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[Terminé][PV Triss] La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue ♪
Noire
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Noire
Cela faisait à présent plusieurs heures que l'Eradicate, le noir vaisseau pirate commandé officiellement par le Capitaine Baldassare Everhell, officieusement par l'approximative Elue Divine Phadransie La Noire, avait quitté le port de Prébois. A son bord, de l'alcool, une amazone enchaînée, des pirates et une jeune barde, du nom de Triss Miders.
En échange d'une paye de marin, le Capitaine Everhell avait demandé à Triss d’égayer l'équipage avec des chansons pirates les soirs de belles lunes, et le temps que durerait leur séjour jusqu'en Oro, la destination à priori finale pour la barde.
Pour Phadransie, il ne s'agissait non pas d'Oro, mais bel et bien des Îles de Jade. La Noire avait pour ferme ambition de dénicher Jack Lissander, et mettre fin à ses jours.

Le soir venait de tomber, la nuit était douce et les eaux calmes. Baldassare Everhell quitta la cabine de Phadransie afin de séjourner sur le pont. Il avait une carrure très droite et stable, ses cheveux flottant au vent. Du regard, il cherchait la jeune passagère. Et la trouva enfin, accoudée au bastingage, son luth accroché dans son dos et la chevelure au vent.

Il s'approcha sereinement de la jeune femme et lui versa un verre de vin, qu'il avait emporté avec lui. Il garda la bouteille dans sa main gauche.

«Oserai-je vous demander si il s'agit de la première fois que vous naviguez demoiselle ?

La jeune femme le vit, elle esquissa un sourire réservé.

-Le terme de voyage m'est bizarre. Je ne m'y suis toujours pas faite. Découvrir le monde et ses beautés. Cela est un beau rêve. Mais j'ai bien peur de ce qui peut se cacher derrière toutes ses beautés. L'homme est peut être le premier obstacle devant celles ci. Mais nous ne sommes que ce que les dieux en ont choisis. Vous ne pensez pas ?

Elle accepta le verre de vin qu'il lui tendait.

-Vous paraissez bien jeune, cela est normal. Chacun doit se faire ses marques sur le monde. Puis je savoir d'où vous venez ? Demeureriez vous une native de Prébois ?

Tout en disant cela et la questionnant, et n'ayant aucune arrières pensées en tête, Baldassare Everhell l'invita à se déplacer sur le pont, longeant le bastingage.

-Je ne connais pas bien ces lieux même si j'y vis depuis longtemps, lui répondit-elle. Ma famille où ce qu'il en reste, vit un peu plus profondément dans la forêt et nous venions parfois dans la cité de Prébois pour nous permettre des échanges avec les produits que nous avions contre d'autres produits, qui nous étaient impossibles à avoir par nous mêmes. Donc on peut dire en quelque sorte que j'y suis native même si je ne me sens pas comme eux.

Tout en passant parmi les marins, le Capitaine Everhell hochait la tête aux réponses de la femme et observait d'un œil attentif le travail de ses hommes.

-Vous m'apparaissez comme une dame encline d'esprit. Et ou avez vous appris ces chansons pirates ?
-J'aimais bien indiquer le chemin ou aider les voyageurs de la région en échange d'une histoire, ou d'une chanson, si j'avais de la chance lors de la route. Même si souvent, cela me récompensait aussi d'une bonne punition de la part de mon père mais je pense que le jeu en valait la chandelle. C'est sûrement ainsi que j'ai du apprendre ces chansons. Je ne connais même pas le nombre d'histoire que j'ai connu mais que je n'ai pas retenu. Les chansons, elles, ont eu plus de chances. Elles restaient près de moi. Sûrement grâce à ma passion pour la musique qui les gardaient près de moi tel un chien de berger gardant les bêtes quand le berger regardait ailleurs.
-Vos mélodies sont entraînantes damoiselle, elles me conviennent et plaisent à l'équipage. Nous avons une Amazone à bord, et là ou ces bêtes vont, l'or et l'argent suit. Il semblerait que pour vous comme pour nous, la roue est en train de tourner. Et a notre avantage.
-Vous venez de dire que vous tenez une amazone dans votre navire? Les célèbres et légendaires amazones ? Que comptez vous en faire? Car les vents sont traîtres et peuvent vite changer de cap. Un marin devrait savoir cela. J'espère pour nous que vous serez capable de remonter la pente si cela venait à arriver. Sinon vos hommes ont l'air de se plaire, mais sommes nous obligés de rester à parler sur le pont ? Je trouve le temps un peu mauvais. Je ne suis pas encore habitué à ce vent. Or une malade ne vous servirait à rien, Capitaine.

Un silence s'insinua entre ces propos. Que voulait entendre la barde par "les vents sont traîtres". De bien étranges propos, ils en étaient, pour une musicienne.

-Croyez moi, même les vents du large n'oseraient s'en prendre à un Vaisseau qui abrite à son bord une Elue Divine, reprit posément le Capitaine Everhell en s'inclinant. Et celle de la Grande Garce des Profondeurs qui plus est. Quant au pont...peut etre désirez vous que je vous raccompagne jusqu'à votre cabine ? J'ignorez que vous avez le mal de mer. Et effectivement, vous feriez bien de ne pas tomber malade. Là encore, ce n'est pas de moi qu'il vous faudra le plus vous inquieter si d'ordinaire ce cas de figure arrivait, mais de l’Élue.
-Élue que je n'ai toujours pas vu. Peut être me feriez vous cette honneur plus tard ? Si je pouvais avoir la chance de jouer pour une élue, mon bonheur serait fait. Cela serait comme une prière fait à la déesse elle même de remplir ses oreilles d'une douce musique. Sinon je pense que je préférais retourner dans ma cabine le temps de m'habituer à la mer, si cela ne vous dérange pas. Mieux faut il que je sois frais pour ce soir lorsque je devrais jouer pour vos hommes. En espérant n'avoir à jouer que de la musique et devoir leur montrer que ma voix.
-Concernant l'équipage, j'ai émis des directives fortes strictes là dessus, vous ne serez pas inquiétée. Et concernant l'élue... Et bien vous avez déjà eu la chance de la rencontrer dans cette taverne à Prébois. La Noire est son nom.

Tout en disant cela, ils se dirigeaient vers la cabine qui avait été attribué à la barde.

-Je suis un peu plus rassurée si vous vous êtes assurés de tout pour ma sécurité. Sinon LaNoire, un nom à ne pas oublier, même si notre rencontre dans cette taverne fut de courte durée et en de mauvaises conditions. Événement que je souhaite corriger.

-C'est là aussi mon souhait, et c'est dans ce but là que je vous ai proposé la place à bord. Je vous souhaite donc de bien vous reposer, et vous dis à ce soir demoi...

