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[Terminé][PV Lancen]Le Prophète
Dargor
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Dargor
Ils étaient huit voyageurs enfermés dans un coche, sur une route détournée. Détournée car la guerre faisait rage dans les Cités-Etats, et les routes habituellement utilisées par les voyageurs étaient occupées les armées des deux camps. Mais que ce soit d’Oro à l’Empire, ou de l’Empire à Oro, les deux nations continuaient d’entretenir des contacts. Aussi s’étaient-ils arrangés pour tracer des routes plus ou moins praticables, ou retrouver des routes plus ou moins laissées à l’abandon, pour traverser l’immense forêt qu’était la campagne des Cités. Dans ce contexte, le voyage n’avait rien d’agréable. La route que la compagnie avait choisie pour le coche de ces voyageurs était non pas l’une de ces routes rapidement balisées par les armées, mais une vieille route que l’on avait défrichée à la va-vite. En effet, les routes tracées temporairement par les deux nations avaient pour inconvénient de faire faire d’énormes détours aux voyageurs, pour éviter la guerre d’une part, et d’autre part, elles avaient ceci d’embêtant que le terrain était mauvais. Les coches ne pouvaient pas y circuler de façon pratique. Pour la compagnie qui les affrétait, le manque-à-gagner était évident. Aussi avait-elle choisie une autre route.
Les pavés de cette dernière étaient encore présents sur le sol, même si la mousse avait poussé entre eux, créant un terrain très inégal, qui secouait l’ensemble des passagers. Le coche avançait aussi vite que possible, mais il fallait régulièrement le faire arrêter ou le faire ralentir, car des branches avaient envahi les lieux. Les deux cochers avaient été équipés d’outils pour défricher la route sur leur passage. C’était la première expédition à tenter cet itinéraire, ils devraient faire à leur retour un rapport sur cette nouvelle voie dégagée. Et de temps en temps, les passagers devaient venir les aider. Cela n’était d’ailleurs pas pour plaire à cette communauté. Il n’y avait plus d’auberges sur cette route la nuit. Mais la compagnie était généreuse et avait confié des tentes individuelles à tout le monde.

C’était de jeunes riches qui étaient montés dans cet équipage. La compagnie avait souhaité transporter des riches à cette occasion afin de montrer à ceux qui seraient moins aisés que la voie dégagée était la bonne. Et pourquoi jeunes ? Parce que le charme de dormir sous la tente s’était mieux vendu auprès de jeunes qui avaient l’avenir devant eux plutôt qu’auprès de vieux nobles ou aristocrates aux os douloureux. Et en fait de jeunes gens, c’était un groupe d’élèves musiciens qui faisait le voyage. Ils appartenaient à des familles de marchands ou de nobles de la Cité de Jade Etincelante, et avaient pour point commun leur précepteur en matière de musique, qui avait eu l’idée de les réunir pour former une petite troupe de musique, qui fonctionnait à son goût plutôt bien. Il les emmenait en Oro pour les montrer à un public plus exigeant.
Les deux cochers qui menaient cet équipage s’étaient présentés sous le nom de Pat et Jeff. Vu qu’ils avaient la responsabilité du groupe, ils en avaient reçu le titre de meneurs. C’était eux qui décidaient quand s’arrêter et quand dresser les tentes, ou faire sortir les passagers pour les aider à déblayer. Et même dans ce duo, Pat dominait clairement Jeff. Tous dans le groupe pouvaient sentir qu’il aimait bien commander. Etait-ce parce que c’était la première fois qu’il dirigeait quelqu’un ? Etait-ce tout simplement parce qu’il aimait ce sentiment de supériorité ? Toujours était-il que si son autorité n’était pas remise en cause, puisqu’après tout c’était lui qui savait où on allait, personne ne l’aimait vraiment. Parce qu’il prenait un malin plaisir à railler tout le monde, à faire des remarques et avoir des gestes obscènes envers les femmes du groupe… Jeff essayait en vain de compenser un peu cette autorité déplacée par une sympathie un peu timide, mais il était comme invisible. Personne ne se souciait de lui ou de l’influence qu’il pouvait avoir, tant sur l’équipage que Pat. Il y aurait tout aussi pu n’avoir qu’un cocher, à ce compte-là.

Outre les deux cochers, qui restaient à l’extérieur de la cabine, il y avait donc Quessan, un ramien. C’était le professeur de musique du groupe. C’était un homme ambitieux, mais pas trop. Il était considéré comme bon musicien à Ram, et c’était là qu’il avait été remarqué par des riches marchands de l’Empire, qui avaient réussi à le faire venir. A Ram, il n’arrivait pas à se faire un trou en tant que grand musicien, car même s’il était talentueux, il y en avait trop de meilleurs. Il avait donc souhaité tenter sa chance ailleurs, et Virel lui avait souri. Aujourd’hui, il avait sa propre troupe. Secrètement, il souhaitait en faire une troupe professionnelle, et ne pas se contenter de les avoir temporairement tant qu’ils n’auraient pas de « vrai travail ». Il comptait en partie sur ce voyage pour les convaincre. Après tout ces jeunes avaient entre dix-sept et vingt-deux tours, et donc à cet âge, ils étaient forcément encore assez idéalistes pour le suivre dans son rêve et dire non à leur famille. Il les avait en outre sélectionnés sur la base du fait qu’ils ne soient pas les ainés de familles, de préférence nombreuses. Ainsi, l’opposition à ce projet, s’il devait se réaliser, serait moins grande.
Sa troupe était ainsi composée de deux jeunes garçons et trois jeunes filles. Le premier des garçons, Eadja, était un jeune homme très timide, mais d’une grande intelligence. Virtuose, il jouait de ses percussions d’une façon très technique. Il était incapable de s’affirmer en envoyant des coups violents sur ses tambours pour les faire raisonner, mais était capable de réaliser des enchainements complexes et bien structurés. Cette façon de jouer était à son image. Timide et intelligent, tel était Eadja. Durant le voyage, il ne parlait pas beaucoup. C’était sans doute la première fois qu’il quittait la capitale impériale. Peut-être même le quartier dans lequel il vivait en fait. Et pourtant, du haut de ses vingt-deux tours, il était l’ainé du groupe. A tout le moins, il se détendait à mesure que l’ambiance se relâchait dans le coche. Car depuis le début du voyage, l’ambiance, tendue par l’excitation du départ et l’attitude de Pat s’était relâchée, et détendue. Cela avait eu une influence positive sur Eadja, qui se sentait déjà plus à sa place.
Wilcar était le nom de l’autre garçon. Lui était le cadet du groupe, avec ses dix-sept tours. C’était tout l’inverse d’Eadjar. Sûr de lui sans être prétentieux, la façon dont il jouait de sa trompette était également représentative de sa personnalité. Il n’hésitait pas à jouer fort, et privilégiait les morceaux qui mettaient en avant la puissance sonore de son instrument plutôt que l’aspect purement technique. Cependant, il était aussi capable de se rendre compte quand son jeu était trop fort et masquait le son de ses camarades, et il était capable de se calmer. Sûr de lui sans être prétentieux ni aussi malin qu’Eadja donc. C’était un homme bien. Son vrai défaut était plutôt d’être trop sûr, en plus de lui-même, de son charme. Quoi de plus normal quand il y avait dans la troupe trois jeunes filles peu intéressées par un percussionniste qui n’osait pas vraiment leur parler, et donc beaucoup plus volontaires pour dialoguer avec lui.
Renta était la première de ces jeunes filles. Vingt tours, elle aurait pu être belle si elle n’avait pas été maladive. Elle n’était pas laide pour autant. Elle était malade de naissance et avait appris à faire avec. Elle se savait d’ailleurs condamnée. On ne vivait pas vieux avec le mal qui la rongeait. A cet égard, les harmonies qu’elle tirait de son violon étaient souvent empreintes d’une certaine joie de vivre. C’étaient des harmonies joyeuses, rapides, car Renta était heureuse d’avoir survécu un jour de plus. Ce voyage était pour elle une aubaine, une chance de voir le monde avant de trépasser. Elle pensait en permanence à son trépas, même si elle profitait de sa vie. De temps à autre, cette réalité la rattrapait, elle se rappelait que l’ombre d’Elis planait en permanence au-dessus d’elle. Dans ces moment-là, son violon devenait non pas triste, mais sinistre et résolu. Elle savait ce qui l’attendait.
Ellaye, dix-neuf tours, avait été gâtée par la nature, contrairement à Renta. Elle jouait de la harpe, et ses mélodies se voulaient captivantes, envoutantes, attirantes. Comme elle. Elle se savait belle, et elle avait compris que dans cette société où beaucoup d’hommes réfléchissaient un peu trop avec leur bas-ventre, elle avait des chances de monter haut. Il fallait dire qu’elle y était aidée. Poitrine généreuse, visage bien fait, ni trop grande ni trop petite pour ces messieurs… Elle avait pris pour habitude de porter une robe au décolleté plongeant et à la jupe courte pour profiter de ces avantages, et ses longs bas masquaient à peine cette volonté d’attirer le regard. Elle emmerdait régulièrement Quessan, qui avait promis aux familles de ramener les jeunes en bonne santé. Et cela impliquait notamment de les empêcher de se rejoindre la nuit, elle et Wilcar.
Cela, Lainme, du haut de ses vingt-et-un ans, le savait, parce qu’en fait, c’était elle qui rejoignait Wilcar pendant qu’Ellaye était occupée à se faire disputer. Et si Ellaye trompait la vigilance de Quessan, Lainme lui laissait bien volontiers cette place. Lainme était l’amie d’enfance d’Ellaye. Gâtée elle aussi par la nature, de beaux yeux verts ornant son visage encadré de cheveux blonds, surplombant un corps bien fait aux courbes généreuses, qu’elle aimait à mettre en valeur, elle jouait de la flûte. Elle aimait ces sons aigus qui l’aidaient à se rendre indispensable pour la formation, lors de solos endiablés qui mettaient en valeur son agilité et peut-être un peu son ambition. Ambition à aller loin. Car il ne fallait pas les prendre, Ellaye et elle, pour de vulgaires putains qui utilisaient leurs corps pour être entretenues par des hommes. Elles avaient de vraies ambitions d’avenir, et souhaitaient simplement tout utiliser pour y parvenir. Tout. Elles étaient bien plus malignes que cela, et au final, n’avaient pas souvent besoin de s’allonger pour obtenir des faveurs. Ni de s’agenouiller, il fallait bien le préciser. Et si elles aimaient coucher avec Wilcar, c’était simplement parce c’était un beau garçon qu’elles aimaient bien.

