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[En cours] [Privé Violet Hermia et Dargor] Des mystères et des chansons dans les tréfonds sylvestres
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
De nombreux mois étaient passés depuis leur aventure dans la Jungle. Après de durs adieux aux amazones et au père de la charmante barde, leur vie habituelle avait repris leur compte. Un grain de folie dans les abysses de la civilisation avait germé et elles ne comptaient pas le laisser flétrir. Le vent leur donnait des ailes. Le pas léger et hasardeux, tel le zéphyr, elles continuaient leur épopée, cette fois-ci en direction de la Grande Forêt et des mystères elfiques. Qui connaissait tous les secrets oubliés depuis de nombreux tours? On disait que cette forêt était aussi vieille que le monde et qu'elles avaient connu les premiers elfes, selon les légendes et les mythes. Tant de générations ont traversé son existence et lesquelles peuvent se vanter d'en connaitre la moindre graine sans aucune hésitation? Un lot d'interrogations immenses et aucune réponse ne pouvaient plaire.
De plus, il existait de nombreuses clés perdues aux quatre coins de Ryscior. Certaines sont parties avec les elfes blancs, d'autres ont été oubliés et encore bien plus ont été perdus et n'attendent que le retour dans leur élément. Elles étaient de natures multiples: savoir, écrits, objets enchantés, comptines et chansons. Aucun elfe, et encore moins aucun homme, ne pouvaient en imaginer la moitié. Une terre magique où la nature primale et sauvage était le roi. Cependant, à l'inverse de la Jungle où la nature était le seul maitre, dans la Grande Forêt les elfes observaient cachés derrière les feuillages, prêt à tout pour défendre leur territoire sacré. Ils avaient déjà tant tué pour en arriver là et ils ne comptaient pas s'arrêter. Ils avaient même fait chuter des royaumes de leur piédestal pour protéger celle-ci.
Les cadeaux d'Elye et Cerumnos étaient des dons divins et la mort encourait à ceux qui les bafouaient. La mort faisait partie de la vie et formait un cycle naturel, mais toute vie se doit d'être respectée. Or beaucoup d'hommes, si pas tous aux yeux des elfes, avaient perdus ces valeurs dans leur civilisation. L'individualisme à outrance avait déchiré les strates et les mœurs élémentaires selon les elfes, et avait gangrené les hommes. Ils n'étaient plus que des pions, des points ayant oublié les leurs. La civilisation et la ville n'étaient que dégoût pour eux et ceux qui avaient l'effort de le juger de leur expérience n'en étaient pas ressortis avec une vision différente. Des hectares de pierres, de marbres, de boues et aucun arbre à l'horizon. Et c'était sans compter les murailles et les murs qui cloisonnaient les hommes autant qu'ils le faisaient avec le bétail. Alors que pour tous les marchands du monde voyait en Kelvin une merveille architecturale, pour les habitants de la Grande Forêt ce n'était qu'un grand cimetière pour Elye et Cerumnos, les dieux primaux. Ils les avaient nourris et eux les avaient tués. Cela n'avait aucun sens.

Mais nos deux aventurières n'étaient points des elfes. Leur pensée était tout autre. Même si elles n'étaient pas des dames de villes et étaient bien loin de la norme humaine, de par leur parcours et leur situation de paria, qu'elles s'étaient imposés en devenant des gens du voyage, elles ne pouvaient les bannir. Pour la barde, la ville ne se tenait pas spécialement dans son coeur, elle qui ne rêvait que de nature, d'arts et de musiques, mais au grand jamais elle ne les nierait. Elles avaient leur place dans le monde des hommes et elles ne verraient jamais un monde sans celles-ci. Seulement quand elle prenait son luth ou sa harpe, en pinçant les cordes, elle vivait une ode aux gloires du voyage vers d'autres horizons, infinis du vert de la vie ou du bleu de l'océan éternel. Elle était donc une hybride, aux pensées multiples et non figées. Quant à résumer les possibles dires de l'élue divine sur le sujet, cela reviendrait à l'impossible. Une demoiselle à la vie si agitée, ayant connu bien des mondes et des civilisations, ne pouvait que donner une réponse qu'après une longue pérégrination verbale et tel n'était ni le but ni le temps pour cela. Même si personne ne doutait de sa maitrise dans les arts avec la langue, étant l'élue de Filyon, une dame aux multiples facettes. Mais tous les bons plaisirs ont une fin et celui de deux voyageuses se tenait dans la découverte.
Elles parcoururent ainsi des milles et des milles, à voir défiler le ciel et les paysages, de la mer aux marécages et des champs de bataille aux clairières. Après avoir retraversé la mer dans l'autre sens de par lequel elles étaient venues, elles étaient ensuite parties d'Oro, terre des arts et du commerce, où l'or coulait à flots selon les dires des étrangers, ce qui expliquait d'ailleurs en partie leur haine envers ces habitants, pour partir vers Hasdruba, royaume en reconstruction. Ce royaume était déchiré il n'y a pas si longtemps que ça dans une guerre entre le règne des vivants et des morts. Cela tenait quelque peu du détour, mais elles ne tenaient pas à revenir de si tôt dans les terres des orcs, à cause de leurs expériences passées et communes. Puis elles n'étaient pas spécialement pressées. Le voyage avait bien plus d'importance que la destination.
Pendant ce temps-là, l'apprentissage de la barde continuait, autant sous l'impulsion de l'élue divine qui tenait lieu de maitres, que sous la sienne qui prenait la peine de découvrir le monde sous un angle différent. Et cet ensemble était agréable, énormément rafraichissant. Cette alizée la mènerait sûrement toute sa vie, aussi courte qu'elle puisse l'être pour un homme, surtout sous la comparaison d'Elyse. Alors qu'elle serait à manger les pissenlits par la racine, la demoiselle Fadelys aurait encore une éternelle jeunesse à vivre. Et même si jamais Triss ne connaitra les montagnes de savoir de sa compagne, elle en aura au moins aperçu au loin les sommets de l'art tant chanté par la déesse. Et ainsi de sa vie, elle aura pu entendre d'une oreille lointaine, les doux hymnes de la divine. Cela serait des murmures lointains et sacrés qu'elles chériraient et n'oublieraient jamais.
Pour ne pas raccourcir leur voyage, ils leur arrivaient souvent de s'arrêter, au gré des voyageurs qu'elles rencontraient. En échange de quelques chansons, elles prenaient des nouvelles du grand monde. N'était-ce pas la mission des bardes d'être au courant de tout, de savoir où se passaient les grands évènements et les meilleures affaires? Depuis bien longtemps, elles avaient toutes deux perdu cette voie et désiraient se rattraper quelque peu, même si cette promesse serait difficile à tenir une fois de nouveau coupé du monde civilisé.
Une fois arrivées non loin de l'orée de la Grande Forêt, selon les habitants du village dans lequel elles dormiraient ce soir, à vendre leurs talents et leurs informations contre un toit et un repas dans ce qui ressemblait plus à une vaste cabane en bois avec une grande cheminée et des bancs qu'à une réelle auberge. Mais mieux fallait cela que de dormir à la belle étoile dans des terres inconnues, à la limite du monde sauvage. Puis un dernier passage dans la civilisation leur permit de faire un dernier retour sur le monde qui les entourait. Ainsi lors de leur périple, elles en apprirent bien plus sur l'expansion d'Hasdruba sur l'ancienne Salicar et sur la grande bataille, hautement déformée et grandie selon le point de vue des deux demoiselles, du nouvel Ordre sur les armées morts-vivantes. Le monde se bougeait et ne s'arrêtait pas. Mais cette aventure ne racontera pas un voyage vers un avenir merveilleux, mais sur un regard curieux vers un passé révolu. Des Masques chuteront peut-être sous leur curiosité, mais n'étaient-ce pas eux les gardiens ancestraux de ces terres.
Jeu 9 Jan 2020 - 20:52
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Violet Hermia
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Conteuse sous l'étoile de Mystin
Violet Hermia
Violet avait toujours été attirée par la Grande Forêt. C'était pour elle l'un des endroits du continent qui recelait le plus de mystères. Combien d'histoires n'avait-elle pas entendues à propos des merveilles et des horreurs qui se cachaient à travers cette nature si envoûtante et énigmatique ? Combien d'histoires à propos de créatures fantastiques qui arpentaient les ombres des feuillages ? Cet endroit avait été le sujet préféré de sa mère quand elle lui racontait des histoires le soir avant de dormir et il avait hanté Violet jusque dans ses rêves et certains de ces écrits par la suite. C'est donc sans surprise que la jeune conteuse se dirigea vers ce pays, guidée par Finil.
Elle savait que s'y aventurer seule n'était pas une bonne idée mais elle espérait pouvoir trouver des compagnons de voyage aux abords de la forêt avant d'y pénétrer. Elle ne savait absolument pas ce qui l'attendait mais elle sentait que la déesse des voyages et de l'avenir la poussait dans cette direction et qu'il lui fallait entreprendre ce voyage. Quelque chose l'attendait dans cette forêt qui pourrait bien marquer la vie de la jeune conteuse. Peut-être l'histoire qui fera sa carrière ? Sans doute. La mort ? Il y a des chances. Des merveilles ? Elle en était sûre. Quoiqu'il se passe, elle faisait confiance aux dieux et c'est d'un pied léger et le coeur empli d’enthousiasme qu'elle avançait vers sa nouvelle aventure.
Plus elle s'avançait vers son but, plus les villes étaient petites jusqu'à devenir des villages de plus en plus parsemés. Elle finit par s'arrêter dans l'un d'eux, non loin de l'entrée de la forêt, et se mit à la recherche d'un endroit où crécher la nuit. Déambulant dans les petites rues, elle fut attirée par une musique au loin. L'oreille tendue, elle la suivi jusqu'à ce qui semblait être une auberge et jeta un oeil à l'intérieur. Elle y découvrit deux belles femmes près de la cheminée en train de chanter l'un des plus beaux duos qui lui ait été donné d'entendre. Violet n'avait d'ailleurs pas été la seule à être attirée par leur chant : une petite foule s'était rassemblée autour d'elles, un verre à la main pour la plupart et tous les écoutait religieusement. La jeune conteuse, elle, s'installa discrètement dans un coin près de la fenêtre. Elle qui avait voulu offrir l'un de ses récits contre le gite et le couvert, c'était loupé ! Comment allait-elle pouvoir passer après un tel talent ? Elle ne faisait pas le poids avec son début d'expérience. Mais cela ne la dérangeait pas plus que cela car c'était pour elle un vrai plaisir d'écouter de véritables artistes. Elle commanda donc de l'eau et un dîner et profita de ce beau spectacle.
Sam 22 Fév 2020 - 22:12
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Dargor
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Dargor
Et ainsi, elles avaient quitté la Jungle. Et ainsi, elles étaient parties pour la Grande Forêt. En plaisantant parfois, Elyse signalait le fait que sa vie était somme toute beaucoup trop verte ces temps-ci. Chez les orcs, puis dans la Jungle, puis dans la Grande Forêt. Il faudrait qu’elle s’offre un voyage au fin fond des déserts ramiens un jour, cela lui ferait certainement du bien.
En vérité, elle plaisantait, car bien qu’elle doive, en tant qu’élue de Filyon, prendre du plaisir dans tout paysage, et de l’excitation dans toute nouvelle découverte, elle avait toujours, en tant qu’humaine, détesté la chaleur extrême qui régnait dans les royaumes du sud, et donc détesté tout particulièrement Tahar. Ram trouvait une certaine grâce à ces yeux, car cet immense royaume civilisé avait beaucoup à offrir en matière d’hommages rendus à la Déesse bien sûr. Et même si l’élue parlait souvent de royaumes qui à présent n’existaient plus, car elle n’avait pas l’habitude de considérer l’endroit comme étant un seul royaume, ayant été invitée dans les cours de tous les sultans à l’époque où ils étaient tous souverains absolus de leurs propres terres, elle ne prenait pas offense de la conquête de Ram. C’était simplexe une façon de parler qu’elle n’arrivait pas à chasser. Après tout, n’était-elle pas coupée du monde, car capturée par les orcs, lorsque l’unification de Ram avait été effectuée ?
C’est pourquoi, par jeu, elle avait pendant les premiers temps de leur voyage proposé des musiques ramiennes lors de leurs escales. L’idée étant d’en faire des musiques exotiques. Cela avait particulièrement été apprécié en Hasdruba, où elle aurait pu faire en sorte que l’on s’arrête dans un palais pour se produire. Et ce ne fut pas faute de se le voir proposer. Mais elle remit cela à plus tard, promettant de passer sur le chemin du retour (promesse qu’elle avait, affirma-t-elle à Triss, tout à fait l’intention de tenir : ces seigneurs et ces dames avaient tout à fait le droit à écouter la gloire de la Déesse !) car elle ne perdait point à l’esprit que pour l’heure, son objectif premier était d’aller trouver les elfes des forêts pour leur demander ce qu’il en était de leur vision de la déesse. Un programme simple, mais également terrible, car elle savait fort bien que les elfes des forêts n’accueillaient pas plus amicalement les étrangers que les amazones. Et contrairement à ces dernières, ils ne se laisseraient pas amadouer par un simple sortilège de guérison. Après tout, ils avaient leurs propres prêtres, et la vie en forêt était bien moins dangereuse que celle dans la Jungle.