Baldassare Everhell n'eut le temps de terminer sa phrase, qu'une silhouette aussi chimérique et ténébreuse que les abysses elles même se dessina dans le couloir en face d'eux. Il n'avait pas besoin d'attendre qu'elle se rapproche davantage pour l'identifier. Phadransie La Noire. Elle n'avait pas l'air franchement ravie, et tenait même a bout de bras un pistolet braqué sur...Triss ou lui ? Lorsqu'elle s'approcha davantage et sortit de l'ombre, il pu trancher. C'était lui la cible de sa noire maîtresse. La Noire prit la parole :

-Oui la barde, c'est dans ce but là que ce petit Capitaine t'a convié dans MON dos sur MON bateau ! Apparemment la hiérarchie n'est plus respectée à bord de ce bon vieil Eradicate. J'ai une question pour toi la donzelle. En tant qu’Élue divine, quel sort je devrai réserver à ceux qui me trahissent ?»
Sam 27 Juin 2015 - 22:26
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
Triss, même si la proposition ne la laissait pas sans réaction, se redressa.
- J'ai eu ouï que la planche était réservée au traître sur certains navires mais ne pensez pas vous pas simplement quand faisant cela, vous détruirez la confiance des hommes de Everhell, et donc leur confiance en vous? Pensez vous qu'avec tous les pouvoirs que vous accordent votre statut d'élue divine, vous arriveriez à arrêter une mutinerie? Après cela n'est que l'avis d'une pauvre barde n'ayant aucun droit dans la hiérarchie et ayant donné son avis car celui ci a été demandé. Cela est même bien étrange vu que je pensais qu'on m'avait recruté pour mes talents de barde, pas pour ceux de stratèges.
Profitant de son temps de parole, elle en profita pour s'approcher de Phadransie au cas où elle devrait réagir suite à une attaque de cette folle de Phadransie. En effet, la vie d’Everhell l'importait peu, un pion de plus ou de moins sur le plateau, même si elle essayait de le maintenir en vie par ces paroles car elle savait qu'une homme est facilement influençable quand on parle de femme. Tandis que Phadransie, souriant, le pistolet toujours pointé sur Everhell
- Tu entends Capitaine ? Ta barde tient à toi on dirait bien !
Finalement elle baissa le pistolet pour le lever sur Triss.
- Je peux aussi me contenter de prendre ta vie a toi chérie.
- Comme je viens de le dire. Oseriez vous frôler la mutinerie pour votre simple plaisir? Les femmes sont une denrée rare pour les marins. Surtout quand le voyage se fait long et que leur plaisir charnel les dévore de l'intérieur. Après tuez moi si vous le voulez mais je ne partirais pas sans vous laisser de cadeau. En voyagant, on n'apprend pas seulement des histoires et des chansons pour égailler son public car pour en avoir un, il faut survivre et se battre chaque jour dans ce monde hostile.
Tandis qu’elle répétait sa théorie à Phadransie, elle se prépara physiquement à pouvoir réagir au moindre signe hostile de cette garce.
- Tu as l'air d'en savoir des choses pour une simple barde toi.
Elle baissa ensuite son pistolet pour ensuite répliquer par:
- Mais je te conseille de ne pas trop faire ta maligne chiasse de siresse, la capitaine ici, c'est moi.
- Ai je nié une fois ce fait? Et je ne ferais rien d'autre que se pourquoi on m'a engagé sur ce bateau.
Phadransie, toujours motivé à taper sur le clou, avec un sourire mauvais aux lèvres, ne put s'empêcher de le rappeler.
- Et je te laisse le soin de punir Everhell. Toi qui a l'air de savoir pas mal de choses. Fais en sorte qu'il regrette amèrement son erreur !"
- Comptez sur moi pour cela. Il ne refera plus deux fois la même erreur.
Puis Phadransie partit suite à ces paroles. Enfin Triss serait tranquille de cette élue, pour le moment en tout cas.
Everhell, gêné par la citation, ne sachant pas vraiment quoi faire, n’eut pas d’autres choix que de s’excuser.
- Hum...Navré des ennuis que je vous ai occasionné demoiselle.
- Ce n'est rien. Faites plutôt attention à votre tête la prochaine fois. Je pense que j'aurais eu plus de chance de m'en sortir vivant si il avait eu une querelle.
- Ma tête est au service de mon Elue damoiselle. Je vous souhaite de vous rétablir, et passer une nuit qui vous siéra agréablement, je l'espère."
- Merci de m'avoir raccompagné. Je vous retournerais bien le compliment mais je pense pas que vous comptez dormir maintenant. Elle ferma ensuite la porte après avoir dit aurevoir à Erverhell. Enfin tranquille, sans personne sur son dos.


Le lendemain matin, Triss se réveilla de bonne heure, peu de temps après que le soleil montre sa tête. Elle s'habilla comme d'habitude avec ses vêtements de voyage et sortit sur le pont.
Elle ne put s'empêcher de remarquer l'un des pirate qui la siffla et rajouta:
- Hé la barde ! Ou t'étais hier soir quand on avait besoin de toi ! Tu aurais pu nous échauffer avec ta belle voix !
Mais elle préféra l’ignorer et regarda la mer en se posant contre le bord du navire. Qu'est que la mer était belle? Tout le monde était il aussi beau? Elle espérait avoir une réponse assez rapidement. Sinon le reste de la journée se passa sans réelles problèmes. Obéissant au quartier maître, elle aida autant qu'elle le peut à la manœuvre. Les pirates ne l'embêterent pas, et leur attitude envers elle se limitèrent à des regards intéressés. Elle mangea le soir dans la cantine, puis, à la nuit tombée Everhell refit son apparition.
- Bonjour madame. Vous ne pensez pas qu'il est temps pour vous de vous produire et de chanter ?
- Ce n'est pas pour cela que vous m'avez engagée? Sauf si vous avez d'autres idées que je ne pourrais accomplir car cela n'est pas mon métier.
- C'est bien pour cela, je vous en donne la confirmation demoiselle.
- Alors laissez moi me préparer et je serais prête à jouer pour vos hommes.
Elle alla vers sa cabine prendre son luth puis ensuite revint sur le pont. Les pirates étaient tous rassemblés sur le pont, assis, accroupis, accoudés au bastingage ou dans les haubans. Ils parlaient et rient entre eux, puis se turent lorsque Triss arriva. Baldassare Everhell était debout près de la barre, un peu plus loin et la regarda attentivement, le visage fermé. Tandis que Triss marchait tranquillement devant tous ses pirates. Elle avait devant elle un public attentif, ce qui lui était rarement le cas. Elle commença avec une chanson qu'elle connaissait quand même assez bien. Elle espérait qu'elle plairait aux matelots.


Depuis que l'on s'est embarqués à bord de ce trois mâts carré et vire vire, et vire vire.
2 long mois se sont écoulés filles à matelots manquaient et vire vire, et vire vire.
Pour maintenir la discipline point de présence féminine
la seule qui peut embarquer se tient là sous le beaupré car:
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, ou celle qu'on a qu'en rêve.
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, qu'on monte par derrière.
Depuis que l'on s'est embarqués à bord de ce trois mâts carré et vire vire, et vire vire.
4 mois se sont écoulés, pas une fille à caresser et vire vire, et vire vire.
sans escales et sans dames pour les matelots c'est un drame,
faut maintenir l'ordre à bord et ne point perdre le nord car
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, ou celle qu'on a qu'en rêve.
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, qu'on monte par derrière.
Depuis que l'on s'est embarqués à bord de ce trois mâts carré et vire vire, et vire vire.
6 long mois se sont écoulés, pas une pour nous soulager et vire vire et vire vire.
Vous êtes bien trop barbares nous répétait l'homme de barre,
la seule qu'il y aura à bord, elle est sous le bout dehors car
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, ou celle qu'on a qu'en rêve.
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, qu'on monte par derrière.
Depuis que l'on s'est embarqués à bord de ce trois mâts carré et vire vire, et vire vire.
8 long mois se sont écoulés, la boutique est pleine à craquer et vire vire et vire vire.
Pour éviter le malheur point de querelles de coeur,
car la seule qui nous mène nous disait le capitaine
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, ou celle qu'on a qu'en rêve.
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, qu'on monte par derrière.
Depuis que l'on s'est embarqués à bord de ce trois mâts carré et vire vire, et vire vire.
10 long mois se sont écoulés la boutique va déborder et vire vire et vire vire.
pour prévenir des jalousies, n'embarqueront point de filles,
la seule que l'on peut saisir se tient là devant la guibre
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, ou celle qu'on a qu'en rêve.
La seule fille qu'il y a pour nous c'est la figure de proue, qu'on monte par derrière.
Dim 28 Juin 2015 - 21:02
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Noire
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Baldassare Everhell tenait fermement la barre de l'Éradicate, sur le pont. Il se concentrait sur les embruns embrassant sa nuque et son front, et la voix légère comme du papier de riz de cette Triss Miders, caressant ses oreilles. La barde avait un réel talent, c'était indubitable. Ses mélodies auraient pu apaiser, n'importe qui sur ce navire. Même Phadransie La Noire ? Se demanda à lui même le Capitaine. Il n'en aurait pas mis sa main à couper, en revanche.
La barde venait de clore sa chansonnette, et déjà les pirates la poussaient à en entamer une autre, en criant et levant le poing.

