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[Terminé][PV Sélanæ, Phadria, Argorg ] Se battre pour ses idéaux II
Sélanæ d'Harmattan
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Briseuse de chaînes
Sélanæ d'Harmattan
« Terre en vue ! »
Sélanae ouvrit un œil, puis deux, mais ce fut comme si elle les eut gardés fermés tant il faisait sombre autour d’elle. Elle avait dormi dans la cale en compagnie des anciens esclaves et la pièce était coupée de toute lumière extérieure. Elle tendit la main vers la bougie qu’elle gardait à son chevet et se saisit de son autre main du briquet à silex posé tout près. Elle entreprit de l’allumer mais ses doigts étaient tout engourdis par le froid, de plus ses tremblements n’arrangeait pas les choses. Après plusieurs pressions sur la roulette d’étain, une gerbe d’étincelle jaillit et vint embraser la mèche de la bougie, formant tout de suite comme une bulle dorée autour de la guerrière.
Autour d’elle, la plupart des esclaves dormaient encore, recroquevillés en position fœtale dans les peaux de bêtes qu’Argorg avait gracieusement acheté à leur dernière escale dans l’Empire d’Ambre il y avait plus d’un mois à présent …
Elle se surprit à claquer des dents
‘’ Putain on se pèle pensa-t-elle ! ‘’
Il faisait toujours un peu frais dans les cales, frais et humide, mais là, elle n’avait jamais autant eu froid de sa vie ! Elle ramena sa couverture contre sa poitrine et essaya de se réchauffer un peu les mains près de la flamme de sa bougie, sans grand succès.
Elle n’osait pas se lever et gardait ses genoux près de son ventre afin de laisser s’échapper le moins de chaleur possible.
Tout à coup elle entendit des bruits de pas au-dessus de sa tête et la trappe en face d’elle vint s’ouvrir à la volée, réveillant les autres dans des grognements plaintifs :
- Mademoiselle Sélanae, Phadria me dit de venir vous chercher, nous arrivons à La Marchande.
- A la quoi ? dit Sélanae en fronçant les sourcils. Elle n’appréciait pas trop qu’on l’appelle mademoiselle, mais Avel ne pouvait pas s’en empêcher.
- La Marchande,un des ports des Marches d’Acier.''
Sélanae se releva à la hâte. Ils étaient enfin arrivés à destination, après des mois de traversée.
Elle s’approcha de la cale à grand pas, sa couverture flottant entre ses jambes. Elle écrasa au passage le mollet d’un des esclaves affranchis qui poussa un juron.
‘’Désolé ‘’ répondit Sélanae en trébuchant à moitié.
Arrivé au niveau de l’escalier menant vers le pont, elle leva les yeux vers Avel. Un fine pellicule blanche qu’elle n’avait pas remarquer de l’autre bout de la cale couvrait sa tête et ses épaule.
‘’ Qu’est ce que c’est ça, sur tes épaules ? pointa Sélanae.
- Ça ? C’est de la neige mademoiselle, c’est Madame Phadria qui l’a dit, pour sur. ‘’
Sélanae écarquilla les yeux et grimpa les marches quatre à quatre, faisant couler au passage un peu de cire chaude sur ses doigts. Elle mit son premier pas sur le plancher et sentit la fine couche de neige crisser sous ses pieds. Elle leva les yeux, au dessus d’elle le ciel était encore noir, il ne devait pas être plus de cinq heure du matin mais d'épais flocons blancs tombaient, tranchant net avec la noirceur des cieux.
- Avel, aide les autres à se préparer, s’il te plaît, dit Sélanae en s’approchant de la barre.
- Oui Mademoiselle.
Elle arriva au niveau de Phadria, qui tenait toujours la barre, les plissures de son tricornes presque remplies de neige.
‘’ Alors c’est comment ? dit-elle un petit nuage de vapeur blanche sortant sa bouche.
- Froid … '' rétorqua Sélanae.
Phadria esquissa un sourire.

Les Marches d'Acier:

*

Environ un quart d’heure plus tard, l’Ankhor arriva au port de la Marchande.
En cette matinée glaciale, le port était absolument désert, la journée de travail des dockers n’ayant surement pas encore commencé, le soleil ayant à peine pointé le bout de son nez à l’horizon.
‘’Je ta laisse t’occuper de la manœuvre, je vais rejoindre mes protégés, dit Sélanae en posant une main sur l’épaule de Phadria.
- Pas de problème ma biche, ça serait triste que tu attrapes un rhume maintenant !’’
Sélanae ouvrit la trappe et y glissa la tête.
Au fond de la pièce, elle aperçut Avel, se démenant pour faire passer la tête de la petite Martha par l'encolure de sa veste, l’enfant se débattait tandis qu’Avel poussait sur le col, mais, rien à faire, sa tête était coincée. Tout à coup la petite poussa un hurlement, Sélanae se précipita à sa rescousse :
‘’Laisse moi faire, dit-elle en s’accroupissant devant l’enfant, c’est rien ma chérie, on va le faire toutes les deux, dit-elle en se saisissant de la veste en peau de bête tout en essuyant les gros sanglots sur la joue de Martha.
Avel s’était remis debout et décalé d’un pas, les bras balant il semblait gêné.
‘’ BESOIN D’AIDE SUR LE PONT ! ‘’ cria Phadria.
‘’ Avel, tu ferais mieux d’aller aider ta capitaine s’il te plaît, je m’occupe d’eux ! dit Sélanae, tournant la tête en sa direction avec un sourire.
‘’B… Bien mademoiselle. ‘’ dit-il avant de monter quatre à quatre les marches de la trappe et de disparaitre sur le pont.
Un ''Va me chercher les cordes d’amarrage, j’ai la chatte congelée putain'' arriva aux oreilles de Sélanae dit avec toute la classe dont pouvait faire preuve Phadria lorsqu'elle était dans l'urgence.

Elle parvint enfin à habiller la petite Martha quand l’enfant se jeta dans ses bras :
‘’ J’ai froid, maman.’’
Sélanae sentit son estomac se nouer. ‘’Maman ?’’
‘’ Nous avons tous froid mon cœur, tiens prend mes gants, pour protéger tes petites mains, et restes sage ‘’ dit elle, tachant de rester le plus neutre possible.
Elle se releva et se tourna vers la seconde plus vieille membre du groupe après la doyenne que l’on avait surnommé '' Hochette ''. Personne ne connaissait son prénom, dans la mesure où elle était muette, et apparemment sourde, puisque quand on lui parlait, tout ce qu’elle se contentait de faire était de hocher la tête en souriant, d'où ce surnom tout trouvé.
'' Borah, tu veux bien t’occuper d’elle ? ''

La cinquantaine, les cheveux chatains et courts, grassouillette, Borah avait servi sa vie dans les cuisines d’un riche seigneur d’Hasruba. Puis vint un sale jour ou mal réveillée elle perdit sa main dans le hachoir à viande et la soupe ce soir là n'eut pas la même gout. Elle essaya de cacher sa blessure du mieux qu'elle le put avec l'aide de quelques amies servantes, mais quand le Seigneur des lieux appris que ce soir là, entre la soupe de poireaux et les pois chiche il avait aussi goûter au fluide de Borah, il renvoya la pauvre sans vergogne, elle qui devenue manchote n'était de toute façon plus bonne a rien. On la mit à la porte. Mendiant le sous, elle avait alors été contrainte de se vendre elle-même en temps qu’esclave, une ''raisonnée'' comme on les appelait.

