Les royaumes de la Jungle
Physique du paysLa Jungle est une des régions les plus hostiles de tout Ryscior. La majorité de cette terre est couverte d’une forêt primordiale si dense que sa voute semble avoir éclipsé le ciel. Ces arbres grouillent de maladies tropicales mortelles, de parasites et de carnivores anciens et mystérieux qui tuent et dévorent – pas forcément dans cet ordre – tout ce sur quoi ils tombent. Même le climat est hostile aux peuples qui ne sont pas habitués à y vivre, car des averses tropicales et des cyclones la ravagent régulièrement.
L’air moite et extrêmement humide y est si étouffant que tout intrus à sang chaud devient rapidement une proie pour les maladies. Des langues de brume épaisses flottent paresseusement au-dessus du sol parmi le tapis de broussailles, qu’aucun chemin connu ne traverse, et au travers duquel il est pratiquement impossible de se frayer un chemin sans perdre rapidement tout sens de l’orientation.
Cependant, peu d’explorateurs en puissance de cette Jungle vivent assez longtemps pour désespérer de s’être perdus. La Jungle regorge d’un vaste nombre d’espèce, allant de la plus petite puce venimeuse à de monstrueux prédateurs de taille gigantesque. La nuit résonne de leurs longs rugissements hideux, quand le sol tremble sous leur pas, rendant tout sommeil paisible impossible. Lorsque s’éveillent ceux qui parviennent néanmoins à le trouver, souvent assommés par la fatigue causée par leur voyage, il n’est pas rare qu’un des leurs manque à l’appel, trainé dans le noir par quelque prédateur silencieux. L’atmosphère de l’aurore est plein de nuages de tiques et de moustiques, préférables cependant aux insectes géants qui vrombissent dans le crépuscule.
Comme si toutes ces bêtes n’étaient pas assez dangereuses, une grande partie de la flore est également carnivore. Certaines plantes capturent leurs proies à l’aide de vrilles tentaculaires, d’autres la recouvrent de sucs digestifs acides avant d’en imbiber les restes de leurs racines mouvantes. Il existe même un champignon qui se reproduit en parasitant une créature de passage, dont le corps servira d’hôte aux spores libérées, qui le transformeront petit à petit en une répugnante parodie de mammifère et de champignon à la fois.
La région est infestée de bourbiers et de marécages où, entre deux poches de gaz toxique pouvant faire suffoquer un être vivant en quelques secondes, un étranger peut s’enfoncer jusqu’au cou avant même qu’il ne réalise que le sol qu’il foule est différent. Dans cette vase puante serpentent des vers aveugles qui s’enfoncent sous la peau des hôtes infortunés et dans le sang duquel ils pondent leurs œufs, les condamnant à une lente agonie lorsque leurs larves se mettront à éclore pour le dévorer de l’intérieur.
La plus minuscule araignée, le parasite le plus insidieux, peut encore être détecté, mais un danger pire encore menace : les effets toxiques des miasmes qui pullulent dans l’humus décomposé. Une paire de bottes, même de la meilleure facture, finira à la longue par laisser suinter un peu de cette boue écœurante. Le pied se nécrosera en quelques heures, et le voyageur se videra en quelques jours de son sang. Les charognards de toute taille qui grouillent dans les environs ne mettront pas longtemps à nettoyer son cadavre, puis le terreau acide aspirera lentement le moindre osselet.
Toutes sortes d’insectes viennent bourdonner autour des têtes de ceux qui pataugent dans les marais là où la Jungle se fond avec les rives des fleuves et la côte : au mieux, leur piqure ne provoque que des hallucinations légères, ou des infections qui rongent la chair dans le pire des cas. C’est ici l’habitat de sangsues longues comme le bras, dont la morsure indolore leur permet de se nourrir sans être découvertes jusqu’à ce que leur victime exsangue ne s’évanouisse et de ne se noie. Ces infortunés font une proie facile pour le crocodile qui attend dans l’ombre des mangroves et ne déchaine sa colère que lorsqu’un étranger l’approche par inadvertance. Une goutte de sang suffit de plus à attirer des bancs de piranhas voraces dont la faim frénétique donne lieu à de sinistres banquets aquatiques.
La Jungle est sillonnée de milliers de lieues de cours d’eau, qu’il s’agisse de petits ruisseaux ou de puissants fleuves. Il va sans dire que ces fleuves recèlent également des dangers innommables…
L’histoire des royaumes de la JungleQuel peuple pourrait accepter de vivre dans une région comme la Jungle, où la mort attend tapie derrière chaque arbre, et parfois même devant, cachée dans ses racines ? Ils furent pendant longtemps trois, puis quatre durant quelques temps, puis trois à nouveau.
Les amazones furent le premier peuple arrivé dans la Jungle, à un âge à présent reculé. C’était lorsque les démons arrivèrent sur Ryscior, et que l’humanité fut au bord de l’extinction. Isielle, Haute Dame de l’automne, ne souhaitait pas voir disparaitre la race humaine. Aussi guida-t-elle plusieurs tribus vers un refuge sûr, où il serait aisé de se défendre des démons, car la nature elle-même était en ces lieux une forteresse. Que se passa-t-il ensuite ? Les amazones jouirent-elles d’une bénédiction ou d’une malédiction divine ? S’adaptèrent-elles à la vie dans la Jungle, et aux rudes conditions que cette dernière imposait ? Toujours était-il que ce peuple, qui avait construit au centre de la Jungle des cités regorgeant de richesses et d’or finit, ensuite, par les quitter…
Mais ceci est la suite de leur histoire. Car lors de la guerre de la Déchirure, si les elfes blancs et elfes noirs se séparèrent, les elfes sylvains, plus neutres dans ce conflit et proches de la nature, choisirent d’aller vivre dans les forêts. Ce fut donc logique qu’une partie d’entre eux choisit la Jungle pour domicile. Cette tribu sylvestre fut le deuxième peuple de la Jungle. Lorsqu’ils arrivèrent, quelle ne fut pas leur surprise de trouver une population humaine dans l’enceinte de cette dernière ! Mais les amazones avaient alors changé. Elles vivaient dans des huttes loin de leurs cités, au cœur de la Jungle, et avaient semblait-il renoncé à la civilisation Ancienne dont elles étaient pourtant issues. Et au sein de ce peuple, il n’y avait plus d’hommes. Le seul indice concernant ce qui avait pu se passer dans ces cités consistait traces de pyramides d’os humains au cœur des cités amazones. Traces car sur les cités comme sur les charniers, la Jungle avait déjà depuis longtemps repris ses droits.
