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[Terminé] [Privé] Une épopée musicale dans les secrets de la Jungle
Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
Ses bagages récupérés et ses deux instruments près d’elle, Triss était prêt pour l’aventure. Il ne restait plus qu’à récupérer l’élue divine et à sortir de ce maudit pays. Leur voyage commencerait enfin pour de nouveaux lieux et de nouveaux chemins. Ce fut donc ainsi que commença la longue épopée de Triss Miders avec Élyse Fadelis, élue de la déesse des arts Filyon, dans le vaste monde de Ryscior, à marcher droit devant soi sans négliger de regarder dans son dos pour voir si les orcs ne les poursuivaient pas. Elle rejoignit en effet l’élue à la fin de la journée et toutes les deux continuèrent leur fuite en marchant cinq longs jours pour ne prendre que des pauses de certaines heures dans le but de se reposer à intervalles réguliers. Le soleil et la lune les accompagnaient dans leur avancée, ainsi que le silence. L’ambiance entre les deux voyageuses était aussi froide que la nuit lors de cette période. Triss avait agi sous l’impulsivité et ne savait plus où se mettre réellement après cet évènement. Non qu’elle se sentît coupable mais elle ne savait juste pas si ce qu’elle venait de faire, était juste. La déesse approuverait-elle qu’elle soit ainsi enlevé son élue de son champ d’études des arts orcs ? Elle n’en savait rien et elle rumina sur cette pensée lors de cette courte semaine.
Elles avancèrent ainsi à travers cette région vallonnée entre les vastes étendues de pierres alternant les lieux boisés. Elles savaient toutes les deux qu’elles ne pourraient continuer éternellement  à cette allure et se mirent d’accord à la fin du cinquième jour qu’elles s’accorderaient une bonne nuit de sommeil. Si les orcs étaient sur leur piste, ils les auraient retrouvés depuis longtemps.
La soirée fut bonne. Elles allumèrent pour la première fois depuis le début du voyage un petit feu pour enfin manger chaud ce qu’elles avaient trouvé et chassé lors de leur escapade. Un peu de chaleur et un bon repas détendirent leurs relations et sans nécessairement reparler de ce qui s’était passé ce soir-là, elles parlèrent de tout et de rien : de la beauté du domaine d’Elye au champ d’études de Filyon ; le tout sous un ciel étoilé. Et elles se couchèrent dans cette bonne ambiance de redécouverte.

Le lendemain, à peine furent-elles réveillées qu’elles partirent. Triss prit bien l’habitude comme à chaque fois de camoufler les traces de leur camp : éparpiller les cendres, cacher les restes de nourriture… Tout cela ne dura pas bien longtemps et elles reprirent le chemin vers la civilisation dans la bonne humeur. Lors de leur avancée, elles arrivèrent enfin vers le sujet de leur destination finale. Après une longue discussion pour tenir de la marche à suivre, tout fut décidé. Elles iraient vers la Jungle, lieu de vie des tribus amazones mais pour cela, elles devaient se diriger vers Oro et prendre un navire pour Prébois. En y pensant, Triss sentait une certaine nostalgie en elle, elle revenait en terre connue. Seulement, avant d’espérer faire leur traversée, elle devait gagner de l’argent pour pouvoir espérer la payer. Il ne leur restait plus qu’à la gagner. Pour Triss, c’était dans son habitude de vendre ses services de barde dans toutes les auberges de chemin pour y gagner le gîte et les pourboires des assoiffées du coin. Et Élyse fit de même en l’accompagnant quelques fois sous les rythmes de la déesse. Il arrivait cependant qu’Élyse ne soit pas d’humeur à jouer pour quelques personnes qu’elle jugeait un peu indigne d’écouter les arts de la déesse vue leur accueil sous l’alcool mais Triss n’y fit pas attention. Elle ne pouvait pas se laisser porter par cet avis sinon elles n’auraient jamais de quoi payer la traversée.
Nombreuses furent les personnes à adorer leur duo, autant pour le plaisir de la musique que le plaisir des yeux. Deux belles femmes divertissant un lieu majoritairement masculin où l’alcool coulait à flots, cela avait de quoi faire pousser des ailes à quelques soûlards qui leur faisaient ainsi des avances. Même quand Triss jouait seul, elle arrivait à faire tourner en bourrique quelques hommes. Et à chaque fois, Triss répondit pour elles deux : « Osez toucher à un seul cheveu de nous deux et je vous tue sur-le-champ. » Cette menace marchait à coup sûr et refroidissait bien vite les ardeurs de ces hommes qui n’étaient rien de plus que des grandes gueules sans réel courage. Ils espéraient surtout épater la galerie et tirer leur coup sur quelques filles fragile et seul or Triss ne l’était pas et Élyse non plus. Ils étaient ainsi mal tombés en espérant les aborder toutes les deux. Elles savaient se défendre et n’étaient jamais seules. Que pouvaient faire des hommes au combat alors que Triss avait vaincu des orcs . Rien du tout qui pouvait l’inquiéter, surtout vu leur état.
Et ce fut ainsi que continua leur avancée dans les campagnes d’Oro, d’auberges en auberges, avec leur bourse qui augmentait chaque soir.

Lors de ces journées, elles parlaient toutes les deux de tout et de rien quand Élyse n’enseignait pas quelque chose de particulier à Triss. Cela commença de la base et du plus facile pour la barde avec la musique pour ensuite partir dans des domaines de la déesse moins connue d’elle comme la peinture, la sculpture et encore biens d’autres. Même si toutes ces leçons restaient majoritairement théoriques, Triss élargissait sa vision de l’art et commençait à comprendre ce vaste champ d’études où tout était relié. L’un inspirait l’autre et vice-versa. C’était un champ infini se renouvelant tout seul par la volonté de la déesse et des êtres qui opéraient à travers elles. Même les orcs participaient à ce grand cycle. En effet, Élyse lui fit part de tout ce qu’elle avait appris sur la société orc et de leurs arts pendant de nombreuses heures. Cela inspira Triss qui décida un jour d’écrire un livre pour rendre à sa juste valeur les arts orcs et dévoiler la vérité sur ceux-ci aux autres races. Elle en avait déjà le nom bien établi en tête : « De la société aux arts orcs ». Elle espérait que grâce à ce livre, les autres races comprendraient bien mieux la société orc et ce qu’elle pouvait cacher derrière cette barbarie qu’on leur accorde. Derrière leur âme de guerrier et les préjugés qu’on leur accordait, il y avait une âme d’artiste et une réelle forme d’intelligence dépassant parfois presque celle des autres sur certains points. Seulement, elle écrierait tout cela plus tard, quand elle aurait le temps et qu’elle ferait une pause dans son voyage. Maintenant, l’épopée en direction des tribus amazones était lancée et pour rien au monde, elle ne l’arrêterait alors qu’elle était enfin accompagnée de la belle élue divine.
Plus le temps passait et plus leurs relations s’amélioraient entre elles deux. Le statut de maître et élève n’était réellement pas de mises car jamais Élyse ne se sentirait la supérieure de Triss. Elle se voyait plutôt comme une personne qui partageait ses savoirs en échange de la présence et des bons instants passés avec la barde. Et cela arrangeait grandement Triss qui n’aurait jamais voulu d’une distance pareille avec l’élue ; non qu’elle soit amoureuse mais Élyse provoquait une certaine attirance chez la barde. Elle était belle, souriante, joyeuse, passionnante et surtout talentueuse. Elle donnait à Triss un certain mélange de joies de pouvoir apprendre auprès d’elle mais aussi un léger picotement de jalousie car quoi qu’elle fasse ou qu’elle soit, Élyse était ou faisait mieux qu’elle. Pourtant ces émotions n’empêchaient en rien leurs relations de s’envenimer : de la passion et quelques gouttes de jalousie. Et puis Triss savait reconnaître la vérité, il n'était bien normal que l’élue, après une si longue vie, sache mieux se débrouiller qu’elle. Elle ne lui en tenait pas rigueur pour si peu. La joie d’apprendre de l’élue et sa passion dépassait largement ce minime obstacle, cette pointe de jalousie.

Le temps passait et leur voyage jusqu’aux villes portuaires d’Oro diminuait. Le statut entre elles deux restait le même et pourtant la vision de Triss sur Elyse lui restait toujours aussi peu stable : le maître, la personne douée qu’elle admirait et la personne dont elle était passionnée. Sous cette triple attribution, Triss ne savait plus quoi faire et n’agissait donc pas. De toute façon, elle savait qu’Elyse se moquerait sûrement d’elle pour ces envies et ces goûts particuliers. Triss resta donc dans le silence sur ce point alors qu’elle s’était ouverte sur tous les autres à l’élue comme celle-ci faisait aussi de même ou en donnait en tout cas l’impression. Elles étaient bien plus que deux simples compagnes de voyage. Mais qu’étaient-elles réellement ? Cette question taraudait la barde. Mais comme tous ses autres doutes, elle les mit de côté et continua son avancée sans hésiter.

Une fois arrivées à un des nombreux ports d’Oro, elles se dirigèrent toutes les deux vers les capitaines de navire marchand en direction de Prébois. Bien peu partaient vers l’ancienne colonie d’Oro et la majorité était assez miteuse. Seulement voyait le nombre de choix qui s’offraient à elles, elles choisirent de partir avec le capitaine Fuelli, un capitaine aux activités douteuses mais sachant tenir un marché si on y mettait le prix. Elyse négocia avec Fuelli assez facilement une place dans la cale à un prix plus qu’honorable pour elles deux. Elles seraient considérées comme simples voyageuses et non des membres de l’équipage. Ce statut les arrangeait tous les deux, préférant se reposer avant ce voyage dans la Jungle. De plus, elles pourraient aussi continuer leur leçon des voies de la déesse.
Le lendemain des négociations, le bateau prit la mer. Elles prirent vite leur place dans la cale et, lors du voyage, y restaient majoritairement de journée, en se reposant et en continuant leur routine d’enseignement. Lors de la soirée et de la nuit, elles sortaient bien souvent toutes les deux sur le pont et Triss jouait quelques morceaux pour le plus grand plaisir des marins. Jamais elle n’aurait pu tenir aussi longtemps sans sortir quelques notes de ses instruments. Elle jouait autant du luth que de la lyre. Elle se revoyait au début de son voyage avec le capitaine Phadransie la Noire et sa seconde Everhell. L’un était le pire monstre et la pire des garces qu’elle avait pu croiser alors qu’Everhell qu’elle avait vu mourir bien plus tard à cause de sa vie pirate, avait été presque un soutien paternel pour elle. Elle avait en quelque sorte mûri sur son bateau et était devenue plus sûre d’elle. Jamais en partant elle n’aurait cru avoir la chance de croiser l’élue et encore plus de lui demander de devenir sa maîtresse vers les chemins de Filyon. Et pourtant elle en était là. Cette époque où tout avait commencé, se trouvait déjà bien loin. Mais quelque chose après son souvenir du second devenu capitaine la taraudait bien plus. Est-ce que celui qu’elle reconnaissait comme son propre père, Farior, l’accepterait après son départ plus qu'inattendu ? Elle était partie à l’époque sans réel but et raison à part la découverte du grand monde. Elle avait à peine annoncé sa volonté qu’elle disait un au revoir qui ressemblait bien plus à un adieu, à son père. Elle n’aurait jamais cru revenir à Prébois, sur la terre de son enfance. Même si elle était née au Tahar, elle se sentait seulement originaire des régions boisées de la jungle. Elle était de retour chez elle, à la maison.

Après cette longue traversée, un des matins comme tant d’autres, une terre connue se tenait devant le navire. Tout le monde était bien content d’enfin terminer la traversée. En effet, le port de Prébois, d’où elle était partie, se trouvait face à eux. L’allure de la ville n’avait presque pas changé, toujours aussi bancale avec une impression de n’être qu’éphémère et passager. Et pourtant, cet avant-poste se tenait fièrement dans ces régions sauvages. Triss eut presque la larme aux yeux en voyant son ancien point de départ :

- Père, je suis de retour après tant de tours à avoir voyagé dans le grand monde.
Jeu 24 Jan 2019 - 13:51
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Dargor
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Dargor
Elyse aurait bien aimé laisser son membre blessé guérir naturellement, car elle n’était pas sûre de bien savoir soigner une fracture. Non pas qu’elle n’en ait pas le pouvoir, mais elle n’avait pas assez de connaissances en médecine pour savoir si elle ressoudait bien les fractures qu’elle s’était causée. Mais il fallait quitter les terres des orcs au plus vite, aussi, elle n’avait pas le luxe de laisser la nature refaire son œuvre tranquillement, se contentant de la guider pour ne pas boiter. Elle dût se contenter de démontrer à Triss l’étendue des pouvoirs d’une élue, puis de partir vers Oro, où les deux femmes espéraient trouver un port et s’embarquer pour la Jungle. En chemin, elles s’arrêtèrent dans deux nombreuses auberges, payant leurs repas avec de la musique et des danses. Ce faisant, elle apprit à respecter le sens du rythme, de la danse et de la musique de Triss. La barde semblait réellement faite pour l’art, faite pour être un objet de beauté pur, chantant dans tous ses mouvements la gloire de Filyon. Un soir, d’ailleurs, elle lui confia ceci. Les artistes de talent, il y en avait partout dans le monde. Mais les artistes exceptionnels, ceux qui faisaient plaisir à Filyon elle-même, il n’y en avait que très rarement. Car ceux-là ne tiraient pas leur art de quoi que ce soit d’autre que de l’amour de la déesse. Ceux-là étaient supérieurs aux autres, car ils faisaient de l’art pour l’art. Un peintre pouvait s’évertuer à coucher les plus beaux paysages sur sa toile, un poète tisser les rimes les plus complexes pour sa belle, les deux étaient motivés par l’amour de la nature ou de l’autre. Mais pas par l’amour de l’art. Il ne s’agissait pas de nier le fait qu’ils aiment l’art, et aiment la déesse. Ils l’aimaient, la plupart du temps. Il s’agissait de dire que celui qui faisait cela pour la déesse elle-même, celui-là leur était souvent supérieur, car il n’était pas enfermé par l’objet de son talent, Filyon étant une muse universelle, propre à inspirer toutes les créations.
Elyse sourit en songeant que peut-être, une bonne méthode pour apprendre à Triss à aimer la déesse sous tous ses aspects, les plus noirs comme les plus lumineux, les plus plaisants comme les plus étranges, serait de lui faire visiter les différents royaumes de Ryscior et d’espérer lui apprendre à chaque royaume un aspect différent de la déesse elle-même.
Mais elle réalisa que cela prendrait trop de temps. Triss n’était, pas comme, placée sous la bénédiction de l’éternelle jeunesse. Elle ne pouvait pas voyager aussi longtemps qu’elle. Cela dit, elle était encore jeune… Le cœur de l’élue balançait, et tandis qu’elles s’embarquaient pour la Jungle, elle décida que la façon dont cette aventure se déroulerait, mais aussi sa durée, seraient déterminants. Quand elle avait été au royaume des orcs, elle ne s’était pas attendue à y passer des tours complets. C’était ici l’inverse, car elle se doutait bien qu’un peuple isolé ne s’ouvrirait pas aisément à une pure étrangère comme elle. Alors avant d’apprendre leur art, il lui faudrait apprendre à gagner leur confiance. Et elle se demandait si, comme les orcs, les amazones vénéraient des divinités étrangères aux humains, ou bien si elles vénéraient les mêmes dieux que les humains, sous des noms différents peut-être. La Dame des arts avait-elle sa place dans leur cœur ?