Et ainsi devait s’achever leur voyage jusqu’à la grande forêt, dans cette auberge si proche de la lisière. A cet endroit, Elyse avait de très nombreux galants, car on était dans le Duché de Samuel. Si le Duc lui-même était un rustre qu’elle avait giflé quand elle l’avait rencontré, forçant le duo à accélérer grandement leur rythme de marche pour échapper à son ire (elles avaient bénéficié du temps qu’il balance le fait de répondre à l’insulte et le fait qu’il s’agisse d’une femme, élue divine qui plus est) ses troupes étaient pour leur part tout à fait amatrices de musique. A moins que ce ne soit des musiciennes. Ainsi était-il que l’auberge était pleine non seulement des villageois et des voyageurs, dans ce village de bûcherons, mais aussi de soldats de la région, dont un certain nombre espéraient avoir droit à une autre sorte de représentation de la part de l’élue de la déesse des plaisirs et de son apprentie. Ceux qui s’approchaient trop, cependant, Elyse, qui dansait à ce moment au rythme de la musique de Triss, leur collait un coup de pied depuis sa table. Et là était toute son agilité. Elle le faisait sans donner l’impression d’interrompre sa chorégraphie pour cela. Comme si c’était une maladresse, mais personne n’était dupe dans la salle. Elle faisait à chaque fois exactement ce qu’elle voulait, et les hommes frappés comme leurs amis le savaient bien.
Heureusement, bien sûr, il y avait aussi un costaud engagé spécialement pour l’occasion pour s’occuper du cas des plus gênants. En fait il y avait fort à parier que ce costaud faisait partie du régiment et avait été dévolu à ce rôle tant par le sergent, un vieil homme sec, souffrant d’une sévère calvitie, et borgne, que par l’aubergiste, qui lui était tout l’inverse. Potelé, jeune, généreux. Ce qui était une bonne chose selon Elyse. Elle qui appréciait la beauté jugeait souvent (et cela lui était parfois reproché par ses camarades élus, notamment la druidesse Tavish) les gens sur leur physique. Bien sûr, tout le monde n’étant pas égal, elle avait dû apprendre à faire des concessions. En matière d’aubergistes, elle avait remarqué que souvent, ceux d’entre eux qui étaient gras tenaient de bien meilleurs établissements que ceux d’entre eux qui étaient plus minces.
Donc c’était une bonne auberge ici, comme en témoignait son propriétaire. D’ailleurs, autre détail qui ne trompait pas, bien qu’on soit dans un village reculé, il avait un total de trois serveuses. Toutes ses filles, avait cru comprendre Elyse. Leur mère n’était pas visible, mais à sentir la bonne odeur qui se dégageait des cuisines et à entendre la voix douce même si habituée à distribuer des ordres qui en sortait, il était clair que c’était cette femme qui était à l’origine du poulet à la bière qui avait été dégusté par les clients ce soir, et qui le serait par les deux artistes plus tard (car on dansait mal avec un poulet à la bière dans le ventre).
Trois serveuses, plus les deux artistes, plus les villageoises au nombre deux … Il y en avait un total de quinze dans l’auberge bondée. Des jeunes qui auraient bien aimé faire danser leurs amis d’enfance devenus leurs galants si les militaires n’occupaient pas toute la piste, et leurs aînées, sans doute des grandes sœurs pour la plupart, venues attirées par les mêmes militaires. Mais là encore, le videur improvisé semblait avoir reçu pour instruction d’éviter un scandale. S’il n’empêchait donc pas les yeux doux, ça n’allait jamais beaucoup plus loin. Il y avait donc un total de vingt femmes dans cette assemblée d’hommes.

Ah non, vingt-et-une. Mais à voir l’attitude de la dernière, c’était plus volontiers une étrangère.
Dim 8 Mar 2020 - 17:07
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
Une auberge pleine à craquer, des demoiselles dont quelques belles filles aux yeux de la barde, une myriade de soldats disciplinés par leur sergent qui n’attendaient qu’une chose si on se fiait à leur regard, quelques villageois fort timides et une étrangère restant en marge… Tous les ingrédients étaient là pour préparer une bonne farce, mais aussi une belle fête. Mais pour ça, la barde devait bien préparer le terrain. Elle ne pouvait pas être actrice et compositrice. Elle se mit donc à réfléchir comment créer une ambiance propice à son jeu.
Fouillant ces souvenirs lointains, de sa tendre enfance et de sa mère, du peu qu’elle se rappelle de sa région natale, le Tahar… sur lequel elle n’était plus jamais retournée de manière significative, à croire qu’elle le fuyait. Elle était née dans ces régions chaudes, dans le sable du désert des tribus nomades. Et on pourrait croire que ce peuple hostile, rustre, mais que nenni. N’ayant rien, excepté les leurs, les habitants du Tahar savent se réjouir du quotidien et s’amuser. Ils ont la fête dans le sang et la musique dans la peau. Et c’est pourquoi la barde comptait leur chanter l’une des seules musiques qu’elle se rappelait de son ancienne vie. Tout comme les tempêtes agitant le désert, les notes fusaient en tout sens et s’agitaient au gré de la puissance de son luth. Danser, danser mes chers… l’heure est venue, se dit-elle intérieurement, sans s’empêcher de glisser une larme à la mémoire. Une larme perlait sur la joue de l’artiste, mais pour rien au monde elle n’était triste. Elle vivait le moment présent de toutes ses forces selon la volonté de ses aïeuls et la salle le ressentait. Même l’élue divine s’en voyait affectée et elle qui dansait de manière gracieuse, se tenait obligée d’accélérer le rythme, tout en restant aussi souple et élégante. À croire que même dans la mort, elle resterait belle et gracieuse. Le vent de la musique et la voix de Filyon portaient toute la salle et une infinité de sons dansaient en harmonie avec son élue. Et après le luth, elle y adjoint sa voix. Car toute bonne musique se doit d’être rejointe par la voix, le plus bel instrument du monde. Si les morts, emportés par Canaërgen, pouvaient voir cela, Triss espérait qu’ils soient fiers d’elle. Car même si elle n’y pensait pas trop, même si elle se voyait plus affiliée à la Jungle et Prébois, elle n’oubliait pas d’où elle venait. Reposez en paix, père, mère… et que Filyon vous montre la voie vers la félicité éternelle.
Dans le reste de la salle, les avis étaient mitigés. Si beaucoup prenaient un malin plaisir à observer sur toutes les coutures Élyse, que ce soit pour son physique divin ou pour sa magnifique danse, bien peu souhaitaient la rejoindre. À croire qu’ils étaient gênés et pourtant leurs yeux parlaient trop pour eux. On sentait leur envie de faire danser leur partenaire, leur amour d’enfance et les belles filles aussi. Toujours à se prendre la tête pour pas grand-chose, tant de gâchis et l’occasion est trop belle pour ces jeunes hommes.
Une fois la musique finie, Triss se leva et fit un clin d’œil vers Élyse quand celle-ci se retourna vers elle. Elle lui donna son luth pour l’inviter à la remplacer. Ce que l’élue fit sans grande difficulté, chantant des chansons des temps oubliées dont elle avait le secret. À croire que jamais son savoir ne connaitrait de fin. Pendant ce temps-là, sous le rythme endiablé de la musique, Triss s’avança vers la piste de danse, si on pouvait l’appeler comme ça vu sa faible taille. Mais cela suffirait pour montrer à ces jeunes hommes comment faire. Elle marcha, observée de tous, vers l’inconnue.