La rencontre entre les elfes sylvains et les amazones ne se fit pas brutalement. Les amazones se souvenaient de ce peuple mythique qu’étaient les elfes. Si elles avaient oublié, semblait-il, les dieux, elles avaient gardé souvenir d’un peuple mythique de magiciens amicaux à la race humaine, la leur donc. Elles étaient d’ailleurs au bord de l’extinction, faute de mâles pour se reproduire, et l’arrivée des elfes fut pour elles une véritable opportunité.
Lesdits elfes se montrèrent hésitants de prime abord. Les elfes de la Jungle étaient en effet un clan d’elfes plus proches des elfes noirs que des elfes blancs, sans être tout à fait noirs. Le fait qu’ils soient allés dans la Jungle marquait d’ailleurs pour eux une rupture avec Fartaën, roi de tous les elfes sylvains, pour sa part plus proche des elfes blancs que des elfes noirs, sans être tout à fait blanc. Mais pour autant, les elfes sylvains acceptèrent d’aider la race des amazones à exister, gagnant en échange le droit de s’installer au plus profond de la Jungle, tandis que les amazones s’installaient autour de leurs royaumes.
Les elfes sylvains songèrent parfois à interroger les amazones sur les mystérieuses circonstances de la disparition de l’antique civilisation qui les avait précédés dans la Jungle. Mais de l’âge de la fureur, comme elles le nommaient elles-mêmes, les légendes amazones parlaient uniquement d’une période où le sang avait coulé à flots, à cause de l’émergence d’un danger nouveau, un danger si grand qu’il les avait chassées de leurs cités, et les avait condamnées à se réfugier sous la forme de tribus dans des villages au sein de la Jungle.
Ce danger, les elfes sylvains le découvrirent bien vite. Ils avaient déjà noté que ceux d’entre eux qui s’aventuraient proches des cités de pierre amazones, assez proches pour envisager de déterminer avec précision ce qui s’était passé durant l’âge de la fureur, étaient attaqués par un mystérieux ennemi. Ils n’étaient pas seuls avec les amazones dans la Jungle, ce fut rapidement pour eux une évidence.
Un jour, ce danger se concrétisa, sous la forme d’une attaque pure et simple sur l’une des cités sylvestres. Des lézards, dressés sur leurs pattes arrière, et maniant des armes d’os avec leurs pattes avants, qui communiquaient trop bien entre eux pour être simplement des bêtes, s’attaquèrent en effet à eux. Les elfes sylvains comprirent que certaines cités étaient trop proches du cœur de la Jungle au goût des bêtes.
En fait de bêtes, il s’agissait du troisième peuple. Les hommes-lézards, une race inédite sur tout Ryscior. Car elle n’avait pas été voulue par les dieux, quand ils avaient créé le monde. C’était une race de lézards qui s’était adaptée le mieux possible à la vie dans la Jungle, devenant un peuple tout aussi intelligent que les peuples Anciens eux-mêmes. Les hommes-lézards étaient petits comparés à nombre de leurs congénères. Ils s’étaient donc d’abord dressés sur leurs pattes arrière pour voir venir le danger de plus loin. Remarquant que le feu éloignait le danger, ils avaient appris à l’allumer, pour faire peur à leurs prédateurs. Comprenant que leurs griffes étaient plus faibles que celles de leurs congénères, ils les avaient compensées avec des outils. Et ainsi de suite…
Les hommes-lézards, peu nombreux, furent cependant longtemps les pires ennemis des amazones et des elfes de la Jungle. Car si ces deux peuples à sang chaud s’étaient adaptés à la vie dans la Jungle et à ses dangers, les hommes-lézards ne réfléchissaient d’une part pas comme les autres bêtes, mais de plus, n’avaient pas besoin de s’adapter aux dangers de la Jungle, puisqu’ils en faisaient partie intégrante. La guerre ravagea longuement les lieux…
Elle ne s’arrangea pas à l’arrivée d’un quatrième peuple. Les royaumes de Ryscior progressaient tandis que ceux de la Jungle stagnaient. Aussi, plusieurs expéditions eurent lieu dans la Jungle, au cours des âges. Amazones, elfes de la Jungle et hommes-lézards les remarquaient, parfois, mais n’y prêtaient pas grande attention. Les étrangers repartaient après tout aussi vite qu’ils arrivaient, s’ils repartaient, car la Jungle piégeait beaucoup de ces expéditions.
