Le Deal du moment : -40%
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 ...
Voir le deal
59.99 €

 :: Ryscior :: Ram Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas
[FB][PV Sirk / Le Pygargue] [Ouvert] Vainqueurs rentreront au port tous ceux qui navigueront à bord !
Le Pygargue
Messages : 53
Date d'inscription : 02/05/2016
Age : 47
Localisation : En route pour la Citadelle de gel
Fils de Kafkon Samuel
Le Pygargue
Ce RP est un RP ouvert, n'importe qui peut être libre de poster, du moment qu'il ne troll pas, qu'il respecte l'ambiance du RP et qu'il a lu les posts précédents. Un PJ comme un PNJ peut être joué.


Présentation des deux factions


Spoiler:




Éloigné de vos yeux, Madame, par des soins
Impérieux (j'en prends tous les dieux à témoins),
Je languis et me meurs, comme c'est ma coutume
En pareil cas, et vais, le cœur plein d'amertume,
A travers des soucis où votre ombre me suit,
Le jour dans mes pensers, dans mes rêves la nuit,

P.V



Horace de Klemmens, le Premier Lieutenant et éducateur du Capitaine Pygargue, venait de fourrer entre ses lèvres sa vieille pipe à pétun, sur laquelle il tirait de larges bouffées. Mais cela ne suffisait pas à étouffer l'odeur du sang, et l'épaisseur de la fumée à en couvrir la vision. Le Pygargue et son fidèle ami, consternés et la mine fort grave, évoluaient au travers les couloirs et les étages de la demeure du cheik d'Oussoupha. A chacun de ses pas, lorsque se présentait bordant les couloirs fêlés à sa droite ou à sa gauche, une porte entrouverte, Klemmens l'ouvrait en grand. Et à chaque fois le même spectacle défilait sous leurs yeux bleus.

Du sang sur le sol. Du sang sur les meubles. Du sang sur les draps. Et du sang sur les femmes. Violentées, nues, parfois même encore attachées à leur propre lit, et souvent la gorge tranchée d'un coup de poignard vite expédié. Oussoupha n'était plus qu'un amas de chaos, de cendre et de souffrance. Un cauchemar personnifié. Et ceux qui avaient fait ça, s'étaient permis de le faire jusque dans le palais du cheik. Violant sa femme et ses filles, ses servantes. Et l'emmenant lui, ses enfants et ses esclaves, chaînes au col et aux chevilles. Klemmens ouvrait les portes en grand, que les forbans n'avaient pas même pris la peine de refermer derrière eux après leur sale besogne, s'assurant qu'il ne restait aucun survivant, puis les refermait en signe de respect. A ses côtés, Le Pygargue ne disait rien.

Ils progressèrent ainsi jusqu'à la chambre du cheik et de son épouse. De ce moment, toute tranquillité et euphorie s'était envolé. Ils y trouvèrent, comme de juste, le lit vomissant ses draps jusqu'au sol taché de sang puant, et la maîtresse de la cité nue sur son propre lit, les yeux révulsés en arrière, les jambes brisées probablement à coups de masse. Le cheik, comme ils l'avaient suggéré, avaient été enlevé par les pirates afin d'y être revendu comme esclave à Port-Argenterie. Le Pygargue remarqua que la Sultane était l'une des plus belles femmes qu'il n'avait jamais vu. Ses yeux gris contrastaient parfaitement avec le teint hâlé de sa peau, et ses dents blanches surélevait la profondeur d'ébène de ses longs cheveux tressés.

Et le sang.

Horace de Klemmens se saisit d'un drap avec lequel il s'apprêtait à recouvrir le cadavre.

« Vous ne demeurez point obligé de voir cela, dit-il d'une voix douce à l'attention de son Capitaine qui venait de se découvrir dans un silence profond de trouble.

Puis il lui posa une main conciliante sur l'épaule, l'air lourd de gravité.

- Il n'y a point de beauté à contempler après un raid de forbans.

Le Pygargue se recoiffa, silencieusement, puis soupira. Il se tourna vers son mentor, oubliant en cet instant tout ce qu'Ohiel aurait pu mettre de compassion, d'amour et de candeur dans son âme.

- Il n'y a point de beauté en un viol, Maître Klemmens.

Silencieux à son tour, le Premier Lieutenant acquiesça du chef.

- Je les ai toutes vues. Je les verrai toutes, poursuivit Le Pygargue. Je devrai faire ici parler la justice, un tel excès d'horreur confondrait n'importe quel Impérial doté d'honneur. Lorsque la hache d'Ohiel s'abattra sur leurs nuques, Maître Klemmens, et veuillez-là bien me croire, ils la sentiront fort bien. Ils paieront pour Oussoupha. Et pour Haïem.

Avant Oussoupha, il y avait effectivement eu le raid de Haïem, sur les mêmes côtes sultanes. Et le même spectacle. La cité dévastée. Le sang omniprésent. La mort. Et la violence, la douleur, la peur, les viols. Des sanglots dans la voix, Le Pygargue ne sut détourner son regard du draps bleu qui recouvrait l'épouse du cheik d'Oussoupha.

- Et il se fait encore appeler Everhell...
- Vous l'intimerez à écarter ce nom de tout acte de piraterie, lui fit part Klemmens à mi-voix.
- Sur mes justes consternations ses crimes ont prévalu. Il n'est plus mon frère. Il ne l'a jamais été. Je ne l'abandonnerai point à la justice de la Topaze. Il paiera de ces crimes sur le pont du Prince.
- Mickaël, je ne pense point que Bervers soit le commandant de cette boucherie. Le Capitaine Roc Horn avec qui il fait voile, les dieux m'en soient témoins, traîne derrière lui bien noire réputation.
- Moi-même devant vous j'aurai voulu laisser Ohiel parler, le coupa presque Le Pygargue. Mais après ce que mes yeux viennent de contempler, je ne le peux. J'escompte qu'il ne demeure rien, rien sur toute cette terre Maître Klemmens, qui ne demeure pire qu'un viol. Que ferions-nous alors ? Et bien ! Laissez-moi vous le dire.