'' Bien sûr mademoiselle. Viens ma chérie, sois sage ‘’ lui dit-elle en s’accroupissant pour prendre la petite Martha dans ses bras.
Sélanae se positionna au centre de la pièce et mis une main sur la pomme de son épée. Tout à coup tout le monde se tut :

‘’ Comme vous avez peut-être pu l’entendre, ceci n’est pas une escale comme les autres que l’on a pu faire jusqu’ici, puisque c’est la dernière ! ‘’
Des murmures se propagèrent parmi les affranchis : « la dernière ? » , « qu’est ce que ça veut dire ? qu’on est arrivé aux Escaliers de Fer ? »
- Nous accostons en ce moment même aux Marches d’Aciers, poursuivi-elle et d’ici quelques minutes vous serez de nouveau des citoyens comme les autres.
Sélanae reprit :
« Lors de ce long voyage, les Marches vous ont toujours été présentées comme l’ultime étape, presque inatteignable, et bien je suis heureuse de vous apprendre aujourd’hui que nous y sommes.
Malgré mes rappels succins de votre liberté de quitter le bateau pour rejoindre votre famille, vos proches ou vos amis vous m’avez accordé votre entière confiance quant à la destination de notre périple et je vous en suis reconnaissante.

« De toute façon où aurais-tu voulu qu’on aille, joli cœur, ça fait bien longtemps qu’on a tous perdu notre maman ici, dit Markus en montrant son tatouage sur son biceps, un cœur rouge avec un "maman" marqué en son sein. Et puis tu es si jolie Sélanae, nous n'aurions jamais oser te fausser compagnie. »
Sélanae ne put s’empecher de rire, et l’atmosphère se décontracta légèrement.
« Quoi qu’il en soit mes amis, maintenant c’est a mon tour de vous rendre ce que je vous ais depuis tout ce temps promis : votre liberté.
Tout à coup, un silence tomba sur toute la cale. Pas un bruit ne se fit entendre, plus un murmure, ce fut comme si le bateau s’était figé. Rien qu’a l’évocation de ce mot dont la significtion fut si longtemps recherché, les larmes montèrent aux yeux de certains d’entre eux. Liberté.
"Il est temps pour vous d’avoir une vie meilleure, une vie ou le mot esclavage ne fais plus partit de votre vocabulaire, une vie ou vous pourriez retrouver du travail, louer un logement et peut être même fonder une famille. Il est temps pour vous de vivre, pleinement, et tout simplement. »
Sélanae marqua une petite pause. Elle était émue, et ravala les sanglots qui s’était accumulés dans sa gorges tel les roulis d’une marée montante. Devant elle, plusieurs filles pleuraient déjà a chaudes larmes en silence, Borah elle se moucha bruyamment dans son mouchoir sale et Hochette, à son habitude la regardait et souriant de sa bouche édentée tout en hochant la tête.
« Lorsque nous arriverons, je vous présenterai à l’évêque du temple d’Atye, qui vous prendra en charge.  Vous y serez logés et nourris le temps qu’il vous trouve du travail. Ici l’esclavage est interdit, alors ne vous en faites pas, il n’abusera pas de vous.
Une petit secousse suivit d’un « Et ben putain, c'était quoi cette manœuvre de merde Phadria !! T’aurais pu te faire ça les deux mains attachées dans le dos il y six mois ! Ma parole t'es rouillée ma vieille ! »
« Ah Ah ! A en entendre notre Phadria nationale, nous accostons. Ah au fait, certains d’entre vous n’ont peut être jamais vu la neige, j’espère que vous apprécierez le spectacle, mais faites en sorte de pas vous dissiper et de bien me suivre, je ne voudrai pas trop attirer l’attention, après tout nous sommes dans les bas quartiers des Marches. Avant que nous quittions une bonne fois pour toute ces cales moisies, avez-vous des questions ? »

Markus, fit un pas en avant et enleva son vieux bonnet de laine fétiche qu'il portait tout le temps, il le tordit entre ses mains, nerveux :
« Mademoiselle Sélanae, dit-il timidement, lui qui était pourtant si extravertie, vous allez nous manquer »
Tout à coup une clameur se fit entendre, « Oh oui, ça c’est sur ! », « N’arrêtez pas ce que vous faîtes », « Vous êtes un rayon de soleil, Sélanae »
Sur sa droite, Borah se moucha bruyamment pour la deuxième fois, essayant de masquer ses sanglots ! 
Selanae s’avança vers Markus et le serra dans ses bras. Il fut surpris au début gardant ses bras, rigides, puis il l’enlaça de plus belle.
Une fois leur étreinte terminée, Sélanae, les yeux pleins de larmes fit un pas en arrière :
« Allez maintenant tout le monde dehors avant que vous me fassiez pleurer pour de bon. »
Tandis que tout le monde se dirigeait vers la sortie, elle regarda une derniere fois ces cales ou elle avait dormis pendant presque six mois. Mon Dieu qu’elle était contente de les quitter … mais en même temps une tristesse implacable était entrait en elle et semblait impossible d’en sortir. Elle ferma la trappe derrière elle en versant un ultime larme.

*

Tandis que Phadria s’attelait à nouer les amares sur la corniche, Sélanae observa du pont le port qui s’étirait devant eux. A premiere vue il n’avait rien à voir avec la grandeur du port de Karak Tur en Oro. Quelques petits bateaux de transit étaient amarrés par-ci par là, rien de bien spécial à par peut être ce froid glacial qui tiraillait sa peau.
Le temps que Sélanae s’avance jusqu’au bastingage, un homme, de stature imposante, apparemment un docker était entrain d’aider Phadria :
- Voilà, comme ça ça devrait tenir, dit-il en serrant le nœud coulant sur le pilonne d’amarrage.
- Je vous remercie mon brave, dit Phadria en redressant son tricorne et en rapprochant le col de son manteau près de sa gorge, mes doigts gelés avaient peine à venir à bout de ce maudit nœud coulant. La réputation des gens du Nord n’est plus à refaire, vous souffrez peut-être d’un climat glacial, mais votre chaleur vous l’avez dans votre cœur.
Sélanae haussa les sourcils. Encore une de ses expressions apprises par cœur, elles n’étaient plus à refaire. Mais il n’en fallait pas plus pour le docker qui, flatté s’empressa de répondre :
- Je suis le plus heureux des hommes lorsqu’une magnifique femme s’adresse à moi comme à un Prince, mais alors là, deux, je suis bénis des dieux, dit-il levant les yeux vers Sélanae sur le pont.
A ces mots Avel serra les poings.
- Que viennent faire deux magnifiques créatures comme vous dans ce trou plein de glace ?
Phadria rigola de bon cœur.
- Eh bien pour ma part je suis en vacances voyez-vous, alors je vous du pays, je voyage, je prends du bon temps, mais mon amie ici essaie de …
- Je souhaite délivrer d’anciens esclaves affranchis au temple d’Atye de votre ville, la coupa Sélanae.
Si vous auriez l’amabilité de m’indiquer le chemin, je vous en serai très reconnaissante.
Phadria croisa les bras.
- Oui elle est toujours un peu directe.
Le docker fixa la jeune Sélanae, qui du haut de ses dix-sept le toisait comme si elle eut été une princesse Elfe. Il portait un bonnet de laine épaisse et même si son écharpe cachait la moitié de son visage, on pouvait toujours apercevoir les poils de sa barbe hirsute percer à travers les mailles grossières.
Ils restèrent un instant là à se regarder dans le blanc des yeux quand le docker se décida à prendre la parole :
« Et bien, si mademoiselle veut bien me suivre, je me ferai une joie de vous y accompagner, dit-il en mimant une révérence caricaturée, penchant son bras vers l’allée principale qui partait du port et semblait traverser la ville. »

