Je commence ainsi le bal avec le premier cadeau que je dédie à la demoiselle, Kyara. Profite bien de ce petit texte qui rejoint ainsi les écrits du forum et déjà un nouveau PNJ qui pourrait réapparaitre.
"Je m’en rappelle encore comme si c’était hier. Déjà quarante tours m’ont été donné de vivre après cet instant et pourtant chaque image reste gravé de marbre. De la surprise à la stupéfaction, puis à l’envoutement pour finir en tristesse de la disparition…
Tout a commencé avec un chat gris. Aussi banal que cela puisse être dans Kelvin avec le nombre de rongeurs que connaissait la ville. Après tout, on ne comptait plus la nourriture pour ces vermines dans les riches entrepôts de la ville-monde, de là où le commerce ne dormait jamais. Le félin était d’une banalité: d’aucunes races spécifiques si l’on se fiait à son apparence, fort possiblement un bâtard qu’a engendré la rue. Il passa à toute vitesse, comme une furie. Ce qui fit, que je ne faillis pas le remarquer s’il n’avait pas mis le bazar dans tous mes papiers en sautant sur moi et me faisant lâcher ma liasse de documents et dessins sous le coup de la surprise. J’en pestais outrageusement et je lui jeta mon nouveau crayon, ce qui fut bien sûr inutile vu la vitesse de cette tornade féline.
Fort énervé, je n’eus le choix de m’abaisser à ramasser mes papiers dont une partie était déjà envolé sous le coup du vent. La journée n’était pas spécifiquement belle d’ailleurs. J’avais cru sortir pour terminer mes derniers dessins et plans dans la réalisation de mon dernier carnet sur Kelvin et ses merveilles architecturales dont l’opéra. Seulement sous cette basse lumière avec tous ces nuages, je n’eus le choix que de me rabattre vers des brouillons et rêveries d’autres projets qui trainaient depuis déjà longtemps. Qui sait d’ailleurs si l’un verra le jour. Les élucubrations d’un vieil homme n’ont plus lieu d’être et fanerons possiblement avec mes idées d’art de jeunesse.
Quand je m’abaissa pour porter la main à mon dernier brouillon encore en l’état : un projet d’architecture mélangeant les rêves de hauteur digne des bâtiments de Kelvin se dressant fier face au cieux à la rondeur des palais des sultanats, que j’aurais souhaité exposer au dernier concours en date de l’Empire d’Ambre pour la reconstruction partielle d’Exacelbe ; une femme tendit elle aussi sa main. Nos touchers se croisèrent. Sa main était d’une chaleur accueillante, malgré les vents froids marins de la ville. Quelque peu abasourdie, je ne remarqua pas d’ailleurs directement spécifiquement qui était cette inconnue. Je dus donc redresser mes verres pour mieux distinguer devant moi et là je vis Filyon, ou plutôt l’une de ses muses qui se tenait devant moi. Le rouge me monta aux joues et je marmotta des remerciements aucunement convaincant, ce qui fit rire la demoiselle à la voix argentine. Je me ressaisis et je remercia cette fois-ci la divine créature aux cheveux de feux comme le gentil homme que j’étais. A peine, eu-je le temps de me présenter qu’elle repartit me disant courir à la poursuite du chat telle une chasseresse urbaine. Je lui indiqua alors la direction de sa fuite et ne pus que me suffire des quelques instants où elle croisa pour la dernière fois mon regard. Elle n’était d’ailleurs pas seule mais à l’inverse d’elle, déjà le flou de la mémoire joue sur les traits de sa compagne. Est-ce ma mémoire qui me joue des tours ou un sombre enchantement de Mystin qui me fourvoie. Le feu s’imprima sur mes rétines.
De feux à la voix d’argent
Créature d’un autre temps
A la vision d’enchanteresse
Qui me porte d’alégresse
A peine le vert de ses yeux
Me fut accordé en ces instants
Que déjà venu les adieux
Et nous voilà enfin distant
Même encore aujourd’hui, je n’entrevois pas la lumière et les idées claires à même de retransmettre la beauté de cette somptueuse demoiselle. Il ne serait d’ailleurs pas étonnant que celle-ci m’est oublié, n’étant qu’un vaguelette dans la marée de Kelvin. Et pourtant je l’entrevois encore clairement, chaque ligne, chaque trait et courbes la formant. Peut-être trouverais-je la paix et l’oubli en la dessinant ou la sculptant. Seulement les forces me manquent… seulement la peur me guide d’alors oublier son sourire…"
Extrait des mémoires de Gaspard de FierEclat, lettré et homme d’arts, de son pseudonyme, connu aujourd’hui entre autres pour ses nombreux guides de voyages imagés et ses folles idées