Et Le Pygargue avait posé et serré avec nervosité ses doigts sur la garde de son épée impérial en bel-argent.

- Vous ne pouvez refuser de l'entendre. Horn. Bervers. Peu m'importe. Les deux chiens ont travaillé main dans la main et portent même collier. Je vaincrai l'un dans mes geôles. Et j'enverrai personnellement Bervers Everhell s'arranger avec Canërgen !

Le Pygargue arrangea sur son crane son haut-de-forme et tourna les talons, laissant à plusieurs pas derrière lui son éducateur.

- Venez, Maître Klemmens. Ne sommes-nous point des chasseurs ? Alors reprenons la chasse !

~


Le Capitaine Everhell invita le prénommé Disos à prendre place en face de lui, à son bureau. La porte de sa cabine avait été refermée dès l'instant où le mercenaire était entré.

- Du vin vous sied-t-il ou bien vous préférez autre chose ?

Le mercenaire parût accepter le verre que le Capitaine de l'Eradicate lui tendait. Cela faisait des semaines déjà que le brigantin, sur le sillage du Capitaine Roc Horn et sa forteresse des mers, avait quitté les cités ravagées de Haïem et Oussoupha, en terres Sultanes. Le pillage avait été bon, le butin fort grand bien que point encore partagé -l'entreprise n'était pas encore terminée, loin de là !- mais le prix à payer pour le Capitaine aux yeux rouges avait été lourd. Il ne cautionnait pas la violence gratuite, quoi qu'on en dise, et encore moins l'injustice faite aux femmes. Il s'était arrangé avec le Capitaine Horn, lors du raid de Haïem, de ne point malmener les habitants si le cheik de la cité se soumettait à la rançon que les deux Capitaines demandaient. Horn s'était plié à l'exigence de Everhell, bien qu'à contrecœur, mais au final, la mort avait prévalu. Le cheik Haïemien avait refusé de céder son or aux forbans, il avait lutté toute la nuit contre les troupes flibustires et le feu de leurs canons, et ne s'était jamais rendu, même vaincu. Horn et son équipage s'étaient déchaînés une fois la cité à eux, et fidèles à leur réputation, s'étaient faits hérauts de la désolation et de l'affliction. Baldassare Everhell ne s'était pas donné la peine de priver ces propres hommes de réjouissances. Eux aussi avaient lutté contre les Haïemiens, eux aussi avaient perdu des camarades. Ainsi, l'équipage des deux vaisseaux unis -presque deux-cents forbans- avaient retourné et la cité et ses habitants.

Pour l'attaque d'Oussoupha, Everhell n'avait même pas tenté de raisonner Horn. Il savait que ce dernier, grand adepte des massacres et des viols, ne lui aurait point cédé une seconde fois. Ils avaient pris la cité, sans exiger de rançon, comme une meute de chiens, ne s'étaient attardés qu'une demi-lune, puis avaient repris la mer.

Le Capitaine Everhell passa une main dans sa chevelure afin de repousser les mèches qui frappaient ses yeux rouges, et le gênaient. Il croisa le regard de Disos.

- Je souhaiterai simplement récapituler, messire, si vous le voulez bien aussi, les termes du contrat qui me lie à vous. Et qui vous lie à moi.

Il porta à ses lèvres une gorgée de vin Oréen tandis que Disos faisait de même, sans sourire. Deux hommes au visage rudes. Everhell avait-il eu raison de faire confiance à ce mercenaire-là ? Il l'espérait.

- Haïem. Oussoupha. Nous continuons à remonter les côtes Sultanes, par l'Ouest, vous ne pouvez l'avoir ignoré. Nous approchons, le Capitaine Horn et moi-même, de notre destination finale, l'apothéose de cette entreprise si je puis m'exprimer ainsi, Maître Disos. Il nous reste une dernière cité à faire tomber, la plus puissante, la plus riche. Si j'ai requis vos services à Port-Argenterie, ça n'était pas tant pour que vous nous prêtiez main-forte lors des coupes-jarrets de Haïem puis d'Oussoupha. Bien que vous nous aviez été fort utile ! Non en fait, ce que j'attends de vous est de toute autre nature.

Le Capitaine Everhell resservit du vin à son mercenaire, qui paraissait fort concentré.

- Cette cité que nous allons attaquer, Maître Disos, abrite entre ses murs une jeune femme. Le Calife de cette-dite cité, un homme très puissant, fort riche, la dissimule entre ses murs. Elle habite dans la plus haute tour de son palais, c'est tout ce que je sais. Une tour bien gardée, par ailleurs. Mais lorsque nous attaquerons, je le sais, je l'ai vu -je suis un Prophète !- cette jeune personne mourra. Comme la plupart des femmes sultanes qui ne seront pas emmenées en esclavage. J'ai obtenu du Capitaine Roc Horn que mon Eradicate soit le premier de nos deux bâtiments à débarquer sur cette cité. Ça n'est pas pour rien que j'ai porté une telle requête auprès de cet homme. Cette jeune femme, je veux que vous la trouviez, et l'ameniez à mon bord, intacte et sauve.

Le Capitaine Baldassare Everhell hocha la tête en terminant une nouvelle fois son vin.