- M’accorderez-vous cette danse ?, lui demanda-t-elle.

La demoiselle ne savait pas quoi répondre, ne s’attendant sûrement pas à cette réaction et encore moins d’en être la cible. Mais cela n’empêchait pas Triss de continuer d’être taquine. Elle la prit par le bras et se mit à danser avec elle, en faisant fi de sa maladresse. À chaque fois que celle-ci pointait le bout de son nez, Triss rectifiait le tir et en jouait. Cela ne donnait pas la plus belle des danses, mais elle avait le mérite d’exister et encore plus d’amuser la barde qui ne put s’empêcher de rire à gorge déployé devant tant de plaisirs.
Voyant cela, les garçons prirent eux aussi leur courage à deux mains pour inviter les demoiselles à les rejoindre sur la piste de danse qui petit à petit se libérait des soldats qui avaient reculé devant la performance de la barde qui se voyait amplifiée par l’arrivée des autres jeunes danseurs. Triss était contente au fond d’elle-même et approchant l’inconnue à portée d’oreilles, elle se mit à lui chuchoter.

- Regardez comme c’est beau. Enfin, ils prennent leur courage quand on leur a montré comment faire. Tant de joies dans leurs yeux, de quoi faire balancer tous les cœurs. Même si je ne vous cacherais que vous êtes aussi belle qu’eux, lui dit-elle en continuant à danser en faisant abstraction de possibles réactions de sa compagne de danse.
Mar 10 Mar 2020 - 10:41
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Violet Hermia
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Violet Hermia
Violet en resta sans voix. Elle qui avait toujours été spectatrice, prenant plaisir dans la contemplation, la voilà devenue le centre de toute l'attention. Et évidemment, cela suffit à la rendre rouge pivoine et à la faire bafouiller comme une enfant. Mais cela n'arrêta pas sa ravissante partenaire qui la fit danser malgré sa maladresse maladive. La jeune danseuse était tout en grâce et en beauté, nullement gâché par le peu de talents de Violet. Elle dansait et riait avec un tel plaisir que cela contamina le reste de la salle. Bientôt, les deux jeunes femmes furent rejointes par des couples. On fit déplacer les tables pour plus de place et les gens se mirent à danser et rire tous ensemble.

"Regardez comme c’est beau. Enfin, ils prennent leur courage quand on leur a montré comment faire. Tant de joies dans leurs yeux, de quoi faire balancer tous les cœurs. Même si je ne vous cacherais que vous êtes aussi belle qu’eux." Le chuchotement de sa partenaire rendit Violet encore plus rouge qu'elle ne l'était. Le compliment inattendu et le charme de la femme la prirent au dépourvu et elle ne sut que répondre. Aussi fit-elle ce qu'elle faisait de mieux : sa maladresse refit surface et elle trébucha contre sa partenaire, qui ne put cette fois l'éviter. Mortifiée, Violet se confondit en excuses et tenta de se sauver mais la danseuse ne sembla pas du même avis. Elle en rit et continua à danser. Envoûtée par cette ambiance et ce personnage si particulier, Violet ferma les yeux et respira profondément. Les yeux toujours fermés, elle se laissa guider par la musique et les mains de sa partenaire. Les notes étaient comme des mots. Ils s’enchaînaient dans un accord parfait, formant une mélodie unique et pleine de sens, pleine d'émotion. Quelque chose de fort, qui vous parlait, si on prenait la peine de l'écouter. Et Violet écouta. Son corps se détendit peu à peu, son corps se mouvant au rythme des notes. Elle se laissa porter par la musique, la sentit l'englober, l'engloutir, n'étant plus qu'un un canal dans lequel elle se propageait. Les bras en l’air, les yeux fermés, les hanches qui se balançaient en rythme. Se sentir libre, se sentir vivant. C’est un sentiment incroyable. La jeune femme finit par ouvrir les yeux et offrir à sa partenaire son plus beau sourire.

Elle se laissa totalement aller à la danse durant tout le temps de la soirée. Parfois, sa partenaire, du nom de Triss, allait remplacer son amie au luth qui prenait sa place sur la piste de danse. Elle aussi était d'une grâce presque mystique, envoûtante. Son corps prenait vie à travers la musique qui l'enveloppait. Puis la musique prenait fin et son amie la remplaçait encore. Et la magie opérait à nouveau.
Il n'y avait aucun doute pour Violet que Mystin et Filyon étaient parmi eux ce soir-là et qu'elles célébraient la magie de l'art avec eux. Elles étaient présentes à tous les pas des danseuses, à chaque mouvement de leur corps, dans chacun de leurs regards intenses. Elles ne laissèrent personne indifférent, homme comme femme, subjuguant tout le monde. De nombreuses propositions leur furent faites, plus ou moins délicates, plus ou moins déplacées. Les plus lourds étaient certains des soldats présents ce soir-là, mais ils furent vite pris en charge par un grand homme bien bâti qui finit par les mettre dehors. Les jeunes femmes, quant à elles, acceptèrent avec plaisir les invitations à danser. Violet en profitait quant à elle pour s'échapper et profitant d'un peu de répit pour souffler et boire mais aussi pour admirer l'oeuvre de deux femmes. L'ambiance était parfaite, pleine de vie et de plaisir. Le propriétaire de l'auberge était en joie. Cela faisait longtemps qu'il n'avait pas eu une aussi bonne ambiance et un aussi grand nombre de clients. Voir ses filles aussi heureuses lui procura également un grand plaisir même s'il avoua à Violet que les voir avoir autant de succès l'inquiétait quelque peu. Violet sourit et le rassura en lui disant que si Atÿe lui avait donné tant de belles filles, ce n'était pas pour qu'elles aient toutes une vie malheureuse. Et qu'elles étaient assez grandes et intelligentes pour savoir où se situe le danger. Le tenancier hocha de la tête, un peu rassurée et lui servi sa commande. Les deux verres à la main, la jeune conteuse rejoignit Triss à qui elle tendit à boire. Celle-ci semblait chercher son amie du regard à travers la salle.
"Il me semble qu'elle est montée se coucher, je l'ai aperçu dans les escaliers quand j'étais au comptoir." Lui indiqua-t-elle avant de prendre une gorgée.
Mar 10 Mar 2020 - 14:44
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Elyse Fadelis joua de la musique sur tous les instruments que le duo avait à sa disposition, s’absorbant entièrement dans l’amour de l’art, s’absorbant entièrement dans l’amour de sa déesse. Elle ne se rendit même pas compte que la danse prenait une ampleur enfin digne de la musique qui l’accompagnait. En fait, quand des soldats soulevèrent la table sur laquelle elle se produisait pour faire de la place sur la piste, elle continua à jouer comme si de rien n’était. S’en était-elle seulement rendue compte ? Pour ce que pouvait en savoir les hommes et les femmes autour d’elle, c’était difficile à dire.
Elle ne se rendit même pas compte elle-même qu’elle s’était arrêtée de jouer, et pourtant elle l’avait fait. Elle ne se rendit pas non plus compte qu’elle approchait de ces deux gaillards. Elle partagea avec eux plusieurs danses, tandis que les musiciens du village prenaient le relais. Bien sûr, leurs harmonies étaient très loin de celle de l’élue et de son apprentie, mais à ce stade avancé de la soirée, l’amusement, l’ivresse de la danse et l’alcool avaient eu raison des sens et du goût musical de celles et ceux qui étaient présents. Et en un sens, ivres comme Elyse l’était elle-même, ivres de Filyon, personne ne se rendit compte du changement de musique.

