta la bouteille brisée aux genoux d'Abad. 


'' Quant à toi chéri, on se dit à toute à l'heure. ''


    Puis, elle grimpa les escaliers, son crochet appuyée sur la rembarde.


*


     Cela faisait maintenant plus de dix minutes que Phadransie avait quitté la cale. L'armoire à glace, qui devait surement être le Quartier Maître, avait remis Abad dans sa cellule et s'était assis devant les barreaux, sa main droite posée sur son genou droit plié, il semblait perdu dans ses pensées. 
     Les quatre autres, après avoir menacé de mort quiconque produirait le moindre son, s'étaient assis sur les marches de l'escalier et avaient  débouché plusieurs bouteilles de rhum. Ils avaient maintenant vidé la troisième, et leur comportement s'en ressentait : ils ne s'écoutaient plus parler, chacun y allait de sa déclaration formelle, capitale et qu'il se devait donc de dire plus fort que ses voisins. 
     Néanmoins, leurs déclarations avaient toutes un point commun, elles concernaient Phadransie la Noire :


'' Comment Korlanos a t-il put la faire passer Seconde ? ''

'' Seconde que je te dis ! Seconde du Déité !! Alors qu'elle n'est là que depuis 5 ans. Moi ça fait 10 ans que je suis sur ce maudit rafiot, et, par Ariel, j'en suis encore à récurer les chiottes ! ''


'' Seconde !! Alors qu'elle a essayé de zigouiller Korlanos durant la nuit ! Et qu'est ce qu'elle en a tiré ? Seulement une main coupé nom de Dieu ! Moi, pour avoir l'avoir regardé de travers, Korlanos m'a fait arracher un oeil avec une petite cuillière ! '' dit le troisième en pointant le bandeau noir qui cachait son orbite droite, avec le goulot de la quatrième bouteille.


'' Vous allez la fermer bande de sacs à merde !! '' hurla l'armoire à glace, que le vacarme des quatres alcooliques avait extirpé de ses pensées. 
     Mais ils continuèrent leur débat de sourd. Le Quartier Maître grommela quelques insultes puis plaqua son dos contre la grille, appuya son menton contre sa poitrine et ferma les yeux. 


     Abad jeta un oeil en direction de Leyla. Elle était allongée sur le sol et semblait s'être endormie, ou du moins elle avait les yeux fermés. 
     Son plan avait marché, Phadransie avait tout gobé et il se sentait soulagé.
     
     Mais pas le temps de se réjouir. Il était toujours là, prisonnier et impuissant, mains et pieds enchaînés. Il fallait qu'il mette en oeuvre la seconde partie de son plan, avant que Phadransie ne revienne. Il y avait déjà réfléchit, c'était sa seule chance de s'échapper. Encore une fois, il jouait le tout pour le tout. 
     Il sortit silencieusement ses deux mains hors des barreaux, au dessus de la tête du Quartier Maître et tendit la chaîne qui les reliaient.


* Maintenant ! *


     Il descendit en une fraction de seconde la chaîne devant la gorge du Quartier Maître. Puis il ramena ses coudes près du corps et la chaîne s'abattit sur sa glotte. 
     Il entendit un petit gloussement étouffé de la victime, qui tirait à présent de ses mains sur la chaîne et se débattait de toutes ses forces pour se soustraire de son étreinte. 


* Il a de la force ! *


     Abad tira de tout son poids, s'aidant de ses pieds avec lesquels il poussait sur la grille afin que son étreinte soit encore plus forte. 
     Le Quartier Maître essaya de se redresser, mais plusieurs prisonniers, qui avaient vu la scène empoignèrent fermement les épaules, les jambes et les mollets de la victime.
     
     Les quatre autres pirates ne voyaient (plus) rien. A présent ivres morts, ils se roulaient par terre tout en grommelant des chansons pirates incompréhensibles. De plus, un petit montincule de tonneau de rhum, disposé à côté de la cellule leur cachait la scène.

     Après quelques minutes, le Quartier Maître perdit connaissance. Abad retira son étreinte. 


'' C'est lui qui a la clef. Fouille le, Ankara '' chuchota Abad au plus proche des prisonniers, qui n'était autre que son ancien maître d'armes.


     A présent, tous les regards convergeaient vers Abad. 


'' Tu es notre seul espoir, Abad '' murmura celui qui avait reçu un peu plus tôt le coup de bouteille de la part de Phadransie.


     Ankara sortit un trousseau de clef de l'une des poches du gilet du Quartier Maître. 


'' Vite essaie les toutes, la borgne va bientôt rappliquer '' dit Abad en tendant ses mains cadenacées hors de la grille.
     
Dim 26 Oct 2014 - 1:53
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Noire
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-Je vois que nous arrivons à la même conclusion, Noire, reprit le Capitaine en grattant son menton broussailleux, ce que nous devront trouver, c'est le temple qui abrite cette Gemme Légende.

-Trouver un culte de Lorin est déjà très difficile, alors entrer dans l'un de ces temples.. L'adoration du Dieu fou et interdite partout sur les Terres et les Mers, il est même punissable de mort dans de nombreuses cités-état. Et nous ne sommes même pas surs que la Gemme est réellement à l'abri dans un temple. Comment pouvons nous mettre la main sur un tel pouvoir ? Par ailleurs, il doit être admirablement gardé. 

-Certes, mais il se peut aussi qu'il ne le soit pas. Dans un tel cas, il serait alors très bien caché..

-Que préconisez vous, Capitaine ? Mettre le crochet sur tous les temples du Dieu Fou et violer leur intimité, en égorgeant, brûlant, massacrant et torturant tous les prêtres que nous croiserions ? 

-Cela me semble être un travail digne de toi, Noire. Rien de très nouveau d'ailleurs, par rapport à ce que tu as l'habitude de faire.

Phadransie laissa quelque secondes passer avant de répondre, étudiant la suggestion et les réponses possibles et logiques qui en découleraient. Jusque là, elle avait profané certes de nombreux temples et bibliothèques, mais jamais elle n'en avait trouvé de consacrés à Lorin. Violer les temples sacrés de Lorin. Trouver la Gemme. Mais provoquer très dangereusement le Dieu.. Oui, mais trouver la Gemme. Un pouvoir légendaire, divin.. La Pirate posa sur le bureau de son Capitaine le verre et se leva de son fauteuil, brandissant son crochet acéré.

-Lorin peut aller crever, lui et ses tempêtes. Il ne m'effraie pas. Capitaine Korlanos, la chasse ne fait que commencer. Dorénavant, je ciblerai davantage les Temples qui lui sont édifiés dans l'ombre. Et pour ce faire, je vais avoir besoin d'informations précises. Les merdeux traînés hors du Khamsin me seront utiles. Néanmoins, ça m'étonnerai déjà qu'ils savent beaucoup de choses sur Lorin et ses cultes, alors l'emplacement de ses temples...

-Le peu qu'ils savent, tu sauras l'obtenir, Noire.

-Ce bâtard d'Azim doit abriter plus d'informations que les autres. Je le briserai pour qu'il me les communique. Il rampera sous mes bottes.

-Je ne doute pas de tes capacités.


*


Phadransie quitta la cabine du Capitaine Drakk James Korlanos de plutôt bonne humeur. Un pouvoir grisant, absorbant et absolu trainait à portée de son crochet. Il lui suffisait de tendre le bras pour l'attraper. Et c'est ce qu'elle allait faire. Tendre le bras.
Elle allait commencer par s'occuper du cas du Prince. 

Phadransie redescendit dans la cave. Des cris qui ne devraient pas résonner envahissaient la cale du Galion. Phadransie se saisit de son pistolet et courut jusqu'à l'endroit où étaient supposés être enchaînés les captifs. Supposés, car déjà la moitié d'entre eux étaient sortis de leurs cellule, et cherchaient à délivrer leurs camarades de leur triste sort en descellant l'anneau de métal qui les reliait au sol. Étendu sur le sol, le Quartier Maître avait le visage particulièrement rouge, et ne bougeait plus. Mort donc. Phadransie visa la main d'un homme, un vieillard maigrichon, barbu, qui tenait à bout de doigts les clés des cellules. Elle savait qu'elle n'avait que deux coups dans son pistolet. Elle allait devoir les utiliser à bon escient, car déjà la vingtaine de prisonniers libres se jetaient sur les Pirates présents, et les ruaient de coups. 

«Tous aux cales ! L'Equipage en alerte, sous le pont ! Bougez vous bandes de merdes !!»


Phadransie sortit son sabre et trancha la jambe d'un homme presque entièrement nu au dessous du genou. Il s'écroula dans une flaque de sang, laissant à la Seconde du Déité l'opportunité de se saisir des clés. Phadransie para l'attaque d'un autre homme avec son sabre, prenant garde à ne pas le tuer. Là aussi, elle visa les jambes. Petit à petit, les autres membres d'équipages accouraient. Phadransie barrait la route à l'une des femmes qui tentait de fuir cette panique, au coeur du sillage d'autres hommes effrayés, caquetant comme de la volaille en peine. Elle lui expédia un coup de crochet en plein visage, qui la défigura à vie.


«Arrêtez les ! Empêchez les de monter les marches ! Foutez moi ces scélérats de merde dans les fers du Déit...»



Elle ne termina pas sa phrase car le corniaud du Sultan venait de la prendre a revers, lui expédiant un formidable coup de poing dans l'épaule. La douleur du coup fit lacher son sabre à la Pirate, et elle fut bousculée, précipitée contre l'une des grilles. 


«Sale...»



Si elle avait son pistolet chargé, elle lui aurait tiré ces fameux 3 coups dans les pieds et la main. Si elle avait son sabre, elle aurait pu lui trancher net les tibias ou au minimum, lui infliger une sérieuse cicatrice. Et si elle n'avait pas été blessée à l'épaule durant l'attaque des Sultanats, elle l'aurait déjà soumis et envoyé à ses pieds avec sa technique secrète des 3 coups, qu'elle maîtrisait à présent presque parfaitement. Phadransie La Noire esquiva un second coup de poing du Prince, et surenchérit avec un coup de pied qui le toucha au ventre. La Pirate allait surenchérir avec un coup supplémentaire, lorsqu'un tonneau de rhum vola d'elle ne sut ou, et la percuta, heurtant sa tête et son buste. Son épaule subit un second choc. Les lèvres presque écumantes de rage, elle discernait à peine ses alliés de ses prisonniers lorsqu'elle réduisit à l'immobilité grand nombre d'entre eux, ceux qui venaient de courir s'interposer entre elle et le Prince. Prince qui avait profité de la perturbation pour fuir, dirait-on. Les Pirates reprenaient l'avantage qu'ils avaient acquis. Phadransie chercha du regard le merdeux qui avait osé rouvrir sa blessure, et raviver sa douleur. Mais à cet instant elle ne le vit plus. Laissant là les Pirates se démerder, car sachant très bien qu'ils étaient plus forts et plus nombreux que ceux qu'ils cherchaient à blesser ou assommer, elle gravit les marches des sous sols en les sautant deux à deux. Arrivée sur le Pont, elle chercha son Prisonnier du regard, au cas où il avait profité du capharnaüm ici bas pour espérer la fuir.
Dim 26 Oct 2014 - 23:55
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
Ankara avait à peine ouvert la porte de la cellule, qu'Abad se précipitait déjà vers Leyla. Il se jeta sur elle et ils se serrèrent dans les bras quelques secondes avant de se repousser aussitôt. Ils étaient gênés, après tout, même dans la cale d'un bâteau pirate à des kilomètres de leur domicile, ils devaient respecter leur standing de monarque. Leyla rougit et détourna la tête, puis dit :


'' Prince, je vous dois la vie sauve, comment pourrais-je un jour vous remercier ? ''




'' Ne vous inquiétez pas pour ça. A présent, nous devons vous détacher ainsi que tout les autres '' murmura t-il


    Leyla comprit pourquoi il parlait à voix basse, quand elle aperçut derrière son épaule, les quatre pirates alcooliques, qui s'étaient à présent endormis, ivres morts.


*

    Plus de la moitié de la cale avait été libérée quand tout à coup Abad entendit une plainte, comme un râle étouffé. Il se retourna vers les pirates. Un d'entre eux s'était réveillé. Sa première tentative de cri avait été infructeuse mais il avait repris son souffle et hurlait à présent comme un putois, ce qui réveilla les autres qui se mirent à leur tour à beugler :

'' LES PRISONNIERS S'ECHAPPENT ! ''

    Tout à coup la porte de la cale s'ouvrit, et un amas de pirates s’y engouffrèrent en se bousculant, succédés par Phadransie, apparemment folle de rage.
     Elle se précipita vers un des prisonniers qui essayait à la hâte de déverrouiller son cadenas à l'aide du trousseau de clé et, d'un coup de sabre, elle lui trancha la jambe , net, sans aucune hésitation.


'' Leyla, ne t'éloigne pas d'Ankara. C'est moi qu'elle veut, je vais faire diversion ! '' 


     Leyla n'eut pas le temps de protester qu'Abad fonçait déjà vers Phadransie. Elle se trouvait dos à lui, entrain de ramasser les clés qui étaient tombées des mains de sa victime. Abad profita de ce moment d'inattention pour lui asséner un violent coup de poing dans l'épaule qui, avec l’élan, l'envoya face contre terre. Elle lâcha son sabre. Abad s'apprétait à lui sauter dessus mais Phadransie fut plus rapide. En une fraction de seconde elle fit volte face et lança un coup de pied dans le ventre d'Abad qui fut propulsé à terre, le souffle coupé. 
     Phadransie se releva avec peine. Le coup de poing d'Abad semblait l'avoir amochée plus que prévu. Elle attrapa son pistolet et appuya sur la gachette. Vide. 


'' RAAAAAAAH !! '' hurla t-elle en le jetant à terre.


     Elle s'avança lentement vers lui, son crochet acéré prêt à l'éventrer vif. 
     Abad, sur le dos, se tenait le ventre d'une main pendant que de l'autre, il aggripait le sol derrière derrière lui pour se tracter le plus loin possible de Phadransie. 


     Quand tout à coup, un tonneau percuta Phadransie de plein fouet, qui fut projetée au sol. 


'' FUIS ABAD ! '',
 hurla Ankara de l'autre bout de la pièce, à côté du monticule de baril de rhum, avant d'envoyer valser un pirate d'un bel uppercut.


     Abad se releva en toute vitesse, plié en deux, il se fraya un chemin à travers la foule en direction de la sortie.




     Phadransie se releva difficilement, elle était couverte de rhum. Elle récupéra son sabre et se fraya un chemin à grand coups de crochets, qui touchèrent alliés comme ennemis. Mais ça elle en avait que faire, car tout ce qui lui importait maintenant c'était de massacrer celui qui avait osé lui tenir tête, cet Abad.


     Quand Abad atteignit le pont, ces yeux furent inondés de lumière. Il dut les cacher d'une main afin de se protéger des rayons du soleil qui s’engouffraient dans ses pupilles et mirent le feu à ses rétines. Quand il retrouva la vue, il pouvait discerner deux escaliers qui se dressaient devant lui, un à sa droit et un à sa gauche, qui permettaient d'accéder à la cabine de capitaine, devant laquelle se trouvait la barre. Derrière lui s'étendait tout le reste du bateau jusqu'à la proue et au milieu du pont s'élevait le mat central, qui atteignait facilement les 13 mètres de haut.


     Abad avait réussit à s'échapper des cales, mais que faire à présent ? Sauter à l'eau ? Toute autour de lui, la mer, à perte de vue; aucune parcelle de terre qu'il aurait pu atteindre à la nage. Il était coincé, piégé comme un rat.


     Tout à coup, Abad sentit sa cheville se dérober. Il tomba à terre. Son menton frappa le sol de plein fouet. Phadransie, était sortit de la câle en rampant et se tenait à présent derrière lui, son crochet tanqué fermement dans son tendon d'Achille. Son épaule gauche était maculée de sang et sa chemise blanche avait viré au rouge, tout le long de son bras. Elle paressait à bout de souffle. Malgès la douleur, Abad lui assainit un méchant coup de pied dans la tête, ce qui lui fit lâcher prise. 
     Abad rampa sur le sol vers le bastingage. Il était épuise, tout son corps lui faisait mal. Seul l'adrénaline qui circulait dans ses muscles lui permettait encore de bouger. Il agrippa la rambarde pour se mettre debout et se tourna vers Phadransie.
     Elle aussi s'était redressé, mâchoire serrée, elle tenait fermement son sabre dans la main gauche, et sa tête légèrement inclinée vers le bas faisait ressortir ses yeux injectés de sang. 


'' Rend toi, ne m'oblige pas à te tuer ! ''


'' Plutôt mourir ! ''


     Elle lui fonça dessus. Abad se jeta sur le côté et, en une cabriole, se saisit d'une serpillière qui traînait là. Il riposta d'un coup circulaire visant les jambes mais Phadransie sauta par dessus. Elle se jeta sur lui. Abad enfonca sa sepillière dans le plexus solaire de Phadransie, puis il la souleva d'un seul coup et l'éjecta par dessus bord. C'était sans compter sur les réflexes de la pirate qui s'agrippa aux cordages. Avec l'élan, elle effectua un mouvement de balancier. Au retour, jambe tendue, son pied percuta de front le visage d'Abad qui tomba sur le sol, K.O, les bras et les jambes en croix.


     
Lun 27 Oct 2014 - 2:11
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Noire
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Phadransie soupira en se rasseyant sur son lit, à l'intérieur de sa cabine. Elle était transpirante, suite aux nombreux mouvements de bras qu'elle venait d'effectuer, sabre à bout de main. Il fallait évidemment que l'épaule qui la fasse souffrir soit la gauche, autrement dit, celle qui lui permettait de viser au pistolet et combattre au sabre. Bien sur, il lui restait son crochet, qui lui permettait toujours d'attaquer, parer, et évidemment torturer. La Pirate souffla doucement, en tentant de réguler sa respiration, et oublia les lancements douloureux qui pétillaient à l'intérieur de tout son bras. Mauvais pour se battre si jamais ça tourne mal, ça. Mais elle allait devoir faire avec. Après tout, rien n'était cassé ou déboité, et son bras se pliait normalement. Ce fils de pute du Khamsin. Elle allait lui faire payer tout ça. Cela faisait des années qu'on ne s'était pas ouvertement foutu d'elle. Phadransie La Noire trempa ses mains dans un bol d'eau plus ou moins claire, et s'essuya le cou et le visage. Elle avisa une chemise propre, mais n'en trouva pas. Elle haussa les épaules et reboutonna celle qu'elle portait tout à l'heure sur sa poitrine, malgré son état peu recommandable. Du sang, -le sien ainsi que celui de ses malheureuses victimes- constellait le tissu blanc. Mais Phadransie était une Pirate qui se devait d'être redoutée, n'est-ce pas ? Le sang lui avait toujours très bien allé. On tapa à la porte de sa cabine à l'instant même où la pirate s’apprêtait à en sortir. Le Quartier Maître, aussi pale et bredouille qu'il aurait pu l'être au sein d'un de ses cauchemars, s'adressa à elle.

 «Seconde Phadransie La Noire, il se passe quelque chose d'étrange avec les prisonniers des Sultanats !