Telle était la troupe qui avait embarqué avec un couple appartenant apparemment à une famille noble du sud de l’Empire. Ces derniers étaient invités à communiquer avec la troupe, à leur guise.
Sam 7 Jan 2017 - 23:36
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Lancen Calvin De Everhell
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Lancen Calvin De Everhell
Ah, vivre encor ! Mais quoi, ma belle,
Le néant est mon froid vainqueur...
Du moins, dis, je vis dans ton coeur ?

P.V



Spoiler:



Pour Lancen, le temps des baisers à fleur d'âme et des sentiments superficiels était passé. Cela faisait déjà plusieurs semaines qu'il avait quitté la Topaze de Palmyre, en Empire d'Ambre, confiant la gestion de son manoir d'emprunt à son majordome, et confiant la création de sa nouvelle rapière au prêtre de Dwilin, Hortys. A son retour, normalement, cette dernière devrait lui être remis. Mais pour l'heure, la tour de la Maison De Everhell s'éloignait de plus en plus, laissant dans son dos l'Empire. On aurait pu croire que l’œil se fermait temporairement, mais en vérité il n'en était rien. L’œil des De Everhell ne dormait jamais. Tout se passait fort à ses aises à la Topaze et pour la Maison, en revanche, il avait des activités à surveiller. Des activités autour d'une certaine Maison, ennemie des De Everhell, et qui conservait des échanges entre l'Empire et Oro. Pour la première fois depuis des siècles, sans doute, la tour et l’œil se déplaçait. Son père avait mal vu le fait que l’œil, principale défense des De Everhell, se détourne ainsi de la cité Topaze de Palmyre, néanmoins Lancen n'avait rien pu apprendre d'interréssant en demeurant dans l'Empire. Parfois, songeait-il, il fallait bouger. Sa Maison ne courrait aucun danger, il en était sûr.

Et afin que ses activités demeurent discrètes, il emmenait avec lui son épouse. Quelques semaines passées en Oro, deux jeunes nobles désireux de voyager et prendre du  bon temps. Voilà qui était sa couverture.

Mashaëlle avait roulé des yeux lorsqu'il lui avait annoncé son départ, pour plusieurs Lunes, pour le royaume d'Oro. Il partait visiter Garay, avait-il dit. Mais son amante n'était pas stupide, et avait compris que la Tour allait selon ses activités et ses devoirs. Elle lui manquerait, mais il était hors-de-question de l'emmener avec lui. Lancen était un homme prudent. Il évitait tant qu'il le pouvait les scandales.

Mashaëlle lui avait néanmoins retourné en pleine face sa crédulité. Les Cités-Etats et l'Empire en guerre, Lancen allait devoir traverser un territoire dangereux, voire même remonter des routes qui jusqu'à présent n'auraient jamais été pratiquées. Il lui avait opposé comme réponse que Lorelei ne portait pas la vie, elle, et qu'elle supporterait donc sans problème une route montagneuse ou escarpée. Contre toute attente, ils évitèrent les montagnes et coupèrent à travers bois. Ou forêt, plutôt, songeait le jeune De Everhell en contemplant le paysage par-delà la vitre du coche. Et par forêt, il n'y avait là rien à voir avec les petits bois éclairés de l'est de l'Empire, aux troncs fins et délicats, où le soleil perçait avec douceur les frondaisons topazes et émeraudes. Non, là c'était un forêt tout ce qu'il y avait de plus sauvage et lugubre. Et cela ne rassurait en rien Lorelei.

« Pensez-vous, très cher, que l'existence des dryades soit fondée ? demandait cette dernière.

Elle n'avait que seize Tours, après tout. Lancen lui répondit avec le sourire d'un petit garçon amusé. Mais avec de la douceur entre les dents.

- Des dryades ? Vous vous méprenez ! Non, ce qu'il nous faut craindre, ici, ce sont surtout les trolls ! De hautes monstruosités dont la bave écumante au bord des lèvres les fait se pourlécher d'avance de votre personne ! Et sous l'ardente brûlure de leur regard, ces prédateurs vous goberaient en un instant !

Il rit lorsque son épouse le récompensa par une tape sur l'épaule.

- Par Finil ! Ne riez pas ! Cela n'a rien de drôle !

En bon époux, Lancen s'excusa avant de presser sa chère et tendre contre lui.

- Il n'y a aucun danger, allons. la rassura-t-il. Vous pensez vraiment que je vous aurai amené en un tel lieu ?
- Vous serez toujours près de moi afin de me protéger. avança Lorelei en une affirmation qui ne pouvait en rien se confondre avec une interrogation.  
- Mais oui, toujours.
- Je me languis tout de même que nous atteignons Garay. Il paraît que la cité d'Ambbör resplendit.
- Et les vins Oréens n'ont point leur pareil ! sourit Lancen en brandissant un index. Dans tout Ryscior !

Cette seule annonce fit sourire sa femme. En terme de vin, Lorelei et Lancen s'entendaient à la perfection. Wilcar demanda à ce que le coche s'arrête.

- Et bien ? Sans doute va-t-il se vider. concéda Lancen.

Il devait bien avouer que c'était la première fois qu'il voyageait aux côtés de tels individus. La noblesse ne se mêlait jamais au bas peuple, lors de ses déplacements. Il ne pouvait pas prétendre que cela le génât, mais se languissait, tout comme Lorelei, d'arriver au terme de leurs voyage. Un peu à l'écart, Lancen et son épouse parlait peu au reste du groupe. Ellaye avait bien tenté une ou deux fois d'ingénieuses approches envers sa personne, cependant, Lancen, derrière des sourires innocents, avait toujours su habilement lui rappeler et sa condition d'homme marié, et son statut de noble. Et Lorelei, derrière des regards plutôt froids, avait elle-aussi sur rappeler à Ellaye qu'elle approuvait en aucune façon un quelconque rapprochement entre son aristocrate d'époux et cette petite chienne de joueuse de harpe. Cela faisait rire intérieurement Lancen. De toutes façon, malgré la durée de leur voyage, il n'oubliait pas sa mission. Les citrons et les vins Oréens n'étaient qu'un prétexte. L’œil des De Everhell jamais ne dormait.

- Sois sur tes gardes, ma douce, dit Lance à sa femme. Dans ce royaume d'Oro, avec de l'or, on peut acheter aussi bien le noble que le vilain. Tout est à vendre, sauf l'honneur national. Et même lui, les Oréens le trafiquent en douce à la première occasion. »

Se pressant contre lui, Lorelei acquiesça du chef. Lancen trouvait que le voyage la rendait câline. Cela ne lui déplaisait pas. Pour peu, il quitterait bien le coche quelques minutes, le temps de pratiquer un peu d'intimité sauvage avec elle. Dommage que la forêt était si noire. Il songeait à cela depuis plusieurs jours, maintenant.

Par Finil, il en mettait du temps à revenir, cet animal de Wilcar !
Dim 15 Jan 2017 - 10:37
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Ellaye tremblait. Elle avait l’impression que des vers lui dévoraient les entrailles, la réduisant au supplice. Le coche s’était arrêté depuis quelques heures maintenant, le dîner avait été pris, et tous étaient partis sous leurs tentes respectives pour y passer une bonne nuit de sommeil. Sans surprise, Lainme avait rejoint Wilcar au début de la nuit, la laissant seule sous la tante que les deux jeunes femmes partageaient. Mais dans sa couchette, Ellaye tremblait, et suait. Elle avait mal à la tête. Ces syndromes, elle les connaissait bien. Elle était en manque. A la Cité de Jade Etincelante, elle avait été initiée au brou par l’un des amants qu’elle avait pu avoir. Elle aimait bien le goût de cette herbe à fumer. Mais elle se savait aussi esclave de ce produit. Le besoin d’en fumer régulièrement se faisait vite ressentir. Et elle n’en avait emporté qu’un stock limité pour le voyage. Voilà pourquoi elle évitait généralement d’en prendre. Mais là, cela faisait trop longtemps. Elle essaya de se concentrer sur le fait de dormir. Se détendre, imaginer le bruit des vagues de l’océan, cela lui faisait du bien. Elle y arrivait. Ses yeux étaient fermés quand elle sentit quelque chose dans sa main. Elle les ouvrit. Dans sa détente, dans son demi-sommeil, sa main était allée chercher sa réserve d’herbe, et la tenait sur sa poitrine. Elle sourit. Après tout, une petite dose n’avait jamais tué personne.
Elle se rhabilla vite fait, puis sortit de la tente. En silence, le plus discrètement possible, elle se dirigea vers la sortie du campement. En passant à côté de la tente de Wilcar, elle put les entendre, lui et Lainme. Grand bien leur en fasse. Elle ne jalousait pas son amie pour ce soir, elle avait un plaisir encore meilleur à prendre de son côté. Personne ne la vit sortir, ce qui était bon. Les braises chaudes qui avaient servies à brûler le diner, dans ce coin, étaient encore rouges. Cela était bon. Elle s’en servit pour allumer l’herbe dans sa pipe se mit sans y penser plus à fumer. Très vite, alors qu’elle s’éloignait pour que personne ne la voie, elle sentit le doux état second la prendre. Elle aimait cette sensation. Ses sens se brouillèrent, et de délicieux frissons se mirent à la parcourir. Elle s’adossa à un arbre, s’abandonnant auxdits frissons, qui se firent plus insistants, et même un peu désagréables, au bout d’un moment. Gênée, elle ouvrit les yeux qu’elle avait fermés, pour savourer son plaisir. En les ouvrant, elle vit le visage souriant de Pat.