Telles étaient les questions qu’elle se posait pour l’occasion, alors que Prébois apparaissait à l’horizon. Elle voyait Triss, sa compagne de voyage, plongée dans ses propres pensées. Elle attribua cela à la découverte de la ville pionnière de la Jungle.

« Savais-tu, lui demanda-t-elle pour la détendre, que Prébois est dirigé par l’une de mes camarades élues ? J’espère que cela nous permettra de lui demander la faveur d’avoir les meilleurs guides possibles pour aller trouver les amazones. »
Lun 28 Jan 2019 - 16:10
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Triss Miders
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Triss Miders
- Savais-tu, lui demanda Elyse pour la détendre, que Prébois est dirigé par l’une de mes camarades élues ? J’espère que cela nous permettra de lui demander la faveur d’avoir les meilleurs guides possibles pour aller trouver les amazones.

Seulement, Triss n’avait pas besoin d’entendre ces paroles pour se détendre. Elle désirait juste revoir son père. Mais elle n’osait pas y aller seule. Elle voulait quelqu’un avec elle à cause de son départ expéditif à l’époque.

- J’ai quelqu’un à aller voir avant, lui dit-elle en posant chacun de ses mots. J’espérais que tu acceptes de venir, surtout que ça demande un petit détour en dehors de la ville mais je repousse cette rencontre depuis longtemps. Je dois… tout remettre en place. Est-ce que tu…

Seulement elle n’eut même pas eu le temps de finir sa phrase qu’Elyse la coupa en acceptant chaleureusement sa proposition qui avait l’air plus que difficile pour la barde. Elyse la rassura ensuite en lui promettant que tout se passera bien et que rien ne pouvait les effrayer après leur fuite de chez les orcs. Elle savait bien sûr que ces mots paraitraient plats pour Triss mais l’intention y était. L’élue croyait en ces paroles, même si elle savait que le problème devait être tout autre que d’ordre martial. Mais elle n’essaya en aucun point d’en savoir plus et changea même de sujet pour parler de Prébois même.
Elles parlèrent ainsi des quelques tavernes où elles pourraient loger mais il n’y avait aucun intérêt. La journée était loin d’être finie et Triss préférait se mettre toute suite sur la route. Selon elle, en quelques bonnes heures de marche, elle pourrait espérer arriver à destination. C’est pourquoi une fois le bateau amarré, les deux voyageuses qui avaient récupéré leur affaire dans la cale, se mirent en marche et traversèrent la ville à la hâte sans même acheter de provisions. Triss affirma cependant à l’élue qu’elles reviendraient après en ville avant le long voyage dans la Jungle et qu’elle n’avait aucune crainte à avoir pour cela.
Elle en savait bien plus qu’elle le disait sur la région y ayant vécu toute son enfance et même un peu plus et pourtant, tout cela lui parut si lointain. Elle se revoyait encore la dernière fois qu’elle était passée dans ses rues. Elle était allée dans une auberge miteuse, ce qui était bien habituel dans cette ville : « Au bon port » où elle avait croisé après plusieurs jours à travailler dedans son premier tremplin vers sa vie de voyage avec la capitaine Phadransie l’ayant emmené en Oro. Seulement, les bâtiments avaient changé depuis le temps, les rues étaient différentes, tout n’est qu’éphémère dans ces lieux, car la nature reprend bien vite ses droits sur ces terres.

Une fois passé les portes de la ville où aucune garde ne les dérangea même si le spectacle qu’elle devait offrir, était plus qu’inhabituel. Mais ils ne désiraient pas perdre de temps et préféraient le passer à jouer aux cartes plutôt qu’à tous mener une ronde sérieuse. Rares étaient les attaques et la majorité des problèmes venait des habitants du port.
Et c’est donc qu’ainsi que passa leur sortie, dans le silence complet qui dura même lors de leur longue marche dans la forêt. Plusieurs fois Triss dut s’arrêter pour réfléchir au chemin mais elle retrouva bien vite ses repères qu’elle avait pu pratiquer lors de son enfance. On n’oubliait pas vite ses habitudes de vie même si les tours passaient. Et c’est donc dans ce silence, accepté par l’élue, que les deux compagnes avancèrent vers l’enfance de Triss.

Après plusieurs heures de marche alors que le soleil commençait à descendre, Triss vit le répère qu’elle attendait : un arbre aussi classique que tous les autres mais qui était bien différent pour elle. C’était en effet son arbre. C’était au pied de celui-ci qu’elle s’était longuement entrainée seule quand son père n’était pas là pour le faire, qu’elle avait somnolé de manière inconsciente dans ses branches, qu’elle avait joué et même qu’elle avait donné ses premières notes à la déesse. Elle s’avança vers l’arbre lentement pour pouvoir le toucher et se mit à chuchoter, autant pour elle que pour saluer son vieil ami :

- Je suis de retour. Je ne pensais jamais te revoir l’ami, dit-elle la larme à l’œil qu’elle essaya de cacher à son compagne.

Elle se frotta ensuite l’œil avec sa manche pour cacher ses sentiments à l’élue même si un bon observateur n’aurait aucun mal à discerner ce détail. Elle était heureuse d’être de retour chez elle autant qu’elle était effrayée. Les souvenirs rejaillissaient après autant de temps à se voiler la face. Elle se revoyait jouer un peu partout dans ces lieux, avec son père, la nature l’entourant ou quelques amis imaginaires qu’elle s’était inventé pour pallier sa solitude. Des fois elle imaginait une fille, des fois un garçon, mais toujours des humains car elle se sentait seule dans ce lieu où sa race n’avait aucune raison d’y être. Jamais la race humaine n’aurait sa place dans cette nature sauvage et puissante, jamais les hommes ne pourraient vivre en harmonie avec celle-ci.
Et alors qu’Elyse allait s’approcher de Triss pour lui parler, les deux furent coupés dans leur activité par une flèche qui se planta dans l’arbre de Triss, juste à côté d’elle. Triss savait ce qui en était car elle n’attendait que cela dans ces lieux de son enfance. Elle se retourna en même temps qu’Elyse et alors que l’élue voyait un inconnu encapuchonné armé d’un arc qu’il abaissait à la vue de Triss, celle-ci vit un demi-elfe, Farior, son père.
Triss ne savait que faire depuis son départ de chez elle en hâte. Elle se revoyait encore annoncer sa volonté de départ à son père et le lendemain à l’aube, avant le réveil de celui-ci, partir telle une voleuse ne désirant pas faire ses adieux. Elle savait que si elle voyait son père avant le début de son voyage, elle n’aurait jamais le courage de partir. Elle aimait trop son père, les lieux de son enfance, sa vie mais jamais elle ne sentirait à sa place dans ce lieu où les hommes n’auraient jamais leur place. C’était pourquoi elle était partie. Mais la voilà enfin après tout ce temps devant son père.

- Ma fille, dit le demi-elfe tout en hésitant de ses mots.

Ces mots eurent la puissance de briser les murs de son hésitation. Elle était de retour chez elle et elle devait en profiter tant que ça dure. Elle avait appris dans son voyage que tout n’était qu’éphémère et qu’il fallait en profiter. Elle courra donc vers son père et l’enlaça.

- Père, je n’osais pas revenir depuis tout ce temps… depuis mon départ, lui répondit-elle alors que les larmes de joie coulaient sur ses joues.
Jeu 31 Jan 2019 - 11:40
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Dargor
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Elyse fut un peu, s’il fallait s’exprimer ainsi, sur le cul de voir que Triss avait de la famille à Prébois. Bon, c’était vrai, il vivait dans une cabane à l’écart de la ville, et non dans la ville elle-même. Mais tout de même. Qu’une femme aussi raffinée puisse venir d’un tel trou était quelque chose d’assez spectaculaire, à son sens. Non pas qu’elle méprise les habitants de Prébois. Ils étaient juste … C’était une ville de mercenaires où se concentrait la lie de l’humanité, un point c’était tout. Il était vrai qu’il y avait parmi eux d’authentiques explorateurs de la Jungle, des personnes romantiques qui voyaient leur vie comme une immense aventure collective, et c’était ces derniers que Akane, l’élue d’Edus, essayait de rameuter. Mais il ne fallait pas se mentir, la plupart d’entre eux étaient là uniquement parce qu’ils avaient été assez désespérés pour tenter leur chance à cet endroit. Elever un enfant dans ces lieux n’avait bien sûr rien d’impossible, mais parvenir à en faire quelqu’un de raffiné, par contre… C’était autre chose. Elle fut également surprise de se rendre compte que le père de Triss était un demi-elfe. Cela expliquait sans doute qu’il vive à l’écart, mais cela aidait à expliquer pourquoi Triss était-elle si sensible, alors qu’elle venait de Prébois.

« Mais alors, demanda-t-elle, tu es un quart d’elfe ? Sans vivre des siècles et des siècles, tu devrais vivre plus longtemps que la plupart des humains tu … »

Elle se fit dire que non. Ce n’était que le père adoptif. Mais adoptif ou non, il aimait clairement sa fille, en témoignait le repas qu’il prit pour leurs retrouvailles surprises. Il mit les petits plats dans les grands, dans la mesure dans laquelle il vivait bien sûr, mais Elyse ne s’attendait de toute façon pas à trouver de la vaisselle de porcelaine ici, sauf peut-être chez Akane, ce qui était une autre discussion. Son père demanda donc des nouvelles, et Triss lui parla de sa vie hors de Prébois, évoquant son métier de barde, bien sûr, mais finissant par compléter en parlant d’Elyse Fadelis. Bien sûr, elle était connue de son père, qui était honoré de la rencontrer. L’élue en fut également honorée, et il y eut un long échange de politesses entre les deux, tandis que Triss ne cessait de la couvrir d’éloges.

Elyse sourit. Les retrouvailles se passaient bien, mais malgré l’accueil qui lui était réservé, elle se sentit un peu comme quelqu’un de plus par rapport au duo formé par Triss et son père. Elle s’appliqua cependant à ne pas gâcher leur joie en laissant paraître ce sentiment. Au pire, il arriva dans la soirée qu’elle soit distraite, pensant à autre chose. Bientôt, elles partiraient pour l’intérieur de la Jungle. Cela, il devait bien sûr s’en douter. Mais puisqu’on en était là…. Il avait beau être solitaire, il devait bien y avoir quelqu’un qu’il connaisse dans Prébois qui pourrait les guider vers les amazones ? Un guide qui connaissait bien le terrain, et qui saurait les amener en sûreté, autant que faire se peut, s’il fallait en croire la réputation de la région, vers leur objectif.

Elle lui posa la question.
Ven 8 Fév 2019 - 17:26
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Triss Miders
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A la question vint une réponse positif. Farior connaissait les personnes pouvant les guider au plus loin dans la forêt. Même s’il était un semi-elfe, il entretenait des contacts avec d’autres guetteurs de la Jungle et il faisait ainsi parti du tout qui était chargé de la surveiller et de prévenir. Chacun avait sa zone et même si les contacts n’étaient pas perpétuels, ils restaient fort. Ainsi il pouvait les guider à d’autres guides et eux feraient de même jusqu’à destination. Même si ce service était rare, il existait et serait donné surement avec plaisir à une élue divine. Les habitants de la Jungle, même si la vie était dure, appréciait l’art et la déesse Filyon.

- Oui je peux, mais vous ne pouvez partir ainsi. Il vous faut pour préparer. Je vous guiderais pour le début de votre voyage.

Farior avait envie au fond de lui-même de poser la question de la raison du voyage mais il savait que cela ne servirait à rien. Il n’était pas assez proche de la déesse des arts pour pouvoir en comprendre les motifs. Elles avaient juste besoin d’un guide dans la Jungle et il se chargerait de ce détail sans questions, même si sa fille participait à ce voyage. Ou plutôt surtout car sa fille y participait. Il voulait lui laisser mener sa vie comme elle le désirait et ne désirait pas l’empêcher dans ce chemin. Pour cela, mieux valait ne rien savoir pour être sûr de ne rien faire.

Ensuite la soirée continua comme de rien n’était et se finit de manière calme. Triss et Elyse étaient toutes les deux fatiguées de leur traversée en bateau qui avait été loin d’être confortable. Elles désiraient juste dormir et ce détail écourta bien vite la soirée.
Cependant, quand Elyse se leva, Triss ne la suivit pas tout de suite. Elle resta un peu avec son père pour profiter de cet instant en tête à tête pour parler de tout et de rien, et surtout du temps qui passait et des détails qu’elle n’avait nullement envie d’envisager devant l’élue. Elle put ainsi parler en toute liberté et en retour, son père fit de même et parla ainsi de la solitude qu’il sentait sur ses épaules depuis qu’elle était partie. Elle n’en était rien responsable, selon ses dires, et il l’encourageait pour son départ mais elle voulut quand même s’excuser pour son départ aussi soudain sans réellement prévenir. Mais il ne lui laissa pas le temps, refusant cette excuse qui n’avait aucun sens pour lui. Personne ne devait se priver de vivre pour les autres, surtout un enfant pour son parent. Et c’est sur cet anecdote que finit la soirée.

Les jours qui suivirent, s’enchainèrent et le petit groupe continua à vivre comme si de rien n’était. Ils firent ainsi plusieurs activités dont Triss avait encore de bon souvenir alors qu’Elyse était en train de les découvrir. Survivre dans la Jungle était tout un art qu’il fallait apprendre et partir sans en savoir un minimum reviendrait à du suicide. Son père redonna même un nouvel arc à sa fille, même si elle n’en désirait pas réellement mais elle savait au fond d’elle-même qu’elle n’avait pas le choix. Ici la question de tuer ne se posait pas, c’était survivre ou mourir. Elle abandonna donc cette concession de ne plus toucher aux armes, même si jamais elle ne le ferait jamais complètement, pour le bien du groupe. Elle avait né et éduqué avec ce besoin et cette envie en elle, et comme l’art, elle saura toujours manipuler les armes.
Un jour, son père chargea les deux filles de partir à la recherche de victuailles en ville pour elle deux et elles partirent ainsi à leur point de départ pour prendre tout ce dont elles avaient besoin : matériel de voyage, nourriture et autres détails spécifiques à la Jungle. Triss savait tout ce qu’il fallait prendre car elle se rappelait bien tout ce que prenait son père avant de partir patrouiller dans la Jungle lors de son enfance. C’est pourquoi tout fut réglé assez vite et elles repartirent en fin de journée dans l’autre sens.
Le voyage pouvait commencer ainsi commencer le lendemain. Seulement, une question lors de toute cette période continuait à tarauder Triss : qu’était l’élue pour elle ? Et celle-ci prenait une telle ampleur qu’elle ne put la garder plus longtemps. Le soir même du retour, elle regarda l’élue de loin puis s’approcha d’elle. Elle se doutait que comme elle, Elyse devait être autant inquiète du voyage qu’excitée. Et cela se comprenait, elles partaient toutes les deux à l’aventure. Mais avant de partir, elle voulait savoir :

- Elyse, j’ai… comment dire… une question un peu gênante. Que sommes-nous l’une pour l’autre ? Je suis perdue et je ne sais plus quoi en penser, lui dit-elle en sachant plus où se mettre tellement des émotions diverses lui montaient à la tête.

