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[Flashback] [PV. Nokuto] Un beau matin à Kelvin...
Capitaine Theoden
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Capitaine Theoden
Un soleil d'ambre se levait ce matin là sur la gigantesque cité portuaire de Kelvin. Et comme chaque matin, les bons citoyens se levaient à l'heure où les soiffards s'endormaient. Le fond de l'air était frais. Quoi de plus normal si haut dans les terres du vieux continent et par cette saison ? Et la rosée du matin, blanchissant les toitures des maisons et les pourtours des fenêtres semblait annoncer un hiver des plus frais.
Alors on sortit des maisons, et la vie reprit dans les rues. Les marchands arrangeaient leurs étales, les vendeurs de journaux -emmitouflés sous d'épaisses écharpes- levaient bien haut la dernière édition de la gazette de la ville en appelant les acheteurs. Les enfants pauvres jouaient dans la boue de la rue, en riaient de se voir couverts de terre tandis que les plus aisés s'offraient de passionnantes parties d'échec au coin d'un feu de cheminée.
Mais c'était bel et bien sur le port que se trouvait le plus d'activité. Comme chaque jour, des navires rentraient à quai, ou s'en allaient en mer. Et par les dieux, il en fallait du monde pour gérer les flux de marchandises !
L'on trouvait à Kelvin plus qu'ailleurs dans le monde les plus beaux vaisseaux du monde. Et bien entendu chaque Kelvinois se plaisait à s'en vanter. Car du Sloop au Man-o-war, tout ce qui sortait des chantiers navals de la ville se montrait comme étant de véritable merveille d'ingénierie. En tout cas pour quiconque avait assez d'œil pour le voir !
Et Théoden, depuis la barre de son Wicked Wench ne put retenir un grand sourire lorsque, ce matin là, il vint à s'arrimer à un quai. Il rentrait à la maison. Et son vaisseau, pourtant ancien fleuron de la flotte de Kelvin fit presque pâle figure face à ses voisins ! Presque, bien sûr. Car il apparaissait que Medron, le Duc, était précisément en train de désarmer sa flotte, pourtant massive et majestueuse.
Bien sûr, le Capitaine avait prit ses précautions ! Il se savait ennemi de la cour. Alors il avait fait renommer son vaisseau, et les lettres blanches Stalwart remplaçaient celles qui ornaient normalement le tableau arrière de son navire. Les sabords avaient été comblés et en lieu et place d'une figure de proue figurant la déesse des océans se trouvait maintenant un homme à la barbe noueuse et brandissant un trident d'acier.
De toute façon, après les derniers combats du Wench au sortir de Karak-Tur, quelques lunes plus tôt, la plupart des ornements du vaisseau avaient été détruits.

"-Bon les gars, fit le Capitaine, vous connaissez la manœuvre. On répare, on ravitaille fissa. Je ne veux voir personne traîner loin du navire ! Que les vigiles dans leurs mâts gardent un œil sur les garnisons. Je me chargerais de recruter. Et nous repartirons d'ici trois jours."

Théoden, préférant ne pas faire traîner son escale d'urgence en ville s'empressa de se débarrasser de son tricorne et défit ses cheveux. Après quoi, il se saisit d'un sabre dans l'armurerie, passa une cape lourde sur ses épaules et descendit sur le port. Il avait beau être une personne assez notable dans le nord du continent, il espéra que sa barbe drue, sa cicatrice et ses cheveux poivre et sels lui permettraient de rester inaperçus...
Dim 13 Mar 2016 - 14:42
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Nokuto
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Tueuse à Gages
Nokuto
Nokuto s'étira longuement, les yeux plissés. Le soleil matinal, filtrant à travers les planches du toit, était éblouissant. Il ferait beau aujourd'hui.
L'Amazone se redressa lentement, faisant grincer le plancher moisi. Elle avait dormi, une fois de plus, dans un vieux grenier abandonné du labyrinthe. La vie à Kelvin devenait de plus en plus compliquée pour elle. La garde kelvinoise redoublait d'acharnement, le Duc enrageait qu'une tueuse se promène en liberté dans la ville. Il avait placardé un portrait horriblement mal représenté d'elle sur tous les murs du haut quartier, et quelques-uns dans le bas-quartier. La plupart avait été arrachés, par elle-même notamment.
Les premiers mois de sa venue ici dans un vieux bateau de pêche venant de Prébois s'étaient relativement bien déroulés. Les Kelvinois, fourbes et rancuniers, faisaient une bonne clientèle. Malheureusement, et elle ne pouvait le prévoir, ne connaissant pas beaucoup le monde hors de la Jungle et des connaissances que lui avait transmises Zar'ila, les habitants de cette ville furent alléchés par la récompense du Duc. Elle avait dû rompre -brutalement- certains de ses contacts un peu trop bavards avec la garde kelvinoise. Pourtant, elle les avait prévenus.
Et maintenant, elle n’œuvrait presque plus que dans le bas-quartier (mais comment gagner de l'argent chez ceux qui n'en n'ont pas ?) et devait se réfugier dans les maisons abandonnées du labyrinthe pour dormir. Les affaires marchaient donc mal, très mal. Surtout qu'il lui était arrivé plusieurs fois de se réveiller en sursaut sur le plancher piquant d'un grenier, tandis que la marée haute envahissait brutalement les rues détrempées. Une fois, la maison dans laquelle elle dormait avait failli s'effondrer sur elle, violemment percutée par les vagues montantes.
Pour passer à travers le mur entre le labyrinthe et le bas-quartier, elle devait escalader chaque soir la pierre froide et rêche, après s'être débarrassée d'au moins un garde indiscret. Ce devait être aussi pour ça qu'elle était tant recherchée. Un mort par nuit, ça devait faire beaucoup pour Kelvin. Mais elle n'avait pas d'autres solutions : chaque nuit, des patrouilles vigilantes et indiscrètes surveillaient chaque recoin des rues, entrant parfois même à l'intérieur des maisons, dérangeant au milieu de leur sommeil des habitants innocents.
C'est pour cette raison qu'elle décida de partir.
Ce matin-là, donc, après s'être copieusement étirée et assouplie, elle rassembla ses affaires, recouvrit son corps chargé d'armes illégales d'une cape ample et sombre, et remonta dans le bas-quartier en grignotant un quignon de pain rancit. Un garde de plus perdit la vie sur son passage. Le dernier.
D'un pas décidé, elle se faufila dans les ruelles malpropres sans un regard pour les passants suspicieux. Elle déboucha rapidement sur le port et le parcouru en grandes enjambées lestes. Des nouveaux bateaux marchands avaient accosté ce matin. L'un deux contiendrait une petite place pour elle, il le fallait. Elle ne resterait pas un jour de plus ici. Certes, elle n'avait aucune idée de la destination à prendre, elle laisserait donc le hasard l'emmener. Elle finirait bien par trouver un territoire accueillant pour les tueuses à gages.
Perdue dans ses pensées, laissant son regard vagabonder d'un navire à l'autre, elle laissa sa vigilance retomber. Un peu. Et percuta brutalement un homme qu'elle n'avait pas vu arriver en sens inverse. Ses dagues cliquetèrent les unes contre les autres. Elle s'écarta brusquement en baissant la tête et marmonna un "Pardon" à peine audible, espérant pouvoir fuir rapidement si l'homme lui tenait rigueur de son manque d'attention. Elle n'avait pu s'empêcher de remarquer sa cicatrice. Peut-être cet inconnu était-il un bagarreur... Elle ne l'espérait pas.
Lun 14 Mar 2016 - 17:34
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Capitaine Theoden
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Capitaine Theoden
Théoden, que l'ombre de sa capuche dissimulait baissa les yeux sur celle qui lui était si violemment rentrée dedans. En s'écartant, donc, il vint à porter ses deux mains sur les épaules de cette inconnue, pour s'assurer qu'elle allait bien et ne chancela pas au point de tomber à la renverse. Mais comme elle s'excusait, un demi sourire fendit son visage.

"-Oh ne vous en faites pas. J'imagine que c'est un peu ma faute aussi !"

Apparemment emplie d'une certaine gène, la jeune femme gardait la tête baissée. Et insista pour s'attirer toute la faute. Mais Théoden fut marqué par autre chose. Deux petites oreilles pointues, et une tenue bien trop légère pour une simple voyageuse Elfe ? Etait-ce possible qu'il en ait croisée une autre ?

Alors son inquiétude redoubla un instant, en la voyant si pressée. Et malgré son calme apparent, le Capitaine vint à jeter un regard aux alentours à la recherche d'uniformes de la garde ou de mercenaires.

"-Vous sembliez bien pressée. Y-a-t-il un soucis ?"

La jeune femme, que Théoden jugea plus que cachotière semblait bien nerveuse. Et bien entendu, avec la fleur au fusil et le soucis au visage le Capitaine s'empressa de lui demander si elle avait un soucis. Elle tenta de lui mentir, bien sûr. Mais ce ne fut pas si aisé que cela, avec un vieux loup de mer comme lui. Rapidement, Théoden apprit qu'elle recherchait un navire sans destination particulière.


"-Oui oui, fit-elle, c'est tout-à-fait ça ! J'aimerais partir de Kelvin mais... Je ne sais pas vraiment où aller.

-Hm...je dispose bien d'un navire ma foi mais... je ne saurais dire si vous avez l'expérience de la naviguation !

-Eh bien, j'ai quelques compétences, je saurai tirer les voiles quand il faudra, et... euh... je... pourrai faire la vigie ?"

Un demi sourire fendit le visage de Théoden. Il devinait bien son inexpérience totale, et se doutait plus encore qu'elle était plus que ce qu'elle prétendait. Alors, d'une main, il flatta sa barbe un instant.

"-Puis-je me permettre une question ?

-Eh bien... Demandez toujours..."

Alors, le Capitaine se penchant un peu sur elle, et lui souffla comme une confidence la somme de ses réflexion. Une question assez simple, qui devrait lui donner bien plus de réponse qu'elle ne le voudrait.

"-Que vient donc faire une Amazone si loin de la Jungle ?"

Alors, elle se liquéfia. Même l'espace d'un instant, ce fut au moins une véritable catastrophe pour elle. Nokuto lança quelques regards autours d'elle, sentant de plus en plus l'angoisse monter en elle. Ca se voyait presque à l'oeil nu !

"-Bon... Hem... Et si nous allions discuter à un endroit moins fréquenté ?

-Je connais un endroit, suis moi donc."