Le tourbillon des corps sur la piste de danse remplaçant peu à peu le tourbillon dans son esprit, Elyse se rendit compte une fois sur son lit qu’elle avait proposé aux deux hommes une autre forme de danse, beaucoup plus intime. Qu’il en soit donc ainsi, songea-t-elle ! Ce n’était pas la première fois qu’elle se donnait à plusieurs personnes en même temps. Sans qu’elle ne fasse partie de ceux qui pratiquaient régulièrement les danses à plus de deux, ou encore les orgies, car elle trouvait qu’il y avait une belle forme de simplicité dans simplement danser à deux.
Et ainsi fut fait. Quand la porte s’ouvrit sur les deux jeunes femmes, elle leur jeta un regard joyeux. Elle passait pour sa part une excellente soirée et leur souhaitait de s’amuser également. Peu importait la façon dont elle le faisait. Cependant, une certaine forme de tristesse la prit lorsque la porte se referma. Elle avait compris depuis très longtemps que sa compagne aimait avant tout, si ce n’était uniquement, les femmes, ce qu’elle trouvait tout à fait normal. Elle avait également compris qu’elle la voulait elle, ce qui était tout à fait normal aussi, sans vouloir passer pour une orgueilleuse. Mais dans le même temps, songeait-elle, il serait normal que Triss trouve injuste le fait qu’alors qu’elles voyageaient ensembles depuis des mois, elles n’aient jamais été autre chose que de proches amies, alors que ces deux hommes qui n’étaient apparus dans sa vie que le temps d’une soirée et disparaitraient dès le lendemain pourraient profiter de ses largesses et de ses douces caresses.
Elle se déconcentra même un instant de ses deux amants, ce qui eut pour conséquence d’en énerver un. Et l’énervement de l’un l’agaça elle, alors qu’elle était rongée par une forme de culpabilité à l’égard de Triss.

« Ecoute-moi bien mon grand, dit-elle, je suis une femme de plaisir et de plaisir uniquement. Ici il n’y a pas de place pour autre chose et si tu prétends le contraire, je te fous dehors et je reste avec ton copain uniquement. C’est clair ? »

Apparemment cela ne le fut pas, aussi fût-il écarté de la chambre sans ménagement. Son ami étant trop ivre pour se rendre compte qu’il était tout seul dans le lit à se battre avec les draps, elle tira l’autre par le bras et le mis dehors, sans pudeur tant pour lui que pour elles qui se retrouvèrent dans le couloir. Il tenta bien de se battre mais elle n’était pas non plus faible ! On ne survivait pas des siècles en comptant uniquement sur ses charmes et la chance pour se sortir de mauvais pas. Et elle retourna ensuite à l’intérieur de la chambre, lui claquant la porte au nez, non mais. Dans le fond elle songea rapidement ensuite qu’elle aurait dû les virer tous les deux. L’autre, comme cela avait été mentionné, était ivre et ne procura rien de satisfaisant, roulant même jusqu’à en tomber du lit pour s’endormir. C’est donc frustrée qu’elle croisa les bras, maugréant sur des pauvres imbéciles. Enfin, à tout le moins, demain, elle serait en forme pour marcher dans la Grande Forêt. Peut-être que Triss ne le serait pas. Peut-être le serait-elle. Elle avait bien mérité, après sa déception, de prendre son propre bon temps.
Telles étaient les pensées de l’élue, qui conclut qu’il fallait essayer de dormir à présent. Et c’est ce qu’elle fit, car elle était malgré tout épuisée par les longues heures de danse. Après tout, no était déjà proches de l’aube ! Et ainsi n’entendit-elle pas la porte qui se rouvrait dans son dos. Il y avait là un homme qui était non seulement un soldat désirant retrouver un accoutrement décent mais aussi un amant déçu. Et à l’amant déçu qui voit la femme qu’il désirait impudiquement étendue sur le lit, ses cheveux ramenés devant elle, de sorte que son dos, de ses épaules à sa chute de reins, magnifique, soit exposé, sans parler de ses jambes, longues et fines… Il n’en fallait pas moins pour stimuler l’imagination d’un homme. Il referma la porte derrière lui.

En bas, les quelques-uns qui étaient encore assez debout pour entendre le bruit entendirent de fait le lit être secoué d’avant en arrière, comme si une lutte avait lieu dessus. Des plaisanteries sur l’ardeur de la dame en furent prononcées. Mais en vérité, à ce moment, dans la chambre, l’élue de Filyon se débattait. Elue du plaisir, certes, mais point du plaisir forcé. Mais cette fois, elle ne jouissait pas de l’effet de surprise sur l’amant à renvoyer. Etait-ce même l’inverse ? Et plus elle essayait de lui résister, plus il se faisait furieux. A tel point qu’il abandonna l’idée de la forcer par la violence brute pour une autre idée. Celle de la forcer par contrainte. Et pour cela, il plaça ses mains autour de son cou et commença à serrer. Il entendait que pour sauver sa vie, elle sacrifie sa chair. Mais elle ne semblait pas prête à céder, comme en témoignait son regard de défi !
Ven 13 Mar 2020 - 22:51
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
La porte claqua derrière elle et elle y abandonna ses regrets et passions. De toute façon, elle le savait depuis longtemps, même si à aucun moment elle n’avait accepté de le voir. C’était violent et puissant. Douloureux et rude… un orage qui battait de tout part dans les champs de blé. Le grain n’avait aucune chance de survie dans cette accalmie, mais encore pire, l’éclair ne pouvait que tomber, frapper de toutes ses forces sans se ménager, car telle était sa nature. Il n’était né que pour détruire, faire souffrir autour de lui. Et à cet instant, elle ne souhaitait qu’être cet orage. Et sur cette peine, elle descendit sans même faire attention à sa compagne, qui la suivait comme si de rien n’était. En bas, la fête continuait au beau fixe, même si elle était bien plus calme. Personne n’avait osé toucher aux affaires des deux artistes, déjà appréciées de tous les fêtards de l’auberge. En s’avançant, elle prit son luth, le mit contre elle et le serra de toutes ses forces. Il était son âme, son cœur, sa raison de vivre.

- Everhell, que la vie peut être si dure. J’aurais souhaité que tu sois encore là pour me guider. Pourquoi a-t-il fallu que tu tombes au nom d’Ohiel ? Les brigands ne sont-ils pas les enfants du vaste monde, de la nature et de la découverte ? Et à vouloir faire le bien, te voilà chu… Et pourtant les dieux savent que tu aurais pu me guider à ces instants. Donne-moi ta force, s’il te plait…

Elle pinça en même temps qu’elle dit cela les cordes de son luth pour invoquer l’âme de son défunt ami. Aujourd’hui au côté d’Ariel, il n’avait aucun souci à se faire, pourtant elle souhaitait le voir encore une dernière fois. Sa mort avait été dure à vaincre et à jamais elle le resterait, surtout dans les moments difficiles.
Des larmes perlaient sur ses joues et ne s’empêchant pas de pleurer à sa manière, elle le fit en musique. D’une des plus tristes mélodies qu’elles connaissent, elle se mit à chanter. Le son sortant de son luth était tel le dernier sourire qui était adressé aux défunts de la part de la divine, froid et pourtant chaleureux. Une ode à la mort et aux êtres chers. Tel était ce qui lui restait, et ce qu’elle faisait. La mélancolie qui guidait sa voie, dans ce rythme lent et pourtant complexe dans ces accords, commença à s’installer dans la pièce. Et alors que l’auberge vivait encore de l’ivresse il y a encore quelques instants, les cœurs se frémirent et les larmes jaillirent. L’ambiance changea ainsi au gré de la musicienne et tout le monde en était atteint. La tempête grandissait et le cœur en était l’artiste.
On aurait pu croire que les clients l’auraient arrêté, mais aucun ne le fit. Ils étaient tous las, si fatigués de vivre, comme si demain ne viendrait jamais. Hypnotisés par la musique, ils s’en abreuvaient sans fin, en restant dans la tourmente. Alors que Triss tonnait dans ces champs de blé, elles brûlaient autour d’elle les âmes et les esprits de ces pauvres mortels. Elles les balayaient et les envoyaient au loin.
Mais son bon sens reprit vite le dessus et elle ne pouvait se laisser vaincre. Elle n’était pas une perdante, une défaillante. Jamais elle ne s’avouerait vaincue. Elle qui avait dû se battre toute sa vie, même lors de son enfance, elle ne pouvait perdre. C’était une guerrière. Se morfondre ne faisait pas partie de son vocabulaire. Elle avait juste chuté, mais elle se relèverait, encore plus forte. Ainsi donc, sa passe de chagrin qui avait duré une bonne vingtaine de minutes s’acheva alors qu’une flamme brûlait en elle. Elle bouillait en elle de mille feux et n’attendait qu’une chose. Même dans la nuit, les torches peuvent éclairer les êtres perdus.
Pendant ce temps-là, des bruits violents se faisaient entendre et alors que des vestiges de son ambiance trainaient encore, la salle se mit à rire en lâchant quelques vannes sur la demoiselle en question. Ce qui ne la fit pas rire, car elle se doutait de l'identité de la personne en question. Elle monta furieuse, en se laissant porter par son tonnerre d’émotions. Que comptait-elle faire… elle ne le savait pas. Mais une fois devant la scène, la porte ouverte en catimini, elle sut ce qu’elle devait faire sans même y réfléchir. Tout se passa si vite, comme la dernière fois avec les orcs. Son corps se mit en mouvement sans aucune hésitation. Il dansait et d’un pas feutré, alors qu’un regard de défi volait dans les yeux de l’élue qui lui fit comprendre que le moment n’était pas aux plaisirs et aux jeux. Triss arriva derrière le soldat. Il n’avait aucune chance, car même elle ne savait ce qu’elle faisait. Elle ne suivait que le raz de marée qui l’habitait. D’un mouvement rapide, sa lame cachée sortit et … De l’écarlate perlait de la blessure de l’homme.  En survivrait-il ? Triss ne pouvait le dire. Même elle ne savait ce qu’elle avait fait. Elle n’avait souhaité que défendre son amie, si elle pouvait l’appeler comme cela à ses yeux… et la voilà à avoir blessé un homme. Elle laissa tomber son arme sur le lit suite à sa stupéfaction.