Il y eut plusieurs tentatives de s’établir dans la Jungle. L’une des plus concrètes d’entre elles, il y a six siècles de cela, aboutit à la construction d’un temple dédié à Elye au sud de cette dernière. Il est depuis oublié par tous et la Jungle l’a repris sans autre forme de procès. Toutefois, cela changea il y a quatre siècles, quand un explorateur du nom de Johaño Colombo, un homme d’Oro, revint seul survivant d’une expédition, dans la Jungle. Il était entré par la mer intérieure, et ressortait du côté de Ram, chose exceptionnelle ! Et il racontait que, bien qu’ayant perdu des dizaines de camarades dans le processus, il avait vu des cités de pierres désertiques au centre de la Jungle. Il l’ignorait lui-même, mais ces cités en ruines étaient celles que peuplaient les Amazones, avant l’âge de la fureur. Et dans ces cités, il avait vu de l’or. Beaucoup d’or. Et il avait réussi à en ramener un peu…
La fièvre l’épargna, et il put rentrer à Oro, faisant le récit de ces cités d’or qui se trouvaient selon lui au cœur de la Jungle ! Oro alla fonder une cité de colons, connue sous le nom de Prébois. Son but avoué était de trouver, avec le temps, les fameuses cités d’or. Mais Prébois n’était pas rentable. Trop d’explorateurs mourraient, pris au piège dans la Jungle, et plus personne ne ramenait d’or. Johaño Colombo lui-même disparut lors d’un deuxième voyage, et ne revint jamais. Il s’avérait en outre qu’un peuple de femmes sauvages s’attaquait aux expéditions, voyant dans Prébois un danger pour leur civilisation.
Mais Prébois parvint à tenir. Oro l’avait laissé tomber, et la cité coloniale ne devenait plus qu’un cloaque peuplé de quelques explorateurs intrépides souhaitant se rendre dans la Jungle, et d’autres moins intrépides qui avaient réalisé leur erreur et souhaitaient désormais partir. Tout cela changea quand une amazone fut capturée vivante pour la première fois. Elle fut ramenée à Oro, et vendue au zoo royal sous le nom de « Amazone, spécimen capturée dans la Jungle ». Cela ouvrit le débat qui court encore aujourd’hui sur le fait de savoir, pour les continentaux, si les amazones sont vraiment humaines ou des animaux à apparence humaine, sortes d’humaines moins développées que les humaines vivant parmi les royaumes, et donc plus proches de la bête.
Cette première curiosité fut suivie d’autres. Après tout, certains groupes d’explorateurs avaient fini par apprendre à aller explorer la Jungle. Ils ramenèrent des plantes exotiques, parfois comestibles, mais aussi des lézards, autres spécimens étranges. Oro, voyant l’intérêt de Prébois qui recommençait à grandir, fit de la cité un protectorat. A défaut de la financer, ils acceptaient de l’aider en cas de besoin.
Prébois recommença à grandir. Il y a trente tours, l’élue d’Edus, Akemi Hime, prit la tête de ce qui était désormais une cité. Avec de la boue en guise de rues, le danger de la Jungle, le climat tropical, mais une cité néanmoins.
Quelques tours passèrent. Puis il y a six tours, des changements majeurs eurent à nouveau lieu dans la Jungle.
Premier de ces changements, et pas des moindres, les hommes-lézards décidèrent de la quitter. Leur roi, Kroxi, estimait en effet qu’ils ne pouvaient plus être un peuple de la Jungle, car jamais ils ne parviendraient à gagner ainsi l’estime des royaumes qui se trouvaient au-delà de leur terre. Quant à la Jungle elle-même, elle était peuplée de deux races qui étaient leurs ennemies, et restait même pour eux une terre hostile. Après avoir consulté une assemblée des siens, il prit la décision de partir. L’Empire d’Ambre avait justement une cité à la lisière sud-est de la Jungle, qui avait récemment été détruite par un dragon mystérieux, de même que les terres alentours. Ces terres, elles avaient été prises en défrichant un pan de Jungle au cours de plusieurs siècles de travaux. Désormais désertes, elles furent colonisées par les hommes-lézards, qui y trouvaient par là un climat favorable à leur espèce.
Mais cet exil eut un prix au sein de la Jungle, un prix que payèrent les amazones. Ces dernières avaient en effet appris que les lézards se regroupaient, et cela constituait un danger immense pour elles. Une telle troupe de lézards ne pouvait pas être réunies, estimait-elle, avec des intentions pacifiques. Plusieurs tribus réunies décidèrent de frapper par surprise, engageant une bataille qu’elles auraient pourtant dû ne pas avoir à livrer. Cruel, le destin les fit perdre cette dernière. Et leurs pertes furent nombreuses. Mais quand les amazones se tournèrent vers les elfes de la Jungle, pour repeupler les tribus…
Ces derniers refusèrent et mirent fin à l’amitié qui courrait depuis cinq millénaires entre les deux races, fermant les portes de leurs villes aux amazones. La raison, que ces dernières ignoraient, était que les elfes de la Jungle avaient pris leur indépendance par rapport aux elfes sylvains de manière générale, et ce grâce à une prise de pouvoir des jeunes elfes de la Jungle, qui avaient renversé le conseil des anciens, qui dirigeait auparavant la tribu. Au nombre des changements apportés par cette révolte se trouvait la fin de l’amitié avec les amazones, car les jeunes elfes, ignorant les paroles des anciens qui affirmaient avoir vécu cela eux aussi, vivaient comme un fardeau le fait de devoir partager la Jungle avec ces humaines. Surtout les mâles, qui étaient parfois désignés quand une amazone se tournait vers les elfes sylvains pour avoir une fille.
Les amazones furent quelques temps perdues par ce changement. Mais la Jungle, impitoyable, se rappela à elles. Il n’y a pas de temps pour y être perdu, quand on y vit quotidiennement. L’une après l’autre, les tribus amazones reprirent alors le cours de leur vie, mais différemment. Désormais plus hostiles aux étrangers de Prébois comme aux elfes de manière générale, elles s’armèrent plus que jamais. Pour assurer la survie de leur espèce, elles prirent l’habitude d’enlever, dans les expéditions venant de Prébois, certains mâles pour les forcer à procréer avec elles, et ensuite les tuer.