*

L’ascension fut pénible, le temps que tout le groupe sorte des cales et qu’ils ne se mettent en route, les flocons avaient doublés d’épaisseur et le vent s’était levé, s’engouffrant dans l’allée et obligeant Sélanae à plisser les yeux, si bien qu’elle n’y voyait presque plus rien.
Elle ouvrait la marche auprès du docker dont elle ne savait toujours pas le nom, tandis qu’Avel encadrait le groupe à l’arrière :
« Sommes-nous encore loin ? J’ai peur que le groupe ne tienne pas très longtemps.
- Ne vous inquiétez pas mademoiselle, le temple d’Atye, se trouve à la prochaine intersection, nous y serons dans deux minutes. Les prêtres ont décidé d’installer leur temple dans les bas quartiers du port afin d’être au plus près des populations qui en ont besoin.
- Un choix fort respectable, des prêtres qui font leur travail ? Ah, de nos jours ça n’existe plus, dit Sélanae d’un ton dédaigneux.
- En Khamsin peut-être, mais on peut compter sur nos bons prêtres des Marches d’Acier.
Sous le choc Sélanae  écarquilla les pupilles ce qui lui valut de se recevoir un flocon en plein sur la cornée. Ce fut comme si tout son globe oculaire fut congelé instantanément, non sans être douloureux, ce fut quand même gênant.
- Si vous le dîtes, répondit Sélanae avec froideur en accélérant le pas.
- Mademoiselle, on n’apprend pas au vieux singe à faire la grimace, vous êtes une native des Sultanat, je reconnaîtrai l’accent chantant de Khamsin entre mille, j’y ai moi-même vécu plusieurs années.
- Dans ce cas, vous serez ravi d’apprendre que tout ce qu’il en reste est un tas de cendre, que notre Sultan Azim est mort et son fils Abad exilé sur le Nouveau Monde. Sur ce, merci de nous avoir accompagner jusqu’ici.
Sur ces dernières paroles, le docker se stoppa net. Sélanae le laissa en plan en se dirigeant vers ce qui aurait pu sembler être une simple auberge vétuste mais dont le signe au-dessus de la porte d’entrée ne pouvait tromper personne : un cœur au sein d’une flamme ardente, ils étaient arrivés au temple de la Déesse de l’Amour.
- Et bien c’était pas trop tôt, dit Avel en se précipitant vers l’entrée, un pas de plus et j’aurai congelé sur place. Il tenait dans les bras la petite Martha qui, transit de froid, grelotter à s’en faire claquer les dents. Sélanae referma la porte derrière eux, laissant le docker là, au milieu d’un frais manteau de neige.

Avel:
Lun 14 Mar 2016 - 0:06
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Phadria Red
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Je suis à toi pour toujours
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«Monsieur, j'ai deux mots à te dire...»
- Je lui jetai le reste au sein
Dans un baiser, qui la fit rire
D'un bon rire qui voulait bien...

A.R




«  Et bien ce fut rapide en fin de compte, dit Argorg les bras croisés sur son opulente poitrine. Après tous ces mois de voyage. Nous y sommes !

Phadria Mary Red hocha la tête tout en rabattant sur son visage son tricorne excessivement ornementé. Cela faisait plus d'un Tour qu'elle était venue aux Marches D'Acier, en présence du Capitaine Théoden à bord du Seigneur Émeraude, et de Noire. Déjà, Sélanae s'était éloignée avec Avel et la petite colonne d'ex-esclaves. Si on m'avait dit qu'un jour, moi, Phadria Red, j'aiderai à libérer des esclaves.
Sirk, quoiqu'habituellement silencieux et discret, quitta l'Ankor d'un pas trapu et passa devant Phadria, lui lançant au passage un regard qui voulait en dire long.

- Bon Argorg, lui dit Phadria Red tout en posant une main sur son bras trapu, garde le navire, Papy et moi on a une bricole à faire.

L'Orc admira un instant la gravité de la pirate toute vêtue de rouge, mêlée d'un certain orgueil propre à tous ceux ayant une idée derrière la tête qu'ils ne souhaitent point partager.

- Vous allez faire quoi ?
- Ca, faut pas demander, lui sourit Phadria. Avec Sélanae nous avions convenu de nous retrouver à l'Ankor une fois cette histoire d'acheminement d'esclaves réglée. Si nous mettons un peu de temps à revenir, posez votre cul dans une taverne près des dock. Normalement on s'ra pas long.

L'Orc, qui demeurait en toute situation -ou presque- enthousiate, cligna de l'oeil en direction de sa Capitaine.

- Plagt, Attila et moi-même surveillons le pont ! Vous pouvez aller faire vos cochoneries tranquilles ! »

Madame Red ne releva pas la plaisanterie et suivit la Dague Verte qui avait déjà commencé à s'enfoncer dans les Marches.



~


«  Bon alors, ce commanditaire tu sais où il est ?
- Oui.
- C'est là qu'on va, j'imagine.
- Oui.
- Tu as pris tes dispositions ? Tu as un plan au moins ?
- Oui.
- Hé sans déconner, tu peux pas dire autre chose que ''oui'' un peu ? J'ai l'impression de causer à un putain de perroquet.
- Oui.

Phadria Red choisit de faire confiance à ce « sale gobelin » et ne la ramena pas. Ils s'enfoncèrent durant presque une heure de marche au cœur des Maches d'Acier, sous une aube naissante et glaciale. Tous les muscles tendus contre la neige et le froid, ses cheveux fouettant le vent, Phadria aurait aimé un peu plus de locacité de la part de Sirk. Mais d'un autre côté, le froid demeurait si mordant que ne pas desserrer les lèvres était déjà un bon moyen afin de lutter contre lui. Enfin, les deux antagonistes arrivèrent devant une large grille, veillant sur une grande maisonnée qui tenait plus du manoir. Un jardin tout de blanc recouvert se dressait entre la grille et la porte d'entrée. Sirk choisit enfin d'ouvrir la bouche :

- Quoi qu'il se passe maintenant, quoi qu'on nous dise, quoi que je puisse dire, tu ne réponds pas. Tu ne parles même pas. Contente-toi de me suivre.
- Et puis quoi encore ? Tu m'as pris pour un chien ou quoi Papy ? J'suis pas là juste pour faire le sale travail à ta place ! Et n'oublie pas notre marché, on a dit moitié moitié !
- Je ne l'oublie pas, tu auras vite de quoi regonfler ta bourse, répondit d'un air froid le Gobelin.
- Tu l'as déjà vu au moins ce type-là ?
- Ah et surtout. Ne mange et ne bois rien de ce que cet homme pourra te proposer.

Phadria entra dans la demeure de plutôt mauvaise humeur. Le manoir demeurait spacieux. Une grande cheminée contenait un feu qui parvenait à chauffer toute la pièce principale. Cette dernière renfermait une grande table en bois, ainsi qu'une armoire emplie de porcelaine. Des épées étaient accrochées aux murs. Un acier formidable, remarqua Phadria au premier coup d'oeil.

Leur homme paraissait assez vieux, sans doute avait-il laissé derrière lui ses belles années depuis longtemps. Néanmoins, il ne semblait point à l'aube de sa mort non plus. Il portait une grande robe de chambre de couleur pourpre, et une cape de fourrure flottait derrière son dos. Un monocle couvrait son œil droit, des poils décolorés et brossés formait une large moustache, ainsi qu'un bouc. Ses doigts étaient crochus et ses ongles longs, bien que propres. Bref, le cliché du commanditaire véreux, songeait Phadria Red tout en l'observant. Le tableau n'avait rien pour la surprendre. Sirk le salua d'un hochement de tête et rabattit son capuchon sombre, dévoilant son visage.