D’ailleurs, tellement que cette tempête d’émotions s’agitait avec une telle force en elle qu’elle ne savait que faire et avait juste l’impression qu’elle allait tomber en pleurs. Elle ne désirait que savoir et comprendre, mais cette fois-ci ce n’était pas les arts de Filyon mais sa propre vie.
Mer 13 Fév 2019 - 21:11
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Dargor
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« Qui sommes-nous l’une pour l’autre ? Je crois que nous sommes des amies, fut la réponse d’Elyse. Vois-tu, tu es venue me trouver comme un élève viendrait trouver une maîtresse. Et je crois que c’est ce que nous avons été au début, une maîtresse et son apprentie. J’ai l’orgueil de penser t’avoir appris des choses, et de penser pouvoir continuer à t’en apprendre dans les temps à venir. Mais ce n’est pas une relation à sens unique que nous entretenons. Non pas que nous ne l’ayons jamais fait. Tu m’as appris des choses dès le royaume des orcs. Je n’imaginais pas qu’une barde serait assez courageuse pour venir me trouver alors que j’étais enfermée là-bas, et pourtant tu es venue. Tu es venue en quête de savoir, et tu m’as appris à me battre pour ma liberté. Chose que j’avais connue, il y a longtemps, puis que j’avais oubliée. C’est donc pour moi une relation d’apprentissage, mais qui s’est transformée en amitié. Nous avons voyagé ensembles, rompu le pain ensemble, dormi ensembles dans ces auberges où nous nous sommes produites en travaillant… Ce n’est pas qu’un lien purement professionnel qui nous unit. Ça ne l’a de toute façon jamais été, car il est ici question de foi en la Déesse, et c’est quelque chose de plus beau qu’une simple profession. Mais au-delà de cette foi, je crois que nous y avons trouvé un terrain pour être amies. Nous apprenons toujours l’une de l’autre, mais à présent, je suis fière de t’appeler mon amie. Cela te convient-il ? »

Puis le jour du départ vint, la laissant elle-même songeuse quant à comment aborder les amazones, et Triss quant à la réponse qu’elle venait de recevoir. Elyse, pour sa part, n’en regrettait pas un mot. Elle avait dit tout ce qu’elle pensait, et espérait simplement avoir été assez claire pour son amie.
Pour le voyage dans la jungle, le père de Triss avait voulu que les deux femmes soient dans une sécurité totale. Aussi avait-il prévu des vêtements adaptés tout d’abord. Des tenues qui permettrait d’avoir une grande liberté de mouvements, tout en ayant une couche de tissu apte à protéger des insectes qui pouvaient se montrer agressif dans la région. Il avait également prévu des vivres, sachant qu’il valait toujours mieux suivre une piste identifiable que d’être forcé d’aller chasser dans les hautes herbes et les fourrés où se cachaient les terrifiantes bêtes de la Jungle. De la même façon, il avait prévu des cordes pour pouvoir dormir dans un endroit relativement isolé. Enfin, et surtout, il leur avait choisi un guide. Dietmar Kieft, le solide homme du nord, légende vivante de Prébois, serait leur guide.

« Il est honnête, avait dit le père de Triss. Il n’est pas en bon termes avec les amazones, dont il a capturé plusieurs représentantes, et tué d’autres. Cela posera certainement problème au moment d’établir un contact. Mais la Jungle est une forêt dangereuse dont beaucoup d’expédition ne reviennent pas, perdues dans la forêt, massacrées par ses habitants, ou dévorées par les bêtes qui s’y trouvent. Dans ce milieu, à Prébois, il n’y a pas homme plus qualifié que lui pour survivre. S’il vous donne des conseils, ce sont certainement les meilleurs que l’on puisse donner. En outre, il est bien plus honnête que la moyenne de la lie qui peuple cette cité. Je sais qu’il ne cherchera pas à vous agresser gratuitement parce que vous êtes des femmes, contrairement à beaucoup d’autres. Oui, je le sais ! Vous pouvez vous défendre, et je sais que vous êtes assez fortes pour envoyer n’importe lequel de ces criminels au tapis. Mais je crois que vous admettrez qu’il vaut mieux ne pas avoir à se soucier de ce détail du tout. »

Elles l’admirent. Et de fait, le lendemain, elles se trouvèrent introduites à leur guide, qui fut ponctuel. Ce qui était déjà un premier haut-fait qu’il leur proposa, puisqu’il avait de façon évidente passé sa dernière nuit à boire et à baiser des prostituées. Il ne chercha d’ailleurs pas à le cacher.

« Cette nuit pourrait tout à fait être ma dernière, alors autant la faire agréable. »

Filyon était autant la Déesse du plaisir que des arts, après tout. Quelle élue serait Elyse Fadelis si elle le contredisait sur ce point ? Elle hocha vivement la tête, appréciant que l’homme sache vivre. Avec la description qu’elle avait eue de lui, après tout, elle s’était un peu attendue à un homme sec et austère. Qu’il ait un défaut, parfaitement classique et ennuyeux au demeurant, puisqu’il privilégiait une dernière nuit de plaisir au fait de démarrer son expédition en forme, ce qui était objectivement peu malin, même si cela satisfaisait sa déesse, en faisait un être humain parmi d’autres, et non un héros. Cela lui convenait.
Les héros, elle en avait connu parmi les élus divins. Elle les connaissait encore, car il y en avait de nombreux. Les Dortan, Tavish, Gaunt, Marina… Même Valentino Tarenziore, l’élue de Nerel, pourtant dieu des voleurs, était du bois dont on faisait les héros, du haut de son millénaire de vie ! Comment un homme élu d’un dieu aussi instable que celui des voleurs pouvait-il vivre un millénaire de toute façon ? Qu’un baiseur d’animaux -Du moins elle le soupçonnait- comme Dortan Giger -Et n’était-il pas élu de Cerumnos ? Quoi de plus normal après tout- puisse vivre un millénaire, elle comprenait comment. En étant simplement plus fort et plus malin que ses ennemis. Même un élu d’un dieu comme celui des voleurs… Elle songea qu’au moins, Tavish, la druidesse des Îles de Jade, ne vivrait pas aussi longtemps. Quelqu’un abuserait de sa candeur et causerait sa mort bien avant. Il y avait une forme d’orgueil chez tous les élus divins. Cet orgueil qui poussait à espérer vivre plus longtemps que ceux de sa génération. Inil Boson, dont le rôle était de penser pour les élus, en avait déjà parlé. Il pensait cet orgueil nécessaire. Un mail pour un bien, en somme, car un élu fier de vivre longtemps, c’est un élu qui essaiera de bien faire …

« Euh m’dame l’élue ? Vous bougez ? Non parce que y’a un coin à campement sympathique que j’aimerais atteindre avant la nuit, m’voyez. »

Bien. Dietmar Kieft était donc intimidé par elle. Qu’il en soit ainsi. Ils se mirent donc en route. Il retrouva vite sa confiance, et les guida vers une clairière qu’il prenait à chaque fois, car il la savait à l’abri, pour le premier soir. Elyse nota, intéressée, qu’il ne lui donnait jamais à elle d’ordre. Il ne lui faisait que des demandes. Il était beaucoup plus directif avec Triss, et il fallait bien l’avouer, moins intimidé. Il la traitait plus comme …

Comme une être humaine.
Lun 25 Fév 2019 - 15:54
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Triss Miders
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Dietmar Kieft, leur guide, beuglait toujours pour un oui et pour un non sur la barde. Elle en avait déjà plus marre de lui et l’expédition n’en était qu’à son premier jour. Il ne faisait qu’hurler, et encore pire que ça, il ne le faisait que sur elle, Triss, et aucune remarque à l’élue même quand elle était en faute. Elle pouvait comprendre cette habitude de craindre les élus divins. Elle avait été pareille lors de sa première rencontre avec Elyse, ne sachant que rien faire face à cette aura et cette présence. Mais de là à lui renvoyer tous les malheurs que celle-ci produisait, en plus des siens.
Surtout qu’elle ne savait que faire avec l’élue depuis leur discussion. Elle en restait perplexe sur leur relation. Elle était déjà perdue, plongée dans un lac de questions qui s’était transformé en un océan d’interrogations. Qu’était l’élue pour elle ? Un mentor, un guide, une amie ou autre chose ? Quelle était la carte la définissant à ses yeux ? Elle savait ce que pensait Elyse d’elle, mais elle-même voulait savoir sa propre réponse. Elle n’en savait rien et cela l’énervait encore plus que le rustre de guide.
Il ne lui restait plus qu’à trouver le calme dans ses habitudes d’art, de musique et de beauté. Même si elle avait laissé sa lyre chez son père pour éviter de trimballer trop d’affaires inutiles, en plus d’autres petites choses, elle avait quand même gardé son luth, mais ce n’était ni le lieu, ni l’endroit pour l’utiliser. Les options diminuaient et il ne restait plus qu’à regarder autour d’elle pour dire de passer le temps de manière agréable. La Jungle demandait une concentration importante pour dire d’y survivre mais pour elle, elle n’y était pas encore. La faune et la flore avaient à peine commencé à changer par rapport au lieu de son enfance. Il ne lui restait plus qu’à profiter du voyage, comme elle l’avait toujours fait pour les jours passent.

Et ainsi passèrent 4-5 jours dans la Jungle où une certaine routine restait dans les ordres aboyés par Dietmar alors que la vie restait rose pour l’élue, même si par rapport à Triss elle n’était pas à son aise dans ce milieu, où chaque être vivant était un danger et n’attendait que le moment de tuer. La loi de la Jungle était juste à sa manière, le meilleur survit au détriment du plus faible. Ainsi même certaines plantes s’étaient adaptés face à cette situation et étaient devenues prédatrices à leur manière, capable de tuer des insectes et de s’en nourrir pour les plus petites jusqu’aux rongeurs pour les plus grandes. Elles étaient immobiles des heures et des heures en attendant que la proie tombe dans leur piège pour ensuite le refermer et les tuer de manière indolore avec divers poisons. Elles étaient une morte silencieuse et lente. Selon même certaines légendes circulant parmi les colons, on disait qu’il existait des plantes bien plus grandes capables de dévorer des hommes, mais qui serait assez fou pour croire de telles bêtises.
Tout changeait bien vite, l’environnement était différent, si on comparait au début de la Jungle, proche de Prébois. Et pourtant même si cette nature était dangereuse, elle n’en restait pas moins magnifique derrière cette beauté difficilement accessible et rare. Comme si le fait que l’homme n’avait presque jamais foulé ce sol, avait permis le développement d’une multitude de perles. C’est ainsi qu’on se trouvait avec des oiseaux aux mille et une couleurs, des insectes aussi divers les uns des autres et encore bien d’autres merveilles. Et alors qu’un papillon d’un rouge aussi profond que la passion se trouvait face à elle et s’envolait, elle sentit un changement dans la nature. Elle regarda Dietmar qui lui fit signe et tous deux prirent leurs armes. Alors qu’il dégainait sa massive arbalète du nord, Triss prit son arc qu’elle arma. Pendant ce temps-là, l’élue ne comprenait pas grand-chose à la situation, ou si, qu’il fallait se préparer. Triss se mit près de l’élue en pointant dans les airs alors que Dietmar regardait dans l’autre sens. Aucun des deux ne savait d’où allaient venir les ennuis mais ils étaient là, non loin d’eux.
Puis une flèche se planta en face de Triss, l’ayant manqué exprès pour bien signifier : « Ceci est notre territoire, partez ou mourez ! ».
Ven 8 Mar 2019 - 15:37
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Dargor
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Le trio vit d’abord une flèche se planter dans un arbre sur la supposée piste qu’ils suivaient. En fait de piste, il s’agissait surtout d’éviter de marcher dans des herbes trop hautes, où chassaient les groupes de lézards de la Jungle de petite taille. Après tout, comme le disait Dietmar « Les gros on les évite. Les petits, on se contente de ne pas aller là où ils sont. ». En d’autres termes, les prédateurs monstrueux qui peuplaient la Jungle, il ne comptait les affronter. C’était comme cela qu’il avait survécu à tant d’expéditions. Il savait qu’en capturer un assurait une fortune à vie, mais il savait aussi que leurs griffes et leurs crocs mettaient en pièces dix aventuriers pour chacune de ces bêtes qui étaient ramenées. Trop risqué pour lui donc.
Et si le trio avait traversé, durant sa curieuse aventure, des zones que Dietmar avait identifiées comme les territoires de chasses de certains des plus gros prédateurs, il avait toujours attaché un soin particulier à faire des détours de parfois plusieurs jours pour éviter les zones de chasses de prédateurs de taille plus petite.

« Vous voyez, avait-il dit un soir, les petits, de taille humaine voire plus petite, vous paraissent moins dangereux parce qu’ils ne font pas la taille d’une maison. Mais en vérité, les plus gros, dont le simple pas fait trembler la terre, ben on peut les éviter. Leur pas fait trembler la terre. Et surtout, ils sont les prédateurs ultimes. Pourquoi se cacheraient-ils de qui que ce soit ? Alors quand ils arrivent, il y a tout un tas de signes avant-coureurs qui vous hurlent de courir vous mettre dans un abri. Et vous avez plus de temps qu’on ne le croirait pour le faire, ça c’est pour sûr. Mais les petits… Les petits chassent en meute. C’est déjà un problème. Et je vous assure que ces sagouins sont rapides, et surtout discrets. Vous marchez dans les hautes-herbes, qui sont leur territoire favori, et vous entendez juste le bruit de la Jungle autour de vous. Ils pourraient être à portée de mains que vous ne les verriez pas. Mais quand ils estiment que le moment est venu, alors là oui. Là ils bondissent. Et la suite n’est jamais belle à voir.
-Parle-nous plutôt des amazones, avait répondu Akemi.
-Bien M’dame élue… répondit-il. Je peux pas vous dire grand-chose sur leur mode de vie. Leur mode de combat, par contre ! Elles vivent beaucoup dans les arbres. Je crois qu’elles ont raison, parce que j’ai bien l’impression que c’est le sol le plus dangereux en ces lieux. Mais je ne sais pas m’y déplacer comme elle. Vous devriez courser une amazone pour vous en apercevoir ! Elles ne courent pas sur les branches. Ou plutôt elles le font, mais avec une agilité telle qu’on jurerait qu’elles se laissent glisser. Y’aurait une forme de magie sauvage là-dessous que ça ne m’étonnerait pas… »

Il était ensuite parti dans une diatribe qui n’apprit rien aux deux femmes, rien du tout. Il savait les trouver et les combattre, mais c’était à peu près tout. Et même les trouver, il garantissait qu’il y avait ce danger qu’elles ne les trouvent avant d’être trouvées. Et ça, c’était un problème. Aussi, quand il y eut cette flèche… Il leva instantanément sa propre arbalète, qu’il banda. Mais le temps qu’il fasse cela…
Les premières choses qu’Elyse vit furent des mouvements dans les feuilles. A peine perceptibles, mais des mouvements néanmoins. Mais alors qu’elle croyait que ces mouvements n’étaient que les effets d’amazones s’y déplaçant, elle se détrompa. Les feuilles se détachèrent des arbres, des feuilles de taille humaine. Les amazones furent là en un éclair, les encerclant. Une dizaine de guerrières à la peau teinte en vert pour mieux se camoufler, et qui dégageaient une puanteur animale. Elle avait des bandes de cuir brunes autour de la poitrine et des cuisses en guise de vêtements. Rien de plus. Mais le plus inquiétant demeurait ces lances qu’elles portaient dans les mains, et qu’elles pointaient sur le trio, qu’elles encerclaient.