«Je peux voir que mon public est motivé ce soir. Le serez vous autant pour la chanson suivante?

La jeune femme fit danser ses mains délicates sur son luth, durant plusieurs bonnes minutes. La chanson suivante était entraînante et convenait particulièrement à un équipage de pirates. Elle ajouta sa voix ensuite.

Marin de comptoir ! Ecoute cette histoire,
C’est l’histoire du Cap’ tain’ Farlow, le plus grand des soiffards.
Homme au cœur de pierre, très sévère et vicelard,
d’un foutu  caractèr’ et avec ça, saoule du matin jusqu’au soir.

As-tu connu l’ Cap’tain’ Farlow qui vidait les barriques
et les cassait sur le dos des matelots ?
As-tu connu l’ Cap’tain’ Farlow qui buvait tout le vin
et n’ laissait rien pour les mat’lots ?

Le Cap’tain’ Farlow naquit sur un bateau
Qui traversait les grandes eaux en partance d'Oro
Sa mère fille de joie ne buvait jamais d’eau
De ses mam’lons au lieu de lait c’était le vin qui coulait à flot.

Avant d’embarquer sur ce maudit rafiot
On m’avait dit t’auras du rhum et du vin à gogo
Tu s’ras bien nourrit, tu roul’ras les tonneaux,
Et quand le travail s’ra fini, là tu pourras compter ton magot.

De la soupe aux choux, une ration de fayots,
Un seul repas par jour c’est le régime des matelots.
Mais dans notre quart, n’y avait que de l’eau,
Ni vin, ni rhum, ni bière, ni tafia pour l’équipage de ce bateau.

C’est pas très humain d’assoiffer ses mat’lots
Ca en fait des mutins qui crochent à coups d’cuillère à peau.
Mais le plus malin c’était l’ Cap’tain’ Farlow
Qui jetait aux requins le premier gars qui s’approchait d’un tonneau.

Mais un jour la mort vint s’inviter à bord
Le capitain’ lui dit : « La mort ! Mettons-nous bien d’accord »
J’irai avec toi jusqu’au bout de l’enfer
Tant qu’il y a du bon vin pour se saouler jusqu’à rouler par terre.


Le Capitaine Baldassare Everhell avait déjà entendu cette chanson plusieurs fois, soufflée dans une Taverne de Port-Argenterie où il aimait s'arrêter. Mais aucun ménestrel jusqu'alors ne l'avait aussi bien interprétée que Triss. Il y avait là une joie de vivre, un hymne à la liberté, une légèreté incomparable. Les pirates la réclamèrent derechef. Il demandèrent si du rhum et du bon vin pouvait être monté des cales de l'Éradicate, mais Everhell s'y opposa fermement, craignant tout dérapage importun. Triss recommença à jouer, et tous adoptèrent le refrain cette fois là.

Baldassare Everhell sentit un frisson parcourir son échine lorsqu'il vit que Phadransie La Noire avait quitté sa cabine, sans doute attirée par la bonne musique. Elle se tenait là, sur la dunette, son tricorne rabaissé sur son regard de ténèbres, et bras croisés.

-Comme vous avez la chance d'avoir une magnifique capitaine avec vous, reprit la barde, une chanson m'est venue en tête. Peut être est ce le rêve fou d'une personne du public qui me l'a inspiré, mais je suis sure qu'elle vous plaira.

Après avoir bu un verre d'eau afin de s'hydrater, la jeune femme poursuivit son cantique.

La vie est courte, la mer est grande
Vois tu ma mie on s'fait la guerre
J'suis pas un matelot à la mort
Y'a des calmes plats dessus la mer
La vie si courte la mer si grande
Toi ça te fait peur tu n'aimes que toi
Si tu l'aimais un peu la mer
Tu dirais, "va, faut la subir"
Il faudra bien subir la mort
Comme ton amour pour moi, ma mie
La vie si courte la mer si grande
Vois tu ma mie
Et la tempête les calmes plats
Et le retard et la distance
Et le roc noir, la mer qui souffre
Et mon bateau, s'engloutira

Et notre amour et mon absence
Et notre amour qui ne reviens pas
Et notre amour et mon absence
Et notre amour


Bel et bien charmé par cette voix si parfaite, le Capitaine de l'Eradicate accorda à ses hommes la montée de deux tonneaux de bière. Il fit offrir un verre à Triss. Son Second se chargea de l'emplir et l'offrir à la jeune femme avec un sourire sincère. Même si quelques larbins braquaient sur elle des regards davantages témoins d'un désir viril que d'un réel intêret musical, l'ambiance était détendue et même bonne enfant. De toutes manières, l'équipage savait qu'il aurait à craindre la colère du Capitaine Everhell -en plus de celle probable de l'Elue- si jamais il arrivait quoi que ce soit de regrettable à cette Triss. Phadransie avait déniché d'on-ne-sait-où une bouteille de rhum, qu'elle avait commencé à s'enfiler dans son coin. De son côté, la barde but doucement son verre de bière.

- Je vais vous faire un cadeau. Je vais interpréter une chanson que j'aime assez bien car cela me fait penser que tout le monde devrait prendre la mer une fois dans sa vie. J'espère que vous êtes prêts.


Sont les filles d'Argenterie
Ont armé un bâtiment
Pour aller faire la course
Dedans les mers du Levant.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

La grande vergue est en ivoire
Les poulies en diamant
La grand-voile est en dentelle
La misaine en satin blanc.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

Les cordages du navire
Sont de fils d'or et d'argent
Et la coque est en bois rouge
Travaillé fort proprement.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

L'équipage du navire
C'est toutes filles de quinze ans
Le cap'taine qui les commande
C'est le roi des bons enfants.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

Hier faisant sa promenade
Dessus les gaillards d'avant
Aperçut une brunette
Qui pleurait dans les haubans.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

Qu'avez-vous gentille brunette
Qu'avez-vous à pleurer tant?
Av'- vous perdu père ou mère
Ou quelqu'un de vos parents?
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.

J'ai cueilli la rose blanche
Qui s'en fut la voile au vent
Elle est partie vent arrière
Reviendra en louvoyant.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.



Triss parla plus que chanta, le dernier couplet.


Il est parti vent arrière
Il reviendra vent devant
Il reviendra jeter l'ancre
Dans le port des bons enfants.
Ah! la feuille s'envole, s'envole
Ah! la feuille s'envole au vent.


Les pirates applaudirent à tout rompre, et quelques pintes furent distribuées. Ce concert d'applaudissement fut vite brisé par la voix de Phadransie.

« Et bien la barde. Il semblerait en fin de comptes que tu saches en fait mieux chanter qu'à PréBois.
-Ce n'est ma voix qui a changé, mais mon public. Mes performances sont plus intéressantes car mon public l'est. Mais je prends quand même votre phrase pour un compliment.
-Ca n'en était peut être pas un la barde.

Tout en disant cela, Phadransie s'approcha d'un pas assuré de la musicienne qui serra contre elle son luth. Son œil noir semblait étinceller de lubricité. Elle leva en direction de son interlocutrice sa main, tenant la bouteille.

-Camarades foi de siresses ! J'ai une question pour vous, especes de putes des mers. Pensez vous qu'une barde ivre est digne d'etre ecoutée ?