- Je suis venu d'Oro jusqu'à vous Messire, pour un contrat que vous avez lancé, il y a de cela plusieurs mois. Durant la Lune du Déclin.
- La Lune d'Ocre, corrigea le commanditaire, bras croisés derrière le dos et le regard tourné vers ses grandes portes-fenêtres donnant sur l'extérieur de son domaine.
- Savez-vous qui je suis ? attaqua alors Sirk.
- Bien sûr, siffla son interlocuteur entre ses dents impeccablement droites et serrées, la Dague Verte. Votre réputation n'est plus à faire.

Il lorgna Sirk et Phadria d'un regard hautin, puis ordonna à ses domestiques de disposer, ces derniers prenant grand'soin de refermer les lourdes portes du grand salon derrière eux. Le vieil homme à la queue de cheval ouvrit son armoire et en sortit trois verres, puis une bouteille de ce qui semblait être du vin, qu'il déboucha avant d'en remplir les verres puis de les tendre à ses « invités ». Durant ce  laps de temps, personne ne parla.

- Bon, reprit le vieil homme l'air déjà lassé, c'est un honneur pour moi de rencontrer la célèbre Dague Verte, mais il n'empêche que je ne sais toujours pas ce que me vaut ce plaisir, très cher. Vous me parliez d'un contrat il y a peu, non ?
- Cinq-mille pièces d'or pour la tête du Capitaine Théoden, c'est ce que vous aviez proposé.
- Dans ce cas, poursuivit d'une voix sifflante le commanditaire en portant le vin à ses lèvres, où est ladite tête, Messire la Dague Verte ? Car je suppose que vous êtes venu me l'apporter.

Phadria, qui s'était saisie du verre de vin, le porta à ses lèvres avant de se souvenir des recommandations de Sirk avant qu'ils ne pénètrent dans la demeure. Elle y trempa à peine les lèvres.

- Je ne suis pas idiot, avait déjà enchaîné le Gobelin, et je n'accepte jamais un contrat sans au préalable avoir touché un acompte au-dessus.
- Ho, vraiment ?
- J'en veux deux-mille pièces d'or, maintenant. Et le reste une fois que la tête de votre ennemi vous sera rapportée.

L'homme reposa sur la table son verre de vin vidé, tout en se grattant la barbe distraitement. Phadria écoutait sans rien dire. Allait-il leur verser la somme demandée sur l'heure ? Sirk attendait-il qu'il le fasse pour le poignarder dans le ventre ? Ou dans le dos ? Madame Red prit conscience de la toute-ampleur de son ignorance concernant l'affaire dans laquelle elle venait de s'embarquer. Et si Sirk le tuait sans sourciller, et qu'il la faisait ensuite passer elle pour la criminelle aux yeux des domestiques et des gardiens de la maison ? Phadria ma fille, reste prudente et méfie toi de tout le monde. Ca peut vite partir en coupe-jarret cette histoire-là.

- Qui espérez-vous vraiment berner, Messire de la Dague Verte ? tonna enfin le commanditaire tout en se saisissant de la bouteille de vin. Me prenez-vous réellement pour un idiot ? A moins que vous n'ayez pas été tenu au courant, simplement.

Comme le Gobelin ne répondait pas, fixant de ses petits yeux jaunes l'humain lui faisant face, Phadria répondit à sa place :

- Au courant de quoi ?
- De la mort de Théoden, lâcha-t-il le timbre éthéré comme son verre se remplissait encore une fois.

L'instinct de soulèvement chez Phadria Red la frappa si fort qu'il parut comme étant la seule ligne de conduite n'étant pas artificielle. Un instant, elle crut s'être mangé une gifle en plein visage.

- Théoden n'est pas mort, cracha-t-elle.
- Je puis vous assurer dire parfaitement la vérité, lança alors le commanditaire yeux dans les yeux, j'ai de bonnes sources.
- Tout comme moi ! lui tint tête Red.
- Dans ce cas, vous devriez alors savoir que celui qui se faisait reconnaître comme étant le Capitaine Théoden a perdu la vie il y a près d'une demi saison, dans les arènes de combat du Sultanat de Ram.

Un coup de poing en plein ventre aurait probablement eu moins d'effet sur la pirate.

- Vous mentez.
- Quelle preuve avez-vous de ce que vous avancez ? demanda Sirk les yeux luisants.
- Hormis le fait que mon contrat a été retiré des proclamations et du marché, je n'en ai aucune. Mon homme est mort, et je n'ai eu à payer aucun mercenaire de bas-étage pour cela. Que demander de plus ? Je m'estime satisfais. Et croyez bien, Messire la Dague Verte, que je suis désolé pour ce long voyage que vous avez effectuer afin de porter vos services jusqu'à ma pers...

Avant qu'il n'ait pu terminer sa phrase, sa main sembla se crisper, et le verre qu'il tenait serré entre ses doigts crochus tomba au sol et s'y brisa en un tintement sonore.

- Messire ?

Phadria s'élança vers lui au moment où son visage adoptait une teinte écarlate et, suffoquant et crachant, il tomba au sol, prit de convulsion puis raide mort. Madame Red se tourna vers le Gobelin qui n'avait pas bougé d'un pouce.



~


«  Tu avais empoisonné la bouteille.
- C'était un très grand amateur de vin. Ses habitudes étaient réglées comme du papier à musique. Il servait toujours le même vin à ses invités. Ce ne fut pas très difficile à faire.
- Tu avais des contacts ici ?
- J'ai des contacts un peu partout.

Phadria Red resserra contre elle les pans de son manteau rouge et baissa la tête, évitant ainsi de devoir subir de face la tempête de flocons qui paraissait s'être levée. Contre son flanc, les deux-mille-cinq-cent pièces d'or battaient régulièrement au rythme de ses pas. Au bout de plusieurs minutes de silence, la voix de Sirk retentit alors, comme le son d'un gong.

- Hum...Désolé pour ton amant, hein.
- Ami.
- Il paraissait plein de vie en Oro.
- C'est un homme de la mer. Il était plein de vie.
- Tu es jolie. Et les marins ça n'est pas ça qui manque. Tu t'en feras d'autres des amants.
- Ami.
- Nous sommes tous voués à rencontrer Canergën un jour, conclut sagement Sirk.

Si Madame Red avait eu à cet instant des épées à la place des yeux, nul doute que le Gobelin aurait grandement souffert.

- Je ne crois pas un seul mot de ces conneries, lâcha la pirate en faisant la moue. Que fouttrait Théoden dans une arène de combat de Ram, par Ariel !
- Je ne peux pas le savoir plus que toi.
- Et puis c'est un combattant hors-pair ! Un très bon escrimeur ! Toujours en train de tremper dans les Grand'Eaux et l'ouvrir comme une pute quand il n'en avait pas la possibilité.
- Peut être ton amant a-t-il eu quelques ennuis avec Ariel. Il paraît que ça n'est pas une Déesse facile.
- Ami. Et Ariel l'avait à la bonne.

Sirk haussa les épaules.

- Du coup que vas-tu faire ? J'imagine que tu t'embarques sur le premier raffiot en partance pour Ram ?
- Ma foi j'en sais trop rien Papy. Les Marches étaient notre destination finale, c'est vrai.. Mais merde ! éclata-t-elle en serrant les poings, Si Théoden était mort....Enfin j'sais pas, je pense que j'l'aurai ressenti tu vois ? Comme un vide en moi, ou quelque chose du même genre.
- Donc c'était bien ton amant, lui répondit sans même croiser son regard Sirk.
- Mon ami. Nous avions beaucoup parlé, en particulier lorsqu'il venait d'être nommé Capitaine à la proue du Seigneur Emeraude. C'était un gars qui aimait être proche de ses marins !