-Quelle chose étrange ?


-Je...je pense que vous feriez mieux de le constater par vous même, parvint-il à bégayer

*

«Allez, réveille toi Abad El Shrata, bâtard d'Azim !!»


Pour la troisième fois fois, un seau d'eau croupie fut balancé au visage du prisonnier de Phadransie. Elle se tenait droite devant lui, les bras appuyés sur ses hanches. Son crochet prêt et d'ores et déjà impatient à trancher des chairs. Le Quartier Maître (qui n'était pas mort, mais conservait toujours son visage enflé et rouge) posa le seau à ses pieds. D'une voix très grave, il laisse jaillir de ses lèvres : 


«C'est bon, Seconde Phadransie. Il émerge.»

«Ce n'est pas trop tôt ! »



Le prince Abad El Shrata était isolé dans une pièce spéciale, au fond des caves du Galion Déité. Une épaisse chaîne avait été enroulée autour de ses poignets, reliée plus haut, à environ deux mètres, à une poutre centrale, le pendant par les bras, debout au milieu de la salle. Ses pieds touchaient à peine le sol, ce qui était fait exprès. Suivant l'ordre de Phadransie, le prince ne tarderait pas à être essoufflé à cause de l'effort que son corps ferait durant des minutes interminables, afin de résister à la traction. En fait, Phadransie La Noire savait qu'il serait essoufflé par bien plus que la position inconfortable dans laquelle on l'avait mise. Elle le vit ouvrir doucement les yeux et se rendre compte de la situation dans lequel il était. Posés sur une table, des "instruments" pour le moins tranchants étaient déposés, ainsi qu'une bouteille de rhum et un tison, prêt à être allumé.


«Alors ? Comment on se retrouve le bâtard. Bien dormi ? Longtemps je dirai, presque une journée entière. Belle tentative d'évasion chéri, mais malheureusement pour toi, elle a lamentablement échouée !!»



Phadransie reprit après avoir violemment saisi le prince par ses cheveux : 


«Je crois que nous allons passer un brin de temps ensemble, toi et moi, Abad el Shrata, rejeton d'Azim du Khamsin ! Comment expliques tu ça, Abad ? Comment parviens tu à m'expliquer cette foutue merde, fils d'Azim !! Je t'écoute !


N'entendant aucune réponse, la pirate secoua le Prince et lui expédia un coup de poing qui vint s'écraser contre sa pommette, sous son air ébahit. 


-Comment expliques tu le fait que tu sois le seul prisonnier Khemsen encore en vie, espèce de bâtard !! Plus de la moitié des prisonniers sont morts inexplicablement, il y a moins d'une heure !! Aucune trace de sang, aucune mutilation, rien ! A en croire qu'ils ont été frappé par le châtiment divin, Abad !! Sauf qu'ici, nous sommes sur le domaine d'Ariel, et ça, ça n'est pas la justice d'Ariel !! D'ailleurs, je  ne crois guère que la Garce des Profondeurs en a quelque chose à foutre de vous autres bâtards des Sultanats !! Alors explique moi ça, Abad ! Que s'est-il passé ?!


Abad, encore étourdi, la regarda d'un air ébahit. Phadransie reprit, encore plus énervée (si cela était humainement possible).  

-Cette foutue moitié de cadavre semblent tous originaires de ta cité merdeuse du Khemsin, tu dois forcément savoir quelque chose, Abad El Shrata ! Et cette autre cité qui vous jalouse, là, comment se fait-elle nommer encore ?

-Le...Levêche..?

-Parfaitement petit prince ! Levêche la trainée ! Pourquoi, au Grand morbleu tous les Levecchains n'ont-il pas crevé bouche ouverte comme tous les autres ?!! Et pourquoi TOI tu es encore en vie ??

L'air totalement perdu et surpris du Prince acheva d'exacerber l'excitation colérique de Phadransie. 

-Tu sais quoi Abad ? Tu es parfaitement inutile ! Tu ne me sers à rien, tu n'es qu'un fils de pute, un rat galeux et empoissé de peste !! Mais j'aurai mes réponses, ho oui, crois moi ! Je ne me contenterai pas de ton foutu mutisme !! Et une fois ce noeud ci démêlé, crois moi, je reviendrai vers toi ! Et nous aurons enfin tout le temps qu'il nous faudra pour "discuter" convenablement, entre personnes polies et civilisées !!!

Folle de rage, les bottes martelant la coque du Navire, Phadransie s'en retourna, claquant la porte. Abad pu l'entendre hurler derrière cette dernière.

«Qu'on m'apporte les survivants !!
*


Phadransie alluma une troisième bougie, puis arrangea avec précision le Tricorne noir qui siégeait au dessus de son front. Elle croisa les bras et joua distraitement du crochet sur son bras. Son épaule la faisait encore souffrir, mais vu qu'ils devaient passer encore plusieurs semaines, voire mois, en mer, elle avait tout le temps de guérir. En face d'elle, le Capitaine referma avec vigueur le bouquin sur lequel il était penché depuis des minutes entière. Une bouteille de rhum noire se trouvait enserrée dans sa main gauche, entre ses doigts crochus.

-Que les catins de la Garce emportent ces feuilles à merde. Il n'y a rien.
-Vous êtes sur de n'avoir sauté aucun mot, aucun verbe ?
-Mot, verbes, Noms, strophes, vers, non je n'ai rien oublié Noire. Aucun indice nous mènera jusqu'à la Gemme dans ce satané texte. Il ne s'agit que d'un damné cantique, d'un fou adressé à un Fou, conclut-il en reposant le petit ouvrage.
-En langage commun ?
-Oui, je ne lis ni la langue des Elfes, ni celui des Nains, ni celui de tout autre. Tu fais semblant de l'ignorer ou quoi, Noire ?

Sur ce, il engloutit une large rasade de rhum. Phadransie fit clairement de l'oeil à la bouteille, regrettant d'avoir déjà terminé la sienne, puis reprit :

-Je ne suis pas comme vous, passer des heures à lire des merdes écrites il y a des siècles par des fils de pute de siresse ne me passionne pas.
-Dans ce cas pourquoi tu es ici ? Tu ne comptes vraiment pas te mettre à la lecture un de ces prochains quarts ?
-Seule la Légende m’intéresse. 

Un autre silence vient s'insinuer entre les deux personnages. Pharansie laissa errer son regard sur le bureau du Capitaine du Galion Déité, ledit bureau réunissant toutes leurs trouvailles, issues de pillages divers sur Ryscior. 

Il y avait là trois piles de cinq bouquins, de tailles diverses. La plupart d'entre eux étaient écrits en commun, mais les pages étaient tellement jaunies et les caractères tellement anciens qu'il était dur de les lire, même pour Korlanos. Deux autres grimoire, traitant de magie élémentaire dans son aspect interdit, étaient rédigés par un Haut Elfe il y avait près de 2000 ans, en langage elfique donc. Enfin, un autre livre, aux pages déchirées, pliées et tournées sur elles mêmes telles des rouleaux de parchemins, était rédigé en langue Naine. Un énième était écrit en un tout autre langage, issu du commun. Ce dernier grimoire était sans aucun doute le plus étrange et le plus intéressant. Rédigé de la main du dernier Elu Divin de Lorin décédé, un certain A. S. Vivian (en vérité il avait fallu des semaines au Capitaine avant de réussir à lire les caractères formant son nom, et les deux mots le précédant étaient restés incompris partiellement, de sorte qu'il se retrouvait avec un bouquin signé "A.s..z. S.xy.ph.. Vivian"), ce livre contenait des symboles étranges et inconnus, écrits de sang, et ni Phadransie ni le Capitaine Korlanos n'étaient aptes à les lire. C'était sur celui ci que le Capitaine Korlanos avait le plus de mal, et c'était à cause de celui ci que Phadransie avait organisé un raid dans les Sultanats. Si elle parvenait à mettre le crochet sur au moins une personne capable de traduire les notes de l'Elu du Fou, alors...
S'ajoutait à cette étrange collection une statuette, pas plus grande que l'avant bras d'un homme, taillé dans le granit, et représentant un homme, tenant entre ses mains ce qui ressemblait soit à un diamant selon Phadransie, soit à un galet hideux selon Korlanos. La représentation, selon eux deux, du Dieu Lorin et de la Légende, laissée sur Rysior, et dissimulée quelque part. Cette statuette volée à un Prêtre d'Antescior avait été leur point de départ. Avec ceci, un vieux parchemin en peau humaine, sûrement, mentionnant de nouveau le nom de "A. Vivian, Favori de Lorin, béni soit le nom du Maître des natures vengeresses." Le reste étaient des cartes de Ryscior, ciblant telle ou telle région, indiquant l'emplacement de temple de tel ou tel Dieu.

Jusqu'à présent, Phadransie n'avait trouvé aucun prêtre ou prêtresse du Fou. Elle était consciente que sans la traduction de l'ouvrage de l'Elu, sans précision concernant la nature de cette Légende -ou cette Gemme- et sans Prêtre de Lorin à sa merci, leur chasse ne serait jamais victorieuse. 

-Et ce Prince alors, reprit le Capitaine en s'affalant au fond de sa chaise, et terminant sa bouteille. Que t'a-t-il dit à propos de notre gêne inattendue ?
-Pour le moment rien, il crache, il peste en s'enfermant dans son mutisme, et il panique comme un ver pris au bout d'un hameçon. J'ai vite vu qu'il ne savait pas grand chose de la situation. Mais j'ai pris les choses en main. 
-Tu as toujours été d'une nature trop impatiente.
-Je devrais l'être même davantage. Il nous faut un cap, nous ne pouvons continuer de tourner en rond sur les mers.
-Sous le regard de la Grande Garce, cap ou pas, c'est là qu'est notre place.
-Je me moque de la Garce, ce n'est pas elle qui nous aidera à trouver la Légende, cria Phadransie en tapant du poing sur la table. Cela fait six heures, oui, plus de six heures, que je suis là à vous regarder essayer de déchiffrer ces bouquins de merde, cherchant dans les élucubrations de ce fou un indice nous indiquant de quel coté tourner la barre du Galion, mais putain, rien, rien, et toujours rien. Tout ce que vous arrivez à traduire, après des jours enfermés dans votre cabine, ce sont des foutus hymnes de tas de saugrenus à la gloire de Lorin ! Où est le temple de Lorin le plus proche ?! Où est la carte indiquant l'emplacement de la Légende ?! Où doit on aller pour arriver enfin à comprendre ce que ce fils de pute de Asz Sxyph Vivian ou je ne sais qui a écrit dans ce bouquin avant de crever ?!

Phadransie se leva d'un coup sur, l'inactivité la rendait folle. Ils avaient sacrifié des centaines d'autres trésors inestimables en choisissant de piller les recueils sacrés du Khamsin.

-Ou vas-tu Noire ?
-Je vais le faire parler.
-Je te veux de retour avant que la dernière bougie ne se soit éteinte. Tu ne t'en tireras pas à si bon compte.
-Je le sais. Et lui non plus.

Korlanos alors, éclata d'un rire sévère et franc, tête penchée en arrière. 

-Tu une femme comme on n'en fait plus Noire ! 

Ignorant son sarcasme -ou son compliment- Phadransie sortit de sa Cabine et se dirigea d'un pas assuré vers les geôles. 


*


Ce fut plusieurs heures après sa première visite faite à Abad, qu'eut lieu la seconde. Le crochet et la peau tachetées de gouttes de sang, et un sourire tout nouveau aux lèvres, Phadransie La Noire s'approcha du prince déchu. Il gardait encore sur ses épaules et son poitrail les traces sanglantes causées par le crochet de sa geôlière. La fatigue écrasante liée à la torture de la position dans laquelle il avait été contraint de se tenir tout ce temps pouvait se lire sur son visage.

Phadransie laissa échapper un petit soupire de jouissance, puis déposa bien en évidence devant le prince, à côté du tison éteint et des quelques lames blanches déposées sur une table, un étrange carnet dont la couverture ressemblait étrangement à de la peau humaine, qui semblait très ancien. A sa vue, Abad blêmit. Phadransie planta son crochet sur la couverture, qui pour peu, se serait tortillée sous le coup en grinçant, puis dit très calmement : 

-Si tu es sage, la première partie de cet interrogatoire sera rapide. Tu peux choisir de prendre exemple sur tes petits camarades, dans les cales du Déité, ou même sur ta putain, accrochée au Mât. Oui tu as bien entendu, je sais qui elle est, Leyla ElMerout, fille de Saqr, reine de Levêche...et ta petite femme ! Les Levecchains ne sont guère résistants à la torture, et sous cette dernière l'unité vole en éclat et finit par disparaître. Ils m'ont très vite désignée leur gentille reine. Qui m'a elle même murmurée à l'oreille les réponses que je voulais savoir. Tu es dans l'ignorance hein, Abad ? Alors laisse moi t'apprendre une chose qui, je le pense, t’intéressera au plus haut point, à cause de son lien avec le Dieu Fou. Penses-tu que c'est un hasard si nous avions mené notre assaut contre Khemsin le jour même où ton mariage avait lieu ? Diantre, non ! Cela fait des mois, petit prince, oui des mois que mes espions placés à Khemsin vous épient. Tout était minutieusement préparé et calculé à l'avance. Et devine le plus risible ? Ce jour même où nous avions prévu d'attaquer, le sultan de Levêche, votre voisine, avait prévu de tous vous empoisonner ! Et il a réussi son sale coup Abad ! Le poison que contenaient les vins et les plats a mis près de 24 heures à agir. Oui, Abad, tu as bien entendu. C'est le Saqr de Levêche qui vous a tué, tous, jusqu'au dernier !!

Sur ce, elle éclata d'un rire pervers à s'en tenir les côtes.

-Belle coïncidence, hein ? Et dire que ta Leyla était au courant de tout ! Une opération judicieusement menée et qui ferait presque couler plus de larmes que de sang. Mais de toi à moi, je t'avoue que j'ai bien envie de rire. Je veux dire, à gorge déployée. Je suis sure que tu comprends, Abad El Shrata. 

Elle poussa vers le rebord de la table l'ouvrage.

-Que sais-tu sur les Elus de Lorin, et particulièrement un certain fils de pute de A. S. Vivian ? L'auteur de cette petite merde en vérité. Il était fou, et peu comprennent les fous. Mais il paraîtrait qu'il a passé plusieurs années de sa longue vie dans les Sultanats. Donc vous devez avoir des chroniques sur lui. De plus, je cherche également des informations concernant l'emplacement d'un secret. Celui des adorateurs du Dieu Fou. Je sais que le culte de Lorin est illégal est puni par...la décapitation, il me semble, dans les Sultanats, et donc en Khamsin. Mais pour décapiter un renégat, encore faut-il le trouver. Là aussi, ton statut de Prince doit te donner accès à pas mal de secrets, puisque le Sultan Feu ton père n'est plus. 

Elle conclut en léchant son crochet, par : 

-Sais-tu pourquoi Khamsin, mon chéri ? Car il y a de ça quelques mois j'ai réussi à poser le crochet sur une prophétesse. Je me suis bien amusée avec cette salope, qui m'a appris beaucoup de choses sur Lorin et sa Légende. Dont l'une d'entre elle : "La Mémoire conservée de la Destructrice, fuis et maudite, est liée à la lignée El Shrata De Khamsin, à l'immortalité du Favori et aux Lettres de Sang des larmes du Fou." 

Elle s'approcha du visage du prisonnier, qui semblait plus mort que vif en entendant ces derniers mots. Ses lèvres se posèrent presque sur la nuque ambrée du fils d'Azim.

-Comprends-tu bien ces paroles Abad ? La Mémoire conservée de la Destructrice est liée à la lignée El Shrata De Khamsin !
Lun 27 Oct 2014 - 19:51
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
     Abad reprit ses esprits dans une pièce obscure et qui sentait le sang. Seule une bougie éclairait la pièce de sa faible lueur. Se réveiller dans des pièces inconnues, il en avait a présent l'habitude. 
     Tout à coup, le monologue de Phadransie lui revint à l'esprit. SAQR, ce fou. C'était donc lui qui avait tout manigancé. La mort de son père et des siens, tout était de sa faute. Leyla était donc au courant elle aussi. ''Non pas Leyla''. C'était le seul être cher qui lui restait, pour laquelle il voulait encore se battre. La seule qui le rattachait encore à la vie. Et Ankara, lui aussi n'était plus. Il n'avait plus personne à présent, autant mourir maintenant, sous le crochet de Phadransie.
     Ses yeux se remplirent de larmes, et tous ses muscles contractés ne purent retenir ses sanglots.
     '' PAF '', la gifle partit en une fraction de seconde. Sous la force de l'impact, sa tête avait fait un quart de tour. Ses yeux étaient grands ouverts, sa bouche béante. Il pensait être seul. De plus, il n'avait jamais reçu de gifle de sa vie. A Khamsin, personne n'était autorisé à lever la main sur le prince, sous peine de mort. Cela faisait un peu mal à vrai dire.


''Comment oses-tu ?, retentit la voix de Phadransie. Cela fait des heures que j'attends que tu daignes ouvrir les yeux, et toi, une fois ouvert, la première chose que tu fais c'est pleurer ? Même pas un remerciement pour être restée à ton chevet pendant tout ce temps ? Pour un prince, je te trouve bien malpoli ! D'ailleurs prince est un bien grand mot, tu as l'air d'un enfant à pleurer ainsi. Non pas que j'éprouve une quelconque peine à torturer un enfant (au contraire) mais bon ressaisis toi l'ami, tu as plein de choses à me dire, tu te rappelles ?'' dit elle en souriant.


    Elle prit une chaise qui se trouvait là et plaça le dos face à Abad. Elle s'y assit à califourchon, reposa sa tête sur son crochet et du majeur et de l'index, elle imita un petit bonhomme qui marchait sur le siège.
     Elle fixait ses doigts fourmillant sur la chaise quand elle dit : 

''On va jouer à un jeu, ça s’appelle -elle détourna son regard vers Abad- tu réponds à mes questions ou je te bute.''
...

''Eh bien Abad qu'est ce qu'il t'arrive ? Tu n'aimes pas jouer ? Les enfants aiment bien ça d'habitude ! 
Je sais, le nom n'est pas très original, mais bon l'avantage c'est qu'on en saisit vite la règle, pas besoins d'explications tu vois, elle sont déjà dans le titre ! D'une pierre deux coups, envoyé c'est pesé. Tu apprendras bien vite qu'ici, le temps c'est de l'argent et, moi, l'argent, c'est ce que je préfère. ''


     Elle sortit une petite boîte de la poche de sa veste et pris un peu de tabac à chiquer qu'elle apporta à sa bouche. 


'' Alors, première question : Où se trouve le temple des adorateurs du Dieu Fou ?


 ...


Eh bien, j'attends''


''Je ne sais pas''


     Elle tendit l'oreille, formant un cône avec sa main : 

'' Pardon, je n'ai pas entendu ? ''


'' Je ne sais pas ''


     En une fraction de seconde, elle se saisit d'une pince que se trouvait sur la table et, en un souffle, la pince étreignait le pouce d'Abad.