Le climat, au sein de la Jungle, est tendu comme jamais. Au sein de Prébois, la prise de pouvoir d’Akemi Hime a vu les visions d’exploration de la Jungle se muer en domination de cette dernière. Les amazones sont désormais à couteaux tirés avec tous les peuples intrus, quand les elfes sylvains ne tolèrent désormais plus que qui que ce soit pénètre leur domaine.
Et la Jungle, toujours, reste impitoyable, punissant de mort la moindre erreur, et dans ce cas, mourir rapidement est synonyme de chance.
Les peuples de la JungleActuellement, les peuples de la Jungle à proprement parler sont trois. Les amazones, les elfes et Prébois. Chacun des trois a ses propres coutumes et son propre mode de vie.
Les amazones, du fait qu’elles soient le peuple qui jadis fut mené par les dieux dans la Jungle, même si elles ont oublié les circonstances exactes de cet exil, s’en considèrent comme les maitresses. Et il est vrai que parmi les trois peuples de la Jungle, elles sont le seul peuple à vivre de façon permanente dans la Jungle elle-même, sans se réfugier pour dormir sur leurs deux oreilles entre les murs d’une cité. Alors oui, il arrive que les pièges de la Jungle se referment également sur elles, même si cette fréquence est largement moindre que celle que subissent les explorateurs de Prébois, mais elles connaissent lesdits pièges mieux que quiconque.
Pour les amazones, la Jungle est divisée en plusieurs grands territoires. Au cœur de la Jungle se trouve la Forêt Interdite, où nulle amazone n’a le droit de mettre les pieds. C’est ici que se trouvent les vestiges des cités d’or où vivaient leurs ancêtres, dans un passé lointain. Autour de la zone interdite gravitent les cités des elfes de la Jungle. Les amazones, depuis toujours, ont évité cette région afin de ne pas chasser sur les terrains de chasse des elfes sylvains. Elles respectent en effet la notion de terrain de chasse, car chaque tribu doit se nourrir. Mais durant l’amitié entre les amazones et les elfes, elles pouvaient se permettre de traverser cette région. Depuis la fin de leur amitié, elles préfèrent ne le faire que lorsque c’est absolument nécessaire, et quand elles le font, elles évitent à tout prix d’entrer en contact avec les elfes de la Jungle.
Le reste de la Jungle appartient aux amazones. Elles ne reconnaissent pas – pourquoi le feraient-elles ? – la zone possédée par Prébois comme ayant son territoire propre, même si elles évitent d’approcher des murs de la ville. Les amazones vivent en différentes tribus. Ces dernières, théoriquement totalement isolées et indépendantes les unes des autres, sont en fait en contact permanent du fait de la vie dans la Jungle qui peut imposer à un groupe de se déplacer du jour au lendemain. Car les amazones privilégient la survie plutôt que la défense de leur territoire à tout prix. Si un prédateur qu’une tribu estime trop fort pour elle vient à s’installer sur son territoire de chasse, les amazones vont logiquement changer d’endroit plutôt que de prendre le risque de l’affronter.
Chaque tribu est peuplée d’une trentaine d’amazones environ, rarement moins ou plus. Une fois qu’une tribu a trouvé un territoire de chasse qu’aucune autre ne revendique, elle va y installer un village rudimentaire, composée de huttes perchées dans les arbres, et reliées entre elles par des ponts de cordes, pour éviter les dangers qui rôdent au sol la nuit. Ces huttes, bien que leur placement dans les arbres soit la preuve d’un grand talent architectural, sont rarement des bâtiments très grands ou impressionnants, car les amazones ne trouvent aucune utilité à se lancer dans des constructions pharaoniques qu’elles pourraient devoir abandonner du jour au lendemain.
Une fois installée, la tribu amazone va vaquer à ses tâches, en fonction de la nature de cette dernière. Ces tâches sont au nombre de trois. Les chasseresses, qui sont celles qui iront parcourir la jungle pour en ramener de la nourriture, viande ou fruits, les guerrières, celles qui auront pour but de défendre le village en cas d’attaque – d’humains, de bêtes, ou d’autres choses, le cas échéant – en surveillant les alentours comme en devant se battre, et les artisanes, qui confectionnent les outils, les armes, les vêtements, les huttes, font la cuisine pour les autres, etc. Aucune n’est laissée à l’écart de la communauté, car elle serait alors littéralement un poids mort. Ainsi, lors de la période d’installation, les chasseresses repèrent le territoire, les guerrières établissent les points de surveillance et les arbres les plus sûrs pour s’installer, et les artisanes commencent à fabriquer les huttes. Puis la vie quotidienne se met peu à peu en place.
La tribu est toujours dirigée par les trois ainées : celle des chasseresses, celle des guerrières et celle des artisanes. Ces trois amazones prennent leurs décisions en fonction de ce qu’elles estiment bon au regard de leur expérience.
Il arrive parfois qu’une tribu amazone s’installe par erreur sur le territoire d’une autre. Deux tribus ne pouvant se nourrir sur le même territoire de chasse, l’une d’elles doit inévitablement partir. Si cela ne peut pas se régler pacifiquement, le conflit débouche sur un affrontement ritualisé, et pour le coup les trois ainées des tributs ne peuvent pas y couper. Les ainées des guerrières des deux tribus vont s’affronter lors d’un combat au premier sang, la perdante voyant sa tribu devoir se déplacer. Parmi les amazones, le meurtre ou le combat jusqu’à la mort sont exceptionnellement rares, la vie dans la Jungle étant assez dangereuse en soi pour que les amazones doivent ajouter leurs propres sœurs au nombre des dangers !