Un concert d'approbation s'éleva du pont de l'Eradicate. Le Capitaine Everhell n'avait quant-à-lui rien dit. Phadransie La Noire termina cul sec la bouteille déjà entamée, puis la brisa sur le pont, à ses propres pieds.

-Alors on va la faire boire !! hurla-t-elle.

Le visage de la barde se métamorphosa immédiatement. Phadransie y lisait la peur. Elle aimait ça.

-Vous n'oseriez quand même pas me faire boire alors que vous même, vous ne pourriez pas le faire ? Surtout que je risque de casser mon luth et de ne plus pouvoir jouer par après.
-Tu voulais que je t'accompagne de ma voix dans la taverne merdeuse de Prébois, non ? Et bien souris chérie, ton Élue exauce ton souhait ! Nous allons boire ensemble toi et moi, et juste toi et moi, et au diable le luth ! Après tout, une barde à bord ça se dorlote !

D'un geste de la main, La Noire ordonna a Everhell de faire monter sur le pont on tonneau de rhum ambré.

-J’espère pour toi que tu aimes le rhum. Et j’espère aussi que même raide comme une chienne, tu arriveras encore a chanter, autrement ça sera sous la quille que moi, je te ferai chanter !

Sur ces paroles, elle éclata d'un rire mauvais. Un rire grave, fort, presque étouffant pour elle même. Un rire glaçant Triss d'effroi.

-Ne vous sentez pas obligée de me dorloter, comme vous le dites.
-J'insiste ma belle.

D'un mouvement de son crochet, elle ordonna à Baldassare Everhell :

-Fais la boire de force.
-Votre volonté est la mienne, répondit ce dernier en se parant d'une révérence.

En face d'elle, La Noire voyait la barde paniquer intérieurement.

-Je vous laisse le plaisir de commencer vu que c'est votre tonneau. Je n'oserais pas vous enlever la première gorgée.

Elle s'éloigna de quelques pas, l'invitant à s'approcher. Ce qu'elle fit. Le Capitaine Everhell lui tendit un verre, que son Second remplit jusqu'à ce qu'il déborde de rhum.

-Tu parles bien, jolie langue.

Phadransie descendit cul sec le verre.

-A votre tour damoiselle, comme le souhaite l’Élue Divine de la Ga...Reine des Mers, se corrige Baldassare Everhell de justesse avant que Phadransie ne l'entende.

Il apporta un verre, tout autant rempli, à la barde.

-Merci pour ce verre. Je dédie ce verre à la Reine des Mers et à mon public... très sympathique.

Elle apporta le bord du verre sur ses lèvres, puis imita la pirate. Elle le but cul sec en grimaçant. Du rhum coula de ses lèvres, sur son menton et son cou. Le rhum pur, elle n'aimait visiblement pas ça. Phadransie sourit.

-Encore.

De nouveau les deux verres furent remplis. Phadransie La Noire but sans soif, cul sec comme la première fois. La jeune barde regardait son verre, écœurée. Phadransie liait dans son regard sa détresse. Elle ne voulait pas finir saoule. La Noire allait tout faire pour qu'elle en arrive à ce stade, dans ce cas ! Elle but en grimaçant encore. Phadransie rit à en finir courbée.

-N'est ce pas là du bon rhum la barde ? Qu'en dis tu Capitaine ?"

Everhell s'inclina.

-Aye Madame. Du rhum tout droit sorti de Blue Lagoon.

D'un geste brutal, la pirate balança son crochet dans le tonneau, y faisant sauter le bouchon en liège qui bascula par dessus le bastingage. Le rhum coulait à flot. Les pirates s'agenouillèrent pour goûter le liquide qui coulait à leurs pieds.

-Allez la barde. A genoux et bois sans soif.
-Ne vous sentez pas obligée. Je n'ai pas très... soif.

Un éclair traversa l'oeil noir de Phadransie.

-Tu oses défier Phadransie La Noire et te défiler après ?! J'ai dis à genoux !!

Un coup de pied bien placé à l'arrière des jambes de la jeune ménestrel la firent capituler. Elle chuta. Pharansie l'agrippa de force par les cheveux et maintins sa tête sous le tonneau. Elle balança un violent coup de pied dans le luth tombé au sol, qui alla s'écraser contre le Grand Mât. La barde se débattait, et Phadransie aimait ça.

-Bois ! Bois ! Bois ! Bois salope !

Lorsqu'elle la tira en arrière, Triss suffoquait. Elle cracha tout le rhum qu'elle pu, les larmes aux yeux. Les marins riaient à gorge déployés, imitant leur Elue. Seul Baldassare Everhell restait stoïque, bras croisés derrière le dos.

-Aye Aye putes des mers ! reprit La Noire en levant les bras au ciel. Tournée de rhum pour vous, ce soir ! Grace en soit rendue a la Reine des Mers ! Asseyez vous confortablement sur votre cul, et ouvrez grandes vos oreilles. Une barde va chanter sous peu !

 ~

C'ét..ait u-une j-jeune fi..fille qui n'a-a-vait p-p-as quinze ans
Elle s'était endormie au p-p-ied d-d'un rosier bl..anc
Son voil' qui v-v-volait qui v-v-olait, son voil' qui volait au v-v-ent
Elle s'ét...s'était endormie  
Au p-pied d'un rosier blanc
Elle s'était endormie  
Au p..pied d'un ro..r-rosier blanc
Le v-vent soul'va sa ro..be
Fit voir ses j-j-upons bl..blancs

Le v-vent s...s-s-soul'va s-s-sa r-robe
F...Fit v-v-v-v...oir s...es j-j-jup-p-pons bl...ancs
L...e v-v-v-vent sooou...l'va ss-s-s...a rrrrobe


Après cet ultime refrain, la barde ne tint plus sur ses pieds et tomba. Sa tête cogna le pont du Navire, mais elle ne semblait ne rien devoir subir de plus qu'une jolie bosse dès le lendemain.

-Madame, tenta d'une voix posée le Capitaine Everhell, celle ci ne tient visiblement pas l'alcool. Peut etre devrions nous nous arrêter là.

Un rire répondit au Capitaine. La barde restait au sol, à maugréer et vomir. Phadransie La Noire prit un réel plaisir à enfoncer d'un coup de botte son jeune visage dans ce qui semblait à un mélange de rhum et de vomi.

-Capitaine Everhell ! J'ai envie de distraction, je trouve ce vaisseau terriblement monotone ! Qu'en pensez vous ?
-Monotone dites vous, madame ?
-T'es sourd ou quoi ?
-Dites moi ce que vous désirez comme distraction, madame. Je vous en procurerai sur l'instant.
-C'est bien ! Tu es un chien comme je t'ai dressé Everhell, obéissant !

Sur ces dernières paroles, elle éclata encore de rire.

-Capitaine, je veux que tu keelhaul pour moi !
-Vous désirez faire passer quelqu'un sous la quille ? Madame, personne à bord ne mérite un tel châtiment à ma connaissance.
-Je n'ai pas parlé de châtiment !

Elle désigna le lot de marins d'un geste du crochet.

-Je veux qu'un de ces fils de pute soit keelhauled ! Je te laisse choisir lequel. Non plutôt...La barde ! Je te laisse toi, designer l'homme qui aura l'honneur de satisfaire l'Elue divine de la Reine des Mers !

Cette dernière maugréait des propos incompréhensibles, et Phadransie la releva par les cheveux.

-Je v-veux... juste d'la musique. Musique pour accompagner... cette ambiance.

Visiblement, elle n'avait même pas compris la question. Phadransie la secoua.

-La quille bande de fils de pute, la quille !! Désigne m'en un sale barde !

D'un geste tremblant, Triss pointa du doigt tour à tour plusieurs hommes.