''Quand on y réfléchit, reprit-elle, qu'est ce qu'une main sans un pouce ? C'est comme une bouteille sans rhum (ou le H de Hawaii), ça n'a aucun intérêt. C'est vrai, sans pouce, autant se couper la main tout de suite. Qu'en penses tu Abad ?''


''Je ne sais pas''


Elle lui arracha l'ongle. 


''AAAAAAAH !''


''AAAAAAAAaaaah, bah oui !'' elle lâcha la pince qui tomba au sol dans un tintement métallique et se plaça devant lui. 
'' Je sais que ça fait mal mon agneau ! Mais tu ne peux t'en prendre qu'à toi, Abad. Tu n'as pas suivi les règles. Elle était pourtant simples ! Elles étaient inclues dans le titre Abad, inclues dans le titre !! Je dis qu'il faut répondre à mes questions et toi, à la première question que je te pose, tu me réponds ''je sais pas'', dit elle sur un ton débile. Comme si c'était une réponse !''
 Tout à coup elle changea de ton :


'' ES TU SOURD ABAD ?!! RÉPOND, ES TU SOURD ?!!''

''Non !!''


'' EST CE QUE TU SOUFFRES DE DÉBILITE PROFONDE ?!! ES TU COMPLÈTEMENT ATTARDE ? ''


''Noon !!'' hurla Abad crachant sa douleur.


'' Alors pourquoi ne réponds tu pas à mes questions ? Merde quoi, regarde ce que tu m'obliges à faire ! Et encore j'ai été gentille, la prochaine fois tu peux dire au revoir à ton pouce.''


    ''Bon'' expira t-elle doucement pour se calmer en se massant les tempes ''on va faire comme si rien ne s'était passé.'' Elle se replaça devant lui, à quelques centimètre de son visage. 


'' Alors, pour la dernière fois, où se trouve le temple des adorateurs de Lorin ?''


     Abad se redressa péniblement et la regarda droit dans les yeux. 


''Je ne sais pas''


     Elle se détourna, fit mine de s'éloigner puis fit volte face et lui assainit un coup de poing au visage, puis un autre, puis un autre. Elle se défoulait sur lui, tout en criant :


''COMMENT OSES TU ME REGARDER DANS LES YEUX FILS DE CHIEN ! OSES TU DÉFIER PHADRANSIE LA NOIRE BÂTARD !?''

     Quand elle eut fini, elle essuya d'un revers de main le sang qui avait giclé sur son visage et rajusta sa veste. 
     Abad rassembla le reste de ses forces et redressa la tête, la faible lueur de la bougie révéla son visage défoncé. Des ecchymoses bleutaient son visage. Son arcade sourcilière était explosé, laissant couler un flot de sang dans son œil gauche, gonflé et noir. Sa lèvre inférieure était fendue, sa pommette droite semblait brisée, ainsi que son nez. 
     Il lui cracha au visage:


''Je n'ai plus rien à perdre à présent''


     Puis à bout de force, sa tête retomba contre sa poitrine. 


     Phadransie sortit un mouchoir de sa poche et essuya calmement le cracha de sang sur sa joue. Puis elle empoigna la mâchoire d'Abad de sa main, releva sa tête, renifla bruyamment, allant bien chercher jusqu'au fond de sa gorge la glaire qu'elle lui expectora à son tour au visage. 


''Tu as décidé de jouer à ce jeu ? Très bien, j'aime jouer.''


    Elle se dirigea vers la porte et l'ouvrit :


'' Apportez moi la catin !''


     A ces mots Abad détourna la tête. Elle se rassit face à lui et au vue de sa réaction, elle jubila.


''On va bien s'amuser''

*

     ''CLAC''


     La porte s'ouvrit à la volée et heurta le mur. Deux hommes entrèrent, tenant fermement Leyla par les avants bras, ses genoux traînaient sur le sol. 


"Abad, je suis désolée !! Je ne voulais pas ! Je voulais l'en empêcher Abad, je te jure je voulais te le dire !! Je t'en prie pardonne moi, je suis désolée !! Je suis désoléé Abaaad !! hurlait t-elle en pleurant 


     Ses lèvres étaient desséchées et son visage brûlé par le soleil et l'air marin. Malgré ses cris, elle était à bout de force.


''Laissez la là !''


     Les deux matelots jetèrent Leyla aux pieds de Phadransie, lui attachèrent les bras dans les dos ainsi que les pieds et la mirent à genoux. Elle tenait à peine droite, ses cheveux remplis de sel cachaient son visage. Elle murmurait inlassablement :


 ''Je suis désolée, je suis désolée.''


     Phadransie s'accroupie devant elle et empoigna sa mâchoire:


"Tu entends Abad, ''je suis désolée'', imitait t-elle d'une voix suraiguë en faisant bouger les lèvres de Leyla à la manière d'une poupée ventriloque.


     Elle lâcha violemment son visage, Leyla vacilla :


''C'est tout ce que tu trouves à lui dire ? Tu lui as brisé le coeur, ne le vois donc tu pas ?, dit elle en désignant Abad.


     Elle s'approcha de lui :


'' Bon, à vrai dire je ne pense pas que ça soit la seule partie de son corps qui soit brisée''


     Elle ramena le visage d'Abad à la lumière. A sa vue, Leyla eut un haut le cœur. Son visage avait triplé de volume depuis que Phadransie s'était défoulé dessus. Seul son œil droit demeurait péniblement ouvert, l'autre était recouvert par la chair gonflée de son coquard qui pendait presque sur sa joue. Le sang séché s'effritait sur son visage.


'' Eh bien, c'est tout ce que cela t'inspire. Moi je trouve que c'est de l'art !''


'' Qu'est ce que vous lui avez fait ! dit Leyla en sanglotant. Elle allongea sa tête sur le sol et répétait en pleurant : 


''Tout est de ma faute, mon dieu, tout est de ma faute..'' 


'' Et allez la voila repartie ! On t'arrête plus à toi hein ?''


     Elle s'approcha d'elle et tira sur ses cheveux, elle lui murmura à l'oreille :


'' Mais tu as raison, c'est toi l'instrument de la discorde ! Sans toi aucun mariage n'aurait été organisé et ton père n'aurait jamais eu l’opportunité d'empoisonner tout Khemsin "
Et en se redressant : ''Tu mérites d'être punie ... pour être née !''
''Qu'en penses tu Abad ? 
... 
Je prends ça pour un oui''


     Elle s'approcha de la table et se saisit du tison qu'elle enfourna à la volée dans le tisonnier.


''Bon on a quelques minutes devant nous maintenant ! Ouuuuuuh je suis excitééééée ! Je sens que ça va être les minutes les plus longues de ma vie !''


Elle s'approcha de Leyla : ''Alors quelque chose à déclarer chérie, ça va surement être tes dernières paroles alors choisie bien !''


'' Abad, je suis déso ..''


PAF ! La botte de Phadransie frappa sa tête de plein fouet. Leyla s'effondra sur le sol.


''Oh ta gueule, t'es même plus marrante !''


Elle s'approcha d'Abad :


''Et toi ? Peut être un dernier acte heroïque ou tu me dirais, par tout hasard, où se trouve le temple caché de Lorin ?'', elle murmura à son oreille : '' Si tu t'executes, j'épargnerai ton amie ...Non ? Dommage'', dit elle en faisant mine d'essuyer une larme.


''Bon, eh ben je crois que c'est cuit ! C'est l'heure de passer au dénouement.''


     Elle tira le tison hors des braises. Il était à présent blanc, halé de quelques nuances de rouge. Les résidus de charbon restés accrochés se consumaient encore en de légères flammes. 
Phadransie s'accroupie devant Leyla, agrippa ses cheveux pour lui maintenir la tête droite et approcha le tison de son visage déjà brûlé par le soleil. Les effluves de chaleur craquelèrent sa peau déjà figée dans le sel. Ses yeux se desséchaient dans leurs orbites. A quelques centimètres de ses yeux, Phadransie se retourna une dernière fois vers Abad :


"Rien à ajouter ? Très bien."


'' Sous peine de haute trahison, et selon les voeux d'Ariel, moi Phadransie la Noire, seconde du Déité, te condamne à mourir dans ces cales''

     Elle approcha d'un coup vif le tison : 


"Non !"


     A peine le son lui parvenu aux oreilles qu'elle lâcha l'instrument de torture et se dirigea vers la table où elle se saisit du grimoire de Vivian, puis le brandit sous les yeux d'Abad.


''Alors tu sais ce qu'il te reste à faire"


"Vous pouvez bruler ce foutu grimoire, je le connais déjà par coeur.''


     
Dim 15 Fév 2015 - 23:27
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
     Abad ne dormait pas. Assis sur le rebord de la fenêtre, depuis les hauteurs de sa chambre, il contemplait la vue imprenable sur Khemsin qui glissait dans une pente légère vers le port. La nuit était claire, et au loin la pleine Lune se réflétait sur la mer, à perte de vue. De légers embruns caressaient son visage et faisaient virevolter les mèches blondes de son front qui tranchaient par leur pâleur avec sa peau caramel, que les servantes avaient enduite plus tôt d'huiles de senteur. A présent, les servantes dormaient, comme la ville entière d’ailleurs. Seuls les salons à Narguilés près du port étaient encore éclairés à cette heure-ci, accueillant les derniers pêcheurs avant qu'ils ne prennent la mer. Les fenêtres étaient toutes ouvertes, pour laisser entrer cet air frais, propre aux nuits khemsiennes qui coulait sur les draps et les oreillers. 
     Tout à coup, Abad entendit des bruits de pas dans le couloir. Cela ressemblait à la démarche de son père. Il s'empressa de se mettre au lit. A peine avait-il rammener sur lui les derniers draps qu'il entendit la porte grincer. Après quelques secondes, la porte se referma et les pas s'éloignèrent dans le couloir. D'un bond, Abad avait entrouvrit la porte et jeta un œil à travers l'interstice.
Il vit son père emprunter l'escalier Est, qui menait vers l'entrée du palais, suivi du Grand Sage.
''Ou peuvent-ils bien aller ?''

*
''Maître Azim, Irkim et Akhoris sont revenus ! Ils ont capturé L'adorateur.''
Azim, qui ne dormait pas, sauta hors de son lit et enfila ses drapés noirs :
''Où sont-ils ?
- Dans le désert
- Depuis combien de temps ?
- Ils viennent d'arriver, seigneur.
- Préparez les chevaux.
- Ils sont déjà prêts mon seigneur.''
Azim sortit de sa chambre et entreprit de traverser le long couloir menant aux escaliers. Sur le chemin, il passa devant la porte de son fils, puis pris d'une soudaine envie de le voir, il fit quelques pas en arrière et l'ouvrit.
Abad dormait visiblement, tout enveloppé dans sont lit à baldaquins, la fenêtre était restée ouverte. Il le regarda dormir quelques instants.
''Maître, nous devons nous hâter, murmura le sage.
Il referma la porte, descendit les escaliers, traversa la longue salle menant à l'entrée du palais, passa l'arche en marbre sculptée gardée par deux mercenaires et disparut dans la nuit.
     Quand il arriva à la porte Nord, celle menant au désert, son cheval y était déjà attelé. Deux écuyers l'attendaient. A sa vue ils s'inclinèrent.
''Bonsoir mon Seigneur, votre cheval est prêt ainsi que celui du Grand Sage''
Il grimpa sur son pur-sang noir et musclé et le grand sage l'imita. Après un ''Yah'' qui fit cabrer le cheval, ils partirent au galop à travers le désert. 
     Quand ils arrivèrent au point de rendez vous, deux hommes se tenaient là, au milieu du désert dans la lueur des étoiles. Ils étaient grands et fins. Le clair de lune qui se reflétait dans le sable blanc éclairait leur visage en contre plongée : ils étaient fins et émaciés, l'a lueur pale accentuant la maigreur de leur joue. Néanmoins ils gardaient les maxillaires puissantes des hommes virils. Ils portaient une barbe de trois jours et leurs cheveux long descendaient jusqu'à leurs épaules. Par la familiarité de leurs traits, ils devaient être jumeaux. Celui de droite avait une cicatrice en forme de croix sur la joue gauche. Ils étaient habillés d'une armure de cuire légère, et portaient dans leurs dos deux sabres en croix. Leurs chevaux se trouvaient un peu plus loin derrière eux, attachés entre eux par leur bride.
     A leur pied, une masse, comme un homme accroupi enveloppé de drapés noirs bouffants se découpait dans la nuit d'argent. Azim descendit de son cheval et s'approcha des deux hommes suivit de près par le Grand Sage. Les deux mercenaires d'inclinèrent.
'' Irkim, Akhoris, je vous croyais mort après ces 1o longues années. Ou étaient cachés les adorateurs ?
- Dans la jungle monseigneur, répondit celui de droite, par délà le royaume des elfes sylvains et les camps amazons.
- Au centre même de la forêt, c'est là que se trouvait leur repère, finit celui de gauche.
- Avez-vous capturé Vivian ?
- Il est à vos pieds monseigneur'', répondit celui à la cicatrice.
- Par Lothÿe, Khemsin a une chance inouïe de vous avoir, vous êtes les plus grands mercenaires des sultanats si ce n'est de Ryscior. Et le grimoire, où est le grimoire ?''
Celui de gauche, alla sans bruit jusqu'à son cheval, ouvrit une grande besace en cuir accrochée à la selle et en sortit un paquet enveloppé dans un tissu noir. Il revint jusqu'au Sultan et le lui tendit en s'inclinant.
Il était gros et lourd. Azim s'empressa de le sortir de l'écrin. A sa vue, il eut une expression de dégoût : la couverture était faite de morceaux de chair humaine, rappréciés entre eux avec de la corde. La peau était dure comme du cuir, mais des inscriptions y étaient gravées dans une langue qui lui était inconnue. Azim remit le grimoire dans la poche en tissu et le tendit au Grand Sage, tout en fixant Vivian avec mépris.
''Et les autres, où sont-ils ?
- Ils se sont tous donnés la mort au moment où nous pénétrions dans leur repère. Il ne reste que lui.
- Enlevez lui son capuchon.''
Celui de droite lui découvrit la tête. Son crâne se révéla, il était blanc et rasé. Seul, des cicatrices profondes de couleur rose pale tranchaient avec la lividité de sa peau et formaient des inscriptions pareilles à celles de la couverture du grimoire. 
'' Tu vas nous traduire ce grimoire hérétique et nous dire où se trouve cette gemme afin qu'elle soit détruite.'' 
Celui de gauche lui releva la tête, les scarifications se prolongeaient le long de son visage et autour de ses yeux, vides. Ses paupières étaient ratatinées dans ses orbites et un filet de sang sec avait coulé le long de ses joues.
- Il ne peut vous répondre monseigneur, quand nous l'avons trouvé, il s'était déjà crevé les yeux et arracher la langue. Les secrets de la gemme se sont éteins avec lui.
- Il ne nous est donc plus d'aucune utilité, tuez le.", dit Azim d'un geste de la main en se dirigeant vers son cheval.
Tout à coup, les ténèbres encerclèrent Azim. Les jumeaux, le Grand Sage les chevaux et le desert disparurent. Seul Vivian demeurait, accroupi dans l'ombre. Tout à coup, il écarta ses bras drapés et paraissant voler, il se jeta sur le Sultan. Il maintenait le seigneur au sol qui se débattait en vain. Il ne bougea nullement les lèvres mais une voix démoniaque et terrifiante, émana des ténèbres :

''Quand les deux cités jadis ennemies
par leur fils et fille seront réunies
Des galions par la mer arriveront alors
l'enfer résidant à leur bord
Dans le feu tombera la cité
qui paiera pour ses crimes passés
T'échapper jamais tu ne pourras car dans le sang la malédiction est scellée ''
Azim se mit à hurler et à se débattre avec l'air, les yeux grands ouverts, comme assagit de visions d'horreurs. Vivan était toujours accroupi au pied des deux mercenaires et fixait le malheureux.
''Qu'est ce qu'il lui arrive ? cria Irkim et avançant vers le Sultan
- Ne vous approchez pas ! C'est surement une illusion de Vivian, tuez le vite ! '' hurla le Grand Sage.''
Akhoris dégaina son sabre et trancha la tête de l'Inquisiteur qui tomba sur le sable.
Un jet de sang noir gicla sur Azim.

*
''Maître, nous avons tout essayer et nous ne pouvons le déchiffrer.''
Azim se tenait assis sur son trône, au milieu de la grande salle du palais. A ses pieds le Grand Sage était désemparé.
''Avez-vous réuni tous les érudits de la cité ?
-  Oui seigneur, j'ai même fait rapatrier mes confrères Grands Sages des cités d'Ambre et le grimoire ne semble pas être prêt à nous livrer ses sombres secrets.''
Azim avait le teint pâle, les yeux injectés de sang. Depuis que Vivian l'avait tiré dans une de ses illusions, il y a de celà 1 mois, il ne dormait plus la nuit. Tout ce à quoi il pensait à présent, c'était le grimoire. Il fallait qu'il le déchiffre, et mette la main sur cette gemme, à tout prix.
''Maître''
Le Grand Sage le tira hors de ses pensées. 
''Puis-je m'entretenir avec vous... en privé, dit-il en fixant les gardes repartis des deux côtés de la Grande Salle.
- Disposez, dit Azim en levant un bras. Puis quand tous les gardes furent partis: Approche Grand Sage qu'y a-t-il ?
Le Grand Sage monta les marches d'or et arrivé au trône du Sultan, il s'accroupi :
-  Vous souvenez vous du jour où nous avons trouvé Abad, votre fils.
- Comment pourrais-je l'oublier, ce fut l'un des plus beaux jours de ma vie.
- Ainsi, vous devez vous souvenir de ce que je vous ai-dis à son sujet, dit le Grand Sage en baissant d'un ton.
Azim lui lança un regard étonné.
- Nous devions en parler sous aucun pretexte, êtes vous devenu fou ? dit il d'une voix si basse que le Grand Sage pouvait à peine l'entendre.
- Majesté, pardonnez moi de m'aventurer sur ce sujet, mais j'ai besoin de voir votre fils, il en va de la traduction du grimoire et de la découverte de la gemme.''
Azim fixait toujours la nuque du Grand Sage. Il avait confiance en lui, si il osait lui dire cela, ici, en plein jour, c'est que cela devait être important. Il se leva.
- Suivez moi, allons parler dans mes quartiers, les murs ont des oreilles ici.''
Ils montèrent jusqu'au quartier d'Azim et prirent place dans deux fauteuils capitonnés.