Chez les amazones, l’enfant est élevée par toute la tribu à la fois. Elle garde bien sûr un lien particulier avec sa mère, mais c’est toutes ses sœurs qui lui apprennent la vie parmi les amazones. Jusqu’à sa puberté, elle apprend tout ce que ses sœurs ont à lui enseigner en termes de survie, que ce soit les artisanes, les guerrières ou les chasseresses. Elle peut sortir du village, mais reste constamment surveillée par les adultes, qui veillent à ce que la Jungle ne lui réserve pas un malheur dont elle a le secret. Lorsqu’elle atteint la puberté, elle devient officiellement considérée comme une adulte. C’est également ici qu’elle va devoir apprendre à être artisane, guerrière ou chasseresse. Les premiers tours, elle a le droit – et même le devoir – de suivre les trois apprentissages, mais passé un certain temps, les trois ainées de la tribu vont lui imposer de choisir. Si ce choix crée dans la tribu une situation de déséquilibre – trop d’artisanes pour par assez de chasseresses par exemple –, alors les ainées chercheront à contacter d’autres tribus connaissant un déséquilibre différent, pour que chacune se rééquilibre selon ses besoins. Cela arrive régulièrement et se fait généralement en bonne entente.
Puisque les amazones ne sont que des femmes, il pourrait paraitre étonnant qu’elles aient des enfants. Pendant longtemps, les elfes de la Jungle acceptaient de les aider à en avoir. Depuis qu’ils ne le souhaitent plus, les tribus d’amazones proches de Prébois ont pris l’habitude de, au lieu de les tuer, capturer certains hommes partant en expédition dans la Jungle. Quand une fille – et non un garçon, qui est alors abandonné dans la Jungle – nait de l’union qu’elles imposent à plusieurs membres de la tribu, elles vont alors tuer le père ou bien l’envoyer dans une tribu plus profonde dans la Jungle, qui ne peut pas capturer de mâle aussi aisément. Dans tous les cas, ce dernier ne reverra jamais Prébois, car si cette autre tribu peut également le « revendre », si elle ne le fait pas, il finira la gorge tranchée.
Les elfes de la Jungle sont donc le peuple qui vit le plus proche du cœur de la Jungle lui-même. Ils vivent dans quatre cités réparties en cercles autour de zone que les amazones nomment la Forêt Interdite, une à chaque point cardinal. Garthram, au nord, Beakmarsh, au sud, Kincarden, à l’est et Lovika à l’ouest. Contrairement aux amazones, qui sont nomades, les elfes de la Jungle sont sédentaires et ont appris à chasser les prédateurs qui viennent sur leurs territoires plutôt que de les laisser les chasser.
Ces cités sont taillées dans la pierre, et forment des ilots de civilisation dans l’enfer vert qu’est la Jungle. Leurs murs sont hauts, pour éviter que les lézards géants ne pénètrent. En leur intérieur, la vie dans la Jungle a été dressée. Les elfes l’ont apprivoisée, et la végétation inquiétante qui entoure les murs de leurs villes y est devenu décorative. Plusieurs lézards sont tolérés au sein de la ville, dès lors qu’ils ne soient pas agressifs. Les marais, bourbiers, sur lesquels elles sont parfois construites, forment désormais des canaux. Cette cité peut apparaitre à l’explorateur étranger comme un refuge sûr, mais il n’en est rien.
Les elfes de la Jungle, désormais totalement isolés du reste du monde après la destruction des portails elfiques qui permettaient de les amener à leur guise dans les autres royaumes sylvestres, n’aiment pas les étrangers. Quiconque s’approche d’eux sera abattu par leurs flèches. Quelle ironie, mourir aux mains d’armes tout à fait civilisées après avoir échappé à toute cette sauvagerie... Après tout, ces flèches sont en métal, ce qui change des armes d’os et d’obsidienne des amazones.
La société des elfes de la Jungle a, en même temps qu’elle fut isolée, suivi de véritables révolutions. En effet, durant longtemps, elle était dirigée par un conseil des anciens, qui prenait leur décision indépendamment de l’avis du reste de la population, chose qui ne plaisait pas aux jeunes elfes, dont l’avis n’était pas pris en compte, quand il était écouté, avant généralement huit ou neuf siècles d’existence. Une telle exclusion de la majeure partie de la population a conduit à une révolte au sein de ce royaume elfique, déclenchée par la destruction des portails, dont les anciens furent pris pour responsables, puisqu’avec toute leur expérience, ils n’avaient rien pu faire. Une fois la situation calmée, une nouvelle société s’est mise en place pour les elfes de la Jungle, basée sur le vote. Pour chaque décision importante, tous les habitants de la cité sont amenés à rédiger leur avis et à le transmettre au dirigeant de cette dernière, choisi au préalablement lors d’un vote semblable pour le prochain siècle dans son entier. Les quatre dirigeants actuellement en place sont donc là pour longtemps. Ils ne sont en aucun cas supérieurs aux autres elfes de la Jungle, mais ce sont eux qui, après avoir consulté la population de leurs villes, ont le pouvoir de prendre des décisions.
L’une d’elle, et sans doute la plus importante, étant la volonté d’isolation totale des quatre cités de la Jungle. Seuls les autres elfes sylvains sont les bienvenus dans l’enceinte de leurs murs. Mais pour cela, encore faudrait-il qu’ils viennent.
Concernant les habitants de Prébois, il est dans les faits difficile de parler de peuple en ce qui les concerne. Au nombre de dix milliers, il s’agit en fait d’un mélange hétéroclite d’aventuriers et de colons. Les aventuriers, logiquement, sont ceux qui vont dans la Jungle, et sont appelés les chasseurs de cadavres. Car peu importe ce qu’ils aillent y chercher – animaux exotiques, bois, richesses quelconques, connaissances… –, ils ont tendance à ramener plus souvent les cadavres de leurs camarades que des quelconques richesses de la Jungle, quand ils peuvent ramener les cadavres, ce qui est déjà très rare. Les colons, pour leur part, déboisent les alentours de la ville pour essayer d’en faire des terres cultivables, afin d’essayer de donner, au long terme, une certaine indépendance à Prébois, qui actuellement dépend grandement des ravitaillements, ou bien alors en gèrent tous les aspects de la vie quotidienne, tenant des échoppes, des tavernes, gérant le port, etc.