-Je veux toi.. et toi... et toi...

Elle tomba de nouveau au sol.

-Je vous... te veux toi aussi, ajouta-t-elle en tentant de se relever et d'aggriper Phadransie qui ne fit rien pour l'y aider.
-Bon choix la donzelle !

Phadransie pointa à son tour son crochet sur les trois malheureux dont les couleurs avaient toutes virées au blanc livide, voire à l'incolore. D'une voix forte, Phadransie à son tour se mit à chanter en déplaçant son crochet d'un pirate à l'autre à chaque syllabe.

«Vins qui pétillent
Femmes gentilles
Sous des baisers brûlants d'amour
Plaisirs, batailles
A moi forban que m'importe la gloire
Les lois du monde et qu'importe la mort?
Sur l'océan j'ai planté ma victoire
Et bois mon vin dans une coupe d'or.»


Elle sourit lorsque la dernière syllabe tomba. L'homme en face d'elle jeta un regard de détresse au Capitaine Everhell. Il s'agissait de son Second.

-C'est toi.»

Phadransie abhorrait le plus large de ses sourires. A ses pieds, Triss venait de sombrer dans le plus salvateur des sommeils sans rêves.
Dim 28 Juin 2015 - 21:42
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
Triss ouvrait les yeux. Elle avait un mal de tête pas possible. Qu'avait elle pu faire pour avoir cela? Elle avait quelques souvenirs d'hier mais ils n’étaient pas très précis. Elle avait chanté pour les marins qui lui ont ensuite obligés à boire. En regardant d’autour d’elle, elle remarqua qu’elle n’était pas sa cabine. Un pirate avait il essayé de la violer? Il n'aurait quand même pas osé? Elle était paniqué, et donc elle se leva  rapidement et mit sur elle une couverture pour se couvrir vu qu'elle était presque dénudé. En effet, seul ses sous vêtements étaient encore présents. Elle devait essayer de trouver un mot à cette histoire. Mais d'abord elle devait aller à sa cabine s'habiller, en espérant que personne ne la remarque.
Elle sortit discrètement de la cabine avec sa couverture pour se couvrir, couverture bien assez courte selon son avis. Elle avait honte d'être comme ça. Elle se dépêcha d'aller à sa cabine sans courir de peur de perdre le peu de vêtements sur elle.
Sur le chemin, tout se passa normalement jusqu’au moment où elle entendit du bruit dans une cabine, que ça pouvait-il bien être? Elle voulait vérifier et donc elle marcha sur la pointe des pieds pour écouter à la porte. Plus elle s’approchait, plus les voix étaient claires. C’était celle de Phadransie et Everhell. Au moment où elle mit son oreille contre la porte, elle entendit qu’il parlait d'engager des mercenaires en Oro, afin de traquer un nécromancien, un certain Jack quelque chose Deur. Everhell ne semble pas emballé par l'idée. Mais au bout d'un moment, un claquement faisant comprendre a Triss qu'il venait de se prendre une gifle interrompt la discussion.
- Avec ce que ta chienne nous rapportera, nous aurons de quoi lever une petite armée de mercenaires. J'engagerai des prêtres en plus. Cela te convient-il ?
- Vous êtes à l'image des grandes eaux madame. Et tout comme elles, votre puissance et votre force ne sont pas à démontrer. Je m'inquiète sans doute inutilement.
Ensuite, il eut plusieurs bruits, on aurait  dit qu’Everhell et Phadransie luttaient entre eux, ou alors que quelqu'un se débat contre eux.
- On va éviter de l'abîmer plus. On la vendra moins sinon.
- J'ai peur que la bête perde son pied, si la blessure refuse de cicatriser davantage.
- C'est en bonne voie. Mais on peut purifier encore un peu tout ça. Dans le doute. 
Ensuite, après un hurlement féminin, on entendit encore:
- Et fière avec ça la garce. Elle refuse de pleurer.
- Les bêtes gémissent. Elles ne pleurent pas.
- Tous, même les capitaines vêtus de noir comme toi pleurent. Bon, dans combien de temps atteindrons nous le port d'Oro Capitaine ?
- D'ici trois jours madame.
- Ca sera un. Fais travailler tes hommes au maximum de leurs capacités. Je veux qu'on y soit après demain au maximum. Sinon c'est toi que je fais sous la quille, à défaut de ton second.
- J'espère que le spectacle d'hier a été a votre goût madame.
- Et je pense que la reine des mers l'a trouvé aussi jouissif que moi !
Ils parlaient d’hier. Peut être pourraient-ils lui donner quelques détails mais à quels risques? Donc elle décida de partir avec toute la discrétion possible mais une planche la trahit. Elle pria pour que les gémissements cachèrent cette élément et continua d'avancer comme si elle venait de sortir de la cabine, enfin éveillé. Ou peut être que la carte de l'innocence la sauverait.
Sauf qu’Everhell sortit:
- Damoiselle ? Comment vous sentez vous ?
Triss choqué par la sortie d'Everhell, se mît à rougir et ne n’arrivait pas à répondre. Mais elle essaya de la cacher:
- Ça va mieux. Je voulais juste chercher mon luth dans ma cabine pour jouer quelques accords dehors. Pour dire de m'entraîner pour ce soir.
Sauf que le dévisagement d’Everhell voulait dire beaucoup:
- Peut être vous demandez vous ou vous vous êtes réveillés, et où sont vos habits. Suivez moi.
Il amena Triss jusqu'à sa propre cabine, ses habits étaient posés sur sa couchette.
- Vous les avez ôtés vous même hier soir, pendue comme vous l'étiez au cou de l'Elue Divine. C'est moi qui vous ai amené, puis déposé dans ma cabine. N'ayez aucune crainte, je ne vous ai ni touché, ni regardé.
Elle rougit encore plus que tantôt et beaucoup de questions lui vénèrent à l’esprit comme qu’est qu’elle a pu faire hier?
- Merci d'avoir veillé sur moi.
-Inutile de me remercier. Je n'ai pas veillé sur vous demoiselle. Vous avez eu de la chance, je vous l'annonce, mon Second a été lié avec des cordes, et passé dos nu sous la quille de l'Eradicate. L'Elue divine de la déesse des mers a fait jeter de l'huile bouillante sur les plaies. Il est mort ce matin. Ça aurait pu être vous, répondit-il en hochant la tête
La nouvelle la mit sous le choc et cela pouvait se faire par des pleurs. La mort était elle aussi proche d’elle? Elle se promit de ne plus jamais boire de toute sa vie.
- Cela ne vous dérange pas de me laisser seul quelques secondes le temps que je change s'il vous plaît Capitaine.
- Prenez le temps qu'il vous faut. Le repas sera bientôt servi.
Ensuite Everhell se retira et Triss utilisa ce temps pour se calmer et s’habiller. Pour essayer de se calmer, elle voulait jouer de la musique sauf qu’elle ne retrouvait pas son luth. L’avait-elle laisser chez Everhell? Donc elle décida d’aller vérifier en espérant ne pas croiser Phadransie en chemin, vu la soirée d'hier.
Mais malchance pour elle, elle croisa Phadransie, l'air sombre, qui ne put s’empêcher de lâcher:  
- Enfin réveillée la barde !
- Oui madame l'élue. Vous ne savez pas où est le capitaine. Je dois lui demander quelque chose.
- Je t'écoute. Je suis la capitaine.
- Je voulais juste savoir si vous n'avez pas vu mon luth car je n'arrive plus à mettre la main dessus.
- Tu l'as détruit toi même hier soir, ma chérie. Le luth avec lequel tu as embarqué est totalement baisé.
- J'ai fait quoi? J'ai détruit la seule chose qu'il me restait de... Pourquoi aurais je fait cela?
Cette nouvelle la détruire de l’intérieur. Elle venait de casser la seul chose restant de son maître. Elle en avait marre, elle voulait juste partir loin. Sauf Phadransie l'attrapa par le poignet, alors qu’elle avait les larmes aux yeux.
- Ce luth ça n'est pas mon problème, en revanche ta place a bord dépend de tes capacités a chanter et amuser mes hommes. Tu trouveras un luth de rechange, il se trouve que le Capitaine Everhell en avait un a son bord, je me demande encore ce qu'il foutait là. Tu le prendras, tu vois comme je suis gentille ma belle, je t'en fais cadeau. Il est à toi.
- Merci. J'irais lui demander. Je ne me sens pas très bien. Le mal de mer avec la soirée d'hier sûrement. Si ça ne vous dérange pas, je préfère me ménager pour ce soir, répondit elle pour essayer de garder face.
- Ca dépendra de la lune.
- Que voulez vous dire par cela? Je ne vous comprends pas.
- J'ai décidé que tu chanteras les soirs de nuits noires. Lorsque la lune est pleine, tu seras dispensée. Et seulement lorsque la lune est pleine."
- Je vous comprends mais pourquoi faire cela? Même si je ne sais pas comment vous remercier pour ce cadeau.
- A la base, Everhell t'a fait monter à bord pour chanter certaines nuits, pas toutes. Tu pourras te reposer quand il fera pas assez sombre. En revanche, les nuits noires, et toutes les nuits noires, tu seras sur le pont."
- Bien sûr capitaine. Cela sera fait selon vos ordres. Je vais d'abord aller chercher le luth puis essayer de m'habituer avec pour pouvoir essayer de faire quelque chose avec ce soir. Phadransie la lâcha et elle dépêcha d’aller chercher le luth.
Everhell était dans sa cabine, sur son bureau penché sur des cartes, il laissa Triss entrer lorsqu'elle tapa à la porte
- Selon Phadransie, j'aurais cassé mon luth hier or je ne peux, ne pas en avoir mais selon elle, vous en avez un. Donc j'aimerais le voir, le temps du voyage que je puisse jouer pour respecter mon travail, dit elle d’une voix gênée
- Le luth a effectivement été brisé oui. Et effectivement, il se trouve que l'Eradicate, tout plein de surprises qu'il l'est, en avait un a son bord. Je n'ai d'ailleurs aucun souvenir de la provenance de cet instrument.
- Pensez vous que je puisse le voir avant ce soir? Pour pouvoir m'adapter à celui ci.
- Il est dans ma cabine damoiselle.
Il se leva et récupéra l'instrument, dans une armoire aux extrémités dorées puis le lui tend.
Triss attendait de voir le luth qu'on allait lui donner même si elle espérait pas grande chose vu l’endroit où elle était, un bateau miteux. Elle était aussi énervé car ça allait lui coûter une fortune d'en racheter un. Surtout que le travail justifierait pas le rachat.
Mais au moment où elle le vit, elle eut des yeux d'enfants lui poussèrent sur le visage et sans même demander la permission à Everhell, elle le prit pour le regarder dans ses moindres détails. Qu'est qu'un si beau luth faisait sur ce bateau? Il était magnifique. Il fallait vraiment qu'elle le garde avec elle, quitte à le voler. Puis elle essaya ensuite le son. Celui était magnifique, doux à l'écoute, comme si la grâce des dieux avaient touchés ce luth. En plus, une aura apaisante émanaient de celui ci. Ce luth était  magnifique. A qui pouvait il bien appartenir? Il était sûrement un cadeau des dieux pour la réconforter de la perte de son luth lors de la nuit d'hier. Elle se promit qu'avec celui ci, elle ne toucherait plus à une seule goutte d'alcool quand elle tiendrait. Si elle abîmait  celui ci, le suicide ou le châtiment des dieux seraient les possibilités envisageables. Elle se décrocha quelque seconde de luth pour remercier Everhell mais quelque chose lui revint en tête quand elle pensa à la soirée d'hier.
- Je n'ai pas eu le chance de vous remercier de m'avoir accueilli dans votre cabine. Ni aussi de vous demander la raison de votre acte.
- Vous n'avez pas à me remercier damoiselle. Je suis un pirate. A vrai dire, vous étiez peu encline a la raison hier soir. Je vous avais assuré lors de votre embarquement que vous ne rencontreriez en aucune façons des différents avec les membres d'équipages. Si je vous avais laissé seule dans votre cabine, je n'aurai pu tenir avec certitude cet engagement.
Ensuite, elle continua encore avec ses yeux d'enfants mais cette fois ci en direction d’Everhell pour lui faire comprendre si elle pouvait prendre le luth avec elle dans sa cabine car celui était une pure merveille, pouvant valoir une fortune, élément qu'elle préférait garder secret pour la sécurité de celui ci.
- Ce luth est-il a votre convenance ?
Avec un regard plein de tendresse, pour le luth bien sur, elle répondit d'une seul coup et d'une voix décidé.  
- Oui il est parfait.
- Gardez le dans ce cas, personne ici n'est apte a jouer de cet instrument. Par ailleurs, je n'ai aucun souvenir d'où il peut bien provenir et même comment il fut amené à bord de l'Eradicate.
- Merci, merci et merci. Puis je disposer pour pouvoir m'habituer à jouer avec celui ci pour ce soir?
Cette excuse était complètement fausse car cela ne changerait pas grand chose. C'était plutôt une excuse pour pouvoir admirer et écouter seule cette merveille.
- Vous avez mon autorisation damoiselle. Je vous laisse également récupérer de votre soirée.
Dès qu'il eut dit ces mots, Triss était déjà partie en marchant puis se mit à courir dans sa cabine lorsque plus personne n'était apte à la voir. Son comportement faisait vraiment penser à celle d'une enfant venant de recevoir une nouvelle poupée, fière et heureuse de l'essayer dans son coin, seule.
Ven 3 Juil 2015 - 21:41
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Noire
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Le Capitaine Baldassare Everhell consultait de ses yeux fatigués les archives de son journal de bord. La dernière page dont l'encre avait marqué la surface comportait ces mots :