- J’ai…

Ne sachant comment réagir, elle fuit loin… comme toujours. Mieux fallait fuir les problèmes quand il devenait trop sérieux, mieux fallait fuir les gens quand les relations devenaient trop personnelles. Elle avait toujours agi ainsi et voilà qu’elle recommençait. Elle courut à toute vitesse, dévala les escaliers quatre à quatre, alors que du sang était présent sur elle. Une fois dans la salle, elle se pressa sans regarder, sans même prendre ses affaires et fonça sur la sortie. Elle continua encore et longtemps, jusqu’à ce que le rouge lui monta aux visages et que son souffle se coupa. La pluie tombait dehors et le noir de la nuit camouflait l’effroi qui se lisait sur son visage. Et alors que l’orage tonnait dans son cœur, il tomba aussi dehors. La voilà maintenant seule dehors sous la pluie et la foudre.
Sam 14 Mar 2020 - 0:56
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Violet Hermia
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Conteuse sous l'étoile de Mystin
Violet Hermia
C'était une soirée à la fois étrange et agréable pour Violet. Elle n'aurait jamais imaginé un déroulement pareil quand elle avait atterri dans cette petite auberge à la lisière de la Grande Forêt. Mais elle pouvait faire confiance à Finil pour toujours la surprendre lors de ses aventures. Après avoir surpris l'amie de Triss en bonne compagnie, la conteuse suivit celle-ci qui redescendait. La vive émotion qui s'était emparée d'elle n'échappa pas à Violet qui préféra garder le silence et s'installa près d'elle quand Triss reprit son luth et se mit à jouer et chanter.
Cette fois, la musique fut pleine de tristesse et Violet n'eut plus aucun doute. C'était une musique qui chantait un amour douloureux, hors de portée. Les larmes montèrent aux yeux de la conteuse qui compatissait avec l'artiste au cœur souffrant. Fermant les yeux, elle se laissa bercer par la triste mélodie tout comme le reste de la salle. Au bruit de la musique s'ajouta quelques instants après des bruits venant de l'étage au-dessus. La musique s'interrompit brusquement et quand elle rouvrit les yeux, Violet vit Triss se ruer vers l'étage. La conteuse jugea préférable de se tenir à l'écart de cette histoire et décida donc de rester à sa place, finissant son lait à la fraise pour aller se coucher. Mais à nouveau, elle revit passer la jeune femme en trombe. Or, cette fois, du sang maculait ses vêtements et ses mains. Celui de Violet ne fit qu'un tour et elle se leva d'un bond. Elle ne fut néanmoins pas assez rapide, Triss ayant déjà disparu à l'extérieur. Violet se mit donc à réfléchir vite aux options qui s'offraient à elle. La première était de s'en tenir à sa décision et de rester en dehors de tout cela. Après tout, elle ne connaissait pas ces deux femmes qui ne lui avaient d'ailleurs pas proposer de les rejoindre. La seconde était de suivre Triss afin de voir comment elle allait. Elle ne savait pas si c'était son sang ou celui d'un autre qui se trouvait sur ses vêtements, elle pouvait donc être blessée. Mais la jeune femme pouvait se trouver n'importe où et, même si le village était petit, cela lui prendrait tout de même du temps. La dernière option qui lui restait était de monter à l'étage voir ce qui se passait et de venir en aide à l'amie de Triss si besoin. Ce fut cette dernière qui l'emporta et Violet fila à l'étage, abandonnant sa boisson et les affaires des deux femmes.
Arrivée en haut, elle se dirigea vers la chambre de la jeune femme qu'elle trouva, nue, les deux gardes étendus de part et d'autre du lit sur lequel elle se trouvait. S'approchant doucement, la conteuse vit du sang qui entourait le premier garde qui gémissait doucement. Il était blessé mais pas mort. Le second, quant à lui, ronflait doucement sur le parquet près de la fenêtre. Il n'était pas blessé, juste assommé par l'ivresse. Violet se concentra donc sur la jeune femme. Recroquevillée sur elle-même, elle se tenait la gorge de ses deux mains. Elle semblait peiner à respirer, aussi, Violet alla ouvrir la fenêtre pour lui offrir le plus d'air possible, non sans avoir au préalable couvert le corps de la jeune femme d'un drap. S'asseyant près d'elle, elle lui demanda ce qui s'était passé. La jeune femme, Elyse de son nom, tenta de lui raconter de sa voix enrayée. Violet saisit le principal et lui conseilla de reposer sa gorge. Elle l'aida à se lever, s'habiller et l'emmena dans sa propre chambre, qu'elle referma derrière elle. Elle alla ensuite quémander du miel et du lait au tenancier de l'auberge à qui elle expliqua la situation. Ce dernier fut furieux de voir qu'une des artistes avait été agressée sous son toit. Il promit de s'occuper de leur cas et lui procura tout ce dont elle avait besoin, lui promettant également de remonter les affaires des deux femmes dans sa chambre dès que possible. Violet le remercia et retourna auprès d'Elyse. Elle lui prodigua les soins qu'elle pouvait et la laissa se reposer. Se sentant impuissante, ne sachant pas quoi faire, elle décida de partir à la recherche de Triss.
À son étonnement, Triss ne fut pas longue retrouver. Que Finil en soit remercié car la tempête s'abattait fortement sur le village. On n'y voyait pas grand chose sous cette pluie battante et c'est une Triss frigorifiée et tremblante qu'elle retrouva, seule, au milieu d'une ruelle. Violet alla la rejoindre et, posant une main sur l'épaule trempée et tremblante de la jeune femme, elle lui expliqua qu'Elyse allait bien et qu'elle était en sécurité. Triss ne lui répondit pas, continuant à regarder dans le vide et à grelotter. Violet la saisit donc doucement par le bras et la ramena à l'auberge puis dans sa chambre. Heureusement, le tenancier lui avait donné une chambre avec deux lits. Violet put donc aider la jeune femme à se déshabiller et l'installa dans le second lit de la chambre, le premier étant occupé par Elyse. Le propriétaire de l'auberge arriva avec les affaires des deux femmes, comme promis et alla chercher un fauteuil et des couvertures pour la conteuse, qui l'installa entre les deux lits, se blottit dedans et sombra dans le sommeil.
Tant pis pour le départ à l'aube.
Sam 14 Mar 2020 - 10:11
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
« Je préfère ne pas en parler plus longuement. »

C’était par ces mots qu’Elyse avait parlé des évènements de la veille à l’aubergiste. Elle s’était réveillée dans une chambre, soigneusement bordée. Sa gorge la lançait toujours, mais elle arrivait désormais à respirer convenablement. Quand elle avait demandé à qui devait-elle d’avoir passé une si bonne nuit après un si mauvais début, elle avait eu une réponse. Et elle n’avait pas manqué de remercier chaleureusement, d’abord Triss d’être intervenue, ensuite Violet, leur ange-gardienne improvisée, de s’être occupée d’elle. Elle avait d’autant plus chaleureusement remercié cette dernière qu’elle s’était occupée de Triss, et c’était là quelque chose de noble de sa part.
Les trois femmes, une fois éveillées, étaient descendues dans la cuisine, et non dans la salle commune, pour prendre le premier repas de la journée. L’atmosphère était celle que l’on pouvait attendre de la part d’un lendemain de soirée qui avait si mal tourné. Et lorsque l’aubergiste lui demanda si les évènements de la veille commençaient à être digérés, elle lui avait répondu par ces mots secs. L’homme l’avait informée que les soldats avaient été mis aux arrêts par leur sergent et qu’on leur ferait un procès bientôt, mais elle ne pouvait pas plus s’en moquer, et se concentra sur sa nourriture. Jusqu’à ce que Violet rompe le silence.

« Et … Où allez-vous comme ça ? demanda Violet, apparemment gênée par le silence pesant qui régnait autour de la table.
-La grande forêt est notre destination, répondit Elyse, plus sèchement qu’elle ne l’aurait voulu. »

Après tout elle n’était pas vraiment d’humeur, mais cette jeune fille n’avait rien fait ni demandé qui justifiait d’être la cible de cette ire. Elle prit une grande inspiration pour se forcer à se calmer elle-même. Si conversation il devait y avoir, elle souhaitait que cette dernière ne soit pas placée sous le signe de l’ingratitude.