Prestemment, Théoden guida Nokuto à travers les rues des bas-quartiers de Kelvin. Il y avait là une certaine expertise dans ses déplacements. Le Capitaine savait se faufiler entre les masses de gens. De surcroît, il connaissait la ville avec une certaine érudition. De sorte qu'au bout d'à peine quinze minutes d'une marche silencieuse, ils furent tous deux arrivés devant une auberge. Une auberge somme toute ancienne et très fréquentée, connue sous le nom de Gueuze, ou encore La Gueuze. Et si l'enseigne vendait les mérites d'une quelconque femme, Nokuto fut sans doute surprise de ne pas y voir plus de poitrines que dans le navire de pêche qui l'avait conduit jusqu'ici.
La Gueuze était depuis longtemps le repère des plus fameux rufiants qu'abritait la Cité. On y voyait ainsi beaucoup de riches Capitaines, et leurs officiers, pavoiser avec de plus humbles -mais pas moins illustres- pêcheurs. L'ambiance avait pour elle d'être commune à n'importe quel bistrot. Joviale, chaleureuse jusqu'à l'étouffement et chaotique ! Mais après tout, c'était normal pour l'endroit qui vendait les meilleures bières de tous les bas-quartiers !
Bien sûr, si Théoden conduisit Nokuto ici, c'était qu'il y avait ses entrées.
Le barman, justement, mena promptement le Capitaine et la jeune Amazone derrière le comptoir, à travers une porte de bois discrète normalement verrouillée. Et là, entre les piles de tonneaux et les caisses de viande salée, il souleva une trappe. Sur le revers de cette trappe se trouvait un sigle gravé au couteau dans le bois. Comme une armoirie, simple. Une ancienne marque d'un groupe d'élèves de l'Académie de Kelvin, en vérité. Et Théoden remercia l'homme qui l'avait reconnu, en lui glissant une bourse chargée d'or. Il apposa au passage son index sur ses lèvres, lui faisant comprendre qu'il n'était jamais venu là. Et il entraîna juste après la jeune Amazone derrière lui.
Là dessous se trouvait une sorte de petite cache, sobre. Entre quatre murs de pierre, et sous un plafond fait de voutes épaisses se trouvait une grande table en chêne, et deux bancs. Il y avait quelques commodes, et des appliques au mur -que Théoden alluma sans attendre- permettant d'éclairer le tout.
Le Capitaine, justement, tira une chaise d'un coin et la posa près de la table.

"-Installes-toi. Personne n'écoutera ici."
Mar 26 Avr 2016 - 20:02
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Capitaine Theoden
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Capitaine Theoden
Sans grande surprise, le Capitaine vit son invité rester droite comme un i, juste après l'entrée de cette petite cache sous les voutes de la cave. Elle se méfiait, ce n'était guère étonnant. Et signe d'un minimum de bon sens de sa part, au moins !

"-Comment avez-vous deviné ? lâcha-t-elle abruptement."

Théoden tirait d'une armoire vitrée une bouteille à la forme ronde et étrange. Il se saisit de deux verres simples et posa le tout sur la table, devant elle.

"-Tu n'es pas la première Amazone que mes yeux voient.

-Ah. Vous êtes donc un de ces ignobles marchands qui trafiquent les miennes, les revendant à des gros hommes riches ?"

Devant sa méfiance, Théoden opta pour l'indifférence et tira d'un coffret de chêne le collier de la première Amazone qu'il avait croisée, quelques tours auparavant à l'entrée de cette même ville. Nul doute que Nokuto saurait reconnaître les apparats d'une de ses soeurs.

"-Non. Je suis un ami de ton peuple."

Il posa le collier sur la table de la petite pièce et servit deux verres.

"-Celui-ci appartenait à une des tiennes, lorsque je l'ai tirée des griffes de marchands à la porte de cette ville."

La jeune Amazone, circonspecte se rapprocha avec une lenteur méfiante de la table et examina le collier avec un air grave. Elle fit remarquer à Théoden qu'elle ne buvait pas, avant de lever les yeux. Alors, contre toute attente, elle le remercia après s'être redressé.

"-Je suppose que je dois vous remercier pour cette Amazone que vous avez sauvé. Et... Seriez-vous prêt à en aider encore une à partir de cette ville ? Je... je suis coincée ici depuis que des pêcheurs m'y ont amenée à leur insu. C'était la seule manière de quitter la Jungle. Mais... je me rend compte que cette ville n'est pas faite pour moi. Il devient plus difficile de me cacher des gardes, je sens l'étau se refermer sur moi. Je vais finir par être attrapée."

Alors, Théoden s'assied avec lenteur sur un banc, l'invitant à faire de même.

"-Je connais cette ville. J'y suis né. Et bien que je ne puisse m'empêcher de me demander ce qu'une Amazone vient y faire..."

Il se saisit d'un verre, et le vide d'une traite.

"-Je connais ses gardes. Je connais son Seigneur, Medron. Et ils ne pourchasseraient pas une jeune femme seule si elle n'avait pas commit quelques crimes."

Face à lui, Nokuto resta droite comme un i. Elle le toisa de toute sa hauteur.

"-Ce que je fais ne vous regarde pas, je crois."

Je crois ? Théoden sourit un peu en l'entendant. Une marque si évidente de manque de confiance était un cadeau ! La jeune femme était peut-être méfiante, mais elle semblait le redouter. Alors le Capitaine prit le parti d'ignorer ses mots. Et il reprit. Comme le refrain d'une chanson familière.

"-Et j'entends parler. J'entends les gardes sur les quais parler de meurtres, d'une silhouette dans la nuit..."

L'Amazone vira de nouveau au rouge et sembla se décontenancer totalement. Tant et si bien qu'elle finit par admettre.

"-Je ne plus si discrète, hein ? Au début ça allait, mais à présent je me rends compte que les kelvinois sont trop fourbes. Je ne connais pas trop le monde, et je ne me doutais pas que la récompense serait si alléchante pour eux. Je ne gagne plus ma vie, il faut que je choisisse bien mes contacts à présent."

Elle lui adressa alors un air suppliant.

"-S'il-vous-plaît, emmenez-moi sur votre bateau ! Je ne tuerai personne à bord, je vous le jure."

Le Capitaine la laisse parler, avec un éclat dans le regard. Il tend avec lenteur sa main vers le second verre de liqueur et finit par répondre qu'elle ne pourrait plus porter d'armes à son bord. Et comme pour souligner dans un geste dramatique ses mots, il leva son coude dans un geste vif et vida d'une traite son second verre.

"-malgré l'amitié que j'ai pour les tiens, je n'hésiterais pas à te tuer si tu devais t'en prendre à mes hommes."

Comme voulu, l'Amazone sembla désemparée par l'attitude de Théoden. Et après un silence emprunt de gêne elle souffla son approbation avec un hochement de tête.

"-Mais... je devrais laisser mes armes ici ?"

Théoden reposa avec lenteur son verre, se fendant d'un demi sourire.

"-Non, bien sûr. Je les garderais sous clé le temps du trajet.

-D'accord. Alors, ça veut dire que vous m'emmenez ?"

Théoden, alors, se leva de toute sa hauteur face à l'Amazone et opina du chef avec une certaine détermination. Devant lui, Nokuto s'illumina toute entière et le remercia mainte fois.

"-Quand partons-nous ?

-Dans deux jours. En attendant restes ici. Le barman est un ami et les gardes ne connaissent point ces lieux.

-D'accord. Je vous fais confiance, je ne sais pas pourquoi. Je dormirais dans cette pièce. Merci encore de m'aider."

Théoden rangea la bouteille avec grand soin et referma le meuble. Il se redressa, relaçant sa cape sur ses épaules et hocha simplement la tête avant d'aller vers la porte. Il s'arrêta à la hauteur de l'Amazone, tout gênée.

"-Il me faut un nom, pour le marin qui viendra te chercher pour le départ.

-Nokuto."

Nokuto hésitea un instant.

"-Et vous ?"

Théoden s'arrêta en entendant sa question et se retourna aux pieds des escaliers pour la regarder avec un oeil intense. Un regard frémissant, et sans doute bien mystérieux. Il finit par éluder la question.

"-On se reverra bientôt. Reposes-toi."

Nokuto s'était raidie en le voyant. Et elle hocha maladroitement la tête, regardant partir ce bien étrange personnage. Théoden avait beaucoup à faire en ville. Et son nom était bien trop connu ici pour qu'il prenne le risque de laisser une témoin de son passage ! Alors elle ne saurait rien, autant pour son bien à elle que pour le sien à lui. Il reviendrait la prendre bientôt, sans aucun doute.
Jeu 19 Mai 2016 - 23:37
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Nokuto
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Localisation : Dans la Jungle, terrible Jungle...
Tueuse à Gages
Nokuto
 Durant les quelques mois que Nokuto avait passé à Kelvin, elle avait eu le loisir d'observer les multiples facettes du comportement humain. Quand elle était dans la Jungle, elle possédait bien plus de connaissances sur le monde que la plupart de ses sœurs Amazones. Mais, en arrivant ici, elle avait découvert qu'en vérité elle était aussi ignorante qu'un nourrisson. Elle avait donc entreprit d'essayer d'en apprendre plus sur les humains.

 La première chose qu'elle découvrit la choqua profondément. Les hommes appelaient ça "Amour". Cette notion sentimentale lui était jusqu'à présent totalement inconnue. Dans la vie de la Jungle, une Amazone se faisait féconder une fois dans sa vie par un elfe sylvain pour donner naissance à une fille qui aiderait la communauté à survivre. Il n'était pas question de sentiments, c'était une nécessité pour faire perpétuer sa race. Mais chez les humains, deux êtres de sexe opposé (ou de même sexe d'ailleurs) se reproduisaient ensemble si ils "s'aimaient", pas pour sauver leur espèce ! Et, plus atterrant encore, parfois ils procréaient dans des établissements créés spécialement pour cela !
 Nokuto avait mit longtemps pour commencer à saisir un peu la notion d'aimer, mais même à présent elle ne savait pas encore totalement ce que cela signifiait. Il restait des parts d'ombre dans chacune de ses hypothèses, et cela la frustrait profondément. Elle se sentait inférieure aux hommes de ne pas comprendre l'Amour.
 La deuxième chose qu'elle apprit fut que les humains, contrairement à elle, ne possédaient pas cet instinct de survie naturel à tous les animaux. Ils ne percevaient pas le bruissement du tissu de sa cape quand la Tueuse frôlait le mur de la ruelle dans laquelle elle avait suivi sa proie. Ils ne sentaient pas son regard perçant posé sur eux. Ils n'usaient pas pleinement de leurs cinq sens. Ils ne pouvaient donc pas réagir quand la mort personnifiée leur fondait dessus.
 En cela, Nokuto se sentait supérieure à eux. Elle pouvait les tuer facilement.