Tout à fait tirée de sa torpeur par cette vision, elle remarqua que les frissons insistants et désagréables qu’elle avait ressentis, c’était en fait Pat qui avait les mains dans ses vêtements. Une sur sa poitrine, et une dans sa culotte.

« Qu’est-ce que tu fais espèce de porc ? balança-t-elle.
-Allons, je sais bien que tu en as envie, dit Pat. Tu crois que j’ai pas repéré votre petit manège à toi et ta pute de copine ? La façon dont tous les soirs une d’entre vous s’en va sucer la queue de votre copain ? Mais tu sais ce soir t’es toute seule. Et moi j’ai une queue plus grosse, et plus belle. »

Elle remarqua en effet qu’il avait le cul à l’air, et le sexe également. Il s’approcha alors brusquement, et se colla contre elle, l’emprisonnant entre son corps et l’arbre. Et en fait de queue, il avait effectivement un appendice bien dur. Mais elle n’était pas d’accord. Pas du tout d’accord.

« Bas les pattes ! dit-elle en le repoussant brutalement. »

Il recula de plusieurs mètres. Remettant ses vêtements en place, elle lui tourna le dos et fit mine de retourner vers le campement. Mais il revint à la charge, et cette fois l’attrapa complètement, entreprenant de la déshabiller. Il avait une main sur sa bouche pour l’empêcher d’hurler. Tout en protestant via des cris étouffés, elle se débâtit. Elle sentait qu’il déchirait sa robe, mais ne comptait pas céder pour autant.

« Allez, dit-il à un moment. Laisse-toi faire. Que ce soit par devant, par derrière ou par la bouche, ce sera agréable, je te le promets. »

Glissant sur le dos, elle parvint à se dégager en lui envoyant un violent coup de coude dans le ventre. Elle se releva. Sa robe était déchiquetée, la laissant à demi-nue. De nombreuses parties de son corps lui faisaient mal. Il avait même réussi à lui arracher sa culotte, qu’il tenait dans sa main. Et il se tenait entre elle et le campement.

« Tu peux hurler, lui dit-il. Tout le monde croira à un animal nocturne. Allez, viens… »

Elle n’en avait pas envie. Plutôt que de foncer dans ses bras, elle préféra se risquer derrière elle, dans les bois, en courant. Elle sentit qu’il le suivait. Mais ce balourd était trop lent pour elle, et elle n’eut aucun mal, dans la pénombre de la nuit, à le semer. Problème, réalisa-t-elle vite, elle s’était elle-même perdue dans l’opération. Elle appela, mais personne ne répondit. A cet instant, le tonnerre se mit à gronder au loin. Les nuages noirs de l’orage qui s’annonçait empêchait la lune et les étoiles de donner la moindre visibilité. Et quelle visibilité auraient donné les astres de toute façon, à travers cette canopée de feuilles ? Alors, elle se mit à entendre tous les bruits de la nuit en forêt. Des courses dans les fougères, des cris d’animaux… Tout cela était lugubre. Elle se prit à se rappeler de toutes les histoires de monstres qui erraient la campagne, et se mit à les voir dans les ombres. Soucieuse de leur échapper, de regagner la sûreté de sa tante, et d’échapper même au violeur qui à n’en pas douter continuait à la pourchasser, elle se mit à courir dans la première direction qu’elle estimait la bonne. Puis elle changea de direction. Puis changea encore, jusqu’à être complètement perdue.
Alors qu’elle commençait à désespérer, elle vit une lueur rouge, synonyme d’un feu. Prenant cela comme une bonne nouvelle, elle se dirigea droit vers le brasier, pleurant de joie. Elle avait retrouvé le camp. Elle expliquerait tout aux autres, et Pat serait lynché. Et aucun monstre ne la dévorerait. Elle prit soin de se cacher les seins, au cas où son professeur l’attendrait. C’est ainsi que, les bras croisés sur la poitrine, la robe en miettes, elle arriva devant un feu qui se trouvait dans une clairière. Nulle tente, nul coche autour. Ce n’était pas chez elle, mais chez quelqu’un d’autre.

« Il y a quelqu’un ? demanda-t-elle. »

Pas de réponse.

« Je ne vous veut pas de mal, dit-elle. Cela vous dérange-t-il si je m’assois près de votre feu ? »

Pas de réponse, mais des bruits dans les fourrés alentour. Elle se retourna, et vit une forme sombre derrière elle. Un grand être humanoïde, qui avançait vouté.

« Qu’est-ce qu’une charmante jeune fille fait nue près de mon feu ? Veut-elle égayer les vieux jours d’un pauvre homme qui a perdu depuis longtemps tout intérêt pour la chair ? Vénale, ne comprends-tu pas la vérité ? »

Sa voix était sinistre. Elle s’avança néanmoins vers lui.

« Ecoutez-dit-elle, je suis désolée de vous déranger, vraiment, et ma tenue est liée à l’agression que je viens de subir. Mais je… Vos yeux ? Pourquoi ce bandeau ? Comment voyez-vous à travers, monsieur ?
-Parce que mes yeux ne sont pas cachés, eux, dit l’homme. »

Ellaye hurla de terreur alors qu’il ouvrait la main qu’il tenait fermée. Deux yeux s’y trouvaient, et la regardaient. Elle recula, horrifiée par ce spectacle. L’homme se mit alors à parler de ce que voyaient ses yeux, autour d’elle. Des bêtes monstrueuses, un monde condamné.

« Tu es toi-même condamnée, dit-il. Nous le sommes tous ! Vois ! »

Alors, elle se vit elle-même. Elle voyait des doigts qui envahissaient son champ de vision, mais sans le masquer tout à fait. Au-delà, une jeune fille aux vêtements en lambeaux, qui reculait en hurlant. Et tout autour de la jeune fille, des dizaines de bêtes la harcelaient, et déchiraient son corps, et le dévoraient. Seule son âme était laissée intacte. Alors, elle rebascula dans son corps. Les créatures ! Elle ne les sentait pas, mais elle les savait ici ! Elle savait qu’elle était dévorée ! Elle devait libérer son âme de cette enveloppe charnelle ! Vite avant qu’il ne soit trop tard !
Elle avisa le feu. Ce serait toujours moins agréable que d’être dévorée vivante. Elle y plongea la tête, et hurla de douleur, tandis que le feu consumait sa chair. Mais elle ne se relava pas. Pas un seul instant, elle n’en eut envie. Les créatures la feraient plus souffrir encore. Et la délivrance arrivait. Elle hurlait de douleur, l’attendant, mais pleurait aussi de soulagement. Puis la délivrance vint.
Ven 20 Jan 2017 - 23:43
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Lancen Calvin De Everhell
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Lancen Calvin De Everhell
Oh ! de même être nus, chercher joie et repos,
Le front tourné vers sa portion glorieuse,
Et libres tous les deux murmurer des sanglots ?

Rimbaud



Ce ne fut que le lendemain matin, bonheur, que commencèrent les recherches. Tandis que tous s'apprêtaient à regagner leur place respective dans le coche, que Pat et Jeff -dont l'un visiblement de mauvais poil- harnachaient les bêtes après avoir scrupuleusement vérifié qu'elles avaient toutes été abreuvées et nourries, on estima le moment du départ imminent.

Wilcar et Lainme affichaient un sourire presque béat, probablement persuadés au plus profond d'eux-même que personne n'était au courant de leur petit numéro d'hier. Pauvres serins, songeait le jeune De Everhell en laissant errer son regard par-delà l'ajouré du coche. Ils s'imaginent que tous ignorent les artifices de leurs activités nocturnes. Et ils ne pourraient pas moins bien le dissimuler !

On se rendit compte au moment du départ, qu'Ellaye était absente. Quessan se porta volontaire afin de la chercher. On estima qu'Ellaye avait dû s'éloigner quelques temps, à comprendre par là celui nécessaire afin de soulager un ou deux besoins naturels. Quessan mit du temps à revenir. On décida alors de tous partir à la recherche d'Ellaye. Loreleil sut trouver les mots afin de convaincre son époux. C'était vrai qu'Ellaye n'avait probablement rien d'une sainte ou d'une prêtresse, et, de surcroît, n'appartenait pas à l'aristocratie Impériale, mais elle restait une Impériale.

« Et puis, avait avancé la femme de Lancen, plus tôt nous la retrouverons, plus tôt nous atteindrons le royaume d'Oro.

Le jeune noble avait du convenir que son épouse disait vrai. En dépit d'un ciel grisonnant et d'un sous-bois de plus en plus sombre -lui paraissait-il-, Everhell s'extirpa du coche et prit part activement aux recherches. On entendait résonner entre les branches sur Ellaye les malédictions de Lainme, qui désirait plus que tout quitter cette forêt et atteindre leur destination finale. Si son amie avait décidée de tenter les loups ou de faire de l'exploration nocturne, grand bien lui fasse !

- Restez près de moi ma femme, disait-il en étreignant les doigts de Lorelei. C'est que je m'en voudrai de vous égarer dans un si grand domaine.