« C’est également ma destination ! l’informa Violet, qui devait ne pas avoir pris offense de son attitude.
-Ah bon ?, s’étonna Elyse. Les voyageurs qui vont vers cette contrée sont rares. Triss et moi-même y allons pour apprendre la musique des elfes sylvains, mais vous ? Pourquoi voudriez-vous braver l’interdit qu’ils ont fait peser sur leurs bois ?
-Cet endroit a toujours peuplé mes rêves, se justifia la demoiselle, apparemment sans écouter la remarque d’Elyse, et je pense y trouver de quoi écrire des belles histoires.
-Qu’il soit merveilleux j’en conviens, mais enfin, vous devez bien savoir que les elfes sylvains ne laissent pas souvent repartir vivants ceux qui souillent leurs frontières ? insista l’élue. »

Une authentique inquiétude commençait à grandir en elle. Il ne serait pas dit qu’elle laisserait celle qui venait de la secourir risquer une mort aussi tragique. Cela dit, une idée germa dans son esprit.

« L’union faisant la force, dit-elle, pourquoi ne pas venir avec nous ? Nous aurons peut-être plus de chances, à trois, que séparées face aux gardiens de cette forêt. »

Il s’avéra que la jeune femme avait déjà réfléchi à la question et accepta avec plaisir des compagnons de voyage. Puisque Triss ne refusa pas, le groupe de désormais trois voyageuses prit congé de leur hôte, devant subir son discours sur la dangerosité de la forêt. Elyse prit à nouveau de la patience pour écouter son discours sans l’interrompre, puis finalement, annonça que le temps du départ était venu.

Et ainsi elles se dirigèrent à trois vers la Grande forêt. Il leur apparut bien vite qu’aucun sentier n’y menait, et il faudrait marcher dans l’herbe. En vérité, depuis le village, on apercevait la lisière, mais aucun champ ne se trouvait de ce côté-là. Les paysans étaient apparemment trop effrayés par les elfes pour aller de ce côté. Même les gamins qui défiaient l’autorité de leurs parents n’allaient pas au-delà de la pierre dressée qui se trouvait à mi-chemin des premiers arbres. Elyse s’arrêta devant cette dernière, qui faisait plusieurs fois sa taille. Et elle fut impressionnée par les runes et les symboles gravés sur la pierre, mais ne put aucunement les interpréter. Le groupe marqua une petite pause le temps de s’en imprégner, mais aucune ne prit la moindre note. Il était évident qu’en ces lieux, mieux valait parler aux occupants avant d’espérer en apprendre sur eux. Comment recevraient-ils des voyageuses qui arriverait en pillant leur savoir sans même leur adresser la parole ?
Elles continuèrent leur route.
Quand elles passèrent le premier arbre, toutes jetèrent un dernier regard derrière elles. Était-ce la dernière fois qu’elles voyaient l’extérieur de l’immense bois qui s’ouvrait devant elles ? Elles continuèrent néanmoins, et rapidement, la lisière disparut dans leur dos. Ce qui les frappa en premier fut le bruit assourdissant des oiseaux. Le silence semblait quelque chose d’illusoire ici. De même, de nombreux animaux terrestres s’appelaient dans ces bois où ils n’avaient pas à être chassés. Et s’ils l’étaient, sans nul doute, ils ne craignaient pas autant les chasseurs que dans d’autres bois.
Cependant, à mesure qu’elles s’y avançaient, le bruit s’éloigna d’elles. La forêt elle-même leur faisait comprendre qu’elles n’étaient ici pas les bienvenues, songea Elyse. Les oiseaux s’éloignaient à leur approche, eux qui n’avaient pas l’habitude d’être dérangés, et les fourrés s’agitaient régulièrement d’animaux qui s’éloignaient. On avait vu plus discret comme entrée dans un lieu. Tout ce dernier leur rappelait qu’elles n’étaient pas chez elles. Qu’elles étaient dans le domaine d’Elye, et qu’il ne fallait point chercher à avancer plus.
Mais c’est précisément ce qu’elles firent. Leur but était de rencontrer les elfes sylvains. Cependant, au bout d’une heure de marche… Elles se retrouvèrent à l’orée de la forêt, contemplant au loin le village dont elles sortaient. Il leur fallut faire demi-tour, et une heure plus tard, à nouveau, elles étaient revenues sur leur pas. La troisième fois, elles firent attention, même pour contourner un obstacle, à aller toujours tout droit devant elle, et pour la troisième fois, la forêt les rejeta.
On était déjà à la mi-journée. Il fut conclu de marcher pendant une demi-heure avant de manger une partie des provisions que leur avait préparé l’aubergiste avant de reprendre la route. C’est ce qu’elles firent. Mais à l’instant où elles se préparaient à bivouaquer, Elyse sentit un choc sourd contre sa tempe.

Puis ce fut le néant.
Mer 18 Mar 2020 - 16:57
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Vaelyana
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La Flèche Curieuse
Vaelyana
A l’instant même où les étrangers avaient dépassé la pierre dressée, la forêt l’avait su et ils avaient mis leur masque. Ils n’étaient plus eux-mêmes, leur identité n’existait plus. Ils étaient la volonté implacable de la forêt. Tous les trois avancèrent et purent bien vite voir de leur cachette les trois demoiselle. A aucun moment elles n’avaient l’air perdu et elles étaient même déterminées à déjouer les secrets de la Grand Forêt. Mais celle-ci jouait d’eux et ses créatures leur criaient de fuir avant que son courroux ne se réveille. Les oiseaux criaient de toute leur force pour les prévenir avant de les fuir. A l’entente des signaux des éclaireurs ailées, les enfants de Cerumnos firent de même. Aucun ne se montra aux étrangers et les plus téméraires les observèrent depuis le fourré, tel un seul organisme aux milles-et-un yeux.
Elles tournèrent en rond pendant une demi-journée à se perdre et se reperdre dans les chemins forestiers, guidées par leur sens troublé par la Forêt. Cela aurait fait rire des personnes moins sérieuses face à la situation, mais les Masques d’Acier n’étaient pas des elfes à l’humour très développé. L’un des trois commençaient à s’impatienter et le fit savoir à ses deux compagnons mais il fut vite arrêté par une des autres ombres. Elle lui répondit par leur langage secret se basant sur la gestuelle des mains. Elle lui fit ainsi comprendre qu’aucune des trois n’étaient armées, ou alors le cachaient bien. Et surtout qu’aucune ne représentait un réel danger. Ils avaient possiblement face à eux des âmes curieuses et non destructrices. Or on répondait à la curiosité par leur silence, non le meurtre. Tel est le credo des Silenceverts. D’ailleurs, beaucoup dans le clan les méprisaient à cause de leur manque de violence envers les étrangers. Ils voyaient en la crainte la meilleure des barrières pour protéger la Grande Forêt, le sanctuaire sylvestres. Mais les leçons de Khantoror étaient toutes autres : la paix ne s’obtient pas par les armes mais par leur respect.
Seulement il marquait aussi un point. On ne pouvait bafouer leur frontière sans en payer le prix. Si le meurtre n’était pas la solution, ils pouvaient toujours les capturer et ainsi décider de leur sort après qu’elles étaient toutes trois répondu de leur acte. Face à ce constat, les deux acceptèrent ces conditions. De toute façon, aucun n’aurait critiqué le jugement de la fille de leur chef, Vaelyana. S’avançant la première, elle s’approcha de sa proie, telle une panthère dans les hautes herbes. Elle était suivi de près par ses deux compagnons. Prenant chacun une cible, à la seconde où elles détournèrent leur regard, ils les assommèrent toutes les trois d’un coup violent avec la garde de leur épée. Ils ne restaient plus qu’à les ligoter et attendre leur fin de leur histoire.
Une fois cela fait, Vaelyana prit la peine de les fouiller toutes les trois tandis que les deux autres elfes inspectèrent leurs affaires : des ouvrages d’écriture, des objets d’art, des instruments de musique et des provisions. Un ensemble atypique et presque exemplaire si on retirait le couteau d’une des trois que Triss cachait sous ses vêtements. Vaelyana le prit et le garda sur elle, sans en dire un mot à ses compagnons. Après avoir vécu quelques tours auprès des humains, elle avait appris la consilience comme le souhaitait son père.
La première à se réveiller et à pouvoir observer les trois individus au masque d’acier ne laissant transparaitre que leur yeux étincelants fut Violet. Elle n’eut même pas le temps de reprendre correctement ses esprits que son interrogatoire commença.

- Qui êtes-vous et pourquoi avez-vous bravé l’interdit de ces terres ? Souhaitez-vous faire connaissance avec Elis ? lui demande Vaelyna d’une voix dure et ferme.
Ven 20 Mar 2020 - 14:39
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Violet Hermia
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Conteuse sous l'étoile de Mystin
Violet Hermia
Leur aventure débutait assez difficilement et... ne s'arrangeait pas. La Grande Forêt avait commencé par leur interdit son accès durant toute la première demi-journée de leur voyage et voilà maintenant qu'elles se retrouvaient prisonnières.