 Petit à petit, l'Amazone avait prit plus d'assurance lorsqu'elle se trouvait face à l'un de ses clients humains.
 Mais quand elle avait sentit le regard perçant de cet homme se poser sur elle, la transperçant de part en part, la mettant à nue, elle avait été totalement démunie face à ce visage qui ne laissait transparaître aucune émotion. Elle avait perdu tous ses moyens et s'était totalement confiée à cet inconnu. Il connaissait même son prénom, alors qu'elle ne pouvait que le nommer "Capitaine" !

 À présent que la porte s'était refermée sur lui, Nokuto essayait de rassembler ses idées, assise sur un banc. Elle se remémorait sans cesse la discussion qui venait d'avoir lieu, se répétant qu'elle n'aurait pas dû dévoiler ceci ou cela, qu'elle n'aurait pas dû tourner telle ou telle phrase de cette manière-là…
 Et soudain un terrible doute l'assailli. Le Capitaine lui avait dit de l'attendre ici, dans une pièce ne comportant qu'une seule issue, et elle lui avait obéi aveuglément, sans réfléchir, toute éblouie par l'espoir d'un avenir meilleur qu'il lui avait fait entrevoir. Quelle naïveté ! Qu'est-ce qui ne lui disait pas que cet homme, à peine la porte refermée, n'avait pas couru la dénoncer à la garde kelvinoise ? Et elle lui avait fait confiance, juste en voyant un collier de fabrication amazone (ça, elle en était sûre, ce n'était pas un faux), collier qu'il avait sûrement pris sur le corps de l'une de ses sœurs, victime elle aussi de son charme trompeur ! Quelle naïveté !
 Nokuto sauta sur ses pieds, affolée. Que faire ? Elle posa ses mains sur la garde de sa dague favorite, inspira et expira profondément. Rester objective. Il fallait d'abord qu'elle se calme pour pouvoir réfléchir posément à la situation.

 Mais elle n'en eut pas le temps. Comme en accord avec ses pires craintes, la petite trappe en bois s'ouvrit avec fracas, laissant se déverser dans la pièce une dizaine de gardes déchaînés. L'Amazone poussa un gémissement apeuré, qui se changea aussitôt en un cri de guerre désespéré. Son ambidextrie l'avantagea sur le moment, car elle put lancer deux premiers poignards simultanément. Chacun atteignit sa cible et deux hommes s'effondrèrent.
 Déjà les autres étaient sur elle. La rage décuplant ses forces, Nokuto tenta de se saisir de son dernier recours, ses deux lames de combat rapproché qui étaient fixées dans son dos. Mais on lui saisit les poignets en les tordant violemment vers l'arrière. Elle cria de douleur, se débattit désespérément, réussit à éjecter un de ses assaillants contre un mur d'un coup de pied précis, mordit une des mains qui la retenaient et parvint à libérer son bras gauche. Elle donna un puissant coup de coude en arrière et déséquilibra son adversaire d'un balayage vif. La Tueuse se saisit aussitôt de l'un de ses sabres, et se prépara à entamer une danse de la mort quand, soudain, une intense douleur irradia son bras. Elle hurla et lâcha son arme tandis qu'un flot de sang se déversait de ses veines. Un garde s'était servit de son épée. Nokuto voulu se jeter sur lui, mais une dizaine de bras puissants l'encerclèrent et la retinrent. Un coup de crosse s'abattit sur son crâne, éclatant violemment son arcade sourcilière. Aveuglée par la douleur et par ce liquide carmin qui lui coulait dans les yeux, l'Amazone eut une dernière pensée avant de s'évanouir.
 Le Capitaine l'avait trahie. Elle n'aurait pas dû faire confiance à un humain.
Dim 22 Mai 2016 - 9:48
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Capitaine Theoden
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C'est en sortant de l'auberge que Théoden réalisa l'horreur de la situation. A peine eu-t-il le temps de ramener sur sa tête la lourde toile de sa capuche que tout un peloton de la garde de la ville passa à sa hauteur et s'engouffra dans l'auberge dont il sortait.
Il faisait sombre cette nuit là dans le port. Et dans le chaos il n'y eut heureusement personne pour le reconnaître. Théoden, en revanche vit distinctement le tenancier de l'endroit serrer la main d'un sergent Kelvinois. Sergent qui s'empressa de glisser dans sa paume une bourse sans doute généreusement garnie d'or. La question était de savoir qui le barman avait vendu. Car sauf coïncidence il était plus que probable que la vieille planque de la promotion de Théoden soit compromise pour de bon !
Après avoir gagné l'ombre d'un porche voisin à l'auberge, le Capitaine décida d'attendre et d'observer dans le plus complet des silences. Il y eut à l'intérieur ce qui sonnait comme une lutte acharnée. On entendit des hurlements, sans doute ceux d'innocents citoyens voyant la mort se presser sous leurs yeux pour faucher quelques âmes. A la place d'un quelconque spectre, l'œil du Capitaine vit plutôt deux hommes en uniforme ressortir de la taverne avec le corps inerte d'une jeune femme sur les bras. Ils étaient directement suivis par encore d'autres soldats du même peloton qui, eux, portaient les cadavres d'hommes morts pendant l'affrontement. Théoden fit un décompte sommaire des morts et constata avec surprise que celle qu'il reconnu comme étant Nokuto s'était admirablement défendue compte tenue du contexte.

"-Quel gâchis..." murmura-t-il avant de se retirer dans un lieu plus sûr.

Sur le chemin du retour, le Capitaine songea longuement aux évènements de cette soirée. Une Amazone était une chose rare dans ce monde. Encore plus aussi loin de la Jungle. Il ne pu s'empêcher de remarquer, non sans une certaine ironie, que la dernière fois qu'il avait eût à sauver une femme de ce peuple, ça avait été devant cette même cité. Et surtout, surtout, il se rappela avoir échoué.
De surcroît, Nokuto avait fait preuve d'un certain talent face aux hommes du Duc. Des talents qu'il serait bon de s'arroger d'une façon ou d'une autre. Et pour cela, il n'y avait qu'un seul moyen ! Il fallait tirer cette jeune femme de là.

Théoden tourna à l'angle d'une ruelle qu'il connaissait bien. Elle devait le mener à un endroit depuis lequel il pourrait suivre le petit cortège qui emportait Nokuto vers sa cellule. Hélas, et en y resongeant, le Capitaine réalisa qu'elle risquait bien de ne profiter de l'hospitalité du Duc que pour une seule nuit. On aurait eut tôt fait de faire le rapprochement entre ses méthodes de combat et les séries de meurtre. Nul doute non plus que la justice de Kelvin s'empresserait de la condamner pour apaiser les populations des bas quartiers.

C'est donc sans attendre que le Capitaine s'en retourna parmi les siens et échafauda un plan pour tenter d'arracher l'Amazone à son sinistre destin.

La nuit passa vite, autant pour elle que pour lui.

Les geôles du donjon étaient toujours humides et le vent qui y soufflait par bourrasques violentes empêchaient bien souvent le sommeil. On l'entendait hurler entre les cellules, et tordre les flammes des torches jusqu'à les éteindre.
Nokuto, depuis sa cellule n'avait le droit qu'à un fétus de paille infesté de poux et une fenêtre étroite, trop étroite pour un corps donnant sur l'océan. Le sol était crasseux, à tel point qu'il fallait prendre mille et une précaution pour se déplacer dessus sans risquer de chuter dans la boue. La boue ou les excréments. On lui avait donné en guise de dernier repas un cruchon d'eau tiède, croupie et un demi quignon de pain noir grignoté par des vers.
Elle n'eût hélas guère le temps de se reposer. Car aussitôt qu'elle fut éveillée, un sergent vint lui cracher qu'elle allait être pendue dès les premières lueurs du soleil pour meurtre et conspiration. Après quoi, le soleil se leva en l'espace d'une poignée d'heures et on se saisit de nouveau d'elle sans ménagement pour la traîner dehors.

Depuis toujours, Kelvin pendait ses criminels à une potence bâtie au sommet d'une falaise donnant sur la mer et surplombant les bas quartiers, de sorte que personne ne puisse oublier l'exemple que le Duc faisait de ces condamnés. Sur une grande place pavée, adossée au vide et cerclée de bâtiments se dressait donc là l'imposant échafaudage où devaient monter par dizaine les criminels jugés pour qu'ils reçoivent leur châtiment. L'engin était en lui même relativement complexe. Outre l'épaisse poutre montée sur des piètements verticaux, destinée à soutenir les cordes que l'on passerait autours des cous des détenus, il y avait tout un système de trappes qui devaient s'ouvrir sous les pieds des gens se dressant sur l'échafaud. Ainsi, ils tomberaient sous le plancher, leur nuque se romprait et l'on pourrait par la suite emmener leurs corps. Il suffisait pour cela d'actionner un simple levier.

Ce matin là, il y avait du monde pour assister à la pendaison de la meurtrière des bas quartiers. Les étendards claquant au vent, les tambours, les soldats et les officiels présents avaient attirés une foule entière de bedeaux. Tous voulaient voir se balancer cette jeune femme que l'on avait décrit comme aussi dangereuse que séduisante ! On amena Nokuto sur l'échafaud par un petit escalier. Elle dû subir des jets de fruit trop mûrs et un flot d'insultes fleuries. D'un regard aux alentours elle dû voir qu'en plus de la paire de fusiliers qui l'emmenait, alors qu'elle avait les poings liés, il y avait une dizaine de soldats. S'ajoutait à cela le bourreau sous une cagoule de cuir effrayante et le magistrat chargé de prononcer la sentence.
Dos à l'océan lorsqu'on lui mit la corde au cou, Nokuto pouvait voir en contrebas le port, sur sa droite. Et sur sa gauche se dressait la haute muraille cernant les beaux quartiers.
Rapidement, elle fut placée sur une trappe au centre de l'échafaud et le bourreau passa une corde épaisse autours du cou de la frêle Nokuto.

"-Nous voici rassemblés ici aujourd'hui sous la bonne grâce du Duc Medron pour exercer la justice."

Le magistrat se tenait devant la foule, brandissant un épais rouleau de papier qu'il lu avec une voix sèche et forte.