Le Gobelin lui lança un regard insolite et Phadria sourit, amusée.

- Pas proche comme ça, Papy ! Mais on parlait beaucoup.
- Je vois.
- Au clair de lune sur le pont du Seigneur, ce genre de conneries.
- Je vois. C'était un ami qui aurait fait un bon amant, hein ?

Phadria Red repoussa avec amusement le peau-verte.

- Ho ta gueule, sourit-elle. Il n'y a jamais rien eu entre nous, à part un petit cocktail surmonté d'une queue de cerise l'autre soir à l'auberge !
- Si tu le dis...
- On parle d'autre chose ? Soupira Phadria.

Sirk s'était arrêté et se tourna afin de faire face à la pirate aux cheveux de jais.

- C'aurait été avec plaisir, mais nos chemins se séparent là.
- Comment ça Papy ? Tu nous quittes ?
- Nous nous reverrons peut être.

Phadria balança sur l'épaule de son compagnon une tape qui lui parût bien singulière, quoiqu'amicale.

- Prends soin de ta face de morve, Papy ! Ce fut un plaisir de faire affaire avec toi !
- A un de ces quatre, la pirate.



~

Madame Red regagna la Marchande le pas las et la fatigue montante. Sirk n'avait jamais été le plus bavard de leur petit groupe à bord de l'Ankor mais sa face de rat, son cynisme et son timbre froid allaient lui manquer. Quant à Sélanæ. Et bien quel était son but à présent que la totalité de ses anciens esclaves étaient arrivés à bon port. Phadria devinait que, comme elle, Selanæ aussi devait être un peu perdue quant à ses projets futurs. Elle-même se languissait de reprendre la voie de la piraterie, des tavernes gueulardes et des combats au sabre, mais sa récente amitié avec Argorg, Selanæ et même Avel remettait tout cela en question. Devrait-elle se résoudre à faire cavalière seule ? Planter là l'Orc toujours si enthousiaste, Selanæ et son caractère de cochon, Avel et sa timidité casse-couilles ponctuée de maladresse touchante ? Faire comme Sirk et se tailler de son côté ? Elle venait peut-être de perdre Théoden, et si peu de temps après leur séparation en Oro. Il était hors de question qu'elle se sépare maintenant de ses nouveaux amis ! Surtout de Selanæ. « Cette petite conne aura encore besoin de mes conseils pour un bout de temps, foi de Phadria, c'est certain ! »

Et c'est avec cette conviction dans le cœur que la pirate redoutée Phadria Mary Red foula de nouveaux aux bottes les quais de la Marchande. Elle fit un clin d'oeil à son ami peau-verte et lui balança entre les mains quelques écus d'or.

«  Le fric que j'te dois.

Selanæ était là aussi et la regardait avec des yeux ronds comme des putains de billes. Histoire de faire bonne mesure, Phadria mima un baiser en direction de la jeune femme :

- T'inquiète ma caille, j'ai payé pour toi aussi.
- Où t'as eu ce fric ? Demanda Argorg en rangeant dans sa propre bourse les écus brillants comme deux petits soleils.

Phadria fit alors sauter dans sa main gauche sa bourse emplie à craquer, sous le regard ébahit de ses deux amis.

- Ca, faut pas demander  ~
- Où est parti le Gobelin ? la questionna Selanæ dont la petite mine semblait s'être de nouveau légèrement animée à la venue de Phadria.
- Papy nous a quitté. Il avait à faire de son côté.

Un « oh.. » acceuillit cette affirmation inatendue. Malgré tant de trouble, Madame Red reprit en direction de Selanæ :

- Et tes esclaves alors ? A bon port ?
- Ils sont bien arrivés au temple d'Atye, oui.
- Par Ariel, mais quelle tronche vous tirez tous ! On croirait voir un honnête prêtre perdu dans un bordel d'Argenterie ! Bon les gars, lança-t-elle en direction d'Argorg et Plagt tout en embarquant bras-dessus bras-dessous Selanæ, on se donne rendez-vous au crépuscule au « tourteau qui bâfre », c'est une taverne sympa au bout des quais ! Tâchez d'être à l'heure !
- Mais...Mais où vous allez ? Demanda Argorg en voyant Phadria emmener loin d'eux son amie.
- Faire des trucs de filles, pardi ! »



~






«  Phadria, on va où exactement ? demanda une Selanæ transie de froid au cœurs des rues marchandes des Marches d'Acier.
- J'ai plus de deux-mille PO dans la valoche ! rit cette dernière. Alors pour sûr, on va en profiter ! J'ai jamais été aussi riche de toute ma vie !

Tout en disant cela, elle avait subrepticement poussé Sélanæ dans une échoppe aux lourdes tentures colorées.

- Chapelier !!! cria-t-elle d'une voix de stentor.

Un homme en chemise blanche et en haut-de-forme, visiblement peu réveillé vint clopiner à leur rencontre.

- C'est que je n'ai pas l'habitude de recevoir des clients de si bonne heure, argua-t-il en soulevant une paupière.

Mais il se détendit vite et sourit aux deux femmes.

- Mais c'est toujours un plaisir d'avoir affaire à une exception ! Que puis-je pour vous belles dames ?

Phadria Red éclata de rire et vint, presque sous des pas de danse enjôlée, poser une main sur l'épaule du chapelier.

- Je suis venue de très loin l'ami pour tes pièces, alors ne me fais pas attendre ! Montre-moi tes plus beaux ouvrages !

Alors que ce dernier se rendait dans l'arrière-boutique, Phadria cligna de l'oeil en direction de Sélanæ :

- Tu ferais mieux de poser tes fesses ma belle, je risque d'en avoir pour un petit moment... »



~


«  Phadria, maugréa Sélanæ la tête émergeant avec peine de la demi douzaine de tricornes se pressant dans ses bras, était-ce vraiment nécessaire d'en prendre autant ?
- Bien sûr que si !!! s'etouffa la pirate aux tatouages avec un air de parfaite sidérée. Tu comprends, j'ai perdu tous ceux qui se trouvaient dans ma cabine à bord du Galion Déité lorsqu'il a coulé ! Il faut bien que je rattrape tous ces tours de perdus ! Et ça n'est que le début, foi de Phadria !
- Et combien de tricornes avais-tu ? Demanda Sélanæ soudainement inquiète pour la suite des événements.
- Cent soixante-dix-huit ! »



~


«  Alors, tu en penses quoi Sélanæ ? Celui-ci ne me boudine-t-il pas trop ? Les lacets sont-ils suffisamment élégants ?

Phadria Mary Red tournait sur elle-même devant une glace de plein-pied, vêtue uniquement d'une culotte et d'un corset aux rainues purpurines finement travaillées et échancrées. Assise sur une chaise, la jeune Sélanæ paraissait sur le point imminent de poser un pied dans le royaume de Canergën.

- Mais je crois que je préferais davantage le précédent ! Tu sais, celui avec les motifs flexueux et les pointes de perles ! Mais d'un autre côté, le rouge me va si bien ! A part si j'en reste à celui de satin, avec les bordures pourpres...

Tournant de ça de là, Phadria plissa sévèrement un œil en approchant son nez presque contre la vitre du miroir :

- Par la Garce! On dirait que j'ai perdu des hanches et du cul avec ça ! Mes dieux, comme c'est inadmissible ! C'est ce foutu raffiot et ces satanées températures aussi ! J'dois y remédier au plus vite avant de ressembler à une vieille tendron d'Euplémio !