La cité, sous protectorat d’une alliance contextuelle – comprendre par-là que si elles sont d’accords pour protéger Prébois, ces nations ne sont pas pour autant alliées les unes aux autres – entre les différentes nations intéressées par le commerce des richesses de la Jungle, c’est à dire toutes les nations de Ryscior sauf les nations elfiques et peaux-vertes, vit de la vente de ce que les aventuriers ramènent, quand c’est autre chose qu’un cadavre – encore que les possessions qui n’ont pas été pillées du malheureux puissent également se vendre –.
La cité elle-même est donc plutôt pauvre, ce qui explique qu’elle n’ait pas les moyens de se payer une milice à proprement parler. Les miliciens chargés de faire régner l’ordre sont les pires brutes qu’Akemi Hime, dirigeante de la ville, ait pu trouver à Prébois, et ils se payent en rackettant les criminels qu’ils doivent calmer ou en faisant du chantage pour protéger particulièrement certains établissements. Akemi Hime se chargeant uniquement de vérifier qu’ils ne pratiquent pas des tarifs qui feraient fuir la population.
Prébois est donc, fort logiquement, un repère de criminels. La violence y est quotidienne. Ayant une réputation de ville la plus mal famée du Vieux Monde, elle attire toute sortes de racailles persuadées d’y trouver refuge contre la justice ou d’y faire fortune. Akemi Hime peut cependant bénir l’émergence récente de Puerto Blanco, qui a attiré à elle tous les pirates qui, survivants de Port-Argenterie, avaient fait de Prébois leur nouveau refuge. Si la cité avait pendant un temps semblée destinée à devenir la nouvelle capitale mondiale de la piraterie, il semblerait qu’il n’en sera finalement rien, même s’il y a effectivement des équipages pirates qui ont choisi de garder cette cité comme camp de base, notamment car cela leur permet de se livrer à leur activité dans la Mer Intérieure, où il n’y a que peu de concurrence, les navires de Puerto Blanco ne traversant habituellement pas le Canal des Lézards, et surtout où les elfes noirs ne risquent pas de venir.
La ville en elle-même parait bien misérable et n’offre aucun intérêt au voyageur qui aurait la lubie d’aller y faire du tourisme. Les maisons en bois sont bouffées par l’humidité, de sorte qu’elles doivent régulièrement être rénovées, et il n’y a pas de rues pavées. Les habitants pataugent dans la gadoue qui s’enfoncent presque partout jusqu’à la cheville, parfois même jusqu’au genou, d’un humain de taille normale. Dans certains quartiers, des planches sont jetées à même la boue pour créer des sortes de passerelles, mais elles ne changent pas grand-chose. En outre, la cité doit régulièrement être nettoyée, car dès qu’elle le peut, la végétation de la Jungle cherche à repousser. Dans les ruelles sombres et peu fréquentées de Prébois, il n’est pas rare de croiser un arbre de jungle en train de pousser. Dès qu’ils sont repérés, ils sont arrachés, mais ils reviennent toujours. Surtout sous les maisons, car ces dernières sont légèrement surélevées, dressées sur des piloris afin que la boue n’envahisse pas le rez-de-chaussée. Des petits escaliers permettent d’y entrer, mais les habitants doivent souvent baisser la tête pour vérifier que sous leurs pieds, la Jungle ne soit pas totalement en train de reprendre ses droits.
Il y a tout de même une prouesse architecturale dans Prébois, et c’est sa muraille. Longtemps, elle n’avait été protégée par rien, ou par un mur de bois rapidement dressée. Grâce aux financements qu’elle a pu obtenir des royaumes qui protègent sa cité, Akemi Hime a fait venir des architectes et des pierres, afin de doter Prébois d’un véritable mur d’enceinte, qui défie la Jungle de toute sa hauteur. L’avantage est qu’il empêche désormais les attaques d’amazones, qui arrivaient de temps à autre auparavant, et surtout qu’il empêche totalement les lézards d’entrer, ce qui arrivait également, causant à chaque fois des drames.
Il est à noter que les habitants de Prébois ont une sainte haine de tout ce qui n’est humain. Même les nains, habituellement amis des Hommes, sont l’objet d’un racisme sans nom au sein de cette cité. Sans parler des halfelins, ou de toute autre race non humaine.
La relation entre les trois peuples de la Jungle est clairement hostile. Si les elfes de la Jungle et amazones ne s’attaquent pas à vue, ils évitent désormais absolument de se croiser. Quant aux relations entre Prébois et les deux autres peuples… Il est rare qu’un explorateur de Prébois aille jusqu’aux cités elfiques, mais lorsqu’il le fait, ce sont des flèches qui l’accueillent. Et si une expédition s’aventure trop proche d’un village amazone, l’affrontement est inévitable.
Les membres de l’expédition, dans cette situation, n’ont généralement pas le temps de réagir, car les amazones savent le dégât que peuvent faire les armes de métal des étrangers, et leur instinct de chasseresses, même au sein des guerrières, leur fait de toute façon privilégier un combat sans affrontement. La science du terrain est leur meilleure arme, et l’embuscade leur tactique favorite, quand elles ne dirigent pas directement les étrangers vers un piège que la Jungle tend, et qu’elles sont capables de voir, mais pas eux.