- Si vous effectuez cette mission à bien, alors la plus grande part de cette entreprise flibuste effectuée en côtes Sultanes ira dans vos poches. Vous avez ma parole de Capitaine. »

Et il signa son affirmation d'une révérence comportant quelques accents d'aristocratie fort mal-dissimulés.
Dim 17 Juil 2016 - 13:56
Revenir en haut Aller en bas
Sirk
Messages : 38
Date d'inscription : 21/08/2015
Localisation : Sur un bateau
La Dague Verte
Sirk
Dans ce rp je jouerais Disos le mentor de Sirk lorsqu'il était encore en activité ainsi que trois de ses subordonnés.
 
Disos et ses alliés:

----------

Disos était sur le pont de L'Eradicate, la capitaine un certain Everhell, faisait parti des rare personnes sachant comment contacter Disos, en effet les avis de recherche le concernant était très particulier, aucun visage aucun nom juste un pseudonyme "la dague verte" en effet chaque mercenaires faisant partit du groupe que dirigeais le chauve se présentait tous sous ce nom, la dague verte n'étant pas un homme mais une multitude de visage impossible pour les autorité de faire circuler une prime précise. Cependant Everhell et Disos se connaissaient, le mercenaire avait donc répondu au travail avec 3 de ses compagnons qu'il avait lui même formé, comme pour Sirk. Il avait libéré Blatt de sa condition d'esclave en le rachetant aux arènes, cet orc, était un redoutable combattant à mains nues, exécrable pour des taches furtives mais il est le protecteur parfait pour Lison. Lison d'ailleurs bien qu'elle puisse sembler etre encore une enfant ce qui est le cas n'était par pour autant un fardeau, son potentiel est grand et Disos s'est assuré de lui trouver un professeur compétent, Disos l'a prit sous son aile après qu'elle eu brûlé son village, suite à une crise de colère, d'ailleurs Lison est une vrai princesse chez les "dagues vertes" et ne supporte pas de comportements déplacer vis à vis d'elle, une colère de sa part se suit souvent de combustion spontané dans les alentours. Pour finir, Siv, elle est comme la fille de Disos et aussi sa partenaire la plus fréquente lors de mission discrètes, le mercenaire s'est occupé d'elle après l'avoir libéré des prisons de Prébois, elle avait été arrêté parce qu'elle avait tué des marchands d'esclaves tentant de la capturer.

En tout cas cette troupe était sur le pont, Siv déjà bien imbibée et parlait avec quelques matelots, tandis que Blatt j'étais des regards noirs aux membre d'équipages un peu trop intéressés par la jeune mage, Disos voulut rejoindre ses collègues, mais on lui fit savoir que "Le cap'tain" voulait lui parler. Le mercenaire entra dans la cabine et se vit offrir un verre de vin par son employeur, très vite Everhell lui parla des derniers raids effectués, en effet seul Blatt et Lison avait réellement agit, la mage avait lancé la plus part des incendies qui avait ravagé les deux cité et Blatt avait dut fracasser une bonne vingtaine
de garde, cependant Disos et Siv étaient resté en attente...Le pirate lui expliqua sa réelle mission un kidnapping et dans un palais en plus cependant, avec une bonne organisation c'était faisable et la récompense en valait la peine. Disos se gratta machinalement le coup puis fit un signe d'approbation:

-Je marche mais vous allez devoir vous cordonné avec moi, je vous explique le plan, la mage et l'orc arriverons 1h avant les navires, ils entrerons dans la ville et irons dans la partie est de la cité, ensuite les bateaux arriverons à se moment la fillette déclenchera le plus d’incendies possibles, en effet les garde se seront rassembler vers le port pour vous accueillir et quand il se rendrons compte qu'une partie de la ville brûle, il seront obligé d'envoyé des troupes pour gérer ça, à se moment les soldats sur le port seront désorganiser, là, vous commencerez à bombarder le port, les tirs plus les incendies devrait créer des gros mouvements de population vers les quartiers encore sécuriser. Au moment ou les mouvements de foules auront lieu faites débarquer vos gars sur le port et prenez le, les autorités, débordés se replierons surement. une fois le pied à terre je suivrais les citoyens les citoyens en fuite me faisant passer avec Siv pour des pécheurs on devrait réussir à s'infiltrer jusqu'au palais, ensuite on improvisera et vous faite ce que vous voulez mais je ramènerais la fille à une plage pas très loin de la ville alors postez y 2,3 hommes et une barque qu'on puissent rejoindre votre navire en évitant les combats. Mon plan vous conviens ?

Disos bu son verre attendit une réponse de son employeur.
Mar 19 Juil 2016 - 23:55
Revenir en haut Aller en bas
Le Pygargue
Messages : 53
Date d'inscription : 02/05/2016
Age : 47
Localisation : En route pour la Citadelle de gel
Fils de Kafkon Samuel
Le Pygargue
Sous la fatalité de votre regard creux
Ne peut rien et va droit au précipice affreux ;
Et vous êtes aussi toutes trois si jalouses
De tuer et d'offrir au grand Ver des épouses

P.V





L'Eradicate et la Vierge de la Passe mirent en panne dans la baie des Philagunes, à quelques milles des côtes Ramiennes sur lesquelles ils venaient de s'exercer au banditisme et à la piraterie. Il y retrouvèrent le Diamant des Mers, petite merveille d'Argenterie lui-aussi, et sa Capitaine, A-Loria. A présent réunis, à l'abri dans la hanse de mer, en bord de terre, les forbans riches des prises d'Oussoupha et de Haïem, elles-même cités côtières marchandes de petite taille, entreprirent de dépenser leurs écus bien mal-acquis en alcool, en ripaille et en catins. Les Philagunes était un petit archipel, quelques unes de ses îles ne figuraient pas même sur les cartes, étant inhabitées. Sur les autres, de taille plus convenables, on y trouvait surtout une ébauche d'Argenterie, capitale de la piraterie et repère des criminels du monde entier, voire de Puerto-Blanco, dans l'archipel de Grande (ou Blue) Lagoon. Puerto-Blanco était, sur Ryscior, le second port pirate, et bien que la taille de cette île n'arrivait pas à la demi de Port-Argenterie, au Sud des Sultanats, le commerce détaxé et la piraterie y était prospère. Mais de façon bien plus propre qu'à Argenterie, plus organisée, plus douce, si on osait dire.