- Savez vous ce qu'est un Architecte ? 
- Si par le mot architecte vous désignez autre chose que le maître de chantier, non, je ne sais pas.
- Non, pas les maîtres de chantier Sire, répondit le Grand Sage en esquissant un sourire, comme vous le savez, les elfes possèdent des capacités physiques et mentales supérieures à celles des hommes, ils vivent plus vieux, sont plus forts, plus grands, plus souples, plus robustes. Ces aptitudes leurs viennent de Naraen qui créa les Touts Premiers elfes, il leur insuffla l'essence même de son pouvoir, les modelant à son image. Hélas, cette puissance, se perdit au fil des siècles et des générations. Les elfes que nous connaissons aujourd'hui ne possèdent peut être qu'un dixième de la force de leurs pères. Or, poursuivit il en amenant à sa bouche la tasse de thé se trouvant sur la table basse, il s'avère que quelques nouveaux nés elfes naissent avec un pouvoir surpassant ceux des autres, se rapprochant de ceux de leurs ancêtres. Ils ressortent au hasard dans les populations elfes mais sont souvent issus d'une même lignée. On les appelle les Architectes, en référence a Naraen, le Dieu créateur.
- Très bien mais où voulez vous en venir Grand Sage ?
- Hé bien je pense que le prince, Abad, possède le don. 
Les yeux du sultan s'écarquillèrent d'étonnement. Il but a son tour une gorgée de thé.

- Abad ? Un Architecte ?
- Et bien Sire, depuis sa venue au palais j'ai beaucoup observé Abad, en effet, ce n'est pas tous les jours que  nous avons un elfe des sables dans l'enceinte du palais, ce n'est pas vous qui me direz le contraire, Majesté, dit il en lançant un regard par dessus sa tasse avant de reprendre aussitôt,après plusieurs années d'observation, il me semble que votre fils possède ce don, j'ai voulu vous en parler plus tôt, mais la recherche du Grimoire a remis en question mes priorités. Or, et c'est pour cela que je me tiens devant vous, si mes analyses sont justes, Abad posséderait peut être les capacités nécessaires pour la traduction du Grimoire. ''
Mer 25 Fév 2015 - 18:43
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Noire
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Heaven can wait
Noire
«Vous pouvez brûler ce foutu grimoire, je le connais déjà par cœur.

Pour peu, Phadransie aurait gémit d'extase. La lignée El Shrata détenait les secrets du Grimoire. Ce triste prince allait tout lui dire. Il allait la mener à la Gemme. Bientôt, très bientôt, elle contiendrait la Destructrice dans le creux de la main.

-Je t'écoute trésor.
-Je veux d'abord que le grimoire soit brûlé, rétorqua péniblement Abad. Ensuite je vous dirai tout.
-Ce sont mes volontés, et les miennes seulement, qu'on exécute ici, Abad. Ne m'oblige pas à faire encore plus mal à ta petite chérie, ça nous fendrait le cœur à tous les deux, tu le sais bien. Donc, je t'écoute. Et vite, car ma patience à des limites.

Dans un soupir las, gonflé d'affliction et de lassitude, le prince lâcha les mots qui semblaient lui brûler les lèvres, presque autant qu'à Phadransie.

-Les lettres de sang contenues à l'intérieur du Grimoire de l'Elu de Lorin ne sont pas issues d'un alphabet. Elles forment...

Il s'arrêta.

-Quoi ? Elles forment quoi ?! Abad tu commences à m'importuner. Tu entends ça ? Tu m'importunes !? Tu veux épargner des tas de petits malheurs à ta pute oui ou non ? Tu tiens vraiment à me mettre en colère, oui ou non ? Tu te crois malin, espèce de petit con ?? Oui ou non ??

Phadransie serra les dents afin de ne pas abattre son crochet sur le prince en face d'elle, enchaîné et blotti au fond de la pièce sombre. Leila, au sol à quelques pas derrière eux, semblait terrifier au point de ne même plus oser cligner des cils.

-Que forment ces lettres ?? Pourquoi t'es tu arrêté ?!
-Une carte de Ryscior ! Dit Abad, presque en criant. En ouvrant le Grimoire, en me penchant quelque temps au dessus, j'ai vu l'invisible aux yeux de tous. Ces "lettres" en vérité, si on les décolle, les éloigne et les assemble, indiquent un point sur Ryscior. J'ai passé des mois penché sur ce Grimoire, à reconstruire la carte que les lettres forment, et j'en connais par coeur chaque trait et chaque indication. J'ignore pourquoi, mais en plus d'avoir réussi à reconstruire la carte, j'en ai gravé son image dans mon esprit.

Un moment de silence suivit cette découverte plus qu'inattendue aux oreilles de la pirate. Le prince Khamsin reprit :

-Je sais parfaitement où se trouve ce que vous cherchez. Ce "temple" de Lorin. Et surtout cette Gemme.

Phadransie resta coite plusieurs secondes, assimilant ce qui venait de lui être dit. La version d'Abad se tenait. C'était tout autant crédible, après tout, que l'idée d'un alphabet antique inconnu. Idée à laquelle le Capitaine Korlanos s'était de suite agrippé. Mais quelle preuve avait-elle que le prince ne tentait pas de la duper ? Sans rien dire, le menton appuyé sur son crochet d'acier, elle tourna les talons et quitta la pièce. Abad et Leila la suivirent du regard. Phadransie La Noire claqua la porte derrière elle, froidement.

-Ne jactez pas mes dindonneaux, je ne serai pas longue à revenir, promis. »


*


«Je t'écoute, Noire.
-Je viens juste vous empruntez...ceci, répondit Phadransie en récupérant un vieux papier en peau de bête sur le bureau du Capitaine.
-J'ai dis, je t'écoute Noire. Tu ne ferais quand même pas répéter une troisième fois sa phrase à un homme. Un homme à la gorge si sèche, qui plus est.

Retenant l'impatience qui la gagnait, Phadransie s’essaya face au Capitaine, rangeant le papier dans son chemisier, le roulant avant de le nicher entre ses seins.

-Je connais les secrets du Grimoire du Fou, Capitaine.
-Je n'ai jamais douté de tes capacités lorsqu'il s'agit de faire cracher leur venin aux serpents. Quels sont-ils ?
-Il ne s'agissait pas d'un alphabet. Selon le bâtard d'Azim, ces signes sont des fragments, qu'il lui a fallu mentalement dissocier, afin de reconstruire ce que le Grimoire dissimule : une carte.

Phadransie s'était attendu à ce que Drakk James Korlanos, au minimum cille, au grand mot sursaute de son siège en entendant cela. Elle avait donc guetté avec attention toute particulière le visage de son locuteur, mais ce dernier se contenta de pincer très légèrement les lèvres une fois que la nouvelle lui fut parvenue. Il ne dit rien, ce qui énerva Phadransie et l'obligea à reprendre.

-Et cette chienne de carte nous indique l'emplacement de la Gemme sur Ryscior. Nous serons très bientôt immensément riches et craints, connus et redoutés sur toutes les mers et les Grand'Eaux du monde !
-Allons ma Seconde, nous devons nous laisser le temps de la réflexion avant de crier victoire.
-Vous, vous réfléchissez. Moi je vais chercher cet artefact.
-Et si ce quistre de Khamsin venait d'inventer ça ?
-Il aurait trouvé quelque chose de plus crédible. Je croyais que vous aviez confiance en mes capacités Capitaine ?
-Donne moi le cap.

Phadransie serra le poing et se leva, un regard quasi noir -mais qui devait être d'un gris très foncé- braqué sur Korlanos.

-Sur l'heure Capitaine. Mais pour l'instant, je ne l'ai pas encore.
-Allons, ajouta Korlanos en éteignant entre ses doigts humidifiés la petite flamme tremblotante d'une des bougies éclairant son bureau, tu n'as pas eu assez de temps ? Phadransie La Noire du Déité en aurait besoin de plus ? Que dis-tu d'une journée, Noire ? Ou un mois ? Un Tour peut être ?
-Vous aurez votre cap !
-Tu es couverte de sang je vois, ajouta-t-il en rallumant ladite bougie et fixant son décolleté l'espace d'une seconde, celui des prisonniers ou le tien ?

Phadransie fit un volte face.

-Vous aurez votre cap, je vous ai dis.
-Tu te ramollis Noire. Venir jusque dans ma Cabine, sans même pas une destination à m'annoncer.
-Je suis venue pour ça, ajouta-t-elle d'une voix plus posée en brandissant pour le capitaine dans son dos le rouleau de papier.
-Et le Grimoire ?
-Si vous n'y voyez aucun inconvénient, je souhaiterai le garder. Il est déjà dans ma Cabine.
-Tu as ce droit.»


*


«Nous sommes présentement ici, gronda Phadransie avant d'indiquer la longitude et la latitude du Galion Déité à tout hasard. Indique moi l'emplacement du trésor maintenant.

Phadransie, penchée au dessus l'épaule du Prince, fixait avec impatience la carte de Ryscior sur laquelle il s'apprêtait à noter l'emplacement de la Destructrice. Le Prince prit plusieurs secondes d'hésitation, avant de demander à la pirate à ce que de l'eau soit apportée à Leyla, en échange de cette information. Puis, lentement, il abaissa sa main et sa plume. Phadransie se saisit de la carte, un sourire élargi jusqu'aux joues.

-Nous avons un cap !

Elle et le Quartier-Maître se retirèrent, laissant là une Leila éplorée et un prince déchu. S'assurant que les deux prisonniers avaient les mains liées dans leur dos, Phadransie La Noire éclata d'un rire lascif, convulsif.

-Je vous souhaite une très agréable croisière à bord du Déité et sous le regard de la Grande Garce des Profondeurs ! Car vous êtes à présent familiers de l'enfer d'Ariel, et aussi vrai que mon nom est Noire, vous risquez d'y demeurer un sacré bout de temps ! Sur ce très beau discours foi de siresse, je dois prendre congé. Et pas d'adieux déchirants chéris, cela risquerait, si j'en avais, de me fendre le cœur !»
Mar 31 Mar 2015 - 19:43
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
Après que Phadransie soit sortit de la cale, son quartier maître entra et déposa un sceau près de la porte puis il sortir à son tour.
    Abad était assis au fond de la pièce, ses deux avant bras posés sur la table et la tête pendante. Ses cheveux avaient poussés depuis le temps qu'il était à bord du Déité et ses mèches blondes étincelantes à la lumière de la bougie cachaient son visage.
    Leyla rampa jusqu'au sceau et y but, tête la première. 
Elle but pendant plus d'une minute à grandes gorgées sans respirer, elle se noyait presque dans le liquide. Elle sentait l'eau se déverser dans sa trachée et se répandre dans tout son corps, hydrater sa peau, ses yeux et apaiser les muqueuse sèches de sa gorge. Brusquement, elle redressa la tête respirant fort pour reprendre son souffle, ses cheveux trempés s'étalant contre son dos. Elle se laissa glisser contre le mur, quelques cheveux collés contre son visage trempé, haletante. Elle semblait ailleurs comme saoule. Fixait elle Abad ou le vide ? 
    Quand elle revint à elle, elle se leva, pris le sceau et alla le rejoindre.  Elle reposa le sceau, pris sa main et l'invita à s'asseoir par terre. Il n'opposa aucun résistance, lui aussi paraissait ailleurs, tête tournée il évitait son regard. 
    Elle s'assit devant lui et entreprit de le laver.
Elle trempa ses mains dans l'eau et les laissa glisser le long de son avant bras.

L'eau claire laissait des traînées roses sur sa peau sale. Elle remonta ensuite le long de son bras,  humidifiant ses mains dans le sceau à intervalles réguliers. 
Elle posa ses mains sur ses épaules.
De l'index elle écarta ses mèches et redressa son visage. Pour la première fois il la regarda dans les yeux.
Son visage était toujours enflé. Leyla n'avait jamais vu quelqu'un arborer un air aussi triste. De son pouce elle entreprit de caresser sa joue mais Abad détourna la tête d'un coup sec, ses ecchymoses étaient toujours douloureuses.  
Elle mit son autre main sur sa nuque et s'approcha lentement de lui jusqu'à que leurs lèvres se touchent. Elle leva les yeux vers lui. Soudainement, il l'attira contre sa poitrine et l'embrassa avec plus d'ardeur cette fois-ci. Ils étaient enfin réunis, il oublia tout. Leyla l'allongea sur le dos et retira son haut de soie bleu. Un instant après il était en elle.
Lun 4 Mai 2015 - 21:47
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Noire
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Cela faisait plus de dix jours, maintenant, que le prince du Khamsin avait délivré à Phadransie l'emplacement tenu secret de la Légende du Dieu Fou. Connaissant par cœur la carte que formait le Grimoire du Favoris, le fils d'Azim savait très exactement, pretextait-il, à quelles coordonnées secrète elle menait. Sous l'oeil sévère de la pirate, il avait été contraint de tracer sur une carte maritime quelconque, l'itinéraire qui les guiderait jusqu'à...A quoi ? Probablement une île, puisque perdue au beau milieu des Grand'Eaux. Il n'avait pas eu besoin de rouvrir le Grimoire afin de se souvenir. Abad n'avait eu qu'à plisser les yeux et se concentrer. La carte maritime avait dû apparaître dans sa tête, comme par enchantement. Phadransie s'était demandé si le prince n'était pas en réalité un magicien, mais avait rapidement stoppé court à ses reflexion lorsqu'il avait finit d'inscrire ce qu'il devait inscrire, là où il le devait. Phadransie s'était saisie de la carte, et était retournée à grands pas dans le bureau de Korlanos. Ce dernier, après maints et moults calculs, avait reussi à extraire du marquage des coordonnées. Les voiles avaient été déployées au maximum, la manœuvre exécutée, le brassage tel que le vent soufflait sur la poupe, en allure portante.

Le Galion Déité avait haussé toutes ses voiles.

Phadransie n'avait jamais autant peu dormi de sa vie qu'en l'espace de ces dix derniers jours. Après des mois de recherches, de préparation en vue de l'attaque de Khamsin, d'expéditions, de machinations, elle semblait à la fois si près et si loin de l'objet de ses désirs. Elle voyait la Légende, elle n'avait qu'à fermer les yeux pour l'imaginer. C'était un minéral sans forme particluière, avec des plans lisses, et d'autres anguleux, aussi grand que sa main ouverte, environ. Des sillages lumineux, semblables à des runes gravées, couraient le long de la roche, et bien qu'ils n'emettaient pas une lueur phénoménale, on pouvait sentir qu'ils étaient porteur d'une source de puissance bel et bien vivante. Lorsqu'elle rouvrait les yeux, s'extirpant de cette transe qui lui semblait de plus en plus exquise au fur et à mesure qu'elle s'y plongeait, Phadransie savait que c'était à ça que la Légende ressemblerait. Un peu comme si l'artefact l'appelait, et lui parlait. « N'aie crainte mon Trésor, se surprit-elle une fois à sussurer tout haut. Nous serons très vite réunis. » Les pouvoirs de ce catalyseur légendaire ferait d'elle une déesse. Ou en tout cas la maîtresse de ce monde, et de ces eaux. Personne n'oserait jamais se dresser devant une humaine capable, en une seconde, de déclancher le plus meurtrier des raz de marrée, ou le plus effroyable des cyclones. La puissance destructrice d'un dieu, dans le creux de la main. Cela lui convenait parfaitement.

Plus d'une fois, durant ces dix derniers jours, Phadransie La Noire avait perdu le contrôle de ses nerfs, lardant de coups de crochet tout ce qu'elle avait pu trouver faisant office de victime, dans sa cabine. Oreiller, lit, bureau, murs, cartes et même porte y était passé. Chaque jour, elle avait l'impression que le Déité avançait à la vitesse d'un vieillard boiteux, voire boiteux et cul-de-jatte, et chaque jour elle sentait qu'attendre un jour de plus encore l'anéantissait de l'intérieur. Comme si quelqu'un s'était introduit dans sa tête et son cerveau avec une petite cuiller, et ravinait, piochait, triturait en raclant au maximum contre les parois de son contrôle d'elle même. Plus d'une fois elle était sortie sur le pont en insultant l'équipage. Elle ne s'accomodait pas de ceux qu'elle trouvait endormis, de jour ou bien de nuit. Les ordres de Phadransie La Noire avaient le mérite d'être clairs, tous devaient se démener afin que le Galion donne plus de vitesse. Elle tuait tous les malheureux qui avaient eu l'infortune de se reposer au moment où son œil se posait sur eux. Tous les pirates chancelaient, au bord de l'épuisement, les vivres diminuaient. Phadransie pouvait surgir n'importe quand de sa Cabine, et la terreur qu'elle inspirait à ses hommes incitait même les plus faibles à ne jamais fermer les deux yeux. Une ambiance de terreur planait au dessus de l'équipage, de jour comme de nuit, et ce devait être ainsi, selon La Noire, jusqu'à ce qu'elle ait refermé son poing sur la Gemme de Lorin.

Elle n'avait pas tué le prince et sa femme par pur sadisme. En vérité, puisqu'ils ne lui était plus utile, elle aurait très bien pu lui accrocher un boulet aux pieds et le faire basculer sur le bastingage. Mais c'aurait été risquer de s'attirer les foudres d'Ariel, et cela elle ne le voulait à aucun prix. Alors elle avait préféré lui infliger le supplice de la séquestration et de l'humiliation. Il ne voyait jamais la lumière, et ne risquait pas de la voir de sitôt. Dans ces quelques mètres de geôle à deux, ils devaient partager tous les deux jours l'ingurgitation d'un potage particulièrement peu attrayant d'un point de vue visuel, et infect si l'on y goûtait. C'était peu nourissant en fait, mais ça les gardait en vie. Et les garder en vie, Phadransie y tenait. De plus ils n'avaient ni l'un ni l'autre aucune once d'intimité qu'ils pourraient espérer, et Phadransie se réjouissait en imaginant la douleur qui devait enserrer le cœur de la Leila lorsque ses yeux se posaient sur son prince. C'est à dire en fait, tout le temps. Après les avoir laissé enfermés plusieurs jours ainsi, Phadransie était curieuse de voir l'évolution de ses captifs. Elle avait ouvert la porte et avait constaté que, contrairement à ce qu'elle avait pu penser, les deux époux, bien que maigris et fatigués, semblaient en bonne santé. Elle avait bu à leur santé, puis une fois son rhum vidé, s'était acharné à coup de tesson sur Leila. Lorsque Abad s'était jeté sur elle, elle avait prit un réel plaisir à lui démontrer qu'il était impuissant, et trop afaibli pour espérer quoi que ce soit. Elle l'avait rué de coups, et aurait continué si l'alcool ne la faisait pas tanguer.

« Mais pourquoi ce diable de navire ne veux pas aller plus vite, hein Abad ? Pourquoi ne peut on pas avancer plus vite que ça. Je ne demande pas grand chose, juste que le vent nous accule un p..peu. Pourquoi, hein Abad ?

Il était resté silencieux, avant de lui cracher sa haine au visage. Ca semblait être devenu une sorte de jeu entre eux. Et pour chaque affront qu'il lui faisait, Phadransie avait bien pour objectif de lui faire entendre que c'était sa pute qui payait. Elle avait trainé Leila avec elle, et  faute d'un oreiller en bon état, ou de draps, ou de murs, s'était défoulée sur elle avant de la ramener dans la geôle. Histoire de signer son acte un peu plus en profondeur pour Abad, elle avait conclu cette séance en l'embrassant langoureusement sous les yeux de son époux à terre. Le sang présent dans la bouche de Leila en revanche, l'avait excité. Elle ne saurait dire si elle avait prit du plaisir à faire cela.

Elle en avait prit en revanche, en voyant la colère, la douleur, la désillusion et le désespoir poindre dans les yeux des deux epoux une fois qu'elle eut les talons tournés .