La guerre est donc ouverte entre les gens de Prébois et les amazones. Ces affrontements, quand ils ont lieu, sont à l’image de la Jungle dans la mesure où ils ne sont pas un lieu pour la pitié. Faire des prisonniers n’est pas coutume, sauf dans les cas où les amazones cherchent un reproducteur. Quant aux gens de Prébois, ils cherchent à défendre leur vie. Mais s’ils peuvent capturer une amazone vivante, ils le feront absolument. Car revendue à un zoo pour l’une des cours royales du continent, une amazone vaut très cher. Assez pour que son kidnappeur soit théoriquement à l’abri du besoin jusqu’à la fin de ses jours.
Quand une amazone est capturée, évènement qui est très rare, cela donne d’ailleurs lieu à une fête à Prébois. Tous dans la ville se découvrent brutalement des liens d’amitié, ou de parenté, avec l’expédition qui l’a ramenée. Une partie de la problématique devient alors cependant de s’assurer que l’amazone survive à cet évènement. Car assez logiquement, les gens de Prébois ne les aiment pas beaucoup, et l’amazone a tendance à être la cible de projectiles de toute sorte et d’insultes en grand nombre. Certaines meurent durant ce processus. Heureusement, la milice veille au grain. Car en protégeant l’amazone, ils ont droit à un très faible pourcentage du paiement.
Une fois sa capture annoncée aux cours royales, l’amazone sera vendue au plus offrant, de sorte qu’il y a actuellement sept amazones détenues en captivité à travers tout le continent – deux à Garay, capitale d’Oro, deux à Kelvin, deux à Vindex, capitale de Ram, et une dans la Cité d’Alénaraque–. Dans la mesure du possible, les zoos ont appris à en acheter rapidement une deuxième quand une première est déjà là, car une amazone ainsi isolée a tendance à se laisser mourir ou à se suicider, plutôt que de vivre une vie en cage.
La religion dans la JungleLes amazones ont vécu trop longtemps à l’égard des religions pour vénérer les dieux. Elles savent vaguement qu’ils existent, mais ne connaissent pas leurs noms, ni leurs fonctions. Si elles parlent de divinités, elles le feront avec respect, mais pas avec dévotion.
Les elfes de la Jungle, pour leur part, sont entièrement voués à Elye, Cerumnos, et aux différentes Hautes Dames des Saisons. Ils gardent un certain respect pour les autres divinités, comme il se doit, mais ne les vénèrent pas réellement.
Si Prébois vénère à peu près tous les dieux possibles selon les aspirations des personnes qui y vivent, quelques cultes s’y montrent dominants. Celui d’Edus, tout d’abord, puisque le culte de la dirigeante de la cité. Très puissant, il est l’un des deux seuls à jouir d’un véritable bâtiment dédié (vu l’état dudit bâtiment, on ne peut pas vraiment parler de temple…). Ensuite, le culte d’Ariel s’est logiquement installé là, puisque Prébois n’est joignable que par la mer. C’est le deuxième culte à avoir son bâtiment dédié (là encore, parler de temple pourrait être un abus de langage), bâtiment qui ici a la particularité d’avoir ses piloris montés sur la mer elle-même, de sorte qu’à marée haute, il semble flotter sur l’eau, et qu’à marée basse, les deux prêtresses qui y vivent passent leur temps à s’assurer qu’aucun des piloris ne soit sur le point de céder. Il est donc en plein dans le domaine d’Ariel, disent-elles d’ailleurs. Enfin, pour des raisons évidentes, Canërgen et Vamor ont un grand nombre de fidèles dans cette cité.
Puissance militaireConcernant les amazones, on ne peut pas parler de militaires à proprement parler. S’il est vrai que les guerrières sont vouées à la défense de la tribu, elles ne sont en aucun cas organisées sous la forme d’armées. Toutefois, la puissance de ces guerrières est très loin d’être négligeable. Même si leurs armes, généralement des lances, d’os ou d’obsidiennes peuvent sembler rudimentaires, elles les manient de façon experte et constituent des adversaires redoutables pour n’importe quel combattant. Elles peuvent également manier d’autres armes permettant des combats plus rapprochés, si nécessaire. Parfois, elles sont des armes de métal prises sur les corps de leurs victimes.
Mais quel que soit l’outil de mort qu’elles tiennent dans les mains, tout cela n’est qu’enfantillage comparé à leur vraie arme, la connaissance du terrain. Aucun étranger n’est aussi agile pour évoluer dans la Jungle qu’une amazone, et aucun ne peut prétendre détecter les dangers qui l’entoure aussi bien qu’elle. Et elles savent parfaitement utiliser cette science du terrain qu’elles détiennent.
Les elfes de la Jungle, comme tous les elfes sylvains, ont tous appris à manier l’arc, et certains d’autres armes en plus. Ces derniers forment une armée de métier, qui patrouillent dans les alentours de leurs cités pour traquer les intrus et les prédateurs. Les elfes de la Jungle ne se sont que rarement rassemblés en véritables armées. Quand ils l’ont fait, c’était à cause des hommes-lézards, mais ces derniers ne sont plus là. Pour l’heure, tout est donc calme du côté de leurs cités. Mais méfiance ! Ce calme n’est qu’apparent. Si les elfes de la Jungle se réveillent, leur colère peut être dévastatrice.
Prébois n’a pas véritablement d’armée. Sa milice, composée de brutes, se compose de trois centaines d’hommes et de femmes qui savent bien manier leurs armes. Ils patrouillent par petits groupes dans la ville, mais jamais cette milice n’a eu à livrer une bataille rangée. Pour le reste, les habitants de Prébois qui savent se battre – ils sont nombreux à maitriser la bagarre de rue ou de taverne à tout le moins – doivent en cas de danger se défendre eux-mêmes. Certains rares explorateurs à avoir survécu à plusieurs expéditions dans la Jungle connaissent un peu mieux les méthodes de survie qui s’y trouvent, et comment s’y battre. Ils sont particulièrement courtisés par les expéditions qui s’y rendent, car leur expérience est pour ainsi dire indispensable au groupe – sans compter qu’il faut de la chance pour survivre à la Jungle, et que s’ils y ont survécu, c’est qu’ils en auront forcément encore, pas vrai ? –.