"-Cette jeune femme ici présente a été arrêtée et jugée coupable de meurtre sur pas moins d'une vingtaine d'honorables citoyens de notre ville et de conspiration avec des déserteurs. Au vue des faits, et des preuves recueillies il a donc été décidé que cette... criminelle soit pendue haut et court en cette place jusqu'à ce que mort s'ensuive."

Déjà, on entendait des huées s'élever en masse de la foule rassemblée autours de l'échafaud. Mais Nokuto pu vite remarquer que quelque chose clochait. Parmi tous les gardes présents ce matin là il y en avait un à sa droite dont le col, normalement blanc était tâché de sang. Chose inhabituelle quand on savait à quel point la garde Kelvinoise aimait à arborer des uniformes toujours impeccables. En y regardant de plus près, l'Amazone pu sans doute reconnaître sous le tricorne du fusilier qui la tenait une épaisse cicatrice qui, barrant son visage à l'horizontale juste sous les yeux, était caractéristique d'un homme qu'elle avait rencontré la veille. Le Capitaine Théoden. Mais avant qu'elle n'ait pu souffler un seul mot, le magistrat au bout de l'estrade referma d'un geste vif le rouleau qu'il brandissait devant lui et se retira pour laisser le bourreau à son office.
Il y eut des roulements de tambours précédant un silence plomb. Quand la foule se tut, l'épais homme encagoulé s'approcha et passa autours du cou de Nokuto une corde rêche. Théoden lui dû se reculer d'un pas, et se plaça derrière l'Amazone. Les planches de l'échafaud tremblaient sous les pas du gros bourreau. Et à mesure qu'il s'avançait vers le levier qui devait faire s'ouvrir la trappe sous les pieds de la condamnée, elle pu sentir le Capitaine glisser au creux de ses deux mains une lame fine, à la taille très modeste. De quoi, avec le temps nécessaire, trancher les liens autours de ses poignets et la libérer.
Alors, tout se passa très vite. Le bourreau tira sur son levier et l'Amazone pu se sentir emporté vers le sol. La foule retint son souffle. Mais Théoden esquissa un sourire. Une vive lumière blanche irradia sa main droite. Il fit volte face et tira de son fourreau lame d'Or, qui pendait à son côté. L'arme siffla, emportée par les doigts du Capitaine jusqu'au dessus de sa tête en un arc de cercle qui la projeta droit sur le nœud qui retenait la corde de Nokuto à la potence de l'échafaud. Il y eut un cri de stupeur lorsque la jeune femme chuta lourdement sous le plancher. Elle n'était pas pendue ! Et maintenant que la supercherie de Théoden était découverte, les gardes présents sur la place se précipitèrent sur lui. Mais le Capitaine avait déjà fait volte face, et le mousquet qu'il avait dérobé au propriétaire de son uniforme fit bientôt feu sur une tunique bleue qui s'approchait baïonnette en avant.
L'homme, touché à la cuisse s'effondra vite en un hurlement cinglant. Mais alors que Nokuto s'affairait sous les pieds de Théoden pour se libérer les poignets et la gorge, le bourreau brandit une épaisse hache qu'il fit tournoyer. Quand son coup tomba sur la tête du Capitaine, ce fut son mousquet qui se fit fendre. En deux. Mais loin d'être désarmé, il se releva et bondit sur le gros homme. Surprit, sa défense traversée, le bourreau ne pu s'éviter le coup de mousquet qui vint le sonner. Usant de la crosse comme d'une massue, Théoden balaya son visage si fort que quelques dents s'échappèrent de sa bouche et vinrent rouler sur le bois jusque dans la boue.
Alors, tandis que la foule s'enfuyait, les soldats Kelvinois virent surgir comme une tornade de sous l'échafaud. Armée de son seul petit canif, la jeune femme ne tarda pas à mettre un homme hors de combat. Avec une rapidité surprenante !
Mais alors qu'en bas, Nokuto devait affronter trois fusiliers remontés, Théoden avait lui à gérer la charge de cinq autres. Armés des deux moitiés de son mousquet, le Capitaine déviait tours à tours coups de crosse et coups de baïonnette sans avoir à céder un brin de terrain. Il arriva qu'un soldat, chargeant avec trop de ferveur vit son mousquet lui revenir en plein visage. Et comme il se trouvait désorienté, Théoden le poussa par dessus la rambarde de l'échafaud jusque dans la boue où se battait alors Nokuto.

"-Cadeau !" lança avec une certaine hilarité le marin, prenant un certain plaisir dans cette mêlée somme toute enfantine.

Nokuto ne sembla en aucun cas ravie par cette offrande. Mais il était certain que ses adversaires mordaient à tous coups la poussière. L'Amazone, se servant autant de ses poings que de son arme de fortune dansait entre les coups sans une once de gêne. Spectacle impressionnant, prestation morbide, ou tout simplement don de la nature, il y avait là de quoi retenir un instant le regard du Capitaine. Mais, ce faisant, Théoden reçu un vilain coup qui le força à lâcher la crosse de son mousquet brisé. Départit de son arme, le Capitaine se trouva bien en peine. Face à ses quatre adversaires, il lui fallut user de ses poings. Un des gardes, en s'effondrant, avait le visage tellement tuméfié qu'il serait sans doute difficile de l'identifier une fois l'escarmouche passée ! Finalement, Nokuto sembla trouver le moyen de palier à la faiblesse soudaine de son adversaire. Dans une pirouette surprenante, l'Amazone attrapa le bras d'un garde qui venait d'essayer de la transpercer d'un sabre. Pivotant sur elle même, elle pu se servir de son épaule comme d'une enclume sur laquelle elle pu briser le bras de l'officier Kelvinois. Lorsque l'arme lui tomba dans la main, Nokuto fit de nouveau volte face et la lança à Théoden avant de tordre subitement le poignet de sa victime qui fit une rotation complète dans les airs avant de s'aplatir sur le dos par terre.
Théoden accueillit avec un certain soulagement ce cadeau. Le sabre qui tomba dans sa main lui permit d'envoyer à terre tous ses adversaires sans exception en moins de temps qu'il ne fallut à Nokuto pour désarmer son dernier adversaire.
Lorsque ce fut au tours de l'Amazone de se trouver submergée, le Capitaine se rua sur Lame d'Or et la lança à la jeune femme.
Il ne fallut guère longtemps aux deux évadés pour venir à bout des quelques gardes qui restaient. Tous deux aussi efficaces qu'expérimentés, ils finirent vite par battre le pavé par grandes enjambées pour fuir avant l'arrivée de renforts.
Mais là se posait un problème. Où fuir ? Théoden le savait, même le Labyrinthe ne leur serait plus d'aucun secours. On entendait déjà les cors de la garde retentir depuis le fort qui surplombait la ville.

"-Suis-moi Nokuto !" jeta Théoden en l'entraînant dans les plus petites ruelles dont il pouvait se souvenir.

Les rues étaient heureusement plus dégagées qu'en pleine journée, si tôt le matin. Et il fut relativement aisé d'y évoluer. Peu de gardes leur barrèrent la route. Et ceux qu'il fut impossible d'éviter mordirent rapidement le pavé, assommés.

En une poignée de minutes, les deux comparses furent si loin du fort qu'il fut impossible de deviner par delà les toitures l'existence même des haut quartiers. Au détour d'une ruelle, plongés dans l'ombre, Théoden arrêta Nokuto pour qu'ils puissent respirer un instant et réfléchir.
Des patrouilles de fusiliers allaient et venaient déjà en tous sens autours d'eux. Et sortir de ce refuge providenciel serait sans aucun doute la fin de leur longue escapade. Alors, le Capitaine grimaça et eût une idée. Son regard était tombé sur une plaque d'acier circulaire, scellée entre les pavés crasseux du sol. Théoden attaqua à la pointe de son sabre les rebords de la bouche d'égoûts. Lorsqu'il finit par la soulever, vainquant la saleté et le mortier, une odeur pestilentielle s'échappa des entrailles des égoûts de la cité.

"-Ne traînes pas, on a pas d'autre choix." lâcha-t-il, coupant l'Amazone dans sa lancée de protestation.

Théoden fit passer la jeune femme d'abord. Autant par galanterie que pour pouvoir refermer lui même après eux. Nokuto grimaça, passa Lame d'Or à sa ceinture -en se disant sans doute qu'elle la rendrait à son propriétaire plus tard- et descendit dans les conduites des égoûts. Elle fut rapidement suivie par Théoden. Et tous deux tombèrent dans un couloir étonnement large, haut de plafond. Et bien qu'une rigole large comme un chariot coulait en plein centre de l'égout, il se trouvait deux rebords de part et d'autres relativement secs. Le premier geste de l'une comme de l'autre fut d'ailleurs de rejoindre le refuge de ces territoires secs. Après quoi, Nokuto se laissa un instant glisser contre le mur humide, haletante.
Théoden avait déjà attrapé de quoi se bricoler une torche. Et après avoir aspergé d'un alcool remplissant sa flasque de l'étoffe enroulée autours d'une planche brisée, le Capitaine fit jaillir une flammèche du chien du petit mousquet qu'il portait au côté. La torche s'alluma, et les deux purent enfin s'orienter un tant soi peu dans ce chaos odorant.
Mer 22 Juin 2016 - 23:41
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Nokuto
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Tueuse à Gages
Nokuto
 Nokuto se réveilla avec un mal de tête lancinant. Puis ce fut son bras qui lui envoya une vague de douleur. La jeune fille se redressa, grimaçante, et regarda autour d’elle.
 Elle était allongée sur de la paille rêche et piquante, dans une salle miteuse et crasseuse. L’odeur était insupportable, et l’Amazone se leva brusquement pour courir à la fenêtre, dérapant sur la couche immonde d’excréments qui couvrait le sol. Par l’étroite ouverture, elle distingua un bout de ciel couvert d’étoiles. La nuit était déjà bien avancée.

 Nokuto examina attentivement la fenêtre en ogive, et en déduisit qu’elle ne pourrait pas s’enfuir par là. Elle retourna donc s’asseoir sur sa couche infestée de puces et déchira un bout du foulard qui pendait à sa ceinture. Elle l’appliqua sur son arcade sourcilière éclatée, épongeant le sang qui commençait à sécher, puis l’enroula fermement autour de son bras blessé en serrant les dents, pour arrêter l’hémorragie. Le garrot improvisé terminé, elle remarqua qu’elle n’avait plus aucune arme, ni ses sabres, ni ses dagues. Mais il lui restait celles qui, habilement dissimulées parmi ses vêtements, avaient échappées au regard des gardes : un lacet étrangleur enroulé autour de son poignet, sous son gant, gant qui camouflait aussi une bague remplie de poison mortel. Elle tâta les replis de ses vêtements dans lesquels elle avait l’habitude de cacher de petites lames de dernier recours, mais se rendit compte qu’il ne lui en restait qu’une seule, les autres avaient été découvertes. Elle eut un frisson de dégoût en songeant aux mains graisseuses des hommes qui l’avaient touchée pour la fouiller. Elle se saisit du petit coutelas et le glissa dans sa botte, prêt à être dégainé.