Dix jours de plus filèrent. Phadransie n'était plus retournée voir Abad et sa femme.



*



Phadransie s'était de nouveau rendue dans la cabine du Capitaine. Cela faisait à présent un peu plus de trois semaines que le Déité était en direction de l'île mystérieuse. Et plus ils s'approchaient de cet objectif, plus les rouages du climat semblaient jouer en leur défaveur. Au début, Phadransie pensait que la mer était simplement agitée, une humeur passagère de la Grande Garce. Mais les houles ne paraissaient jamais vouloir s'endormir, et au contraire grandissaient de jours en jours. Le ciel était bas et lourd, comme souhaitant dissimuler un orage. Au bout du troisième jour, des éclairs le zébrèrent, créant des tourbillons à bâbord comme à tribord que le Déité eut du mal à éviter.

-Ceci est normal, avait dit Korlanos. Le trésor que nous cherchons n'est pas un vulgaire coffre de bois gâté et aigri, abritant or,  bagues ou je ne sais quoi d'autres. Il fallait nous y attendre.
-Ce grain de siresse nous retarde grandement, avait répondu sa Seconde, les marins sont épuisés, nous avançons trop doucement.
-Alors va les aider au lieu de pavaner et cracher ta frustation à mes oreilles.

Phadransie avait regardé Korlanos. Longuement. Elle le détestait en fait. En cet instant présent, elle le haïssait. Elle l'aurait volontiers egorgé comme n'importe laquelle de ses victimes. Mais il restait son Capitaine.
-J'y vais Capitaine, avait-elle finit par sourire.
-Noire, attends.

Un silence.

-Débarasse toi du Grimoire, avait-il dit en désignant d'un geste de la main, presque tremblante, le feu de cheminée qui brûlait.
-C'est la chose la plus stupide que vous m'ayez dite, Capitaine.
-Fais le, c'est un ordre.
-Non, jamais putain.

Elle n'avait jamais été aussi directe de sa vie avec Korlanos.

-C'est une mutinerie, ça ?
-Peut être bien. Si vous brûlez ce Grimoire et que ce bâtard d'Abad nous a menti, alors nous n'aurons plus aucune chance de mettre le crochet sur la Légende de Lorin. Tous nos efforts auront été vains, il ne nous restera plus qu'à repartir à Argenterie comme des putes, écumants les mers, vidées de tout. Espérant noyer notre echec dans l'alcool et les bordels des quais. Je refuse que vous nous conduisiez à cela.

Korlanos s'était levé d'un bond. Il avait cette faculté de paraître un instant usé et ratatiné sur lui même, puis la seconde suivante autoritaire, grand et au mieux de sa forme. Une main calleuse et de fer s'était refermée sur les cheveux de Phadransie. Il n'avait pas besoin d'hausser la voix. D'ailleurs Drakk James Korlanso n'haussait jamais la voix face à sa sinistre Seconde.

-Si ton rejeton de prince t'a menti, Noire, c'est que tu as mal fais ton travail. Et si tu as mal fais ton travail tu es incompétente, et tu ne m'es donc d'aucune utilité à bord. Mais je sais, très chère, que ta conscience professionnelle n'est plus à démontrer en ce jour. Je t'ai dis de le brûler. Peut être aurais-tu besoin d'un rappel concernant les lois de la hierarchie à bord de mon bâtiment ? Tout en disant ça, il l'avait tiré jusqu'au feu de cheminée qui brûlait, les flammes à quelques centimètres de son visage.
-Non ç..ça ira.
-Donc tu vas détruire ce Grimoire.
-Sur l'heure Capitaine. Laissez moi le chercher, il est resté dans ma Cabine.
-Non, trancha Korlanos, il est sur toi.

Il la lâcha. En le foudroyant du regard, Phadransie avait sorti le carnet du Favoris, dissimulé depuis des semaines à l'intérieur de sa chemise. Elle le balança au feu.

-Comment te sens-tu ?
-Comme quelqu'un qui n'a pas envie de regretter ce geste.
-Bois.

Il lui désigna une bouteille de rhum posée sur le coin de son bureau. Noire la vida. Ils passèrent la nuit à discuter, vidant des bouteilles, avant que Phadransie, bien trop ivre pour zigzaguer jusqu'à sa cabine -qu'elle aurait de toute façon pas forcément retrouvée ou réussi à ouvrir- lui avoue se sentir bien mieux. Elle s'endormit la tête sur le bureau de Korlanos. Dehors, le tonnerre grondait au moins aussi fort que la veille.



*



Les jours qui suivirent furent pire, les vagues semblaient dotées d'une consience qui leur était propre, se braquant contre le Navire aux voiles noires. Le tonerre hurlait son mécontentement que les éclairs appuyaient. Les tourbillons étaient plus gros, plus imprévisibles. De mémoire, Phadransie ne se souvenait pas avoir affronté pareille tempête auparavant. Mais elle savait la Déesse parfois imprévisible, et bien des histoires courraient sur ses façons de s'amuser en déclanchant une ou deux tempêtes sur les navires. Ou alors ce grain était lié à leur recherche de la Gemme ? Mais Phadransie ne voyait pas en quoi Lorin aurait pu intervenir en personne sur les mers. Le Déité était en sécurité sous la protection d'Ariel. Durant deux jours et trois nuits, Phadransie se battit contre les éléments extérieurs aux côtés des membres d'équipages. La demi dizaine d'hommes qu'elle avait tué au cours des semaines précédentes se fit le plus sentir durant ces jours ci. Enfin, un rayon de lune apparut, et les nuages semblèrent moins noirs, la houle moins furieuse. Phadransie remercia muettement la Garce. Petit à petit, les heures suivantes, les eaux et les cieux se calmèrent, les tourbillons s'écartèrent. Phadransie tomba à même le sol, épuisée. Elle pouvait enfin voir les étoiles et le ciel, et deviner plus ou moins leurs positions, malgré le tonerre toujours grondant et la pluie battante. Elle fit un effort surhumain afin de se remettre debout, et alla faire part de son avis à Korlanos qui tenait la barre. Ensemble, ils se rendirent dans sa cabine dans le but d'étudier leur possible position sur les mers et sur la carte. Le Galion Déité avait dévié de plusieurs lieues à l'est de leur objectif. Trop épuisée pour tenter quoi que ce soit, Phadransie s'occupa de le faire de novueau filer droit après s'être endormie. La pluie semblait avoir doublé de violence, et le tonnerre et les éclairs n'étaient pas totalement occis, mais le ciel était dégagé et la mer plus paisible. Prenant du plaisir à sentir les embruns sur son visage, le vent fouettant sa peau et la pluie trempant sa nuque, Phadransie sentait monter en elle l'excitation de l'aboutissement du voyage.

Il fallut deux jours complets au Galion Déité afin d'être de nouveau au summum de sa forme et remis en état, et deux de plus afin de rattraper l'écart importun.



*



-Capitaine ?

Phadransie referma doucement la porte de la cabine de Korlanos. Elle gardait Lame D'Or dans le creux de sa main, elle même cachée dans son dos. Elle s'avança à pas de velour, tel un voleur ayant peur d'être pris au moment de son larçin. Drakk James Korlanos était attablé sur son bureau, le dos légèrement vouté. Phadransie tremblait d'excitation. Si ses estimations étaient exactes, dans moins de vingt-quatre heures, l'île abritant la Légende serait en vue. Il n'y avait donc plus a hésiter. Elle referma ses doigts humides davatage sur la Lame. Ou frapperait-elle ? Mort rapide ou lente ? Connaissant le bonhomme, il ne souhaitait sûrement pas un trépas rapide, sans même le comprendre. Si elle lui laissait un peu de temps, elle pourrait au moins lui expliquer pourquoi elle avait agi ainsi.

-Que veux-tu ma Seconde ?

Ceci tira Phadransie de ses pensées. Elle s'arrêta à quelques centimètres de Korlanos. Ils se frôlaient.

-Nous suivons de nouveau la trajectoire idyllique.
-C'est une bonne nouvelle, effectivement.

Phadransie vit que Korlanos était occupé à écrire dans son journal de bord. Il le referma doucement.

-Tu as autres choses à me dire, Noire.. ?
-Non, rien...Capitaine. Je trouve juste que nous n'avançons toujours pas assez vite. Ces chiens sont des ramassis de fainéants.

Elle se maudit de son hésitation. Elle aurait déjà dû sentir la lame s'enfoncer dans sa chair.

-Et c'est avec ces fainéants que tu traites depuis plusieurs mois à présent, lui rappella Korlanos. Noire, je pense que tu devrais conserver ta hargne et ta colère afin de les deverser sur quelqu'un d'autre. Crois moi, ça n'est pas moi l'ennemi que tu dois attaquer.

Phadransie ne dit rien, réfléchissant sur le double sens implicite de cette dernière phrase.

-Vous ne savez rien de mes ennemis Capitaine.
-Je pense avoir ma petite idée là dessus. Imagine, Noire. Rêve de la forme que prendra ta colère alimentée par le pouvoir de la Légende, et lorsqu'elle se deversera sur des hordes et des hordes de corsaires Elfes Noirs. Vois la peur que tu feras naitre sur leurs visages lorsque les cinq fléaux de Lorin s'abattront sur eux, tels des chiens à tes ordres, afin de les dévorer.

Korlanos ne sursauta pas lorsque Noire planta Lame D'Or profondément dans le bois de son bureau, à quelques centimètres de son auriculaire.

-Je tuerai tous ces bâtards. TOUS !
-Nous les traquerons, tu massacreras autant d'elfes noirs que ton cœur noir en réclamera, j'en suis convaincu.
-Ils se croient maîtres des eaux, il n'en est rien.
-Je susi d'accord avec toi sur ce point Noire. Mais pourquoi les détestes-tu ?
-Tout le monde les détestes.
-Ta haine envers ces tueurs est plus grande que ça.
-C'est vrai. Je les détestes plus que tout le monde. Ma route a déjà croisé celle de l'une d'entre eux. Et même si il était un paria pour les siens, croyez moi, il l'a regretté.
-Je ne remets jamais en doute tes paroles.
-Je ne serai jamais rassasiée de leur sang !
-Tu devrais reprendre Lame D'Or avec toi ma Seconde. Imagine la jouissance que te procurera le déchirement de leur gorge sur cette arme.

Phadransie avait rangé son arme et serré les poings de rage, vaincue une fois de plus par Korlanos.

-Que cette Gemme soit très vite à nous.



*



Le lendemain, l'île était en vue. Leur voyage depuis Khamsin avait duré en tout plus de deux mois. Phadransie se saisit de sa longue vue et scruta à tribord.

Le ciel était d'un bleu des plus joyeux, le soleil doux et ce qu'il y avait de plus calme en ce monde. Des oiseaux volaient avec une certaine léthargie, en se laissant chuter par ci par là afin de se saisir d'un poisson malchanceux dans leur bec argenté.

-Nous y sommes enfin. La Gemme Légende.

Phadransie ordonna que l'ancre soit jetée, et les chaloupes immédiatement mises à la mer. Korlanos posa le premier le pied sur l'île. Abad et Leila, sous la surveillance du contremaître, furent également débarqués. Korlanos ordonna qu'on leur offre quelque chose de consistant à manger, afin qu'ils puissent suivre la future cadence. Des biscuits durs ainsi que de l'eau douce leur permirent de se restaurer et se ravigorer. Pour sa part, Phadransie était si excitée qu'elle en avait oublié définitivement la fatigue. Ainsi que tous les soucis majeurs que l'équipage du Galion Déité rencontrait, apparemment. Car les rations d'eau potable ne sauraient durer plus de trois jours, il n'y avait plus de nourriture et il était inutile d'évoquer le cas de l'alcool.

L'île semblait assez vaste, elle devait facilement atteindre les mille et des poussières kilomètres carrés. Ainsi, il faudrait bien plusieurs jours pour en faire le tour. Mais en faire le tour ne semblait pas interresser Korlanos et son équipage.

-Remuez vous fils de pute, cria Phadransie. Nous avons une Gemme à trouver !

D'un point de vue extérieur, l'île avait tout de paradisiaque. Le sable de la plage était fin, noir. La roche était également sombre. Autour de la plage, une couronne verdoyante était dressée là. Les pirates s'y enfoncèrent. Ils marchèrent ainsi plusieurs heures, un silence majestueux régnant à leur passage, comme si les quelques animaux présents refusaient de leur faire don du moindre son ou signe de vie. Ils parvinrent à trouver un sillon d'eau claire, et la stockèrent comme ils le purent. Au centre de l'île, une montagne de feu se dressait, à la fois sombre et noble.

-J'ai du mal à croire que la Gemme soit ici, souffla l'un des pirates. Ca ne ressemble pas à Lorin cet endroit. Le dieu est réputé pour ses catastrophes de grandes ampleur, sa brutalité, sa force brute. Ici, tout est harmonieux.
-Et pourtant, répondit Abad, c'est bien l'endroit qu'indiquait le Grimoire de Vivian.

Ils poursuivirent leur marche. Phadransie sentait son cœur battre la chamade, et à la fin, n'y tenant plus, elle courrait presque afin de gravir la pente du volcan.

La chaleur etouffante de la montagne de feu, bien qu'endormie, obligea la plupart des pirates, au minimum à se découvrir, au pire, à se dévêtir en partie. Les roches étaient chaudes, l'air lourd. Phadransie n'avait plus à fermer les yeux pour voir la Gemme. Elle la voyait devant elle à chaque secondes. Elle semblait faite pour elle. Pour qu'elle la brandisse à la vue de ses ennemis.

Les pirates marchèrent environ deux heures à l'intérieur de la montagne. Il faisait de plus sombre à l'intérieur, si bien que vint un moment où ils se crurent en pleine nuit. Ils débouchèrent dans une grande salle, où des murs de pierre étaient dressés. Tous les pirates gardaient leurs sabres ou leurs dromblon à bout de mains. Mais rien ne bougea. Les explorateurs dépassèrent cet endroit, ils avancèrent dans ce qui semblait être un couloir taillé dans la roche, les menant toujours plus bas. Des deux côté de ce couloir, des bas reliefs étaient sculptés, dans une langue à première vue inconnue. La même que celle du Grimoire. Apparemment, une version agrandie de la carte maritime et l'emplacement de cette île avait été gravée un jour par un illustre inconnu. Un Elu Divin ? Sûrement. Phadransie et Korlanos n'y prêtèrent aucune attention, contrairement au fils d'Azim. Une fois ce couloir dépassé, ils débouchèrent dans une autre salle, qui devait probablement faire deux fois la première en matière de taille. Encore une fois, des bas reliefs, représentant Lorin cette fois, étaient gravés. Il fallut bien cinq minutes aux pirates pour la traverser, en grande enjambées.

Puis ils l'atteignirent.

La salle de la Légende, rayonnante, dressée devant eux.

Un vide béant était apparu devant eux, à plusieurs mètres.  Au fond de ce gouffre, de la lave en fusion, visiblement au repos. Cinq passerelles taillées dans la roches surplombaient le vide. Chacune de ces passerelles faisait la même taille que les autres. Elles étaient longue d'au moins une bonne cinquantain de mètres, et fort étroite en terme de largeur, si bien qu'on avait peine à poser côte à côte les deux pieds au dessus. De la cendre étonnament noire couvrait chacune des passerelles.

-Les cinq forces de Lorin, avait dit doucement Korlanos. La foudre, le vent, les eaux, le feu et la roche.

Au bout de ces passerelles, une petite plateforme. Et au dessus de cette plateforme se dressait un gigantesque escalier, montant tellement haut que nul ne pouvait voir ce qu'on pouvait trouver en son sommet.

Mais Phadransie le savait très bien.

Elle enfonça avec détermination son Tricorne sur sa tête, et posa le premier pied sur l'une des passerelles, la plus proche d'elle.

-J'y vais.

Korlanos ne semblait pas d'humeur à polémiquer ou la contredire. La Noire prit une grande inspiration et éclata de rire. Un rire qui se repercuta dans un echo glauque, à travers tout l'espace vide de la salle.

-Ho oui ! J'y vais !
Mar 5 Mai 2015 - 5:38
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Abad El Shrata du Khamsin
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     ''Sors !''


     Le Quartier Maître ouvrit la cellule d'Abad d'un grand coup de pied. Il détacha les chaînes de ses chevilles mais laissa ses poignets enchaînés et l'éjecta vers la sortie. 
Il l'aurait tué si il avait pu, il ne rêvait que de ça depuis qu'il l'avait étranglé dans les cales il y a de cela deux mois, la fine cicatrice entourant son cou le lui rappelant tous les matins lorsqu'il se regardait dans le miroir pour se raser. Mais Phadransie avait formellement interdit de toucher ne serais-ce qu'un cheveux du Prince, ''ou vous aurez affaire à moi''.
     Leyla le regarda s'éloigner le long du couloir, agrippée aux barreaux de sa geôle 


     Lorsque le quartier maître ouvrit la trappe menant sur le pont, les yeux d'Abad furent submergés de lumière. Il sentit les rayons de soleil réchauffer sa peau autrefois halée et caramel à présent blafarde depuis qu'il résidait nuit et jour dans les profondeurs puantes du Déité. 
      Sur sa droite se tenait Phadransie près du pont, l'air serain tandis que les hommes s'agitaient autour d'elle. Les bras croisés, son tricorne vissé sur sa tête elle fixait l'île verdoyante qui se dressait au loin. 
 
''L'île de Lorin'' pensa Abad, la quête ultime de son père se dressait devant lui. Elle avait donc trouver le cap, la Légende allait lui appartenir, malédiction.


Elle aperçu Abad du coin de l'oeil, détourna son regard et s'approcha de lui :


''Ah nous t'attendions Abad, bienvenue à bord ! Tu n'avais pas encore eu l'occasion d'admirer la splendeur du Déité, toi tu connais plus les cales n'est ce pas ?,
 
''Ce rafiot est aussi pourri que ton âme''


D'un revers de la main elle l'envoya à terre. 

''Laisse le Noire, tu as assez fait souffrir ce gamin comme ça, il ne t'as pas menti : l'île est ici. Récupérons la gemme et finissons en." dit un homme d'un ton sec du haut de sa cabine qui surplombait le pont. Il était grand et d'âge mur, probablement 5o ans ou plus et avait une mâchoire proéminente vissée sur un coup de bœuf et de larges épaules. "Où se trouve la gemme mon garçon ?'' dit-il en direction d'Abad d'une voix étonnamment douce et rassurante.


De ses deux mains liées, Abad pointa le volcan.
  
     Phadransie se détourna d'Abad en un juron et se dirigea vers la passerelle qui venait d'être dressée entre le pont et la plage. Elle la traversa et à mi chemin sauta sur le sable noir : 


''Allez on se bouge, la gemme ne m'attendra pas plus longtemps !''