Et cette forêt ne disait vraiment qui vaille. Chaque arbre paraissait dissimuler un coin d'ombre derrière ses ramures. Ce fut lorsque le soleil demeura haut dans le ciel -estima-t-on, car les nues grises et la cime des arbres le cachaient- que les jeunes nobles commencèrent à perdre espoir. On accusa quelques animal des forêts, loups, bête mutante ou autre, qui aurait fait de la pauvre Ellaye son repas.

Puis retentit, strident, aiguë, et dans l'immensité de la forêt, le cri de Lainme. Tous accoururent, persuadé qu'il arrivait quelques horreurs à leur compagne de voyage. A quelques intervalles près, tous arrivèrent en même temps. Lainme, tremblante, s'était déjà blotti dans les bras de Wilcar en bredouillant de manière incompréhensibles des mots.

- E...Ella...J...Je...Je l'ai..t..trou..v...vée.

A ses pieds gisait, méconnaissable, une sorte de cadavre tout droit extirpé des bûchers des enfers, sur lequel les flammes avaient accomplie leur oeuvre. Une espèce de momie aux yeux grands ouverts qui paraissait dévisager tout le groupe dans une ultime grimace sordide. Loreleil, en dépit de son jeune âge, frissonna mais ne détourna pas le regard. On reconnaissait Ellaye plus qu'à ses vêtements. Autour du jeune couple De Everhell, on jurait, on criait ou on se cachait les yeux. Lancen, posant un genou à terre, eut la prestesse de recouvrir ce corps-là avec sa veste. Quessan était devenu livide. Lui d'ordinaire si bariolé.

- Seigneurs, seigneurs, seigneurs, seigneurs, seigneurs ! répétait en boucle Lainme.

Renta ne laissa pas même ses cheveux blonds dissimuler les larmes qui coulaient silencieusement sur sa peau blafarde.

- Qui lui a fait ça ? Qui a bien pu lui faire ça ?

Lancen s'improvisa chef de cette troupe d'infortune et ordonna à Quessan de raccompagner tout le monde au carrosse, Dame De Everhell comprise. Avec l'aide de Pat et de Jeff, ils forèrent une tombe d'infortune à l'intérieur de la terre encore humide.

- Venez, avança Jeff en posant une épaule compatissante sur Lancen. Nous avons fais ce qu'il fallait. Maintenant regagnons le coche au plus vite.

S'éloignant de quelques pas, Lancen retourna la terre du bout de sa botte.

- Ça n'est pas une bête.
- Pardon ?

Il désigna les restes du feu, les cendres, au beau milieu de la clairière, qui avaient été maladroitement dissimulées par quelque main coupable.

- Sa robe était déchirée. Elle ne portait pas de sous-vêtement. Elle a été abusée, probablement. Puis on l'a tuée.

Inquiet pour Lorelei, Lancen laissa derrière lui les braises mortes. Pat et Jeff, silencieux, lui emboîtèrent le pas. Chacun dans le groupe commençait à questionner secrètement tout le monde. Le coche et tous ses occupants se portaient bien. Pat prit les rennes en premier.

- Allez, on se tire ! »

Lancen prit grand'soin d'entourer sa femme de son bras. En dépit de leur union arrangée, il tenait à elle. Ellaye avait été violée puis brûlée vive, jusqu'à ce qu'elle aille s'arranger avec Canërgen dans l'autre monde. Si un tueur fou sévissait parmi eux, ils ne seraient véritablement en sécurité qu'une fois en Ambbör.

Ven 3 Fév 2017 - 8:53
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Dargor
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« Tu leur diras rien, hein Jeff ? Faudrait pas énerver ces seigneurillons… »

Les mots de Pat sonnaient dans la tête de Jeff depuis que l’attelage avait repris. Cette nuit, Pat était revenu l’air joyeux dans la tente que les deux cochers partageaient, alors qu’il était juste allé pisser. Il avait brandi un sous-vêtement féminin sous son nez et lui avait dit, en se vantant, qu’il avait eu une conquête cette nuit. C’était à ce moment qu’il lui avait dit de ne rien dire. Au vu des découvertes lugubres du matin, cette conquête et cet avertissement semblaient avoir un sens tout nouveau, très sinistre.
C’était donc inquiet qu’il s’était assis en tête du coche avec Pat lorsque la troupe s’était remise en route. Encore plus inquiet que les passagers, car il partageait un secret que eux n’avaient pas à garder. Peut-être que le tueur était là, assis à côté de lui. L’orage qui grondait au loin claqua, et une pluie diluvienne se mit à tomber. Jeff se tourna sur sa gauche, où était assis Pat. La pluie, et la façon dont il conduisait presque rageusement l’attelage, poussant les chevaux à aller le plus vite possible, le rendaient monstrueux. Surtout quand on considérait ce qu’il avait sans doute fait.

« Je l’ai pas fait, dit Pat quand il se rendit compte que Jeff le dévisageait. J’ai bien eue cette salope, crois-moi, mais c’est pas moi qui l’ai butée. Si jamais tu fais semblant d’aller raconter ça aux autres, je te préviens, toi par contre je te bute. Je l’ai baisée, oui, mais tuée, non. Compris ?
-Compris, Pat, pas la peine de t’énerver… Je te crois, dit Jeff. »

Quel autre choix avait-il ? Il tentait de réfléchir à cette question, à s’il devait ou non parler aux autres, quand le glissement de terrain arriva. C’était quelques heures après le début de la pluie, et celle-ci avait vite rendu le sol boueux. Il semblait que ce n’était pas la première fois que ces pluies d’orage se déversaient ici, car le sol était de toute façon boueux. Plusieurs fois, il avait fallu désembourber le coche qui commençait à s’enfoncer, mais cette fois, ce fut pire. Le terrain sembla se dérober sous les fers des chevaux qui tombèrent, et le coche se mit à pencher sur la gauche, puis totalement basculer. Jeff, afin d’éviter de se briser les os, décida de sauter, et se retrouva en haut de la pente, regardant en-dessous de lui le coche effectuer plusieurs tonneaux. La corde qui le reliait aux chevaux lâcha, et ces derniers firent demi-tour et repartirent en direction de l’Empire au galop. Puis le coche lui-même sembla disparaitre dans la pénombre des bois. Au son des cris et des jurons de Pat, Jeff estima que la plupart de l’équipage devait avoir survécu. Il entreprit de descendre la pente pour les rejoindre, mais hésita. Ne serait-il pas plus sage d’aller chercher les chevaux ? Il y réfléchit un peu, puis considéra la pente. Après tout chevaux ou non, le coche ne roulerait plus. Il faudrait marcher maintenant.
Il ne pouvait pas descendre ici en tout cas. La pente était trop raide, trop glissante. A moins qu’il ne veuille se casser quelque chose lui aussi, il lui faudrait prendre un autre chemin. C’est ce qu’il fit, en commençant à tourner, alors que la pluie redoublait d’intensité. Il ne voyait plus grand-chose, à ce stade, car le soleil devait en plus commencer à être bas sur l’horizon.

Il ne sut pas combien de temps il erra, mais toujours est-il qu’il finit bel et bien par se perdre quand il entendit une voix. Serait-ce enfin l’un des membres du groupe qu’il cherchait ? Il avait pourtant l’impression de n’avoir, au final, descendu aucune pente. Mais dans cette boue dans laquelle il s’enfonçait maintenant à la cheville, il était trop heureux de trouver quelqu’un à qui parler. Cette personne, qui que ce soit, avec quelque chose dans sa main. Il regarda. Et eu des visions monstrueuses. Sans vraiment comprendre ce qu’il faisait, il déboucla sa ceinture, puis la boucla à nouveau. Autour de son cou cette fois. Et il serra. Très fort.
Lun 20 Fév 2017 - 23:08
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Lancen Calvin De Everhell
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La douleur,
Des fois c'est à vomir, trop à voir, à ressentir,
Mon cœur a mal à la tête et ma tête a des haut-le-cœur.

Prévert



Lancen aida Lorelei à quitter le coche renversé. Une blessure à la tempe faisait suinter le long de son visage une traînée de sang rouge qui contrastait joliment avec la peau laiteuse de la jeune femme. Pat était présent, ainsi que Quessan, Eadja, Wilcar, Renta et Lainme. Tous juraient, à présent bien remis de leurs émotions et des infernaux soubresauts de la voiture ! Il avait semblé à Lancen que la chute durait des minutes entière, qu'ils chutaient dans quelques abîmes terrifiants, des puits de ténèbres. Puis les plus prompts à reprendre leurs esprits, Wilcar et lui-même en l’occurrence, avaient aidé les autres à s'extirper. Renversée comme elle l'était, le toit en l'air, il était impossible d'ouvrir les portes de la voiture. Ils avaient dû passer par les fenêtres. Les chevaux avaient fuis. La pluie s'était arrêtée, mais le ciel était si sombre que pas une étoile ne brillait par-dessus les cimes noirâtres.

« La situation peut-elle être pire ? avait ragé Wilcar tout-à-l'heure en constatant la disparition de Jeff et des chevaux.

Ils avaient jugé qu'il avait dû être éjecté non loin durant la dégringolade de la pente, et qu'il fallait de toute urgence aller à sa recherche. Mais personne n'était volontaire. En bon mâle, Wilcar avait cédé, crachant et prétendant qu'il allait le retrouver rapidement, si tant est qu'il ne s'était pas brisé le crane sur le sol ou quelques rochers, mais Lainme s'était littéralement pendue à son bras, insistant pour qu'il ne s'éloigne pas. L'obscurité semblait presque anormale. Lancen, du bout du doigt, épongeait le sang qui gâtait le visage de sa femme à l'aide d'un mouchoir qui se trouvait à l'intérieur de la poche de sa chemise. Il avait passé autour de ses épaules sa veste à lui, nus bras comme Loreleil l'était, fatiguée et terrifiée, elle serait vite tombée malade.