Le régiment de renom de la Jungle : Les mages chasseresses amazones«
Il nous arrive de temps en temps de croiser des amazones dans la Jungle, cela est vrai. Si nous parvenons à les voir avant qu’elles ne nous voient, ce qui est rare, nous essayons de déterminer s’il est raisonnable de les attaquer, ou nous fuyons immédiatement. Elles nous donnent généralement le même traitement. Je n’ai pas peur de ces garces, mais il m’est arrivé de croiser l’une d’elle, à une occasion… Elle semblait parler aux animaux. Je ne vais pas mentir, celle-là m’a fait mouiller mes chausses ! »
=> Dietmar Kieft, explorateur renommé de Prébois.
Les magiciennes sont tout aussi rares parmi les amazones que parmi le reste de la population de Ryscior. Toutefois, il arrive qu’une enfant naisse avec des pouvoirs magiques au sein des tribus amazones. Elles se révèlent généralement dès leur petite enfance, car les amazones surveillant leurs enfants, elles se rendent très vite compte si quelque chose d’anormal se passe. Dans ce cas, l’enfant magique quittera immédiatement la tribu, pour être confiée à une mage guerrière, car les amazones craignent la magie et considèrent qu’une enfant qui l’utilise sans la maitriser attirerait fatalement le malheur sur sa tribu – ce en quoi elles font preuve d’une immense sagesse –.
Une fois confiée à celle qui sera sa tutrice, l’enfant magique va apprendre à survivre dans la Jungle, à se battre à la lance, mais aussi et surtout à maitriser les pouvoirs qui sont les siens. Il peut bien sûr arriver que les amazones se soient trompées et que l’enfant n’en ait pas, mais même dans ce cas elle restera auprès de sa tutrice toute son enfance, puis à l’âge adulte rejoindra une tribu proche en tant que chasseresse.
Si elle a réellement des pouvoirs, elle ne pourra quitter sa tutrice que lorsque cette dernière le lui autorisera. La nouvelle mage chasseresse va alors arpenter la Jungle, vivant une vie de solitude nomade. Lorsqu’elles rendent visite à une tribu, elles sont uniquement acceptées à titre temporaire, à cause de la crainte de la magie de leur peuple.
Cependant, elles jouent un rôle précis au sein de ce dernier. Non seulement elles doivent accueillir les enfants magiques et les former, mais en plus, quand une tribu a besoin d’en contacter une autre, pour faire un échange de membres de la tribus – une guerrière contre une artisane par exemple –, ou pour tout autre raison pour laquelle une tribu amazone souhaiterait en contacter une autre, c’est la chasseresse guerrière la plus proche qui va servir de messager. Elles servent également de témoins dans les duels rituels entre guerrières ainées qui marquent les conflits de territoire entre deux tribus.
Mais le reste du temps, elles vivent une vie de solitude. Ce destin pourrait paraitre bien triste, mais c’est faux, car les chasseresses guerrières utilisent toutes la magie shamanique. Dès lors, elles peuvent parler avec les animaux, et cette vie n’est donc pas si solitaire que cela. La plupart d’entre elles ont plusieurs familiers au cours de leur vie, souvent même plusieurs à la fois.
Mages donc, mais aussi chasseresses. Car si elles ont des pouvoirs qui leur sont d’une grande aide pour la vie quotidienne dans la Jungle, elles doivent en permanence s’y déplacer et donc lutter contre les dangers que cette dernière cache pour elles aussi. Si les mages guerriers sont exceptionnellement rares de par le monde, cela à cause de la nécessité de se spécialiser dans l’étude de la magie pour y être bon, et donc de négliger l’apprentissage des armes, les chasseresses guerrières amazones doivent par nécessité de survie apprendre à manier les armes et la Jungle aussi sûrement que leur magie. Elles ne s’encombrent donc pas des chichis que font les races civilisées. Oui, c’est aux dépens de leur puissance magique, mais c’est un modèle plus apte à les faire survivre.
Au combat, une mage chasseresse amazone seule est un adversaire particulièrement dangereux. Maitrisant la magie shamanique, elle connait en effet des sorts qui vont la rendre plus forte et plus endurante que la plupart des hommes. Vivant parmi les bêtes, elle combat avec une sauvagerie incroyable. Et surtout, les féroces animaux de la Jungle qui l’accompagnent lutteront à ses côtés. Tout cela en plus de ses talents habituels d’amazone.
La Jungle et le reste du mondeIl n’y a pas grand-chose à dire de plus concernant les peuples de la Jungle et leurs relations avec le monde en dehors de cette dernière.
Les amazones sont largement considérées comme des humaines sous-développées, et donc plus des animaux à l’apparence de femmes, par les étrangers, qui leur sont donc hostiles, et cherchent souvent à les capturer. Cette hostilité, elles la rendent, et les étrangers ne sont jamais les bienvenus dans leurs territoires.
Les elfes de la Jungle pratiquent l’isolationnisme. Ils sont ouverts à l’idée d’accueillir d’autres elfes, qu’ils soient sylvains ou non, mais pour cela, encore faut-il arriver vivant jusqu’à leurs cités. Et si vous n’êtes pas un elfe, ils vous tueront.
Prébois jouit d’un certain statu quo. Sous protectorat des différentes nations qui sont intéressées par les produits exotiques qui en viennent, tout le monde fait plus ou moins du commerce avec eux, et personne n’aurait l’idée saugrenue d’entrer en guerre avec cette cité, qui entretient cependant des rapports particuliers avec Oro, d’où ils reçoivent régulièrement des ravitaillements, vitaux pour la survie de leur cité.