Dietmar jeta son arbalète au sol et leva les bras. Il espérait visiblement une issue pacifiste. Mais à voir la façon dont elles s’avancèrent, déterminées au combat, elles avaient une autre idée en tête quant à l’issue de la rencontre… Il allait falloir trouver une solution. Et une solution rapide et qui les impressionnerait.
Cette solution, elle vint d’elle-même quand l’une des guerrières se jeta sur leur guide. Le corps à corps fut rapide et brutal, et les deux combattants furent presque instantanément blessés. Pas le temps pour penser. Juste celui pour agir. Pas de rationalité. De l’instinct. Animale elle aussi, Elyse évita ses propres assassaillantes, ignorant celles qui se jetaient sur Triss, espérant simplement que la barde s’en sortirait. A peine arrivée sur les deux premiers combattants, elle entreprit de soigner les blessures que Dietmar avait causées à son amazone, malgré les protestations de ce dernier. En même temps qu’elle aboya un « STOP » en elfique, car elle avait entendu dire que les amazones avaient des traits elfiques…

Elle espérait que cela suffirait. Sinon, eh bien les guerrières ramèneraient trois trophées dans leur village…
Ven 15 Mar 2019 - 18:00
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Triss Miders
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Tandis que Dietmar partait en combat de lutte avec l’amazone, une autre avança vers Triss qui avait toujours son arc en main, même si elle doutait fortement de son utilité en combat rapproché mais l’occasion vint quand l’amazone fut assez proche pour que Triss lui jette son arc et lui fonce dans les jambes pour essayer de la renverser avec elle. La tentative était vaine mais pour Triss, mieux fallait mourir dans l’essai que le faire dans l’échec. Ainsi elle attrape l’amazone par les jambes et essaya de la plaquer au sol mais que nenni pour elle, l’amazone répliqua et tout en s’appuyant de toute sa force sur le dos de la barde la mit à terre.
Le combat aurait pu continuer au sol de manière bestiale dans un but de survie en même temps que les renforts amazones arrivaient mais ce fut sans compter la demande en elfique d’Elyse pour arrêter tout ce désordre. Triss et Dietmar ne parlait pas un mot d’elfique mais comprit bien l’idée juste au ton de l’élue qui n’était pas pour conseiller mais pour se faire obéir. Tout deux se relevèrent d’un coup et se mirent de chaque côté de l’élue qui montrait bien ses mains pointées vers le sol pour signifier sa répugnance au combat. Seulement ces deux compagnons, encore sanguins du combat, mirent bien plus de temps à l’imiter. Ils laissèrent ainsi leur sort à Elyse.
Pendant ce temps-là, les amazones firent de nombreux signes entre eux pour discuter sans se faire comprendre par ceux qu’ils jugeaient comme intrus puis une amazone s’avança de derrière le groupe alors que les autres lui laissèrent la place. Pour les trois, c’était clair, il était face à la chef de l’escouade :

- Nous vous laissons le choix. Soit vous deux, vous venez avec nous dans nos conditions et nous laissons derrière nous cette bête en lui retirant toute envie de nous suivre, soit vous choisissez la mort.

Sans prendre l’aval du principal perdant de l’histoire, Elyse accepta leur proposition.

- Nous viendrons, nous ne désirons pas le combat, dit-elle tandis que Dietmar tirait une sale gueule et était parti pour protester sans l’arrêt d’Elyse.

- Votre chien, vu qu’il a l’air de tenir à la vie, sera désarmée, laissé avec le minimum d’équipement et un jour de vivres. Nous nous montrons clémentes et laissons la Jungle le juger. S’il survit, c’est que la Jungle l’aura voulue. Tandis que vous deux, vous nous suivrez yeux bandés et mains liées.

A peine eurent-ils accepter qu’une amazone se jeta sur Triss pour lui mettre une cagoule et lui lier les poignets.  Elle put entendre aussi vu les railleries de Dietmar qu’il était encore en vie mais en très mauvaise posture puis plus rien… le néant.

Elle se réveilla le soir, près du feu, bien à l’écart des autres amazones, toujours les poignets ligotés. Elyse était éveillée et la regardait d’un air bon. Avait-elle été assommée ? Triss n’en savait rien mais elle n’eut pas le temps de demander. Une amazone avança vers elle, lui coupa ses liens et lui donna à manger. Elle la regarda en lui faisant comprendre qu’elle pouvait fuir maintenant si elle le désirait, la Jungle aurait bien raison d’elle sans matériels, nourritures et surtout sans aucune idée d’où elle se trouvait.
La soirée passa bien vite après le repas et Elyse et Triss qui savait que la journée de demain serait longue, prirent la peine de vite se reposer.
Le lendemain, et lors des trois jours de suite, si elle se référait à leur nuit de sommeil, sans savoir si les lois de la nature étaient les mêmes en ces contrées sauvages que dans le reste du vaste monde, le voyage fut rude. Triss avait les yeux bandés par une morceau de tissu, l’empêchant de voir sauf quelques points de lumière à même le sol, pour voir en partie ses deux pieds. Mais elle n’était cette fois-ci plus les bras bandés. Et comme ça, ils avancèrent toute la journée pour se reposer au soir. Extenuée, à peine prit elle le temps de manger qu’elle préféra dormir que de parler à Elyse, autant par fatigue que par rancœur de la solution d’Elyse de suivre des inconnues dans des conditions de prisonniers dans la vaste Jungle. Mais avait-il existé une autre solution ? Elle n’en savait rien.
A l’aube du quatrième jour, alors que Triss se préparait à sa routine, les amazones lui rendirent ses bagages dont son luth. Elle l’avait cru perdu dans les tréfonds de la Jungle et ne désirait que pincer quelques temps ces cordes mais elle savait que le temps de partir était venue. La journée fut facile par rapport aux autres jours et elle put mieux se débrouiller seul maintenant qu’elle voyait devant elle. Pourquoi ce virement d’idées chez les amazones ? Lui faisaient-elles maintenant confiance ou savaient-elles que l’option de la fuite n’existait plus ? Les questions restaient en suspens pour Triss qui profitait de son regain de liberté.
Lun 25 Mar 2019 - 18:21
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Dargor
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Béryl observa les deux étrangères que Caessa et son groupe avaient ramené. Ce n’était pas une bonne chose à son avis. Le groupe de chasseresses s’était tenu éloigné du village pendant plusieurs levers de soleil complet, et revenait avec deux de ces étrangères qui étaient clairement des femmes de la ville des envahisseurs. Elle s’approcha de la cheffe du groupe, Caessa, et l’interroge selon la langue de signes de la main des amazones, afin d’être sûre que les humaines ne puissent entendre la teneur de ses propos.

« Elles n’ont rien à faire ici, dit-elle sans préambule, sans même saluer sa sœur.
-L’une d’elles est une grande guérisseuse, répondit Caessa du tac au tac, en utilisant le même langage.
-Nous avons des guérisseuses parmi nous, fut sa réponse sèche.
-Elle utilise une magie étrange, et l’a utilisée pour soigner Tara.
-Mais Caessa, la magie est dangereuse ! »

Cela ne mit pas fin à la conversation, loin de là. Il s’avéra que Caessa elle-même savait que la magie était dangereuse et la craignait. Mais elle était intriguée par les raisons pour lesquelles cette étrangère avait soigné leur sœur. Béryl fut bien obligée de reconnaître que cela l’intriguait également. En tous les cas, ce n’était pas à elles de décider ce qu’elles allaient faire des étrangères, mais au conseil des aînées. En attendant, les deux étrangères furent invitées à monter, via des échelles de cordes, mais leur village suspendu, où elles seraient placées dans deux huttes différentes, sous la surveillance des chasseresses amazones qui les avaient escortées jusqu’ici.

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Elyse fut émerveillée en voyant l’ingéniosité avec laquelle les amazones avaient construit leurs villages. Utilisant les robustes arbres de la jungle, aptes à supporter des poids importants, elles avaient construit des complexes de huttes au sol de bois, faits parfois avec l’arbre, parfois avec un plancher fixé à ce dernier, et toujours dissimulée sous une toile de cuir, supportée par une armature elle-même dans une matière qui lui rappela du bois, avec des morceaux de corde pour les maintenir ensembles. Les tentes ainsi formées étaient reliées entre elles par des passerelles de bois ou de cordes allant d’arbre en arbre. Elle nota qu’en fait de cordes, il s’agissait d’ailleurs la plupart du temps de ces lianes qu’elle voyait dans la jungle. Logique, songea-t-elle.
Sans voir ses mains être déliées, mais de cela, elle avait l’habitude, elle fut placée dans une des habitations, qui était bien sûr occupée. Elle devina que vu leur nombre limité, et les différents lits qu’il semblait y avoir ici, chaque hutte devait comporter une pièce unique, et loger plusieurs amazones à l’intérieur… A n’en pas douter, Triss devait être logée dans une autre de ces habitations. Sous la surveillance d’une guerrière, comme elle.


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Le conseil des trois aînées se rassembla ce soir-là. Béryl, Caessa, et Linhrah, l’aînée des artisanes, celles qui ne quittaient jamais le village et l’entretenaient, pour les chasseresses menées par Caessa et les guerrières de Béryl. Les débats entre les trois amazones furent longs. De toutes, Caessa était la plus ouverte à l’accueil des étrangères, Béryl se voulait neutre, mais prête à un compromis, et Linhrah était d’avis qu’il fallait leur trancher la gorge à toutes les deux.

« Nous n’avons pas pour coutume d’accueillir leurs femelles. Leurs mâles, oui, pour nous aider à engendrer des filles. Mais celles-ci ! A quoi nous servira-t-il de les nourrir ? »

Tel était son argumentaire, qui était d’une logique fatale. On ne gaspillait pas la nourriture chez les amazones. Si les deux étrangères devaient être appelées à rester, il fallait qu’elles servent à quelque chose. L’une d’elle éveillait toutes les interrogations du monde, l’autre était une mage. Si ce n’était pas pour sa magie de guérison, elles seraient toutes deux déjà mortes, c’était une évidence. Et encore était-il heureux pour elles que la mage ait guéri leur amie amazone.

« Sommes-nous sûres que notre sœur serait morte ? demanda Béryl.
-Absolument, confirma Caessa. »

Ce qui fut décidé, à la fin du débat, était qu’on enverrait la guérisseuse chez une magicienne amazone, qui vivait isolée et s’occuperait d’elle le temps de déterminer si elle était ou non une menace. Ce seraient trois guerrières de Béryl qui s’en chargeraient. L’aînée des guerrières aurait aimé être de la partie, mais elle ne pouvait pas. En tant que telle, elle devait rester organiser la défense du camp. L’autre ? Elle resterait au camp en attendant. Elle était d’ores et déjà prisonnière dans la hutte de Caessa. De façon très exceptionnelle, il fut décidé que Béryl l’y rejoindrait, afin de s’assurer, par le fait qu’elle loge avec les deux meilleures guerrières de la tribu, qu’elle ne crée jamais d’ennuis.
Leur reviendrait également le rôle de comprendre à quoi pouvait bien servir cette étrangère. Linhrah leur imposa d’avoir découvert cela avant la prochaine pleine lune. Autrement elle serait déjà nourrie depuis trop longtemps. Les deux autres aînées hochèrent la tête. L’accord leur semblait juste, car la nuit du conseil était celle d’une pleine lune, cela laisserait donc un cycle complet, soit le temps de repos que s’accordaient, en outre, habituellement les chasseresses de Caessa avant de repartir à la recherche de nourriture à travers la forêt.

Et ainsi fut fait. Dès la fin du conseil, Béryl apporta ses affaires dans la hutte de Caessa, signifiant à l’amazone qui logeait là d’aller trouver sa propre habitation pour quelques temps. En temps normal, il y avait trois couches, et donc trois sœurs par hutte, mais ici, il n’y aurait donc que deux sœurs et une étrangère. Elle n’allait pas dormir par terre après tout. Et le lendemain, la magicienne partit. Béryl et Caessa avaient décidé de ne pas en informer sa compagne. De sorte que quand elles défirent ses liens, cette dernière n’avait aucun moyen de savoir où était passée l’autre. Et de toute façon, ce serait le dernier de ses soucis. Car si la guerrière Béryl était repartie surveiller le camp et organiser la journée, Caessa la chasseresse n’avait pas mieux à faire que de la surveiller, et de lui demander ce qu’elle faisait ici.
Mar 2 Avr 2019 - 16:16
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Triss Miders
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Triss Miders
Rongée de tout côté de ne pas savoir où se trouvait Elyse, Triss était perdue. Elle savait que la Jungle était dangereuse et qu'elle n'était pas partie pour un pique-nique mignon accompagné de l'élue divin et des animaux chantant le bonheur mais elle n'aurait pas cru en arriver là. Elles étaient bien arrivés à destination mais prisonnières et séparées l'une de l'autre avec une amazone pour la surveiller. Elle n'avait même plus son luth, ayant laissée la harpe chez son père, car une amazone l'avait confisqué. Elle bouillait de l'intérieur contre sa propre bêtise de ne pas avoir mieux préparé l'expédition mais aussi contre ses opposantes. Et alors que quand cela n'allait pas, elle s'enfuyait dans le plus beau des royaumes, ici sa clé lui avait été enlevée. L'avaient-elles fait exprès pour la mettre à bout? Elle ne le croyait pas mais la circonstance était trop belle pour n'être que du hasard.
Et pour ne pas régler le problème, elle était surveillée au moindre de ses gestes par une de ses amazones comme si elle allait s'envoler maintenant que ses liens étaient défaits. Elle avait été stupide auparavant mais elle ne l'était pas au point de vouloir fuir dans la Jungle sans savoir où elle était ni aucune arme et provision. Et pourtant, elle le cherchait en quelle sorte cette attitude de la part de son gardien. Voilà deux heures que l'amazone lui demandait la raison de sa présence dans la Jungle et le mutisme était sa seule réponse. Pourquoi faisait-elle cela? Surement pour se déculpabiliser de son erreur et de la renvoyer sur les amazones, même elle n'en était pas sûre. Mais elle savait que cela ne servait à rien. L'amazone avait tout son temps, ce qui n'était sûrement pas son cas. Elle devrait un moment répondre si elle espérait partir d'ici et rejoindre l'élue divine. Elle n'eut donc pas le choix, ou plutôt elle décida d'assumer ses actes. Au moment désespéré vienne les mesures désespérées et quitte à n'en sauver qu'une des deux, Triss préférait sauver la bonne. Elle avait mis à profit son mutisme pour réfléchir au meilleur discours possible, ou en tout cas le meilleur qui lui venait sous la main avec le peu de temps qu'elle possédait et le manque d'informations sur son gardien.