"- Qui êtes-vous et pourquoi avez-vous bravé l’interdit de ces terres ? Souhaitez-vous faire connaissance avec Elis ?" Violet prit le temps de reprendre ses esprits. Sa tête lui faisait mal là où elle avait reçu un coup et ses mains, attachées dans son dos, tiraient sur ses épaules qui se faisaient douloureuses.
Elles étaient toutes les trois encerclées par trois individus masqués et armés. Ils avaient réquisitionné toutes leurs affaires et les avaient ligotées avant de leur faire face. Ses deux compagnes étaient toujours inconscientes.
Les elfes sylvains étaient connus pour leur dédain envers les autres espèces qui peuplent l'extérieur de la Grande Forêt. Elle savait donc qu'ils n'hésiteraient pas à les exécuter toutes les trois au moindre faux pas et, malheureusement, ses deux camarades n'étaient pas en mesure de l'aider actuellement. Prenant son courage à deux mains, la conteuse redressa les épaules, adoptant une posture qu'elle ne voulait pas provocante mais non plus faible et s'adressa à son interlocutrice d'une voix posée.
"Je me nomme Violet Hermia, je suis conteuse. Finil m'a guidé jusqu'ici. Mes deux amies sont Triss, une barde et Elyse, élue de Filyon. Nous ne souhaitons pas nous imposer, nous sommes ici au nom de l'art et uniquement en son nom."
Bien qu'elle savait que ces divinités n'étaient pas priées par ce peuple, elle misait sur leur compréhension du dévouement et de la foi que l'on peut avoir envers un dieu. De plus, l'art était quelque chose de pacifique, que partageait toute civilisation, quels que soient leurs différends et Violet espérait que cela jouerait dans la balance.
Cela sembla plus ou moins fonctionné avec l'elfe en face d'elle qui garda le silence, continuant à la fixer de ses yeux verts profonds. Certes, ce n'était pas forcément un point positif, mais au moins elles n'avaient toujours pas rejoint le royaume de Canërgen. Et cela ne semblait tenir qu'à elle car, d'après leur posture et la manière dont ils serraient leurs armes, les deux autres avaient déjà pris la décision de les envoyer dans l'au-delà et n'avaient pas l'air de vouloir changer d'avis. Mais finalement, l'elfe leur fit signe de baisser leurs armes, au grand soulagement de Violet.
"Ayant vu vos effets personnels, je vois bien que tu dis la vérité. Néanmoins, je ne peux vous laisser vagabonder dans la Grande Forêt à votre guise. Nous allons donc vous emmener avec nous et le chef décidera de votre sort."
Les deux autres s’apprêtèrent à protester mais la jeune femme les foudroya de son regard et leur dit qu'à partir du moment où elles ne représentaient aucune menace physique pour la Grande Forêt, ce n'était pas à eux de décider de leur sort. Violet ne savait pas trop si c'était ou non une bonne nouvelle mais au moins, elles leur avaient fait gagner un peu de temps. Jetant un œil à ses camarades, elle vit qu'elles commençaient peu à peu à reprendre connaissance, ce qui la rassura. Mais à peine eut-elle le temps de s'adresser à elles, que sa tête fut recouverte d'un tissu et que le noir se fit à nouveau.
Sam 21 Mar 2020 - 17:25
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Elyse se réveilla avec un mal de crâne infernal. Mais elle n’eut pas le temps d’y penser. Car à peine avait-elle vu la lumière que cette dernière lui fut prise. Elle senti un sac de tissu sur sa tête, et elle sentit qu’on la faisait tourner sur elle-même. Elle tenait ainsi à peine sur ses jambes et voici qu’elle devait se déplacer. Et quand bien sûr elle tomba, elle sentit la froide morsure d’une lame dans son dos, et une voix lui dit de se relever. Voulant s’exécuter, elle eut un geste rapide et souple. Le genre de geste que l’on attendait d’une élue de Filyon centenaire, qu’elle soit sonnée et désorientée ou non. Mais en vérité, son gardien ne devait point s’attendre à ce qu’elle soit à ce point efficace dans le fait de se relever. Il ne retira pas sa lame. Et en se redressant ainsi, elle sentit la morsure froide de l’acier sur lequel elle venait de s’empaler.
Elle serra les dents. Elle ne partirait pas en hurlant, même si elle avait été frappée au point le plus douloureux ! Car il lui semblait évident que c’était pour elle la fin du voyage. Elle siffla tout de même quand la lame lui fut retirée. Très vite, on se disputa en elfique au-dessus d’elle. Elle se demandait ce qu’ils pouvaient attendre pour l’achever. Ou bien peut-être allaient-ils la laisser se vider de son sang. A moins qu’ils n’optent pour une troisième option bien sûr, la soigner. Elle avait tout d’abord cru cela illusoire, mais quand elle se sentit soulevée, elle se rendit compte que ce n’était peut-être pas un scénario si idiot. Cela dit il fallait que ces elfes se méfient, s’ils la déplaçaient trop dans son état, elle risquait bien de se vider effectivement de son sang !

Heureusement, elle n’était pas élue divine pour rien. Elle conçut de leur donner un peu d’aide s’ils voulaient la maintenir en vie, et tandis qu’elle sentait que son porteur entrait en mouvement, mais lentement, car elle n’était pas secouée pour autant, elle utilisa sa magie afin de soigner sa blessure autant que possible, et son mal de crâne tant qu’à faire. De sorte que quand elle sentit une aiguille attaquer sa chair, et c’était au bout d’un long moment, qui aurait dû lui laisser le temps de mourir exsangue, elle était toujours bien vivante. En revanche elle ne voyait toujours rien, car ces maudits elfes sylvains ne lui avaient toujours pas retiré ce maudit masque. Et il lui faudrait de longues heures pour le faire. En tendant l’oreille, elle percevait qu’elle était séparée de ses deux amies. Car elle ne percevait aucune autre présence autour d’elle que son guérisseur, qui de toute façon s’éloignait d’un pas si léger qu’elle doutait de l’entendre quand il reviendrait. A moins qu’elle ne prête attention qu’à cela, mais à ce moment, le chant de la forêt était de toute façon assourdissant.

Elle devait se trouver en plein cœur de cette dernière pour qu’il y ait autant de bruit. Mais de là à dire comment elle y avait été amenée si vite, et si les deux autres l’avaient suivie…

Ce qu’il s’était passé…

A l’instant où l’élue avait été empalée involontairement, les elfes s’étaient tous tournés vers le coupable, car ils avaient senti l’odeur du sang. Il avait suffi de quelques secondes de discussion, et ledit coupable avait dû emmener l’élue sur l’un des grands aigles de la Forêt, qui fut appelé en urgence. Il l’amènerait à la plus proche cité elfique où elle serait soignée, puis reconduite à la clairière où les trois femmes avaient été trouvées. N’était-ce pas là que les elfes comptaient les reposer, de toute façon ?
C’était du moins le plan.
Lun 23 Mar 2020 - 15:42
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Triss Miders
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Triss Miders
La situation fut toute autre pour les deux demoiselles mortelles. Elles suivirent, tant bien que mal vu le manque de vision, les deux autres elfes : Vaelyana et son compagnon d’armes. À travers les fourrés, les ronces et autres obstacles naturels, ils devaient à tout pris avancer. Même si la chef de la petite troupe essayait de privilégier les sentiers plus praticables, la forêt n’obéissait qu’à elle-même et elle n’était pas apprivoisée pour les besoins elfiques. Même si le problème en question était les hommes, car la situation ne posait aucun problème aux deux elfes. Alors qu’ils se déplaçaient avec grâce, la barde et la conteuse s’agitaient avec l’élégance d’un bœuf, et cette situation n’aurait point changé si leurs yeux n’étaient pas bandés. Le rythme était implacable, et même Triss qui avait connu les chasses des amazones commençait à peiner à travers plusieurs heures de marche. Elle n’imaginait même pas le calvaire pour Violet qui avait l’air de tout sauf d’une guerrière.  
Mais ce supplice connut une fin. Rien n’est éternel, même la vie des elfes. Et une fois que le soleil a fini sa journée, l’astre d’argent montre son visage. C’était le cas vers ces heures-ci, quand on leur rendit la vue. Elles étaient entourées par dix des gardiens de la forêt, dont deux étaient avaient retirés leur masque. La première fut Vaelyana, qui prit la peine de montrer son visage comme représentante et protectrice des deux. Quant au second, ce fut son père, Khantoror, le chef des Silenceverts. La filiation entre les deux était évidente, si l'on se fiait à la chevelure en concordance avec cette nuit obscure et le regard perçant digne des plus grands tueurs ou chasseurs, d’un vert rappelant la renaissance des feuilles au printemps. L’un parmi les huit masqués rendirent leur affaire aux deux aventurières, en signe de paix, en prenant bien la peine de montrer que son attitude n’était pas agressive pour éviter tout réflexe superflu.

- Je ne suis pas un monstre, malgré toutes les rumeurs que vous avez pu entendre sur mes confrères. Et je ne souhaite en aucun cas la mort des hommes. Vous êtes curieuses et téméraires, mais je ne sens en vous aucune hostilité. Votre âme est bonne, malgré le sang d’Edus coule dans vos veines, leur dit Khantoror. Au nom des miens, je m’engage à ce qu’aucun mal ne vous soit fait, tant qu’aucune décision n’est prise à la majorité sur votre avenir. Montrez-vous digne de ce don et peut-être que les dieux se montreront cléments envers vous. En attendant, reposez-vous et profitez de votre possible dernière nuit. Seul Finil connait déjà le fin mot de cette histoire.

Puis d’un geste de main, il les invita à suivre deux des masques et sa fille dans une bâtisse elfique : une sorte de cabane dans les arbres accessible par un système de cordage. Le lieu était grandement poussiéreux et la nature était plus dans son élément que réellement les elfes et les hommes, au vu du manque d’entretiens des lieux. Triss pouvait suspecter que le lieu était plus souvent abandonné qu’autre chose. Une fois à l’intérieur, les deux autres elfes sortirent tandis que Vaelyana resta encore un moment.

- Je connais les légendes de mon peuple. Vos instruments ne sont pas de factures humaines. Autant votre luth peut sembler commun, autant votre harpe est un chef-d’œuvre comme le monde n’en a peu connu. Ce n’est pas un simple objet, ni même un simple présent. Celui qui vous l’a offert devait vous aimer, pour vous offrir un tel don. Si ce n’est pas vous qui vous l’est vous-mêmes offertes, même si votre incompréhension face à mes dires me fait présager le contraire, dit Vaelyana à la barde qui restait dans le brouillard. Faites que cet amour vous sauve de la mission des miens.