C'est en mettant le cap de l'Eradicate sur les Marches d'Acier
La Gardienne
Qu'Elle viendra a moi
Et j'irai à Elle

J'en ferai une Figure de Proue pour ceux
Formant la Confrérie

Je la ferai Elue Divine d'Ariel
Après Brecianne Leocadas

La Confrérie des Pirates de Port-Argenterie se formera de nouveau
Il le faut
La Piraterie nage vers sa perte

C'étaient là les derniers mots du carnet de bord du Capitaine Baldassare Everhell. Ce dernier songea qu'il avait de la chance que Phadransie La Noire "l’Élue" n'ait jamais mis le crochet dessus et ait gobé son mensonge prétendant qu'il n'en avait jamais tenu. Il ne devait néanmoins pas conserver ceci plus longtemps. Si jamais La Noire découvrait la vérité autour de cette histoire d’Élue Divine..

Car enfin, c'était évident qu'il ne croyait pas un traître mot de ceux qu'il lui destinait à longueur de journée depuis presque deux mois à présent.

Il avait fait de Phadransie La Noire la nouvelle Elue Divine de la Garce des Profondeurs, et tout l'équipage avait gobé cette information, les plus réticents finement persuadés par la cruauté naturelle émanant de cette femme. Il avait besoin d'une figure fédératrice.