L'île de Tacoacoma, dans les Philagunes justement, devait bien venir en quatrième ou cinquième option pour tout bon forban, lorsqu'il se devait de choisir dans quel port il mouillerait. Les Philagunes étaient quasiment à égales distances de Grande Lagoon et de Port-Argenterie. Mais ce qui faisait la faiblesse de Tacoacoma, c'était la vulnérabilité de son port et de sa baie extérieure. Plusieurs vigies y étaient postées, mais il aurait été facile pour un bon vaisseau de l'Amirauté Ramienne, Impériale ou Kelvinoise, de réduire ce dernier à l'état de néant en une bonne bordée, éclatant au passage les bois de tous les navires au mouillage sans que ces derniers possèdent la place nécessaire à toute riposte.

Mais les trois bâtiments alliés ne devaient point rester trop de temps sur Tacoacoma. Le temps de remplacer leurs pertes, dilapider leurs écus et engrosser quelques catins, et ils repartiraient en course. Leur entreprise n'était pas terminée. La destination finale n'était pas encore atteinte.

Le Capitaine Roc Horn souriait tandis qu'il tenait une réunion secrète et restreinte avec le Capitaine Donker et Everhell.

« C'est pour bientôt, camarades...

~




Le Capitaine du Prince de Palmyre serra sous son coude sa lunette, debout au passavant bâbord de sa très chère caravelle. Son visage demeurait dans le bon axe, en vue de happer le moindre souffle de vent. Comme son Prince, se disait-il, vergues et espars immobiles et bien au repos, à l'image de la caravelle elle-même.

A plusieurs kilomètres devant eux sur les Grand'Eaux, reposaient les trois navires pirates (le brigantin et les deux galions, le grand et le plus petit !) mouillant tranquillement dans la baie de Tacoacoma, en archipel des îles Philagunes. Le Pygargue fronça les sourcils au-dessus de ses yeux bleus, et ses lèvres se pincèrent. Un forban qui, après une course, ne rentrait point à Port-Argenterie, n'était pas un forban satisfait de sa course. Le Pygargue soupira, puis annonça à son Premier Lieutenant, afin qu'il transmette les ordres :

- Le bâtiment va mettre à la voile. Tout le monde à son poste, aux bras. Prenons du recul.

Puis il arrangea son haut-de-forme, coinça derechef sa lunette sous le coude, et se retira dans sa cabine.

Les mouvements -et la vie !- du bâtiment qui se soulevait avant de replonger doucement en taillant sa route dans les domaines d'Ariel berçait Le Pygargue tandis qu'il se cassait la tête, depuis des semaines, sur l'énigme des forbans. A savoir, quelle était leur destination finale ? Tout cela n'avait pas de sens. Le Capitaine de l'Eradicate, songeait Le Pygargue bras croisés sur son bureau, a quitté Port-Argenterie, au Sud des Sultanats. Ils ont embrassé un vent arrière, afin de remonter les côtes Sultanes, et leur trajectoire visait deux cités en particulier, Haïem et Oussoupha. Si les deux cités ne demeurait pas très éloignées l'une de l'autre et attaquer Haïem avant de fondre sur Oussoupha était d'une logique tout-à-fait compréhensible, le Capitaine Impérial ne parvenait pas à comprendre ce que mijotait Bervers et les autres. Plutôt que de se calquer sur le souffle d'un nordet qui leur aurait été amical, afin de joindre Argenterie au plus vite, les trois bâtiments avaient emprunté un courant tout autre, un gyre, viré de bord, afin de joindre les Philagunes, et Tacoacoma plus précisément. Pourquoi ?

Rejoindre leur camarade (le petit galion) qui les y attendait bien sagement ? Le Pygargue avait eu l'audace de faire s'approcher le Prince de Palmyre suffisamment près des deux vaisseaux au port afin d'y découvrir sur l’œil de sa longue-vue ce troisième, arborant le pavillon noir et semblant attendre ses deux collègues. Si, de deux bâtiments, ils étaient passé à trois, cela signifiait forcément que leurs raids en côtes Sultanes n'étaient pas destinés à s'achever aussi vite ! Ils avaient perdu du monde, songea Le Pygargue en s'humectant la gorge d'un verre d'eau, sans doute doivent-ils aussi le remplacer. Encore et encore, comme ses heures précédentes, il se pencha sur les documents sortis de la chambre à cartes, et les étudiant, traçant et retraçant la trajectoire de l'Eradicate et de la Vierge de la Passe, y reportant les courants ascendants, les descendants, les alizés, les nordets, le noroît, le suroît, les vents côtiers, les îles répertoriées habitées et les îles non-habitées. A la fin, pris d'un mal de tête, le Capitaine délaissa son compas, son sextant, ôta son pourpoint azur, conservant son justaucorps, et s'étendit sur sa couchette dans le but de prendre un peu de repos. Ses pensées tourbillonnaient dans son crâne.

Port-Argenterie. Haïem. Oussoupha. Port-Argenterie. Haïem. Oussoupha.

Il réfléchit avec quelles nations ses cités commerçaient. L'Empire en faisait parti. Avec quelles autres cités sultanes. Levêche ? Khamsin ? Ram ? Il se leva, énervé et se rendit jusqu'à sa bibliothèque. Il en extirpa un épais volume sur les échanges commerciaux produits sous la Compagnie Sultane, en terres de Sud-Ouest et en parcouru les pages, les yeux fatigués. Si son savoir sur l'économie des territoires Impériale était quasi-parfait, Le Pygargue ne pouvait en dire autant des terres étrangères. L'Empire à lui-seul était un territoire si vaste !