 La jeune fille se laissa aller contre le mur humide. Elle s’en voulait d’avoir fait si facilement confiance à cet homme, ce Capitaine qui lui avait promis de la faire partir d’ici, pour au final la dénoncer aux autorités du Duc. Et maintenant, elle se retrouvait dans une geôle répugnante, blessée au bras et à la tête, avec pour seule nourriture un bout de pain noir et moisi et de l’eau croupie. Elle soupira, et ferma les yeux. Elle était épuisée, et décida de se reposer avant de chercher à s’échapper. Mais à peine ses paupières s’étaient-elles abaissées, qu’un rectangle de bois coulissa sur la porte, laissant entrevoir les yeux porcins d’un garde. Nokuto se redressa d’un bond, aux aguets.

 -Hé, la mioche ! T’as intérêt à profiter de tes dernières heures, parce-qu’au lever du soleil tu passes au billot !

 Il partit d’un ricanement gras et referma le battant de bois, laissant seule l’Amazone paniquée. Elle allait être exécutée, déjà ?!
 Aussitôt elle s’activa à chercher, en vain, une porte de sortie. Jusqu’au lever du soleil, elle tenta de se glisser par la fenêtre, de crocheter la porte, finissant même par donner de grands coups rageurs dans le bois, sans succès.
 Alors elle se laissa tomber sur la paille, désespérée. Elle ne voulait pas mourir ! Elle voulait partir d’ici, de cette ville maudite ! Perdue, seule, elle sanglota, la tête dans ses bras. Elle s’endormit sans s’en rendre compte.

 Elle se réveilla en sursaut, alertée par la serrure de la porte qui cliquetait. Alors, tentant le tout pour le tout, elle fléchi les jambes, prête à sauter. Le battant de bois s’entrouvrit, et dès qu’elle aperçut le premier garde, elle bondit. Mais alors qu’elle pointait sur sa gorge sa dernière lame restante, elle s’aperçut qu’il n’était pas seul. Et déjà d’autres hommes se saisissaient d’elle, la détachaient de sa victime, la désarmaient et la traînaient hors de sa cellule. Elle se débattit, cracha, mordit quelques mains velues, tenta de se saisir de son lacet étrangleur qui lui échappa, mais un violent coup de pied dans le sternum la calma bien vite. Elle se laissa emporter, essayant de reprendre son souffle tandis qu’on attachait ses mains dans son dos.

 On l’amena sur une grande place bondée. Et, au centre, se dressait une énorme potence. Nokuto redoubla d’acharnement, se débattant, criant, et sa blessure au bras se rouvrit, mais sa voix frêle se perdit au milieu des roulements sourds des tambours et des huées de la foule.
 Alors on la fit gravir un escalier sur le côté de l’échafaud, et une pluie de fruits trop mûrs, et même quelques pierres, l’accueillirent. Elle serra les dents, tendue, résistant en vain à la poussée des gardes tandis qu’on l’humiliait.
 Quand elle arriva en haut, sur les planches de bois, elle se figea, terrifiée. Devant elle l’attendait un homme imposant et sombre. Son visage était recouvert d’une cagoule de cuir noir, laissant briller des yeux sombres et cruels. Le bourreau se saisit sans ménagement de la jeune Amazone, et la traîna, tremblante, jusqu’à une corde que soutenait une poutre. Il lui passa l’attache rêche autour du cou. Les fils usés lui irritèrent la peau, et elle sentit que ses jambes étaient prêtes à se dérober sous elle. En contrebas, on l’observait avec des regards haineux, tous ces gens qui l’insultaient… Ne comprenaient-ils pas qu’elle n’avait fait que son travail, que le nécessaire pour vivre ? Elle reconnu certains de ses anciens clients parmi la foule, qui se cachaient en lui crachant dessus eux aussi, heureux qu’elle meure si vite avant de pouvoir les dénoncer.

 Un homme richement vêtu commença à lire un parchemin, mais Nokuto ne l’écouta pas, et redressa la tête, fusillant du regard chaque personne autour d’elle. Ils la regarderaient mourir, mais au moins elle ne leur ferait pas le plaisir de s’effondrer en larmes. Elle ne donnerait pas cette satisfaction à ce traître qui l’avait trahie, après lui avoir fait entrevoir un espoir. Elle posa ses yeux fiers et haineux sur chaque personne présente là pendant que le magistrat lisait son discours accusateur.
 Et soudain, elle écarquilla les yeux. Un des hommes présents sur l’échafaud avait attiré son regard, et à présent elle le reconnaissait. C’était le Capitaine ! Que faisait-il ici ? Peut-être voulait-il la voir mourir de plus près… cela n’avait aucun sens. Pourquoi aurait-il prit autant de mal à se dissimuler parmi les gardes ?
 Mais elle n’eut pas le temps de l’interpeller, car déjà le discours était terminé et le bourreau s’avançait de son lourd pas vers un levier situé non loin. Les tambours s’étaient tus, et avec eux la foule. La jeune fille comprit avec horreur que la trappe sous ses pieds allait bientôt s’ouvrir et qu’elle tomberait, retenue par le cou, et son visage deviendrait violacé, et sa langue pendante, et la sensation d’étouffement, jusqu’à la mort…
 Et alors elle sentit quelque chose de froid et fin se glisser discrètement entre ses doigts liés. Le Capitaine venait de lui donner une petite lame !
 Soudain, elle se sentit tomber. Un cri monta de sa gorge, tandis qu’au ralenti, elle sentait la corde se resserrer sur sa trachée, comprimer ses organes… Mais brusquement, plus rien ne la retint et elle termina sa chute sous le plancher de la potence. Sans comprendre, puisqu’elle ne voyait rien de ce qui se passait au-dessus d’elle et que des abeilles lui bourdonnaient dans la tête, elle entreprit de se libérer à l’aide du coutelas que lui avait donné le Capitaine. Entendant un coup de feu, elle supposa qu’il l’avait sauvée en tranchant la corde.
 Alors, quand elle fut enfin libre de ses mouvements et remise de ses émotions, elle resserra la prise de ses doigts sur l’arme et fondit tel un ouragan mortel sur les gardes qui attendaient au pied de l’échafaud.

 Nokuto poignarda le premier dans le dos, sans qu’il ait le temps de réagir. Puis elle s’autorisa un bref coup d’œil au-dessus d’elle, et aperçut le Capitaine qui se battait vaillamment contre cinq gardes. Pourquoi était-il venu la sauver puisqu’il l’avait dénoncée ? Peut-être que, finalement, ce n’était pas lui qui l’avait vendue ?
 Tout en se posant ces questions, la jeune fille bondit sur le côté pour éviter un coup d’épée. Alors elle se reconcentra sur le combat. Elle était cernée par trois gardes armés de baïllonettes, difficiles à approcher. Mais elle feinta à droite, plongea dans les jambes du premier, le fauchant en plantant sa lame dans l’articulation du genou. Sans qu’il puisse avoir le temps de l’embrocher, elle se saisit de son fusil d’une torsion du poignet, fit volte-face vers les deux autres qui lui sautaient dessus. Usant de toute sa force, elle envoya en plein dans l’œil du premier la lame de la baïllonette, puis sauta à une hauteur surhumaine et assomma le garde en une pluie de coups de pieds circulaires avant de retomber au sol.
 Mais déjà d’autres arrivaient, et soudain un corps s’affala dans la boue à ses pieds, accompagné d’un joyeux « Cadeau ! » du Capitaine. Ne prenant pas la peine de l’étudier plus longtemps, elle se saisit du sabre qui était passé à la ceinture du garde, l’embrocha avec, et tournoya parmi ceux qui rappliquaient. Esquivant, feintant, tranchant, elle fut bientôt éclaboussée de sang. Elle évita au dernier moment la lame d’un garde, sautant par-dessus l’épée en un salto. Ses jambes tendues cueillirent son adversaire en plein thorax, qui s’effondra, projeté à plusieurs mètres. Nokuto couru vers lui alors qu’il se relevait difficilement, tendant son sabre vers son flanc. Elle se saisit de son bras et le tordit violemment. Un craquement sinistre se fit entendre, et elle balança le corps au-dessus de sa tête, récupérant la lame au passage.
 Alors qu’elle allait continuer sa danse mortelle avec cette fois-ci deux épées, elle aperçut du coin de l’œil que le Capitaine se trouvait mal. Il n’avait plus d’arme. Après une brève hésitation, elle lui lança celle qu’elle venait de gagner. Il lui avait empêché la pendaison, après tout.
 Puis l’Amazone retourna à ses deux adversaires restants. Elle bloqua un coup tout en sautant par-dessus un autre, trancha un membre et acheva le premier garde d’un coup de pommeau qui lui explosa le nez. Se jetant à terre pour éviter l’arc de cercle meurtrier qui venait de lui couper une mèche de cheveux, elle roula au sol et faucha le dernier, lui plantant sa lame dans la gorge quand il tomba.

 Elle n’eut pas le temps de reprendre son souffle. Une dizaine d’autres gardes arrivaient déjà. N’en viendrait-elle donc jamais à bout ? Sa nuit peu reposante ne l’arrangeait en rien, et la fatigue commençait sérieusement à se faire sentir. Son bras, dont elle avait été obligée de se servir lors du combat, la lançait et saignait sans discontinuer, la vidant peu à peu de ses forces.
 Mais elle n‘allait pas abandonner, si proche de la liberté ! Alors elle arracha le sabre du corps à ses pieds, et attendit les gardes, jambes fléchies.
 Ce fut un vrai massacre, et elle écopa de plusieurs blessures superficielles sur les bras et les jambes. Alors qu’elle se battait à l’épée, un coup de mousquet envoya valser son arme à une dizaine de mètres. Elle se trouvait démunie face à des armes à feu ! Elle plongea au sol, évitant de peu trois tirs heureusement peu précis, elle était trop vive pour eux, de simples humains.
 Soudain, une lame dorée se planta juste devant elle, sûrement le Capitaine qui lui rendait la monnaie de sa pièce. Prise alors d’un regain d’énergie, elle s’en saisit et la lança sur ses adversaires tous proches. L’un d’eux s’effondra, et, profitant de la surprise des autres, Nokuto se jeta sur eux, explosant leurs visages de coups de poings et de pied. Elle ramassa au passage l’arme brillante et égorgea un énième homme.
 Quand elle sentit que les forces la quittaient tout-à-fait, elle acheva rapidement son dernier adversaire et s’enfuit à toutes jambes, suivant aveuglément son sauveur qui courait lui aussi.