Il songea ensuite a cette Triss Miders, la barde qui était à son bord. Dès qu'ils atteindraient le port d'Oro, il la congédierait poliment, comme prévu en fait. Bien sûr, sa présence à bord ne posait aucun soucis, et elle était polie et respectueuse, mais le Capitaine Everhell se doutait bien qu'elle jouait la comédie afin de ne pas s'attirer le tranchant du crochet de l’Élue. Suite à sa vision sanglante, avant qu'il n'ait supplié la véritable maîtresse de l'Eradicate de renoncer à ces projets dans les Îles de Jade, il avait cru "discerner" la silhouette d'un homme. Un homme qui serait en quelque sorte le lit de cette rivière de sang qui coulerait. Cet homme, il avait de suite pensé qu'il s'agissait de ce Jack Lissander. Mais en y pensant plus sérieusement la nuit dernière, il s'était remis en question. L’Élue voulait engager des mercenaires en Oro, pour l'aider à occire le nécromancien. Et si ces hommes se retournaient contre elle ? Et si il le faisait sur demande -et paiement- de cette Triss, cherchant à se venger des humiliations de sa noire supérieure ? Bien sûr, le risque était infime, mais Baldassare Everhell ne voulait en prendre aucun. Il débarquerait Triss Miders  la jolie barde en Oro, et la ferait surveiller par son Quartier-Maitre jusqu'au départ de l'Eradicate pour les Îles. Il soupira. Il devait aussi faire un choix quant-à la nomination de son nouveau Second à bord.

Le Capitaine Everhell prit doucement son journal de bord, d'une main, et le souleva au dessus d'une bougie. Doucement, il le vit se consumer et se perdit un instant, qui lui sembla durer une petite éternité, dans la douce danse de cette lumière chaude. Puis, alors que le journal n'était plus qu'un tas de cendre -ce qu'il aurait dû faire bien plus tôt si il en avait eu le temps- il entendit le son caractéristique de bottes dans le couloir. Le son se rapprochait, quelqu'un courrait. Il connaissait très bien cette sonorité.
Le Capitaine Everhell se leva de sa chaise, et de justesse, afin de réceptionner dans ses bras une "Élue" au visage marqué par la folie pure. Elle sentait le rhum, et il ne fut pas difficile de deviner qu'elle était saoule au point de ne plus parvenir à rester debout sur ses jambes. Baldassare Everhell soutint la postiche Élue d'Ariel avec soin, comme si la femme dans ses bras était une poupée en porcelaine sur le pont de se  briser.

-Vous tanguez madame.
-Non connard..C..c'est le bateau entier qui tangue.
-Permettez moi.

Il la porte jusqu'à sa chaise de bureau, sur laquelle elle s’écroula. L'expression de démence sur son visage semblait faire croire qu'elle venait de s'entretenir avec Lorin en personne !

-Désirez vous vous allonger un peu et dormir, au moins jusqu'à l'aube ?
-Va v..voir dans le couloir Everhell. Y a...Y a quelqu'un, je crois.

Il hocha la tête, l'air neutre.

-Vos désirs me commandent.

Et il alla voir. Naturellement, il n'y eut rien de visible. Il fit son rapport bref à La Noire.

-L'Eradicate est sûr, madame. Vous y êtes seule maîtresse à bord.
-Non, on est sur le d..domaine de la R..Reine. Elle est à b..bord.
-La Déesse veille sur nous par votre présence à bord. Vous êtes son Élue.
-Tu as vu personne ? Insista La Noire.
-Personne, non.
-Pas même une ou deux Élues...?
-Non, madame. Ce couloir ci est désert.

Elle soupira et s'avachit de nouveau sur le fauteuil. Sa tête tomba mollement sur son épaule. Du sang coulait sur sa tempe ainsi que son menton, un mince filet. Everhell jugea plus prudent de nettoyer cela durant son coma -qu'il espérait ne pas trop tarder à venir-.

-Va me cherch..cher une autre.

Il s’exécuta, et lui tendit une bouteille de rhum qu'elle porta à ses lèvres.

-Putain que j..j..e suis fati..guée.
-Dormez donc madame.
-Cela fait l..longtemps que ça..ça n'est plus auss.ssi simple, Everhell.

Il l'avait remarqué aussi. Elle ne dormait quasi pas.

-Votre corps atteindra ses limites bientôt, alors vous sombrerez doucement. Je puis vous assurer être là pour veiller sur vous durant ce sommeil là.
-J'ai pas b..besoin que tu v..veilles sur moi.
-Vraiment ?
-Non. D'après t..toi, combien de verres ai-je b..bu Capitaine ?
-Je dois vous dire que j'en ignore le nombre, tenta Everhell.
-D..dis pour voir.
-Huit ? Dix ?
-Une bonne bouteille ça é..équivaut à c..combien ?
-Environ cela je dirai.

Elle lui plaqua la bouteille dans les bras.

-Reste avec m..moi ce soir.
-Bien sûr. Ou pourrai-je aller loin de vous madame ?
-Et je veux que tu b..boives aut..tant que moi.

Il lorgna la bouteille pleine. Ce soir il n'en avait pas vraiment envie.

-Je pense que vous allez sombrer dans le sommeil avant que j'eusse fini, madame.
-Alors ne p..perd pas de temps.

Dans certains cas, il était inutile de discuter. Il but. Phadransie avait déjà traîné sa carcasse jusque sur le lit aux draps bruns, et s'y était déshabillée du mieux qu'elle le pouvait. Elle essuya de sa manche le mélange de sang, de sueur et la larme coulant sur son visage.

-Brecianne..putain..de..salope.

Ce fut ces derniers mots avant que le Capitaine Everhell ne la rejoigne.


~


Phadransie se sentait doucement sombrer dans le délice tentateur qu'offrait l'alcool. Il n'y avait rien de plus qu'elle pouvait désirer en des soirs comme ceux là. Elle but jusqu'à ce que les angles de sa chambre se floutent, et que le sol semble se dérober sous ses bottes. Elle avait terriblement chaud en cette nuit de pleine lune, l'air était lourd. Elle se débarrassa de son fourreau et son sabre qui tomba dans un BONG sonore au sol, ainsi que de son corset. Etait-ce la chaleur de l'air ou l'effet secondaire de l'alcool ? Elle n'en avait cure, en fait. Elle trinqua.

-A la vengeance. A la mort. Au cadavre pourrissant de Lissander dévoré par les crabes et l'écume des Îles de Jade. Et à toi, Brecianne.

Elle but en cul sec bien la moitié de la bouteille. Elle ne prit même pas la peine d'essuyer l'alcool dégoulinant sur son menton. Bientôt ce fils de pute sera dix mille pieds sous la mer. Je vais te venger, Brecianne. Une voix lointaine vint résonner à ses oreilles, celle du Capitaine Théoden. Que lui avait-il dit ce con lors de leur échange le long du port des Marches ? Un truc comme "tourne la page, Phadransie." Elle allait suivre ce putain de conseil. Elle allait buter Lissander, ce fils de pute, et tourner la page, oui. Elle regrettait juste que cette putain de nouvelle page ne puisse pas s'écrire avec Brecianne. Parfois, elle se dit que si Leocadas était en face d'elle présentement, elle ne saurait se contenir et la frapperait fort et longtemps jusqu'à ce qu'elle crève de nouveau.
En imaginant la scène, Phadransie La Noire commença à rire, puis eut du mal à s'arrêter, et son silple rire devint un fou rire convulsif qu'elle eut du mal à stopper.

Dans l'un des coins de la chambre, l'Amazone captive la regardait avec dédain. Phadransie se leva d'un coup en la voyant. Elle leva son crochet, menaçante.

-Tu m'cherches encore ou quoi la salope ? Tu veux bouffer mon crochet dans ton cul c'est ça ?!

Elle tangua et se rattrapa à une armoire qui avait été fort avisée de se trouver là.

-R'garde ailleurs l'Amazone, ou j't'éclate la tête foi de siresse !

