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[Ouvert][Quête] En route vers la Nouvelle-Argenterie !
Chapelier
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Gardien du savoir
Chapelier
Le Capitaine Adams Riffengard:

La seconde, Ivy Howe:

Tout n’est que cycle et renaissance, n’est-ce pas la première révélation que je dois connaitre, moi le Gardien du savoir ? Et quand une phase s’achève, déjà la suivante pointe son nez pour relancer à l’aventure les téméraires et les fous. Adams Riffengard, Ivy Howe, Valentino Tarenziore, les filles d’Argenterie, Puerto-Blanco, la piraterie et encore bien d’autres. Tous ne sont que des acteurs dans la grande scène qui va suivre. Ainsi Port-Argenterie connut les cendres par le passé mais n’est-ce pas l’âge de la renaissance ? Le phénix n’est-il pas éternel et ne revient-il pas de sa poussière mortuaire ? C’est ce que ce chapitre va vous laisser en découvrir.

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Valentine Alizé:

Déjà un long mois était passé depuis l’arrivée du Goéland dans les eaux de la cité pirate, et on pourrait croire que son équipage devait se tourner les pouces à profiter de leur retraite dorée. Mais c’était mal connaitre les marins, et encore plus les pirates. Dépensiers et aimant montrer leur richesse, moins d’une semaine leur avait fallu pour dépenser tout leur or à boire, à parier et à baiser, à jouer donc les grands seigneurs. Mais au moins leur argent ne fut pas dilapidé en vain et permit à enrichir la ville et ses commerces grâce aux excès de leur seigneurie temporaire. Et ainsi leur routine revint à devoir s’engager en tant que marins auprès d’autres capitaines prêts à partir en raid contre les premiers convois maritimes ou villes côtières. L’aisance n’avait été qu’éphémère pour ces hommes. Mais ce que peu savaient, c’était que ce cas n’était pas le même pour tous. Adams Riffengard et Ivy Howe gardaient toute leur part au chaud, bien cachée des regards indiscrets, auxquelles s’étaient rajoutées une partie revenant de droit au gouverneur de l’île. Loin des tentations, aucune des pièces et richesses n’avait été dépensée et n’attendait que le jour de leur venue. Mais à quoi faire ? Personne ne le savait si ce n’était les trois concerné qui en discutait entre eux loin des regards.
Quant aux filles d’Argenterie, heureuses d’avoir retrouvé leur sœur, de nombreuses fêtes furent célébrées pour son retour dans la famille. Mais comme c’était le cas pour toutes, les retours n’étaient qu’illusion avant que de nouveaux voyages viennent les aborder à la recherche de nouveaux horizons. Et déjà se préparaient les adieux prochains, à petits pas dans les cœurs. Surtout que leur prochain voyage ne serait pas d’or et d’argent mais plus possiblement d’une couleur carmine aux vues des inconnues à braver. Ariel leur sourirait ou leur chute serait prochaine. Cela personne ne le savait, même la douce Valentine Alizé, la pucelle d’Hasdruba comme on l’appelait parfois. De nombreuses rumeurs existaient sur elle et au grand jamais elle n’en avait crédité, ni discrédité une, laissant ainsi sur sa personne un voile de mystère qui fascinait autant les hommes que sa beauté. On la disait être née dans une noble famille d’Hasdruba et d’avoir fui les siens à l’annonce de son mariage forcé avec le seigneur voisin. Après de nombreuses péripéties, elle aurait gagné les filles d’Argenterie à la recherche d’un nouveau chez-soi où personne ne la jugerait sur son origine, ni sur son sexe. De fil en aiguille, l’histoire avait amplifié et à chaque fois que celle-ci était racontée, un écho s’ajoutait pour au final que plus personne ne sache d’où était le faux du vrai, si ce n’était la première intéressée. Après tout, les loups de mer aimaient les histoires et en voir une sans en connaitre la vérité qui se cachaient derrière ce fin drap ambré les taraudaient. Et ce n’était pas sans déplaire à la demoiselle qui rigolait poliment comme la gente dame dont on la vantait d’être, et auquel elle jouait d’autant plus derrière ses beaux atours dignes de son rang imaginaire. Pour Ivy, Valentine et bien d’autres d’entre elles, il leur fallait préparer leur bagage pour leur prochain horizon. Mais avant de réaliser tout cela, elles devaient préparer un petit quelque chose, une surprise inattendue.  

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James Head:

Adams sortait encore d’une de ses longues entrevues avec le gouverneur de l’île, Valentino Tarenzio. Ils avaient encore tant à planifier et pourtant le temps n’était pas avec eux car la saison s’avançait et ils ne devaient pas tarder s’ils souhaitaient que leur plan se mette en place au plus proche. Après moult discussions, ils en étaient arrivés au fait que l’expédition partirait d’ici une semaine et que les préparatifs devaient être engrangés au plus vite. Cela ne devrait pas tarder à se faire car beaucoup d’acteurs s’arrangeraient pour que tout se passe au mieux, surtout vu les sommes soulevées par ces actions : une bonne partie, si pas tout le pécule qu’avait gardé les propriétaires du Goéland partirait pour cela. Les effectifs seraient de trois navires : le Goéland dirigé par le capitaine Adams Riffengard, l’Espoir composé d’un équipage complet des filles d’Argenterie présidée par Valentine Alizé et le Pendu mené par James Head. Le tout compterait une septantaine d’hommes.
Toute la scène eut lieu dans l’ombre du capitaine Head qui avait tout écouté en se tenant debout derrière le siège du gouverneur, prenant bien note de chaque détail qui avait été soulevé. Alors que tout avait commencé comme à son habitude de manière difficile, après quelques verres de rhum et feuilles de tabac, l’atmosphère s’était détendue dans la fumée âcre. Même le terrible James avait de son étiquette et de son attitude quelque peu dérangeante qui lui valait une réputation spéciale et bien souvent mauvaises. Étant aujourd’hui l’un des proches de Valentino, il avait à l’époque rapidement gravé les échelons grâce à son efficacité sans failles et son manque d’empathie. Pour lui, seule valait la mission et au diable les victimes. S’il fallait brûler les femmes et les enfants pour arriver à réaliser son objectif, il le ferait sans broncher. Non qu’il y prenne du plaisir, il souhaitait juste réussir ce qu’on lui avait demandé. C’est la raison pour laquelle Valentino l’avait pris pour cette affaire, non qu’il doutait des deux capitaines mais il préférait garder une main mise complète sur la situation. Il souhaitait toujours par prudence prévoir chacun des coups et pouvoir les contrer dans un temps record : tel est la sagesse et la prudence d’un être millénaire.
Le tout fut interrompu quand la belle Annabelle, la demoiselle de cœur du gouverneur, vint à rappeler à l’ordre son homme qui manquait à sa mission. L’odeur irritante s’était accrochée au mur de la pièce après ses quelques heures et elle le fit vite comprendre en ouvrant la fenêtre du bureau. La fumée commença à se dissiper pour montrer le burlesque de la scène et chacun reprit sa place. Peu de temps après, une fois que les esprits s’étaient remis d’aplomb, Adams se prépara à sortir une fois que les derniers points furent fixés. Les marchandises avaient déjà été commandées depuis quelques semaines en cachette par le gouverneur et personne sur l’île n’était au courant à l’exception de ses agents. Elles arriveraient sous peu et tout pourra être chargé. Après rien ne prévoyait de prendre de trop. Là où ils comptaient aller, les ressources naturelles étaient déjà riches et ils ne formeraient que l’avant-garde pour une mission bien plus grande. Une poignée de main scella l’affaire et put aussi illustrer à Valentino de la vigueur du vieux capitaine qui n’avait pas fini d’en démordre avec l’aventure et la putain des océans.