- Suis-moi Nokuto !

 Alors elle suivit le Capitaine, évitant les gardes, la lame dorée en main. Ils coururent pendant un temps long, interminable. Ils s’arrêtèrent enfin au fond d’une ruelle sombre, essoufflés. La jeune fille, surtout, sentait sa tête commencer à tourner. La faim, la fatigue, les blessures, tout cela menaçait de la faire tomber à chacun de ses pas.
 Elle fut quelque peu surprise de voir son sauveur desceller une plaque d’égout du sol, mais n’eut pas le temps de protester qu’il la poussait presque dans le conduit souterrain, suintant d’humidité. L’Amazone grimaça, passa la dague dorée à sa ceinture et descendit lentement.

 Elle atterrit dans un couloir large tandis que son sauveur refermait la plaque, tombant à sa suite. Nokuto n’attendit pas, et se laissa glisser contre le mur humide, haletante, frissonnante. Elle haïssait être sous terre, elle avait froid, faim et soif, son bras blessé saignait abondamment, elle semblait prête à s’évanouir et elle avait besoin de réponses. Ne pouvant remédier aux autres problèmes, elle décida de commencer par poser les questions qui lui taraudaient l’esprit au Capitaine qui venait de se fabriquer une torche et regardait autour d’eux avec méfiance, tentant de distinguer un chemin vers la sortie.

 -Est-ce… vous qui… m’avez dénoncée ?, commença-t-elle, tournant des yeux brouillés par la fatigue vers son interlocuteur.

 -Serais-je venu te sauver si je l’avais fait ?

 -Justement… j’en étais persuadée… au début, et puis quand… je vous ais vu… Merci. Vous… m’avez sauvé la vie.

 Il baissa les yeux vers elle.

 -Il ne faut pas s’attarder. Bandes ça et en avant, dit-il avant de sortir de l’intérieur de sa redingote un compas qu’il consulta d’un œil perplexe. Je sais par où nous allons retrouver mon vaisseau.

 Nokuto se tut tandis qu’il parlait. Elle déchira un morceau du foulard qui pendait à sa ceinture, et grimaça en serrant fort le garrot pour arrêter l’hémorragie. Puis elle se releva difficilement, s’aidant de la paroi. Elle avait encore des questions.

 -Pourquoi m’avez-vous sauvée ? demanda-t-elle en baissant les yeux. Ça ne valait pas la peine de risquer votre vie.

 Le Capitaine eut alors une réaction très étrange. Il se mit en marche d’un bon pas, et dit d’une voix joviale : « J’aime emmerder le Duc Medron ! ». Sa réponse laissa planer un silence entre eux deux, jusqu’au moment où il s’arrêta brusquement et tourna vers Nokuto un visage empli de grief.

 -J’ai vu trop d’Amazones mourir inutilement.

 Le Capitaine était décidément un homme très étrange, qui avait l’air d’avoir vécu tellement de choses ! Tandis qu’il repartait d’un bon pas, la jeune fille répondit :

 -Mon espèce a une espérance de vie très… restreinte hors de la Jungle. Je… j’aimerais être la première à m’installer durablement hors de mon habitat d’origine.

 -Nous verrons cela une fois dehors. Les rêves ne se font pas dans des égouts.

 Ces paroles firent frissonner Nokuto. Elle avait la phobie des tunnels souterrains.

 -Oui, enchérit-elle. Sortons vite d’ici. Je n’aime pas cet endroit.

 -Garde tes couteaux près de toi, Nokuto.

 Tandis qu’elle serrait ses doigts autour de la lame dorée, seule arme restante puisque les gardes l’avaient dépouillé pendant qu’elle était assommée, le Capitaine lui révéla soudainement son prénom en la regardant un bref instant par-dessus son épaule.

 -Le Capitaine Théoden… murmura l’Amazone.

 -Et je pense que c’est moi que pensaient attraper les gardes qui t’ont emportée hier, ajouta-t-il en acquiesçant de la tête.

 -Pourquoi en auraient-ils après vous ? Vous avez dit tout-à-l’heure que vous aimez… embêter le Duc.

 -Parce-que je lui ai dérobé un de ses jouets préféré ! lui répondit-il avec un demi-sourire.

Nokuto le dévisagea un instant, confuse. Cet homme était décidément insaisissable, très mystérieux. Oui, c’était le mot, mystérieux.
 Ces pensées s’échappèrent bien malgré elle de sa bouche, et elle rougit brusquement tandis que le Capitaine riait.

 -Je ne le suis pas plus que n’importe-qui, dit-il après que son éclat de rire ait disparu dans les profondeurs des galeries, portés en écho contre les parois suintantes.

 Les deux fugitifs continuèrent de marcher en silence pendant un moment, la jeune fille gardant les yeux au sol, le marin surveillant les alentours d’un œil attentif. Après un moment de silence, Nokuto releva brusquement la tête.

 -Savez-vous qui nous a dénoncés ?

 -Le vieux MacLod, acquiesça Théoden. Le tenancier du bar.

 -Ah oui… Pourtant… Vous l’aviez payé…

 Soudain, la jeune Amazone, qui marchait jusque-là d’un pas titubant, s’effondra au sol, à deux doigts de s’évanouir. Elle eu vaguement conscience que le Capitaine soupirait en posant sa torche, constatant que Nokuto avait perdu bien trop de sang. Il lui refit un bandage bien plus serré, récupéra la lame dorée qui pendait à la ceinture de la jeune fille, la balança sur son épaule et reparti.
 Il marcha quelque temps avant que l’Amazone émerge de sa léthargie. Quand celle-ci s’aperçut que Théoden la portait, elle piqua un fard, ne sachant que faire, restant un poids mort sur son épaule. Elle n’avait pas l’habitude des contacts aussi… rapprochés. Elle prit son courage à deux mains et bafouilla :

 -Euh… Merci de m’avoir portée, mais… euh… maintenant ça va mieux.

 Ses paroles n’eurent aucun effet sur la Capitaine, qui répondit tout en avançant :

 -Voilà ce qu’il se passe quand on soigne mal une blessure. Je pensais qu’on t’aurait au moins appris ça dans la Jungle.

 -C’est que je n’avais pas de quoi me soigner dans ma cellule crasseuse, se justifia Nokuto tout en rougissant de plus belle.

 -Tu n’avais pas beaucoup plus dans la Jungle, rétorqua-t-il.

 Sa réponse mit un terme à la discussion et ils continuèrent à progresser dans le tunnel en silence, elle jetée par-dessus son épaule comme un vulgaire sac, extrêmement gênée. Son membre blessé la lançait atrocement. Théoden finit tout de même par s’arrêter et la reposa contre un mur. Nokuto s’empressa de le libérer de son poids et s’adossa à la paroi, tendue.

 -Il va falloir que tu renonces à ce bras pour un moment, dit le Capitaine.

 -J’ai toujours l’autre, donc ça va.

 -Tu devrais être plus prudente, répondit-il avant de poser un regard calculateur sur elle. Et te couvrir d’avantage. Ta tenue attire trop les regards par ici. En plus de l’absence complète de protection.

 -Je suis une Amazone, rétorqua Nokuto sur la défensive. Je n’aime pas être trop habillée, et cela ne me gêne pas. Et puis, je vais m’entraîner à être plus agile, comme ça je ne recevrais plus de blessures.

 -Tu es une Amazone loin de sa Jungle. Tu penses qu’un poisson vivrait longtemps avec ses nageoires hors de l’eau ?

 Il s’assit à côté d’elle, et la regarda avec ses yeux d’aciers. La jeune fille serra les bras le long de son corps, veillant à ne pas effleurer Théoden. Ce qu’il venait de lui dire la troublait beaucoup. Avait-elle eu tort de quitter son pays natal ? N’avait-elle aucune chance de survivre ici ?

 -Tu as besoin de changer, de t’adapter, ajouta-t-il.

 -Je… je ne sais pas… répondit Nokuto, tremblante. Je connais si peu le monde…

 -C’est un monde de merde qui t’attend, dit-il en lui adressant un mince sourire. Je ne te mentirais pas. Mais c’est celui que nous avons ! Et si tu veux y vivre, je peux t’aider.

 L’Amazone lui adressa un sourire reconnaissant. Il l’avait rassuré, et l’espoir revint d’un coup en elle. Que cela la soulageait de savoir qu’elle pouvait compter sur quelqu’un pour l’aider !

 -Merci, vous êtes si gentil avec moi… Alors que ce que je fais n’est pas très honorable.

 Elle se reprit et ajouta d’un ton enjoué :

 -Et vous ? Qu’est-ce que vous faîtes dans la vie, à part Capitaine ?

 -Je ramène une princesse chez elle, répondit-il en souriant, elle avait été kidnappée. En dehors de ça, je me contente de servir les Dieux. Ça me prend suffisamment de mon temps !

 -Vous sauvez des princesses et vous servez des Dieux ?! s’exclama Nokuto avec un air d’enfant ébahi, avant de froncer les sourcils. Mais je ne crois pas en vos Dieux. Qui servez-vous alors ?

-La déesse des océans, Ariel. Elle m’a ressuscité de chez les morts il y a pas moins de six lunes.

 La jeune fille le fixait la bouche grande ouverte, attendant qu’il lui raconte ses histoires, impressionnée. Il avait l’air d’avoir tant voyagé, d’avoir tant d’expérience !
 Il tira de sa veste une petit flasque de rhum.

 -Après des heures de combats dans des arènes, devant une foule de plusieurs milliers de personne, une Elfe m’a transpercé avec une lance de plusieurs pieds avant de me laisser couler à l’intérieur d’une carcasse de galère en flammes.

 Théoden la toisa avec un regard mystérieux qui fit frémir Nokuto, avant de boire un bon coup.

 -Et pourtant me voilà, acheva-t-il. Aussi vivant que toi !