Elle s’apprêtait sérieusement à faire baisser son regard à cette pute, lorsqu'une rafale soudaine pénétra par le hublot de sa cabine, faisant voleter ses cheveux, ce qui la surprit et la fit chuter. Putain, mais c'est le calme plat dehors, c'est quoi ce putain de...
Lorsqu'elle se redressa et ouvrit son oeil, une femme vêtue de blanc qu'elle reconnaîtrait entre toutes se tenait debout face à elle. Phadransie ne pouvait détacher d'elle son regard, et tremblait de tout son corps. Plus rien ne bougeait, aucun son ne résonnait. Ariel la regardait de haut, la réduisant à l'impuissance de ce simple échange muet. Puis elle s'avança.

Sa robe blanche flottait alors qu'il n'y avait pas de vent. Phadransie étouffa un cri de frayeur et recula en rampant, jusqu'à cogner contre le mur de sa cabine. Ariel se dirigeait vers elle. La porte était derrière la déesse, Phadransie était prise au piège. Elle se recroquevilla sur elle même, attendant que la Déesse daigne briser ce silence. Cette attente lui sembla durer une éternité.

-Pitié pour moi, ne me tuez pas Reine des Mers.

Ariel ne dit rien, mais sans prévenir, en moins d'une seconde, elle la saisit à la gorge et la plaqua contre le mur. L'air manquait à Phadransie, elle referma sa main sur l'avant bras de la déesse. Elle tremblait à en bégayer.

-Pitié..Je vous ai juré fidélité et servitude à bord du Seigneur Emeraude.

Une voix semblant jaillir des abysses elles même percuta La Noire lorsqu'elle s'y attendait le moins.

-Tourne la page Phadransie.

Ariel dévoila alors des crocs nacrés, et une immense queue de poisson, longue et plusieurs mètres. La seconde d'après, elle déchirait sa nuque d'un coup de dent et Phadransie basculait par dessus son lit.

Sa chambre était déserte, Ariel s'était volatilisée. La pirate resta prostrée au sol de nombreuses minutes, encore tremblante. Puis elle trouva la force de se relever. Elle se saisit de son tromblon et le pointa dans toutes les directions possibles et inimaginables, prête à faire feu si nécessaire. Mais la Reine des Mers avait pris congé d'elle.
Lorsqu'elle se tourna vers la porte ouverte -elle était persuadée de l'avoir fermée- de sa cabine, elle vit passer dans le couloir une silhouette féminine, portant un Tricorne noir. Putain...

Phadransie s'élança à sa suite. Elle était dans son dos, Brecianne Leocadas marchait d'un pas léger dans le dédale sombre de l'Eradicate.

-Brecianne..Attends.

Elle tendit une crochet sans pour autant oser le poser sur l'ancienne Élue. Elle avait peur de lui faire mal.

-Brecianne, ne me tues pas.

Cette dernière se retourna et Phadransie s'apprêta à mourir de nouveau, sous les crocs tranchants de la plus fidèle des demoiselles de compagnie d'Ariel. Mais il n'en fut rien. Brecianne était humaine, et avait posé sur son ancienne connaissance un regard plutôt doux.

-Phadransie La Noire, sourit-elle. Tu es encore en vie.
-Je ne mourrai jamais ! cracha cette dernière. Et pas comme toi !
-Bah, la mort n'est qu'un changement d'état.
-Brecianne il faut que tu restes avec moi cette fois. Ne pars plus, tu n'es pas obligée de rejoindre la Reine des Mers.
-Contrairement à toi, je suis son Élue, même dans la mort.

Phadransie avisa qu'il lui restait un petit flacon de gnôle, qu'elle dissimulait dans sa chemise. Elle le tendit à Brecianne qui, sans sourire, le descendit. Avant de la remercier distraitement.

-Brecianne, je vais te venger, c'est juré ! Lissander est là, il se cache dans les Îles de Jade ! J'ai passé la journée à échafauder un plan pour le coincer, il n'y a pas de riposte possible. Il va mourir ! Je vais t'honorer, tu verras. Il périra comme un rat, comme un insecte, comme une chiasse de merde, ce qu'il est !
-Et toi, Phadransie ?
-Quoi et moi ?
-Tu ne mérites pas un châtiment pour m'avoir offerte à lui ?
-Je...

Phadransie baissa la tête alors que Brecianne poursuivait sa route.

-Je ne t'ai pas offerte Brecianne, je le jure ! Ni vendue ! Et la Reine des Mers en personne s'est chargée de me châtier. C'est fait. Hé ! Tu m'as écoutée ou quoi ?!

Phadransie courut afin de raccourcir la distance grandissante la séparant de Brecianne Leocadas.

-J'te cause morbleu !
-Je ne suis pas sourde.
-Alors réponds moi putain ! Fais pas ta salope à rester stoïque comme...

Elle ne termina pas sa phrase. Brecianne se retourna et la saisit par le col de sa chemise, d'une main puissante. La Noire cogna de nouveau contre un mur.

-Brecianne, attends ! supplia-t-elle à bout de nerfs. Ne me tues pas ! Je vais te venger, c'est une promesse ! C'est une pro...

Là encore, elle ne termina pas sa phrase. Brecianne l'embrassa. La sensation l’immergea telle une vague de fond et elle en perdit toute notion. Elle sentait l'eau autour d'elle, en elle, tant et si bien qu'elle eut très vite l'impression de se noyer. Mais quelle belle mort cela pouvait être ! Paniquée, Phadransie se dégagea de l'étreinte de Brecianne et remonta à la surface en un effort surhumain. Une vague s'echoua sous elle sur le sol de l'Eradicate. Elle était allongée sur le sol de sa chambre.

-Morbleu !

Elle se leva en courant mais son pied heurta celui du lit, sa cheville s'y accrocha et elle sombra en avant. Elle cogna sa tête contre le sol et se releva sonnée. Énervée, jurant, elle larda de coups de pieds le lit n'ayant rien demandé, expédiant les draps et l'oreiller au sol. Elle chercha ensuite sur sa nuque les traces de crocs laissés par Ariel, mais ne trouva rien. Hurlant de rage, elle courut jusque dans le couloir, cognant d'un mur à autre. Elle était épiée et le sentait, même si elle le devinait plus qu'elle ne le voyait. Dans son dos, Ariel et Brecianne la foudroyaient du regard. Mais quand elle se tournait, à chaque fois, il n'y avait plus personne. Phadransie parvint tant bien que mal à atteindre la porte de la cabine de Baldassare Everhell, et on aurait dit qu'il l'y attendait de pied ferme. Elle tomba dans ses bras comme une conne.


~


Lorsqu'elle se réveilla, un mal de tête horrible l'avait prise d'assaut. Elle avait passé une putain de nuit noire, enchaînant cauchemars sur cauchemars sans même parvenir a mettre le crochet dessus avec précision à son réveil. Elle était entièrement nue dans le lit d'Everhell, et ne se souvenait plus comment elle avait finit là. Ses visions d'hier soir, en revanche, elle s'en rappelait, et cela lui fit remonter un frisson transcendant le long de la colonne vertébrale. Tout tanguait, même le lit sur lequel elle reposait.
Baldassare Everhell, dehors, ouvrit doucement la porte de sa cabine, et y entra. Il salua Phadransie poliment -blabla d'Elue- et l'aida à se rhabiller.

-Vous sentez-vous mieux madame ?
-Vu la figure que tu tires, je dirai mieux que toi.
-J'ai la tête lourde et faisant des siennes, je le confirme.
-Tu t'es enivré Baldassare Everhell à ce que je vois.
-Disons que je l'ai fais car vous me l'aviez ordonné.

Elle ne s'en souvenait plus mais jugea meilleur de faire comme si.

-Au fait Capitaine Everhell, quand atteindrons nous Oro ?
-Oro ? Mais madame, nous y sommes quasiment à présent. La terre se profile déjà à l'horizon, du haut du nid de pie !
Dim 5 Juil 2015 - 5:27
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