Soudain, il eut un choc, revenant sur le mot qu'il venait de lire sans même s'en rendre compte.

Il avait trouvé.

Haïem. Puis plus au nord Oussoupha. Puis ce brusque écart dans les Philagunes. Alhalla ! Le commerce triangulaire de la côté ! Le triangle isocèle marin ! Haïem symbolisait l'angle le plus à gauche. Oussoupha le droit, bien que plus au nord. Et au sommet de cette figure de désolation, Alkhalla ! L'une des plus grandes cités commerciale côtières des Sultanats ! Alkhalla comptait plus de cent-mille habitants ! Plus grande qu'Argenterie !

Le Pygargue courut joindre son Second, qu'il appela auprès de lui.

- Qu'en dites-vous, Maître ? demanda-t-il le souffle court en étalant sous les yeux de son éducateur cartes, calculs et bouquins.
- J'en dis que si vous avez raison Capitaine, Alkhalla court un grave danger...
- Et cela se peut, n'est-ce pas ? Devez-vous donner raisons à mes suppositions ?

Horace De Klemmens s'était gratté le menton, prenant le temps d'une juste réflexion. Puis il hocha la tête.

- A leur place, j'aurai choisis Alkhalla également.

Le Pygargue soupira. Il était épuisé, le pont tanguait sous ses bottes et le manque de sommeil le minait sérieusement. Après ça, il devrait dormir.  

- J'ouvre immédiatement un conseil stratégique, ordonna-t-il. Réunis auprès de moi le Second maître Lieutenant, les Paladins et Maître Matter.

Horace De Klemmens acquiesça et, s'allumant une cigarette qu'il fourra entre ses lèvres, s'en alla quérir tout ce beau monde. Bientôt se trouvaient dans la cabine du Pygargue les Premier et Second Lieutenants, les deux prêtres d'Ohiel, Paladins de leur titre, ainsi que l'Officier ministériel Matter, charger d'effectuer toute liaison entre le Prince de Palmyre et les lois de l'Empire.

- Messires, commença le Capitaine, voici où en sont les faits étudiés. Les cibles de nos arcs s'endorment sur leurs ancres, sur l'île de Tacoacoma, comme vous le savez, et ce depuis bientôt vingt-huit heures. A ces vils faits que nos yeux ont pu contempler en les cités de Haïem puis d'Oussoupha, quel cœur vaillant ne serait point gonflé de soif de représailles ? Maître Klemmens et moi-même avons à vous faire part d'un fait. La destination finale de ces forbans n'est rien de moindre que la cité riche d'Alkhalla, à environ dix lieues de Tacoacoma, cap Nord-Nord-Est. Ceci demeure une supposition, bien que fondée. Ces monstres, qu'ont trop longtemps épargnés les foudres d'Ohiel, attendent leur heure, qui ne saurait tarder, afin de fondre sur Alkhalla. Deux options s'offrent donc à nos affections, messieurs. Je ne puis envoyer un pigeon jusqu'à Alkhalla, afin de la prévenir du danger qu'elle court et qu'elle y organise une défense, mais nous pouvons nous y rendre nous-même. Ce faisant, j'escompte que nous laisserions trop en arrière ces canailles que nous suivons de près depuis plus d'un cycle. J'ai vu aussi, seconde option, effrayant objet de nos actions, nous intimant d’étouffer toute tentative d'un raid dans l’œuf, ici et maintenant. La baie de Tacoacoma en laquelle leurs trois bâtiments mouillent actuellement ne saurait être plus prompte à une attaque de notre part. Par surcroît, ceci est leur première nuit sur terre, et vous n'êtes point sans savoir que forban qui touche terre après fol entreprise s'y livre en débauche, tripes de jeu et ivresse. Moi-même, je vous le dis, ils sont présentement plus vulnérable qu'ils ne l'ont jamais été ; et ne le seront probablement jamais au cours des journées à suivre. Voilà donc, et cela demeure fort triste, nos deux options. Soit nous joignions Alkhalla en ami. Soit nous attaquons maintenant.

Un lourd silence suivit les propos du Capitaine.

- Courrez tousjours après le chien, jamais ne vous mordera ; frappey avant l'ennemi, et jamais ne vous adviendra. Je pense que nous devrions attaquer dès maintenant, lâcha finalement l'un des prêtres d'Ohiel.
- A trente contre trois-cents ? Un contre dix ? Demeurez-vous fous ?
- L'ivresse diminue les réflexe, argumenta le prêtre. Ohiel nous prêtera son bras. Nous n'aurons qu'à nous emparer de l'un des bâtiments à leur nez et à leur barbe, nous sabotons les pièces des autres, et avant qu'ils ne comprennent ce qu'il arrive, nous lâchons une bordée sur Tacoacoma.

Des réclamations. Des plaintes. Des protestations. Klemmens donna également son avis.

- Mais vous seriez bien davantage en mal en apprenant, Messire, que ce faisant nos boulets faucheront à la fois les forbans, et les natifs de Tacoacoma.
- Des catins et des marauds, vous voulez dire ?

A nouveau des protestations. On avança que les marins du Prince n'étaient pas même capables de manœuvrer des pièces de canon, qu'il y avait une vigie à l'entrée de la baie, que rien ne leur assurait que ne serait-ce la moitié des forbans soient réellement sous ivresse lorsqu'ils attaqueraient. Le Pygargue procéda finalement à un vote. Le résultat fut sans appel.

- Nous mettons le cap sur Alkhalla.

Il congédia tous ses gens, et se sentit prit de vertige. Son éducateur et Premier Lieutenant vint le soutenir, une main amicale posée dans son dos.