- Saviez-vous au moins qui aviez-vous capturé? Elle n'est pas n'importe qui. Elle est une grande princesse, d'un royaume éternelle et gigantesque dépassant toutes les frontières. Elle est une dame du haut monde, surveillée par la grande déesse même. Tuez-moi si vous le désirez, le courroux d'aucun homme ne s'abattra pas pour une sans-patrie telle que moi, une artiste de voyage ne vivant que de la musique. Mais touchez-lui un seul de ses cheveux et la déesse enverra des armées brûlant de la passion de l'art pour récupérer leur princesse.  Relâchez-la et faites de moi ce que vous désirez. Je n'ai connu d'attaches à ce monde que par le lien de mon luth qui m'a été retiré. Le voyage est ma mission et le monde est ma maison. Seulement je ne pourrais me remettre de savoir que j'ai été la cause de la chute de la princesse. Je ne vis que d'amour pour la déesse et je ne pourrais lui apporter atteinte. Je ne suis qu'ici pour la servir.

Et elle dit cela en s'agenouillant pour appuyer son discours. Elle n'avait plus d'honneur pour elle-même. Elle ne désirait que le bien de sa compagne et elle serait capable de jouer de sa vie pour la sauver. Elle savait que la menace n'aurait que peu d'effet et surtout ne possédait que peu de vérité mais qui le savait ici à part elle. Et elle continua sa proposition en donnant ses conditions. L'effet serait surement minime mais c'est brique par brique qu'on construit un mur.

- Faites de moi ce que vous désirez. Je serais me rendre utile. Je ne demande qu'à la revoir une dernière fois et de la savoir loin du danger pour me montrer docile. Le fait que je ne sois qu'une humaine dans la Jungle ne me rend pas moins légitime que n'importe qui. Et si je ne le suis pas, j'en mourais, heureuse de savoir que j'ai pu la sauver.

Et elle termina en baissant les yeux, attendant son jugement. Qu'allait faire l'amazone? Allait-elle lui répondre par le mutisme comme elle l'avait aussi fait? Elle pria avec force au fond d'elle même que la déesse soit de son côté sur ce coup.
Lun 29 Avr 2019 - 19:07
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Dargor
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Le discours de l’étrangère eut son petit effet sur Caessa et Béryl, qui discutèrent devant elle dans le langage codé, fait de signes et de silences, des amazones. La question était « Devait-on informer l’étrangère que l’autre femme était simplement mise à l’épreuve, plus loin dans la jungle ? ». Elle fut finalement tranchée par Caessa qui décida que oui, l’étrangère devait être informée, malgré Béryl, qui était particulièrement récalcitrante. Elle sortit d’ailleurs, énervée d’avoir perdu ce débat, mais plus pour digérer sa défaite que pour éviter d’en voir les conséquences.

« La princesse qui t’accompagnait est une magicienne, dit Caessa, optant pour le pragmatisme. En tant que telle, nous ne savons pas si elle apportera la joie ou la peine, la vie ou la mort. Elle a déjà parlé pour elle, quand elle a guéri notre sœur durant ce combat, mais nous devons en savoir plus. Nous l’avons envoyée auprès d’une de nos propres magiciennes pour qu’elles vivent ensemble, rient et pleurent ensemble, et alors seulement nous saurons si nous pouvons l’héberger sans risques. Quant à toi, nous ne souhaitons pas te tuer. Tu es venue jusqu’à nous et nous avons souhaité t’offrir l’hospitalité. Tu l’auras donc aussi longtemps que tu le souhaiteras. Tu n’es pas prisonnière. A tout moment, tu peux choisir de repartir dans la jungle, mais ce sera alors sans notre aide. Tu peux aussi choisir de devenir notre amie, si cela t’intéresse plus de vivre. Car nous ne te forcerons pas à manger. Si tu te laisses mourir de faim en refusant jusqu’à notre nourriture, eh bien tu mourras de faim. Mais si tu viens partager nos chants, nos danses, nos joies et nos peines, alors peut-être verras-tu les choses différement. »
Ven 21 Juin 2019 - 19:39
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Triss Miders
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Avait-elle réussi leur objectif ? Elle était venue en ces lieux pour apprendre des amazones et de leur art. Or voici qu’une des deux guerrières, derrière une violence logique face à l’inconnu, l’invitait à devenir non des leurs, car elle ne le serait jamais, mais à être une amie, comme elle le disait. Elle lui tendit en quelque sorte la main et elle la prit. D’un sourire de confiance et de bonheur, elle se sentit aller. Elle ne devait pas brusquer les évènements, mais tout se passerait bien mieux maintenant. Ainsi la journée passa sans évènement fâcheux et elle discuta derrière une grande politesse avec les deux amazones.
Une des deux lui rendit même au soir son luth, qu’elle s’empressa d’entretenir avec une minutie à toute épreuve. Tel son enfant, elle dorlotait son amie et outil de toujours. Ensuite, elle se mit à pincer ses cordes. D’abord, doucement, pour les tester puis ensuite se mit à jouer doucement. Une mélodie douce montait dans les airs qui fut accompagnée de sa voix.
Elle chantait une légende, qu’elle avait connu il y a bien longtemps, de son père. Elle rendait à cette terre qui l’avait connu, sa voix et son chant. L’histoire parlait de la lune, pleurant de se voir seul au monde dans ce noir obscur. Nul homme, nul dieu et nul être ne put rien y faire. Inconsolable, elle se mit à pleurer dans le ciel. Et ainsi naquit les étoiles de ces larmes, pour l’accompagner dans son périple infini à travers le ciel et depuis lors, on peut entendre dans les nuits calmes, la lune et les étoiles chantées ensemble, accompagnant les bardes et musiciens seuls.
Et après cette longue musique d’une dizaine de minutes, elle continua à jouer, toujours aussi calmement, en étant toujours observée par les deux amazones, alors que Triss regardait le ciel et la lune hauts dans le ciel. Même seul, elle se sentait accompagner, non loin de ceux qu’elle aimait.

Le lendemain fut plus agité, il était sûr qu’elle ne resterait pas à rien faire tout le temps. Elle ne le supporterait pas, mais surtout, les deux amazones ne pouvaient rester si longtemps à ne rien faire. Elles l’invitèrent à diverses activités dans le village et Triss vit le village des amazones. En ces lieux, il n’y avait que des femmes, à l’abord sauvage pour le premier venu et pourtant, bien plus civilisé que de nombreux hommes des villes. Ici, tout était juste et tout le monde avait sa place et son rôle. Et de ce qu’elle avait compris, avec les quelques dialogues qu’elle avait partagés avec les deux amazones, si elle désirait rester, elle devait trouver la sienne, de place.
Elles lui offraient un monde paisible, baigné dans la nature sauvage et hostile, et pourtant calme. Elle put ainsi passer devant les différents ateliers d’artisanats, brassant des ouvrages aussi divers qu’ils étaient possibles d’imaginer : outil de la vie quotidienne, armes, vêtements et encore bien d’autres. D’ailleurs sur ce point, elle dénotait avec les autres. Elle donnait l’impression d’une fausse note, dans sa tenue des villes, au milieu de celle des amazones. Même si les guerrières s’accordaient avec les couleurs de la jungle, il n’était pas rare de voir des habits de toutes les couleurs : rouges, bleus, mauve et encore bien d’autres, accompagnés de diverses breloques telles des plumes d’oiseaux et autres merveilles de la nature. Alors qu’elle n’était couverte que de sa tenue aussi brune que le bois, pratique, mais non moins esthétique. Face aux amazones, c’était elle qui les abords d’un sauvage. Et elle en avait presque honte, mais n’en dit aucun mot.
Et ainsi dura la journée, où elle put même partager à quelques-unes des plus curieuses amazones, l’ayant surement entendu le dernier soir, quelques chants qu’elle maitrisât, en échange de certaines de leur légende de la jungle, parlant d’elfes, d’Elye et Cerumnos et de l’incarnation même de la jungle, une femme sauvage et hostile, selon les critères des hommes, et étant néanmoins une mère nourricière pour ceux qui la reconnaissaient à sa juste valeur. Elle en apprit bien plus en une soirée sur les amazones de toute sa vie qu’elle avait parcourue le monde. Et aussi, elle les comprit, même s’ils restaient une barrière entre les amazones et elle, l’étrangère dans la Jungle.

Quand elle rentra avec les deux guerrières pour dormir, elles l’invitèrent à vite dormir, car le lendemain, à l’aube, le meilleur des moments pour la chasse, elles voulaient la tester pour voir ce qu’elle valait. Elle se sentit autant estimée que légèrement paniquée. En effet, elle n’était pas une guerrière, même si elle se savait se battre, face à elles deux. Elle avait plutôt l’impression d’être une proie, alors que se tenait en face d’elle, deux grandes panthères, dernier chainon de la chaine alimentaire. Arrivait-elle à quelque chose ? Elle n’en savait rien, mais au moins elle essayerait, autant pour leur montrer que pour Élyse. Et sur ces bonnes pensées, elle s’endormit d’un sommeil léger.
Mar 25 Juin 2019 - 13:58
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Dargor
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De fait, l’étrangère sembla bien réagir au discours de Caessa, ce dont la chasseresse fut heureuse. Et elle put participer à certains éléments de leur vie quotidienne. Mais s’il était clair qu’elle avait pensé avoir tout vu… Elle n’avait pas vu une fête amazone. Dans quelques jours, avec un peu de chance, une grande proie serait ramenée, morte, au village, et là, plusieurs tribus les rejoindraient pour prendre part à la fête, car la chasse à laquelle elles allaient se livrer était difficile. Il avait d’ailleurs été question de ne pas l’emmener. Mais puisqu’elle souhaitait observer, eh bien elle observerait ! Après tout, la tribu n’aurait finalement pas plus de problèmes si elle mourrait que si elle n’était jamais venue. Avec ce raisonnement cartésien qui était celui de la vie dans la Jungle, elle fut donc emmenée loin du village, pour la première fois depuis sa capture.
Il y avait un total de douze amazones, soit trois parties de chasse complètes, pour traquer la bête. Et ce fut Caessa, la meneuse du groupe, qui remarqua la première les traces de leur proie.

« C’est un des grands lézards qui vivent ici, expliqua-t-elle à l’étrangère. Celui-ci ne fait pas partie des plus gros, mais ses mâchoires te broieront tout de même sans aucun problème si elles t’attrapent. Tu dois donc, si nous le trouvons, particulièrement surveiller sa tête. Il est relativement lent, donc tu n’auras pas de soucis pour le distancer s’il te court après. Mais il est plus endurant que n’importe laquelle d’entre nous. Aussi, sur une longue distance, grimpe à l’arbre le plus proche. Et fais-le vite. Car même s’il se déplace à quatre pattes, il peut se mettre debout quelques instants. Bouger son corps lui prend du temps, mais il peut faire des mouvements de tête très rapides, aussi précis que mortels. S’il arrive à atteindre ne serait-ce que ta jambe, il ne te lâchera pas. »

Après cet avertissement, le groupe se remit en marche. En fait, la proie avait été repérée, mais elle n’était pas proche pour autant. Le territoire de la bête couvrait un diamètre que les amazones devraient parcourir en plusieurs jours. Et le fouiller entièrement… Tout en espérant qu’il ne change pas lui-même de territoire entre-temps !

« Il peut, confirma Caessa quand la question lui fut posée. S’il le fait, c’est mauvais signe pour nous. Déjà car il deviendra plus difficile et dangereux de le traquer, puisqu’il ne sera pas à un seul endroit, mais à tous à la fois, ensuite parce qu’il ne partira pas sans excellente raison. Ça peut être l’absence de gibier, mais la forêt est animée autour de nous, donc cela sera probablement l’autre scénario. Un autre prédateur sera venu sur ce territoire, et ce serait un prédateur si dangereux que le nôtre lui-même préfèrera le fuir que de l’affronter. »

Et ainsi, la traque commença-t-elle. Dans le même temps, Caessa apprenait à l’étrangère à survivre dans la Jungle. Elle lui expliqua ainsi que la plupart des grands lézards avaient une mauvaise vision, mais un odorat puissant. Aussi, si l’un d’eux la prenait en chasse, le mieux à faire était de se plaquer contre un arbre dégageant une forte odeur et de s’immobiliser là. Si une ombre apparaissait dans le ciel, il ne fallait pas lever la tête, mais plutôt trouver un couvert. Et il fallait en permanence se méfier des autres prédateurs, plus dangereux encore. Ceux à fourrure.

« On pourrait croire que ceux-ci n’ont pas de raison d’être craints, parce qu’ils ne sont pas géants et ne peuvent pas engloutir une amazone entière d’une bouchée. Mais je te le dis, étrangère. Ceux-ci ont une meilleure vision, et sont plus malins que les lézards. »

Il y avait d’autres dangers dans la Jungle. Les serpents, les insectes… Et même certaines plantes. Le temps de la chasse fut l’occasion pour Caessa de tous les énumérer, et quand elle le pouvait, de les montrer à l’étrangère. Elle voulait apprendre ? Eh bien ! Qu’elle apprenne. Elle apprendrait à survivre seule ici, s’il le fallait. Caessa savait qu’elle voulait en apprendre sur les traditions des amazones et non sur leur milieu de vie. Mais …

« Si tu ne comprends pas où nous vivons, tu ne peux pas comprendre comment nous vivons. »

Elle ignorait totalement si c’était vrai. Peut-être que les grands hommes des royaumes d’ailleurs savaient mieux. Peut-être qu’ils étaient capables de comprendre comment et pourquoi à la fois. Mais pour elle, amazone, tout avait une raison d’être. Rien dans leurs traditions ancestrales n’était laissé au hasard. Et notamment le fait que les amazones étaient très expressives.