 L’Amazone, qui l’avait tout le long écouté dans un silence quasi religieux, en totale admiration, ne dit rien pendant un moment. Puis elle demanda en désignant la gorge du Capitaine :

 -C’est la lance de l’Elfe qui vous a fait ça ?

 Il palpa un peu sa gorge, avant de sourire.

 -Non… Ça ce sont des barbares des Îles de Jade. Après m’avoir capturé à bord de mon propre navire, ils ont essayé de me pendre vivant ! Heureusement que j’ai toujours une lame dans ma manche…

 Il se laissa aller à un léger rire et rangea sa bouteille. Nokuto détourna les yeux et son regard vint se perdre dans les profondeurs de la galerie. Elle soupira.

 -Vous avez vécu tellement d’aventures… Votre vie doit être passionnante !

 -Ton tour viendra Nokuto, dit-il en haussant les épaules. Tu pourras parler de cette cicatrice sur ton bras à la personne que tu sauveras ! Il faudra attendre que tu aies mon âge pour ça !

 Il rit, et la jeune fille esquissa un timide sourire elle aussi.

 -J’espère que j’atteindrais votre âge ! dit-elle avant d’ajouter. Vous avez quel âge ?

 Brusquement, Théoden fronça les sourcils, énervé, et s’exclama qu’il ne fallait pas demander ça aux gens. L’Amazone se tendit et commençait à se répandre en excuse, elle ne connaissait pas très bien les coutumes humaines après tout, jusqu’au moment où elle croisa le regard malicieux du Capitaine.

 -Ah ! se détendit-elle. C’était une blague…

 Il rit, content de lui, puis se releva en lui tapant sur l’épaule, un peu trop violemment pour elle, ce qui la fit grimacer.

 -Tu es encore bien jeune pour mes ruses de vieux loup !

 -Un jour, je ne me laisserais plus avoir !

 -Bien, dit-il en hochant la tête, voilà une bonne résolution. Tu en auras besoin. Maintenant en route.

 Et ils repartirent. Nokuto le suivait en silence, très troublée. Cet homme qu’elle connaissait à peine, qui lui avait raconté des choses si extravagantes qu’elle avait du mal à y croire, cet homme la détendait. Pour la première fois depuis longtemps, elle ne pensait plus à son avenir qui lui paraissait si sombre, son angoisse des souterrains s’atténuait. Et puis, il l’avait fait sourire, et cela faisait une éternité.
 Au bout d’un moment, elle lâcha abruptement :

 -Du coup, vous avez quel âge ?

 -Près de 2 500 ans.

 Nokuto s’arrêta net, ébahie, et laissa échapper un « C’est vrai ?! » interloqué. Théoden la regarda avec un air des plus sérieux sous ses sourcils épais et sa barbe foisonnante, et hocha la tête. Il était très intimidant, et elle ne sut quoi faire d’autre que de le fixer avec des yeux interloqués. Puis elle dit :

 -Hé bien… C’est vieux quand même !

 Mais alors le Capitaine eut une réaction totalement imprévue : il éclata de rire et reprit sa route, hilare.

 -C’est trop facile ! s’exclama-t-il.

 La jeune fille comprit qu’il s’était une nouvelle fois moqué d’elle et repartit à sa suite en affichant une mine vexée. Mais comme il riait aux éclats devant elle, elle ne put s’empêcher de sourire elle aussi.

 -Arrêtez de vous moquer ! C’est pas ma faute si je suis si… naïve…

 Il se calma et finit par se tourner vers elle.

 -J’ai 42 ans, Nokuto.

 -Ah, enfin ! se détendit-elle. Merci.

 Il sembla que cela avait mit un terme à la conversation, car les deux fugitifs reprirent leur route, observant de nouveau ce qui les entourait avec méfiance. Le silence se fit de plus en plus pesant, et la jeune Amazone commença à étouffer. Elle haïssait être sous terre, elle haïssait ce tunnel humide et sombre, elle haïssait être ici !
 Soudain, elle se figea, terrifiée. Un bruit venait de retentir devant eux. Théoden tira son sabre et tendit la torche à bout de bras, silencieux.
Quoi qu’il arrive, ils étaient prêts à l’accueillir.
Mer 13 Juil 2016 - 16:21
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Dargor
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Dargor
Depuis qu’il était devenu élu divin, les choses lui avaient semblé différentes. Ce n’était pas sa condition d’élu qui avait changé les choses, ni son statut de héros au sein des Marches d’Acier. Ces choses n’étaient à ses yeux que des titres sans importance. Il appréciait, bien sûr, les honneurs qui lui étaient rendus quand il voyageait dans les Marches. Il appréciait la crainte mêlée de respect que lui vouaient les peaux-vertes des Montagnes du Nord du Monde, ces orcs qui avaient scellé une alliance avec les Marches dans le cas où les nations du sud viendraient à leur chercher noise. Il était heureux de la considération que les elfes de la tribu de Cirenviel et ceux des glaces avaient pour lui.
Mais au fond, tout cela l’ennuyait. Oui, depuis qu’il était élu divin, en vérité, sa quête s’était achevée. La quête de toute une vie. Depuis qu’il avait trouvé ce médaillon dans son grenier, alors qu’il était enfant, il n’avait plus eu qu’un seul but. Il s’était d’abord agit d’en percer tous les mystères. Puis lorsque ce but avait été atteint non pas par lui, mais par Antonina, la fille de Verstholen, magicienne des glaces, il s’était agi pour lui de se battre pour libérer la Dame donc l’âme était prisonnière dans ce médaillon. Grâce à l’aide de la druidesse Tavish, qui avait utilisé l’aide de sa déesse, la déesse mère des Iles de Jade, il avait pu achever cette quête. Elué, déesse de l’hiver, après des millénaires d’absence, était revenue à la vie. Grâce à lui.
Personne, à part Tavish et Elué elle-même, ne saurait jamais cela. Gaunt avait beau être devenu son élu divin, il n’avait jamais revendiqué l’exploit. Et pour dire vrai, il n’avait été que l’ombre de lui-même durant les lunes qui avaient suivi. L’ombre de lui-même, car l’issue de sa quête, il l’avait rencontrée. Mais quand un homme consacre des tours, des tours, des dizaines de tours, toute une vie, à pourchasser cette issue, que pouvait-il devenir une fois cela accompli ? Gaunt avait été tenté de se laisser dépérir. Mais cela n’avait pas été pour lui, heureusement. Sa déesse, Elué, lui vint en aide quand elle comprit sa détresse.

« Tu es un éternel errant, lui avait-elle dit un jour, en rêve. Une maison, une famille peut-être… Ce ne sont pas des choses pour toi. Ce dont tu as besoin, c’est d’un but. D’une quête. Et tu vivras en errance sur cette route qui te mène vers l’issue de ta quête. »

Après ce rêve, Gaunt avait commencé par se chercher une quête. Telle avait été la raison de sa première errance, sans réel but, sur le continent alors déchiré par les guerres. L’objectif de sa quête ? Il le trouva finalement. Il y avait quelques temps déjà, il avait parcouru le continent avec un groupe d’aventuriers. Parmi eux, une catin, qui était morte en couches, et dont ils avaient dû abandonner le corps en fuyant un combat. Elle portait au doigt un anneau que la druidesse Tavish avait identifié comme très ancien. Cet anneau avait de grands pouvoirs qu’elle peinait à utiliser, et qui ne demandaient donc qu’à être exploités. Un grand objectif, donc pour sa quête.
Naieth la catin était morte à Kelvin. Retrouver une bague perdue au doigt d’une morte dans les quartiers pauvres de Kelvin relevait de l’illusion. Elle avait très certainement été égarée. Et Gaunt, après quelques lunes à Kelvin, s’était résolu à devoir passer de nouveau des tours à parcourir les lieux sans le moindre indice. Seulement, là encore, sa déesse n’entendait pas les choses de cette oreille. En rêve, elle réapparut, et lui révéla où devait-il chercher.
La bague avait été emmenée dans les halls de Kelvin, avait-elle dit. Il devait chercher dans le labyrinthe. De nuit, il escalada donc le mur qui séparait la cité du labyrinthe, et se laissa tomber dans ces lieux où ses camarades Théoden et Bolch avaient grandi. Les halls, il les avait découverts plus tard. Sous Kelvin, les égouts formaient une véritable ville sous la ville, que ses habitants nommaient les Halls de Kelvin.

---

Les réseaux de tunnels étaient sombres, et les torches précieuses. Telle avait été sa première leçon. Toutes les tunnels n’étaient pas parcourus de rivières, loin de là, ils étaient même plus nombreux à être secs. Mais en revanche, tous étaient humides, et lorsqu’il pleuvait à la surface du monde, de fins ruisseaux se formaient dans les tunnels les plus secs. Les halls se composaient sur plusieurs niveaux. La mer envahissait les plus bas. Quand elle montait, elle pouvait inonder certains halls habités, encore plus en cas de tempête. Dans ce cas, les habitants remontaient vers la surface.

Les habitants, parlons-en ! Gaunt s’aperçut qu’ils vivaient en communautés dont le but était la survie. Tous les jours, ils partaient en expédition pour chercher de la nourriture. Dans les halls, il était dur d’en trouver. Mais parmi les rares kelvinois qui connaissaient l’existence de ces derniers, il en était certains qui vendaient à prix exorbitant des denrées permettant de faire vivre cette population, qui payait avec tout ce qu’elle pouvait trouver. Le banditisme, les affrontements entre groupes, et parfois le cannibalisme, comprit vite Gaunt, étaient choses courantes ici. Une bonne arme, et une bonne torche, étaient les meilleures amies qu’il pourrait jamais y avoir.
Durant son séjour, il s’appliqua à dresser une carte. Il comprit rapidement qu’il était considéré comme un fou par les habitants des halls, qui ne comprenaient pas sa quête d’une bague. Alors il ne rejoignit les groupes que le temps de refaire des réserves avant de repartir. En échange, il monnayait ses talents de guerrier ou de négociateur auprès des marchands.