- Qu'allons-nous devenir...Oui, qu'allons-nous devenir...ne cessait de répéter en boucle Renta en tordant de façon nerveuse ses doigts.

Pat et Lainme se disputaient, jouant à celui qui élèverait le plus la voix, jusqu'à ce que le cocher en vienne à traiter la jeune flûtiste de "salope" ce qui ne plut pas vraiment à Wilcar qui en vint à s'emmêler. Renta gémissait. Quessan et Eadja en venaient aux abois en évoquant la disparition de Jeff, puis, finirent par mystérieusement s'allier afin de tout laisser retomber sur les épaules de Pat et de la Compagnie de transport ! Ce dernier usa en ultime recours de la plus élémentaire des défenses en vigueur chez tout Impérial, à savoir un : "allez tous vous faire foutre." puis il tourna les talons.

Lancen, à cet instant précis, occupé à réchauffer les mains glacées de sa femme entre les siennes, bénit Finil de lui avoir accordé une épouse de la nature compréhensive de Loreleil. Il entendit Lainme lâcher entre ses dents, violente :

- Qu'il se casse ! Si ça se trouve c'est ce salaud qui a assassiné Ellaye !

Mais Lancen ne pouvait pas laisser passer cela. Il se releva soudainement :

- Hé hé hé ! Mais que fait-il ? Pat ! Où allez-vous ?

Cependant, ce fut Eadja qui lui répondit, soutenu par le Ramien :

- Il s'en va. Bon débarras !
- Non non, s'indigna Lancen. Nous devons plus que jamais rester ensemble !
- Je ne lui fais pas confiance, siffla entre ses lèvres Lainme. Je préfère qu'il parte de son côté !
- Il se perdra. Il finira dévoré par les bêtes sauvages. Non, Pat, revenez, je vous en prie !

Lancen entreprit de réunir autour de sa seule personne tout ce petit monde.

- Tout d'abord, nous devons rester calme. Restons ensemble, et trouvons Jeff ! C'est la priorité !
- La Compagnie entendra parler de moi, je vous le promets ! menaça une énième fois Lainme en pointant du doigt Pat !
- Nous coulerons la Compagnie plus tard ! riposta Lancen. Jeff ne s'est toujours pas montré ! La situation est grave ! Il est peut-être inconscient, à deux pas d'ici. Cherchons- le !

Mais alors même qu'il venait de terminer sa phrase, l'orage gronda au loin et la pluie tomba de plus belle ! Lainme finit par tomber en crise, tapant du pied sur le sol, et hurlant son désespoir. Lancen remarqua que tous étaient à bout de nerf, la tension jetait de l'électricité dans l'atmosphère et la pluie était glacée, comme si tout cela ne suffisait pas. Il prit le temps de respirer un bon coup afin de ne pas devenir malpoli et déplaisant envers Lainme et ses autres compagnons de voyage.

- Nous ne pouvons pas chercher Jeff sous cette pluie, avança d'une petite voix Lorelei tout-en resserrant autour de ses épaules nues la veste de son mari.
- C'est juste, approuva Quessan. Nous devons trouver un abri.
- Je ne vais nul part sans Jeff ! aboya Pat, davantage afin de ne pas se plier à l'opinion collective, plutôt que par réel soucis de camaraderie.
- Hélas, concéda Lancen. Avons-nous le choix, Maître Pat ?

Prenant sa femme sous son bras, il prit la tête, avec Wilcar, de cette troupe d'infortune. Très vite gênée par ses talons, il ne fallut pas moins d'une minute afin que Lainme ne se retrouve nus-pieds. De la boue jusqu'aux chevilles, ce fut épuisés, fatigués, et fébriles que les jeunes gens atteignirent ce qui ressemblait à leur refuge au milieu de cette tempête.



[Terminé][PV Lancen]Le Prophète Evil-d10



La maison, ou plutôt était-ce une cabane, semblait abandonnée. Un désordre indescriptible régnait à l'intérieur. Il y avait une seule chambre, et un seul lit. Lancen trouva quelques bougies, dispersées ça et là dans le désordre régnant, et ce fut à l'aide d'un miracle qu'ils parvinrent à les allumer : le briquet à silex d'Eadja fonctionnant toujours.

- Dès demain, j'irai en compagnie de Pat à la recherche de Jeff, dit Lancen. Ensuite, nous aviserons. Pour l'instant, nous devons nous reposer.

Il n'y avait rien à faire dans la maison. Ils parvinrent à allumer un feu et se tassèrent tous dans la pièce principale, après avoir écarté les vieilleries, chaises, meubles, toiles d'araignées, argenteries et autres objets qui l'envahissait. Les femmes bénissaient Lothyë et Finil, plus près des flammes qu'elles ne l'avaient sans doute jamais été de leur vie. Quessan et Wilcar avaient déjà ôtés leurs chemises trempées, les laissant sécher. Lainme râlait toujours, mais Lancen remercia la Déesse qu'elle râlait à présent à voix basse. Pat, depuis leur marche forcée, n'avait plus pipé mot. Tout comme Lorelei, dont la triste mine mettait de la compassion et du chagrin au cœur du jeune De Everhell. La pluie ne semblait pas disposée à cesser, ni l'aube à se lever. Personne n'avait envie de dormir, même si tout le monde le désirait.

- Hé ! R'gardez c'que j'ai trouvé !

C'était Wilcar. Il brandissait, tout fier de sa trouvaille, une bouteille qui paraissaient au moins aussi vieille que la cabane !

- Finil soit bénie !
- Tu es prêt à goûter le contenu de cette bouteille sans savoir ce qu'elle contient ? s'indigna Lainme !

Wilcar porta le goulot directement à ses lèvres !

- On est sans chevaux, perdu au beau milieu de je ne sais pas quelle forêt de mes deux ! Ellaye est morte ! Jeff est sans doute mort ! Partout, les sentiers se dérobent et dehors, l'orage ne semble pas prêt de cesser ! On est au beau milieu de nulle part, et il n'y a carrément rien à foutre dans ce trou à rat ! Alors oui, je vais boire le contenu de cette bouteille, même si je ne sais pas ce qu'elle contient ! Parce que tu sais quoi ? Il ne peut rien nous arriver de pire !

Il descendit une large gorgée, puis s'essuya les lèvres sous un formidable "haaaa ! pas mauvais !" Lainme tendit le bras, sans un mot, et la bouteille tourna. Quessan, le Ramien, but à son tour, et passa la bouteille à Eadja qui la fila à Lancen. Il hésita, puis but une gorgée à son tour. C'était diablement fort !

- Bon, on fait quoi maintenant ?

Un silence suivit cette question. Ce fut Wilcar qui prit la parole le premier ! Il pointait Lancen et Loreilei du doigt !

- Vous deux, vous êtes de Palmyre, pas vrai ? C'est quoi le truc le plus dingue que vous ayez fais de votre vie ?

Lancen esquissa un sourire.

- Cela ressemble à un action, vérité.

Wilcar but encore.

- Ouais, ben c'en est un ! Pourquoi pas, après tout ? On a rien à faire, hein ?
- Donc c'est vérité ? répondit Lancen en croisant les bras sur sa poitrine.
- C'est vérité.

Il hocha poliment la tête, désignant Wilcar de la main.

- Après vous alors, Messire Wilcar. »

Après tout, Wilcar n'avait pas tord. Ils n'avaient rien de mieux à faire que parler, pour passer le temps. Dehors, un loup hurlait.
Jeu 9 Mar 2017 - 21:54
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Dargor
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Le jeu continua jusque tard dans la nuit. Du moins, c’est ce qu’il sembla à Eadja. Le malheureux. Ce genre de petits jeux un petit peu stupide étaient précisément le genre d’activités qu’il redoutait. Il savait être connu pour sa très grande timidité, qu’il essayait toujours de combattre, mais ceci ne l’aidait pas. Surtout que Wilcar et Ellaye, dans toute leur ruse purement méchante, s’acharnaient à lui trouver à lui, mais aussi à Renta, des défis plus tordus les uns que les autres. Tout ça pour les pousser dans leurs derniers retranchements. Et le reste du groupe les laissait faire, bien entendu. Dire s’il avait un jour embrassé une fille, quel amusement. Haha, on rigolait. Il ne riait pas. Pas autant que les autres, si ce n’était pas du tout.
L’un des défis consistait, pour Renta, à explorer la pièce. Ce faisant, elle trouva une trappe. Evidemment, alors que l’orage battait son plein dehors, il fut désigné pour descendre. Ce qu’il fit, pour éviter de se retrouver devant quelque chose d’encore plus ridicule. En fait, tout le monde le suivit. Tout le monde, sauf Wilcar et Ellaye évidemment.
La cave était mal éclairée, et ils n’avaient rien pour y aider. Ce fut donc en titubant qu’ils avancèrent sur ce sol mousseux, qui ne semblait jamais vraiment avoir été entretenu. La forêt qui les entourait reprenait tranquillement ses droits ici. Cette maison était abandonnée depuis trop longtemps. Les adultes se mirent à discuter entre eux du temps qui avait dû s’écouler depuis la dernière fois qu’elle avait été habitée. Il se rendit alors comme ce qu’il avait toujours été. Tellement discret que sa présence n’était pas remarquée par les autres. Il aurait tout aussi bien pu être invisible, et c’est ainsi qu’il décida de remonter. D’aller prendre l’air. Wilcar et Ellaye avaient disparu de la pièce principale. Pas vraiment besoin de savoir où ils étaient partis. Il y avait, dehors, un petit porche à côté de la maison, qui avait dû servir à entreposer du bois. Ils devaient y être. En sortant, il put d’ailleurs les entendre. Visiblement, ces deux-là avaient vite fait leur deuil de Lainme.
Excédé par leur attitude de la soirée, il décida d’ailleurs d’aller leur faire remarquer ce constat. Il ne s’était pas trompés. Ellaye, penchée sur le mur de la cabane et les mains appuyée dessus, n’avait déjà plus rien sur elle. Wilcar, derrière elle, avait son pantalon baissé et la travaillait. Comme Eadja l’avait deviné. Visiblement, la mort atroce de Lainme, la découverte de son cadavre… Non, ça n’avait pas vraiment l’air de les concerner. Il s’éclaircit la gorge. Surpris d’être pris sur le fait, les deux… Amants, ou porcs, les deux pouvaient s’appliquer, se tournèrent vers lui. Il crut qu’il avait eu son effet quand il vit leurs visages passer du plaisir à l’horreur. Mais alors qu’ils reculaient, il comprit qu’ils regardaient derrière lui. Il se retourna lentement. Une silhouette immense se dressait dans son dos, qui lui montra brusquement des yeux dans une main.

