Un brin dérangeant ces animaux que les humains ont pour habitude de domestiquer. Ce spécimen à en plus la fâcheuse manie d’aboyer lorsque l’on s’approche trop de la maison. Si je le souhaitais, je pourrais aisément ne pas tenir en compte. L’égorger, tuer et me nourrir de cette humaine qui a eu la mauvaise idée de construire son habitation près de l’un de mes nombreux repères disséminés aux quatre coins de ce monde. Cependant, cela ne ferait qu’attirer encore plus l’attention des autres humains. Puis ce n’est pas si désagréable que cela d’avoir à disposition une réserve de nourriture qui ne s’aperçoit même pas que je me nourris d’elle.
Cette femme vit seule avec pour toute compagnie son chien dans sa modeste maison de pierre au toit de chaume. Elle ne demande rien à personne et se rend de temps à autre en ville pour y vendre le fruit de son labeur.
Une fermière qui cultive la terre, élève des animaux et vit simplement. Si elle savait qu’à quelques mètres de là. Dissimuler par d’épaisses fougères dans un bosquet se trouve l’un de mes laboratoires souterrains, elle en perdrait probablement la raison.
J’apprécie ce calme et cette femme est en quelques sortes ma protégée. Même si je ne me mêle aucunement de ses affaires. Je me nourris elle ne s’aperçoit de rien et je peux vaquer à mes occupations en toute quiétude et elle aussi. Endormir son chien avant de lui rendre visite pour me sustenter est une formalité des plus banales.
Pour ne pas éveiller ses soupçons, elle aussi je l’endort. Généralement en agrémentant sa nourriture de quelques plantes. Sa vie est simple et réglé comme une horloge. Cela me facilite énormément les choses.
Pourtant il y a quelques temps de cela. Il y a bien une fois où elle n’est pas revenue seule de la ville. Rien de bien contrariant. Une amourette d’un soir ou deux. Ce qui me chagrine le plus c’est lorsqu’ils se sont séparés sur une dispute. Cet humain à jurer qu’il la ferait tuer. Quel imbécile et quel manque de courage. N’aurait-il pas put tout simplement le faire lui-même ?
Ayant autre chose à faire que de m’occuper de son cas le jour-là, je le laissai repartir. Je repris mes activités et elle de son côté les siennes.
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La nuit venais de tombé et comme à mon habitude je me nourrissais. Pourtant quelque chose n’allait pas. Son sang n’avait pas la même saveur. Essuyant le filet de sang qui coulait à la commissure de mes lèvres. J’entrepris comme toujours à maquiller ma morsure tout en me demandant pourquoi quelque chose de désagréable avait perturbé mon repas. Impossible que cela soit une erreur dans le dosage des plantes. Son chien n’a rien différent lui et c’est toujours le même rythme cardiaque que je perçois chez l’animal.
Elle ne peut pas être malade non plus, je l’aurais senti immédiatement et aurait pris mes précautions pour la guérir. Le stress peut-être ? Possible, mais dans ce cas qu’est-ce qui la chagrine à ce point ? Elle n’est pas amoureuse de l’autre débile tout de même.
N’ayant aucune crainte qu’elle ne se réveille, je décide de trouver une piste éventuelle en fouillant dans ses papiers. Il n’y a qu’une seule et unique pièce dans sa maison et je ne mets que quelques minutes pour mettre la main sur le coffre contenant ses notes, courriers et autres documents.
Alors que je m’applique à consulter toute cette paperasse la voilà qui se met à cauchemarder. D’où je suis-je peux sentir les battements de son cœur s’accélérer dans sa poitrine.
Sortant une fiole de mon sac, je passe sous son nez le bec de celle-ci. Les effluves qui s’en dégagent la calme. Ce n’est pas que je suis attaché à cette personne, mais ici j’ai mes habitudes et perturber mes habitudes… C’est mauvais. Très mauvais.
Je replonge dans ma lecture lorsque je tombe sur une note signé d’un X.
Cette nuit, tu vas mourir.
La voilà l’explication. Ce type ne lançait pas des paroles en l’air. Cela va être très simple. Je vais lui répondre. Je note soigneusement au dos de la feuille une réponse aussi claire et succincte que l’avertissement.
« Ne pas déranger. » Et je signe d’un H.
D’une main je porte la fermière en lieu sûr ainsi que son chien. Aucune chance que personne ne les trouve. Puis je repasse à mon repère pour m’équiper. A mon retour dans la maison je prends une chaise et m’assoit au centre de la pièce en face de la porte sur laquelle j’ai pris le soin de mettre en évidence la feuille indiquant clairement Ne pas déranger.
Qui va entrer c’est une bonne question. Je me demande toutefois si ce type aura le courage de venir lui-même ou s’il enverra quelqu’un d’autre. Dans tous les cas, on ne vient impunément déranger Helvoran et encore moins essayé d’attenter aux jours de celle qui lui sert de nourriture.
La lumière du feu dans l’âtre fait danser les ombres dans la pièce. Et je me tiens prêt à accueillir comme il se doit celui ou celle dont je peux déjà sentir les battements de son cœur qui s’accélère.