« Parle ! Parle tout le temps. Nous ne pouvons pas vivre ici sans en permanence dire les unes aux autres ce que nous avons vu, ce que nous craignons, ce que nous apprécions. Et si tu te fais attraper par un prédateur et que tu souffres, hurle, pour bien faire savoir où tu es, et qu’il y a là un danger. Ainsi, tu pourrais recevoir du secours, et si ce dernier est inutile, dans tes derniers instants, tu aurais fait savoir aux autres qu’il y a là quelque chose. Nous avons pu remarquer que vous étrangers, vous ne parlez jamais, et vous ne vous plaignez pas correctement. Quand vous le faites, c’est en râlant, et les autres vous disent de vous taire. Mais c’est pas comme ça qu’il faut faire. Ce qu’il faut faire, c’est dire ce qui ne va pas, de façon claire et immédiatement compréhensible. Et nous, ce que nous ferons, c’est que nous écouterons, et nous en tirerons des conclusions. Mais à l’inverse, si tu es heureuse, fais-le savoir ! Et fais-nous savoir pourquoi. Il y aura parfois des sœurs jalouses de ton bonheur, mais jamais aucune n’essayera de te le spolier, car elles savent toutes que ce n’est pas bon d’avoir un ennemi au sein même de la tribu, dans cet endroit.
« Tu te demandes sans doute pourquoi nous choisissons de vivre ainsi. C’est parce que ici, nous sommes libres d’être entre sœurs, et d’obéir à nos propres lois. Loin de ceux qui causèrent l’âge du malheur. »
Mer 10 Juil 2019 - 13:59
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Triss Miders
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Triss Miders
De nombreux éléments lui furent appris dans la survie. La Jungle était un milieu hostile et elle savait cela mais elle n’était pas au point de se douter de l’ampleur de cette vérité. Beaucoup de vivants étaient d’une beauté digne des plus grands trésors de Cerumnos allié au savoir de Filyon, seulement la majorité parmi ceux-ci était aussi mortelle que magnifique. Comme si leur beauté devait être préservée derrière un masque mortel, inatteignable par l’homme. Le monde était une harmonie et l’homme, dans la civilisation, se trouvait bien souvent comme la poussière détruisant le mécanisme. Tout n’était qu’unité quand elle observait autour d’elle, tel un nouveau-né devant son environnement. Chaque vivant avait sa place dans ce tout et garantissait la pérennité de l’ensemble. Une fois elle avait entendu un érudit définir ce principe par le mot « écosystème » mais elle n’en avait pas saisi la portée. Il fallait le voir pour comprendre, le regarder, presque le vivre. Car même si l’homme fuyait cet ensemble, il en fait partie et le restera éternellement. Nul ne peut fuir l’influence des dieux, même le plus téméraire et le plus fou des hommes.
Les amazones l’avaient bien comprise et participaient à l’unité de la Jungle. Seule, elle n’était presque rien mais en groupe, en tribu, presque en meute, elles survivaient en suivant des principes justes. Là encore, elle protégeait leur Jungle face à un prédateur, non en détruisant tout sur le passage mais seulement la menace actuelle. Elles agissaient ainsi dans de nobles principes, si l'on suivait leur philosophie. D’ailleurs Triss faisait partie des protecteurs. Elle était armée de l’arc qu’elle avait emporté lors de son expédition. Il lui avait été rendu pour la chasse. En soi, dans le village, avoir une arme n’était pas une nécessité. La sécurité était organisée par d’autres.

La traque dura encore une bonne heure depuis que les traces avaient été repérées. Vu leur taille, même la barde aura pu poursuivre la chasse. Elle n’était plus aussi douée qu’avant mais des vestiges de son éducation dans les Prébois étaient restés. L’ambiance montait tandis que le temps passait, seulement elle ne pouvait s’empêcher de regarder en tous sens à la recherche de nouvelles découvertes qui lui étaient expliquées par l’une des amazones. Même si tout n’était pas clair à la première approche, une trame de connaissance commençait à se filer dans son esprit et l’unité prenait forme. Il lui arrivait même quelquefois d’interroger sur certains points plus techniques qui lui échappait.
Un moment, elle passa devant une fleur mauve dont les pétales étaient accompagnés de veinures orangées. Elle la trouvait magnifique et avait bien envie de s’en approcher, si un second sens en elle lui déconseillait. L’inconnu est nocif en ces lieux. Et sur le coup, elle avait bien raison.

- Cette fleur est aussi nocive que belle. Je te déconseille de t’en approcher, si tu tiens à la vie, lui dit Caesa.

- Comme bien des choses dans ce monde. Filyon protège ses créations, lui répondit Triss en acceptant la remarque.

Elle détourna ainsi le regard de la fleur et se remit dans le groupe. Chacun avait sa place. Triss se trouvait dans l’arrière-garde. Et le temps passait inexorablement jusqu’au moment où un craquement perçant se fit entendre. Toutes se mirent en garde et Triss suivit le mouvement général. Elle sortit son arc et une flèche. Caesa et deux autres amazones regardèrent le groupe, firent un geste aux autres. Elles s’avancèrent ensuite en éclaireur. Triss n’avait pas compris le sens du geste mais sa portée était là, elles communiquaient silencieusement entre elles.
Une minute qui lui parut durer une heure se passa avant que les autres se décidèrent à avancer. Elle les suivit et deux des amazones fermèrent la marche à bonne distance des autres. Le lézard, comme les amazones l’appelaient, se tenait près d’un arbre brisé en deux, telle une brindille. Une bête d’un bon 3 à 4m de haut ayant la capacité de tuer n’importe laquelle des chasseresses d’un seul coup de mâchoire. Le stress montait chez Triss. Elle avait peur. Elle ne pouvait le nier mais elle essayerait de donner son maximum si les autres décidaient de le combattre. Le silence durait et aucune des amazones ne bougeait, une fois trouvée une cachette offrant un bon point de vue sur le monstre. Triss ne savait que faire et continuait à suivre le groupe. La bête ne les avait pas encore vues. Cette situation était à leur avantage mais cela suffirait-il ?
Mer 14 Aoû 2019 - 21:03
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Dargor
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Dargor
La bête était là, dans la clairière. En fait, les amazones virent rapidement qu’elle dépassait en taille tout ce à quoi le groupe de chasse s’attendait. Et c’était un problème. Il n’aurait pas dû laisser des empruntes si peu profondes, et si fines, en étant aussi grand. Mais de toute évidence, il l’avait fait. A moins que …

Ce fut une amazone du nom d’Elkane qui, la première, essaya de s’aventurer discrètement dans la clairière. Ce fut également elle qui comprit la première, car ce qui était caché par des arbres tombés aux yeux du groupe, c’était la dépouille du prédateur que les femmes traquaient depuis plusieurs jours à présent. Dépouille que la bête plus grande encore était occupée à dévorer, lentement, savourant un repas qui était de toute évidence acquis de longue lutte. Il y avait un nouveau prédateur dans cette partie de la Jungle. Et un sensiblement plus grand que le précédent.
Elkane était une jeune chasseuse. Elle n’avait pas encore toute l’expérience de ses aînées. Elle avait voulu bien faire, et se savait capable de faire cette inspection sans risques. Et ses sœurs le savaient également, aussi l’avaient-elles laissée faire, plaçant en elle une confiance totale. Cette confiance s’avéra bien placée, jusqu’au moment où elle voulut reculer. La plus infime des erreurs peut dans ce contexte être un arrêt de mort. Et à sa décharge, la présence d’un tel monstre a un effet hypnotisant. Et même la plus expérimentée des amazones aurait pu ne pas sentir cette branche d’arbre au sol. Alors une plus jeune…

Le craquement fit lever la tête au monstre. Humant l’air, il sentit qu’il était observé. Il reprit cependant son repas, devenu plus nerveux et donc plus prudent qu’auparavant, offrant au groupe de chasse l’occasion de se replier. Et c’est ce qu’elles firent, aussi vite que possible, sous l’impulsion de Caessa, qui fit comprendre, dans le langage de gestes de ce peuple, qu’il fallait retourner au village le plus vite possible. Si ce monstre décidait de faire de cette partie de Jungle son nouveau territoire, alors on ne pouvait plus y vivre.
Mais la nuit suivante devait virer au cauchemar. Se sachant observer, le monstre avait dû avoir l’intelligence d’inspecter son nouveau territoire. L’ironie du sort voulut qu’Elkane, de garde cette nuit-là, fut la première à mourir. Dans la confusion de l’attaque qui s’ensuivit, le groupe d’amazones se dispersa à travers les arbres. Des cris, des rugissements, et le tremblement de la terre sous les pieds du monstre, et les grondements sourds que son pas déclenchait, et les arbres qui craquaient sous sa charge, et des bruits, encore des bruits, qui ajoutaient de la confusion à la scène, car la Jungle n’est jamais silencieuse quand l’un de ses grands prédateurs entre en chasse.

Quand finalement le calme revint, Caessa était entre les racines noueuses d’un arbre, avec l’étrangère, et deux autres chasseresses. Elle en pleurait de rage. Il était impossible de savoir combien de ses sœurs étaient mortes ce soir-là. Elle savait cependant que les survivantes ne chercheraient pas à rejoindre le village. Elles auraient la sagesse de ne pas le faire.

« C’est lui ou nous maintenant, dit-elle à Triss. Il a flairé l’odeur de nos sœurs, et a goûté leur sang. Et je sais d’expérience qu’il y a pris goût. C’est très savoureux, et bien plus facile à chasser que le lézard pour lui. Alors nous ne pouvons pas rentrer au village. Nous ne ferions que l’y attirer. Il n’y a qu’une seule solution à présent. Tu nous a vues fuir l’affrontement plus tôt dans la journée. Mais à présent, nous n’avons plus le choix. Une amazone seule ne peut pas survivre dans la Jungle, et le village ne peut pas courir un danger aussi grand. Nous devons tuer cette bête.
-Pendant l’attaque, souleva l’une des deux autres chasseresses, j’ai remarqué quelque chose. Ce monstre a une énorme tâche sombre sur un flanc, et j’ai trouvé qu’il s’essoufflait vite. Tu penses que ce serait notre première proie qui l’aurait blessée, aînée ? »

Caessa s’accorda quelques instants de réflexion, resserrant les bandes de cuir qui attachaient la lame de sa lance à son manche, pour faire un geste quotidien, qui elle savait lui permettrait de rationnaliser ce qui se passait en cet instant.

« Il nous faut l’espérer, dit-elle finalement. Car s’il est blessé, alors sa propre crasse pourra l’empoisonner, et nous aurons une chance. Quatre contre un grand, ce serait un bel exploit, même blessé. En attendant, toi, Letaë, ma sœur, tu vas courir au village aussi vite que possible. Je sais, j’ai dit que nous ne devions pas y retourner. Mais il faut que quelqu’un les prévienne et leur dise de s’éloigner de la zone. Donc en fait … Nous serons trois. Dont une qui n’a jamais combattu. Que les étoiles nous viennent en aide. »

La chasseresse était amère. Quelles étaient ses chances, au fond ? A trois, aucune. Elle ne pouvait qu’espérer entraîner le monstre dans une traque suffisamment longue pour qu’il s’éloigne définitivement du village. Mais en fait, il n’en fut rien. Dès le lendemain, elles revinrent sur le lieu de l’attaque dans la nuit. Il n’y restait plus rien, si ce n’était des armes brisées, qui furent ramassées. Letaë les quitta ici, et repartit vers le village, tandis que les trois chasseresses restantes durent s’élancer sur la piste de la bête. Une nouvelle traque, mais plus prudente encore que la précédente, mais surtout extrêmement étrange, car il devint vite évident que comme l’avait annoncée leur sœur, le monstre devait être blessé. Il les précédait toujours, ne se laissant pas rattraper, mais en même temps, il était évident que le trio s’en approchait toujours plus à mesure que les jours passaient. Et petit à petit, Caessa commença à acquérir la certitude que non seulement elles s’approchaient, mais que la bête se savait traquée, et jouait un peu avec cela, cherchant à les entraîner toujours plus profondément dans la Jungle. Ses compagnes s’inquiétèrent qu’elle développe une telle pensée. Mais elle était uniquement concentrée sur la traque. C’est ce qu’elle leur assura. Elle ne laisserait rien au hasard.
Dim 15 Sep 2019 - 21:10
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Triss Miders
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Triss Miders
Quelques jours étaient passés depuis le début de la nouvelle chasse, si l'on pouvait considérer les trois femmes comme des chasseresses face à un tel monstre: un lézard gigantesque pouvant tuer bien des êtres dans cette Jungle. À vue d’œil, selon ses souvenirs, Triss lui donnait un bon cinq mètres de haut. Il était donc capable d'en finir avec les deux guerrières et la barde en trois coups bien placés. Triss se savait être le poids mort du groupe, mais aucune aide ne pouvait être refusé dans pareille situation. Puis les amazones lui avaient paru être un peuple accueillant où régnaient le bon vivre, et elle ne voudrait pas que cela change. Elle essayerait donc de faire du mieux qu'elle pouvait pour aider ses deux compagnes dans cette bataille. Dans le fond, n'avait-elle pas grandi au Prébois et n'était-elle pas une chasseresse? Il ne lui restait plus qu'à renouer avec ses anciennes racines et à faire ses preuves. La voie du guerrier, de l'épée et de l'arc n'était plus ses priorités depuis bien longtemps, mais dans le besoin, ne devait-elle pas y revenir ?
L'arc à la main, les trois femmes avançaient dans leur traque. Caessa était devant et avait pour mission de donner le pas et la piste aux deux autres. La seconde Amazone, une certaine Maya, fermait la marche. Elle représentait l'arrière garde et gardait comme idée de repérer une possible attaque d'une autre créature de la Jungle. Quant à Triss, au centre, elle gardait les deux latéraux et opérait le rôle de jonction entre les deux amazones. Sauf que bien souvent, elle montrait l'étendue de son ignorance et de son incompétence. La Jungle lui restait inconnue. Or plus le temps passait, plus elles voyageaient dans son cœur. La lumière du jour se faisait de plus en plus rare et elles passaient devant une nature qui n'avait plus connu de présence civilisée depuis bien longtemps. Tout lui paraissait plus oppressant, comme si la nature désirait la tuer ou la faire fuir. Mais elle devait continuer, autant pour Élyse et elle-même que les autres amazones.
Parfois, il y avait quelques ruisseaux lézardant la terre et ceux-ci posaient problème. Ils ralentissaient le groupe qui devait le traverser. Autant pour les amazones, souvent la tâche ne posait pas de problèmes, ce qui n'était pas le cas pour Triss. Et elle le voyait sur le visage de Caessa. Mais cette fois-ci, la tâche était plus ardue pour elles toutes. La journée touchait à sa fin et elles savaient qu'elles s'approchaient de leur proie sans être assez proches pour la rattraper de suite. Le lézard était intelligent et pernicieux. Il devait espérer les épuiser autant qu'il l'était pour mieux les vaincre. Avec les êtres civilisés, cela posait moins de problèmes, car étant imbus de leur puissance, ils baissaient leur garde. Mais la nature était au-dessus de tout ça, elle avait compris que seule la vie compte, et non l'honneur. Et le monde se portera bien mieux, car les humains et encore beaucoup d'autres races l'auront compris.
Pour cette fois-ci traverser, elle avait encore dû faire toute une grimpette dans les arbres pour profiter des branches assez proches des arbres de l'autre rive, et y redescendre. Plusieurs fois, Triss avait senti une branche casser sous son poids et n'avait pas été loin de passer de vie à trépas, si elle ne compensait pas sur les autres prises. La fatigue montait et les erreurs se multipliaient. Une fois de l'autre côté, Caessa les poussa à encore avancer un peu et reculer de la rivière pour se reposer. Exténuée, Triss avait envie de tout lâcher quand l'amazone lui annonçait que c'était fini pour aujourd'hui. Si elle s'écoutait, elle s'endormirait tout de suite, mais elle devait encore faire plusieurs activités: se nourrir, préparer un minimum le terrain en cas d'attaque nocturne, composer un tour de garde, ...
Heureusement, la nourriture ne demandait aucune préparation. Elles avaient des rations de survie, fades et quelque peu immondes à force d'en avoir consommé tous les jours depuis le début de la chasse. Seulement, bientôt même ces rations viendraient à manquer. C'était le signe que la confrontation ne devrait pas tarder sinon les amazones n'en reviendraient pas, sans nourriture. Même si la Jungle était nourricière, elles n'avaient pas de temps à perdre. Ils ne leur restaient plus qu'à mettre en place l'ordre pour la garde et de trouver l'endroit exact pour dormir, en cas de défense si attaque nocturne il y avait. Il fut décidé que Triss serait la deuxième dans le tour de garde. Elle n'était plus apte à quoi que ce soit pour le moment et elle avait besoin de repos. Sans se faire prier, elle s'endormit directement, sous les yeux des deux amazones. Elle était un poids, et sur le coup elle l'assumait si ça lui permettait de se reposer. Elle n'était pas une amazone et elle ne le serait jamais. Elle aimait trop voyager pour se contenter de la Jungle.