Phadransie avait formé un groupe de 6 hommes pour partir en quête de la gemme, tous équipé de fusil et de machettes. Les autres étaient restés sur le bateau, pour surveiller.
     Ils traversèrent d'abord la plage de sable noir et brûlant sous les pieds nus d'Abad. 
En tête de peloton, Phadransie marchait d'un pas vif et déterminé, Grosse Machoire un peu derrière la suivait d'un pas clopinant. Jusqu'à ce jour, Abad n'avait jamais vu cet homme, il pensait que Phadransie était la capitaine du Déité. Mais après avoir vu la façon dont il l'avait rappelé à l'ordre, il avait compris que le chef ici, c'était lui.
Abad marchait aux côtés du quartier maître qui le tenait pas le bras, en fin de peloton.


     Quand il fallut traverser l'épaisse jungle attenante à la plage, les machettes prirent tout leur sens. Les hommes se frayèrent difficilement un chemin à travers la canopée, tranchant lianes et herbes piquantes qui se dressaient drues devant eux.


     Ensuite, il fallut gravir le volcan, certes le sable était chaud mais ce n'était rien comparé à la roche brûlante. Lorsqu'il arrivèrent au sommet les pieds d'Abad étaient rouges et cloqués. Il n'était pas le seul à avoir souffert de l'ascension du volcan : les pirates transpirants s'étaient assis et éventaient leurs visages cramoisis de leurs tricornes. 


     Comme indiqués dans le grimoire, Abad leur montra l'escalier qui les mèneraient à la gemme. Suivant le trou béant et sans fond qui formait le cratère du volcan, l'escalier taillé à même la roche s'enfonçait dans les entrailles de la bête.


''Allez debout bande de larves, on descend !''


     Après avoir fait trois tours de cratère, ils ne voyaient plus rien. Ils durent allumer leurs torches. La chaleur qui montait du plus profond des abysses leur faisait tourner la tête, et les flammes de leur torches n'y arrangeaient en rien.
     Phadransie mit enfin un pied sur la ''terre ferme''. Mais le sol ne semblait pas tout à fait plat, ils semblaient marcher sur de la lave refroidie et durcie.
Devant eux, une grande arche se dressait, surplombée par la gravure d'une grande pierre taillée. Ils débouchèrent dans une longue salle. Dans les murs étaient excavés des scènes légendaires, toutes représentant Lorin, tantôt déclenchant des séismes et abattant son pied gigantesque, tantôt déchaînant les cieux de son souffle.


     Quand ils arrivèrent au bout de la pièce, une grande passerelle s'étirait devant leurs yeux, elle était rejoint par 4 autres qui partaient de par et d'autre de l'antichambre. Cinquante mètre plus bas rougeoyait de la lave bouillonnant à grosse bulle.


''Le cœur du volcan '' murmura un des pirates.


     A l'endroit où les arches se rejoignaient se dressait un immense escalier en colimaçon taillé dans la roche et mesurant près de 3o mètres de haut. 


     Phadransie fonça seule le long de la passerelle, les autres l'attendaient, anxieux, la suivant des yeux. Elle gravit les escaliers quatre à quatre et bien vite elle était au sommet. Elle semblait fixé une chose que l'on ne pouvait apercevoir d'en bas. 


''La gemme est-elle encore là ?''pensa Abad. Il sentit un frisson parcourir son dos. Il valait mieux pour lui qu'elle y soit.


     Tout à coup Phadransie s'approcha du vide et brandit fièrement la gemme qu'elle tenait dans le creux de ses mains. Tout l'équipage s'accroupit (excepté le capitaine), mains sur la tête s'attendant à se recevoir le plafond sur la figure, ou sentir le sol trembler sous leur pied ... mais rien ne se produisit.


''Cesse tes fanfaronnades la Noire et reviens vite. Avant que tout l'équipage ne se pisse dessus !'', lui hurla-t-il tandis qu'il rebroussait chemin.



     Sur le chemin du retour, les hommes étaient angoissés. Anxieux, ils regardaient sans cesse autour d'eux s'attendant à voir surgir d'un moment à l'autre le dieu Lorin d'un arbre ou d'une fourrée. Mais il n'en fut rien. 
     Phadransie marchait loin devant, elle faisait tourner la gemme dans sa main valide et la fixait avec un sourire fanatique. Son éclat ambré se reflétant dans ses yeux de jais.


     Ils regagnèrent le pont, rabattirent la passerelle, levèrent l'encre et s'éloignèrent de l'île. 


     Ils naviguaient depuis plusieurs minutes déjà, quand tout à coup, Abad entendit un cri ''Regardez !!'' criait un matelot pointant le lointain ''L'île a disparu !''. Là où il y a de cela pas plus d'une heure se dressait fièrement l'île, ne siégeait que l'océan, à perte de vue.

     Korlanos fit volte face et regagna sa cabine : ''Qu'avons nous fait.''
Mar 5 Mai 2015 - 16:43
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Noire
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Heaven can wait
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-Dès lors, maugréa le Capitaine les mains croisées derrière le dos, nous pouvons nous attendre à tout, et particulièrement au pire.
-Vos craintes sont infondées. Tant que nous sommes sur les Grand'Eaux, Lorin ne pourrait rien contre nous, car ceci est le domaine d'Ariel. Et puis, que craindrions nous d'un fou ?
-Ne sous estime pas les Dieux, Noire, ou tu en paiera tôt ou tard le prix fort.
-Peu m'importe le prix. Pour Légende je donnerai bien tout l'or accumulé au cours de ma chienne de vie.
-Ton or ou ton sang. Tu t'aveugles à un point si élevé que ça en devient admirable.
-Je vous répète que nous ne craignons rien tant que nous avons la Déesse à la botte.

Korlanos maugréa un "mmh mmh", peu satisfait, puis entreprit de faire plusieurs pas autour de son bureau. Autour de la Légende, posée au milieu. Phadransie ne l'avait pas lâché du regard, même pour l'espace d'une seconde.

-J'imagine qu'il est inutile de garder Légende dans ma Cabine, sauf si je souhaite t'avoir à mes côtés de l'aube au crépuscule et du crépuscule à l'aube.
-Une mauvaise idée, oui.
-Légende est à toi, Noire.

Phadransie s'en approcha, et posa sa main puis son crochet au dessus. Elle ferma les yeux afin de profiter pleinement de ce contact tant désiré. Puis souleva la Gemme et la prit contre elle afin de l'emmener dans sa Cabine.

-Quel est notre cap à présent Capitaine ?
-J'imagine qu'il te tarde d'utiliser cet Artefact.
-N'importe quel cité ferait l'affaire. Que dites vous de Port-Argenterie ? Nous en profiterions pour boire un coup et fêter cette victoire comme il se doit...après nous être rendus maîtres de la cité !
-Et que fais-tu du Conseil des Capitaines ? Les Capitaines Tarenzione et Leocadas ? Penses-tu qu'ils te laisseront t'autoproclamer Maîtresse pirate ?
-Je ne leur laisserai pas le choix ! D'ailleurs qui sont-ils ?

Drakk James Korlanos éclata de rire.

-Brecianne Leocadas, tu as dû déjà en entendre causer, est l'Elue divine de la grande Garce des profondeurs ! Quelle belle idée tu aurais là de te la mettre à dos !

Phadransie sembla réfléchir à cette information.

-Morbleu, alors que pensez vous des Sultanats ?
-Notre tête doit être mise à prix là bas.
-Justement.
-Je te laisse choisir la destination, avait conclu Korlanos en s'asseyant à son bureau tandis que Phadransie s’apprêtait à sortir.

-Une dernière chose Capitaine. Lorsque j'ai parlé de ME rendre maîtresse d'Argenterie, vous n'avez pas relevé. Pourquoi ?
-J'ai peur pour toi, Noire. Tu as eu une triste vie, et j'espères dans ton cas un avenir plus radieux. Mais si les dieux en décidaient autrement, puisses-tu profiter comme tu le souhaites de tes derniers instants.
-Pfft, vous parlez comme un sot sénile.

Korlanos ne releva pas. Phadransie sortit de sa Cabine en la faisant claquer sec.



*



Tandis que le Galion Déité faisait tranquillement voile vers le Sud-Est, en direction des Sultanats, Phadransie ne parvenait à détacher son regard de la Gemme Légende, même pour dormir. Elle sentait ses paupières s'affaler, sa tête semblait lui peser de plus en plus lourd. Elle était sur son lit, allongée sur le flanc, sa main caressant sans relâche les sinuosités et les angles lisses de Légende. Elle lui parlait sans cesse, ou se parlait sans cesse, susurrant bon nombre de ses plans prévus pour l'avenir. Son pistolet était à portée de main, et elle avait prévu de tirer sur quiconque violerait cet instant d'intimité et de pur bonheur.

La Noire était sur un petit nuage. Tant qu'elle en oublia la Prince et Leila. Ces derniers furent de nouveau éconduits à fond de cale.

Phadransie roula sur elle même, et changea de côté. Elle fit jouer ses doigts sur le bloc minéral, sans cesser ses caresses. La fatigue lui brûlait les yeux et lui faisait tourner la tête. Mais elle n'en avait cure.



*


Quatre jours et quatre nuits s'écoulèrent. Phadransie n'aurait su dire si elle trouva le temps court ou long. La notion de temps ne comptait plus pour elle, désormais. A quoi bon s'inquiéter de la chronologie et la temporalité lorsqu'on avait le monde à portée de main ? Phadransie avait reussi à dormir quelques heures. La bouteille de rhum portée dans sa Cabine de la part de Korlanos l'y avait bien aidé. Elle avait ressenti un manque indescriptible au réveil, et s'était quasi jetée sur son Artefact. Légende n'avait pas bougé d'un centimètre.

Soudain, un cri déchirant retentit dans la nuit. Phadransie crut à un coup de tonnerre. Elle prit Légende contre elle et sortir de sa Cabine comme une fusée. Sur le pont, l'Equipage se levaient en titubant, encore à demi endormis.

-C'est quoi ce bons dieux de bordel bande de larves ??
-Un Navire en vue Capitaine ! S'écria la vigie du haut du nie de pie.

Phadransie n'avait pas besoin de cette information. Effectivement, un Navire plutôt imposant se trouvait à beaucoup moins d'une heure d'eux. Il faisait nuit, et bien trop sombre pour que la pirate puisse identifier ses occupants. Ses voiles, en écho à celles du Déité, étaient d'un noir d'encre, et déchirées qui plus était.

-Foi de siresse ! Comment tu t'es démerdé la Vigie pour louper ce bâtard ?? Tu dormais ou quoi ??
-Non Seconde Phadransie ! Je..Je ne comprends pas, se défendit le marin, la mer était calme, l'horizon dégagé. Il n'y avait pas un bruit lorsque...

Le pirate se tut, tandis que soudain un brouhaha, comme jaillissant de nulle part, frappa le Déité. Phadransie identifia au bout de quelques secondes son origine. Bien sûr, le Navire ennemi en était la cause.

-Ce sont qui ces fils de pute par la Garce ?! S'écria Phadransie énervée. Et c'était quoi ça ? Ce silence soudain puis cette vague de sons ? Et puis levez vous tous putain !! Remuez vous un peu ! Debout tout le monde !
-Leurs intentions sont clairement hostiles ! Ce sont leurs cris que l'on entends. Répondit l'un des Contremaître.
-Je le vois bien idiot ! D'ailleurs ils serrent au vent afin de se placer sur le flanc, un abordage rapide et efficace. Qu'ils viennent ! On va leur montrer qui nous sommes à ces fils de pute !

Le Navire était déjà proche, pas encore pour un abordage, mais trop près pour tenter la moindre bordée. Néanmoins, Phadransie ordonna que tous les canons furent chargés sur l'heure, les boulets liés par paire, les voiles toutes déferlées. Elle s'agita, la Gemme toujours contre elle, et rejoignit la dunette, une longue vue dégainée.

-Je n'arrive pas à les distinguer, ils sont encore trop loin...

Elle décida de laisser tomber la longue vue.

-Remuez vous bande de chiens !! Branle bas de combat !! On va bien rigoler !

Une silhouette imposante se matérialisa soudain comme par enchantement sur le pont du Déité. Le Capitaine se pencha contre la balustrade du gaillard d'avant.

-Ce ne sont pas n'importe quels chiens, Noire, cria-t-il afin de couvrir la tumulte de l'agitation. Mais des corsaires elfes noirs j'en ai bien peur ! Je ne suis certain de rien, mais si vous ne les avez pas entendus approcher, c'est parce qu'ils possèdent des mages et des magiciennes dans leurs rangs. Un sort de silence est très vite activé !
-Un sort de sil...

Jusqu'à cet instant, Phadransie n'avait jamais entendu parler de sort de silence.

-Qu'ils viennent donc, s’esclaffa-t-elle en brandissant la Gemme, je les attends !
-Ils sont habiles, Noire, avait crié Korlanos. Plus que tu ne le penses ! Mets toi bien en tête que pour chaque dizaine d'années que vous avez passés en mer, cria-t-il à l'attention de son Équipage, nos ennemis ont dix fois plus d'expérience !
-Je m'en fous, cria Phadransie. Ils n'ont ni canons, ni Légende !
-Ca c'est vrai, avait ricané Korlanos en prenant la barre.
-Nous devons virer de bord et serrer le vent sans tarder, afin de diminuer le nombres de brasses entre eux et nous ! Puis nous les prendrons de vitesse avec une première bordée !
-Tu as ordonné de faire chauffer les boulets ?


Phadransie s'élança sur le pont, brandissant son crochet à tout vent.

-Canonniers ! A vos postes ! Pas un seul canonier sur le pont, j'ai dis ! Branle bas de combat, paré à border !! Faites moi des boulets rouges, et plus vite que ça ! Nos ennemis riposteront avec la magie, ça va merdailler un max !
-Ca sera inutile pour l'instant, coupa Korlanos. Ils sont beaucoup trop prêts pour une bordée. Leur stratégie est parfaite, faute est de le reconnaître ! Ils se dissimulent à nos yeux et nos oreilles, puis jaillissent sans crier gare, et nous agrippent.

Tandis que le Capitaine Korlanos dirigeait d'une main de fer la manœuvre, Phadransie se chargeait du côté stratégique technique du combat naval à venir. Bientôt, le vaisseau noir fut si proche du Déité qu'il n'y avait plus aucun doute quant à l'identité et l'apparence de ces occupants, même de nuit.

-On va vous donner du temps, Capitaine, cria La Noire. Préparez vous à faire feu !! Percez moi ça !!

Les sabords dévoilèrent leurs sombres et dangereux occupants, prêts à tonner.

-Non, Noire ! Ils sont plus rapides que nous, et trop proches. Nous ne pouvons tenter une bordée.
-Le Galion Déité est l'un des Navires les plus rapides de ces Eaux, s'indigna Phadransie. C'est impossible !
-C'est moi qui le barre, je sais ce que je dis. Si nous misons tout sur notre vitesse, nous perdrons cette bataille.

Phadransie serra le point de rage. Etre tenue en échec par des elfes noirs l'indignait au plus haut point.

-Nous devons retarder l'abordage, cria Korlanos à Phadransie. Sinon ça sera la fin de ce bon vieux Déité !
-Tant que je serai à bord, rien ne sera fini !

Phadransie courut jusqu'au Beaupré et posa un pied fermement sur la mât. La Gemme était posée devant elle. Placée ainsi, à la poupe du Navire, elle aurait le loisir de surplomber un minimum la mer et les vagues.

-A nous de jouer, mon Trésor !

Elle tourna la tête vers Korlanos, même si elle le savait trop loin pour l'entendre et la voir.

-Je vais vous filer un coup de mon crochet, Capitaine. Vous verrez, bientôt tout ceci ne sera rien de plus qu'un heureux souvenir !

Phadransie ferma l'oeil afin de se concentrer sur ce qu'elle avait à faire. Mais au fond d'elle même, elle savait cette comédie était inutile. Légende et elle étaient si proches, qu'elle n'avait pas besoin de se plonger dans une sorte de transe pour lier ses pensées et ses gestes à l'Artefact. Ainsi, les Elfes Noirs pensaient avoir déjà gagés ? Ils s'imaginaient être les seuls, cette nuit, à user de magie ? Phadransie La Noire allait leur prouver le contraire et leur faire vivre une douloureuse désillusion. Elle pensa fort à ce qu'elle désirait. Il lui fallait repousser leurs ennemis, faire chavirer le Navire. Provoquer un incendie à bord maintiendrait un certain temps l'attention de leurs magiciens, ce qui serait idéal pour ensuite serrer le vent et les cannoner. Il fallait le feu du ciel. Le feu du Fou.

Cinq forces de Lorin.

La foudre des cieux.

Le vent des airs.

Les eaux des mers.

La roche des terres.

Et le feu astral.

Le Feu Astral.

Les cieux semblèrent se déchirer, strates après strates. Un noir d'encre, à l'image de la détentrice de Légende, s'abaissait au dessus des deux vaisseaux, tandis qu'un vent de plus en plus importait se lever. Ce que Phadransie désirait, c'était une foudre impitoyable. Une foudre de masse, telle que personne présent ici n'en aurait jamais vu. Un Feu D'Elme tel que le Mât entier se consumerait en un éclair, avant même que les elfes noirs tentent quoi que ce soit afin de le stopper.

Les eaux et les cieux grondaient férocement, et s’obscurcissaient, mais rien d'enflammé ne semblait vouloir jaillir des cieux à la demande de Phadransie. L'Ennemi était à présent presque accolé à son objectif.

Phadransie semblait encore loin du sien.

Des grappins jaillirent du pont adverse, s'accrochant au Déité, au bastingage, liant les deux vaisseaux.

-Noire ! Tu n'as pas jusqu'à l'aube !

Phadransie hurla de rage et de frustration, puis se saisit de la Gemme dans sa main valide et la brandit dans les airs. Un coup de tonnerre, plus lumineux qu'elle n'en avait jamais vu jusqu'à présent, frappa les mers, sur le tribord adverse. Cela ne déstabilisa pas les Elfes Noirs pour autant, et ils passèrent à l'abordage.

Un second éclair chuta, s'écrasant pile entre les deux vaisseaux. La plupart des pirates Elfes Noirs fendant l'air furent engloutis, frappés de plein fouet par l'éclair.

Phadransie ne s'en rendait plus compte mais elle hurlait, demandant, et exigeant, de la part de Lorin, que le Feu s'abatte sur leurs ennemis. Toujours rien ne se produisait, mais en revanche, ils avait le vent pour eux. De véritables rafales s'abattaient sur le Navire ennemi, allongeant toujours plus efficacement l'écart qu'il y avait entre les vaisseaux.

Les mages Elfes Noirs réagissaient avec vigueur, et contraient les forces du vent du mieux qu'ils le pouvaient tandis que les pirates, tirant parti de l'effet de surprise, tranchaient net tous les grappins, un à un.

Bientôt, ils durent se mettre à deux, voire à trois pour contrer le vent de Phadransie, et le Galion Déité dû battre de l'aile afin de ne pas rouler sous les houles. «Ils savent ce qu'ils veulent...» Sentant qu'elle "perdait du terrain", Phadransie eut un instant d'hésitation et le tonnerre se tut tandis que les éclairs cessaient. Son vent perdit de la puissance une demi seconde, puis cria de plus belle, et il redoubla de puissance. Le ciel vira au pourpre, comme gorgé d'un feu céleste, tandis que le vent s'acharnait sur le Navire ennemi.