Sur le point de tourner de l'oeil, Sélanæ se leva soudainement, envoyant joncher le sol les dizaines d'accessoires et accoutrements de Phadria.

- Hé ! Mais où tu vas comme ça ?

Lorsqu'elle passa la tête par la porte de l'échoppe, Phadria ne put s'empêcher de sourire.

- Ben ça alors ! Heureuse de te retrouver mon garçon !

Avel adressa un signe de la main à Phadria de là où il se trouvait, aux côtés de Sélanæ qui avait réusi l'exploit de reconnaître la voix de l'ancien esclave au milieu du soliloque interminable de la jolie brune.

- Je ne pouvais me résoudre à vous quitter, mademoiselle, confia-t-il à l'attention de Sélanæ.
- Tu tombes au poil mon garçon, l'apostropha Phadria tandis qu'il rougissait à vue d'oeil en découvrant tous les charmes que pouvaient contenir le corps de la pirate lorsqu'ils n'étaient recouverts plus que de quelques pièces de tissus, Sélanæ devenait justement avare en matière de suggestion !
- En...matière..de quoi ? demanda Avel un brin gêné.
- Alors garçon, dis moi !! Le rouge, ou le pourpre.. ? »



~


« Tu penses qu'Avel y survivra ? demandait Sélanæ à Phadria, plongée dans une piscine thermale des Marches d'Acier.
- Il s'en est mieux sorti que toi ! sourit cette dernière occupée à recouvrir sa chevelure d'onguent parfumé avant de l'immerger dans les eaux fumantes des thermes.

Grâce ne soit rendu à Virel, à cette heure de la journée les deux femmes pouvaient disposer des bains pour elles-seules. Phadria Red comptait bien profiter de cette opportunité au maximum, en particulier lorsqu'un vent à tout casser sifflait au-dehors.

- Je ne m'attendais pas à retrouver Avel, confia Sélanæ à Phadria. Sa présence me fait du bien.
- Et tu sais moi ce qui me ferait encore plus de bien ? C'serait que tu prennes ce gant que tu vois là et vienne me savonner le dos.
- J'avoue que ça m'a fait étrange de le laisser au temple, poursuivait Sélanæ tout en  grattant le dos d'une Phadria appuyée sur ses avants-bras eux-même croisés sur le rebord des thermes, mais je m'étais faite à l'idée que nous allions nous séparer. Même si après plusieurs mois passés ensemble à bord de l'Ankor nous étions devenus de bons amis.
- Ho oui...Un peu plus bas. Voilà, là c'est parfait...
- Et maintenant ? Que faisons-nous ? Si Avel fait route avec nous, nous ne pouvons nous permettre de paresser dans les Marches, et passer nos journées à faire les boutiques !
- Surtout ne t'arrête pas...Putain j'avais oublié c'que ça faisait de prendre un bon bain..
- Il nous faut un objectif...une quête..quelque chose ! Ta bourse ne sera pas remplie éternellement, surtout avec les folies que tu as faites aujourd'hui ! Phadria ? Phadria, tu m'écoutes ?
- Bawi ma belle.
- Tu en penses quoi ?
- De quoi ?

Sélanæ commençait sérieusement à perdre pied comme Phadria la savonnait à son tour.

- T'sais quoi ma caille ? Maintenant qu'Avel fait route avec nous, je crois qu'on peut pas se permettre de glander comme des duchesses dans les Marches et passer nos journées à faire les boutiques ! Il nous faut un cap, un horizon... De toute façon, ma bourse ne sera pas pleine éternellement, surtout si nous mangeons à cinq dessus, sans compter le chat de l'autre là ! Ho ! Mais j'ai une idée, Sélanæ !

Phadria quitta alors les bains thermales, se saisissant d'une serviette d'une main, et tendant l'autre à son amie qu'elle tracta hors de l'eau chaude.

- Puisqu'il nous faut voir un peu du continent, que penses-tu de faire un tour dans mes Îles de Jades natales ! Les étoiles d'Athor sous la Dernières Lune, tu te rappelles ? Le miroir d'océan derrière les cimes et les cols des défilés boisés !

Sélanæ s'enroula dans la serviette que lui tendait la pirate dont les yeux verts pétillaient à présent d'un éclat nouveau et plein de vie !

- Les aurores boréales tu veux dire ? sourit Sélanæ en lui tendant la serviette une fois qu'elle se fut essuyée avec.
- Les aurores boréales ! reprit Madame Red toute guillerette. Alors ma belle, tu en penses quoi ?

Les deux femmes se tapèrent dans la main.

- Ca me ferait plaisir de découvrir Athor.
- Aye ! Aye ! Nous avons un cap ! »



~


Tandis qu'Argorg Uktathagh racontait avec allant à ses trois interlocuteurs humains ses mésavantures de la journée, Phadria Red prenait un réel plaisir à découper son cochon fumé dont l'odeur merveilleuse mettait les narines en fête.

« C'est parce que les Marches ont longtemps été en guerre avec les Peau-Vertes, epliqua-t-elle. Il semblerait que les habitants aient conservé une rancoeur tenace envers les tiens.
- Tenace ? s'indignait l'Orc. Ils ont failli me jeter hors de la ville à coups de pierres et de lances ! J'ai eu tout le mal du monde à retenir Attilla. Il n'aime pas le climat des Marches, non plus.
- T'occupes l'Orc, lui sourit Madame Red en se resservant un verre d'alcool local, bientôt ceci ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Et sais-tu pourquoi ?

Elle fit claquer la bouteille au centre de la table en la reposant.

- Mes amis, nous mettons le cap sur l'Île d'Athor !

Des exclamations de surprise de la part d'Argorg, de Plagt et d'Avel accueillirent cette information toute théâtralisée.

- A nous le soleil des Îles de Jade, ses collines verdoyantes, ses plages de sable blanc !
- Pour cela, fit remarquer Sélanæ, nous devrons attendre que l'hiver soit totalement passé.
- Elle n'a pas tord, convient Argorg, parfois les tempêtes de neige sont surprenantes dans ces territoires du Nord de Ryscior, et il arrive que les mers gèlent.
- Peuh, rit Phadria, nous sommes à la fin de la Dernière Lune d'Elué ! Il n'y a plus de risque de blizzard là !
- Pourtant il fait encore bien froid à l'extérieur, lui fit remarquer Sélanæ tout en se resservant un peu d'ambroisie.
- C'est normal ça poupée, t'es aux Marches D'Acier là ! Ces gus là sont habitués à s'époiler le troufion tout le temps !
- Alors direction les Îles de Jade ?
- Direction les Îles de Jade !

Les quatre amis portèrent un toast à leur future destination ! Peu sensible à la retombée d'allégresse d'une journée comme celle-ci, pour prolonger la soirée, tout en soupesant sa bourse considérablement allégée, Phadria Mary Red clama en pointant Argorg du doigt :

- Hé face de suif, ça te branche un concours de beuverie contre une pirate ?

Cela faisait bien longtemps que Madame Red n'avait plus lancé un tel défi, et elle était d'humeur à se remplir ce soir ! Un large sourire vint s'inscrire sur le visage amical de la peau-verte.

- Accepté, gamine !
- Fais gaffe le Peau-Verte, c'est pas parce que t'as du bide que t'as une meilleure descente !
- Peuh ! rétorqua Argorg, vos petits alcools ne sont rien face à ceux des orcs ! On les appelle pas les "incendies de gorge" pour rien !
- Sauf qu'ici nous sommes dans une taverne des Marches ! Je ne crois pas qu'ils possèdent tes "incendies de gorge", gras du bide !