- De ma part, je ne trouve rien de pire que laisser ces gens impunis, Maître Klemmens. Je tombe de fatigue, mais je vous prise bien de ne point me laisser aller au repos sans un dernier présent pour ces canailles-là.

Le Pygargue se mit à son bureau, prit un encrier, un écritoire ainsi qu'une plume de faisan. Et il écrit un billet. Très court, et qu'il confia à un pigeon.

~



Le Capitaine Everhell avait accepté la proposition de la Dague Verte. Lorsqu'ils fondraient sur Alkhalla, les mercenaires seraient lâchés en premier, et l'Eradicate serait donc le premier à croiser sur son port gigantesque.

Mais pour l'heure, c'était toute autre chose qui inquiétait le Capitaine du brigantin. De nouveau et en urgence, une seconde réunion venait d'être tenue, à bord de la Vierge de la Passe, dans le bureau du Capitaine Horn. Et cette fois-ci, Disos était présent avec Baldassare Everhell. Furieux, Roc Horn jeta sur son bureau, au milieu foule de paperasses, boussole, sextant et astrolabes, un billet récemment écrit et réceptionné à l'instant par l'un de ses officiers. On pouvait y lire les mots suivants, écrits en calligraphie :


Nous vous avons à l’œil,
Vils Forbans

Et un dessin rapidement exécuté juste en dessous, représentant un œil ouvert. Baldassare Everhell, si il ne s’appelait pas Baldassare Everhell aurait sans doute tressailli. Le message lui était clairement destiné. L’œil faisait référence au troisième œil de Finil comme l'on disait par l'Empire et la cité Topaze de Palmyre, métaphore représentant ses visions prophétiques. Le Capitaine Horn s'agitait, demandant si quelqu'un savait ce que cette plaisanterie signifiait, qui était le Capitaine de cette caravelle qu'ils avaient cru apercevoir au loin, la journée précédente et si il y avait des volontaires pour aller leur casser la gueule. D'où le fait qu'il ait tant insisté pour que la Dague Verte soit présente avec nous, songea Everhell.

- Il se fait appeler L'Oiseau, dit finalement le Capitaine aux yeux rouges d'une voix très calme, et c'est un chasseur de pirate.
- Depuis combien de temps ce fils de pute nous épie ? râla le Capitaine Horn.
- Comment le savoir ?

Baldassare Everhell tira rigoureusement sur les manchettes de son pourpoint noir.

- Sans doute depuis Argenterie, lâcha-t-il alors en un timbre sonore.
- Dans ce cas, il serait au courant pour Alkhalla ? Cela fausserait toute l'entreprise !

Et les Capitaines s'étaient précipités sur le pont du Galion, lunettes en bout de bras, puis très vite collés à leurs yeux. Mais leur poursuivant était invisible. La vigie du port n'avait rien vu non plus.

- Soit ils ont pris de la distance afin de ne pas être vu, soit...
- Ils sont allés avertir nos ennemis que nous arrivons. Et si ils nous ont envoyé ce billet pour nous narguer, c'est qu'ils sont certains d'y arriver avant nous.

Un lourd silence tomba. Le Capitaine Roc Horn brisa un verre de rhum, s'ouvrant la main jusqu'au sang. Puis il éclata de rire.

- Qu'Alkhalla se protège ! Que le calife enferme ses femmes ! Qu'ils fortifie ses murs ! On verra bien qui de son marché ou de nos boulets seront les plus puissantes ! Quant à cet Oiseau...

Il se tourna vers le mercenaire.

- Qu'en pensez-vous ? Vous vous pensez capable de l'arrêter ? »

Sam 23 Juil 2016 - 19:36
Revenir en haut Aller en bas
Sirk
Messages : 38
Date d'inscription : 21/08/2015
Localisation : Sur un bateau
La Dague Verte
Sirk
-Qu'en pensez-vous ? Vous vous pensez capable de l'arrêter ? »

Le mercenaire pesa le pour et le contre et se décidât:

-Impossible que je le rattrape avant qu'il prévienne nos ennemis mais ils ne connaissent pas nos plan et ignore comment va se dérouler l'attaque. Je pense que cet homme veut juste vous mettre une pression puis aussi rapide que soit son navire, je doute que les renfort est le temps d'arriver avant notre raid si nous partons au plus vite. La différence entre notre flotte est la leur est l’administratif il sont aussi ralentis par la paperasse les autorisation les directive officiel et se genre de choses, en conclusion partons au plus vite, c'est mon avis.

Après cette proposition et la réponse de Horn, Disos se retira. Ses trois subordonné l'attendais, il partirent tout les quatre dans une auberge de Puerto-Blanco. Blatt commença à parler de la mission:

-Disos tu es sur pour ce raid la situation semble se compliquer.

Le mercenaire répondit calmement:

-Ne t'inquiète pas Blatt, ce n'est qu'un empêchement mineur et je vous l'ai dit si la mission s'avère être un fiasco évacué la ville Lison et toi, même dans un palais gardé Siv et moi somme parfaitement capable d'enlever quelqu'un je te rappelle que je me suis déjà évadé d'une prison les pieds et les mains enchaînées. De plus la récompense de Everhell en vaut la peine après cette paye nous aurons assez d'argent pour agrandir les dagues-vertes et finir d'étendre notre réseau à tout le continent.

Lison qui était la seule à boire de l'eau, questionna son chef:

-Disos c'est vrai que ça sera ta dernière mission ?

Le chauve répondit toujours aussi sérieusement:

-Oui, lorsque notre effectif augmentera je n'aurais plus le temps d'accepter des contrat et puis je vieillit dans une dizaine de tours je perdrais en efficacité.

L'homme se tourna vers Siv assise à coté de lui:

-Siv va d’ailleurs me remplacer et devenir la nouvelle numéro un des Dagues Vertes, elle serra un membre d'élite et s'occupera des mission très risqué tout comme Sirk.