---

Alors s’ouvrit à lui un monde meilleur. Il comprit que tout cela. Ces deux abrutis, la musique, les autres qui débattaient dans la cave. Ce n’était que futilité. Il voyait à présent par les yeux du Prophète. Celui-ci, semblant savoir où est-ce qu’il était, trouva une vieille hache sous le porche, et la lui tendit. Eadja savait ce qu’il lui restait à faire. Il se retourna. Wilcar s’était rhabillé, mais Ellaye n’avait eu le temps que de remettre ses sous-vêtements. Ils n’auraient pas le temps de faire quoi que ce soit d’autre. Il chargea. Les deux eurent la présence d’esprit de le fuir, en comprenant qu’il n’était pas là pour plaisanter. Les imbéciles pouvaient apparemment, sous le coup du danger, réaliser ce qu’ils risquaient. Mais pouvaient-ils vraiment lui échapper ? Il voyait à présent le monde tel qu’il était réellement. Des esprits l’entouraient lui et lui parlaient en même temps. Ils entouraient également ses deux proies. Les inconscients…
Ils fuirent, mais attirèrent en même temps le danger dans la cabane. Si seulement ils savaient ce qui se trouvait dans la cave. Les esprits lui parlaient, et il voyait à présent le livre enterré sous la mousse. Celui qu’ils avaient piétiné de leurs pieds impurs de mortels. Alors que les grands esprits connaissaient la vérité de l’univers et l’harmonie parfaite, et l’avaient retransmis par écrit dans cet ouvrage, eux, mortels stupides et incapables, l’avaient piétiné et laissé pourrir. Même le prophète était fautif dans cette affaire. Il était le seul à vraiment comprendre toute l’importance des lieux. C’est en silence qu’il les suivit vers l’intérieur. Au loin, le tonnerre grondait de plus en plus, se rapprochant à chaque instant. Et la pluie se muait peu à peu en une intense grêle. Quand il entra dans la pièce, tout le monde était déjà remonté, prévenus par les deux amants un peu paniqués.
Ce fut le mortel qu’il identifia comme étant l’un des deux cochers qui s’approcha pour tenter de lui prendre son arme. Inconscient ! Savait-il vraiment ce qu’il faisait ? Savait-il à qui avait-il affaire ? Si c’était le cas, jamais il n’aurait chargé ainsi. Jamais il n’aurait songé le défier. Il aurait dû se prosterner devant lui et implorer son pardon pour avoir respiré pendant tous ces tours le même air que lui, Eadja, Celui qui avait été choisi par les esprits. Oui, tel serait désormais son nouveau titre, décida-t-il. Les esprits l’avaient choisi pour être leur arme, puisque leur bouche, le prophète, avait lamentablement échoué.

---

Celui qui avait été choisi par les esprits avait oublié les noms de ceux qui étaient devant lui. Il savait juste qu’ils étaient des mortels qu’il convenait de punir comme il se devait. Alors, avant que le mortel qui ne l’attaquait ne puisse l’atteindre, Celui qui avait été choisi par les esprits le maudit. Riant de lui, il lui annonça que le Prophète viendrait après lui, et qu’il dévoilerait à ceux dans cette pièce qui valaient quelque chose la vérité qu’il lui avait dite. Mais pour l’heure, il fallait que cet idiot meure.
Et c’est ce qu’il fit, quand la hache de Celui qui avait été choisi par les esprits se planta profondément dans sa tête.
Lun 17 Avr 2017 - 19:00
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Lancen Calvin De Everhell
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L'âme n'est pas sans défaut.

Rimbaud




[Terminé][PV Lancen]Le Prophète Cabin-10

Eadja




La hache s'abattit dans le crane du pauvre Pat avant qu'il n'ait eu le temps de dire ouf. Ou quoi que ce soit d'autre. Une gerbe de sang purpurin vint consteller les murs ainsi que l'encadrement de la porte ! Du haut des escaliers, Wilcar, Ellaye à demi-nue, Renta, Loreleï hurlaient à pleins poumons ! Soudain, la hache que tenait fermement serrée entre ses doigts Eadja s'abattit sur la personne à côté de lui : Lancen !
Ce dernier évita l'attaque de justesse en se carapatant en arrière, mu par un quelconque réflexe qui venait de lui sauver la vie ! Mais, tandis que Ellaye s'égosillait jusqu'aux larmes, Eadja ne comptait pas se laisser damer le pion ! Il arma de nouveau son bras, et balança de toutes ses forces un arc-de-cercle en direction du jeune De Everhell qui, une fois encore, l'évita de justesse ! Dans son dos, il entendit sa femme hurler son nom ! Il comprit qu'il venait de buter sur une table en bois, en un bond s'élança derrière tandis que le tueur avançait encore vers lui ! Il abattit une troisième fois son bras ! La table entre eux deux se fendit en deux ! Lancen, sous l'impact du coup et la puissance du choc, bascula et se retrouva au sol ! Face à lui, cette silhouette noire qui ne désirait pas le laisser vivre plus longtemps !

Soudain, Quessan chargea de tout son poids Eadja ! La masse du Ramien avait fait son effet, et même si Eadja n'avait pas desserré la hache de ses doigts tuméfiés et terreux, il se trouvait à présent au sol et grognait de façon inaudible pour exprimer son mécontentement, tel un animal !

« Ne restez pas là ! Fuyez ! Dans la forêt ! Vite ! Je vous couvre ! hurla Quessan tandis qu'il immobilisait par son poids Eadja au sol, lequel ne tarda pas à se lever et brandir sa hache avant de la laisser retomber sur le Ramien en un ultime soubresaut !

- Lancen ! Mais vous êtes blessé ! Mon Dieu ! Seigneur ! Vous souffrez ?
- Ça n'est rien !

Aidant son époux au sol à se relever, Lorelei et Lancen s'élancèrent par a porte, presque épaules contre épaules avec Ellaye et Wilcar ! La fraîcheur de la nuit et la pluie glaciale coupa le souffle à Lancen qui sentait son sang ne faire qu'un tour dans ses veines ! Il ignorait comment il avait été touché, sans doute étaient-ce les échardes de la table, mais sa chemise blanche était déchirée au niveau du bras, et du sang en coulait ! Peu importe, la peur lui donnait des ailes, et il comptait bien voler loin d'ici avec sa femme ! La pressant, ils disparurent sous les arbres et dans les ténèbres tandis que la silhouette à la hache d'Eadja surgissait par la porte ! Quassim n'avait pas réapparu.

Loreleï était à bout de souffle ! En dépit de la pleine lune, l'obscurité des ramures et des frondaisons dissimulait le terrain, et à une telle vitesse, un faux-pas ou un trou dans le sol pouvait être fatal ! Ils titubaient presque à chaque pas, et les branches et arbres et des buissons les éraflaient sans pitié ! Lancen n'avait même aucune idée d'où pouvaient bien être Ellaye et Wilcar ! Tout ce qu'il savait, c'est que le couple était parti dans la même direction qu'eux ! Derrière eux, le tueur à la hache avancer sans se presser, avec une maîtrise parfaite du terrain et une assurance qui l'élevait au rang de nyctalope ! Plus ils se pressaient, avait l'impression Lancen, et plus la distance entre eux et Eadja s'amenuiser ! Il entraîna alors sa femme entre les feuillages d'un épais buisson !

- Qu'est-ce que vous faîtes ?
- Il est plus rapide que nous ! Il nous rattrapera tôt ou tard ! Je vais essayer de rejoindre le porche près de la maison ! Là-bas il doit sûrement y avoir une hache qui traîne !

Loreleï s'accrocha au sol de sa chemise, le retenant, éplorée !

- Non ! Ne me laissez pas là ! Ne me laissez pas là ! Je vous en supplie !
- Surtout tu ne bouges pas ! Je reviendra ! Je te promets que je vais revenir !

Il déposa en vitesse un baiser sur ses mains blanches, souillées de sang et glaciales, et disparut en un bond ! Eadja approchait, rôdant des les bois !

Le plus silencieusement du monde, comme s'il marchait sur des coussinets, le jeune noble regagnait le chemin de la maison. Son corps battait si fort dans sa poitrine qu'il avait l'impression que cela le trahirait. A chaque souffle qu'il prenait, un petit nuage de vapeur se noyait dans l'air. Il essaya de ne pas paniquer et chassait à chaque fois l'image du corps sans vie de Pat, au seuil de la maisonnée. Finalement, il parvint à atteindre le porche...
Regardant sans cesse autour de lui, près à bondir au moindre bruit, plus tendu qu'il ne l'avait jamais été dans sa vie, Lancen s'approcha de ce dernier et des monticules de bûches qui paraissaient monter la garde.

Soudain jaillit de derrière un monticule dans son dos Quessan !

Lancen sursauta tant qu'il se félicita de ne pas avoir lâché un cri à la hauteur de ceux d'Ellaye ! Quessan lui fit signe de ne pas parler, mimant un index sur ses lèvres.