L'interlocuteur de Phadria Red éclata de rire.

- Justement ! Je peux boire trois barrils de votre... Comment c'est déjà ?... Ah oui ! De votre rhum !!
-  Je comptais y aller à la bière, face de pus, mais si tu le prends comme ça, ruffian ! Garçon !! Un baril de votre meilleur rhum je te prie ...

Ce fut auréolés d'une étincelle de plaisance que les iris d'Argorg s'animèrent, plongeant dans ceux verdoyants de la pirate qui lui faisait face.

- Que la beuverie commence !! »



~


« Et alors j'lui ai balancé mon sabre à la gueule, à c'te pute de Phadransie, et j'crois même que j'lui ai fais sacrément peur à cette scélérate, passqu'elle s'est tiré et qu'j'lai plus jamais revue depuis c'jour là...hic.. »

Pendue aux épaules de Sélanæ et d'Avel -aide ô combien précieuse pour monter les escaliers ! -, Madame Red continuait de débiter à ses compagnons des histoires sans queue ni tête.

- Mais si elle s'repointe par la Garce, j'la bute, cette fois j'l'a louperai pas ! J'la bute comme la pu..pute qu'elle est, foi de Madame Red !
- Aïe...Elle est pleine.
- Ouais mais il y a pas matière à scandale, se tortilla Phadria, c'est que d'l'alcool !

Puis elle s'emporta en un rire franc et dynamique comme Sélanæ ouvrait la porte de la chambre de l'auberge avant d'aider la pirate à retirer ses bottes pour prendre place dans l'un des cinq lits.

- C'était une idée à la con, ce concours de beuverie contre un Orc !
- Ouais mais au moins maintenant j'pourrai dire que j'l'ai déjà fais une fois dans ma vie !
- Tiens-toi tranquille, maugréa Sélanæ, je ne peux pas t'enlever tes bottes si tu gesticules comme une anguille !
- Bah, j'suis une grande fille, j'peux les enlever seule, merci !
- Non, s'éleva Sélanæ avant de repousser contre l'oreiller une Phadria se débattant de plus en plus, toi tu la fermes et tu dors maintenant !
- Heu..Mademoiselle ?
- Qu'est-ce qu'il y a Avel ?
- La Capitaine s'est endormie je crois.

Effectivement, Phadria semblait bel et bien partie dans des mondes d'astérisme qui n'appartenaient qu'à elle, comme en attestait ses ronflements.

- Un concours de beuverie avec un Orc, se lamenta Sélanæ en arrachant plus qu'en retirant lesdites bottes, rien que ça ! Elle n'a rien trouvé de plus stupide cette sotte, vraiment ?

Avel esquissa un sourire en aidant Sélanæ à se relever.

- Oui, mais c'est comme ça qu'on l'aime après tout.
Mar 15 Mar 2016 - 23:10
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Argorg Uktathagh
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Argorg Uktathagh
«  Et bien ce fut rapide en fin de compte. *dit Argorg les bras croisés sur son opulente poitrine* Après tous ces mois de voyage. Nous y sommes !

L'orc, en voyant le port, fut de plus en plus enthousiaste à l'idée de fouler de nouveau le plancher des vaches. Cela était encore plus vrai pour Plagt qui voulait enfin pouvoir marcher de tout son poids et pour Attila qui voulait se dépenser en courant partout.

- Bon Argorg *lui dit Phadria Red tout en posant une main sur son bras trapu* garde le navire, Papy et moi on a une bricole à faire.

Argorg regarda sa capitaine et vu en elle qu'elle avait quelque chose derrière la tête. Mais quoi ?

- Vous allez faire quoi ?
- Ça, faut pas demander. *lui sourit Phadria* Avec Sélanae nous avions convenu de nous retrouver à l'Ankor une fois cette histoire d'acheminement d'esclaves réglée. Si nous mettons un peu de temps à revenir, posez votre cul dans une taverne près des dock. Normalement on s'ra pas long.

Oui, il y avait bel et bien quelque chose qu'elle ne voulait pas dire. Mais l'orc shaman ne voulut pas insister voyant le profond désir de Phadria de se rendre quelque part pour s'occuper de cette "bricole". Il lui fit un clin d’œil complice.

- Plagt, Attila et moi-même surveillons le pont ! Vous pouvez aller faire vos cochonneries tranquilles ! »

Alors que Sélanae et Avel étaient déjà partis pour acheminer les esclaves vers un temple, Phadria et Sirk descendirent pour se rendre sur les quais et s'éloigner du navire, laissant les deux compagnons peau-verte et leur tigre seul. Ça va être long... se dit Argorg.


~


Les trois compères commençait réellement à s'ennuyer ferme sur le pont mais soudain ils virent arriver Sélanae. Seule. La jeune femme monta sur le pont et salua ses camarades de voyage, mais elle semblait mélancolique.

-Comment est-ce que ça s'est passé ? *demanda Argorg* Tu as réussi à trouver le temple apparemment.
-Oui, il sont arrivés à bon port. *soupira-t-elle de façon mélancolique*

La pauvre était très attachée à ses protégés. songea l'orc. Alors que Sélanae comptait retourner à l'intérieur du navire mais soudain Phadria entra en scène, le regard pétillant de malice comme à son habitude, et lança deux pièces d'or à Argorg qui les réceptionna sans problèmes.

«  Le fric que j'te dois.

Sélanae semblait aussi surprise que l'orc de l'acquisition toute récente de pièces d'or dans la bourse de Phadria. Cette dernière mima un baiser en direction de la jeune guerrière :

- T'inquiète ma caille, j'ai payé pour toi aussi.
- Où t'as eu ce fric ? *demanda Argorg en rangeant dans sa propre bourse les écus brillants comme deux petits soleils*

La pirate tatouée sortit alors de sa poche une bourse remplie à craquer qu'elle s'amusa à faire sauter dans sa main.

- Ça, faut pas demander  ~
- Où est parti le Gobelin ? *la questionna Selanæ dont la petite mine semblait s'être de nouveau légèrement animée à la venue de Phadria*
- Papy nous a quitté. Il avait à faire de son côté.

Un « oh.. » accueillit cette affirmation inattendue. Le gobelin n'avait jamais vraiment été proche du groupe, mais il s'agissait tout de même d'un compagnon peau-verte dont la compagnie n'était pas si désagréable. Il lui rappelait sa jeunesse en Terres Orcs,  et surtout ses nombreux champs de batailles.

- Et tes esclaves alors ? A bon port ?
- Ils sont bien arrivés au temple d'Atye, oui.
- Par Ariel, mais quelle tronche vous tirez tous ! On croirait voir un honnête prêtre perdu dans un bordel d'Argenterie ! Bon les gars, lança-t-elle en direction d'Argorg et Plagt tout en embarquant bras-dessus bras-dessous Selanæ, on se donne rendez-vous au crépuscule au « tourteau qui bâfre », c'est une taverne sympa au bout des quais ! Tâchez d'être à l'heure !
- Mais...Mais où vous allez ? Demanda Argorg en voyant Phadria emmener loin d'eux son amie.
- Faire des trucs de filles, pardi ! »


~


Les trois compères partirent ainsi en vadrouille dans les rues de la ville avec un objectif en tête : trouver un forgeron et un armurier. Ils trouvèrent le premier assez vite, guidés par le bruit du fer battu à chaud. Quand Argorg entra dans la forge, tandis que Plagt et Attila attendaient dehors, le forgeron ne le remarqua pas tout de suite, mais quand ce fut le cas la réaction fut immédiate. L'homme brandit la lame encore brûlante en direction d'Argorg :

-Arrière sale monstre !!
-Hola, du calme mon gars. *tenta de le calmer Argorg* Tout ce que je veux moi c'est acheter.
-Acheter ?! Te fous pas de moi, putain d'orc ! Tu vas me buter pour me prendre mes armes, et après tu vas aller violer nos femmes et bouffer nos gosses !! *cria le forgeron, qui pourtant tremblait à la vue du peau-verte*
-Mon gars, évite de trembler en me menaçant. C'est pas crédible.
-Qui tremble, saloperie !?