Elle n'allait pas laisser les Efes Noirs revenir à la charge une seconde fois. Un véritable enfer avait embrassé les deux Navires, la puissance des vents étaient telle qu'on craignait de passer par dessus bord sur le pont du Déité, et le risque était deux fois plus important chez leurs ennemis. Pas moins de quatre mages et sorcières tentèrent de fortifier leur Navire, empêchant les leurs de s'envoler comme poussière à la brise, afin de se voir happé par ce qui ressemblait ni plus ni moins à une tornade en naissance.

-FEU !!

Le Galion Déité profita de ce contretemps pour effectuer une bordée.

-Les doubles puis les boulets de feu ! Avec un grain pareil il se propagera en moins de temps qu'il n'en faut pour égorger un homme !

Les boulets avait été au préalables chauffés au feu, anticipés pour un cas de figure comme celui ci. Phadransie entendit leur chant assourdissant lorsqu'ils s’abattirent sur le Navire adverse. Les premiers coups furent engloutis par les eaux. Korlanos ordonna qu'on ajuste la portée, car la puissance du vent et l'a force centrifuge sur leurs ennemis était telle qu'ils perdaient plusieurs mètres de terrain en un temps record.

La seconde salve, portée par le vent du Fou, atteint son but. Les boulets rougis, chauds, provoquèrent un incendie sur l'une des voiles perroquet, au dessus du hunier. Comme prévu, les quelques flammes se propagèrent. Elles furent néanmoins rapidement éteintes par la force des vents qui les soufflèrent sans une once de compassion. Korlanos ordonna que l'on prépare une troisième salve, de soixante munitions cette fois ci, dont la moitié au moins avait pour objectif d'atteindre leur cible.

Le Navire Elfe Noir fut démâté.

Phadransie tomba à genoux, épuisée. Son corps la faisait souffrir, alors que quelque chose en elle, comme une conscience intérieure, lui criait de se relever. Elle se força à se remettre debout, la Légende restée à ses pieds, et cria de stupéfaction. Tout autour du Déité, une dizaine de Navire était prêts à tirer une bordée. Le vent ne semblait même pas les faire dévier le leur point fixé, et des centaines de corsaires s'activaient à bord.

Phadransie reprit son souffle, consciente qu'elle n'aurait pas assez de force pour repousser tous ces ennemis. Et d'où pouvaient-ils bien tous sortir ? Un sort de silence encore ? D'invisibilité ? Elle chercha le Capitaine Korlanos du regard, mais ne le trouva pas.

Elle n'avait désormais plus le choix.

Phadransie La Noire se saisit de la Gemme et changea de position sur le Navire, elle grimpa encore plus en hauteur sur le pont, le gaillard d'arrière lui semblant un bon point de position. Ainsi, elle pouvait voir un maximum de ses ennemis. Le Galion Déité était complètement encerclé.

Phadransie se jura de détruire cette flotte, chacun de ces Navires. Elle leva ses deux bras au ciel, emplie d'une rage de vaincre décuplée. Tout tournait autour d'elle, sa tête également, et il était difficile de rester immobile malgré la danse qu'effectuait le Galion.

Des éclairs éblouirent tellement le paysage, que tous se crurent au zénith l'espace d'une seconde, et se protégèrent les yeux, aveuglés quelque temps. La seconde salve d'éclair fut moins puissante que la première, et la troisième également. Phadransie appelait le feu avec toujours autant d'intensité, mais il ne semblait pas venir. Quelque chose clochait.

Les Navires, que la foudre avait frappé de plein fouet, ne semblaient avoir subis aucun dégâts. Leurs occupants non plus.

-Noire, c'est fini, cesse !!

Phadransie reconnut la voix de Korlanos. Elle appelait encore et encore le Feu Astral. "Embrase les pour moi." Au loin, la tornade s'était éteinte, tandis que le feu opposé refusait de naître et tournoyer sur les ponts adverses. Phadransie essaya encore, puis tomba d'épuisement. Elle sentit les mains de Korlanos la soutenir. Sa concentration en fut gênée.

-Arrête Noire ! Nos ennemis ne sont plus là !
-Ils vont nous couler !!
-Non, pas eux. Ils ne nous feront rien !
-Je vais les brûler, s'obstina Phadransie.
-Noire, nos véritables ennemis se sont enfuis. Ils ont détourné notre attention avec un sort d'illusion.

Il ajouta, plus lentement.

-Ils ont fui dès qu'ils ont compris que tu étais capable de tenir à distance plusieurs de leurs mages.

Phadransie avait la tête qui lui tournait, elle discernait à peine Drakk James Korlanos.

-Q..Quoi ?
-Ce sont des illusions qui se dressent autour de toi, les vrais ennemis sont loin.

Phadransie roula sur le dos, bien que déjà au sol. Korlanos la surplombait, l'air sévère.

-Allons, tu as compris ce que je viens de dire ?
-Que..nous les avons vaincus ?
-Pas vaincus. Mis en déroute. Ce qui, en soit, est déjà une victoire. Je ne connais aucun Navire ni Capitaine de Navire capable de se vanter d'un tel exploit.

Un silence s'ensuivit. Le vent était tombé, par magie. Le tonnerre s'était tu. Seule les cieux demeuraient rougeoyants et les vagues agitées.

-Et bien, Noire, clama Korlanos. Es-tu fatiguée au point de désirer dormir sur le pont même de mon Galion ?

Phadransie se saisit de la Gamme et sourit, comblée, avant de sombrer dans une sorte de sommeil léthargique.

Le Galion Déité n'avait subi presque aucun dégât. Et les Elfes Noirs étaient désormais loin. Phadransie ne rêva pas, et elle émergea de sa léthargie pas moins de trois jours et trois nuits plus tard, les membres endoloris et la tête battante.
Jeu 7 Mai 2015 - 0:35
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
     Une première secousse sortit Abad de son sommeil, la deuxième le fit se lever. Le pirate qui montait la garde, un gamin d'une quinzaine d'année paraissait désemparé.
Abad se tourna vers Leyla dans la cage attenante, elle aussi avait ouvert les yeux, elle le fixa, inquiète
     Tout à coup la trappe menant sur le pont s'ouvrit : 
''On est attaqué ! Tout le monde sur le pont, dépêche toi ! cria le pirate pour couvrir le brouhaha qui régnait à l'extérieur. Il était trempé jusqu'aux os et devait froncer les sourcils afin que l'eau ne rentre pas dans ses yeux.
- Qui nous attaque ? demande l'autre, le teint blême.
- Des Elfes Noirs''
Le matelot écarquilla les yeux, sous le choc. 
''Allez du nerf !''
Il était pétrifié.
''ET QUE CA SAUTE !!
- Non je ne peux pas, les Elfes Noirs ... on va tous mourir !'', il était désemparé, son regard perdu dans le vide.
- Restes ici dans ce cas, mauviette ! Mais si nous gagnons cette bataille, Phadransie aura ta tête sur un pique ! Et si nous la perdons ...'' il ne finit pas sa phrase, pensant aux tortures atroces qu'infligent les Elfes Noirs à leur prisonniers.
Il referma brusquement la trappe. Le matelot se mit les mains sur la tête et jura avant de faire les 1oo pas. D'autres secousses se firent sentir, plus fortes que les précédentes.
''Hé, cria Abad ses deux mains agrippées aux barreaux, laisse nous sortir''
L'autre ne l'écoutait même pas, ''trop jeune pour mourir'' répétait il, ''trop jeune''.
''On va tous mourir de toute manière, personne n'échappe aux Elfes Noirs. Ne nous laisse pas enfermer ici. Laisse nous mourir libre, avec un semblant de dignité !
- Trop jeune pour mourir, non, je ne mourrai pas ce soir, beaucoup trop jeune pour ...''
- Tu es des Sultanats n'est ce pas ?''
Le jeune homme tourna la tête vers le Prince, interloqué.
''Je l'ai su dès que je t'ai vu, et à la manière dont tu parles, tu viens de Khemsin, ma cité. Comment à tu pus prêter allégeance à ces démons ?, dit il avec dépit
Quel est ton nom ?
-Marod, Marod Maktar, répondit le garçon. Quand ma mère est morte, on père m'a vendu à un marchand d'esclave. J'avais 14 ans. J'ai réussi à m'enfuir et je suis arrivé ici.'', répondit-t-il d'un ton neutre.
Le bateau tanguait tellement à présent qu'Abad avait du mal à tenir debout.
''Ecoute, aide nous à nous enfuir. Echappons nous ensemble ! Je reprendrai le trône qui m'attend à Khemsin et une fois la bas je te couvrirai de plus d'or qu'une vie de pirate ne pourra jamais t'apporter ! La piraterie n'est pas faites pour toi, qui crois tu duper ? Tu es un homme bien, tu mérites une famille, une femme et des enfants qui t'attendront chaque soir, et un bout de terre à ton nom ! Tout ça, je peux te l'offrir !''
Le gamin fixait Abad, les yeux remplis d'espoir.
''Allez maintenant ouvre la porte et met fin à cette folie !''
Il regarda d'abord autour de lui, comme pour vérifier si il y avait quelqu'un. Puis il s'approcha lentement, arrivé devant la grille, il prit doucement le trousseau de clef dans la poche arrière de son pantalon.
Il chercha un instant la bonne clé, puis la tendit lentement vers la serrure ; il hésita un instant :
''Promis ?
- Promis .''
La clé fit une tour dans le cadenas et la grille s'ouvrit. ''Libre''
Abad sortit de la cage. L'autre lui sourit.
PAM !
Abad lui assainit un coup du gauche qui l'envoya à terre, KO.
''Comment as-tu pu mettre à sang ta propre ville ?! Tu as laissé ces pourritures tuer mon père, ton roi ! Qui me dis que ce n'est pas toi qui ait lancé le boulet de canon qui l'a tué ?! Tu as massacré des femmes et enfants, que tu connaissais peut être, avec lesquels tu as grandis ! Et tu croyais que j'allais te laisser t'enfuir ? Tu ne vaux pas mieux que ces racailles que tu sers, tu es pire !'' hurla-t-il.
Il récupéra le trousseau de clef resté dans le cadenas et entreprit difficilement de chercher la clef qui ouvrait la cellule de Leyla, sa main gauche ankylosée. Il se tenait debout au dessus de Malord.
''Bien envoyé, lui dit Leyla avec un sourire malicieux.
- Merci, j'en avais besoin'', lui répondit-t-il
Enfin, la clé qu'il essayait tourna et le cadenas sauta en un ''clic''. La porte fut à peine ouverte que Leyla se jeta dans ses bras. Il s'embrassèrent longuement.
''Partons maintenant ! dit Abad tandis qu'il ramassait le sabre du vaincu.
- Mais comment ?
- On prendra une chaloupe ! Ils ont des canots à l'avant. Je les ais entendu dire qu'ils voguent vers le Sud Est, on ne doit pas être très loin de mon pays. On naviguera jusqu'à ce qu'une navire Sultanien nous récupère, je leur expliquerai que mon père était Azim, le roi martyr de Khemsin et ils nous rammèneront.''
Il mit le sabre à sa ceinture et leva la tête vers Leyla. Elle le regardait d'un air dubitatif, du coin de l’œil.
- Ecoute, c'est le seul plan que j'ai, il n'est peut être pas parfait, mais c'est le seul, dit-il en posant ses mains sur ses épaules. Dans tous les cas une chose est sûre, je ne passerai pas une nuit de plus ici, nous avons attendu ce moment trop longtemps. Je préfère encore mourir en mer, tant que je suis avec toi.''
Il la regarda droit dans les yeux. 
''Ensemble ?
- Ensemble. ''
A nouveau, ils s'embrassèrent.


''Tu sais te servir d'un sabre ? lui demanda t-il tandis qu'ils remontaient le couloir main dans la main, menant la marche.
- Euh, j'ai déjà joué au cricket avec mes soeurs.''
Abad esquissa un sourire.
''Reste bien derrière moi, lui dit-il tandis qu'il ouvrait la trappe, ce sont les derniers instants que l'on passe ici !''
     Une trombe d'eau s'abattit sur leurs visages. Ce fut comme si on leur jetait un sceau d'eau en pleine figure. La pluie coulait le long de leur visage, ils voyaient comme à travers une vitre mouvante, les éclairs qui embrasaient le ciel les aveuglaient.
Autour d'eaux régnait le chaos, les pirates courraient dans tous les sens, devant eux, deux se rentrèrent en plein dedans et retombèrent lourdement sur le plancher. 
''SURTOUT NE LACHE PAS MA MAIN !'' lui hurla-t-il pour couvrir le vacarme.
Leyla acquiesça d'un signe de tête, une main au dessus de ses yeux pour se protéger de la pluie et du vent.
Ils enjambèrent les deux pirates et marchèrent avec difficulté vers la proue du bateau. Ils avaient le vent de face, et la pluie s'abattaient sur eux en cascade. Ils étaient presque aveugles. Les autres pirates aussi visiblement puisque personne ne semblait les remarquer. Sur leur droite deux pirates venaient de finir de ficeler un monticule de tonneau qui tanguaient dangereusement. D'autres courraient avec des boulets dans les mains.
Abad, releva les yeux, un bras sur son front. A tribord, un bateau noir fonçait sur eux, à toute vitesse. ''Les Elfes Noirs'', il vit Phadransie en tête du galion, ''elle utilise la gemme !''
''ABAD !! hurla Leyla qui sortie Abad de sa stupeur. Il continua à avancer.
- NOUS Y SOMMES PRESQUE !! ... Encore quelques pas !!'' se répétait-t-il.
Les canots se trouvaient à 2 mètres d'eux, mais ils semblaient inatteignables.
Tout à coup un des pirates leur bloqua le chemin. Il dégaina son sabre, ils les avait reconnu. Il leur fonça dessus en hurlant, prêt à les trancher en deux. Abad s’apprêtait à riposter quand au loin Phadransie leva les bras en l'air.
Une rafale de vent colossale les envoya vers l'océan, tout prêt à les engloutir. Abad eu juste le temps de s'accrocher à la corde qui retenait les tonneaux. Un des tonneaux se décrocha et percuta le pirate de plein fouet qui fut éjecté par dessus bord . L'océan n'en fit qu'une bouchée. 
Il se remit péniblement sur pied.
Dans sa chute le pirate avait lâché son sabre qui avait attéri au pied d'Abad, il le ramassa et le donna à Leyla.
''RIEN DE CASSE ? demanda-t-il
- CA VA, DEPECHONS NOUS !!''
     Ils avancèrent jusqu'aux canots. Abad entreprit de faire coulisser les cordes jusqu'à faire mouiller l'embarcation. Mais une puissante vague vint le désiquilibrer et la corde se coinça dans la poulie..
''EH MERDE !! ON A PLUS LE TEMPS ! MONTE DANS LE BATEAU !'' hurla t-il.
Leyla enjamba la rambarde, il la rejoignit. Il lui tendit la main qu'elle serra de toute ses forces. 
''A 3 coupe la corde, et on ...''
''Je t'aime''
Leurs regards se croisèrent, un instant il se perdit une nouvelle fois dans ses yeux bleus.
''Je t'aime aussi'' 
''A 3, 1, 2 ..''
PAN !
La balle fusa à la vitesse de l'éclair. Leyla resta figée un instant puis apporta une ne main a son ventre, ensanglanté.
''Non..''
Elle chancela. Sa main chercha la rambarde, son bras pivota et elle s'écroula. Abad eu juste le temps de tendre les bras.Une tache mauve se dessinait sur son haut bleu, au niveau de son foie. Abad mit une main sur sa blessure.
''Non, non, non, non, non, non, non, pas ça, pas maintenant !''
Du sang bouillonnait hors de sa bouche, elle regarda Abad apeurée et tendit une main vers son visage. Il prit sa main et la serra contre sa joue puis il la sentit se détendre doucement entre ses doigts. Ses yeux bleus étaient toujours ouverts, mais ils avaient perdu toute leur flamme. Elle était morte. Il la ramena contre sa poitrine.
''AAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH !!'' hurla-t-il vers les cieux, ses larmes se mêlant à la pluie sur son visage.

     A l'autre bout du Déité, le quartier maître sourit, son visage illuminé par la lumière blanche des éclairs.Il apporta son fusil à sa bouche et souffla dans le canon, il en sortir un son cuivré, masqué par le grondement du tonerre.

Edit de Dargor: Que vous mettiez une grosse police, soit. Que vous mettiez des interlignes monstrueux passe encore. Mais tu arrêtes tout de suite de centrer le texte. J'ai édité ton message pour cette fois, la prochaine fois je compte sur toi pour le faire toi-même.
Changer la mise en page, même si ça fait 8 mois que j'écris comme ça (surtout que je ne suis pas le seul à le faire, cf Jack Lissander A la taverne des pièces de huit), okay. Me faire prendre de haut, non. Il y a des façons plus gentilles de dire les choses aux gens.
Je compte sur toi pour être plus poli.
Jeu 7 Mai 2015 - 3:45
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Abad El Shrata du Khamsin
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Abad El Shrata du Khamsin
« On accoste ! Jetez l'encre ! », beugla le quartier maître. Ils arrivèrent au port de Salamé au coucher du soleil.
Les pirates s'agitèrent sur le pont. On jeta l'encre et trois pirates sautèrent sur le quai pour amarrer le bateau. On déploya la passerelle.
« On reste ici pour la nuit, le temps de se ravitailler et de vendre les quelques prisonniers qui nous servent à rien !  dit Korlanos du haut de sa cabine, demain matin je vous veux tous sur le pont, que je n'en retrouve pas un endormi dans ne sais-je quel bordel ! N'est-ce pas James ? », dit il en regardant un des pirates qui se précipitait vers la passerelle du coin de l’œil. Le pirate acquiesça d'un signe de tête, honteux sous les moqueries de ses camarades. 
Korlanos se retourna et appuya son dos contre la rambarde, Phadransie se tenait à ses côtés.
« Vous ne venez pas ? » 
Le capitaine hocha la tête.
« Tu sais que ce bateau est comme ma femme la Noire, je ne le quitterai pour rien au monde, même pour une nuit. Je te laisse  le soin de nous réapprovisionner en vivres et de vendre ces quelques prisonniers à bon prix », lui dit-il.
« A vos ordres », dit-elle en faisant volte face.
« Au fait Phadransie, elle stoppa net, il ne l'appelait pas souvent par son prénom, tu ... tu as fais du bon travail pendant l'attaque. Si tu n'avais pas été là, à l'instant où je te parle, on se ferait trifouiller les entrailles par les Elfes Noirs. »
Phadransie resta silencieuse un instant. Puis elle balbutia :
« Merci, je...je boirai à votre ... je boirai à la santé de la Légende.» 
Korlanos esquissa un sourire tandis qu'elle descendait les marches menant sur le pont et se dirigeait vers les cales, suivie du quartier maître.