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Le lendemain, Adams, les bourses pleines d’une partie de son pactole, marchait en ville. Il passa devant la gigantesque représentation de la déesse des océans. Haut de seize pieds, le regard droit vers le port, la blanche dame aux opulents bijoux continuait toujours à impressionner les pirates. Depuis sa construction par Franco, personne n’avait osé même l’abimer. Après tout, ils restaient des marins craignant autant qu’ils aimaient leur déesse de cœur. Elle était pour eux leur phare et leur tendresse une fois livrés seule en mer loin de la civilisation. Elle était la mère bien aimante et pourtant des fois, difficile. Elle était leur épouse à laquelle ils avaient tous juré fidélité. Et elle était leur fille à qui ils avaient promis mont et merveilles après déjà maints cadeaux. Le temple qui commençait à s’élever sur la place d’Ariel où logeait la statue en était un bon exemple.
Adams avançait vers la prêtresse qui avait attendu sa venue depuis déjà si longtemps aux portes du chantier qui serait plus tard le temple d’Ariel. Jeanne Dion en savait toujours bien plus qu’elle le disait et rien ne pouvait se passer sans qu’elle ne le sache. Tout comme les putains, les prêtresses d’Ariel avaient toujours réussi à arracher le moindre de leur secret aux plus discrets des marins. Elles formaient ainsi une mine d’informations et pouvaient elles aussi prévoir leur coup à l’avance. Adams sans faire d’histoire, sortit sa bourse et la tendit à la prêtresse.

- Je ne souhaite qu’une bénédiction pour mon humble voyage, madame Dion.

Adams était un pieux pirate. Au fur et à mesure que ses tours avançaient et que sa barbe grisonnait, la piété ne faisait que s’amplifier chez le capitaine. Alors qu’avant il était comme tous à prier seulement quand ça l’arrangeait ou dans le but d’obtenir des faveurs aux moments opportuns par pure convoitise, son âge le rattrapait et il se rendait bien compte que chaque voyage pouvait être le dernier. La sagesse faisait ainsi qu’il priait souvent la déesse et prenait la peine avant chaque voyage de lui verser son offrande. De plus, ici l’occasion était trop belle, permettant ainsi de financer la construction du futur temple de Puerto Blanco, la célébrissime cité pirate. La prêtresse connaissait bien le capitaine et depuis son arrivée, elle avait l’occasion de le croiser de nombreuses fois de par son attitude. Elle lui sourit et lui accorda une bénédiction, sans non plus oublier de lui annoncer que chaque soir, une prière lui serait adressée personnellement au vu de la lourde tâche qu’on lui confiait. Le cœur léger et apaisé, le capitaine put ainsi repartir à ses prochains préparatifs sans se faire de soucis. Il repartit vers le port sans non plus une dernière fois observer dans les yeux la colosse du port.  

Quelques heures passèrent et un nouveau pavillon s’approchait des eaux du port. Adams attendait assis sur le quai à regarder les vagues tel le vieillard qu’il était. Il savait que pour beaucoup, il n’était plus en âge de naviguer mais aucun n’osait lui dire à cause de l’honneur autour de sa personne. Personne n’oserait entacher le vieux loup de mer qu’il était. Valentine s’avançait vers le capitaine. Elle avait sur son épaule son compagnon fétiche, le magnifique Phil, son prince charmant comme elle l’appelait quelquefois pour rigoler de son histoire. Phil était un beau et jeune toucan qu’elle avait pu acheter sur les marchés de Prébois. Il venait des profondeurs de la Jungle et avait été capturé par des braconniers et chasseurs des horizons. À la vue de son exotisme et de la beauté de son plumage, Valentine n’avait pu que craquer et l’avait acheté sans hésiter. Au début, l’entende fut difficile mais après quelque temps, le tout se passait sans encombre et personne ne pouvait dissocier la demoiselle de l’oiseau tellement qu’il était rare de les voir séparer.

- Vous trouvez le temps de ne rien faire en cette période, capitaine Riffengard. Vous en avez de la chance, lui dit-elle sur un ton narquois et moqueur.

Valentine était une personne joueuse et jouasse. Ses moqueries avaient rarement pour but de blesser mais plus d’amuser la galerie. L’ire ne faisait pas partie de ses habitudes, ni la critique sans fondement, et le capitaine le savait bien.

- Vous savez, Valentine. Quand vous aurez vécu la moitié de ce que j’ai vécu, vu brûler votre patrie et enterré vos proches, on pourra en reparler de celui qui ne fait rien. Mais sur le coup, vous avez bien raison et je me prélassais au soleil à profiter du port de Puerto Blanco. Cela serait peut-être mon dernier plaisir, qui le sait ? Mais allons inspecter cette marchandise, ils ne font pas nous attendre éternellement.

À l’époque, sous le pavillon de Brecianne, il était réputé pour sa rigueur et sa bravoure. Sévère et intrépide, il avait pu retourner d’un bon geste de main les moussaillons qui osaient dépasser du coche quand il le fallait. Son nom n’était pas connu pour sa tendresse mais plus pour son autorité sans faille. Seulement avec les tours qui avaient filé, il se rendait bien compte qu’il avait changé. Non qu’il est faibli comme certains pourraient le croire, mais il se montrait plus sage et accueillant. L’âge l’avait en quel que soit bonifié. Jamais auparavant il n’aurait échangé avec une demoiselle comme Valentine avec sourire et plaisir. Et pourtant là c’était le cas. Une bonne entende entre les deux capitaines s’étaient déjà installés et aucune rixe n’aurait de chance d’avoir lieu entre les deux.
Une fois arrivée devant les marchandises, Valentine prit les devants et commença à ouvrir l’une des caisses qui avaient été apportées en échantillons sur le dock. D’un coup de sabre pour faire levier, elle ouvrit la caisse en bois. Elle retira ensuite la paille et put prendre une des parties majeures et importantes de la marchandise : l’un des derniers modèles de mousquets oréens dont le pirate se vantait de les avoir volés sur un des navires du roi Lune-Pale lui-même. Une folie en quel que soit mais il fallait reconnaitre leur efficacité. Valentine mit l’arme en joue et commença à viser le vendeur qui prit peur devant son attitude. Puis d’un coup brutal et bruyant, elle cria : « Pan ! ». Cela désarçonna le vendeur qui pensait les armes non chargées et tomba par terre de peur, avant de se rendre compte de la supercherie. Rouge de honte, tandis que le capitaine Riffengard sourit, il se releva en prenant la main tendue par la fille d’Argenterie qui riait d’un rire cristallin à cause de sa farce.

- L’arme est bonne, la visée m’a l’air prometteuse. Il faudrait tester la puissance de feu mais je devine que ce n’est pas une possibilité. L’affaire est quitte, l’ami. On prend toutes vos cargaisons. Déposez tout dans le hangar derrière vous. Il appartient aux filles et personne n’osera vous déranger si vous opérez pour nous. Pour la trentaine d’armes, on tient sur le prix opéré à la condition d’avoir un prix généreux sur le reste des fournitures. Cela vous va ?

L’homme face à l’aisance de la demoiselle, qui jouait quelque peu de ses charmes derrière son doux sourire et en même temps de la situation, n’eut que le choix d’accepter les conditions. Il savait de toute façon que seules les armes avaient réellement de la valeur dans ses marchandises et le reste n’était que du menu butin sans réelle valeur, si on ne comptait pas la poudre qui allait avec les armes. Après pour Valentine, le but était de vendre tout le reste sur les marchés de Puerto Blanco pour défrayer le prix de ses beautés à poudre. Même si les réserves allouées à l’expédition restaient élevées pour des pirates, elle ne souhaitait pas tout perdre sur un coup de tête. Puis il restait encore la nourriture, les réserves d’eaux et de quoi pouvoir réagir aux premiers problèmes lors de ce long et périlleux voyage. Personne ne savait ce que l’inconnu réservait. D’ailleurs, peu de pirates n’avaient mis pied sur ce lieu d’expédition si ce n’était Franco et son équipage dans une époque révolue. Les deux capitaines ainsi continuèrent le tour d’inspections de leur marchandise pendant le reste de la journée.  

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Vieille dame:

Le lendemain, la lune montait haut dans le ciel après une journée douce sans nuages. Cette semaine n’en finissait pas d’en surprendre derrière tout ce lot de surprises et des mystères. De grands feux commençaient à être allumés sur la plage, bien à l’écart de la ville. Dans ladite ville, les tavernes commençaient à s’agiter à ces heures-ci, les marins rentrant pour finir leur soirée à boire comme à l’habitude. Les plus chanceux avaient la chance, et surtout les finances pour aller à Saint-Domingue qui servait les meilleures bières, les autres allaient dans les tavernes plus miteuses comme celle de la Sirène bavarde. Cette taverne était surtout réputée pour servir la bière la plus miteuse de la ville, si l'on pouvait appeler cela de la bière vu le goût de pisse qu’elle avait et seules les personnes fauchées prenaient de celle-ci. Mieux fallait y boire du rhum qui au moins avait la chance de brûler la gorge et de ne pas faire sentir son goût immonde.
Lykaios espérait bien ce soir vivre sa meilleure soirée à dépenser une partie du pactole qu’elle avait reçue comme paie après son long voyage, et puis si la possibilité se présentait, dépouiller les quelques soulards qui n’étaient même plus en état de se rendre compte de leur état. La ligne directrice lui était déjà tracée si un évènement ne venait pas à sa rencontre au coin d’une ruelle. Alors qu’elle sortit de celle-ci, elle entendit le bruit de plusieurs personnes qui avançaient vers elle et avant qu’elle n’eut la chance de reculer, un coup vient la mettre à mal et la fit tomber dans les pommes.

Elle se réveilla plus tard, attachée sur la plage. Elle put voir les grands feux sur la plage autour desquelles se tenaient plus d’une vingtaine de personnes mais elle se trouvait bien trop loin pour voir plus en détail les individus. Elle ne savait aucunement ce qu’elle avait fait pour finir attachée face à la mer alors que la marée remontait et que l’écume avançait vers elle. Et elle ne souhaitait aucunement savoir quand celle-ci la rattraperait. Mais elle n’eut, heureusement, pas cette chance car une des personnes qui se tenaient auparavant autour des feux s’avança vers elle. Elle ne put voir son visage qui était caché derrière une capuche profonde et une longue veste. Celle-ci d’un coup de couteau coupa les liens qui liaient ses jambes et l’empêchaient de se relever. Elle l’aida ensuite à se relever, ses mains étant encore liées, après avoir rangé la lame dans sa ceinture. Celle-ci ensuite l’invita à la suivre vers les feux. La voleuse ne sachant que faire et au combien méfiante, accepta tout de même le deal n’ayant aucune échappatoire. Elle devait se dire intérieurement que s’ils avaient souhaité sa mort, elle aurait déjà rejoint la plaine de Canërgen. Mais quel était leur motif alors ? Elle n’était pas si riche que cela. D’ailleurs sa bourse trônait encore à côté d’elle. Seules ses armes lui avaient été retirées pour l’empêcher de riposter. Il ne restait plus qu’à avancer pour recevoir le fin mot de l’histoire.
Quand elle s’avança vers les feux, elle put voir que tout le monde la regardait, tous derrière une longue capuche dissimulant leur visage, à l’exception d’une personne. Ils se tenaient tous devant elle, autour du feu si elle ne comptait la personne qui l’avait emmené et rodait dans son dos, possiblement prêt à agir à la première menace. La personne que la voleuse pouvait observer était une vieille femme. Les cheveux gris, une grosse soixantaine de tours si elle se fiait à ses préjugés, de beaux habits pour Puerto Blanco, un regard encore plein de vigueur et des joues bien en chair. Elle devait fort possiblement se tenir face à une personne d’importance et pourtant jamais elle n’avait vu son visage. Ne sachant que faire, elle maintint le silence dans l’attende d’une réaction de l’assemblée. Le feu serpentait et la fumée montait dans le ciel jusqu’à atteindre les étoiles qui illuminaient le ciel. Même sans le feu, elle aurait pu y voir clair tellement que les astres célestes étaient nombreux. Une aura rouge due aux flammes se reflétait sur les personnes autour du feu, rajoutant encore un cachet plus sinistre et occulte à la scène. Le silence fut brisé par la vieille femme à la puissante voix :

- Mes sœurs. Nous nous tenons ce soir pour une décision de la plus haute importance. Nos mots ont résonné et on eut vent de nouvelles. La demoiselle qui se tint devant nous est dite brave et digne de rejoindre nos rangs. Le confirmes-tu, Ivy ?

Ivy s’avança pour être à vue de la voleuse et retira sa capuche. Sa longue chevelure cuivrée tomba derrière son dos et elle les remit en place d’un léger mouvement de tête. La seconde du Goéland toussa une fois pour éclaircir sa voix puis prit la parole avec toute la prestance qu’elle pouvait déployer quand elle le souhaitait.

- Mes sœurs, dit-elle en regardant la foule, ma mère, enchérit-elle en regardant la vieille dame, si je me tiens aujourd’hui devant vous, c'est pour vous présenter une demoiselle de talent. Elle n’est peut-être pas la plus téméraire, ni la plus forte au combat. Cependant, elle est agile et sait se tenir autant sur un navire que sur terre. Je veux croire en elle comme elle pourra par la suite croire en nous. Ne sommes-nous pas une famille sans limites et frontières ?

Tous acquiescèrent face à ces paroles et prirent la peine d’en discuter. La voleuse put entendre dans ce brouhaha sans nom que toutes les voix étaient celles de femmes. Que faisait-elle ici et pourquoi parlait-on d’elle comme d’une pièce de viande à vendre ? Elle ne souhaitait pas finir comme esclave comme certains ont pu le vivre à Puerto Blanco et le vivent d’ailleurs encore. Elle se devait d’agir. Profitant de son agilité de toujours, depuis qu’elle avait détaché d’une partie de ses liens, elle en profitait pour essayer de s’extirper de ceux qui liaient ses mains dans son dos. Et elle avait réussi. Elle était désormais libre. Elle pouvait espérer partir en courant mais ses chances étaient bien maigres face à une vingtaine de personnes armées. Lykaios prit donc son courage à deux mains et fonça sur Ivy en la tenant d’une main en lui faisant une clé de bras tout en prenant le couteau qu’elle avait rangé dans sa ceinture pour le menacer. Si la fuite traditionnelle n’était pas une option, le culot passerait peut-être. À la seconde où elle fit cela, même si sa passe réussit face à sa surprenante réaction, une dizaine de pistolets sortirent et la pointèrent. Les demoiselles les chargèrent et n’attendaient plus qu’à tirer. Une lourde atmosphère commença à peser et une goutte commençait à perler sur le front de la voleuse. Mais encore une fois, la situation n’eut pas le temps de s’envenimer et fut vite arrêtée par l’intervention de Valentine qui retira sa capuche.

- Arrêtons cette mascarade avant de devoir compter un mort en cette soirée. Je sais bien que la situation oblige quelques entorses par rapport au rituel habituel mais laissez souffler la demoiselle. Lykaios, si je ne me trompe pas… lâche cette arme et rien ne te sera fait. Mes sœurs, faites de même. Jetez vos armes devant vous dans le sable.

Valentine avait un don pour abaisser les cœurs et alors que la poudre et le sang allaient encore alourdir bien plus l’ambiance il y a quelques secondes, le doute venait de s’enlever. Déjà, un des pistolets fut jeté à terre et les autres suivirent. Lykaois, face à la situation, n’eut d’autres choix que de faire de même et lança la lame au pied d’Ivy. Elle lâcha ensuite Ivy qui put se libérer de la clé de bras. Celle-ci se remit derrière elle et lui murmura à l’oreille de se calmer et que tout se tiendrait sans incident et lui serait profitable si elle apprenait à se tenir.

- Notre sœur Valentine a raison. Tenons-nous correctement face à notre invité, répondit la vieille dame.

Les tentions une fois apaisées, le rite put reprendre et chacune put reprendre leur affaire, malgré l’attitude hostile des deux parties. La tension qui avait pu exister n’était déjà plus d’un mirage qui avait été emporté dans les étoiles avec la fumée qui montait.

- Ainsi donc, ma fille, continua la vieille dame, tu dois te demander qui nous sommes et quelle est la raison de ta présence. Je le vois dans tes yeux qui s’exprime sans que ta bouche n’est été ouverte. Nous sommes, comme tu as peut-être pu te douter, les filles d’Argenterie, et tes compétences et qualités ont attiré notre regard. Nous ne sommes jamais assez pour le bien-être de notre cause et nous te souhaitons parmi nous. Nous connaissons tes vices et ton plaisir pour le crime. Seulement nous ne te jugeons pas. Nous ne sommes pas un tribunal mais une famille. Je suis la matriarche du groupe… leur matriarche. J’apporte le conseil et évite le conflit parmi nous. Je suis la voix de l’ancienneté et j’ajoute ma sagesse quand la situation le permet. J’ai connu des temps avant que Puerto Blanco émerge des flots et vu l’âge d’or de la piraterie. J’ai vu comme tant des nôtres les feux et les cendres de nôtres. Je les ai pleurés et ensemble nous avons enterré nos morts.

Lykaios n’eut même pas le temps de répondre qu’Ivy s’avança et lui prit la main droite. Elle lui chuchota ensuite dans l’oreille de suivre ce qu’elle faisait et de répéter après elle si elle souhaitait s’engager. La demoiselle aux cheveux de feux était sûre d’elles et serra très fort la main de sa compagne autant pour l’apaiser que pour la stimuler dans l’exercice.

- Ivy s’est portée garante de toi. Elle sera donc ta marraine dans notre confrérie. Si tu souhaites nous rejoindre, suis-la, continua la dame avant de marquer une pause et de sortir un couteau aux yeux de tous qu’elle exposa.

Toutes commencèrent à retirer leur capuche et celle à droite de Lykaois exposa elle aussi un couteau aux yeux de tous. Lykaois pouvait ainsi confirmer son hypothèse. Elle ne se tenait que face à des femmes, de tout âge. Il y avait devant elle des adolescentes ne devant pas dépasser la quinzaine de tours et des dames aussi âgées que la doyenne. Des percussions s’animèrent sur un rythme régulier. Puis la doyenne reprit encore une fois la parole, cette fois-ci sur une voix qui mêlait parler et chanter.

- De Port-Argenterie à Ariel, nous guidons la piraterie vers des mondes meilleurs. D’Ariel à Brecianne, nous semons la zizanie et œuvrons contre les complots. De Brecianne à Lilith, nous offrons informations et richesses aux nôtres. De Lilith à notre cœur, nous protégeons nos frères et sœurs. Partageons une nouvelle fois nos sangs pour accueillir une nouvelle âme dans nos rangs.

Quand elle dit cela, la doyenne s’ouvrit la main avec son couteau puis serra la main au-dessus du feu pour que du sang coule dans celui-ci. La fille à droite de Lykaois répéta la dernière phrase et fit le même geste avant de passer sa lame à la sœur à sa droite. Et chacun prit son tour pour répéter le rituel. Au fur et à mesure, et après de longues minutes pour toutes, n’ayant aucune confirmation au fait que la voleuse accepte leur invitation, Ivy fit le même geste puis tendit la lame à Lykaois.

- Acceptes-tu de nous rejoindre ? De partager nos conflits et nos bonheurs ? Nos joies et nos tristesses ? Nos amours et nos rancœurs ? Acceptes-tu de devenir l’une des nôtres et de faire partie de notre famille ? Acceptes-tu cette dure tâche sur laquelle nous t’aiguillerons tous ensemble ? L’acceptes-tu et nous promets-tu de devenir l’une de nos sœurs, Lykaois ?

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Pendant ce temps-là, au Saint-Domingue, l’ambiance était toute autre. Des tonneaux furent percés suite à l’annonce prochaine du capitaine Riffengard. La tension montait autant que la mousse qui dépassait allègrement des chopes. Celles-ci s’entrechoquaient et rajoutaient une tonalité cuivrée au brouhaha ambiant. Les instruments de musique commencèrent à être de sorties, laissant la chance à toutes les âmes d’artiste de s’exprimer malgré l’alcoolémie ambiante. L’un des pirates monta sur la scène, qui tenait plus d’une table qu’un véritable podium et prit le premier violon sur lequel il tomba. Son spectacle pouvait commencer.
La mélodie commença doucement au grand malheur de tout le monde mais bien vite le rythme monta et le sifflement des violons fut accompagné des claquettes à même la table du joueur. En effet, les personnes qui avaient une bonne vue pouvaient observer les renforcements métalliques au niveau des talons du joueur lui servant à rajouter un tempo à sa prestation. Un des hommes de la foule prit un accordéon et s’ajouta à la prestation du premier. Puis un troisième fit de même avec une flûte rajoutant un côté rocambolesque et pittoresque au spectacle qui n’avait pas fini de les surprendre. La joie fut telle que chacun des pirates leva son verre et accompagna la troupe improvisée dans ce chant bien connu de Puerto-Blanco. Ce n’était pas spécialement poétique, ni esthétique mais les sons venaient de leurs tripes et de leur cœur, en tout cas pour ceux qui n’étaient pas occupés de les vomir dehors ou dans un coin discret de la salle.
Le sol collait sous les chaussures à cause de tout l’alcool renversé et une certaine odeur légèrement désagréable et pourtant si naturelle à Nassau se fit sentir : l’alcool, le tabac et le vomi, le célèbre cocktail des soirées endiablées des pirates. Chacun des pirates allait de son petit commentaire pour les moins téméraires et de son pari pour les plus fortunés. Tout le monde avait son avis sur le travail du capitaine du Goéland. Tous savaient qu’une grande partie de son butin après son retour inespéré, restait encore cachée et d’ailleurs étrangement personne n’avait essayé de le voler. Ou si quelqu’un l’avait fait, il n’était plus là pour s’en vanter. Après tout, même si un respect important rodait autour de l’image du vieux capitaine, ils n’en restaient pas moins tous des voleurs et des tricheurs de bas-étage attachés par leur appât du gain.
Après déjà une heure dans ce bordel incommensurable, certains gisaient au sol comme des déchets tandis que d’autres commencèrent à jouer à des jeux plus sympathiques autour de l’alcool. Des tonneaux continuèrent à être percés et certains se mettaient à boire au robinet même pour dire d’aller plus vite. Le rhum coulait autant que la bière et les esprits s’embrumaient. Mais il ne fallut qu’un évènement pour que le silence arrive. Adams sortit du salon privé dédié au conseil à l’étage du Saint-Domingue. Tous les pirates arrêtèrent leur activité. Les dés furent rangés, les chopes posées et les instruments lâchés. Le silence était d’or et tout le monde fixait le vieux loup de mer qui descendait marche après marche en prenant son temps dans un silence mortuaire. D’un pas après l’autre, il fit un signe aux musiciens de se pousser pour pouvoir prendre leur place, bien en vue de tout le monde. Il souhaitait que son annonce soit publique et que personne ne soit pas au courant.

- Mes frères, mes sœurs, même si je les vois peu présentes dans la salle ce soir. Vous devez tous me connaitre, je parie. Je suis le capitaine Adams Riffengard, possesseur du Goéland et membre du conseil de Puerto Blanco. Mais cessons les présentations. Vous devez attendre avec impatience de mes nouvelles. Je vois l’appât du gain et l’or qui guide vos yeux. Vous devez vous demander pourquoi j’ai caché mon trésor et que puis-je bien en faire. Je vais vous le dire.

Tout le monde regardait avec exaltation le personnage qui avait su capter la foule. Après il n’était pas en tort quand il notait le peu de présence de féminine si on ne comptait pas les quelques putains et serveuses que connaissaient le Saint-Domingue, étant occupés à servir ou se tenant sur les genoux des plus riches marins.

- Tout a été dépensé ou presque, dans le but de la plus grande expédition qu’est connu la piraterie. On dit le Nouveau Monde aussi riche que Kelvin et que l’or y coule dans les rivières. Je n’en crois pas un mot pourtant, je crois en son potentiel quand on observe les gains menés par l’expédition de Franco, à une époque bien antérieure. Et c’est pourquoi j’ai décidé d’y retourner mais non dans un but de piller mais dans celui de construire. Aux yeux du monde nous sommes les plus grands voleurs qu’est connu ce monde et je ne compte pas briser leurs préjugés. Pourtant je vois en nous un peuple fier et brave, je vois en nous des femmes et des hommes qui luttent tous les jours à survivre dans ce monde de merde. Un monde qui n’a jamais voulu de nous et qui le montre tous les jours. Les dieux nous abandonné à l’exception d’Ariel qui tout le jour nous le rappelle. Mais je veux changer tout cela, je veux bâtir un avenir radieux pour les nôtres. J’ai vu Port-Argenterie partir en cendres. J’ai vu l’armada des corsaires noirs brûler notre héritage et je ne compte pas laisser le passé figer notre avenir. Je souhaite faire revivre l’âge d’or de la piraterie, notre âge d’or. Je compte refonder Port-Argenterie en ces terres friches là où personne ne nous attendrait, sur le Nouveau Monde. Mais pour cela j’ai besoin de mes frères et mes sœurs de Puerto Blanco. Le gouverneur est déjà pour mon projet et ses agents aussi mais qu’est que la piraterie sans le sang de ses habitants. Nous ne sommes pas des rois, pas des despotes mais que des hommes faits de chairs et de sang comme vous. Voulez-vous me soutenir dans mon projet et partir avec moi en mer pour bâtir notre avenir ? Voulez-vous offrir à vos enfants, à vos rejetons un monde meilleur ? Voulez-vous faire partir de cette expédition vers le Nouveau Monde pour fonder la Nouvelle-Argenterie, mes frères ?

La foule hurla devant le discours du capitaine. Tout le monde était prêt et souhaitait s’enrôler dans un tel projet : la fondation d’une nouvelle cité pirate. Seulement qui fera partie des premiers élus à pouvoir rejoindre la première vague pour la colonisation du Nouveau Monde de la part de Puerto Blanco ? Les plus téméraires et les plus fous, comme d’habitude, dans ce lieu de tous les vices et de toutes les folies qu’était la civilisation pirate. Port-Argenterie renaitrait tel le phénix sous un nouveau nom dans de nouvelles terres. Ainsi le nouveau Monde pourra se vanter, plus possiblement de peur que de joie, de posséder en son sein la Nouvelle-Argenterie.
Ven 26 Juin 2020 - 22:40
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Lykaios
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Lykaios
Lykaios retrouva son sentiment de sécurité qu'une fois que toutes ses lames eurent repris leur place à ses côtés. Si les Filles d'Argenterie étaient réputées pour leur discrétion et leur savoir-faire, l'accueil était une chose qu'elles devaient revoir. Elles l'avaient assommée puis dépouillée de ses lames bien-aimées. Lykaios secoua la tête à cette pensée. Ce n'était franchement pas le meilleur moyen d'attirer la sympathie et la confiance. Néanmoins, la jeune voleuse n'arrivait pas à effacer le petit sourire sur ses lèvres ni le feu de joie qui bouillait en elle depuis qu'elle avait compris la signification de tout ceci. Elle, Lykaios, une Fille d'Argenterie ! Si la jeune femme n'était pas de nature très ambitieuse, n'attendant rien de la vie, elle ne pouvait s'empêcher de ressentir un sentiment de fierté et de joie à l'idée de faire partie de ce groupe si réputé. Elle l'avait même choisie ! Parmi toutes les autres, toutes celles qui demandaient à entrer dans cette organisation, elle avait été recrutée sans même en avoir fait la demande.
Lorsque Ivy Howe lui avait demandé de les rejoindre, la voleuse avait fixé la lame un moment sans rien dire. C'était une louve solitaire, elle n'avait pas de famille, pas d'amis, n'avait jamais appartenu réellement à un groupe depuis son enfance. Sa première pensée fut donc de refuser et de tourner les talons. Mais quelque chose au fond d'elle-même l'avait retenu. Non pas le sentiment de fierté d'avoir été remarqué, mais celui que, peut-être, enfin, elle avait trouvé sa place. Peut-être que Nerel l'avait guidé jusqu'ici, jusqu'à ce moment, pour servir son élu, entourée de sœurs comme elle. Elle avait donc pris la lame, s'était entaillé la paume et avait répété les paroles qui la liaient désormais aux Filles d'Argenterie.
Une fois la cérémonie terminée, où Lykaios put faire la connaissance d'une partie de ses nouvelles sœurs, Ivy et une jeune fille du nom de Valentine prirent la voleuse à part et lui présentèrent leur nouveau projet de voyage. En effet, le Goéland allait repartir sur les mers, cette fois accompagnée d'un navire des Filles et un troisième. Lykaios accepta bien évidemment de faire partie du voyage. Il fut donc décidé qu'elle commencerait par s'enrôler sur l'Espoir où elle commencerait sa formation en tant que Fille d'Argenterie auprès de ses sœurs et que si besoin était, elle pourrait prêter main-forte sur le Goéland. Cela fit plaisir à Lykaios de savoir qu'elle pouvait retrouver l'équipage du Goéland car, même si elle avait accepté de faire partie de cette organisation, elle restait quelqu'un de très peu sociable et avait besoin d'espace et de temps pour elle. Or, le navire de l'Espoir deviendra vite étouffant pour elle. Elle ne dit cependant rien et accepta tous les termes sans rechigner. La jeune femme alla ensuite récupérer ses maigres effets personnels dans la taverne où elle séjournait, escortée par Ivy et Valentine, pour venir s'installer sur l'Espoir. Valentine était une jeune fille guillerette, qui parlait beaucoup et dont on percevait une certaine noblesse dans la démarche. Elle avait néanmoins un certain charme qui mettait Lykaios plutôt à l'aise en sa présence, même si celle-ci préférait le silence paisible d'Ivy. Mais ce n'est plus avec cette dernière qu'elle allait naviguer à partir de maintenant et Lykaios devait donc s'habituer à Valentine.
Les jours qui suivirent furent tout à la préparation des navires pour le grand départ. La voleuse n'eut pratiquement pas un instant pour elle, hormis tard le soir mais, épuisée, elle se dirigeait directement sur sa couchette pour y tomber de fatigue. De nombreuses fêtes étaient organisées pour célébrer le départ des sœurs mais Lykaios ne participait qu'assez peu, premièrement par cause de fatigue mais également parce qu'elle trouvait ses regroupements étouffants et intimidants. Toutes les Filles voulaient rencontrer leur nouvelle sœur et cela faisait trop pour la timide et recluse qu'elle était. Elle fit néanmoins parfois l'effort et trouva d'ailleurs certaines rencontres intéressantes et plaisantes.
Le grand départ arriva plus vite que l'éclair. Avant que Lykaios puisse souffler, ce fut le temps du chargement des dernières cargaisons, des adieux et des grands discours avant de jeter l'ancre, direction l'horizon et l'aventure.
Mar 14 Juil 2020 - 18:11
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Chapelier
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Chapelier
Mademoiselle Inaya:

Léopold Silver:
Tous les navires étaient parés alors que le soleil pointait son nez depuis un petit moment. Les cales étaient pleines de provisions pour le long voyage en direction du Nouveau Monde. Le Pendu, le Goeland et l’Espoir brillaient de mille feux dans le port de Puerto Blanco. Chacun des membres des trois équipages adressait leurs adieux aux membres de leur cœur dans une pittoresque mise en scène. Pour beaucoup, on se serait plus cru dans une cérémonie digne de Kelvin que chez les loups de mers de la piraterie. Tous partaient sous l’onction et les prières de la prêtresse d’Ariel, Jeanne Dion qui furent données sous sa célèbre statue, merveille de la cité et dernier souvenir du passage de Franco sur Ryscior.
Valentino était même présent avec sa femme et sa fille pour saluer les trois capitaines, tous proches et amis en quelque sorte du gouverneur. Le premier à lui adresser ses adieux fut James Head. À son habitude, tout était sobre et tenait plus pour l’estime des croyances de ses hommes que réellement par amitié. Ensuite vint le tour du vieux, surtout pour son métier et statut, Adams Riffengard. Dans la logique de James, lui aussi ne cassa pas ses principes. Il resta digne et adressa ses adieux à la manière de deux vieilles connaissances espérant se revoir. La poignée de main était ferme et sincère. Ils s’échangèrent quelques mots et personne ne put les entendre à cause du brouhaha et des cris des habitants. La dernière fut la jeune Valentine Alizé, célèbre parmi ses sœurs. D’ailleurs son statut de capitaine n’était qu’une figure et un masque qu’elle acceptait seulement car il fallait bien une tête pour diriger un navire et non une collectivité. Mais elle savait qu’aux premières occasions, elle trouverait l’aide et le soutien de ses sœurs pour prendre les bonnes décisions. Elle aussi resta digne comme ses deux confrères et salua le gouverneur d’une poignée de main digne d’un marin. Et avant de la lâcher, elle lui fit un petit signe de la tête et un sourire qui faisait comprendre qu’elle prendrait soin des filles et qu’il ne devait pas s’inquiéter. Les trois navires arriveraient indemnes sous ses ordres.
Une fois les saluts respectés et les prières donnés, certains des hommes des trois équipages se dirigeaient vers leur pont respectif pour commencer les manœuvres de l’appareillage. Chacun de seconds s’occupait de cela. Pour le Pendu, Monsieur Silver comme ses hommes l’appelaient, aussi appelé Léopold par ses intimes, était en charge. Il était un homme malin et avait vite gravi les échelons sous les ordres de James car il savait quand obéir aux ordres et quand protester si la décision de son capitaine lui paraissait erronée. C’était une qualité qui avait rapidement plu au borné Head. Sur le pont du Goeland, à l’habitude, les ordres fusaient des entrailles d’Ivy, seconde depuis tant d’années de Riffengard. Quant au dernier navire, il était présidé par Mademoiselle Inaya, refusant l’ajout de tout patronyme dans le but de faire table rase de son passé. Ancienne esclave, elle avait été sauvée par les sœurs auxquelles elle avait dévoué sa vie. Pour les hommes et femmes encore sur terre, ils étaient venus le temps des derniers adieux.
La foule alors autour de la statue de leur déesse titulaire avait bougé vers le port. Les dernières embrassades et accolades se finissaient car aucun n’était réellement sûr de la réussite de cette expédition. Le risque était grand, mais il permettrait la prospérité si le succès était au rendez-vous. C’est pourquoi personne ne bronchait et les adieux se finissaient dans la joie et l’ivresse, et aussi dans les larmes des adieux pour les proches qui resteraient sur terre sans nouvelles pendant un long moment. Petit à petit, les navires se remplissaient et une fois que chacun des trois capitaines avait regagné leur navire, le départ sonnait de mille feux et la journée ne faisait que commencer pour ses pirates et marins qui partaient vers une grande aventure, à la recherche d’un endroit fertile et abondant pour l’installation d’une colonie pirate sur le Nouveau Monde.
Mar 8 Sep 2020 - 14:12
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Le temps du départ était venu. Enfin sa veille plus précisément, et Valentino Tarenziore n’était pas content. Il contemplait en effet des tâches jaunes en grand nombre qui flottaient, créant une soupe immonde et saumâtre entre le bord du quai en bois et le navire. Et s’il y en avait une telle densité ici, c’était que cette soupe continuait fatalement sous ses pieds, là où le ponton se trouvait au-dessus de l’eau. Un gaspillage monstrueux donc. Pour un peu, il se serait jeté au cou de tous les passants pour les prendre à témoin de ce qui s’était passé.

« Monsieur Silver, dût-il cependant se contenter de dire sur ton aussi mesuré que possible, bien qu’il sache que son interlocuteur devait également fulminer, qui est votre maître-coq et où puis-je le trouver ? »

Fort du renseignement qui lui fut donné, il se rendit d’un pas décidé, fendant la foule des dockers sans le moindre garde du corps, pour aller dans le hangar que Monsieur Silver lui avait indiqué.
Aucun garde du corps ? C’était que Valentino n’avait pas les yeux dans sa poche. Il faudrait un expert pour oser l’approcher et le toucher dans cette foule. Oui, même le toucher, car il se mouvait entre les corps avec une aisance naturelle, ne bousculant personne alors qu’il fendait la foule d’un pas vif. Et ce n’était pas son visage serein qui dissuadait ses éventuels assaillants, il fallait bien l’avouer. C’était plus la rapière à son côté. Cela étant posé, tout le monde ici savait se servir d’une arme, donc un mauvais plaisantin ne se serait pas arrêté à ce détail. Cela dit, il aurait découvert une lame bien sûr fine, correspondant à un homme qui savait exactement détecter une attaque. En outre, pas de garde du corps ? Vraiment ? Un regard expert remarquerait que ce grand ramien occupé à pêcher assis sur une bite d’amarrage portait une attention assez relative à sa ligne. Et c’était le moins discret de ses gardes. Il y avait aussi cette femme brune, richement vêtue, chapeau de paille à fleur et ombrelles détournant les yeux de son corsage où elle cachait plusieurs couteaux. Et elle-même était escortée par une paire de gros bras, les derniers gardes du corps, qui surveillaient bien sûr là où allait leur dame, ce qui, ô surprise, se trouvait être la même direction que Valentino, à quelques pas derrière lui.
Plus le cinquième larron sur les toits des docks. Mais celui-ci, bien malin qui pourrait le voir ! Non, vraiment, Valentino vit son humeur s’améliorer alors qu’il atteignait son objectif. S’il avait été agressé, il n’aurait sans doute même pas eu à affliger son assaillant d’autre chose que d’un regard mauvais, avant que ce dernier ne soit maîtrisé, voire mort. Il les avait bien formés ces cinq-là. Souriant, Valentino se demanda ce qu’ils penseraient s’ils savaient que cela signifiait qu’ils étaient prêts à servir de gardes du corps à sa fille. Annabelle avait eu le même privilège quelques semaines auparavant. Et lui, pauvre homme malheureux, en était réduit à devoir en trouver quelques-uns de plus… Pour lui-même cette fois.

Mais son amélioration d’humeur se dissipa quand il remarqua son objectif. Un homme mince et au visage dur. Premier défaut. Un vrai maître-coq devait aimer sa nourriture, et donc être gros et jovial. De façon général, un maître-coq mince était un homme à qui on ne pouvait pas se fier. Et dans cette situation, ça n’avait pas manqué. L’homme, avant de comprendre ce qui lui arrivait, fut saisi par le col et arraché à son inventaire, puis emmené à travers la foule, qui cette fois s’intéressa à ce qui se passait. Une bagarre ? Non ! Le gouverneur fut en effet reconnu une première fois, puis une deuxième.
Au temps pour la discrétion, mais en l’instant, c’était le cadet des soucis de Valentino, qui emmena l’homme jusqu’à l’endroit où il se tenait peu avant. Il constata avec joie que Monsieur Silver n’était plus seul à cet endroit. Les capitaines Head et Riffengard l’avaient rejoint, et même replacé, apparemment. Enfin, Mademoiselle Inaya s’avançait pour les rejoindre. Qu’eux trois assistent à la petite démonstration qui allait s’ensuivre ne pouvait qu’être bénéfique. En fait, que toute la foule qui s’était accumulée assiste à ladite démonstration serait excellent, car cela montrerait la façon dont Valentino tenait à cette expédition.

En soit, le gaspillage de biscuits que Valentino avait constaté était toujours grave, mais dans une expédition normale, cela arrivait de temps à autre. Ce n’était pas pour cela qu’il fallait le tolérer, mais là ! Pour une expédition d’une telle importance, gâcher à ce point des vivres ! Il se contenta de suspendre l’homme qu’il avait identifié pour cible au-dessus de la soupe immonde, à laquelle goûtaient déjà les poissons du port, et attendit, froidement. Les paris fusaient autour de lui. Allait-il le lâcher ? Allait-il le ramener ? Quand l’homme tenta de se justifier, Valentino esquissa un sourire.
L’expédition partait ce soir ! C’était une expédition qui porterait l’étendard de la piraterie jusqu’au bout du monde ! Les frères de la côté, dans les colonies de ce continent inconnu ! On ne pouvait laisser aucun détail au hasard dans ce genre d’expéditions ! Et voilà que lui, maître-coq, avait fait commander des caisses de biscuits avariés qu’il avait jeté sans ménagement, sans faire le tri pour voir ce qui pouvait être sauvé, dans l’eau du port ! Un tel gaspillage était sans nom et une telle incompétence en disait long sur l’homme qu’il était !

---

Le lendemain, Valentino salua le nouveau maître-coq, sec de tout bain de mer parmi les biscuits, un homme gras au visage rond et enjoué, apparemment heureux d’avoir trouvé un engagement au dernier moment. Puis il salua Valentine Alizé, qui plus encore que les autres capitaines, méritait d’avoir un maître-coq digne de ce nom à bord.

« Ne sois pas jalouse ma chérie, dit-il dans le carrosse ramenant sa famille à la propriété, mais les biscuits avariés, c’est le lot régulier des marins. Alors que les filles qui me servent d’espionnes, je ne peux décemment pas les laisser entre les mains d’un homme qui va les affamer et les rendre malades ! Autrement, leur travail deviendra franchement désagréable. Un marin malheureux, c’est un mutin potentiel. Une espionne malheureuse, c’est des emmerdes en masse potentielles. Et puis merde ! Le Nouveau Monde ! Et on voulait embarquer cet idiot ! »
Ven 11 Sep 2020 - 13:40
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Lykaios
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Lykaios
Lykaios n'avait pas prévu de reprendre la mer aussi tôt. Son premier voyage marin avait été éprouvant et plein de rebondissements, et elle n'aurait pas craché sur un petit séjour sur la terre ferme. Retrouver les toits, où ses pieds agiles trouvaient à coup sûr prise, les rues, où les serrures cédaient toutes ou presque sous son couteau... De plus, la proximité de tant de femmes, qui se connaissaient toutes plus ou moins bien, la mettait mal à l'aise. Elles formaient un groupe soudé, une sororité dont elle était censée faire partie et pourtant, dont elle se sentait totalement étrangère. L'absence d'Ivy se faisait également sentir. La seconde, restée sur son navire d'attache, ne pouvait lui servir d'ancre, de présence réconfortante au milieu de tant d'étrangers. Habituellement, cela n'aurait pas dérangé Lykaios, naviguant depuis toujours seule à travers le continent, mais au sein de ce groupe, tout était différent.
Cependant, la jeune voleuse ne regrettait étrangement pas son choix. Elle était curieusement sereine, se sentant tout autant à sa place entre les cordages et les voiles que sur les toits. Et n'étant pas du genre à s'étendre sur ses émotions et dans des réflexions profondes, elle se laissa tout simplement voguer au poste de gabière, côtoyant les autres marins quand il fallait et restant seule tout le reste du temps. Les autres femmes ne semblaient pas s'en formaliser. Une semaine durant, elles acceptèrent le choix de la nouvelle de s'isoler, le temps de prendre ses marques sur le navire. Elle travaillait bien, faisant ses tâches sans rechigner et avec efficacité. Elle était discrète et sans histoire, se contentant de suivre les ordres. Cela se révéla être un bon point pour les Filles, qui virent en elle une future disciple qui évoluera vite.
Au terme de cette première semaine en mer, Lykaios fut convoquée par ses nouvelles sœurs. Elles formaient un cercle, assises par terre, dans les lieux communs des marins, et Valentine invita la voleuse à se joindre à elles d'un signe de tête. Celle-ci s'installa donc à la place que l'on avait gardée pour elle et écouta la capitaine qui prit la parole.

"Voilà une semaine que nous naviguons. Nous avons remarqué que tu t'adaptais plutôt bien à ton nouvel environnement et nous espérons que c'est bien le cas." Lykaios hocha la tête en signe d'assentiment et la capitaine continua donc. "Nous pensons maintenant que ton apprentissage doit débuter. Être une Fille d'Argenterie est métier bien particulier, dont tu as certes déjà de nombreuses compétences mais dont il te manque certaines. Nous serons donc à tour de rôle tes maîtresses afin de t'apprendre, au cours de ce voyage, toutes les ficelles qui te permettront d'être une espionne accomplie. Pour cela, il te faudra écouter chacune d'entre nous avec attention et suivre les directives sans discuter. Acceptes-tu les termes ?" La voleuse acquiesça de nouveau. Elle s'était doutée qu'un apprentissage aller être de rigueur et elle était prête à apprendre ce qu'il fallait pour s'améliorer. La courte séance fut donc terminée et on servit le dîner dans une douce ambiance familiale. Certaines filles engagèrent la discussion avec Lykaios, qui tenta de répondre de manière chaleureuse, faisant fi de sa naturelle méfiance et de son caractère acariâtre. Si cela lui demanda un grand effort les premières fois, cela devint un peu plus facile au cours de la soirée et la jeune femme alla finalement se coucher avec le cœur un peu moins lourd, les épaules un peu moins tendues et l'esprit un peu plus tranquille.
Sam 7 Nov 2020 - 14:30
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Chapelier
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Chapelier
Le Pendu, appelé ainsi par moquerie envers toutes les promesses de pendaison prononcées à l’encontre de son capitaine et le plus grand des trois bâtiments, se tenait en premier dans la formation triangulaire alors qu’à sa droite était positionné l’Espoir et à sa gauche le Goéland. Ils circulaient depuis déjà un peu plus d’un mois en mer, à ne voir que le domaine d’Ariel à perte de vue sans jamais entrapercevoir une bande de terre. Habituellement, une traversée entre les deux continents se réalisait en trois semaines, seulement des vents contraires et une légère déviation pour s’écarter des terres déjà colonisées les avaient retardés. Les marins s’ennuyaient, et de tous les maux que peuvent connaitre un navire, celui-ci est bien le pire après la colère d’Ariel. Certains, majoritairement les hommes car les demoiselles de l’Espoir se disciplinaient bien mieux, s’enorgueillissaient même qu’ils préféraient croiser les bras d’une jolie sirène pour passer le temps plutôt que de vivre encore un instant de plus à ne rien faire si ce n’est naviguer. Après tous, les pirates en général n’étaient pas habitués à de longs voyages sans action, prenant du plaisir dans la ripaille, dans la boisson et d’autres joyeusetés. Seulement cette expédition ne se tenait pas sous les augures de la destruction, mais dans celui de l’espoir vers un avenir radieux.

L’homme au nid de pie du Pendu somnolait alors que le soleil frappait à son plein zénith, quand tout un coup une imperfection se dessinait dans le paysage bleu face à lui : une tache brune, tournant vers les orangées. Le jeune homme d’une 15 tours coiffé d’un chapeau de paille qu’il avait lui tressé pour s’occuper lors du voyage. Les journées étaient déjà longues pour la plupart des marins, mais quand on se tient sur le nid de pie au minimum un à deux jours par semaine étant dans la tournante des hommes dévoués à cette tâche, on n’avait pas mieux à faire que de trouver l’occupation où cela était possible. Cette imperfection dans l’horizon, d’abord un léger pic, commençait à s’agrandir ce qui fit sortir de sa torpeur la vigie. Il s’abaissa en tâtant le sol pour ramasser la longue-vue qui lui avait glissé des mains lors de sa sieste, et se mit ensuite à mieux observer. « Enfin, quelque chose d’intéressant ! » se dit-il, avant de réaliser que ce qu’il voyait, était une terre inconnue. Il finit sonner la cloche et se mit à crier avec joie pour prévenir tout le navire : « Terre en vue ! Terre en vue droit devant ! ».
Les hommes à l’entente de l’annonce sentirent leur sang bouiller et le plaisir leur déchirer les entrailles. Ils voulurent lâcher toute activité pour vérifier les dires de la vigie, mais à peine y pensèrent que le capitaine James Head suivi de prêt par son second Monsieur Silver se pointa. Tous à sa simple vue récupèrent la raison et se dirent que la raison était bien mieux que la joie. Il fallait tenir son poste, sous peine de connaitre son ire. Tous les hommes du Pendu respectaient autant Head qu’ils le craignaient. Il était généreux et bon avec ses hommes, mais malheur à celui s’opposant à ses volontés, car sa colère était aussi salée que la mer et aussi cinglante qu’un bon coup de fouet. Il ne touchait pas physiquement ses hommes, mais les connaissaient assez bien eux et son navire pour faire de leur vie un enfer.

- Ainsi donc notre vigie aurait repéré une terre. Les cartes ne nous mentaient pas. Vous voyez que vous ne deviez pas les craindre, Léopold. Je suis sûr de mes sources, surtout vu le prix que le Conseil a mis pour les avoir, dit-il en marchant d’un pas régulier et fort vers la proue du navire.

La figure de proue représentait le corps d’un dragon sans ailes la bouche grande ouverte prête à avaler tout navire éperonné. James sortit lui aussi sa longue-vue, celle-ci bien plus sophistiqué que celle de la vigie et plaquée d’or. Il put voir la même vision que la vigie : les montagnes du Nouveau Monde.

- Est-ce cela à quoi nous nous promettons, des terres montagneuses ?

- Et surtout riche de ressources, si on se fie aux dires des marchands ramiens. Et pour flairer l’or à la manière d’un loup avec une brebis égarée, rien ne les vaut si ce n’est les kelvinois, , lui répondit Léopold Silver d’un air sérieux et pourtant narquois.

Le capitaine en réponse fit le signal à ses hommes de prévenir les autres navires. Avec un système de miroir, il ferait passer le message qu’une terre était en vue en direction des autres bâtiments qui ne devrait pas tarder à eux aussi les voir.
Dim 6 Juin 2021 - 18:06
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Dargor
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Dargor
Calia Silvaticus était né dans le ruisseau, avait vécu dans le ruisseau, et s’imaginait mourir dans le ruisseau. Des fois, il se demandait à quoi rimaient tous ces efforts mis non pas au service du fait de profiter de la vie, non pas au service du fait de chercher à en profiter, même pas de survivre. Simplement ce concept perpétuel. Ne pas crever. Ne pas crever. Alors pour ne pas crever, on trichait. Pour ne pas crever, on mentait. Pour ne pas crever, on violait à peu près toutes les lois qui pouvaient l’être, sauf une. Ne pas prendre de vie. Bon avec celle-ci aussi Calia trichait assez régulièrement. S’il mettait un point d’honneur à ne pas tuer ses ennemis, les laisser gravement blessés et sans espoir de secours, c’était sans doute un peu les tuer non ? Mais la blessure infligée dans ce cas n’était jamais fatale.
C’était son vieux père qui lui avait appris cette règle. Avant d’être pendu haut et court par Kelvin pour actes de piraterie. Puis sa vieille mère lui avait répété ce mantra. Ne pas crever. Qu’elle avait elle-même oublié de respecter finalement lors d’une émeute, toujours à Kelvin. Son petit-frère avait quant à lui oublié cette règle d’or dans un engagement d’honnête marin, fouetté à mort par le capitaine pour des crimes dont Calia s’était toujours fichu. Pour sa part, de la guilde des voleurs de Kelvin à Puerto Blanco, il y avait eu un large fleuve qu’il s’était empressé de sortir, se portant volontaire quand Valentino Tarenziore avait recruté quelques gars de Kelvin pour venir avec lui à Puerto. Il avait eu la chance de recevoir une lettre de recommandation parce qu’il avait correctement exécuté quelques contrats à ce moment.
Et puisque dans la cité des marins, tout le monde savait plus ou moins naviguer… Le reste s’était fait tout seul. Un engagement à bord du sloop de l’élu de Nerel, rien que ça ! Calia ne s’en remettait toujours pas. En rêvant la nuit. Quand il était à bord de ce navire, s’il tournait le regard, le maître à bord, c’était un homme qui avait vécu (Sans crever !) pendant des millénaires entiers ! Un homme qui avait parlé à des dieux. Un homme qui avait pratiqué la rapine dans tous les royaumes et sur toutes les mers, par … Sa simple présence mettait mal à l’aise. Le fait était qu’il y avait une sorte d’aura autour de lui. Et Calia ne comprenait pas comment il avait pu trouver une femme. Ou plutôt il la comprenait. Etre à ce point intime avec un élu divin, ça devait être quelque chose de grand. De très grand.
Mais est-ce qu’on existait encore, à ce point ? Il n’avait pas réfléchi plus loin. Des considérations philosophiques, des pensées de ce genre, c’était bon pour mener à des imprudences qui auraient pu le pousser à transgresser cette fameuse règle qu’il ne fallait jamais transgresser. Ne pas crever. Ne jamais crever. Enfin… D’un autre côté, aujourd’hui, il était en route pour le Nouveau Monde. Pourquoi faire ça ? Qu’est-ce que ça lui apportait ? Des espoirs de faire fortune sur une terre lointaine de laquelle il ne reviendrait sans doute jamais ?

Calia Silvaticus haïssait sa rencontre avec Valentino Tarenziore autant qu’il adorait l’homme pour cela. Cet homme qui parlait aux dieux, à n’en pas douter, lui avait embrouillé le cerveau avec des règles de gloire. Des rêves d’autre chose que du fait de ne pas crever. Pourquoi être allé pour le Nouveau Monde, dans cette traversée qui avait duré des semaines ? Mais d’un autre côté, quand la vigie avait annoncé la terre, il s’était relevé avec tout le monde, appréciant particulièrement d’entendre de tels propos. Il s’était mis à … Crier de joie comme les autres. Une joie qui faisait du bien, vraiment, dans cette existence monocorde, marquée uniquement par la survie. Marquée uniquement par ces règles sacrées apprises étant petit. Par le fait de constamment se cacher et s’écraser de peur de l’être par un monde plus grand que lui. Oui mais voilà, en ce jour, il explorait ce monde.

Des rêves qui lui étaient normalement étrangers, et d’où pouvaient-ils venir ? Il ne les faisait que depuis qu’il avait rencontré Valentino Tarenziore. Il y avait forcément un lien. Comment se pouvait-il qu’avant … Oui mais voilà, cet homme parlait aux dieux. Peut-être qu’il lui avait jeté un sort, on le disait après tout un peu sorcier !

Toujours était-il qu’à l’annonce de l’arrivée du Nouveau Monde, lui le gabier avait rejoint avec plaisir la manœuvre. Les chants commençant à retentir, on avait envie d’aller de plus en plus vite. Comme si l’on pouvait faire accélérer le temps, invoquer le vent pour qu’il soit meilleur et pousse le navire plus vite encore. Calia voyait la prêtresse d’Ariel du bord, une certaine Arana, contempler cette manœuvre avec un sourire mi excité elle aussi, mi narquois. Il avait tenté de la courtiser un peu, mais elle l’avait envoyé bouler. Il ne l’aimait pas trop à vrai dire, après avoir constaté qu’elle était en réalité volontiers méchante avec l’équipage, abusant de l’autorité que lui conférait sa fonction de prêtresse qui gardait la Garce à bonne distance. Et il s’était donc tenu à bonne distance d’elle. Puisqu’elle ne pouvait que lui annoncer des ennuis, il ne voulait rien avoir à faire avec elle.

La meilleure façon d’être en vie étant d’éviter les ennuis, après tout. Mais bon, maintenant, il se jetait dans leur gueule ! Quand il voyait cette immense masse de terre qui se rapprochait depuis ses mats, il ne pouvait s’empêcher de songer que ça n’allait lui apporter que ça. Des emmerdes. D’un autre côté, ça mettait un peu de piment dans sa vie. Enfin… Pour le reste, il ne se souciait plus tant que cela d’y mettre du piment. Il s’était fait à l’idée qu’il n’y en aurait jamais. On l’oublierait aussitôt qu’il serait mort, de toutes façons . Son moment de gloire, c’était quand il avait approché un élu divin.

D’un autre côté, plus d’un membre d’équipage lui avait demandé comment il était !
Mer 9 Juin 2021 - 18:34
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