Un jour qu’il errait auprès d’un groupe, fouillant une zone envahie par l’eau de mer, et donc poissonneuse, il entendit du bruit. Il avait pour rôle la protection du groupe, constitué en outres de nombreux adolescents. Il s’avança vers la source du bruit. Des pas. Deux personnes. Le bruit, il avait vite appris à l’identifier, et à lui-même ne pas en faire. Ces personnes ne devaient pas venir des halls, car ils étaient trop bruyants. Il sortit son épée, et les attendit derrière l’angle d’un mur. S’ils venaient en amis, ils n’auraient qu’à crier.
Telle était la règle ici.
Mer 13 Juil 2016 - 23:42
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Capitaine Theoden
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Capitaine Theoden

Un long silence précéda l'assaut. Un silence à peine troublé par les pas feutrés de Nokuto et du Capitaine Théoden. Tous deux, ils en étaient certains, avaient entendu du bruit dans ces galeries. Ces égouts maudits qu'ils arpentaient depuis près d'une heure maintenant.
Alors ils avançaient, et il mena la marche pour sa protégée blessée. Dans le noir, puisqu'ils avaient éteint leur torche, tous deux passèrent un croisement sans même le voir. Il y eut alors un craquement, suivit d'un sifflement vif. A peine le temps de l'entendre, Théoden avait levé son sabre et dévié ce qui aurait été un coup mortel. Porté par un ennemi jusqu'alors invisible. Seulement voilà, l'attaque qui avait manqué de fendre son crâne venait de le séparer de Nokuto. Un second coup fut porté, par cette même haute silhouette noire. Théoden se baissa pour l'éviter et bondit en arrière jusqu'à la hauteur de l'Amazone.
Mais ce combat n'eût jamais de suite. L'assaillant ne porta jamais de troisième coup. Théoden non plus d'ailleurs, à la grande surprise de sa protégée.
Nokuto lui jeta un coup d'œil étonné, ouvrant la bouche pour demander ce qu'il se passait. Elle fut coupée par des rires amusés, et francs. L'homme en noir rengaina, imité par le Capitaine et tous deux se jetèrent l'un sur l'autre pour se saluer. Dans une étreinte aussi brève que forte.

"-Gaunt ! Que fais-tu dans cet endroit misérable ?" lance Théoden, après une bonne accolade "Les montagnes du Nord t'ont enfin lassé ?"

La jeune Amazone resta figée dans son désarroi, armes baissée. Elle assistait visiblement à des retrouvailles ! Entre deux très très vieux amis.

"-Je poursuis une quête mon ami." fait le fameux Gaunt, rallumant une lampe à huile qui pendait jusque là à sa ceinture. "Et toi, lassé des mers ?"

Gaunt était un de ces personnages fait de légendes. Sous son large chapeau, et sa cape noire, il cachait un corps façonné par les tempêtes de glace. Une forte mâchoire, des yeux vifs. L'emblème vivant de tous les hommes du nord du continent !
On l'avait connu pour beaucoup de haut faits. Même Théoden ne pouvait alors que difficilement prétendre avoir vécu autant d'aventures.
Gaunt n'avait pas son pareil pour survivre. Un terme simple qui prenait tout son sens après des mois de marche dans les terres inexplorées du grand nord. C'était un tueur accompli de Peaux-Vertes. Et c'est avec son aide que bien des tours plus tôt, Bolch, Théoden et lui avaient sauvées les Marches d'une invasion Orc, en enraillant leur offensive sur les ruines mêmes de la Gardienne.
En y resongeant, Théoden eut de nouveau un rire léger, avant d'avouer avec un brin de perplexité qu'il avait de nouveau eut à fuir le Duc Medron.
Mais bien vite, il se tourna vers la jeune Amazone qui se trouvait à sa droite, lui faisant faire un pas en avant d'une bonne tape dans le dos.

"-Je te présente Nokuto, une jeune Amazone que je viens de sauver de la potence. Nokuto, voici Gaunt Vogel, l'élu le plus sinistre de cette partie du Continent !" un léger silence plus tard, il ajoutait "Et un de mes plus anciens amis."

"-Enchanté."

"-Enchantée."

Ce fut presque de concert qu'ils se le dirent, échangeant un simple signe de tête.

Après quoi, tout ce petit monde ce mit en chemin. Tous trois, suivis des compagnons du chapelier laissèrent derrière eux ce sinistre carrefour, pour se diriger vers un endroit inconnu des deux nouveaux. Nokuto était naturellement méfiante. Elle connaissait mal ce Gaunt. Et pour autant qu'elle puisse le savoir, ces hommes derrière elle pouvait la poignarder dans le dos à tout instant ! Mais le Capitaine était de nouveau des plus détendu, marchant d'un bon pas sans l'ombre d'un soucis sur le visage. Ce fut sans doute la seule chose qui la retint là, et l'empêcha de fuir de son côté.
Après quelques instants, Théoden finit par se gratter la gorge, jetant un coup d'oeil à Gaunt.

"-Et donc, quelle est cette fameuse quête que tu poursuis ?"

"-Tu te souviens de Naieth ? J'essaye de retrouver sa bague."

Naieth, oui. Comment l'oublier ? Une jeune femme prodigieuse, se rappelait Théoden. Une fille de joie provenant de cette même ville, Kelvin. Elle avait dérobé au Capitaine son compas enchanté après une nuit dans une auberge. La chose étrange, c'était qu'après qu'il lui ait logée une balle de mousquet dans l'abdomen, elle s'était relevée sans une égratignure.
Sa bague, elle était enchantée. Gaunt l'avait vite deviné à l'époque. C'était d'ailleurs la raison pour laquelle Naieth avait suivit le petit groupe qui s'était formé autours du chapelier et du marin. On découvrit vite les autres propriété de ce bijoux. Une fois, se rappela Théoden, dans un marais infesté de Trolls, Naieth s'était mise à lancer des boules de feu comme n'importe quel mage rouge !
La jeune femme compta vite comme une bonne amie, aux yeux du marin. Mais après un long voyage et beaucoup d'aventures, elle trouva la mort.

"-Naieth, oui je m'en souviens. Bien sûr. Comment l'oublier ?" il eut un léger sourire, songeur "Pourquoi recherches-tu sa bague ?"


"-Pour ne pas laisser un artefact d'une telle puissance dans la nature."

"-J'imagine que l'on peut t'aider, si tu le souhaites. Tu n'auras pas oubliées les capacités de mon compas !"

Nokuto, en l'entendant lui jeta quelques regards insistants. Etait-ce une bonne idée de s'attarder dans cette ville, maintenant qu'ils y étaient recherchés ?
Assurément, semblait penser le Capitaine. Dans ces égouts, aucun soldat ne descendrait jamais. Et ça les occuperait le temps que les choses se calment en surface.

"-Certainement pas." répondit Gaunt, avant d'ajouter "Cela dit, je préfère livrer cette quête sans tricher. Si tu n'y vois pas d'inconvénient."


"-En ce cas je suppose que nous suivons tous ! Où nous emmènes-tu ?"

En chemin, Théoden et Gaunt eurent l'occasion de discuter de la condition de vie dans ces égouts. Le chapelier, en effet, semblait collecter des renseignements. Des renseignements sur les connaissances des locaux en matière de magie. Théoden lui fit part de sa perplexité. Ayant grandit dans le Labyrinthe, juste au dessus de leurs têtes, où la magie était presque une légende, le Capitaine songeait qu'ici bas il ne devait pas se trouver le moindre mage digne de ce nom.

"-Ce n'est pas réellement le labyrinthe." corrigea Gaunt "C'est autre chose. Sais-tu ceux que sont les Halls ?

Théoden et Nokuto se jetèrent un regard perplexe, ignorant tout de ces curieux "Halls." Gaunt se racla donc la gorge, après un moment de silence et leur indiqua tout ce qu'il se trouvait autours d'eux. "C'est cet endroit." avait-il indiqué.
Kelvin s'était apparemment doté d'égouts à l'architecture singulière, capable d'accueillir toute une population. Il n'y avait apparemment pas que de petites galeries étroites comme celles qu'ils traversaient. Parfois il était possible de tomber sur de grands espaces, hauts comme des cathédrales et larges comme deux palais où vivaient des centaines de personnes.

"-Depuis quand es-tu là au juste, Gaunt ?" lança Théoden "Ce dédale n'est pas très connu en surface, pour autant que je le sache."

"-Quelques lunes, je crois. Je soupçonne que la bague de Naieth se trouve en ces lieux. Voilà pourquoi j'enquête sur la perception que ces gens ont de la magie. Si la bague s'y trouve, ils le savent forcément sans le savoir."

Théoden laissa planer un silence, cachant à peine son intérêt pour l'objet. Son regard scintillait dans le noir de la galerie. Une bague pareille, dotée de pouvoirs aussi puissants que variés lui seraient sans doute d'une grande aide lors de cette futur Odyssée qu'il devrait bientôt entreprendre. En outre, si ce n'était son ami Gaunt il essayerait probablement de la dérober à la fin de leurs recherches.
Pour une fois, il ferait une exception. Malgré tout ce que ça lui coûtait de laisser passer un artéfact pareil...

"-Simple...curiosité. Qu'en feras-tu une fois que tu l'auras trouvée ?

-Je l'ignore encore. C'est le voyage l'objectif."

D'une main, Théoden flatta sa moustache, détournant ses pensées de sa soudaine cupidité et se livra à une brève réflexion.

"-Je vois... Bien, je suppose qu'il va nous falloir interroger des gens.

-A vrai dire cela fait quelques lunes que je vis parmi eux, pour éviter un rejet... Les gens d'ici sont ouverts, mais la violence étant régulière, ils préfèrent se méfier.

-Ca se comprend. Hors de question d'user de violence alors.

-Nous aurons sans doute à le faire, je le crains. Mais mieux vaut éviter d'être les agresseurs. Je suis moi-même avec un groupe. Nous suivrez-vous, toi et ton amie ?"

Théoden consulta Nokuto du regard un instant, alors qu'elle se retournait une énième fois pour s'assurer qu'aucun des compagnons de Gaunt ne s'en prenne à elle. Il saluait sa méfiance. Elle la porterait sans doute loin !
Il finit par se tourner vers Gaunt, songeant que Nokuto et lui auraient le temps d'en reparler si elle avait quelconque protestations.

"-Ton groupe n'a rien contre les Amazones ?

-Je ne pense même pas qu'ils sachent ce que c'est.

-Alors on en est." finit par lâcher Théoden, en tapotant le pommeau du sabre à son côté. Il songea que la dernière fois qu'il en eut porté un tel que celui-ci, c'était lors de la Grande Bataille de la Gardienne. Et qu'à l'époque déjà, tous deux combattaient côtes à côtes. De fil en aiguilles, après un léger silence, le Capitaine songea qu'il devrait mettre Gaunt au courant. Mais pas encore, "lorsqu'on s'arrêtera pour se reposer." songea-t-il. L'heure était encore à la chasse...
Dim 25 Sep 2016 - 13:14
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