Elle fut réveillée par Caessa pendant la nuit pour prendre son temps de garde. Le temps passait lentement et Triss ne savait que faire pour attendre. Même si elle avait pu un peu dormir, le sommeil la guettait non loin et n'attendait que le bon moment pour reprendre le dessus. Sauf qu'elle ne pouvait pas perdre ce combat. Elle prit donc la décision, quelque peu inconsidérée, de marcher un peu pour se maintenir réveillée pendant sa garde. Elle fit le tour du camp et prit la peine de découvrir le terrain aux alentours: des arbres, des arbres et encore des arbres. Mais une chose était encore plus marquante que la présence d'une végétation sans fin, c'était le silence. Elle n'entendait rien à part ses bruits de pas et sa propre respiration. Si elle se rappelait bien, même si les nuits avaient tendance à être plus silencieuses, jamais la Jungle ne se taisait complètement. Elle ne se sentait pas à son aise. Elle veilla donc dans cette atmosphère pesante une bonne heure pour finalement entendre un bruit. Puis un autre vint et ainsi de suite, dans une régularité, comme des bruits de pas, d'une puissance digne d'un géant. Et le son s'avançait vers eux. Elle courut vers les amazones et les réveilla en annonçant l'arrivée d'un danger.
Chacune des deux se réveilla, non sans bien sûr quelques difficultés. Après s'être préparées, elles discutèrent sans un bruit avec leur langage. Triss n'y comprit rien, mais chacune partit d'un côté. Caessa vit un signe pour que Triss la suive, ce qu'elle fit. À ne point en douter, il n'y avait qu'un seul être qui pouvait avancer vers eux en ce moment. Le destin avait décidé que la confrontation se passerait cette nuit. Et les trois chasseresses donneraient tout ce qu'elles avaient pour la remporter. Triss voulait remercier les amazones et leur montrer ce qu'elle pouvait, tandis que les amazones désiraient protéger les leurs. La barde ne partit pas sans adresser rapidement une petite prière à Filyon, pour lui porter chance et qu'elle survive à cette bataille. Même si ce n'était pas son domaine, elle vouait une confiance infaillible et avait bien plus d'amour pour la déesse des arts que pour les autres.
Jeu 3 Oct 2019 - 13:51
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Dargor
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Dargor
S’il y avait bien une chose terrifiante avec les profondeurs des deux plus grandes forêts de ce monde, c’était bien que l’on ignorât totalement quel genre de créatures pouvaient s’y dissimuler. C’était par ces mots qu’on érudit aurait décrit la situation dans laquelle se trouvaient les trois chasseresses, quand la bête énorme, dont le pas faisait trembler la terre, passa en-dessous des branches dans lesquelles elles s’étaient réfugiées. Il leur fallut un plan d’action, car il était inenvisageable d’attaquer tête baissée un tel monstre. Malgré la cicatrice, clairement, à exploiter, qu’elle avait sur le flanc.
Caessa, la meneuse du trio, observait silencieusement le monstre, se remémorant les dégâts qu’il avait fait il y avait quelques nuits de cela. Elle se nourrissait du souvenir du carnage pour mieux se concentrer, et se rappeler de pourquoi souhaitait-elle agir ainsi. Pour protéger son peuple, qui était menacé par la présence de ce prédateur sur leurs terres. Il était clair qu’il n’avait qu’une seule envie, et c’était de venir goûter à de la chair fraiche à nouveau.

Ayant observé que le monstre ne levait pas la tête, les chasseresses conçurent un plan. Cela devait leur prendre la journée, mais elles résolurent de tisser … Un filet. Les lianes de la jungle autour d’elles seraient utiles pour tenter de neutraliser ce monstre. Lesté sur les côtés, peut-être permettrait-il de gêner assez ses mouvements pour permettre de lui porter un coup. C’était un plan dont les trois chasseresses réalisaient l’idiotie totale, puisqu’il serait difficile, si ce n’était impossible, de manipuler à elles trois un tel objet. Mais face à une telle force de la nature, c’était tout ce dont elles disposaient. De l’espoir, et un plan. Mais Caessa, au fond d’elle-même, savait que ce plan n’était pas suffisant.
La nuit tomba finalement, et le groupe, fatigué, dût s’endormir. Son tour de garde était le moment que Caessa attendait pour agir. Il fallait tenter autre chose. Mais elle ne pouvait en parler à ses compagnes de voyage. L’une n’aurait pas compris, l’autre était une étrangère, et ne connaissait rien au sens du sacrifice qu’il fallait avoir dans ce genre de situation. S’emparant de son arme, elle descendit au sol, et se mit à pister le monstre, qu’elle trouva finalement endormi, dans une tanière qui de laquelle sortait l’odeur de mille cadavres en putréfaction.

Elles furent réveillées par un rugissement. Aussitôt, l’amazone fit signe à Triss de la suivre, quand elle comprit ce qui se déroulait. Ensemble, elles durent abandonner cet insignifiant filet qui avait représenté pendant quelques heures le centre de toute leur existence, et ensemble, elles durent courir au-devant du danger, faisant fi de toutes les règles élémentaires de prudence qu’elles avaient dû respecter depuis le début de la traque. Mais elles arrivèrent trop tard. Celles qu’elles prenaient pour une meneuse gisait dans son sang, entre deux arbres. Mais auprès de ces derniers, elles virent un monstre qu’elles avaient déjà vu plus tôt dans la journée retourner dans sa caverne, en boitant, sans même prendre le temps de dévorer le corps de son adversaire.

« Cela ne peut signifier qu’une seule chose, dit-elle. C’est qu’elle a au moins réussi à gravement blesser la bête… »

Sans cérémonie d’aucune sorte, car il n’y en aurait pas besoin, elle prit sa lance, et fit signe de se replier. Aucune d’elles n’était aussi bonne guerrière que Caessa l’avait été, et il n’était pas question d’essayer d’estimer le point auquel la bête avait exactement été blessée. Et cette peur, elles l’utilisèrent pour marcher loin de la tanière, s’en servant comme d’une nourriture. Mais une nourriture qui avait une sorte de goût étrange dans la bouche. Car ce n’était pas une peur qui déclenchait une fuite éperdue, mais une peur teintée de respect, ce qui la rendait maîtrisable. En effet, n’avaient-elles pas peur d’un animal pourtant gravement blessé par Caessa ? Elle qui avait été l’affronter alors qu’il était indemne, ou tout au plus légèrement gêné par une vieille cicatrice ?

C’est dans ce contexte qu’elles revinrent en arrière, espérant simplement arriver au village sans laisser de traces. Mais en fait, elles n’y arriveraient jamais. Car en chemin, elles croisèrent une autre partie de chasse, menée par Béryl, la sœur de sang de Caessa, qui avait refusé d’abandonner cette dernière. Aussi, et faisant fi des règles qui étaient imposées à sa société, elle avait réuni ses meilleurs éléments, et était venue en renfort. Elle était juste venue vingt-quatre heures trop tard. Mais le temps du deuil fut pour elle courte. Puisque le monstre était ainsi blessé, il y avait là une opportunité de récupérer le territoire qu’il leur contestait. Elle fit donc signe à l’ensemble des protagonistes d’aller récupérer le filet précédemment tissé.
Et cette fois, oui, cette fois, le groupe était assez nombreux pour le manipuler convenablement. Seul problème, il fallait pouvoir le laisser tomber sur le monstre sans se faire emporter par le poids de la chose.
La solution vint encore des lianes. Et on fit non pas un filet cette fois mais … Des balançoires. Des balançoires, qui permettaient d’aller, avec un saut agile, d’un arbre à l’autre, en s’élançant dans un sens, puis en sautant, tandis que la balançoire en question repartait en arrière, à destination de quelqu’un d’autre. L’entraînement dura toute la journée durant, et ce fut une journée de préparation à la mort et au combat des plus insolites, comme le monde n’en avait jamais, ou à tout le moins exceptionnellement rarement, vu.
Car même adulte, n’importe qui peut garder une âme d’enfant. Et dans les contextes les plus sinistres, le rire peut être la plus douce des solutions, pour oublier que le sang allait bientôt couler. La balançoire serait à n’en pas douter, et qu’elle qu’en soit l’issue, le symbole de cette chasse, pour qui en reviendrait.
Alors même qu’elles ne devaient servir qu’à sécuriser les chutes qui pourraient advenir, quand  le filet serait lâché, en permettant à qui tomberait de rester suspendu en l’air, se balançant entre deux arbres !

« Fini de rire, finit par dire Béryl, tandis que le soleil déclinait. Caessa est morte parce qu’elle a oublié la loi fondamentale de cette forêt. Qui est seul ne peut y survivre. Nous sommes des êtres faibles. Nous utilisons la peau d’animaux pour nous protéger du froid et de la pluie, et des pierres pour nous battre. C’est le fait d’être en groupes qui fait notre force. Rien de plus, rien de moins. Et contrairement à elle, nous n’oublierons pas cela. »

Puis elle se tourna vers l’étrangère, Triss. Elle avait une mission bien particulière à lui confier. C’était elle qui serait la proie. Le monstre était encore dans son antre. Elle allait s’y rendre, le narguer, et se faire poursuivre, jusqu’au filet. Là, ce serait à elle de l’attirer bien en-dessous, et de donner le signal, au moment où elle jugerait qu’il y serait pris. Puis Béryl arriverait, munie de la lance de Caessa, et frapperait.

Tel était le plan, et cette fois, il semblait réalisable.
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Mer 9 Oct 2019 - 19:05
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Triss Miders
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Triss Miders
La nature sauvage ! Qu’est-ce réellement ? La Jungle fait partie de la nature, mais est-ce une entité propre ou le prolongement d’un être titanesque réunissant bien plus, même la Grande Forêt ? Ou alors il faut viser au plus simple avec l’idée de petit point de vie différent n’ayant aucun lien entre eux à l’exception d’une cohabitation. Des arbres, des animaux, des plantes, des fleurs et encore bien d’autres vivant dans une harmonie parfaite s’étant croisée par pur hasard sans aucune intervention. Ou peut-être faut-il rejoindre ce tout à la divinité et que chaque être est une partie d’Elye s’étant incarné et la rejoignant à sa mort pour repartir plus tard sous une forme nouvelle. Un éternel recommencement où la chair, quelle que soit sa nature, naît, meurt et revit. Un cycle sans fin de vie de mort formée sur la roue de l’éternité du temps, un mécanisme complexe où toute être vivant participe et a sa place. De toute façon, il y a beau y réfléchir, personne n’a de réponse à cette question non existentielle, même Triss se perdant là-dedans dans ces pensées pour faire la peur.

Elle qui voulait lutter pour les amazones, allait devoir jouer le rôle central de la traque. Elle allait chasser en étant la proie. On pourrait presque dire qu’elle partait se donner en pâture à la bête, mais si elle commençait à réfléchir comme cela, elle ne s’en sortirait pas. Elle se retourna une dernière fois vers les amazones qui la regardaient autant comme une inconnue que comme une grande guerrière. Elle n’appartenait pas à leur monde et elles n’auraient aucune gêne à la sacrifier pour le bien commun. Elle était seule dans la Jungle et comme elle venait de le comprendre par la triste réalité de la mort : nous ne sommes rien dans la Jungle et nous ne survivons pas seuls. Sa vie n’était rien dans le poids de la balance des survies des amazones face à la nature. Elle rangea toutes ses armes, à l’exception d’un long couteau, n’en ayant pas spécialement besoin et se mit en marche, avec la discrétion et la grâce d’un chat. Elle était la proie, elle était la chasseuse.
Elle avança ainsi pendant une vingtaine de minutes, les amazones ayant approché un maximum de la créature, et se retrouva à vue de celle-ci. Ce n’était plus que l’ombre d’elle-même, un animal blessé et craintif ne souhaitant le mal à personne si on se fiait à son regard actuel. Mais dans le fond, jamais il n’oublierait sa véritable nature et y reviendrait une fois soigné, car tel était sa place dans la nature. Il était le prédateur ultime, mais aujourd’hui c’était lui la proie. Elle se montra au monstre et s’indiqua en criant un bon coup. Il la vit et sans hésiter, car que pouvait le moucheron face à la bête, il se leva et se mit à la suivre.
Sans même vérifier qu’il la suivait, elle courut de toutes ses forces, en sautant par-dessus les racines et dans les fourrés sans même regarder au fait que le chemin soit pratique pour elle. Elle était griffée de partout par les multiples branches, arbustes et autres, mais elle ne sentait rien tellement que son adrénaline montait. Derrière elle, la bête la coursait, renversant tout sur son passage. Rien ne lui résistait et elle épuisait ses dernières forces dans cette charge chevaleresque à la poursuite de sa nouvelle proie : une de ces créatures appétissantes qu’elle avait eu la chance de goûter. Quelques arbres tombaient même dans sa charge, faisant fuir toute vie de la Jungle aux alentours de cette arène. Le bruit sourd de la chute des arbres indiquait à tous qu’un danger était présent et que la fuite n’était que la seule option. Et même le plus stupide des hommes pouvait le deviner.
Triss courut encore et encore, à en perdre presque son souffle. Elle était en sueur autant à cause de la peur que de l’effort. Ces minutes à courir lui parurent être les plus longues de toute sa vie. Elle ne savait que faire à part cavaler, comme si elle avait créé pour cette seule activité : courir, courir et encore courir. Elle était la gazelle coursée par le lion. Une minute passa, puis deux… puis une éternité pour Triss, voyant défiler les arbres devant elle qui n’était rien pour la bête.  
Puis quand elle arriva enfin à l’endroit du filet, elle avança encore enfin et se retourna pour fixer la bête. Elle compta dans sa tête en la regardant dans les yeux : un, deux et trois.