- C'est moi. C'est seulement moi.
- Par Finil ! chuchota Lancen le cœur encore galopant sous son torse. Tu m'as fais peur !
- Pardon, pardon, s'excusait à voix basse le Ramien.
- Tu es en vie ? Tu n'as rien ?

Quassin désigna le sang qui coulait de sa cuisse.

- J'ai eu de la chance. Mais je n'ai pas pu aller aussi vite que vous.

D'un coup d’œil, Lancen repéra une hache qui demeurait fichée dans l'un des rondins de bois. D'un geste sec et énervé, il la retira.

- Je dois protéger Loreleï.
- J'espère pour toi que tu sais manier la hache, souffla le Ramien en un soupir de douleur.
- J'ai suivi des cours d'escrime, répondit Lancen. C'est la première fois que je touche une hache.

Et il s'élança dans la nuit noire !


~



- WILCAAAAR !!!!!

Ellaye mangea la terre humide ! Sa cheville venait de se prendre entre les mâchoires d'un piège à loup ! Elle hurlait et pleurait, paniquée, en tentant de se dégager de là ! Autour d'elle, les ténèbres ! Derrière elle, la silhouette qui se découpait dans l'ombre d'Eadja !

- Pitié ! Non ! Pitié ! Pitié ! Laissez-moi partir ! Laissez-moi partir !!

Elle écarquilla les yeux de surprise quand la lumière de la lune révéla à son regard l'identité de celui qu'elle avait pris pour Eadja ! C'était le prophète !
Alors qu'il avançait vers elle, sans se presser, Wilcar surgit soudain des feuillées ! Il s'élança sur la frêle silhouette aveugle du prophète, passes ses bras autour de son cou et l'envoya mordre la boue !

- Wilcar ! Wilcar !

Un sourire se dessina au milieu des larmes d'Ellaye ! Wilcar venait de lui sauver la vie ! Malgré les dents acérées du pièges qui l'avaient entamé jusqu'à l'os, elle ne mourrait pas ce soir ! Wilcar venait de tuer le prophète ! Il allait la sortir de là !

Quand soudain, Wilcar chuta sans raison dans la terre boueuse, les yeux révulsés.

- Wilcaaar !!! »

Ellaye vit qu'il avait une hache plantée dans le dos ! La hache d'Eadja ! Qui avançait vers elle !
Lun 1 Mai 2017 - 20:00
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Dargor
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Ellaye paniquait. Son pied était pris dans ce maudit piège, et voici qu’Eadja avançait vers elle, menaçant. Lentement, il prenait son temps, savourant de toute évidence la peur qui devait se lire sur son visage. Elle tenta, en ultime ressort, de le raisonner.

« Ecoute Eadja, dit-elle. Je sais qu’on jamais été bien avec toi, et c’est vrai on t’a un peu négligé. Mais s’il te plait, en souvenir de notre formation de musique, tu veux bien ne pas me tuer hein ? S’il te plait vraiment je t’en supplie, t’as pas besoin de faire ça ! »

Son ton devenait de plus en plus paniqué à mesure qu’elle le voyait approcher, sans réagir à ses propos. Elle tenta de le supplier, de lui promettre de faire tout ce qu’il voulait s’il l’épargnait, elle le maudit, lui promit qu’il allait droit en enfer avec de tels actes. Mais rien n’y fit.
Ou plutôt, cela changea son attitude. Souriant, alors qu’il était à sa hauteur, il posa sa hache à ses pieds, et entreprit de l’étrangler. Elle se débâtit autant qu’elle le pouvait, lutta avec lui, et contre toute ses attentes, finit par prendre l’ascendant. Elle parvint à le jeter au sol, et sans y penser, ramassa sa hache et le roua de coups avec, jusqu’à ce qu’il ne reste de lui plus qu’une bouillie infâme. Elle avait dû faire tout cela avec le pied dans le piège. Elle avait eu du mal à le faire. Elle n’aurait jamais voulu tuer qui que ce soit après tout ! Mais il l’avait cherchée. Elle appela à l’aide, maintenant qu’il était parti, mais le temps passa sans que personne ne lui réponde.
Comprenant qu’elle allait se vider de son sang si elle ne se libérait pas de ce piège, elle tenta de secouer son pied. Cela ne fit que lui arracher un cri de douleur et approfondir ses plaies. Plus qu’une seule solution. Elle prit la hache, et en pleurant et criant de douleur, se trancha elle-même la jambe. Mieux valait se vider de son sang en tentant de rejoindre quelqu’un que se vider de son sang sans rien faire après tout. C’est avec cette pensée qu’elle se mis à se diriger tant bien que mal vers la cabane. Là elle trouverait sans doute de quoi se soigner.

Elle y trouva surtout cette fille, dont le nom lui échappait dans la panique. La maladive du groupe, qui lisait un livre dans l’entrée de la grotte. Ses yeux étaient fiévreux, et elle semblait délirer. En la voyant arriver, elle prononça quelques mots. Ellaye poussa un glapissement de douleur, puis chuta, sentant son cœur battre difficilement.
Que lui avait fait cette maudite fille ? Ou était-ce parce qu’elle avait perdu tout ce sang ? Elle eut de plus en plus de mal à respirer, et de plus en plus mal à la poitrine. Puis tout lâcha et devint noir.
Lun 17 Juil 2017 - 13:53
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Lancen Calvin De Everhell
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Me sauvant de tout piège et de tout péché grave,
Ils conduisent mes pas dans la route du Beau ;
Ils sont mes serviteurs et je suis leur esclave ;
Tout mon être obéit à ce vivant flambeau.

Baudelaire



Lorelei poussa un cri perçant lorsque son pied buta sur quelque chose. Pieds nus, les chevilles pleines de boue, au beau milieu de la nuit, elle n'avait pas compris tout de suite. Puis à force d'interessement, elle avait compris. Et elle avait hurlé ! Son pied venait de buter sur le crâne du cadavre de Wilcar ! Et pire que cela, il n'y avait non pas un cadavre reposant dans la boue, le regard révulsé, mais deux ! La femme de Lancen eu du mal à identifier le second corps, tant il était mis en une bouillie boueuse et sanguinolante. Finalement, elle identifia Eadja comme le second ! Prise de panique, les larmes lui venant au yeux, elle s'écarta de cette monticule gluante qui puait le sang et la mort ! Elle appela muettement Lancen, qui était parti depuis trop longtemps à son goût ! Quand est-ce que le jour se lèverait-il ? Il lui semblait que la nuit dans cette forêt lugubre était éternelle !

Le silence parut soudainement lui peser bien lourd ! Tout autour d'elle, les arbres paraissaient l'épier. Elle entendait seulement au loin, en dépit de ce silence anormal, quelque chose qui paraissait avancer vers elle, lentement. Elle chercha autour d'elle une arme, mais n'avait rien. Si seulement Finil avait voulu éclairer la nuit par une flopée d'étoiles ! Nul doute que Lorelei aurait mieux su quoi faire afin de se défendre ! Elle se sentait tellement vulnérable, seule sans son mari !

Soudain, un petit animal qu'elle n'eut pas le temps d'identifier jaillit des fourrées et passa en trombe près d'elle ! Elle sursauta ! Mais bien vite, la jeune femme retrouva son sang froid ! Qu'était-ce de plus qu'un lapin, un petit cochon ou une belette ? Il était inutile de se retourner l'âme pour si peu ! Lorelei continua d'avancer, prenant garde où elle mettait les pieds. Puisque Lancen n'avait pas donné de ses nouvelles depuis qu'il était reparti vers la maison, elle allait l'y chercher ! La seule pensée qu'il soit arrivé quelque chose à son époux la révulsait. Lancen, mort ? Non, pas Lancen ! Il était plein de ressources, c'était impossible que quelque chose lui soit arrivé ! Pourtant... Wilcar et Eadja étaient-ils eux, moins braves que son mari ? Lorelei n'avait pas la réponse à ses questions.

Lorelei ne voyait pas non plus la silhouette ténébreuse qui se mouvait sans un bruit derrière elle depuis un petit moment déjà. Et à présent s'approchait, silencieusement, de sa proie.

« Attention !!!

Lorelei s'aperçut du danger au moment où celui-ci s'abattait sur elle ! Elle put néanmoins esquiver à temps le flot de monstres qui jaillaissait de terre, s'accrochant de leurs doigts décharnés aux racines et aux feuilles mortes tentant par là de s'extraire de ce qui devait être un gigantesque tombeau camouflé ! Et au milieu de ce cercle de monstres désarticulés qui puaient la charogne, Renta, psalmodiant, un livre ouvert à la main ! Lorelei hurla, tout en reculant afin de se tenir hors de la portée de ces zombies qui s'extrayaient de la tombe ! Et Renta qui continuait son invocation, le visage pâle toujours aussi pale, parcouru de veines noirâtres, les lèvres bleues, le regard retourné.

Jaillit alors de nulle part Quessan, celui qui faisait le professeur de musique de l'ex troupe Impériale ! Blessé à la cuisse, Quessan boitait douloureusement et portait un couteau de cuisine dans la main ! Devant Lorelei, formant un cordon désormais bien distinct, une petite troupe de cadavres désarticulés qui rugissaient !  

- Restez derrière moi ! cria Quessan à l'attention de Lorelei !
- Vous ne pouvez pas rester là ! s'époumona la jeune femme. Ils vous dévoreront ! Nous devons fuir !

Soudain, l'on entendit un cri, suivit de chocs violents ! Et Renta, toujours psalmodiant, se retrouva réduite au silence ! Elle tomba sur le sol, face la première, et enfin l'énorme livre de nécromancie qu'elle portait se referma en un "clap" sonore ! Les zombies fraîchement invoqués retombèrent d'un même mouvement, entourant leur maîtresse ! Lorelei repéra Lancen, une expression hargneuse sur le visage, une hache ensanglantée dans la main, qui venait d'abattre Renta et donc lui sauver la vie ! Son soulagement fut immense !