     Ils avaient enfermé Abad dans l'ancienne cage de Leyla, ultime punission pour avoir une nouvelle fois tenté de s'échapper. Ils le trouvèrent accroupi, genoux contre la poitrine, au fond de la cellule. Deux autres prisonniers gisaient dans les cages voisines. Ils étaient grands et costaud, des hommes du Nord vu leur accent.
« Alors vous être prêts pour le grand voyage ? Mes oisillons vont quitter le nid, j'en verserai presque une larme »
     Depuis que Leyla était morte, ils avaient cessé de le torturer. Ses ecchymoses s'étaient résorbées et ses cicatrices refermées, laissant des traînées rose pale sur sa peau. « On le vendra plus cher », avait dit Phadransie.
Phadransie claqua des doigts et le quartier maître ouvrit la cage. Il saisit Abad par la peau du cou et lui enfila un large collier de fer, surplombé d'un cadenas, le signe des esclaves. Il avait déjà les poignets et les chevilles attachées. Après avoir tenté de s'échapper deux fois, Phadransie avait ordonné qu'on le mette au fer, nuit et jour. Le quartier maître fit de même pour les deux autres prisonniers et bientôt les trois esclaves remontèrent le corridor, enchaînés entre eux par le cou.


     Ils rentrèrent dans l'auberge attenante au port. Elle était petite, l'équipage entier tenait à peine dans le hall. Les îles de Jade n'avaient pas l'habitude d'accueillir des visiteurs. 
« Deux rations de poisson frit, et du bacon, carbonisé ! Et deux pintes de votre bière la plus noire, pour rincer le tout ! », cria Phadransie à l'aubergiste, une petite grosse, d'une cinquante d'année, les cheveux recouverts par un chaperon rose, pour couvrir le vacarme ambiant. Elle sursauta et courue à toute vitesse vers les cuisines.
Ils prirent place sur des bancs, au fond de la salle. Abad et les deux autres prisonniers s'assirent à côté de Phadransie, en face du quartier maître. Abad la touchait presque, il eut un haut le cœur.
     Autour d'eux les pirates parlaient bruyamment, en entrechoquant leur pintes de bière en bois et en renversant la moitié par terre. Il n'y aurait pas de place pour tous les pirates. Phadransie et le quartier maître dormiraient à l'auberge, les autres ses battraient pour avoir une chambre, les perdants rentreraient dormir dans les cales du Déité.
     L'aubergiste apporta ce qu'ils avaient commandé. L'odeur du bacon et du poisson frit chatouilla les narines d'Abad. Le quartier maître se jeta sur son assiette, il mangeait avec les doigts et mâchait la bouche ouverte de la nourriture réduite en bouillie et du gras dégoulinait de sa bouche. Abad le fixait avec dégoût. Puis il but goulûment dans sa chope. Abad pouvait voir sa glotte monter et descendre dans sa gorge à chaque gorgée.
Comme il avait soif.
« La bière c'est comme les femmes, dit-il en essuyant d'un revers de sa manche la mousse qui coulait dans les poils de sa barbe, tu la trouve belle, elle sent bon et tu passerai sur le corps de ta propre mère pour en avoir une ! N'est-ce pas Abad ? ». Puis il rit à gorge déployée.
Sous la table, ses mains se crispèrent contre ses cuisses. Il baissa la tête.
« Non, non, non, non, non, non pas ça, pas maintenant ! »
Des flashs assaillaient son esprit, nuit et jour. Il revoyait son visage se tourner vers lui, avec un sourire.
« Je t'aime. »
Il refoula les larmes qui embuaient ses yeux. Il ne fallait pas que le quartier maître le voit. Il savait que c'était lui qui l'avait tué, que c'était lui qui avait appuyé sur la détente. Lorsqu'ils l'avait amené de force dans les cales, il avait arboré un air triomphant sur son visage. Il avait arraché le corps de Leyla de ses mains sans ménagement. Abad avait hurlé, s'était débattu mais un des pirates l'avait assommé d'un coup de crosse dans la nuque. Seule Leyla se dessinait dans le néant dans lequel il sombrait. Ce fut la dernière fois qu'il la vit.
     
     Furtivement, un homme s'approcha d'eux. Il était âgé et avait le dos bossu, surement à force de semer aux champs.
« Combien, dit-il en regardant furtivement autour de lui.
- C'est une pièce d'argent pour chaque, dit-elle en désignant les deux esclaves en bout de table. Et pour lui ... mmm » elle plaça son bras autour du cou d'Abad, qui sentit un frisson remonter le long de son dos. Pour la deuxième fois, ses mains se crispèrent sur ses cuisses. « Pour lui, c'est 3 pièces d'or »
L'homme parut choqué, trois pièces d'or pour un esclave ? Il n'avait jamais vu ça !
« C'est mon millésime vous comprenez ? Je ne m'en séparerait pas si facilement. »
Le vieillard réfléchit un instant.
« Les deux autres feront l'affaire, ils sont costauds et j'ai besoin d'aide dans mes champs. La saison des semailles commence. Je vous les prend. »
Phadransie détacha la chaîne qui liait Abad aux deux autres.  Ils se levèrent du banc et avancèrent vers leur nouveau propriétaire. 
« Ils sont à vous ! », dit Phadransie en tendant la main. L'homme vint y déposer deux pièces d'argent. Ne les détachez pas, deux gaillards du Nord, ils risqueraient de vous égorger pendant la nuit. »
L'homme resta figé un instant, pantois. Puis il sortir de l'auberge, suivit de ses deux nouveaux « garçons de ferme. »
« Il ne reste plus que toi maintenant », dit Phadransie en tourna sa tête vers Abad, un sourire sadique aux lèvres.


     Le repas se poursuivit et bientôt, les pirates ivres se mirent à chanter et danser sur les tables. L'aubergiste, haletante, se frayait tant bien que mal un chemin entre les tables pour apporter les chopes de bière qu'elle portait sur un plateau. Au passage un des pirates lui chaspa le derrière, avant de tomber par terre ivre mort. Elle n'y prêta pas attention, « Au moins, ils payent bien », pensa-t-elle. Ce soir, elle avait rempli les caisses et la soirée n'était pas finie.Plusieurs personnes sortirent de la salle, indignées, ne supportant plus le vacarme des pirates. 
     Seul un homme demeurait dans l'ombre, dans un coin de la salle. Il n'avait pas cessé de les observer, tout le long du repas. Il se décida à approcher. Sa silhouette se dessina dans la pénombre. Il était grand, maigre, le crane chauve. Il portait une tunique de coton épaisse, couleur bordeaux et ourlé au niveau du col et des manches. Elle était toute brodée de fils d'or. Ses manches pendaient sur une bonne vingtaine de centimètres. Aux habits qu'il portait, on pouvait dire que c'était une personne aisée. Tout à coup Abad le reconnu. Il réprima un cri et faillit s'étouffer. C'était le Grand Sage.
« Bah alors qu'est ce qu'il t'arrive, lui dit Phadransie en lui tapant sur le dos, attend que l'on t'ai vendu pour mourir s'il te plaît. » Elle rigola bruyamment avec le quartier maître, but une gorgée de sa bière et se tourna vers les Grand Sage, arrivé à leur niveau.
« Plait-il ? dit elle d'un air faussement distingué, le sourire aux lèvre. Elle était saoule.
- Bonsoir mademoiselle. Je suppute que votre esclave est à vendre ? 
- Mademoiselle ! AH AH AH ! Mademoiselle ! dit elle, morte de rire. Vous supputez bien mon cher ami, mais c'est un esclave un peu spécial, n'est ce pas Garry ? en s'adressant au quartier maître.
- Ah ça c'est sur ! dit-il en levant sa chope et en la vidant d'un trait. Une autre !! appela-t-il agitant la chope vide dans les airs. 
- Spécial ? nota le Grand Sage. En quoi est-il spécial ? L'aubergiste apporta une nouvelle pinte sur la table et rapporta celle qui était vide.
- Vous avez devant vos yeux le Prince de Khemsin, le fils d'Azim le roi Martyr, dit elle en tendant les bras vers Abad, où plutôt l'EX prince de Khemsin, ajouta-t-elle en ricanant.
- Hmmm je vois, il lança un regard à Abad du coin de l’œil. Combien en réclamez-vous ? demanda-t-il poliment.
- Trois pièces d'or, à prendre ou à lai..
- Vendu ! la coupa-t-il. »
Phadransie tourna lentement la tête vers lui. « Il s'est vendu ! Il a accepté trop vite », pensa Abad le souffle coupé.
« Pas si vite, dit-elle d'un œil suspect. Tu acceptes le prix sans chercher de garantie ? Ni même négocier ? Et si je t'avais menti ? 
- Même si le garçon n'est pas Prince, peut importe. Il me rapportera surement trois fois son prix d'achat.
- Ah bon ? et comment ?
- Je recrute pour une maison de plaisir dans l'Empire d'Ambre.
- Un bordel ? Tu vas le faire travailler dans un bordel ?
- Il faut savoir satisfaire tous les plaisirs, mademoiselle. Et votre esclave possède un visage qui en satisferai plus d'un. »
Le quartier maître esclaffa de rire : « Fais attention à tes fesses mon garçon ! »
Phadransie, elle, gardait son sérieux, elle toisait toujours son acheteur avec soupçon.
- Et comme se fait-il qu'un patron de bordel se trouve si loin de son, « commerce » ?
- Comme je vous l'ai dis, je suis seulement recruteur, ce n'est en aucun cas moi qui gère ce « commerce ». Je me charge de parcourir Ryscior, à la recherche des plus belles pièces pour compléter la collection de mon maître, que ce soit femme, ou homme. Son regard se posa sur Abad. Maintenant, pourrions-nous procéder au paiement ? » 
Il tendit trois pièces d'or dans le creux de sa main. Phadransie le dévisagea encore un instant, puis elle prit l'or et le fourra dans sa bourse. 
« Ah Ah Ah ! Au diable mes méfiances ! Je viens de conclure l'affaire du siècle, allez je te paye une bière l'étranger, assied toi !
- Non, sans façon mademoiselle, j'ai un bateau qui m'attend. Je dois à présent vous quitter, ravie d'avoir fait affaire avec vous, dit-il en récupérant les clefs qui ouvrait le cadenas du collier d'Abad, qui se leva et fit le tour de la table.
- Oh, c'est bien dommage.. Reviens nous vite, je tacherai de capturer des putes pour toi ! A ta santé l'étranger ! » dit elle en levant trop vite sa chope de bière, dont la moitié se renversa sur la table et sur ses genoux.

     Ils sortirent de l'auberge et retrouvèrent le calme. La nuit était à présent bien entamée et les étoiles brillaient avec ferveur. 
Le Grand Sage ôta le collier en fer du coup d'Abad. A peine eut-il finit qu'Abad courut vers la porte, les poings serrés.
« Non Abad, cria le Grand Sage le retenant par les épaules de toute ses forces, tu ne ferai qu'empirer les choses. » 
Abad cessa de se débattre et se mit a pleurer. Le Grand Sage le prit dans les bras.
« Chuuut ! Je n'ose même pas imaginer les horreurs qu'ils t'ont fait subir mais c'est finit maintenant, c'est finit. 
- Ils ont la Gemme, cria Abad, en sanglot. Je n'ai pas réussi à les en empêcher, comme je n'ai pas réussi à les empêcher de tuer Leyla !
- Abad, dit il en le maintenant face a lui par les épaules, regarde moi. Tu sais aussi bien que moi que cette Gemme est maudite ! C'est toi même qui nous l'a dis lorsque tu as déchiffré le grimoire. Quiconque s'empare de la Gemme sera irrémédiablement traqué par les forces invisibles de Lorin. Lorin à beau être fou, il est orgueilleux, comme tous les Dieux et il ne supportera pas qu'une humaine se prenne pour son égal. Tôt au tard sa vengeance frappera cette pirate de plein fouet. Quand à Leyla, c'était une traîtresse, elle méritait de mourir. »
Les mots résonnèrent dans le cerveau d'Abad comme un gong. Sa main partit toute seul et ses doigts se ressérèrent sur la gorge du Grand Sage.
« Ne t'avises jamais de dire du mal de Leyla devant moi, tu m'entends ! Elle n'était pas comme les autres, elle n'était pas comme son père ... elle m'aimait ... »
Il lâcha prise et s'assit sur les pavé. Au fond qu'est ce qu'il en savait.
Le Grand Sage se massa la gorge et le regarda avec tristesse, presque avec pitié. A son tour, il s'assit.
« Comme je vous l'ai déjà dis, je ne peux pas m'imaginer toutes les choses que vous avez enduré, mon prince, il s'était remis à le vouvoyer. Mais votre peuple à tout autant souffert. La ville, elle était à feu et à sang. Nous nous sommes caches, d'autres Maestrels et moi dans les égouts. Les pirates ne nous ont pas trouvé, mais on pouvait toujours les entendre, au dessus de nos têtes. Quand nous sommes sortis, après qu'ils soient repartis, nous avons pu nous rendre compte de l'ampleur des dégâts. La villle était en ruine. Les femmes gisaient sur le sol tenant et pleurant leurs enfants morts dans leurs bras. Je ne pouvais rester dans la cité. J'ai eu juste le temps de prendre un bateau pour les îles de Jade, où mes confrères druides m'ont accueilli. J'apprends beaucoup d'eux, dit-il avec un léger sourire. Je m'en suis voulu de laisser Khemsin derrière moi. Je suis un lâche, je le sais. J'ai protégé ma vie pendant que femme et enfants se faisaient massacrer à l'extérieur, et moi, je n'ai pas bougé d'un pouce. Leurs cris ... je les entends encore quand je dors.  Il détourna la tête un instant puis il reprit   « Les Levéchains avaient prévu de prendre la cité. Ils avaient empoisonné la nourriture et les boissons. Tous les Khemsins invités à vos unions son morts. Mais les Dieux en ont décidé autrement et on envoyé ces pirates qui ont tué Khemsin comme Levéchains.  Les Levechains ont pris la cité, mais leurs rangs sont affaiblis. Et vous avez le peuple avec vous. Les gens attendent leur prince ; leur Roi. »»
Abad souffla bruyamment avec dénis. 
« Vous devez retourner en Khemsin, et reprendre ce qui vous appartient. Vengez l'honneur de votre père Abad, vengez nous tous ! 
- Et comment ? Je te rappelle que je suis coincé ici !
- Suivez moi ! » dit-il en se relevant d'un coup sec. Il est en forme pour son âge pensa-t-il. Abad le regarda un instant. Il avait terriblement sommeil. Le Grand Sage lui tendit la main et il la saisit.

     Ils marchèrent un instant le long du port désert jusqu'à arriver à l'endroit où l'on stockait la marchandise. Presque caché derrière les tonneaux, se trouvaient une multitude de bateaux, plus petits que ceux qui mouillaient à côté du Deité. 
Sur le quai, un homme s'affairait à défaire les nœuds des amarres, il était de dos, quand il les entendit s'approcher, il se tourna brusquement. Il devait avoir la trentaine et portait une armure de cuir bouilli. Il avait les cheveux longs et bruns, un nez droit entre de beaux yeux verts et une barbe de trois jours. Malgré de multiples cicatrices sur les joues et le menton, il était charmant :
« Ah vous êtes là ! Je m’apprêtais à partir sans vous ! C'est le jeune homme qu'il faut que je ramène sur le continent ? »
A ces mots, Abad se tourna vers le Grand Sage, abasourdi :
« Co .. Comment saviez-vous que j'allais venir ? Vous n'étiez pas ici par hasard.
- Je ne suis pas Grand Sage pour rien mon garçon ! dit-il ses yeux gris remplis de malice. Maintenant partez et reprenez ce qui vous appartient !
- Vous me rejoindrez lorsque j'aurai repris Khemsin ? dit-il plein d'espoir.
- J'ai bien peur que ce soit impossible mon Prince. L'exile est le prix à payer pour ma lâcheté. Mais ne vous en faites pas, les druides me traitent bien, je dois parfois boire de la pisse d'ours mais bon, on ne peut reprocher à un Homme sa culture ! » dit il avec un sourire.
Abad rit d'un rire sincère, puis il serra le Grand Sage dans les bras, les larmes aux yeux.
« Merci ... merci pour tout, lui murmura-t-il à l'oreille.
- Remercie moi en reprenant Khemsin et en la dirigeant aussi bien que l'a fait ton père avant toi !
La voix du passeur les interrompit :
« Quand vous aurez finit de vous câliner, j'aimerai bien lever l'encre, une longue traversée nous attend ! »
« Allez va ! »
Abad était partis pour monter dans le bateau, mais tout à coup il sembla changer d'avis. Il fit volte face et rebroussa chemin en courant. 
« Abad ? ABAD ! Ou vas-tu ?!, lui cria la Grand Sage tandis qu'il remontait le quai.
- Reviens là, nous devons partir !
- Donnez moi 20, non, 10 minutes ! il était à présent hors de vue.
- Surement pas, je lève l'encre immédia ... le Grand Sage lui lança une pièce d'or qui scintilla d'un éclat doré dans la lumière de la Lune. Il l'attrapa au vol, la croqua pour voir si elle n'était pas fausse, refit le nœud de l'amarre et grimpa sur son bateau. 
- Prend tout ton temps mon garçon ! »


     Cela faisait plus de dix minutes qu'ils l'attendaient, le Grand Sage les mains dans ses manches pendantes. Le marin commençait à perdre patience.
Tout à coup, un coup de feu retentit dans la nuit.
Deux minutes plus tard, Abad réapparu en courant, il avait changé de vêtement.
« Phadransie compte un quartier maître en moins dans ses rangs, dit Abad essoufflé. J'ai bien pris soin de le réveiller avant de l'abattre avec sa propre arme. Tu aurais vu sa tête avec que je lui en mette une entre les deux yeux.
- Pourquoi pas la pirate ? demanda le Grand Sage 
- Je lui ai déjà laisser un avertissement en tuant son chien de quartier maître. Phadransie, elle, je ne la tuerai pas dans son sommeil, je la traquerai sans relâché et un jour je la retrouverai. Je la trouverai et je l'affronterai en duel, à la loyal. Je la tuerai alors lentement, à main nu, je lui arracherai l’œil qui lui reste et lui ferai bouffer. Je lui ferai payer pour tout ce qu'elle nous a fait subir, à moi, à Leyla et à tous les autres innocents qu'elle à tué et torturé à mort. Pour chaque villes qu'elle a pillé, chaque galions qu'elle à coulé, chaque pièce qu'elle a volé, je lui ferai payer au centuple. Crois moi, elle va souffrir, oh ça oui. Je lui ferai regretter d'être née, je le jure devant toi. »
Il dénoua les amarres pour la deuxième fois cette nuit et grimpa dans le bateau.
« Ça y est, on peut partir ? demanda le passeur.
- C'est bon. »
A quelques mètres du pont, Abad se souvint qu'il avait une dernière question à poser au Grand Sage, il se pencha par dessus la rambarde :
« Pourquoi suis-je le seul à avoir survécu au poison ? cria-t-il
- Tu le sauras bien vite Abad ! ... tu le sauras bien vite » murmura-t-il avant de s’évanouir dans la pénombre.


*

     Le Soleil se levait sur les Sultanats, scintillants de mille feux dans la lumière dorée.
« On arrive mon garçon »
Abad rabattit la capuche en cuir sur sa tête et releva les yeux vers la ville.
« Pas ton garçon, ton Roi. »


Jeu 7 Mai 2015 - 18:05
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