L'elfe noire au mot de Disos ne put retenir un sourire de fierté, elle venait d'apprendre la nouvelle en même temps que les autres, pour elle s'est comme si son père venait de reconnaître sa valeur et elle avait envie de sauté au cou du mercenaire, mais elle s'abstenue Disos n'était pas du genre à être démonstratif et cet acte le mettrais juste de mauvaise humeur. La soirée se termina dans la bonne humeur et chacun avait but avec modération pour rester prêt à toute les éventualités.
Dim 23 Oct 2016 - 14:45
Revenir en haut Aller en bas
Le Pygargue
Messages : 53
Date d'inscription : 02/05/2016
Age : 47
Localisation : En route pour la Citadelle de gel
Fils de Kafkon Samuel
Le Pygargue
J’étais, je suis né pour plaire aux nobles âmes,
Pour les consoler un peu d’un monde impur,
Cimier d’or chanteur et tunique de flammes,
Moi le Chevalier qui saigne sur azur,

Verlaine



Le Prince de Palmyre atteignit comme convenu la cité portuaire Ramienne d'Alkhalla quelques jours après son départ des Philagunes. C'était, pour Le Pygargue comme pour Horace De Klemmens, son Second, la première fois qu'ils posaient le pied en une telle cité. En d'autres temps, songea Le Pygargue, en d'autres âges, il aurait eu l'ivresse au coeur et l'excitation à l'âme. Une telle richesse, un tel raffinement architectural, tant de prodigalité le charmait. Trouver le calife d'Alkhalla ne fut pas chose aisée, et obtenir une entrevue avec sa personne encore moins. En dépit des allures pressées et des airs inquiets des deux Impériaux, le régent du palais ne put leur obtenir de consultation avant deux Lunes. Le Pygargue s'indigna.

« C'est qu'il est ici question de vies et de morts, messire ! En foisonnement !

Ils obtinrent l'information suivante : le Calife Alhed El Oussam, chef suprême du Sultanat d'Alkhalla se prélassait en ce début de journée dans son harem. Après un regard complice, le Capitaine et le Second plantèrent là le régent et s'élancèrent d'un pas commun au travers la cité.

- Le harem Maître Klemmens, n'est-ce point cela, ces sortes de tristes lupanars Sultans ?
- Cela même, Mickaël.

Après une course effrénée au travers le Sultanat et à contourner le palais du Calife, ils tombèrent nez-à-nez avec celui-ci, escorté d'une bonne poignée de gardes, ainsi que d'eunuques, qui s'apprêtait à se balader dans ses jardins. Le Pygargue l'arrêta, subit sur sa propre poitrine la pression désagréables de lances et de hallebardes dressées, se présenta, s'expliqua. Il implora, au nom de l'Empire d'Ambre, le Calife Sa Grandeur El Oussam de lui prier attention en ces heures sombres.

- Autrement avança-t-il de l'effarement dans la voix, Alkhalla se tordra bientôt dans l'enfer qui l'aura devancée !

Le Calife accepta donc de recevoir les deux Impériaux, après bien des imbroglios.

- Il me faut une preuve, de ce que vous avancez, annonça-t-il sitôt que Le Pygargue eût terminé. Comment savoir si ce que vous prétendez, à savoir que les Sultanats de Haïem et Oussoupha sont tombés sous un raid de Port-Argenterie, est vrai ?

Pour toute réponse, Le Pygargue extirpa de sa cartouchière un paquet enroulé dans un linge bleu aux couleurs de sa Maison. La cape qu'il portait lorsqu'il avait foulé les ruines d'Oussoupha aux pieds. On y extirpa la tête tranchée du calife d'Oussoupha, et l'expression faciale des goules épouvantables du grand Nord de Ryscior demeuraient celles d'agnelles au prix de celles qu'arboraient la tête que tordait un horrible coup sur le crâne.

- Oyez, Calife. Les forbans eussent satisfaits sans vergogne tous leurs désirs et leurs prétentions sur Oussoupha, et c'est ce sort, et nul autre que ce seigneur-là a subi de leurs mains. Alkhalla doit songer à une prompte défense, ou bien c'est également ce sort qu'elle connaîtra !

Le Calife El Oussam leur demanda si ils comptaient demeurer parmi eux, afin de participer à la défense de cité qu'il contrôlerait et alimenterait personnellement.

- Le Prince de Palmyre sera ravi de hisser sur ses mâts le pavillon Impérial pour vous, avait murmuré Le Pygargue appuyé par Horace De Klemmens.
- Vous êtes pour nous l'équivalent d'un don de Lothyë, Capitaine Pygargue, dit le Calife avec un hochement de tête. Quoi qu'il advienne dans les jours à venir, Alkhalla se souviendra de l'Empire d'Ambre.

Le Pygargue ajouta qu'ils n'avaient plus le luxe de "jours à venir". C'était une question d'heures.