Argorg soupira et sortit sa bourse dont il sortit une pièce d'or. La réaction de l'homme fut toute autre. Il baissa sa lame d'un air méfiant après quelques secondes à fixer l'orc. Il indiqua ensuite la réserve pour qu'Argorg choisisse ses armes. Au terme de plusieurs minutes l'orc shaman choisit une hache naine de bonne facture, une masse d'arme à une main, et un crochet de la taille de son poing qu'il devait porter en arme de poing. Le tout lui coûta neufs pièces d'or qu'il estima comme donner, au vue de ses cinquante pièces en réserve.
Quand il trouva l'armurier un peu plus tard celui-ci fit le même cirque que le forgeron à l'exception qu'il menaça l'orc non pas avec une lame ardente mais avec un marteau. Au final l'orc acheta un casque à lunette et des gantelets pour protéger ses mains et également frapper plus dur. Il y perdit six pièces d'or.


~


Au cours de leur vadrouille dans la ville les trois compagnons furent à plusieurs reprises appelés "monstres" ou "putains de peaux-vertes", les gens s'enfuyaient en criant en les voyants, ou ,pour les plus courageux, poursuivis et maraver de pierres, bâtons, et autres lances. Après la troisième poursuite ils décidèrent d'aller se poser dans la taverne servant de rendez-vous.

-J'commence a en avoir marre moi d'cette ville ! *se plaignit Plagt*
-Je sais Plagt, je sais. Mais qu'est-ce que tu veux y faire ? Ils aiment pas les peaux-vertes les nordiens.
-Ouais bah y c'mmencent à m'faire chier l'nordiens !
-Graar !! *approuva Attila*
-Tu vas pas t'y mettre toi ! En tout cas il faut attendre les filles si on veut faire quoi que ce soit.

Un silence tomba autour de la table à laquelle ils étaient. Le tavernier les regardait d'un œil méfiant derrière le comptoir. Il avait fallu à lui aussi montrer la bourse pleine pour qu'enfin il accepte les peaux-vertes. Plus qu'à attendre les demoiselles... pensa Argorg.


~


Tandis qu'Argorg Uktathagh racontait à ses trois interlocuteurs humains ses mésaventures de la journée, Phadria semblait se délecter d'un cochon fumé qu'elle avait commandée, et Sélanae et Avel se contentaient d'un morceau de poulet chacun.

« C'est parce que les Marches ont longtemps été en guerre avec les Peau-Vertes. *expliqua la pirate* Il semblerait que les habitants aient conservé une rancœur tenace envers les tiens.
- Tenace ? *s'indignait l'orc* Ils ont failli me jeter hors de la ville à coups de pierres et de lances ! J'ai eu tout le mal du monde à retenir Attilla. Il n'aime pas le climat des Marches, non plus.
- T'occupes l'Orc. *lui sourit Madame Red en se resservant un verre d'alcool local* Bientôt ceci ne sera plus qu'un mauvais souvenir. Et sais-tu pourquoi ?

Elle fit claquer sa bouteille au centre de la table en la reposant.

- Mes amis, nous mettons le cap sur l'Île d'Athor !

Des exclamations de surprise de la part d'Argorg, de Plagt et d'Avel accueillirent cette information toute théâtralisée.

- A nous le soleil des Îles de Jade, ses collines verdoyantes, ses plages de sable blanc !
- Pour cela *fit remarquer Sélanæ* nous devrons attendre que l'hiver soit totalement passé.
- Elle n'a pas tord. *convint Argorg* Parfois les tempêtes de neige sont surprenantes dans ces territoires du Nord de Ryscior, et il arrive que les mers gèlent.
- Peuh ! *rit Phadria* Nous sommes à la fin de la Dernière Lune d'Elué ! Il n'y a plus de risque de blizzard là !
- Pourtant il fait encore bien froid à l'extérieur. *lui fit remarquer Sélanæ tout en se resservant un peu d'ambroisie*
- C'est normal ça poupée, t'es aux Marches D'Acier là ! Ces gus là sont habitués à s'époiler le troufion tout le temps !
- Alors direction les Îles de Jade ?
- Direction les Îles de Jade !

Les quatre amis portèrent un toast à leur future destination ! Une nouvelle destination ! L'orc était à la fois impatient de faire un autre voyage avec ses nouveaux amis, mais il ressentait une certaine angoisse à l'idée de reprendre le navire. Il fut coupé dans ses pensées par une Phadria le pointant du doigt et déclarant pleine de défis :

- Hé face de suif, ça te branche un concours de beuverie contre une pirate ?

Ha ! Amusant de la part d'une humaine de défier un orc à un concours de beuverie. Mais Argorg était d'humeur joueuse et voulait voir les limites de sa Capitaine.

- Accepté, gamine !
- Fais gaffe le Peau-Verte, c'est pas parce que t'as du bide que t'as une meilleure descente !
- Peuh ! *rétorqua Argorg* Vos petits alcools ne sont rien face à ceux des orcs ! On les appelle pas les "incendies de gorge" pour rien !
- Sauf qu'ici nous sommes dans une taverne des Marches ! Je ne crois pas qu'ils possèdent tes "incendies de gorge", gras du bide !

Argorg éclata d'un rire franc à la réplique.

- Justement ! Je peux boire trois barils de votre... Comment c'est déjà ?... Ah oui ! De votre rhum !!
-  Je comptais y aller à la bière, face de pus, mais si tu le prends comme ça, ruffian ! Garçon !! Un baril de votre meilleur rhum je te prie ...

Ce fut auréolés d'une étincelle de plaisance que les iris d'Argorg s'animèrent, plongeant dans ceux verdoyants de la pirate qui lui faisait face.

- Que la beuverie commence !! »


~


Finalement après avoir fini son troisième baril de rhum et que sa tête commençait à lui tourner, Argorg se rendit compte que Phadria avait laissé tomber à la moitié du deuxième et qu'elle avait roulée sous la table. Sélanae et Avel la relevèrent  et l'aidèrent à monter les escaliers jusqu'à leur chambre. L'orc, bien qu'il se sentait gêné d'avoir mis Madame Red dans cet état, s'était bien amusé. Peu après que les trois humains soient montés il monta également.
Arrivé à la porte, suivit par Plagt et Attila, il s'installa devant la chambre à la droite de la porte et s'assit jambes et bras croisés. Plagt se mit à sa gauche contre lui et Attila posa sa tête sur ses jambes et se fit caresser par l'orc. Argorg était songeur. Qu'allait-il se passer demain ? Et comment se passerai le voyage ? Autant de question qui trouveraient réponse plus tard. Les paupières d'Argorg se fermèrent doucement quand il entendit que chacun de ses compagnons s'était endormis il se permit le repos.


~


Le lendemain chacun fut remis de la soirée et ils se mirent en marche pour le navire. Bien que Phadria gardait une belle gueule de bois suite à son concours de beuverie, elle réussit à mettre en activité le navire grâce à Avel et Sélanae, tandis que les deux peaux-vertes déployaient les voiles. Un nouveau voyage commençait.
Dim 20 Mar 2016 - 19:51
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