- Lancen !

En un bond, soulagée, la jeune De Everhell bondit au cou de son mari !

- Par Finil ! Vous n'avez rien ?

En effet, Lancen était tâché de sang de pied en cap ! Mais ce dernier paraissait bien aller, et la rassura. Soulagés, les deux époux purent enfin s'embrasser avec passion, seuls au milieu de ce carnage. Quessan, accroupi derrière eux, ne put que constater que les zombies étaient bel et bien inertes. Le souffle de terreur qui s'était levé sur la forêt, cette nuit là, semblait prendre fin.

~



Un peu plus loin, là où gisaient les cadavres de Wilcar et d'Eadja, proches du piège à loup, quelque chose remua sous tous ces centimètres de boue, écrasé par les deux cadavres ! Et un bras émacié jaillit de cette masse boueuse en un râle !

~



- Hé ! Mais c'est qui lui ? demanda Quessan en se relevant.

Lorelei et Lancen, l'un dans les bras de l'autre, s'écartèrent légèrement. Il semblait que le cauchemar n'était pas destiné à prendre fin ! Plus loin, faisant face au Ramien, une ombre -une autre !- voûtée avançait, seule, vers lui ! Lancen écarquilla les yeux ! L'ombre gardait le poing fermé, comme s'il conservait quelque chose de précieux à l'intérieur. Loin comme il était, même si le hideux personnage avançait vers eux, il ne vit pas ce dont il s'agissait lorsqu'il ouvrit la main.

Mais Quessan, plus proche, le vit !

Alors la Ramien changea du tout au tout ! Ces doigts se refermèrent avec force sur le manche du couteau de cuisine qu'il avait en main. Et il se retourna, de la bave au coin des lèvres, pour s'avancer vers Lancen et son épouse durement réunis !

Ce dernier eut le bon réflexe de se saisir de la hache qu'il avait jeté à ses pieds pour mieux intercepter dans ses bras sa belle. Mais le temps lui manqua pour la riposte ! Le géant halé plaqua de toutes ses forces le jeune Impérial, qui s'étala de tout son long sur la violence de la charge ! Il vit le Ramien lever le bras, et eut à peine le temps de se déhancher, prisonnier sous le colossal assaillant, afin que la lame du couteau aille se planter en terre plutôt qu'en ses chairs ! Encore une fois, Quessan attaqua ! Encore une fois, Lancen esquiva de justesse ! Du bout des doigts, il tentait d'attraper de nouveau le manche de sa hache, tombée à quelques centimètres de lui ! Alors Lorelei intervint, ce qui lui donna le temps necessaire pour récupérer son arme ! Tandis que, munie d'un morceau de bois, elle frappait de toutes ses forces sur la tête du Ramien, lui faisant au passage saigner une oreille, Lancen put asséner en pleine épaule un coup de hache et en profiter pour se dégager !

Mais Quessan était une armoire à glace ! De plus de six pieds de hauteur, large comme un buffle, même armé d'un couteau, il tenait rudement tête au jeune noble ! Lancen regretta amèrement de ne pas avoir emporté de rapière de l'Empire d'Ambre ! L'histoire serait déjà réglée !

Il esquiva encore deux ou trois attaques de Quessan, tout en reculant ! Fatigué, la hache semblait peser au bras de Lancen une tonne ! Il reculait toujours plus, manquant de trébucher à chaque obstacle, au coeur de cet enfer noir ! Alors Lancen, pensant poser son pied sur un appui stable, ne trouva plus que de la fange et de la boue, et s'enfonça entièrement ! Encore une fois, il perdit la hache au coeur de ce qui était un marécage !

De la boue quasiment jusqu'à la taille, Lancen ne pouvait plus reculer, où il finirait embué de boue et bien trop vulnérable ! Il chercha de nouveau sa hache sous cette masse noire gluante, la trouva, esquiva encore un coup de couteau du géant !  Sur la berge, il distingua Lorelei qui lui crier de tuer Quessan !

- Lancen !!! Attention !!!

Il cria aussi ! Derrière lui, un troisième homme ! Le prophète ! Tout cela ne se terminerait-il jamais ? Alors que sa femme déguerpissait de la berge, avalée par les frondaisons noires, Lancen repoussa d'un coup de coude dans le plexus le prophète qui avait surgi dans son dos les Dieux savaient comment ! Il ne vit pas le couteau de Quessan s'abattre dans son épaule et hurla lorsqu'il sentit la lame le pénétrer ! Il riposta immédiatement, conscient que, à présent désarmé, Quessan était enfin vulnérable ! Ignorant la douleur, le jeune aristocrate leva son bras et planta de toutes ses forces -qu'il avait bien diminuées !- la hache dans le bras du colosse ! Toujours le couteau dans son épaule, hurlant, couvert de boue, sentant l'eau merdeuse monter jusqu'à son torse, il arma son bras et frappa une seconde fois ! Puis une troisième ! Et une quatrième ! Il frappa jusqu'à ce que s'abatte en un râle le géant Ramien ! Englouti par le marécage, le corps disparu, et Lancen vit quelques choses bouger en bordure de berge pour se jeter à l'eau. Il distingua une queue hérrissée de pics. Des crocodiles ! Sans doute cette première proie qui était Quessan les mettait en appétit !

Conscient qu'il était vulnérable et lui aussi dans le marécage, Lancen, à bout de souffle, voulut remonter la pente boueuse le menant jusqu'à la forêt. C'était de nouveau sans compter le prophète ! Ce dernier l'agrippa par la cheville et le tira en arrière ! Lancen but la tasse, et dû de nouveau glisser au milieu de cette eau glacée ! Durant plusieurs minutes, désarmé, il se battit à mains nues contre son redoutable adversaire, à bout de forces ! Autour d'eux, les crocodiles formaient une jolie masse compacte et grouillante, se régalant des restes de Quessan. Et au fur et à mesure qu'ils combattaient, Lancen se sentait de plus en plus faible ! Le prophète, plus grand que lui en taille, l'entraînait toujours plus en arrière, et bientôt il se retrouva jusqu'à avoir de l'eau jusqu'aux épaules ! Il redoutait l'instant où ses pieds ne toucheraient plus le sol !

Alors il entendit sa voix, puis la vit ! Sa femme, Lorelei, montée sur une petite barque, et qui ramait vers eux ! Lancen envoya un coup de poing à son adversaire en pleine machoire, et il disparut sous l'eau ! Gémissant, à présent nageant, il fut tracté par sa femme jusqu'à l'embarcation. Du sang coulait de son épaule crade et ouverte, et il frissonnait de tout son corps !

S'accrochant alors au rebord de la barque, une main décharnée que Lancen ne connaissait que trop bien ! Et le prophète, bel et bien en vie, se hissa à son tour avec des râles dignes des pires tourments des enfers ! A bout de force, Lancen ne put que hurler et reculer dans la barque, s'aggripant aux rebords tandis que le monstre commençait à faire chavirer l'embarcation !

Loreleï se saisit alors de l'unique rame et, en un coup plein d'élan, renvoya le prophète aux eaux grouillantes ! Alors les crocodiles un peu plus loin, mis en appétit grace à Quessan, se jetèrent totalement à l'eau, et passèrent au plat de résistance. Lorelei, sans un mot, rama doucement vers le rivage. Et comme le silence tombait sur les bois, au loin, le jour se levait.

~



Sous les frondaisons que dorait les premiers rayons matinal, Lancen laissait sans un mot Lorelei bander son épaule. Ils avaient dû procéder avec les moyens du bords. Ainsi, ce fut la seule chemise que Lancen portait encore sur le dos qui, déchirée, put confectionner un bandage tout juste satisfaisant. Alors qu'elle serrait le noeud de ses mains encore tâchée de sang -son sang !- et de boue, Lancen l'arrêta dans un geste de tendresse, et l'embrassa. A présent que le soleil était levé, la forêt avait perdu tous les appâts qui la rendait, la nuit, si monstrueuse. Epuisée, la jeune femme vint poser sa tête sur le poitrail de son mari, qui l'enlaça de son bras, déposant un second baiser sur son front.

Ils étaient les seuls survivants de ce malchanceux cortège partis de l'Empire. Ensemble, ils adressèrent une prière de remerciement à Finil, ainsi qu'une autre à Canergën.

- Et maintenant ? demanda d'une toute petite voix la jeune De Everhell.
- Maintenant, souffla Lancen en la cajolant, nous rentrons à la maison...
- A pieds ?
- Personne ne viendra nous chercher ici. Nous n'avons pas le choix.

Après un silence, Lorelei demanda :

- Et Oro ?
- Va chier, Oro !

Un fin sourire étira les lèvres de la jeune femme. Lancen soupira.

- Je n'ai jamais été aussi bien que dans l'Empire.. Je te ramène à la maison.

Délicatement, il se leva avant de la relever ensuite, d'une main que le plaisir de sentir celle de son épouse rendait douce.

- Le sentier est juste à côté. Ne le perdons pas, et tout ira bien..

Lancen loua le courage et la bravoure de son épouse. Après tout, si il était encore en vie aujourd'hui, c'était grace à sa femme. Il passa une main autour de sa taille, et l'emporta. Les courtisanes Oréennes pouvaient bien aller se faire voir. Il la ramenait à la maison.

~



Quelque part sur la berge, après le départ des jeunes De Everhell, un corps déchiqueté frémit. Entièrement recouvert de boue noire, le frémissement parait s'étendre jusqu'à une main déhcarnée. Une main qui s'ouvrent. A l'intérieur, deux yeux globuleux éjectés de sang tournent doucement.



FIN
Jeu 10 Aoû 2017 - 22:40
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