~



Le Capitaine Everhell laissa sa main droite effleurer les pièces de la batterie tribord, dans ce qu'il appelait l'école à feu. Sur le pont principal, au-dessus de lui, le grincement des voiles que le vent étirait et qui venaient parfois claquer contre leurs vergues. Les affûts et les palans des pièces murmuraient tout doucement. L'équipage à bord de l'Eradicate s'activait comme des fourmis à l'intérieur d'une gigantesque fourmilière flottante. Alkhalla serait bientôt en vue. Les bâtiments des Capitaines Roc Horn et A-Loria suivaient de loin le sillage laissé par le fier brigantin à trois-mâts et à huniers. Le Capitaine Baldassare Everhell aimait son bâtiment. Il aimait les voiles noires et leurs façons bien à elles de chanter dans le vent du large, tendues au maximum, des silhouettes presque féminines qui tentaient, la nuit, d'attraper les étoiles des cieux de Ryscior. Il aimait, ces voiles, les contempler comme on pouvait contempler le visage ou la chevelure d'une femme, et les entendre claquer et fouetter l'air, comme on écouterait le chant d'un barde. Il aimait son bois sombre, dur, sa coque. Il aimait même jusqu'à l'odeur de cette mélasse faite d'un enduit de chaux puis doublée de bois résineux qu'on appelait chiorme, et qui recouvraient la carène du brigantin afin d'éloigner les tarets, ces longs vers de près de vingt centimètres originaires de l'Océan des Elfes Noirs et du sud de la Passe et qui pénétraient dans le bois des coque afin de se protéger des poissons.Les appels au sifflet d'un second-maître bosco dissimulé quelque part sur le pont principal l'extirpa de sa rêverie. Bientôt, on compterait les joyaux et l'argent rompus, ainsi que les esclaves humains, le tout prisé à dix écus d'or la livre.

- Capitaine Everhell.

Baldassare Everhell salua en une révérence soignée Disos.

- Êtes-vous prêt pour l'entreprise, Dague Verte ?

Il paraissait très sûr de lui. Un mercenaire comme un autre, songea le Capitaine. Mais il avait plus confiance en celui-ci qu'en un autre.

- La jeune femme que vous avez pour charge de ramener à mon bord, annonça-t-il, ne vous attendez pas à devoir enlever une princesse Sultane ou je-ne-sais quoi d'autre. Il s'agit à la vérité d'une alchimiste de renom. Je n'en sais pas plus.

Disos lâcha un ''bon'' entre ses lèvres serrées. Il entreprit, aux côtés du Capitaine Everhell, de franchir l'écoutille et sortir humer l'air pur du large.

- Je vais vous débarquer ici, Dague Verte, annonça le pirate aux yeux bleus. Les premiers coups de semonce devraient retentir dans moins de six heures. L'aube ne sera pas encore levée. Introduisez-vous dans la cité, profitez du carnage pour trouver cette jeune personne. Ne la malmenez point. Je compte sur vous.

Et effectivement, moins de six heures plus tard, le port d'Alkhalla en vue, l'attaque commença !

- Ah, Mickaël, soupira Baldassare Everhell. Toujours aussi sage, toujours aussi prévisible. Comme je le vois, tu as bien préparé Alkhalla, et n'envisage pas de nous faciliter les choses. Ta fierté aristocratique devra souffrir longtemps encore. Jusqu'à ce qu'elle meure.

Il se passe une main dans la chevelure jais qui flottait au vent. Puis, d'une voix forte, donna l'ordre aux canonniers de faire feu. Face à l'Eradicate, tout un rempart formé de trirèmes, quadrirèmes et quinquérèmes Alkhalliennes se mit en branle. L'ennemi ne disposait pas de bouche à feu, mais il s'était préparé ! Des balistes, des hallebardiers, des arbalétriers et des archers grouillaient sur les ponts. Seul contre tous, le fier brigantin où claquait au vent le Jolly Roger s'avança.

- Rentrez les bonnettes, bordez partout, serrez le vent, gouvernez près de lui !

Baldassare Everhell n'eut plus qu'à prier les dieux. Déjà, des hordes de flèches enflammées étaient encochées face à lui, et s'apprétaient à prendre son Eradicate pour cible. Ensuite, il devrait essuyer, il le savait, une attaque de ligne. C'était pratique assez courante dans la marine, et vu le peu de temps qu'Alkhalla avait eu à organiser ses défenses, terrestres comme maritimes, il jugea que le calife El Oussam avait dû opter pour cette technique-là. Et il ne s'était pas trompé ! Sitôt la première bordée lâchée, les voiles de l'Eradicate en feu, les trirèmes, quadrirèmes et quinquérèmes guerrières oscillèrent et avancèrent vers lui. Les pirates s'affaissaient à éteindre les incendies. Cela ne leur donna pas le temps de la riposte.

Mais, tandis que des décharges de fusiliers, de balistes et d'autres flèches en feu fendaient la surface de l'air nocturne, le Diamant des mers commandé par la Capitaine A-Loria et la Vierge de la Passe de Roc Horn surprirent la délégation Sultane en jaillissant à l'horizon, à bâbord et tribord, montrant les dents. La technique subtile du piège à loup se refermait sur les galères. D'une seule et même voix, les commandants intimèrent une bordée qui démâta des galères par dizaines. Puis, à leur tour, des archers pirates dissimulés dans les huniers rendirent aux Sultans la monnaie de leur pièce. L'Eradicate se mit de la partie. Les trois pavillons noirs, doucement, vinrent se placer flanc contre flanc, l'Eradicae entre ses deux confrères géants. Et ils avancèrent à même vitesse. A bâbord comme à tribord, les pièces de la Vierge de la Passe et du Diamant des Mers rugissaient et laissaient fuir entre leurs terribles dents le feu de mort. Alors, la plupart des marins d'Alkhalla préfèrent la mort par l'eau à celles dont les menaçaient les flèches, l'incendie et les balles.

Sur le pont du Prince de Palmyre, le Pygargue ordonna à ses gens de se mettre en branle. Il jugea les pirates suffisamment affaiblis pour passer à l'attaque !

- Hissez-haut le pavillon Impérial, camarades ! Et que tous se souviennent en ce jour de l'alliance de Palmyre et des Sultanats !

Il ajouta, le regard voilé par les incendies à l'horizon, sa grande cape au vent et les dents et les phalanges serrées jusqu'à blanchir.

- Et le Capitaine Bervers Everhell est pour moi. »
Mar 29 Nov 2016 - 14:09
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé
Revenir en haut Aller en bas
Sauter vers: