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[Terminé][PV Phadransie Ceoda Triss] Chasseurs de chairs
Noire
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Heaven can wait
Noire
Les réjouissances de l'aube avaient débutées, dans une myriade de clameurs ambiantes inondant le port des Marches D'Acier. Les aussières servant à immobiliser le Wicked Wench furent défaites, ses voilurent déferlées, son équipage reformé et les amarres larguées. Parmi les docks et les marchés, des commerçants et bateleurs ventaient l'incroyable necessité de leur marchandise diverse. Des femmes et des enfants, souvent perdues au milieu de quelques groupes de marins, avançaient en direction du temple de la Reine des Mers.

Impassible, Phadransie La Noire avait assisté au départ du Capitaine Théoden. Dire qu'il y avait moins de deux jours, c'était le Seigneur Emeraude qui avait accosté au port des Marches. Faisant fi de toutes emotions qu'elle aurait pu, ou dû, ressentir, la pirate s'était détournée ensuite, d'un pas determiné. A présent, elle avait à faire.

Elle avait commençé par errer sur le port, à la recherche d'un bâtiment qui piquerait son interêt. Et elle l'avait trouvé dans le brigantin aux voilures épaisses, voiles serrées sur leurs vergues et leurs mâts avec d'épais rabans qui semblait sommeillait sans songes. L'Eradicate et sa série de vingt-quatre canons en parfait alignement lui avait tapé dans l'oeil. C'était là une bête de guerre fort utile pour les longues traversées, Phadransie avait donc signé immédiatement. Très exactement cinq jours plus tard, elle s'était embarquée et ils avaient largué les amarres. Les marches D'Acier, déjà, s'effaçaient avec lenteur au loin.

Si Phadransie avait remarqué l'Eradicate, l'Eradicate, au bout de sa première dizaine de jours en mer, l'avait remarqué également. Son Capitaine, par le biais de son Second probablement, lia la réputation qui allait avec le nom et le personnage présent à son bord, et invita celle qui surclassait déjà tous les autres marins par son habileté et ses connaissances dans sa cabine. Gardant Lame D'Or très près d'elle, Phadransie La Noire avait vu là une opportunité qui ne se présenterait pas deux fois, celle de se lier avec le Capitaine, ou plutôt de le lier à elle. Elle saurait dès le premier coup d'oeil si il serait là un homme qu'elle pourrait compter parmi ses alliés, où au contraire un idiot de premier ordre qu'elle envisageait déjà de renverser. Le résultat fut tout autre. Le Capitaine était un homme avec une stature imposante, vêtu tout de noir, avec une longue chevelure jais.

Spoiler:

Spoiler:

Il s'inclina respectueusement devant Phadransie, et lui offrit même de déboucher la bouteille de rhum qu'il lui avait tendu, dans le cas où elle en aurait été incapable. Un repas leur avait été servi, préparé par les soins d'elle-ne-savait-qui. Lorsque cette dernière avait demandé pourquoi toute cette connerie de mise en scène, le Capitaine n'avait pas souri, et l'air le plus sérieux de l'univers, il avait répondu « pour votre honneur, c'est ainsi que cela doit être. » Phadransie avait ricanné, puis ils avaient bu. Elle avait espéré le soûler, mais il s'était avéré que ce bougre là tenait mieux la gnôle qu'elle ne l'aurait cru. Et puis, c'est vrai qu'il était imposant cet oiseau là. Alors que Phadransie pouvait commençait à sentir l'ivresse la saisir au ventre et à la tête, ils en étaient tous deux arrivés aux choses sérieuses.

-C'est un véritable honneur pour le boucanier que je suis de recevoir à mon bord la femme qui a mis fin aux jours d'un immortel, madame.

Phadransie n'avait pas cillé.

-Vous parlez de Brecianne Leocadas ?

Evidemment qu'il parlait de Brecianne Leocadas. Qui d'autre ?

-Je parle de la Capitaine Leocadas, oui, avait-il confirmé en reservant du vin à son invitée.
-Je ne l'ai pas tué, avait froidement lâché Phadransie en hocquetant.
-Votre modestie m'épate madame.
-Je ne parle pas en termes de modestie morbleu. Je n'ai pas tué Brecianne ! Ce n'est pas moi !

Combien de fois et à combien de personnes encore devrait-elle répéter, crier, hurler ces paroles ? Le Capitaine avait gardé tout son calme. Admirable pour un ivrogne.

-Ce n'est pas à moi de porter un jugement sur cet état de fait, madame. Néanmoins sachez que je vous admire pour cet acte. Je n'ai jamais apprécié Léocadas, une graine de donzelle détestable.
-Etes vous fou ?
-Ivre, tout au plus.
-Vous insultez l'Elue divine de la Garce tout haut, alors que vous avancez sur son domaine !
-Je suis un fervent fidèle de la Reine des Mers.
-Tout comme moi.
-Il demeure une différence madame, entre le blasphème, qui vise à critiquer un Dieu, et le jugement qu'un mortel porte sur un autre mortel.
-Brecianne était immortelle.
-La preuve que non, sourit-il en levant les yeux vers Phadransie.

Cette dernière ne savait pas quoi dire. C'était bien la première fois qu'on lui présentait ainsi les événements. Après s'être faite insulter, mépriser, cogner dessus et humilier, voilà qu'un parfait inconnu la félicitait pour cette « prouesse ». Cet homme la dégoûtait. Sans crier gare, elle se saisit de Lame D'Or et bondit sur la table, faisant sauter des mains du Capitaine la bouteille de vin qui alla se briser contre le hublot de sa cabine. Bientôt, il fut plaqué sur sa chaise, la lame jouant avec la peau de son cou.

-Ce n'est pas moi qui ait tué Brecianne ! Tu entends ça connard ?! Celui qui est responsable périra sur mon crochet, j'en ai fais le serment !
-Ho... Pourtant les rumeurs et racontars qui circulent à votre sujet disent...
-Je sais très bien ce qu'ils disent !
-Pardonnez moi madame, s'était excusé le Capitaine. Je ne désirai nullement vous blesser d'aucune manière que ce fut.
-Personne ne me blesse ! Personne ne m'a jamais blessé !
-Me permettrai-je une question, avant que vous ne m’ôtiez la vie ?

Phadransie avait éclaté de rire.

-Je t'écoute.
-Où est le Seigneur Emeraude, votre navire ?
-Mon quoi ?
-J'ai été fort étonné de vous apprendre à mon bord, madame. Une Elue telle que vous ne devrait pas se séparer ainsi du Seigneur d'Ariel. Si vous me permettez ce conseil fort modeste.

Phadransie écarta la lame du cou de ce fou, et avait reprit son rire.

-Une Elue Divine ?
-N'est-ce pas ce que vous êtes ? Je pensais que vous aviez offert à la Reine des Mers l'âme de son ancienne Elue, afin de lui en prendre son titre.
-Sauf que je n'ai pas tué Brecianne.
-Je comprends donc beaucoup mieux pourquoi la Reine des Mers vous a octroyé ce que vous lui aviez demandé.
-On ne demande rien à la Reine des Mers, on se contente de prendre ce qu'elle veut bien nous offrir.
-Je vous rejoins sur ce point ci, madame.

Phadransie avait pris un moment pour le toiser du regard. Il la prenait vraiment pour la nouvelle élue Divine d'Ariel ?

-Quel est ton nom, Capitaine ?
-Baldassare Everhell, madame.
-Un nom qui a de l'allure.
-Pourtant si modeste comparé à celui d'une Elue.
-Je te l'accorde. Dis moi, Capitaine Everhell, quelle est la destination finale de l'Eradicate ?
-Je comptais mouiller sur les côtes Sud Ouest du continent, avant de réemprunter la Passe dans le but de me livrer à de la bonne vieille piraterie.
-C'est ce que j'avais cru comprendre, oui.
-Mais, argua le Capitaine, à présent que vous êtes à bord, rien n'est moins certain que la destination de l'Eradicate. Je suis à vos ordres.
-C'est parfait, la Reine des Mers t'en es reconnaissante. Je dois me rendre dans la Jungle.
-Pour y faire quoi, si je puis me permettre, madame ?
-Contente toi de m'y amener.
-Nous devrions traverser l'Océan des Elfes Noirs, madame.
-Cela t'inquiète-t-il tant que ça ? Tout le monde sait que les corsaires Elfes Noirs sont éparpillés partout sur les cartes. De plus, nous pourrons longer les côtes afin de rester le plus loin possible de leur putain d'île.
-Il en sera fait selon la volonté de l'Elue.
-Parfaitement. Je te laisse le soin de barrer ce rafiot des ténèbres.

Le Capitaine avait souri.

-Les ténèbres, une couleur qui vous va à ravir.

Phadransie s'était dirigée vers la sortie d'une allure peu fière.

-Au propos, lui avait-il demandé, devrais-je continuer à vous appeler madame ?
-Je suis Elue d'Ariel, non ?
-Je doute que les amants de la Capitaine Leocadas ne possedaient le droit de la nommer par son nom.

Les amants ? C'était quoi cette histoire encore ? Phadransie avait hésite, puis lâché d'une voix froide comme l'une des nuits d'hiver.

-Tu pourras m’appeler Noire lorsque l'occasion s'y prêtera.
-Lorsque l'occasion s'y prêtera ?
-Lorsque l'occasion s'y prêtera.

Elle était sortie en claquant la porte. Ce soir là, le Capitaine Baldassare Everhell avait perdu sans s'en apercevoir une bouteille encore pleine ainsi qu'un sac gonflé d'or. Il en perdit encore plus les jours -et particulièrement les nuits- qui suivirent. Pourtant, il ne s'en plaina pas une fois.

~

Après plusieurs mois de navigation, et sans outre événements notables, l'Eradicate et son Équipage d'infortune, rouge du sang de nombreux pillages, pénétrèrent dans la mer intérieure. Plusieurs jours plus tard, le brigantin faisait halte dans le port miséreux de Pré-Bois.

-Je vous accompagne, cela va de soi, madame, avait déclamé le Capitaine.
-Soit, si c'est ce que tu veux. Mais ne me ralentis pas.
-Je vous suivrai jusque dans le domaine de Canërgen.

Phadransie songea alors au Capitaine Théoden et ses fameux projets. Cela faisait des mois qu'elle n'avait plus évoqué son souvenir. Etait-il toujours en vie ? Elle chassa cette question de son esprit, ayant trop peu de son temps à lui consacrer.

-Ca n'est pas le domaine de Canërgen Capitaine Everhell, mais ça risque d'y ressembler très fortement.

Ensemble, et accompagné d'une poignée de marins, Baldassare Everhell le Capitaine de l'Eradicate ainsi que Phadransie La Noire, la -plus ou moins- Elue d'Ariel, s’enfoncèrent dans la Jungle. Le Capitaine avait payé trois hommes supplémentaires, originaires de Pré Bois, qui prétendaient bien connaître la Jungle, afin de leur servir de guide. Désireux d’être nommés à la tête de l'expédition au départ, souhaitant une obéissance totale de la part de leurs compagnons de route, ils s'étaient étrangement vite montré plus souple sur ce dernier point lorsqu'ils eurent à faire à Phdransie. Chargé de vivres et d'armes, l’expédition avançait depuis plus de deux jours à présent.

-Que cherchez vous au fait ? Avait demandé le Capitaine Everhell à sa noire amante une fois au cours de leurs progression.
-Un pirate cherche ce que lui dicte son instinct, Capitaine.
-Si j'en interprète comme vous le souhaitez vos paroles, de l'or j'en entends.
-Et tu ne dois pas être trop sourd Everhell. De l'or oui.

Ils avaient échangé un regard bas et entendu.

-Des amazones.
Lun 18 Mai 2015 - 21:05
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Céoda
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Céoda
« Trop nombreux, avait calmement dit Maya. »

Céoda et l’envoyée des dieux Weiss avaient rejoint l’amazone qui défendait la lisière il y avait de nombreux jours à présent. Elles n’étaient pas seules. Céoda, quand elle avait entendu parler de Maya, avait entendu parler d’une amazone solitaire. Quand elle l’avait trouvée, cette dernière était effectivement seule, et observait fréquemment les intrus qui partaient de la ville humaine.  A elles trois, Maya, l’envoyée Weiss et Céoda avaient pu attaquer quelques convois, mais jamais assez pour dissuader les expéditionnaires de partir. Car ils étaient toujours trop nombreux. Même si elles tendaient des embuscades, elles ne pouvaient jamais parvenir à détruire un groupe complet, alors empêcher des groupes qui partaient en même temps…

Aujourd’hui, le groupe d’expéditionnaires dont il était question semblait mené par une femme à qui il manquait un œil et une main. Céoda avait ses propres cicatrices, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de détourner d’un air dégouté le regard quand elle les posait sur cette chef.

« Quels genres de barbares peuvent vraiment remplacer un œil et un bras par des bibelots ? demanda-t-elle au soir du premier jour à l’envoyée Weiss.
-Des gens qui n’ont sans doute aucun respect pour leur propre corps, répondit calmement cette dernière. »

Elles suivaient l’expédition depuis deux jours à présent, ne se montrant pas. Maya avait dit dès le premier jour qu’ils étaient trop nombreux pour que le trio puisse les attaquer, même en embuscade, même quand ils dormaient, et ce de façon très calme. Mais ce qu’elle avait surtout dit, c’est qu’à voir la façon dont un petit groupe menait les autres et s’assuraient qu’ils ne fassent pas trop de bruit, beaucoup de ces expéditionnaires devaient en être à leur première expédition dans la jungle.

« Ils ne savent pas qu’ils sont suivis, dit-elle le soir du deuxième jour, alors que le trio campait au loin. Sinon ils se comporteraient différemment. Là, ils sont méfiants, mais sans plus. Et les trois gaillards qui connaissent la Jungle ne semblent pas les avoir mis au fait de tous les dangers. Peut-être leur ont-ils parlés de quelques-uns, mais à voir les plaisanteries échangées par le gros de la troupe… Non, ils ne sont même pas conscients de ce qui les attend. Combien y’en a-t-il à votre avis ?
-J’en ai compté un peu plus d’une dizaine, dit l’envoyée Weiss.
-Treize, répondit Céoda. Plus les cinq qui semblent être les chefs. Ca fait dix-huit au total.
-Cinq ? Je croyais qu’il n’y avait que trois guides, dit Maya.
-Ca, c’est à moi que tu le dois, dit Weiss. Oui, il y a les trois guides, mais il y a aussi cette femme mutilée et un homme qui lui obéit au doigt et à l’œil. Ces cinq-là sont les chefs. Si tu cherches à connaitre leur nombre précis, c’est que tu dois avoir un plan d’attaque en tête.
-Tout à fait, répondit Maya. Nous n’allons pas les affronter, ce serait du suicide. Mais j’ai entendu dire qu’ils cherchaient à capturer des sœurs. Nous allons utiliser cela contre eux et les faire tourner en bourrique.
-La proie et le chasseur changeraient leur place ? demanda Céoda.
-Et comment fait cela ? demanda Weiss. En allant chercher des renforts avant d’attaquer ?
-Cela, envoyée, dit Maya, je n’aimerais pas le faire, car un combat verrait plusieurs sœurs mourir. Non, ce que nous allons faire, c’est nous montrer. Et pendant qu’ils nous chasseront, utiliser les dangers de la Jungle contre eux. Ces expéditionnaires croient être aussi bons que nous. Mais ils se trompent. Nous savons bien mieux éviter les pièges de la Jungle… Et s’ils voient une amazone, ils courront droit dedans.
-C’est un plan risqué, fit remarquer Weiss.
-Mais nous sommes capables de le faire, envoyée, répondit Céoda. Nous connaissons la Jungle mieux que quiconque. »

Céoda observa que l’envoyée des dieux n’aimait pas l’idée d’être exclue du plan. Mais après tout, même si elle vivait depuis des centaines de jours dans la Jungle avec les amazones, elle n’avait pas encore toute leur expérience.

« Par quoi commençons-nous ? demanda-t-elle.
-J’ai repéré les traces d’un des grands lézards, dit Maya. Celui qui a de grandes plaques sur le dos et de grandes épines sur la queue.
-Il n’est pas très agressif, celui-là, dit Weiss.
-Non, répondit Maya. Mais si les expéditionnaires l’approchent, ils comprendront vite leur erreur… »

La fin de la soirée du deuxième jour avait donc été consacrée à trouver ledit lézard, et à estimer quel serait le chemin le plus aisé pour le rejoindre.

« Avec un peu de chances, dit Céoda à l’envoyée, ils seront nerveux demain. Ils n’ont voyagé que deux jours, normal qu’ils n’aient croisé que des moustiques pour l’instant. Les vraies bêtes ont déserté les environs de leur maudite ville. Mais là… C’est le deuxième soir. Si nous avons de la chance, une créature se montrera cette nuit. »

Et la nuit passa. A l’aube, le trio fut réveillé par des cris en provenance du camp. Elles montèrent vite sur un arbre proche, et cachée par ses feuilles, observèrent la scène.

« Un arbre serpent, sourit Maya. »

Et Céoda lui rendit son  sourire, un sourire satisfait, tandis que l’envoyée observait ce que pouvait être cet arbre serpent. Dans le camp, en bas, c’était la panique. Un arbre semblant doté d’une volonté propre avait arraché du sol l’une de ses racines et saisi un expéditionnaire, pour le soulever quelques mètres en l’air. Alors, tandis qu’il se débattait et se faisait étrangler par la racine qui lui enserrait le cou, quatre autres jaillirent et saisirent ses bras et ses jambes pour commencer à tirer.

« Il faut être fou pour dormir au pied d’un arbre serpent, expliqua Céoda à l’envoyée. Je suis surprise que les trois qui connaissent la Jungle n’aient rien fait pour les prévenir. D’autant plus qu’ils ont dormi loin des racines…
-L’être humain est décidément bien horrible, répondit l’envoyée. »

Les hurlements cessèrent d’un coup, au moment où l’arbre tira d’un coup sec sur les cinq racines, démembrant et décapitant l’expéditionnaire.

« Tu vas comprendre, envoyée, pourquoi nous appelons cet arbre « serpent », dit Maya. Nous pensons qu’il aide les serpents qui y vivent à se nourrir, en échange de quoi ces derniers protègent ses graines, très rares et donc très fragiles, des oiseaux. De la sorte, ils peuvent continuer à pousser.
-Et s’il aide les serpents à se nourrir, commença Weiss… »

En effet, une dizaine de serpents descendaient déjà du tronc. Les plus rapides gobèrent rapidement les morceaux d’humain qui se trouvaient éparpillés au sol, et commencèrent paresseusement à remonter.

« On y va ? demanda Céoda quand le spectacle fut fini.
-C’est moi qui me montrerait aujourd’hui, dit Maya. Vous deux, commencez à partir à la recherche du lézard, que je ne m’égare pas. Guidez-moi par en imitant le chant de l’oiseau au long bec jaune.
-Je ne sais pas… commença Weiss.
-Moi je sais le faire, envoyée, répondit Céoda. »

Alors, tandis que des cris de dispute résonnaient dans le camp humain, Maya bondit au pied de l’arbre, et fit mine de les attaquer. Avant que les humains ne réagissent, elle avait déjà commencé à fuir, bondissant. Elle pouvait entendre que plusieurs humains pourchassaient, si ce n’était tout le campement. Ce qu’elle espérait.
Céoda, de son côté, était partie, suivant l’envoyée qui traquait le lézard. La course-poursuite eut ainsi lieu pendant une heure dans les frondaisons de la Jungle, Maya faisant attention à ne pas disparaitre, et à provoquer les humains s’ils faisaient mine de renoncer, et Céoda et l’envoyée la guidant. Puis finalement, le trio trouva le lézard en train de s’abreuver. Il était haut comme trois amazones, mais lorsqu’il les vit, il cessa de s’abreuver et les plaques sur son dos prirent une couleur rouge, tandis qu’il faisait battre sa queue armée de pointes au sol. Les amazones l’évitèrent, peu avant que les humains n’arrivent dans la clairière. Le lézard, qui avait recommencé à boire, eut à nouveau la même réaction, l’adjoignant cette fois d’un cri.

« Et maintenant ? demanda Weiss. »

Le trio, caché, observait au loin la scène.

« Il ne les attaquera pas de lui-même, expliqua Céoda. Mais s’ils l’approchent, il utilisera sa queue comme une arme. Et crois-moi, les piques sont assez pointues pour empaler n’importe quel humain, ou n’importe quelle amazone.
-Et sa peau est épaisse, dit Maya. J’espère qu’ils feront l’erreur de leur croire vulnérable. »

L’envoyée Weiss marmonna quelque chose au sujet d’un plan échoué d’avance à cause des guides, mais aucune des deux amazones ne releva.
Mer 20 Mai 2015 - 11:14
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Noire
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Noire
Phadransie se reçut en plein visage le bouillon de sang encore chaud qui gicla du corps transpercé devant elle. Le lézard géant rugit et d'un coup de queue, fit voler les restes inanimés du malheureux au bout de sa queue hérissée de piques.

-Vous êtes fous par les dieux, cria l'un des guides accolé à l'expédition. Ce lézard possède une carapace trop épaisse pour qu'elle soit brisée avec vos lames ! Renoncez, et fuyez pour vos vies !
-Personne ne fuit nulle part bande de vers répugnants !! Hurla Phadransie, brisant net la volonté de ses hommes de prendre leurs jambes à leur cou. Vous êtes des pirates oui ou non ? Ecumeurs des mers oui ou non ? Alors le premier qui fait mine de fuir ce combat, je le pends avec ses propres boyaux à la plus haute des branches de cette putain de jungle !! J'ai été claire ?
-Vous avez entendu la Capitaine ? Cria le Capitaine Baldassare Everhell en se saisissant sans trembler de son sabre. Elle réclame du sang ! Et il y en aura par Ariel !
-Everhell ! Fais moi une percée dans ses défenses !

Ce dernier prit quelques secondes avant de se lancer à l'attaque, comme si il evaluait la situation. Phadransie faisait fi des lamentations et autres jérémiades des pirates autour d'elle, bien trop terrorisés pour suivre leur Capitaine. Ce dernier se jeta au sol afin d'éviter un formidable coup de queue qui, comme le mousse précédent, avait pour dessein de l'empaler sans outre mesure. Phadransie, pour la première fois depuis leur singulière rencontre, se mit à l'admirer pour son ardeur et son hardesse au combat. Il y avait au moins -outre sa mystico-dramatique dévotion- quelque chose de bon à prendre chez ce type là.

-Bouge toi connard, cracha Phadransie en expédiant un coup de pied dans le dos d'un des hommes présent devant elle, les genoux claquant.

La pirate recula un peu, faisant fi des « Vous êtes folle » et des « Nous devons tous fuir ! » émanant des guides à ses côtés. Elle n'avait pas envoyé Everhell à la mort pour rien, elle devait se concentrer sur ce qui se trouvait autour d'eux, dans les feuillages. Déjà, les trois guides avaient pris leurs jambes à leur cou, et se taillaient un chemin salutaire à travers la végétation houleuse. Phadransie repéra alors l'ombre de ce quelle cherchait ! Maintenant elle en était sure. Les Amazones étaient là, et les avait emmené droit dans un piège !

Elle se saisit de son sabre au côté, et courut aussi vite qu'elle le put suivant les trois guides déjà plusieurs mètres devant. Elle brisait et tranchait avec fougue lianes, branches et végétation qui lui résistait, empêchant une fuite correcte. Elle entendit bientôt derrière elle le bruit des bottes du Capitaine de l'Eradicate, et en eut pour sa satisfaction. Elle aurait regretté de perdre un homme aussi devoué que celui là. Phadransie bondit au dessus de ce qui semblait être un tronc d'arbre mort, et atterrit avec exactitude dans le sillage de ses prédécesseurs, le sol un brin plus dégagé. Profitant de ce plus, elle leva les yeux au ciel, guettant les plus hautes branches des plus hauts arbres. Je suis sure de l'avoir vu...

Bien mal lui en prit, car son pied se posa sur un reptile gigantesque qui n'apprécia pas ce geste. Le serpent, noir blanc et rouge, se redressa d'un bond et Phadransie eut tout juste le temps d'apposer ses bras face à son visage, dans le bus de couvrir ses yeux du venin qui venait tout juste de lui être craché à la face. La veste de Phadria qu'elle portait reçut le poison. Evitant de justesse le lézard géant qui fonçait sur elle, la Noire s'arc-bouta en arrière et, à la suite d'une roulade contrôlée, se mit debout, évitant là le géant qui fonçait en ligne droite, en direction du Capitaine Everhell et des autres. Ce contretemps avait permis au serpent de s'enrouler autour de l'une de ses jambes, et de nouveau il s'était redressé, sifflant et menaçant. Sentant ses côtes se compresser sous la force du reptile, Phadransie se saisit de son sabre, tombé non loin d'elle, et leva le bras, bien décidée à décapiter cet ennemi singulier. Son bras fut stoppé net par une liane au moment où il allait s'abattre. Hurlant de frustration, Phadransie leva son second bras, et enfonça son crochet dans le corps de l'animal. Elle créa ainsi une entaille verticale, partant de sous la face du monstre, et descendant toujours plus bas. Sous la douleur, le serpent siffla encore plus fort, et relâcha son étreinte. Folle de rage, Phadransie parvint à dégager son second bras et cloua le prédateur au tronc d'arbre le plus proche. Dans le feu de l'action et du combat, elle planta de nouveau son crochet dans le corps agité du bestial, et permit à son entaille de descendre toujours plus bas. Elle tira enfin d'un coup sec, et dépeça une bonne partie du serpent à l'aide de son crochet. Elle recommença ce petit jeu trois fois, tirant à chaque fois de gigantesques portions de peau, puis lorsqu'il ne bougeait plus, Phadransie arrache chacun de ses crocs venimeux, qu'elle plaça dans un petit sac en toile.

Enfin, elle executa un volte face et courrut rejoindre les autres. Ils étaient simplement à quelques mètres. Le Capitaine Everhell paru soulagé de la revoir. Elle chassa son enthousiasme d'un geste de la main evasif.

-Où sont les autres ? Lâcha-t-elle d'une voix froide.
-Messieurs Branden, Magda et Morrigan sont toujours là, répondit ce dernier en désignant de la main les guides.
-Et les autres ?
-Il ne reste plus que nous, répondit timidement l'un des marins.

Le Capitaine Everhell les compta à haute voix. Cinq pirates. Plus lui même ainsi que « l'Elue » et les trois guides.

-C'est pas possible, railla la Noire ! Nous étions le double il y avait moins de cinq minutes !
-La Jungle est mortelle et terrible madame, répondit le dénommé Morrigan en épongeant avec un chiffon humide la sueur coulant de son visage.
-Oui. Et je suis à son image.

D'un coup sec, Phadransie avait tiré Lame D'Or et l'avait planté dans le ventre du malheureux. Les deux autres se précipitèrent sur leur compagnon plié de douleur, mais Phadransie les obligea à se redresser d'un coup de botte en plein visage.

-Debout bande d'idiots ! Vous avez été payés pour nous guider dans cette maudite jungle non ?
-Pourquoi avoir fait ça ?! Cria l'un des guides à Phadransie.
-Vous êtes folle à lier !

Cette dernière leva son crochet et s'apprêta à trancher de nouveau des chairs, mais Everhell l'en empêcha en la prenant de vitesse. Déjà, sa lame tachée du sang noir du prédateur caressait la gorge de Branden. Ce dernier écarquilla les yeux de terreur.

-Nous ne ferons pas long feu si nous nous entretuons les uns les autres dans ce milieu hostile, bredouilla-t-il.
-Justement, répliqua Phadransie en s'avançant si près de lui que leur nez pouvaient presque se toucher, parlons en de ce milieu hostile. Vous et votre ami saviez très bien ce qui nous attendait, et pourtant vous avez fais comme si de rien n'était..
-Nous vous servons de guide, et nous prenons ce rôle très à cœur.

Phadransie le gifla.

-Pas assez fils de pute ! Hier un putain d''arbre'' de cette putain de Jungle écartèle sous mes yeux l'un de mes hommes, aujourd'hui nous tombons sur un putain de lézard géant et tout ce que vous trouvez à faire, c'est de putain de fuir ! En quoi, putain de chiasses, vous avez pris votre rôle de guide très à coeur ?!
-Nous...Nous ne pouvions le combattre, pleurnicha l'homme incapable de contrôler ces nerfs plus longtemps. La fuite était la seule solution !
-Visiblement non, répondit simplement Phadransie en désignant d'un geste de la tête celle du reptile géant, séparée du reste du corps. Le Capitaine Everhell et son équipage avaient visiblement réussi l'exploit de décapiter la bête.

Branden écarquilla de surprise ses yeux gris.

-C'est...C'est impo...

Un coup de poing en plein estomac le coupa. Le Capitaine Baldassare Everhell écarta sa lame. Il tomba sans un mot, toussant afin de retrouver un peu d'air. Phadransie le saigna du regard.

-Ne jouez plus à ce jeu là avec nous les gars. Vous avez été grassement payé, alors à présent soyez digne de cet or. Si vous désirez notre mort, inutile de nous faire dormir à côté d'un ''arbre serpent''. Un coup de poignard dans le cœur est tout aussi efficace. Si vous désirez nous fuir et nous perdre dans votre Jungle, vous feriez bien mieux de nous attacher à l'un de ces arbres et nous tourner le dos.

Tout en disant ça, elle venait de trancher une liane pendante et la balança sur l'homme à terre.

-Tu vois, la corde est déjà prête à l'emploi.

Un silence suivit cette déclaration. Le dénommé Branden n'osait plus lever les yeux.

-Et bien ? Qu'y a t-il ? Je ne comprends pas ? Tu ne sais pas faire un nœud peut être ? Sans doute voudrais-tu que je me charge d'attacher mon équipage. Fais moi confiance, les nœuds ça me connait. Ils seront solides, je te le garantis. Tu veux peut être que je fasse ça pour toi ?
-Non...Ça ira.
-Hum ? Pardon ? Je n'ai rien entendu. Articule un peu bons dieux !
-Non. Ça ira !
-Bien.

Phadransie s'accroupit afin d'être à la hauteur de l'homme et approcha ses lèvres de son oreille.

-Ne jouez pas aux cons.
-Non...
-Promis ?
-Promis...
-A la bonne heure ! C'est un gentil guide ça !

Phadransie se releva, et tourna vers Baldassare Everhell un visage rayonnant de perfidie.

-Tu vois Capitaine. Inutile de menacer avec un sabre. Parfois en parlant ''gentiment''  avec d’honnêtes gens on arrive à s'entendre. En fait, c'est même tout le temps le cas.
-Votre habileté vous honore, madame, répondit ce dernier en s'inclinant.
-Une dernière chose...-Phadransie expédia un formidable coup de pied dans le flanc de Branden- quand tu m'adresses la parole, c'est toujours mieux avec un « madame » derrière. C'est plus poli. Comprends-tu ?
-Oui...madame.
-Et toi l'attardé ? Ajouta-t-elle en se tournant vers le second guide encore en vie.
-Oui madame.
-Parfait ! A présent que toutes les règles ont été réexpliquées dans le respect mutuel, il est temps de se remettre en route. Nous n'avons que trop tardé !

La pirate exécuta une fausse révérence en direction des deux hommes.

-Après vous.


~



Pour la cinquantième fois peut être, Phadransie La Noire scrutait avec attention la carte dont elle disposait, marquée par Tesla Eilun en personne. « Il y a des trésors au fin fond de la Jungle » lui avait dit l'Elue Divine dans les Marches. « dans cette région, il y a une caverne. Tu y trouveras ce que tu voudras. »  C'était donc précisément cette région ci que Phadransie et sa troupe d'infortune tentaient depuis plusieurs jours d'atteindre. Selon les guides, aucune caverne ne se trouvait dans cet endroit. Phadransie avait préféré ne pas les questionner concernant la possiblilité qu'un quelconque trésor y soit caché. Elle même n'était pas sure de pouvoir y trouver un coffre empli de pierrerries ou d'or. Non, ça n'est certainement pas de ça que l'Elue parlait lorsqu'elle utlisait le mot « trésor ». Pharansie en était arrivée à cette conclusion depuis plusieurs semaines déjà. Alors, elle avait préféré parler auxdits guides d'une chasse à l'Amazone. Quant à l'endroit de leur destination, elle le présentait comme un objectif caché. « Contentez vous de nous y mener » Avait-elle ordonné à PréBois.

-Vous ne dormez jamais madame ? Demanda le Capitaine Everhell en s'asseyant près de Phadransie, de garde durant la nuit.
-Occupe toi de tes affaires Everhell.
-Désormais, toutes mes affaires sont en lien avec les votres.
-Je te promet que nous serons bien vite immensément riches tous deux.
-Il ne devrait point y avoir de tous deux madame. Cet or est pour vous. Entièrement.
-Alors tu m'a suivis jusqu'au bout du monde pour mon charme ? Railla Phadransie, déjà lassée de cette conversation.
-Non. Pas votre charme, mais votre titre.
-Qu'espères-tu gagner de plus précieux que l'or, Everhell ?
-Votre confiance et votre estime me suffiraient vous savez.


« Menteur ! Un pirate se satisfait de rien et désire toujours plus ! Si tu me donnes du « madame » à tout bout de champ, Baldassare Everhell, c'est que tu as une idée derrière la tête. Et je suis convaincue que tu te sers du titre d'Elue pour m'amadouer. » Phadransie aurait pu le hurler au visage de son interlocuteur, mais s'abstint. Autant continuer à lui faire croire qu'elle le croyait sur parole.

-J'aime les hommes dévoués à leur Déesse comme toi. Tu auras ta part du trésor, si tu ne me trahis pas.
-Ca serait comme trahir ma déesse. Même en songes je ne l'oserai.
-Réveille tous ces connards, la traque reprend.
-Déjà ? S'étonna le Capitaine. Mais ils n'ont même pas dormi quatre heures ?
-Les Amazones ne dorment pas Everhell. Elles sont là. Je le sais... La traque doit reprendre.

Le Capitaine pirate acquiesça et se leva, s'éloignant déjà de Phadransie.

-Vous êtes une Elue Divine à l'image de sa Déesse, quand bien même vous n'ecumez pas les mers.

Phadransie rigola tout bas. Putain d'ironie.
Ven 22 Mai 2015 - 3:14
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Céoda
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Céoda
Le plan de Maya s’était déroulé à merveille. Le grand lézard avait certes perdu la vie durant l’affrontement, mais non seulement il avait tué pas moins de sept des envahisseurs, mais en plus les autres avaient eux-mêmes tué l’un des leurs, pour une raison inconnue.

« C’est bien la preuve que ce sont des barbares, dit Maya en les observant. »

L’envoyée des dieux fit oui de la tête, confirmant ce que Maya avait dit. Et Céoda était tout à fait d’accord avec cette idée. La vie dans la Jungle était rude, très rude, et le danger de mort était quotidien. Aussi les amazones avaient-elles la violence contre une de leurs sœurs en horreur, car la moindre dispute pouvait remettre en cause l’équilibre fragile sur lequel chaque village reposait. Le meurtre était quelque chose que les amazones ne connaissaient pas. Maintenant qu’elle en avait vu un se dérouler sous ses yeux, Céoda était encore plus perdue. Ces envahisseurs étaient effectivement barbares et fous pour s’entretuer alors que, autour d’eux, la Jungle était pleine de danger et de pièges mortels. Il était vrai qu’un groupe trop important aurait sans nul doute attiré les pires de ces dangers, mais  ce n’était pas une raison pour le réduire aussi sommairement.

« Nous recommençons demain ? demanda-t-elle.
-Tout à fait, confirma Maya. Il nous faut juste trouver un autre piège tendu par la Jungle, et espérer que celui-là les engloutira tous, comme l’aurait fait le précédent.
-Le grand lézard s’est bien battu, dit Céoda. J’éprouve bien plus de peine pour lui que pour les envahisseurs.
-Ils se battent toujours bien, confirma Maya. Et ses congénères se chargeront de le venger. J’imagine qu’il doit bien y avoir un autre lézard dans les parages…
-N’y allez pas tout de suite, dit l’envoyée. »

Les deux amazones se tournèrent vers elle.

« Envoyée des dieux, pourquoi ? demanda Céoda.
-Parce que, répondit l’intéressé, nous avons déjà utilisé le piège de l’amazone aujourd’hui. Il ne marchera pas deux fois. Du moins pas en si peu de temps.
-Demain, ce sera moi qui y irait, répondit Céoda. Je sais comment les …
-Encore moins ! répondit l’envoyée. Céoda, ils se méfient maintenant. Ils ne tomberont plus si aisément dans le même piège, du moins pas s’il est si proche. Et c’est un plan très risqué, je ne veux pas que tu prennes ces risques maintenant.
-Soit, dit Maya.
-Mais… voulut protester Céoda.
-L’envoyée des dieux a parlé, ma sœur, dit Maya. Nous trouverons une autre solution pour la prochaine fois. »

Céoda se tut, même si elle vie l’envoyée faire la grimace. Elle savait que cette dernière n’aimait pas cette autorité naturelle qu’elle avait. Mais elle s’abstint de tout commentaire. Alors, les amazones se mirent en route à la faveur du soleil couchant. Elles faisaient bien attention de marcher d’un pas lourd. Lorsque l’envoyée leur demanda pourquoi, ce fut Céoda qui lui répondit.

« Nous laissons des traces évidentes, envoyée. Ils ne manqueront pas de les suivre, ainsi, nous ne les perdrons pas de vue.
-Et nous repèrerons les chemins les plus piégés possibles, ajouta Maya en souriant. »

L’envoyée ne trouva rien à redire à ce plan. A la faveur de la nuit, les amazones finirent par trouver un piège intéressant. Il s’agissait d’une petite zone marécageuse. Oh, rien de bien méchant, et elles la traversèrent en moins d’une heure, mais elles firent observer à l’envoyée qu’il y a avait dans cette vase.

« Nous nous enfonçons à peine jusqu’aux genoux là-dedans, lui expliqua Céoda. C’est là l’endroit parfait pour que des champignons mortels se développent. Il s’agit de gros champignons, un peu plus gros que ton pied, envoyée, qui sont au fond de cette mare. Si tu marches dessus, ils vont se crever, et cela faisant, font libérer quelques bulles qui vont remonter à la surface. Une fois à l’air libre, ces bulles font continuer à monter, invisibles, jusqu’à atteindre ton visage. Et si tu les respires, c’est la mort. Nous n’avons jamais sû pourquoi. Il faut donc particulièrement se méfier quand nous allons dans ce genre de marécages, et bien regarder ou nous marchons.
-Et les envahisseurs, ils ne le savent pas ? demanda Weiss.
-Ils le savent peut-être. Ou peut-être pas, répondit Céoda. Dans les deux cas, il suffit qu’ils ne soient pas chanceux pour marcher dessus.
-Et combien mourront ?
-Sans doute un seul, envoyé. Les nuages libérés par ces champignons ne sont pas assez puissants pour tuer plus d’une personne à la fois. Mais heureusement, ils sont assez rapides pour aller la trouver immédiatement et aussitôt lui sauter au nez. En d’autres termes, une fois que tu as marché dessus, c’est trop tard.
-Et il y a autre chose, ajouta Maya en arrivant. Ce marécage est le site parfait pour une embuscade. Regarde comme la pente remonte. Il est au centre d’un trou. Si les envahisseurs s’y élancent, nous pourrons les attaquer depuis le bord. »

Elle brandissait sa lance, d’un air heureux. Mais l’envoyée fit la grimace.

« Nous n’attaquerons pas, dit-elle, sans être sûres de notre victoire.
-Mais envoyée, dit Céoda. Nous pourrons en tuer…
-Céoda, dit l’envoyée. Je sais que tu veux te débarrasser d’eux, mais comprends-moi bien. Tu n’es plus aussi endurante que tu l’as été. Tu ne peux plus tenir un combat qui se prolongerait, alors s’il te plait, fais-moi confiance. Et partons. Nous trouverons une autre occasion de les frapper. »

Céoda se passa la main sur la cicatrice au niveau de sa poitrine, qui était la cause de sa faiblesse, d'un air triste, mais ne chercha pas à protester.
Ainsi les amazones, toujours en laissant des traces évidentes derrière elles, et en bénissant les ancêtres d’avoir retenu la pluie qui aurait inévitablement effacé de telles traces, s’élancèrent à nouveau à travers les armes. Finalement, c’est vaincu par la fatigue que le trio alla prendre quelques heures de sommeil dans un arbre. Céoda fut amusée de voir que l’envoyée l’examina sous tous les angles avant de monter pour les y suivre.

« Il n’est pas sans danger, celui-là ? demanda-t-elle en arrivant sur une branche assez large pour qu’elles s’y tiennent allongées.
-Il est dangereux, confirma Céoda, mais uniquement si tu restes au sol. Entre ses racines, tu l’as peut-être vu, vit ce que tu appelles un troll. Il ne s’est pas montré parce que c’est la nuit. Il reviendra peu avant le lever du soleil, et si les envahisseurs passent près d’ici durant la journée…
-C’en est presque cruel, répondit l’envoyée. »

Les amazones se contentèrent de sourire.
Sam 23 Mai 2015 - 21:13
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Noire
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Noire
-Tiens ? Un marécage ? Ici ?
-Il semblerait bien.
-Ne perdons pas de temps, allons-y, annonça le Capitaine Everhell en se saisissant de son sabre.

Les deux guides se consultèrent d'un regard inquiet que Phadransie ne manqua pas de remarquer.

-Il y a un soucis les gars ?
-Nous nous méfions des marécages comme ceux ci, répondit le premier.
-Tout à fait, poursuivit son compagnon, avec l'épaisseur de ce compost nous ne pouvons voir où nous mettons les pieds, et parfois nous pouvons écraser quelques champignons vivant là dessous.
-Sans parler des bestiaux.
-Ecraser des champignons ? Tu te fous de ma gueule ou quoi, railla Phadransie.
-Non madame, bredouilla Magda en évitant l'oeil noir, mais écraser ces champignons serait mal.
-En quoi putain ?
-On l'ignore en vérité, mais les explorateurs avant nous ont déjà assisté à ce phénomène. Aussitôt après que leurs camarades défunts aient posés le pied sur ces champignons, ils sont morts. Surement après avoir inhalé leurs spores.
-Conneries, railla Phadransie.
-Et si nous contournions cette zone, proposa le Capitaine Everhell en scrutant le reptile géant qui venait de plonger à moins de dix pas d'eux.
-Hors de question ! Les Amazones sont passées par ici, elles nous ont conduites jusqu'à ce marécage pour une raison précise.
-Oui, tenta l'un des marins. Nous tuer.
-Parfaitement bâtard, approuva Phadransie. Et nous ne leur donnerons pas cette occasion de réjouissances. Une chose est sure à mon oeil. Ces chiennes sont passées. Nous passerons aussi !
-Mais comment savoir où...Commença Branden.
-Everhell !

Ce dernier se tourna vers celle qui venait de prononcer son nom. Phadransie La Noire le dévisageait avec une expression de pur sadisme sur le visage.

-Oui madame ?
-Toi qui m'est si dévoué. Tu vas passer le premier.
-Et les champignons ?
-Si tu crèves c'est que le chemin que tu auras emprunté n'est pas le bon. Nous en essaierons un autre.
-Je vois.
-Et bien quoi ? Tu as perdu tes couilles ? Tu te dis prêt à tout pour servir l'Elue de la Garce mais ce ne sont que des mots ! Lorsqu'il faut réellement prouver ta valeur, tu te défiles et rentres dans ton trou comme un rat ! Je n'ai que faire de servants comme ça, la Reine des Mers n'en a rien à faire ! Tu saisis ?
-Oui, madame. Mais je...
-Si tu n'obéis pas, Everhell, je te crève comme le chien que tu es.

Ce dernier esquissa une grimace puis la fit suivre d'une révérence, le bras posé avec quiétude sur sa poitrine.

-Il est peu prisé de me menacer madame, je vais traverser.
-Tes hommes restent avec moi. Je les utiliserai pour tester un autre chemin si jamais tu crèves.
-C'est un choix intelligent, oui.

Tirant son sabre, Baldassare Everhell commença à s'enfoncer dans l'eau stagnante. Bientôt, elle lui monta en haut des chevilles, puis aux mollets et arriva en haut de ses cuisses. Il ne fut pas recouvert davantage. Tout le long de l'opération, les pirates retinrent leur souffle. Finalement, le Capitaine atteignit l'autre rive.

-Bien joué Capitaine, s’esclaffa Phadransie. Nous te collons au cul !


~

Cela faisait à présent plusieurs heures, presque dix, que le petit groupe marchait. Accablée par leurs nombreuses remarques visant à demander une pose afin de sommeiller, Phadransie avait fini par la leur céder. Elle même piquait du nez. Elle avait quand même voulu prendre le premier tour de garde, sachant qu'elle ne s'endormirait pas. L'époque où Phadransie La Noire était touchée par la grace d'un sommeil réparateur paraissait révolue à jamais. Lorsque le Capitaine Everhell vint la remplacer, elle se retira sans mot dire. Des maux de tête l'assaillirent, et lorsqu'elle trouva enfin le repos, celui ci ne fut pas apaisant pour autant. Toujours ce songe. Ariel. Le Seigneur. Brecianne. Cette chute sans fin dans les abysses. Donne moi une raison de te laisser en vie Phadransie la pirate ? Brecianne. Ta Brecianne m'a arrachée un bout d'épaule, disait Théoden. Tu seras toujours fidèle à son Capitaine. Tu seras toujours fidèle.

Elle s’éveilla en sursaut, le corps inondé de sueur et une migraine effroyable. Elle tremblait tellement qu'elle eut du mal à se remettre sur pied. Quand ce fut fait, elle ordonna au Capitaine Everhell de réveiller la troupe.

-Je vous laisse une minute, pas une de plus.

Passée ce délai, elle avait léché son crochet, et l'avait planté dans la gorge de tous ceux qui dormaient encore, ou n'avaient pas su se lever assez vite. Phadransie en avait éprouvé une satisfaction jubilatoire.

Leur petit groupe était à présent réduit à six individus.


~


-Pourquoi autant tuer ? Avait timidement osé demandé Branden à Phadransie.
-Parce que j'aime ça, quelle question.
-Je veux dire...madame. La Jungle est un piège pour nous tous. Un piège mortel.
-Oui. Et elles le savent.
-Oui, et donc...
-Moins nous sommes nombreux, le coupa la pirate, et plus l'Amazone que nous traquons sera tentée d'attaquer. Ou seront. Car je parierai ma chienne de vie que ces trésors ambulant sont plusieurs à nous fuir depuis quelques jours.
-C'est fort possible, en effet.
-Chut. Entends-tu ?
-Je..Non, madame.

Phadransie avait tiré son sabre.

-Capitaine Everhell !
-Oui, madame ?
-As-tu déjà combattu un troll mon cher ?

Devant eux, un troll gigantesque se tenait, debout. Phadransie La Noire et Baldassare Everhell esquissèrent un sourire ombrageux.

-Il y a une première à tout.

Côte à côte, les deux humains se lancèrent dans la bataille. Lame D'Or en main, Phadransie était plus que déterminée à faire couler le sang.

Moins de dix minutes plus tard, la carcasse du troll gisait sur le sol.

-Vous fûtes parfaite, madame.
-Silence Capitaine !

Phadransie prêta l'oreille.

-Elles sont juste là...
Lun 25 Mai 2015 - 3:06
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Céoda
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Céoda
Du haut de leur arbre, le trio observa le combat face au troll. Il fut étonnamment court. Le troll tua les deux derniers membres du groupe qui ne semblaient avoir ni le pouvoir ni les connaissances pour la Jungle, avant de se tourner vers les deux commandants. Il les aurait sans nul doute tués si l’un des deux envahisseurs qui connaissaient vraiment beaucoup mieux qu’eux la Jungle n’était pas arrivé, torche à la main, avec son ami, armé de la même façon. Céoda pesta. Il était vrai qu’il y avait une mare d’eau noire dans les environs, qu’elles avaient vue. Les humains aussi devaient avoir remarqué cette étrange eau noire qui ne s’éteignait jamais si elle venait à prendre feu. Les deux attaquèrent le troll par derrière pendant qu’il fonçait sur les commandants, leur sauvant la vie en lui brûlant la peau. Le troll poussa un meuglement de douleur en sentant la brûlure, et commença à fuir, mais les deux guides insistèrent, et l’un d’entre eux parvint à lui brûler le visage avant d’être fauché par sa massue et d’aller heurter, tous les os du corps brisés, l’arbre le plus proche, tombant ensuite au sol dans une position qui ne laissait aucun doute sur son état. L’autre n’eut pas un sort plus enviable, car le troll se saisit de lui et sans rien dire le dévora net. Heureusement pour les deux survivants du groupe, les commandants, la stupidité du troll joua pour eux, car il avala sans le faire exprès la torche enflammée. Bien entendu, il vomit tout ce qu’il pouvait, et son vomi acide attaqua toutes les plantes alentours, mais la torche ne partit pas, et il finit par s’effondrer.
Le combat avait à peine duré quelques instants. Céoda poussa un grognement désapprobateur. Même si elle les haïssait, les guides s’étaient bien battus, alors même qu’ils l’avaient fait pour des idiots qui non seulement ne connaissaient pas la Jungle, mais en plus tuaient les leurs. Même si elle n’avait aucune pitié pour les guides, même s’ils méritaient leurs sorts, elle ne pouvait s’empêcher de trouver injuste ce qui venait de se passer. Maya également, comprit-elle en voyant sa sœur cracher sur les deux humains, alors que la femme parmi eux venait de dire que les amazones étaient proches.

Aussitôt après, le trio se mit en branle. Il était hors de question d’aller affronter ces deux-là, songèrent Céoda et Weiss, alors que la Jungle allait sans nul doute avoir raison d’eux. Ils étaient bien trop stupides, brutaux et inexpérimentés pour espérer y survivre sans l’aide de leurs guides. Céoda, en se retournant, via Maya leur jeter un regard haineux, mais elle choisit d’ignorer ce dernier. Après tout, Maya devait sans nul doute également savoir ce qui attendait les deux humains.
Alors, tandis qu’au sol, ils essayaient de trouver la position des amazones d’après le crachat qui était atterri en plein sur le chapeau de la femme, Maya, l’envoyée et Céoda étaient déjà de l’autre côté de l’arbre, et plutôt que de se risquer à descendre, elles sautèrent sur la branche d’un arbre voisin, et ainsi de suite. Les humains, s’ils les entendaient, devraient faire des détours et se perdre dans les méandres de la forêt pour les trouver. En d’autres termes, elles allaient gagner de l’avance en permanence, et jamais les humains ne parviendraient à les rattraper.

« Puis la Jungle aura avalera leurs dépouilles, dit Céoda à l’envoyée, le soir venu, alors que le trio avait dressé un camp loin de la tuerie. Voilà une expédition qui ne fera du mal à aucune de nos sœurs, ni à aucune bête de la Jungle de plus que ce pauvre lézard aux plaques.
-Comme beaucoup d’autres, Céoda, répondit l’envoyée. Mais je suis heureuse de vous avoir aidé à vous débarrasser de ce fléau. Et je suis également heureuse de t’avoir montré, Maya, l’avantage du travail d’équipe. Même si nous sommes toutes douées individuellement, tu aurais eu du mal à faire tout cela sans notre aide, avoue-le. »

Maya ne répondit rien. Céoda était un peu inquiète pour sa sœur, celle-ci n’avait rien dit depuis la fuite, et ne disait toujours rien. Elle avait l’air en colère, alors qu’elle avait toutes les raisons du monde de se réjouir. Une expédition de moins, c’était des sœurs qui ne seraient ni tuées ni capturées. C’était donc tout à fait positif. Et voilà qu’elle était en colère… Enfin, Céoda supposait qu’elle planifiait juste une attaque pour les autres corps d’expédition. Après tout, même si celle-ci avait duré plusieurs jours, ils n’étaient jamais restés bien loin de la lisière, et ne s’étaient pas aventurées dans les zones plus dangereuses encore de la Jungle. Les amazones avaient eu de la chance de tomber sur tant de bêtes.

Tard dans la nuit, Céoda fut réveillée par un mauvais pressentiment. C’était durant le tour de garde de Maya, mais celle-ci avait disparue. Pire encore, une immense araignée commençait à se pencher sur l’envoyée des dieux, encore endormie. Céoda se demanda ce qu’était devenue sa sœur, puis en silence, saisit sa lance. Il fallait faire vite, car si l’araignée venait à mordre ou à piquer de son dard l’envoyée, elle ne savait pas si cette dernière pourrait réellement espérer s’en sortir. Alors, toujours silencieusement, elle bondit et enfonça sa lance dans l’abdomen de la bête, qui poussa un hurlement strident. L’envoyée fut réveillée pour le coup, et voyant ce qui se passait, saisit son arme et l’enfonça dans le poitrail de l’araignée qui était presque au-dessus d’elle, le déchirant et se faisant éclabousser d’une immense gerbe de sang. Très gravement blessée, la bête s’en alla en titubant, laissant l’envoyée et Céoda seules.
Céoda, avant que l’envoyée ne puisse engager un dialogue, se mit à la recherche des traces du monstre qui avait pu emmener sa sœur sans que l’envoyée ou elle-même ne se réveillent, mais elle trouva à la place des traces de pas, qu’elle suivit, son inquiétude grimpant au fur et à mesure qu’elle remontait la piste. Maya retournait à l’arbre du troll ! Lorsqu’elles y arrivèrent, elles firent les traces de sa sœur, pas encore effacées par la pluie battante qui commençait à tomber. Celle-ci remontait des traces pour leur part presque effacées, que seule l’envoyée des dieux vit. Deux traces de pas humains.

Lorsqu’elles arrivèrent au camp des humains, Maya baignait dans son sang, gémissant de douleur et bougeant faiblement pour tenter de fuir. L’humain mâle était blessé au ventre, mais l’humaine était indemne.

« Envoyée des dieux, dit Céoda, je me charge de l’humaine. Elle ne s’attend sans doute pas à une deuxième vague. Tu es plus forte que moi, emmène ma sœur loin d’ici, je vous rejoins tout de suite. »

Weiss grommela, opposée à l’idée de laisser Céoda combattre seule, mais celle-ci ne l’écouta pas. Sans rien dire, elle fonça sur les humains, lance brandie, en poussant un cri de guerre. Elle fut soulagée en voyant l’envoyée la suivre uniquement pour ramasser sa sœur. Mais elle lui jetait un regard noir, qui exprimait très clairement sa pensée. Céoda fit signe qu’elle avait compris. Fuir dès que l’envoyée aurait disparue dans les broussailles. C’est-à-dire dès maintenant. Alors, Céoda tourna le dos à l’humaine. Celle-ci était certainement trop lente pour réagir, et elle avait réussi à la maintenir à l’écart avec sa lance, son étrange bâton de métal n’aurait pas la portée pour l’atteindre. C’était donc une réussite, elle en était certaine.
Jeu 28 Mai 2015 - 10:47
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Noire
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Noire
Ils avaient été pris par surprise, comme des amateurs. C'était pourtant avec un cri strident, une hargne de bête sauvage que l'Amazone leur avait bondit dessus, sa lance prête à transpercer la poitrine de Baldassare Everhell. De nombreux symboles étaient imprimés sur sa peau ambrée, la plupart d'un noir d'encre, et dépeignant sans aucun doute des tracés de guerre. Elle portait les cheveux bruns, longs, emmêlés en plusieurs tresses et dreads et ce que l'on pourrait nommer comme une crête s'élevait au dessus de son crâne. Des bracelets de fourrure recouvraient ses poignets, ainsi que ses chevilles et de nombreuses autres lanières de cuir enlaçaient ses membres. L'Amazone possédait deux yeux bleus sévère, aussi profonds que mille océans, et une bouche auréolée de lèvres criardes et torsadées par la haine. Dans sa main droite, elle brandissait solidement une lance d'au moins cinq pieds de hauteur, taillée dans du bois noir, et sa gauche empoignait un poignard, semblant avoir été taillé dans de l'os. Son corps était musclé, sec et souple, et il était évident en la contemplant que cette femme là avait été mêlée durant toute sa vie à la rigueur et l'âpreté du combat.

Baldassare Everhell crailla de surprise lorsque son adversaire surgit des forés afin de lui bondir dessus. La lance de l'Amazone s'enfonça dans son ventre tandis que les deux ennemis tombaient au sol, sous un fin crachat héraut maudit d'une pluie torrentielle. Le Capitaine de l'Eradicate enfonça dans les côtes de cette ennemie son pied, tentant de la faire basculer par dessus sa tête. Ce qu'il se passa, néanmoins l'Amazone n'en fut pas contrainte. Elle bondit par dessus le Capitaine au sol, lance en main, et se réceptionna sur ses deux jambes, le corps courbé, presque à quatre pattes comme un félin. Baldassare Everhell se saisit en un tour de main du pistolet à poudre accoutré à l'intérieur de sa veste, et visa l'Amazone, toujours à terre. Son sang coulait déjà avec une certaine abondance de son ventre.

-Non ! Idiot ! Cria Phadransie au moment où le coup partait, se fauchant dans le tronc d'un arbre, à deux centimètres au dessus du front de l'Amazone.

Cette dernière bondit, se servit d'un tronc afin de prendre de l'élan. Elle leva haut sa lance, destinée à clouer correctement son adversaire au sol, cette fois ci. Dans les airs, les muscles tendus, elle hurlait de rage. Baldassare pointa du mieux qu'il pu son pistolet sur sa rivale, la pointe acérée de sa lance déjà à quelques centimètres de ses deux yeux.

-Si tu tires encore une fois je te bute Everhell !

Phadransie avait chargé l'Amazone, sauvant par la même occasion la vie de son acolyte. L'Amazone, dès qu'elle sentit le corps de la pirate contre le sien, bondit de nouveau, semblant n'avoir aucun point d'appuis, et atterrit quelques pas plus loin. Ses yeux brillaient de rage. Phadransie se saisit de Lame D'Or, qu'elle empoigna avec fermeté. Baldassare Everhell s'était relevé, titubant encore, la main droite plaquée contre son abdomen.

-Madame, celle ci est trop farouche.
-Elle ne l'est pas assez à mon goût. Couvre moi !

Phadransie s'était élancée sur l'Amazone, Lame D'Or au point. L'Amazone esquiva le coup qui allait s'abattre sur elle en bondissant, laissant Phadransie trancher que le vide. Mais cette dernière avait anticipé, et se retourna en une fraction de seconde. Son bras droit trancha l'air, et son crochet atteignit l'Amazone. Du sang gicla de son bras. L'Amazone rugit, comme rugirait un félin, un chat mécontent, et exécuta une myriade de petits bonds arrière, afin de se tenir hors de portée de Phadransie et son œil noir qui la scrutait avidement. La pirate choisit l'offensive, et la poursuivit. Elle leva son crochet cette fois ci, mais l'Amazone parvint à éviter le coup, tout en souplesse. Elle bougeait très vite et se déplaçait comme une ombre au travers la frondaison. Phadransie loupa ses chairs de peu, trois fois d'affiler. Enervée, la pirate accéléra son allure. Jusqu'à présent, l'Amazone s'était contentée d'esquiver ses coups de bras, de crochet et de lame, en bondissant toujours plus haut, toujours plus en arrière, et en la tenant à distance respectable avec sa lance. Phadransie haïssait cette lance qui se dressait entre elle et l'Amazone qui la rendrait riche. Elle tenta le tout pour le tout, et esquiva la pointe argentée qui devait s'enfoncer probablement dans sa poitrine en se baissant. Ceci fait, la pirate exécuta un croc en jambe habile sur l'Amazone, mais cette dernière, plus souple, n'en subit pas les effets en bondissant derechef. Phadransie se jeta en avant, et d'un geste controlé scinda la lance en deux sur sa Lame D'Or. L'Amazone lâcha le bout de bois, présentement futile, qu'elle serrait dans la main. Elle banda les muscles de son autre bras, et leva son poignard. Ce dernier était grand, il faisait presque deux fois la taille de Lame D'Or, mais Phadransie était habituée à contrer des sabres avec cette arme, ainsi elle n'en fut nullement gênée. La résonance naissante de la rencontre entre ces deux lames se répercuta dans les airs, plusieurs fois, car plusieurs fois les armes s'entrechoquèrent. Phadransie bougeait vite et bien, tournant parfois sur elle même, libérée de la lance à grande portée de l'Amazone, mais était gênée par le milieu qui les environnait. Près de sa Capitaine, Baldassare Everhell jouait de son sabre du mieux qu'il le pouvait, mais dans son état actuel, il faisait plus figure de présentation qu'autre chose. Phadransie le repoussa d'ailleurs sans ménagement, jugeant qu'il l'empêchait d'exécuter les mouvements rotatifs qu'elle désirait. La pirate parvint à faire mouche deux fois, contre aucune pour l'Amazone. Le premier coup fut sur l'avant bras, presque frôlé, à peine touché, mais cependant, du sang coula. Le second coup demeura davantage affligeant pour la cible, lui percutant les côtes, et laissant jaillir un filet de sang, minuscule geyser de quelques secondes qui tâcha le poignet de Phadransie La Noire. Cette dernière enchaîna avec un coup de pied levé majestueux, qui aurait dû atteindre la femme en plein visage. Aurait dû hélas, car l'Amazone se jeta au sol, le ventre plaqué sur la terre, évitant par la même occasion le coup. Elle se redressa d'un bond, son visage presque collé à celui de la pirate, qui recula, n'ayant pas prévu de parade. Derrière Phadransie, un tronc d'arbre la bloquait. Devant, l'Amazone. Cette dernière leva son bras et le laissa retomber avec fougue. La lame n'était qu'à quelques pouces de la gorge de Phadransie, mais cette dernière avait retenu le coup grâce à son crochet, butant contre la garde de la lame. C'était à présent un concours de force brute qui se jouait entre les deux femmes, et au vu de la taille plus élevée, et la musculature plus importante de l'Amazone, Phadransie La Noire était désavantagée. L'Amazone leva alors son autre main, et Phadransie se reçut en plein poitrail une griffure suraiguë qui lui fit perdre du terrain. Elle lâcha prise, la lame de l'Amazone trancha l'air...et le bois du tronc dans lequel elle vint se ficher. Phadransie venait d'esquiver le coup mortel en s'abaissant, elle se redressa encore plus vive que la plus avisée des Amazones, et sans crier gare laissa Lame D'Or se créer un passage sanglant entre les chairs de son ennemie. Encore du sang. L'Amazone cria de douleur en reculant, et fit l'erreur de lâcher son poignard. Lame D'Or l'avait touchée en plein visage, et à présent un filet rouge tambourinait au travers de ses lèvres, son œil et sa joue. Elle se prit le visage dans les mains, et Phadransie se saisit à pleine main de l'opportunité qui se présentait là à sa personne. Elle se glissa dans le dos de la femme, et lui planta Lame D'Or dans les chairs une seconde fois. Puis elle enchaîna par un croc en jambe, qui atteint son but cette fois, et renversa l'Amazone. Phadransie grimpa au dessus d'elle, bien décidée à se rendre maîtresse de Son trésor. En réalisant la position d'infériorité dans laquelle elle se trouvait, l'Amazone eut un élan de panique, ou de vigueur, et s'agita telle une sangsue, espérant déstabiliser son adversaire, tentant de griffer son visage avec ses ongles. Phadransie fit danser Lame D'Or, et bientôt plusieurs sillages sanglants marquèrent la peau de son ennemie.

-Ça te suffit comme ça ?! Tu es calmée ?!

A l’évidence non, car l'Amazone hurla de rage et parvint à renverser leur position. Elle fit basculer La Noire, et se jeta sur elle. Dans sa main gauche se trouvait une pierre de la taille d'un pied de long et de large, qu'elle s'apprêtait à utiliser telle une massue sur son ennemie, dans le but de lui briser le crâne. Phadransie leva son crochet, prête à arrêter le coup, si d'ordinaire elle en aurait la chance. L'Amazone cria quelque chose d'incompréhensible en s'apprêtant à réduire le crane de sa prédatrice en bouillie.

Soudain un coup de feu retentit. La pierre retomba lourdement. L'Amazone cria encore. Phadransie lui expédia un revers du crochet, lui tranchant la poitrine en diagonale. Puis un coup de coude en plein visage parvint à achever son éternelle témérité. Phadransie se dégagea de sous les cuisses armées de son ennemie, elle la renversa et lui planta sauvagement son crochet dans l'épaule. Elle en extirpa un maximum de chairs en ramenant son arme favorise vers sa langue. L'Amazone soufflait, geignait, en sang.

-Madame, tout va bien ? S'écria le Capitaine Everhell en approchant de Phadransie.
-Tout va bien Capitaine, sourit Phadransie en se délectant du sang de son ennemie.

La pirate se releva et se tourna vers son compagnon de route. Elle brandit son crochet rougi devant ses yeux, le rapprochant dangereusement, l'air de moins en moins ravi.

-Enfin, quand je dis tout va bien, j'ai sûrement parlé un peu trop vite ! Quel ordre t'avais-je intimé Everhell ? Qu'est-ce que je t'avais dis à propos de ton tromblon, fils de pute ?
-Je suis affligé d'avoir dû vous désobéir Capitaine, mais j'ai cru que la bête allait vous tuer, alors je me suis permis de...
-QUI est l'Elue Divine ici, Capitaine Everhell ?
-Vous, madame, sur tous les points.
-Et quels étaient mes ordres ?
-De...De ne pas tirer sur la bête, Capitaine.
-Sous peine de. Je te laisse terminer, Everhell.

Ce dernier ne cilla pas.

-Sous peine de mort, madame.

Phadransie lui expédia un coup de poing en pleine mâchoire ce qui l'expédia à genoux sur le sol.

-Regarde ce que tu as fais abrutit ! A cause de toi elle va crever maintenant. Non seulement nous allons devoir en trouver une autre, mais en plus ses compagnes risquent de vouloir la venger. Si elles nous tombent dessus a dix, trente ou même cent, nous ne ferons pas long feu ! As-tu seulement songé à cette possibilité ou bien tu es trop crétin pour qu'une telle éventualité t'ai effleuré l'esprit !
-J'y ai songé, madame. Mais j'ai agi uniquement dans le but de sauver votre vie, je pensais que la bête vous tuerait à coups de rocher.
-As-tu si peu d'estime pour l'Elue de ta déesse, Baldassare Everhell ?

Avant que l'homme puisse répondre à sa sinistre amante, deux silhouettes jaillirent des fourrés en même temps. Baldassare Everhell porta instinctivement la main sur son tromblon resté à terre, mais la botte de Phadransie vint empêcher ses doigts de se refermer sur la crosse.

-Touche à ça chéri, lui dit elle en léchant son crochet, et c'est toi que je vendrai en tant qu'esclave aux sodomites de PréBois !

Puis elle se retourna et sourit à l'Amazone blonde qui venait de se précipiter sur elle, lance en avant.

-Celle ci est mienne !

Phadransie empoigna de nouveau Lame D'Or avec opiniâtreté, plus que prête à en découdre. Elle recula en bondissant afin d'éviter la lance qui se pressait vers sa poitrine. Puis au moment où elle s'apprêtait à attaquer, elle vit l'Amazone bondit avec grace, et lui tourner le dos afin de fuir. Fuir Phadransie était une mauvaise idée. Lui tourner le dos davantage. La Noire visa, situa et lança. Lame D'Or vint se ficher dans le dos de la femme blonde, non loin de ses côtes. Elle cria de douleur, ainsi que de surprise. Phadransie éclata de rire et s'élança sur elle. Tout d'abord cette lance. Elle expédia un coup de pied dans le genou de l'Amazone qui chuta sur le flanc. La pirate se saisit de son bâton de bois et la lança derrière elle, assurée que le Capitaine Everhell l'interceptera, ce qu'il fit.

-Tu es à moi !!

L'Amazone s'arc bouta en arrière péniblement, Lame D'Or toujours fiché dans le dos. Phadransie la retint en enfonçant son crochet acéré dans sa cheville, ce qui lui apporta de nouveaux cris. La pirate récupéra son arme et en lécha la lame avant d'abandonner son crochet du pied de son ennemie. Cette dernière tenta néanmoins de se mettre debout. Elle y parvint, à la grande surprise de Phadransie. Mais elle chavirait, vacillait, tremblait. Elle tomba, se releva, tangua encore. A présent, ce qui pouvait se lire dans ses yeux était langue commune. La peur. La jeune Amazone blonde était effrayée. Elle était effrayée, probablement car elle est en train de prendre conscience de la situation, pensa Phadransie.

-Et bien l'Amazone q'y-a-t-il, pourquoi cette démarche si hésitante ? Tes copines t'attendent à quelques pas, tu sais ?

Phadransie se saisit de l'Amazone à la gorge, bien décidée qu'elle l'était à ne pas la lâcher. Jamais. Ce trésor était à présent le sien. Elle la balança en arrière, et sa tête heurta une pierre. Néanmoins, elle dut avoir la peau solide car seul un gémissement douloureux s'échappa de ses lèvres entrouvertes. Phadransie s'avança, lentement vers sa proie. Très lentement, elle avait tout son temps. L'Amazone trouva la force de se relever, une seconde fois. Et une seconde fois, elle y parvint avec un grand mal, oscillante et chancelante, contrainte de s'appuyer sur un tronc d'arbre afin de ne pas chuter. Phadransie lui expédia un coup de poing qu'elle parvint à esquiver de justesse, en bougeant sa tête. Elle tremblait. Son esprit ou son corps ? Phadransie penchait pour l'esprit. Elle savait que Lame D'Or n'avait touché aucun point vital, autrement elle aurait été incapable de se relever. Non, ce tremblement, ce regard, cette odeur, tous ces signes distinctifs dont La Noire jouissait étaient ceux de la panique.

Phadransie se saisit de l'Amazone par les cheveux et la tira à elle, lui tirant la tête en avant. Elle ajouta à ceci un coup de genou en plein visage, suivi d'un coup de poing dans la bouche. L'Amazone cracha du sang et chuta, incapable de se remettre debout cette fois, le pied ensanglanté.

Alors, Phadransie La Noire appuya sa botte contre sa tête et sourit à Baldassare.

-Capitaine Everhell, il ne tient plus qu'à vous de ligoter cette chienne, elle fera notre fortune !
Ven 29 Mai 2015 - 2:25
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Céoda
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Céoda
Céoda suait à grosses gouttes. Son dos lui faisait horriblement mal, là où la lame de l’humaine l’avait atteinte. Sa cheville la faisait également terriblement souffrit, là où elle avait enfoncé son doigt de fer. Cela faisait à présent trois longues et pénibles journées qu’elle marchait vers la ville des étrangers. Elle avait les mains attachées dans le dos par une corde qui la serrait affreusement fort, et avait du mal à bouger ses doigts. Elle devait avancer à un rythme insoutenable, faisant fi des innombrables dangers qui la guettaient. A plusieurs reprises, elle avait elle-même évité de justesse la mort, alors qu’un quelconque démon semblait protéger ces monstrueux humains, car ces derniers évitaient systématiquement les pièges mortels qui se trouvaient sur leur chemin.
Le soir du premier jour, elle avait hurlé de douleur lorsque le mâle l’avait charcutée, et lui avait brûlé la peau au niveau des blessures, pour essayer de la refermer. Il s’agissait d’une mauvaise médecine. Elle la faisait souffrir, et elle était grandement inefficace, Céoda en était certaine. La preuve, sa peau la brûlait depuis cet épisode, et la dernière fois qu’elle avait jeté un œil à sa cheville, une énorme tâche rouge s’étendait sur celle-ci, tandis qu’au niveau de sa blessure, du pus vert suintait et dégoulinait de ses pieds. Cela fournirait, elle le savait, un abri parfait pour des insectes de la Jungle qui voudraient utiliser son corps comme couveuse. Jusqu’à ce qu’elle en meure, ravagée par la fièvre et les infections que ces bêtes amèneraient. Mais d’un autre côté, elle ne voulait certainement pas mourir. Les amazones avaient le suicide en horreur, et Céoda ne faisait pas exception. Pour cela, elle survivrait. Elle avait déjà survécu à ceux que l’envoyée appelait les elfes noirs, elle survivrait aussi aux humains, même s’ils étaient autant des monstres assoiffés de sang que les premiers.
Voilà pourquoi elle prit soin d’éviter plusieurs pièges mortels sur le chemin du retour. Ils l’auraient sans nul doute tuée, et cela aurait abrégé ses souffrances, mais elle ne voulait pas accepter une telle mort. Et elle espérait que derrière elle, ces pièges se refermeraient sur les humains, mais il n’en fut rien. Un démon devait veiller sur eux, car tous les pièges, ils les évitaient. Et lorsque Céoda regardait, elle s’apercevait qu’ils les évitaient sans même avoir conscience de leur présence. C’était purement de la chance. Il s’en fallait parfois d’à peine la longueur d’un doigt, mais ils y échappaient toujours.
Une autre chose que Céoda regrettait, c’était de n’avoir pas tenu sa promesse faite à l’envoyée. Celle qui disait qu’elle reviendrait… L’envoyée devait sans nul doute la maudire en ce moment. Et être partie à sa recherche. Céoda trembla à cette idée… L’envoyée seule dans la Jungle.

---

Seule, Weiss l’était en effet. Elle avait confié une Maya à l’agonie au village d’amazones le plus proches, qui s’était aussitôt attelé à la soigner. Puis elle était partie à la recherche de Céoda, qui n’avait pas suivi. En vérité, elle s’était d’ores et déjà faite à l’idée que cette dernière avait été capturée, mais elle voulait avoir le cœur net. Quand elle atteignit finalement le lieu de l’affrontement, il n’y avait trace ni de Céoda, ni des deux humains. En revanche, de la piste évidente qu’ils laissaient derrière eux, il y en avait. Et à voir la démarche de Céoda, elle était blessée. Les traces qu’elle laissait dans l’humus de la Jungle était inégales, et elle essayait de mettre le moins de pression possible sur l’un de ses pieds, sans doute afin de lui éviter des souffrances…

« Céoda, murmura-t-elle, tu n’as pas à retomber entre leurs mains… »

Il était hors de question qu’elle laisse Céoda être capturée par les deux humains. Elle avait déjà beaucoup trop souffert, entre les mains des elfes noirs d’abord, puis sous les coups des hommes-lézards ensuite. Weiss s’était attachée aux amazones et vivait parmi elles depuis un tour, mais à Céoda en particulier. Elle savait que cette dernière n’aurait pas voulu qu’elle soit seule dans la Jungle. Après tout, elle n’avait pas encore bien appris à y survivre. Mais Weiss savait, pour sa part, ne pas avoir le choix. Alors, elle s’élança, démontrant que pendant un tour, elle avait appris à survivre dans la Jungle.

Mais lorsque ses yeux se posèrent enfin sur le trio, ils étaient aux portes de Prébois.
Dim 31 Mai 2015 - 10:11
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Noire
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Noire
Il leur fallut de nombreux jours de marche et d'audace au travers les frondaisons meurtrières de la Jungle avant d'atteindre Prébois. L'Amazone avait eu de plus en plus à suivre la cadence. Everhell avait cauthérisé du mieux possible les plaies béantes de leur prisonnière, mais cela n'avait en rien empêché sa cheville de pulluler et subir un début d'infection. Phadransie avait tenté de couper le mal à sa racine, en brûlant une seconde fois, à l'alcool, la plaie dès les premiers signes visibles. Ce qui avait sûrement permis de réduire les dégats et à l'Amazone d'atteindre Prébois en un seul morceau. Un morceau, selon Phadransie, qui se revendrait très cher.

Dès leur arrivée au crépuscule, une foule de curieux, ivrognes et badauds s'amassèrent tels des insectes autour des deux expeditionnaires. Phadransie veillait sur sa captive comme sur un trésor faits d'or et de joyaux, à la différence près que celui ci était de chair. Elle repoussait les individus trop impétueux à son goût à coups de crochet sévères. Cette Amazone était à elle, et à personne d'autre. Everhell avait dégainé son sabre d'abordage, et tentait également de contenir cette activité ciblée autour du trio. Des hommes crachaient au pieds de l'Amazone lorsque Phadransie la poussait devant eux, d'autres l'injuraient. Mais la plupart arboraient un sourire élargi jusqu'à leurs oreilles, au minimum, et une mine criarde, en levant le poing et félicitant les deux pirates. Une telle haine envers les Amazones était toute nouvelle pour Phadransie La Noire, mais elle n'en avait cure. Son être ne désirait plus qu'une chose, et en écho à celle ci, son œil noir virait déjà au doré. Ils clapotèrent dans la fange sur plusieurs mètres, à chacun d'eux de nouveaux curieux aparaissaient. Phadransie commençait à trouver cela emmerdant, au moindre mot. Enfin, ils parvinrent à atteindre la place centrale de la ville.

-J'exige de voir l'homme qui se charge des ventes, sur l'instant, cria Phadransie !

Les cris semblèrent doubler de volume, les habitants de Prébois crachaient leur haine à la captive. Parmi eux, l'équipage d'infortune du Capitaine Everhell, bouteilles de rhum en main pour la plupart.

-Bande d'ivrognes sans couilles et sans cervelle ! Je n'ai pas prévu d'attendre une minute de plus !
-Et vous n'attendrez pas, clama soudain une voix féminine.

Les hommes s'écartèrent, laissant apparaître une femme à la peau claire et brune de cheveux, une épée accrochée dans son dos bien droit. Au vu de ses habits, propres et possédant un quelque chose de majestueux, Phadransie la prit pour la meneuse de cette bande de trou du cul.

-Tu es qui, l'amie ?
-On m'appelle Akane Hime ici, et je suis la reine de Prébois. Et vous ?
-Phadransie La Noire, écumeuse des Mers et Elue d'Ariel. Et à mes côtés se tient le Capitaine Baldassare Everhell, maître de l'Eradicate mouillant au port.
-L'Eradicate, oui, j'ai pu le contempler il y a de cela quelques jours.
-J'en suis ravi l'amie. Mais nous ne sommes pas ici pour causer de l'Eradicate ! Voyez et contemplez ce que je vous offre, ajouta-t-elle en jetant au sol l'Amazone. Une bête de la Jungle, jeune, encore farouche, ma foi plutôt jolie. J'ai cru entendre murmurer que les expéditions qui parviennent à ramener une Amazone captive sont plutôt rares.
-Elles le sont, oui, lui répondit d'une voix claire Akane Hime.
-Donc ce que je vous offre là est un vrai trésor, et il fera votre fortune, Akane Hime reine de Prébois.

Cette dernière esquissa un sourire puis se saisit de l'Amazone par les cheveux et la tracta, faisant fi de sa futile résistance.

-Vous aurez votre or chasseresse, mais avant laissez la population de Prébois venger ses morts.

Sur ces mots, Akane Hime se saisit d'un fer chauffé à blanc que l'un des villageois, au moins aussi grand qu'il était large et trapu, vint lui apporter. La foule hurlait son euphorie. Akane Hime marqua avec sévérité la prisonnière au niveau de la cuisse, son cri vainquant par la puissance ceux des citadins. Puis, encore tremblante de douleur, l'Amazone fut jetée sans ménagement à ceux qui seraient ses bourreaux. Phadransie s'élança de plusieurs pas, vive comme la foudre. Le regard que lui lança Akane était clair, elle ne désirait pas que la pirate s'en mêle.

-Ne crois pas que je t'ai pas entendu hein, mais j'aimerai avoir l'or qui me revient sur le champ, avant que cette bande de gibiers de potence ne la crèvent, si possible.
-Non, c'est la règle ici.  Tu seras payée après. 150 pièces d'or si elle meurt, sinon votre paye sera estimée par l'acheteur.

Phadransie ne put s'empêcher d'esquisser un sourire d'excitation en entendant les paroles de son interlocutrice. 150 pièces d'or. Elle n'en avait pas estimé moins. Mais pas plus non plus.

-Très jolie somme. J'espère pouvoir te faire confiance. Il est de très mauvaise augure d'essayer de me rouler.
-Essayer de rouler une femme qui ramène une amazone ? Combien de membres de ton expédition sont morts pour celle-là ? Tu mérites ton dédommagement.

Phadransie La Noire acquiesça en arrangeant avec minutie son Tricorne sur sa tête, du bout de son crochet.

-Tu parles bien l'amie. Et bien Akane Hime, quand tes hommes auront finis de s'amuser avec ma proie, je viendrai te retrouver.
-Mes hommes risquent d'en avoir pour longtemps.
-Combien ?
-La nuit, au minimum.
-Et si elle ne tient pas la nuit je serai payée c'est bien ça ? Même si elle meurt plus tard des suites de ce que tes fils de pute lui feront subir ?
-C'est ainsi. Tu pourras récupérer ta bête au matin, cela te convient ?
-A la bonne heure, cela me convient. Autre chose l'amie, ajoute Phadransie tandis que la foules de prédateurs s'étant jetés sur l'Amazone l'emmenaient au loin, ils vont lui faire quoi exactement ?
-Tu te préoccupes d'elle ?
-Nullement.
-Qu'est-ce qu'on en a à faire dans ce cas ? Ce sont des animaux.

Elle marqua un temps de silence puis ajouta.

-Ils vont libérer leur haine, venger tous les hommes morts à cause de ces bêtes. Ils la tortureront.

Phadransie sourit à la reine de Prébois.

-Je peux te payer un coup à boire pour savourer cette victoire ?
-J'ai à faire pour l'instant, une autre fois peut être.

Cette dernière fit un volte face sans demander son reste, bien décidée qu'elle l'était à trouver la Taverne la plus proche. Elle allait se mettre sur la gueule, bambocher à mort, pétuner à saoul. Il était plus que temps de fêter ça.

-Au fait, Phadransie La Noire c'est ça ? Lança dans son dos Akane Hime.
-J'écoute.
-J'y pense, il y a quelques jours à présent est arrivé un homme à Prébois, il a mentionné ton nom. Je crois qu'il te cherchait.
-Un homme ? Un pirate ?
-Je ne pense pas, il se prétendait porteur d'une missive.

Phadransie franchit la porte de la Taverne à quelques mètres d'elle, Everhell sur les talons.

-Etrange.
Dim 31 Mai 2015 - 13:19
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
La nuit tombée déjà depuis un moment, Triss se trouvait dans cette auberge des Prébois où elle logeait déjà depuis un moment. Elle avait décidé de s’habituer d’abord au monde des hommes ici, pas loin de son lieu d’enfance mais elle voulait aussi comprendre comment celui ci marchait, qui dictait les lois et les autres détails du même genre. La nature de la Jungle lui manquait, ces grands arbres et tout le reste lui manquaient. Mais elle avait décidé de partir pour une bonne raison, elle voulait venger ceux qui avait tout détruit et tous les autres engeances du même genre. Elle aurait pu commencer à tuer ceux des Prébois, surtout avec cette Akane Hime, se disant reine des Prébois. Elle méritait la mort mais elle ne peut rien faire, cette femme à une trop grande réputation de guerrière pour oser s’y frotter, surtout toute seul. Elle chercherait d’autres personnes à tuer pour laver ce monde de leur corruption et leur noirceur, peut être reviendrait d’elle plus tard quand elle sera plus entraînée et plus forte.
Mais que faisait elle , elle était dans ces pensées en plein milieu de l’auberge, déjà des clients lui criaient de recommencer à jouer. Cela ne devait plus lui arriver, heureusement que c’était pendant un court instant. Elle prit à nouveau son luth et commença à jouer une nouvelle chanson qu’elle accompagnerait de sa voix. De sa belle voix, elle commença à chanter la chanson du rossignolet des bois:

Qui chante au verd bocage
As-tu ouy la voix
D'un garson de village
D'un garson de village
Qui s'est voulu marier,
Mais il n'entend pas l'usage
Comme c'est qu'il faut aimer
Si j'avais de l'argent
Je vous dis, à grand somme,
Je m'en irois souvent
Avecques ma mignonne
Qui est tant belle et bonne
Las, je m'en irois jouer
Elle m'apprendroit en somme
Comme c'est qu'il faut aymer
Hélas, dit l'amoureux
A sa douce amoureuse
Quand n'estions que nous deux
Vous n'estiez pas honteuse :
Vous faites la facheuse
Maintenant devant les gens
Mais quand je vous treuve seule
Vous n'en faites pas autant
Un loyal amoureux
Doit avoir bonne audace
Se monstrant gratieulx
Acquerant bonne grace
Sans user de fallace
Qui veut les dames hanter
Plaisamment faut qu'il s'hazarde
A souvent les fréquenter
Qui fist ceste chanson ?
Fut un gallant de ville
Estant a la maison
D'une plaisante fille
A passetemps habille
Ils faisoient à leur plaisir
Il y en a plus de cent mille
Qui sont pleins d'un tel désir

La chanson enfin finie, elle remarquait qu’il avait plus de gens dans la taverne par rapport au début. En même temps, cela était normal vu que les gens de d’habitude arrivait comme à chaque fois à la même heure. Sauf deux personnes dans le fond qu’elle n’avait jamais croisé. Qui pouvait il bien être? En tout cas, vu leur accoutrement, il n’était pas d’ici. Peut être des mercenaires vu qu’ils avaient des armes. Ils pourraient sûrement l’aider en lui indiquant un autre endroit à aller vu qu’ils devaient voyager pour gagner leur pain. Elle prit la chope pas loin d’elle et but un coup pour se désaltérer la gorge puis elle remit à chanter une autre chanson tout en regardant son public, surtout les deux qui pourraient sûrement l’aider.
Quelque instant plus tard, cette nouvelle chanson finie, Phadransie remarquant que la barde la fixa, cria:
- Ben alors la barde ? Tu as la gorge trop sèche pour continuer ?
Puis elle commença à rire. Mais Triss avait quand même du répondant et proposa à cette femme:
- Si vous voulez tellement une nouvelle chanson, pourquoi ne pas me la proposer mais sachez que mes services lorsque l’on veut une chanson spécifique, sont payants. Mais comme vous êtes la première à me le demander, je vous le ferais gratuitement.
Phadransie, bourrée et rigolant encore, lui répondit encore avec sa belle délicatesse de d’habitude:
- Et bien quelle générosité la barde ! Dis moi poupée, tu connais "la fille du capitaine ?"
- Pour qui me prenez vous? Pour la première barde venue? Je vous propose même de chanter avec moi si vous le désirez. Pourquoi même vous ne commenceriez pas et je vous rejoins avec ma belle voix?
- Si j'étais de mauvaise humeur je dirai que tu ne la connais pas.
- Mais comment pouvez vous être de mauvaises humeurs alors que je vous propose de chanter la chanson que vous désirez avec moi avec une bière en plus, que je vois juste à côté de vous.
Les clients ayant bien bu, et en ayant marre de leur conversation, le firent comprendre en commençant à crier:
- Chante barde. On en a marre de vous entendre parler avec cette femme qui veut une chanson mais qui ose pas chanter. Cela sert à quoi?
- Mais calmez vous mes chers clients, oseriez vous vous énerver sur cette femme qui n’a rien fait à par ne pas poser montrer sa voix au chant. Tout le monde n’a pas le courage de chanter en public. Il ne faut pas en vouloir à une femme d’avoir peur, cela n’est pas normal pour une femme?
Sur ces paroles Phadransie se lève et dégaine son sabre.
- J'aimerai bien savoir ton nom la barde, afin que je puisse savoir qui je vais de tuer. Il est très mal vu de provoquer Phadransie La Noire
Dim 31 Mai 2015 - 15:56
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Noire
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Localisation : ???
Heaven can wait
Noire
Avant que la ménestrel trouve quelque chose à répondre à La Noire, la porte de la Taverne s'ouvrit en grand, et un jeune garçon, enveloppé dans un large manteau brun, y entra. Il balaya les clients du regard, rapidement, de toute évidence il cherchait quelqu'un. Qu'il trouva en la personne de Phadransie.

-Madame, c'est vous Phadransie La Noire ?
-Tu veux quoi ?
-Tenez, j'ai ceci pour vous.

Tout en disant cela, il avait extirpé de l'intérieur de sa bandoulière une lettre fermée. Phadransie rengaina son sabre, reléguant du même coup cette sombre affaire avec la barde au second plan dans ses priorités. Elle se rassit sur la chaise au dessus de laquelle elle siégeait à l'instant, et vint soutenir son visage avec son crochet. De sa main gauche, elle se remplit un autre verre de bière brune.

-C'est quoi ça ? Et c'est de qui ?
-C'est une lettre, répondit timidement le jeune garçon en s'avançant vers La Noire.
-Alors tu vas devoir me la lire. Tu penses en être capable morveux ?
-Oui, madame.
-J'en suis ravie. Je t'écoute.

Sur ces paroles, elle porta le verre à ses lèvres et le bu cul sec. Puis elle se resservit derechef, jura en apercevant le baril de bière vide, et opta pour du vin, aussi infect le trouvait-elle. Pendant ce temps, le jeune messager se débattait avec le cachet qui enfermait ladite lettre sous forme de rouleau. Enfin, il parvint à la déplier.

-Voilà madame. C'est une missive d'un certain Jack Lissander.

Le verre se brisa en mile morceaux sur le sol de la Taverne. Phadransie resta figée de stupeur l'espace d'une seconde. Elle cru que ses oreilles la trompaient, mais non. Elle avait très bien entendu. Comment a-t-il pu me retrouver avant que je le retrouve ? Le jeune messager poursuivit, l'air encore moins assuré face à la pirate, si d'ordinaire cela était possible.

-Il..Il est écrit ceci.

De Lissander à La Noire
Salutations La Noire,
Je viens prendre des nouvelles de la tueuse d'immortelle et lui proposer un marché.
Je pense bien que tout va bien pour toi depuis qu'on te dit tueuse d'immortelle. Je devrai limite m'agenouiller devant toi, celle qui a osé tué Brecianne. Je la plains de fois, elle n'avait rien demandé. Je suis sûr que tu penses comme moi. Sinon je ne suis pas venu t'écrire pour te rappeler le meurtre de Brecianne, même si j'y prend un réel plaisir. Je suis venu te proposer un marché, tu me rends un dernier service, et en échange, tu auras le sabre de Brecianne, ta chère ancienne capitaine. Si tu es intéressée, je veux te voir d'ici la deuxième pleine lune qui risque d'arriver, aux îles de Jade. Si bien sûr, tu as peur de venir, ce que je peux comprendre, n'ayant plus rien à faire de ce bibelot, je le jetterai à la mer, dans un endroit où tu ne pourras jamais le retrouver.
J'espère avoir encore le plaisir de négocier avec toi, Phadransie.

Et c'est signé : Lissander, ton pire cauchemar.

Un silence solennel s'imposa à tous les individus présents. Phadransie gardait le regard dans le vide, ne bougeait plus.

-Madame ? La rappela Everhell debout à côté d'elle.
-Quand as-tu eu cette lettre ?!
-Il y a un plusieurs lunes déjà.
-As-tu vu le visage de l'homme qui te l'a confié ?!
-Non, madame !
-C'est impossible ! Il s'est forcément montré, il n'a pas pu passer par un intermédiaire ! Était-il entouré d'aberrations ?
-Je...Je ne sais pas madame. La personne qui m'a remis ceci était masquée et enveloppée dans une cape noire, et puis elle n'étais pas seule, mais je n'ai pas vu qui était avec elle parce qu'eux aussi étaient masqués, mais elle m'a bien payé madame, et moi j'ai pas demandé plus, j'ai promis de vous trouver et porter le message, j'ai pris beaucoup de temps à retrouver votre trace et j'ai beaucoup voyagé, mais vous savez je ne suis pas riche et j'ai pas voulu trahir la confiance de celui qui m'avait payé pour cette mission, on ne me confie jamais rien à moi, j'ai été heureux d'être choisis comme son messa...

Un coup de feu retentit, faisant sursauter la moitié -si ca n'était la totalité- des personnes présentes. Le jeune garçon contempla le trou béant dans son aine, puis tomba en avant, saignant jusqu'à ce que la faux d'Elis veuille bien de lui.

-Tais toi, tu m'exaspères. Capitaine Everhell, brûlez cette lettre. Et préparez l'Eradicate sur l'heure, nous appareillons immédiatement !

Phadransie se releva, l'air plus sombre et déterminé que jamais. Elle arrangea son tricorne sur sa tête et traversa la salle, d'un pas assuré. Même l'alcool ne semblait pas pouvoir étendre son emprise entre elle et le nécromancien qu'elle rêvait de tuer. Phadransie La Noire quitta la Taverne, faisant claquer la porte.


~


Baldassare Everhell s'approcha de la jeune barde, une fois La Noire sortie de la Taverne. Il hocha poliment la tête à son encontre.

-Madame.

Cette dernière lui répondit par un sourire. Il décida de se présenter, après tout il fallait bien que l'un des deux se lance un jour ou l'autre.

-Je suis le Capitaine Baldassare Everhell madame. Votre spectacle ce soir m'a comblé, moi et mon équipage si je puis me permettre de causer au nom de tous mes hommes. Je suis donc tenté de vous faire une proposition. Vous prendre à mon bord, celui de l'Eradicate, le temps du voyage que nous envisageons.

La barde parut surprise par une telle proposition. Elle demanda où se rendait l'Eradicate et combien de temps durerait le voyage.

-Nous nous rendons aux Îles de Jade comme vous avez pu l'entendre. Nous emprunterons donc la Passe, dans un premier temps, avant de mettre le cap vers le Nord de Ryscior. Nous en avons pour plusieurs semaines, mais là encore, vous avez entendu : nous avons obligation d'y être avant la prochaine pleine lune. Cela devrait vous donner une estimation à peu près valable.

La jeune barde sembla réfléchir à ladite proposition, puis demanda sous les ordres de qui était réellement le vaisseau. Baldassare sourit légèrement, cette femme était intelligente.  

-J'en suis le Capitaine, mais l’Élue Phadransie La Noire est au dessus de moi. C'est elle qui dirige donc ce Navire.

Il ajouta.

-Si vous acceptez mon offre, vous gagnerez une paye convenable, celle de tout marin qui viendrait à s'engager à bord d'un tel navire. Cela dépend du temps que nous passerons en mer, et parfois aussi des rencontres que nous y faisons, je pense que vous l'avez compris, après tout nous sommes des pirates madame. Mais cela n'empêche en rien de pouvoir vous fier à ce que je vous annonce, vous serez payée. Je suis écumeur des mers, pas harpailleur de bordel, je ne me joue pas de vous. En revanche, une fois à bord, vous serez traitée comme un marin de rang régulier de rang, et leurs supérieurs seront les vôtres. De plus, vous chanterez exclusivement des chansons pirates.

Il lui sourit.

-La fille du Capitaine. Blake Jon Morgan. Damnés des mers. Le Hollandais. Les filles d'Argenterie. Je suis certain que vous les connaissez toutes.


~


-Écartez vous de mon chemin fils de putes !

Ce ne fut pas difficile de retrouver l'Amazone. Il suffisait de suivre le brouhaha, qui menait à la plus obscène des festivités, qui menait à une foule à demi enivrée, qui menait à l'Amazone. Phadransie se fraya un passage parmi les centaines d'hommes et de femmes qui se pressaient devant ce qui semblait être une auberge, ou en tout cas un bâtiment important de Prébois. Elle finit pas sentir l'impatience qui l'habitait se changer en folie furieuse, et termina par se frayer un passage à coups de crochet, se fichant du sang qui giclait devant son oeil et des cris qui en étaient la suite logique. Elle finit par pénétrer dans le bâtiment, là encore dû jouer du crochet pour avancer. Elle grimpa un escalier en bois, qui semblait mener à une pièce encore plus grande, surement une sorte de salle commune.

-Laisse moi passer connard, cria-t-elle à un homme barbu, pressé devant la porte.
-Hé la pirate, on en a jusqu'à l'aube normalement ! Si tu veux venger tes amis tombés dans la Jungle tu fais la queue comme tout le monde.
-Je ne viens pas venger qui que ce soit morbleu de merde ! Alors écarte toi !

Elle approuva ses paroles d'un solide coup de pied dans la rotule du gars, qui craqua net. Elle l'adjoignit d'un coup de crochet planté-retourné dans l'épaule. Plus rien ne se dressait à présent entre elle et la porte, qu'elle ouvrit d'un coup de pied.

Là encore, elle dû user de son crochet et menacer d’égorger quiconque ne la laisserait pas passer sur le champs, afin d'arriver jusqu'à l'Amazone.

-Putain mais dégage galier de siresse !

Elle tira par le col un homme occupé sur la femme un tison en main, et l'envoya mordre la poussière. Elle trancha les chairs d'un second, également penché sur l'Amazone. A présent elle pouvait enfin distinguer son visage. Phadransie serra les dents de rage en le découvrant.

-Morte ? Elle est morte putain de charognards !! Vous l'avez laissée crever putain !!

Les yeux clos, entièrement nue, il était évident que l'Amazone avait été livrée à l'avidité sans noms des habitants désireux de libérer leur rage sur elle et les siens. Son corps était meurtri de toute part, la chair brûlée à plusieurs endroits. Des traces de coups lui faisait à présent comme une seconde peau, son visage était tuméfié et enflé. Du sang coulait de ses lèvres jusque sur sa poitrine, et, fait amusant nota Phadransie, le sillage rouge était si fin et droit qu'il semblait être tout ce qu'il y avait de plus propre et ordonné sur ce corps jadis animé. Une laisse de cuir était serrée au maximum autour de son cou, ce dernier ayant viré très vite au rouge cramoisi. Partout sur ses chairs, au niveau de sa poitrine et ses jambes particulièrement, des coupures de même couleur, signatures de dizaine, voire de centaines de lames, dont peu devaient être aiguisées. Des ceintures en cuir, liaient ses chevilles et ses poignets à un lit aux abords du lit sur lequel elle "reposait" mollement et sans vie. Ses cheveux étaient désordonnés, par endroits rouge de sang, et trempés. Ses pommettes enflées soutenaient avec peine des yeux désespérément clos. Son nez en revanche ne semblait pas brisé, bien que du sang emplissait ses narines. Son visage entier était trempé, comme si les habitants de Prébois avaient pris grand' plaisir à la noyer à plusieurs reprises.
Tout le sang présent sur son corps, à présent mélangé à celui des quelques hommes que Phadransie avait expédié au sol, avait inondé les draps du lit. Phadransie remarqua qu'elle avait été probablement violée jusqu'au sang, avec des outils divers à n'en pas douter. Les habitants de Prébois ne prendrait jamais plaisir avec celle qu'ils considéraient comme une bête.

Elle planta son crochet dans l'oeil du type le plus proche, qui tentait encore de poser ses mains sur le corps disloqué de la captive.

-Et toi tu cherches quoi fils de pute ? Violer un cadavre !?

Elle se pencha à son tour sur l'Amazone et sentit une respiration. C'était déjà ça, elle n'aurait pas à retourner tout Prébois à la recherche d'Akane Hime pour être payée. Elle chargea la femme sur ses épaules et quitta la pièce, se fichant des injures, des cris de mécontentement, et même des crachats qui fusaient sur leur passage. Aucun habitant de Prébois n'osa cependant attaquer ouvertement Phadransie. Elle rejoignit d'un pas alerte le port de la ville.


~

Phadransie La Noire trouva le Capitaine Baldassare Everhell sur le pont, occupé qu'il l'était à distribuer copieusement des ordres, traitant ses hommes d'un peu tout ce qui lui passait par la tête. Les voiles furent rapidement amenées et affalées. Le pavillon noir fut arboré. Les cordages dénoués. Les flambeaux placés un peu tout du long le pont de l'Eradicate allumés. L'ancre enfin, fut levée. L'Eradicate était majestueux, prêt à courir après l'horizon.

-Amenez la bête dans les geôles, ordonna le Capitaine en voyant Phadransie déposer l'Amazone sur le pont.
-Non. Elle ira dans ma cabine.
-Comme il vous satisfera.

Baldassare Everhell ordonna d'un signe de la main à son Second de s'en charger.

-Et tu lui attaches les bras et les jambes, ajouta La Noire, il est hors de question que cette garce mette elle même fin à ses jours quand j'aurai le dos tourné.

Le marin acquiesça et hissa la femme sur son épaule.

-Capitaine Everhell, je pense que vous pouvez donner l'ordre du départ.
-Madame, s'avança prudemment Everhell les bras croisés derrière le dos, j'ai à m'entretenir avec vous avant cela.
-Je veux que l'Eradicate ait largué les amarres avant cela !
-Madame je vous en prie. C'est..important.

Phadransie le foudroya du regard.

-Va larguer ces putains d'amarres !
-C'est un piège, trancha Baldassare Everhell d'une voix mal assurée.
-Je te demande pardon ?
-Le nécromancien, l'assassin de Brecianne Leocadas. Il vous tend un piège madame, et il est de mauvaise invention que de se jeter dans la gueule d'un loup tel celui la.
-Evidemment que c'est un piège, crétin ! Tu crois quoi ? Que je suis stupide ?! Il n'empêche que piège ou pas, il m'amène droit à Lissander. Et c'est ça que je veux !
-Madame, j'ai peur que cette fois ci les choses ne se passeront pas comme vous le pressentez, avec tout le respect que je vous dois.

Phadransie brandit son crochet, menaçant. C'était la première fois depuis qu'elle côtoyait cet homme qu'il se permettait de lui tenir tête aussi intensément.

-As-tu peur Everhell ?
-Oui, madame.

Il avait répondu sans hésitation. Phadransie fronça les sourcils.

-Très bien, j'espère que tu n'as jamais eu l'occasion de contempler la quille de ton propre vaisseau Capitaine, car crois moi tu vas bientôt la voir de très très prêt !
-Phadransie La Noire, laissez moi une chance de vous convaincre de l'importance de mes suppliques. Vous serez plus à votre aise dans ma cabine.
-Si tu crois que me baiser me fera changer d'a...
-Ce n'est pas ce que je crois, la coupa Everhell. S'il vous plait.

Phadransie trouvait que toute cette histoire commençait à vraiment puer.

-Tu. fais. larguer. les. amarres. Ordonna-t-elle simplement d'une voix autoritaire avant de tourner les talons.

Baldassare Everhell soupira, et s'executa. Très vite, l'Eradicate quitta le port de Prébois.

-Je t'écoute.

Phadransie, assise torse nu sur le lit, bouteille de rhum en main et cigare en bouche observait le Capitaine qui venait tout juste d'entrer. Ce dernier s'inclina et prit la parole.

-Je requiers votre pardon, madame. Sachez que je ne doute nullement de vos capacités d'Elue, si c'est ainsi que vous avez interprété mes propos.
-C'est ainsi que je les ai interprétés, confirma la pirate. De quelle autre façon ? Et il y a pire que ça Everhell, bien pire. Si tu doutes de ton Élue, tu doutes de son pouvoir. Et douter du pouvoir de l’Élue Divine de la Reine des Mers, c'est douter de la Reine des Mers. Dis moi Baldassare, doutes-tu de la Grande Reine des Mers ?
-Non, jamais.
-Alors explique moi. Pour la seconde fois, je t'écoute.
-J'ai un certain talent pour la magie, madame.
-Tiens tiens tiens. Enfin des révélations sur ta personne.
-Rien de très subtil cependant. Ne vous attendez pas à ce que j'envoie des boules de feu ou toute autre chose sur vos ennemis, car je ne saurai combler vos attentes.
-Je n'attends rien de toi. Si ce n'est l'explication à ton comportement.
-Je peux parfois...et involontairement..voir des choses. Des choses qui ne se sont pas produites, j'entends.
-Un putain de prophète ?
-C'est un mot bien trop digne pour désigner ce que je ne suis pas. Mais...c'est dans cette optique là, oui. Madame, ce voyage jusque dans les Îles de Jade nous mènera tout droit à la mort.
-Dois-je comprendre par là que tu as "vu" ma mort ?
-Non, rien de si précis. Mais ce que j'ai "vu" comme vous dites était assez significatif. Du sang va couler madame, beaucoup de sang.
-Celui du nécromancien, oui !!
-Non justement. Si il y a bien une chose dont je suis sur, c'est que ce sera le votre.

Phadransie La Noire marqua un silence, réfléchissant. Soit Everhell se foutait royalement de sa gueule, dans le but d'empêcher ce voyage, soit...Pouvait-il vraiment être sincère ?

-Le sang coulera en abondance, reprit-il, rien ne se passera comme vous l'avez prévu, et ca sera la mort seule maîtresse de cette expédition.
-Celle de Jack Lissander !
-Non madame, reprit Everhell, tellement bas que Phadransie dû tendre l'oreille pour l'entendre.
-La tienne alors ? Ou la mienne ?
-Je l'ignore madame. Je souhaiterai qu'il s'agisse de la mienne bien sûr, mais en consentant à cette idée, quand bien même je passerai de vie à trépas, cela serait alors mauvais pour vous même.
-Est-ce Lissander qui te tuera ?
-Je l'ignore, j'ai très peu de certi...
-Est-ce l'idée de la mort qui te terrifie à ce point ?

Pour la première fois depuis leurs échanges, le Capitaine dû réfléchir à la réponse à donner.

-Je crains la faux d'Elis, oui, mais ça n'est pas cette crainte là qui motive mon envie de renoncer à ce voyage. J'ai peur pour vous.
-Connerie.
-Vous êtes l'Elue Divine de...
-Oui oui, blabla, je connais la chanson, l'arrêta Phadransie avant de boire une goulée à la bouteille.
-Dois-je ordonner aux hommes de ramener l'Eradicate au port ?
-Hors de question ! Je ne changerai pas d'avis Capitaine Everhell. Et je vais tuer Jack Lissander.

Le capitaine s'inclina poliment, vaincu.

-Vos désirs sont mes ordres.
-Je veux que tes hommes serrent le vent, et déploient toutes les voiles.
-Immédiatement.

Baldassare Everhell se dirigea vers la porte, mais fut interrompu par la voix de Phadransie à l'instant où il s’apprêtait à l'ouvrir.

-Capitaine Everhell, j'ai entendu ce que tu m'as dis.
-Oui ?
-Nous mettons le cap sur Oro.
-J'ai l'appréhension de ne pas en comprendre les raisons. Pourquoi Oro ?
-Pour vendre l'Amazone morbleu ! Là bas je pourrai lever une enchère et en gagner facilement deux cent pièces d'or au bas mot ! Avec cet or, je paierai des mercenaires.
-Des mercenaires ? Pour vous aider à tuer le nécromancien ?
-Pour cette raison, oui. Ce sang que tu as vu couler, Baldassare Everhell, je peux te jurer que ça ne sera pas le mien.
-Qu'Ariel vous entende.
-Jack Lissander dans moins de deux lunes, mourra. Sur mon crochet.
-C'est un honneur que vous lui faites là, madame.

Phadransie but une seconde gorgée de rhum tandis que le Capitaine Everhell quittait sa cabine d'un pas pressé. Sans doute était-il déjà plus rassuré ? Phadransie but encore une lampée, et posa la bouteille sur le chevet, près du lit. Elle s'allongea et couvrit son œil fatigué de son bras.

-Brecianne, je vais te venger, je te le jure.
Lun 1 Juin 2015 - 2:49
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Céoda
Messages : 22
Date d'inscription : 20/06/2014
Céoda
Lorsque le métal chauffé lui brûla la peau, Céoda ne put retenir un hurlement de douleur. C’était exactement la même sensation que ce qui l’avait pris lorsque l’elfe noir Cinder avait mutilé son cou. Puis l’enfer se déchaina sur elle.
Elle fut d’abord saisie par la foule, qui la traina dans les rues. On la força à avancer, tandis qu’elle sentait ses vêtements se faire déchirer sur elle. L’impudeur de ce moment ne la gênait pas, pas une amazone. Mais ce qui suivit la gêna plus. Les habitants, hommes et femmes, lui jetèrent des fruits trop murs, et des ordures, et même des étrons puants, tandis qu’un corde lui fut serrée autour du cou, au point d’à moitié l’étrangler. Elle fut ainsi trainée pendant ce qui lui parut de longues heures, puis on la posa sur une place. Elle tant de s’y relever. Mais ne put jamais y arriver.
Des coups de pieds par dizaines lui furent donnés, la faisant s’allonger dans la boue de cette large place. On la battit ensuite avec des armes, et elle sentait même que certains s’amusaient à lui percer la peau, comme s’ils cherchaient à la tuer. D’autres bâtons de feu lui brulèrent la peau en bien des endroits. Le supplice continua longuement, et elle n’eut bientôt plus de voix à force d’hurler. Elle avait le nez dans la boue et respirait à peine, mais s’en fichait. Son corps était en train d’être brisé, bientôt viendrait son âme, elle s’en doutait bien, les humains étaient si immondes…
Elle accueillit les ténèbres comme une délivrance.
Mer 3 Juin 2015 - 21:08
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