- Maintenant ! cria-t-elle.

Le filet tomba sur la bête qui n’eut plus la force de résister face à cette embûche et non loin sortit Beryl qui acheva son trépas de plusieurs coups secs et violents avec la lance de l’amazone défunte. Ainsi son esprit pouvait reposer en paix, son devoir accompli. Les amazones avaient vaincu la bête, mais pour Triss, ce n’était pas encore fini. Elle n’avait pas réalisé l’exploit et ne s’en était pas remis. Elle avança vers la bête et sortit son couteau qu’elle planta d’abord une fois dans l’œil de la créature. Puis elle se replanta encore une seconde fois et ensuite une troisième fois puis encore de multiples fois pour s’assurer de la mort du monstre.

- Tu es morte. Meurs. C’est toi la proie, cria-t-elle de toutes ses forces pour extérioriser ce qui venait de se passer.

Après ces nombreux coups qu’elle avait infligés à la créature déjà morte, elle était pleine de sang. Mais cela ne l’importait pas, car enfin elle sut qu’elle était la chasseuse. Même si ce n’était pas sa place établie par la nature, elle se l’était créée, non seule, mais avec d’autres. Elle se sentait mieux et enfin elle pouvait lâcher prise.
Mer 16 Oct 2019 - 22:14
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Dargor
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Dargor
Une fête serait organisée, parmi les amazones, pour célébrer l’évènement. Ce n’était pas tous les jours qu’une tribu parvenait à terrasser l’un des grands prédateurs de la Jungle. En temps normal, quand une telle bête se mettait à marcher et à rugir, le reste des habitants de la forêt se mettait à trembler, et tous cherchaient un moyen de fuir. Mais ce jour n’était pas arrivé ! Cette fois, les amazones avaient combattu. Elles avaient profité de la blessure que la bête avait subie durant un précédent combat pour contre-attaquer. Et par le sacrifice de Caessa, leur meilleure chasseresse, elles avaient pu triompher. Et ceci était un véritable exploit.

« Retenez bien cela, dit Beryl autour d’une grande flambée. Caessa est morte parce qu’elle a cru qu’elle devait combattre seule, et qu’elle le pouvait. Mais la véritable force des amazones réside dans le fait que nous agissons en tribu. Dans toutes les circonstances de notre vie, la tribu est la chose la plus importante qui soit, car c’est elle qui nous permet de triompher et de vivre. Pourquoi, malgré l’avis de la légendaire Magda la Voyageuse, que je tiens pour une traîtresse, vivons-nous dans la Jungle ? C’est parce que nous savons qu’ici, nous sommes meilleures que les peuples de l’extérieur de la Jungle. Regardez ces monstres qui viennent jusque chez nous enlever nos sœurs jusque dans des pays lointains ! Beaucoup d’entre eux meurent dans la forêt sans même que nous ayons à intervenir. Et vous savez pourquoi ? Cela se voit. Parce qu’ils ne sont pas des tribus. La tribu est quelque chose de plus fort que nous. C’est ainsi, et c’est ce que nous fêtons aujourd’hui. Notre tribu. »

Et ce fut une grande fête. Plusieurs tribus voisines furent mêmes invitées, car elles aussi profiteraient de la disparition de la bête. En arrivant, ces dernières amenèrent un grand nombre de cadeaux, car après tout, ce n’était pas elles qui avaient triomphé du monstre ! Et si Triss souhaitait observer la musique amazone, notamment, elle serait comblée en cette soirée, car de fait, tous les instruments exotiques que pouvaient posséder ces tribus furent à l’occasion sorties. Et il faudrait reconnaître que malgré leurs ressources limitées, du fait de la domination de la Jungle et de la façon dont leur territoire n’était, somme toute, pas dressé, les amazones savaient utiliser aux maximum le potentiel de leur territoire pour produire tous les instruments aptes à fournir une distraction. Elles en jouaient rarement ! Car de telles distractions les coupaient des questions de vie et de l’écouter aux dangers de leur habitat. Mais là, elles le pouvaient, car le grand lézard était mort, et il y avait donc quelques jours de répit avant que les autres prédateurs assez dangereux pour oser s’aventurer sur le territoire d’une tribu amazone n’osent s’aventurer. L’odeur du monstre récemment mort était encore beaucoup trop forte, après tout.
Ces instruments, donc, appartenaient tous aux familles des vents, percussions et cordes. La plupart étaient fabriqués à l’aide d’os ou de bois de jungle soigneusement travaillé, ainsi que de peaux d’animaux, et parfois même d’écailles, qui produisaient un son plus mat. Si bien sûr, un luthier oréen, avec son atelier, aurait jugé la coupe de ces derniers absolument barbare et malpropre, il fallait bien reconnaître que le son qui en était sorti était net et sans bavure. Elles savaient fabriquer leurs instruments, et elles savaient surtout comment en jouer.

Mais les chants, les danses rythmées, la musique, ne seraient pas tout. Car ce soir, il y aurait également un grand festin. Le corps du prédateur n’avait pas simplement été laissé à être avalé par la Jungle. Ce qui avait été laissé le serait, à terme. Mais pour les amazones, rien ne se perdait. Elles avaient mis un certain temps, sur place, à le dépecer pour en récupérer différents éléments. Non pas la viande, car elles savaient d’expérience que la chair d’un prédateur avait tendance à être du poison, mais elles avaient récupéré sa peau, solide, et autant que possible, n’avaient pas hésité à fouiller profondément dans son corps pour récupérer les puissants os de la bête, ainsi que ses dents. L’opération aurait été compliquée en temps normal, mais quand une tribu complète, et experte à la matière, s’y attaque, elle ne leur prit en fait que quelques heures, pas même une demi-journée.
Ramener tout cela au village, avec le poids que ce butin pesait, fut en fait la partie la plus compliquée, et avant de faire la fête, beaucoup des amazones étaient allées dormir, éreintées par le voyage. Toujours était-il que, ce soir-là, les restes qui avaient été pris furent exposés. Les os serviraient d’armes et d’outils, les crocs de trophées, et la peau à tout et n’importe quoi. Mais en ces trois éléments, il y avait un constat commun, et c’était qu’il y en avait trop pour une seule tribu. Alors la fête fut aussi l’occasion d’échanger avec les autres tribus. Ce n’était pas du commerce à proprement parler, ni même du troc. C’était simplement la reconnaissance que certaines sœurs avaient plus besoin que d’autres de ces matériaux, et qu’il fallait donc le leur donner. Seuls les crocs furent toujours gardés par les amazones de la tribu qui avait vaincu, car c’était elles, après tout, qui avaient versé leur sang pour débarrasser la région de cette menace !

Enfin, l’ultime surprise serait le changement de nom de Béryl. Il fallait en effet honorer Caessa, qui avait fait don de sa vie pour affaiblir assez la bête pour que la tribu puissent frapper. Et dans la jungle, aux yeux des amazones, rien n’était plus sacré qu’une vie. Absolument rien. Aussi fallait-il qu’une amazone puisse incarner parmi les autres le souvenir de Caessa. Béryl fut choisie, car elle était proche d’elle. Durant la soirée, la musique se tut donc, et devant toutes les tribus, Béryl changea. Elle renonça à ses propres vêtements, enfilant ceux de la défunte, encore tâchés de son sang. Elle posa au sol sa lance, et prit celle que Caessa avait planté dans le flanc du monstre. Ses cheveux rouges furent teints en noir, avec l’aide d’une autre sœur.
Caessa était morte. Caessa était vivante. Béryl était vivante. Béryl était morte.
Un statut à part.

« Elle est désormais doublement sacrée, fit la voix de l’élue de Filyon, dans le dos de Triss. »

Elyse Fadelis avait parlé discrètement, pour respecter le silence religieux de la cérémonie.
Jeu 24 Oct 2019 - 12:29
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Triss Miders
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Triss Miders
La fête était au goût de la barde. Elle y découvrait de nombreux éléments culturels et discrets chez les amazones : leurs instruments de musiques, leurs chants, leurs danses, leurs tenues de fête et encore bien d’autres. Et tout était d’une simplicité et d’une rusticité, mais donnait un résultat plus que convaincant. Une oreille aguerrie verrait quelques problèmes dans la musique, mais la plupart venait d’une mauvaise maîtrise de l’artiste plutôt que de l’instrument. Elle avait par exemple ainsi pu toucher à une flûte creusée à même l’os d’une des créatures de la forêt, décorée de nombreuses incrustations à motif végétal ou animal. Et cette habitude de décorer l’instrument, pour en faire un objet d’art aussi convaincant que le son qui en sortait, était une habitude pour la grande majorité.
Mais ce qui l’avait surtout enchanté, c’étaient les couleurs et les tenues des amazones. Aussi vaste que l’infinité de couleurs de l’arc-en-ciel, aucune tenue n’était la même qu’une autre. Chaque amazone avait l’impression d’avoir la sienne, et peut-être existait-il un sens par rapport aux choix des couleurs et de la coupe selon le caractère de l’amazone ou d’autres liens inconnus. Mais Triss n’avait mené l’enquête plus loin même si l’idée lui était passée par la tête. Seulement où fallait-il commencer pour percevoir l’entièreté de la culture amazone, qui étaient bien plus complexe que la majorité du monde civilisé le voyait.
Par exemple, une des amazones, assez jolie selon les critères de la barde, ce qui avait d’ailleurs provoqué le fait que son œil avait capté cette information, était vêtu d’un ensemble rouge léger mêlant divers tissus et peaux pour donner un aspect exotique. Et l’ensemble formait un tout plus qu’appétissant pour les yeux, mais elle n’en fit quand même rien, car elle n’était pas là pour ça, mais rendre hommage à la mémoire de Caessa.
Avant que la cérémonie de résurrection de Caessa n’ait lieu, les amazones de sa tribu lui offrirent de nombreuses danses pour l’accompagner parmi les esprits des défunts de la tribu. La danse lui montrait la voie où les amazones, coiffées de grands masques pour cacher leur identité et surtout la dénaturer, car elles étaient le lien avec les morts, invitaient à rejoindre la défunte Caessa, elle aussi représentée par une amazone camouflée par un casque, dans le cycle de la mort et dans sa danse effrénée. Le tout était accompagné d’une musique effrénée au rythme rapide. La danse était un moment de joie et il n’était pas rare que des amazones des autres tribus viennent danser en mémoire de Caessa, sans interrompre le rituel. Tout était fait dans une volonté de bonne entente et dans l’espoir que la défunte connaisse la paix parmi les siens et toutes les amazones y mettaient leur cœur. Ce n’était pas n’importe qui qui était tombée. C’était une de leur sœur, mais surtout c’était une grande guerrière qui par son action avait en quelque sorte sauvé les tribus.
À la fin, la musique se calma puis se stoppa net. Les danseurs avaient disparu de la scène et Béryl put s’avancer. En prenant l’arme et les vêtements de Caessa, en plus de son nom, elle lui offrit une seconde vie, en plus de celle passée dans l’au-delà. Après Triss n’était pas sûre de tout comprendre, car même si quelques amazones lui expliquaient la cérémonie, beaucoup d’aspects lui restaient flous.
Tout se passait bien pour Triss dans la fête, même si souvent elle restait parfois en retrait par peur de faire une erreur. Cependant, elle se sentait seule, elle n’était pas réellement à sa place. Si aucune amazone ne lui faisait la remarque, elle le sentait dans les regards des inconnues. Elle ne faisait pas partie de ce monde et même avec toute sa bonne volonté, elle ne le serait jamais. Elle était une barde qui avait voyagé à travers le monde. Une sans-patrie qui avait des fourmis dans les jambes, ce qui l’obligeait à ne jamais s’arrêter de voyager et de découvrir. Sa curiosité n’avait aucune borne, mais à contrario, elle ne connaissait aucun foyer. Même ses amitiés n’étaient pas fixes, ils étaient eux aussi des gens du voyage, s’ils n’avaient pas tout simplement connu la mort dans les caniveaux, oubliés ainsi de tous.
Et pourtant, une voix l’avait sorti de sa mélancolie : Elyse était là, juste derrière elle. Elle s’empêcha de se retourner d’un coup et de l’enlacer, par respect pour la cérémonie et aussi pour éviter de connaitre une nouvelle fois le choc du refus d’une relation plus qu’amicale entre elles deux.
Mais une fois que celle-ci fut finie, les deux femmes se mirent à l’écart et purent discuter de tout et de rien. Ainsi Triss raconta son périple tandis qu’Elyse racontait le sien parmi les chamanes amazones. La barde retrouva bien vite le sourire une fois que sa mélancolie une fois s’était envolée vers d’autres horizons. Mais une question restait en suspens et Triss coupa à la discussion avec celle-ci :

- Que faisons-nous maintenant ? Nous voulions découvrir les amazones et leur culture, et nous n’en avons pas encore fini. Mais qu’allons-nous faire après cela ? Je ne me vois pas m’installer quelque part, même si je suis sûre que je serais heureuse ici. Mais j’aime trop découvrir, apprendre et voyager pour me fixer quelque part. Donc que faisons-nous ? demande-t-elle à l’élue divine, qu’elle considérait comme sa préceptrice.
Mer 30 Oct 2019 - 18:37
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Dargor
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« Ce que nous faisons ? Eh bien, nous continuons à honorer la déesse. J’ignore pour toi, mais durant ces longs jours auprès de la sorcière amazone, j’ai énormément appris sur leur culture. Je pense que le temps est venu de partir d’ici. Voir la chasse des amazones et leur fête doit pouvoir nous suffire. Leur vie quotidienne ne ferait que les rendre banales et ennuyeuses, alors qu’en tant qu’aimées de Filyon, nous ne devons jamais nous ennuyer de quelque chose.
En ne te voyant pas t’établir de façon définitive quelque part, tu montres un très grand amour pour la Déesse, car c’est aussi l’amour de la découverte d’arts nouveaux qu’elle représente, à mon avis. Les prêtres de Finil disent que c’est leur déesse qui bénit les voyages, mais je vais te dire ce que je pense, et je pense que la nôtre les bénit tout autant, si ce n’est plus, car elle bénit ceux qui profitent du voyage pour apprendre de nouvelles façons d’envisager les choses.
Pour ta part, tu as de la chance. Tu es encore jeune et ce monde est immense à explorer. Pour la mienne, j’ai hélas pu contempler l’ensemble des royaumes humains durant ma longue vie. Voilà pourquoi je souhaitais voir les orcs et les amazones. J’ai vu les orcs, et j’ai passé trop de temps chez eux. J’ai vu les amazones, et je pense qu’il faut savoir écourter ce séjour pour qu’elles restent mythiques.
Alors nous allons partir, et vers une nouvelle race non humaine. J’ai envie d’aller visiter la Grande Forêt. Normalement les elfes n’aiment pas les intrus. Mais puisque tu es un semi-elfe et moi une élue, peut-être qu’à nous deux nous pourrons solliciter un passe-droit.
»
Mar 19 Nov 2019 - 18:30
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