Sur ces dires, elle sortit tandis que Triss regardait sa harpe. Elle avait toujours préféré son luth, par habitude et par plaisir de jeu, mais en aucun cas elle n’avait oublié les circonstances qui avaient fait d’elle la possesseuse de cet instrument. Elle en aurait presque versé une larme si les circonstances le permettaient. Mais le temps était compté et elle était épuisée. Elle ne prit pas la peine de réfléchir grandement à la situation. L’idée même de sortir ne lui vint pas. Bien vite, elle rejoignit le monde des rêves sans même forcer.
Jeu 26 Mar 2020 - 15:30
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Violet Hermia
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Violet Hermia
Le chemin avait été long et très éprouvant pour Violet, aussi tomba-t-elle de fatigue sur la couche qui lui était assignée. Allongée sur le dos, Triss endormie un peu plus loin, elle laissa ses pensées vagabonder, espérant que le sommeil finirait par pointer le point de son nez. Mais, trop angoissée qu'elle était, impossible de dormir. Le chef du peuple elfique avait beau avoir été clément, leur situation n'était toutefois pas idéale. Elles étaient pour le moment en sécurité, mais rien n'empêchait les elfes de les tuer demain après une décision unanime. Après tout, qu'avaient-ils à faire de deux humaines arrivant sur leur territoire ? Cela n'était en rien dans leur intérêt et semblait même constituer un danger d'après ce qu'elle avait cru comprendre. Violet soupira et se retourna dans sa couche. Elle aurait dû y réfléchir à deux fois avant de tenter son aventure. Elle s'était lancée sans se préparer comme il fallait. Néanmoins, elle n'oubliait pas que c'était Finil qui l'avait guidé jusqu'ici et elle doutait que la déesse l'ait conduite ici pour mourir dès son arrivée. Non, elle en était persuadée, quelque chose l'attendait ici, même si elle ne savait pas encore quoi. L'esprit de la conteuse continua à vagabonder encore jusqu'à finalement, le sommeil la cueille.

Le lendemain, les jeunes femmes furent réveillées par deux elfes. Le peuple avait décidé et il leur fallait y aller. Les deux sortirent et laissèrent les humaines se préparer. En rangeant ses affaires, elle jeta un œil à Triss qui semblait avoir des difficultés à démêler sa longue chevelure. S'approchant, elle lui proposa de l'aider. La barde la fixa d'un air méfiant, ne semblant pas savoir quoi répondre. Finalement, elle haussa les épaules et se retourna. Avec un petit sourire, Violet entreprit de les démêler et, une fois cela fait, elle sortit de sa sacoche une broche sertie d’une émeraude avec laquelle elle attacha les longs cheveux de Triss en une coiffure élégante.
"-Tu peux la garder. Ma mère me l'a offerte mais étant donné la longueur de ma tignasse, elle ne va pas servir ! Elle te sera plus utile et te va bien mieux." lui dit-elle avec un grand sourire, non peu fière de son travail. Sans même attendre la réponse de sa compagne, Violet retourna à ses affaires et fini de se préparer, fredonnant légèrement.

En sortant, la conteuse grimaça à la vue des cordes qui l'attendaient pour descendre. Elle avait déjà eu beaucoup de mal à monter hier soir et descendre ne semblait pas être plus facile. Cela ne manqua d'ailleurs pas de se confirmer quand elle se prit le pied dans les cordages et manqua de tomber. Au moins, cela aurait eu l'avantage d'être plus rapide. Mais elle finit néanmoins par atteindre la terre ferme sans trop d'encombre et suit les deux elfes qui l'escortèrent elle et Triss chez le chef.
Il y avait plus de monde que la nuit dernière. Des curieux s'étaient amassés tout au long du chemin pour suivre les deux humaines qui s'étaient introduites dans leur territoire. Cela rendit quelque peu Violet anxieuse, ses angoisses de la nuit précédentes revenant se lover au fond de son ventre. Elle observa Triss qui semblait mieux gérer la situation qu'elle, du moins en apparence. Son expression en laissait rien paraître et elle marchait avec assurance sans pour autant avoir une attitude provocatrice. Pas une proie mais pas non plus une prédatrice. Cela rassura un peu la conteuse qui tourna son regard vers la fille du chef qui venait à leur rencontre. Elle les accueillit et les fit entrer dans une sorte de grande hutte où se trouvait son père et de nombreux elfes, tous assis en cercle.
"-Entrez, descendantes d'Édus et prenez place." leur dit-il. Elles s’exécutèrent et attendirent en silence la suite. Tous les elfes, excepté le chef et sa fille, étaient masqués. Violet ne pouvait donc pas voir l'expression sur leur visage mais elle sentait tout de même une certaine méfiance dans la posture de la plupart d'entre eux et parfois même de l'hostilité pure chez quelques-uns. Si cela ne rassurait pas Violet, elle vit tout de même que certains semblaient plus curieuse qu'autre chose.
"- Nous avons longtemps délibéré à votre propos. Comme vous le savez déjà et comme ma fille l'a montré à son tour, je ne vois en vous aucune hostilité et je pense que vous n'êtes pas un danger pour nous. Néanmoins, certains estiment que votre nature même est un danger pour ce peuple et cette forêt. De plus, vous vous êtes permis d'entrer sur notre territoire sans aucune permission, ce que certains prennent pour une menace en soi." Il fit une pause, posant son regard chacune d'elles. Triss le soutint mais Violet rougit et baissa les yeux, intimidée et inquiète quant à la manière dont cette situation tournait.
"- Mais comme je vous l'ai dit hier également, nous ne sommes pas des monstres et je ne tiens pas à faire couler le sang sans raison. Certains d'entre nous sont d'ailleurs assez curieux de vous voir et souhaiteraient en savoir plus sur vous. Il a donc été décidé que vous restiez une semaine ici, sous la surveillance de deux gardes qui vous suivront ou que vous alliez. À la fin de cette semaine, nous verrons s'il est nécessaire de prolonger ou non votre séjour parmi nous. Si ce n'est pas le cas, vous serez escorté à l'extérieur de la forêt et il n'est pas la peine d'essayer de rentrer à nous, la forêt nous vous ouvrira plus ses portes. J'ajoute également que si un quelconque incident arrivait et que vous représentez un danger pour ce peuple, vous seriez exécuté sur-le-champ. Acceptez-vous les conditions ?" Violet se tourna vers Tris. Le chef posait une question rhétorique, elle le savait bien. Elles n'étaient pas en position de négocier quoi que ce soit. Elles hochèrent donc toutes deux la tête et ainsi la décision fut prise.
Dim 29 Mar 2020 - 17:27
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Plusieurs jours avaient passé depuis la première rencontre brutale avec les elfes sylvains. Ces derniers, qui avaient eu le temps de comprendre avoir affaire à une élue divine et ses compagnes de voyage, avaient finalement opté pour une politesse tout à fait mesurée. Pour l’instant, Elyse et ses deux amies étaient tolérées dans la forêt. Cela ne signifiait pas qu’elles étaient acceptées dans les halls des elfes pour autant. Mais une première étape avait été franchie, à tout le moins…
Ven 1 Mai 2020 - 10:47
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Triss Miders
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Triss Miders
Le premier jour fut pour autant le plus déroutant, autant pour les elfes que pour les deux demoiselles, ne sachant comment se tenir. Cependant l’un du groupe savait comme se comporter avec des personnes de la civilisation pour avoir vécu pendant un moment parmi eux : Vaelyana montra ainsi le chemin à suivre, dans cette forêt de doute. Elle tendit la main, comme elle l’avait déjà fait, à la barde et à la conteuse pour leur montrer les mystères de leur monde : du plus petit ruisseau à la plus dangereuse des plantes. Le but derrière tout cela était de les canaliser et de les empêcher de commettre le moindre dégât. Triss le comprit bien vite mais joua le jeu, par plaisir de découverte. Puis la barde savait comment se soustraire des impasses, quand elle le désirait réellement. Ainsi, derrière ce petit jeu, Triss put découvrir de nombreux aspects du quotidien de la vie elfique : la récolte, la cuisine, les logements et encore bien d’autres points n’ayant qu’un aspect pratique. Ici on ne s’amusait pas , on se dansait pas, ni on ne chantait. Tout n’était que rigueur et froideur. Même la vie dans le Nord avait une teinte de gaieté et de soleil plus important que ce village vivant dans l’ombre des arbres. Ils ne connaissaient qu’un seul point : la guerre et les armes, tout en restant l’un des peuples les plus pacifiques de Ryscior. Mais leur entrainement restait l’un des plus grands mystères et ils leur étaient interdits de s’aventurer dans le lieu dédié à celui-ci. La clémence avait des limites et les deux filles se devaient de respecter leurs hôtes.
La journée se finit de manière traditionnelle pour les elfes : chacun regagna sa couche et les deux invités étaient priés de dormir dans une cabane dans les bois avec Vaelyana, cette fois-ci bien mieux entretenu que celle de la nuit dernière. Même si la nature y avait encore ses droits, elle était cette fois-ci canalisée. On ne laissait pas la poussière roder et on maintenait l’abri propre. Sur l’un des murs se tenaient une épée d’une facture exceptionnelle posée sur un présentoir. Elle était si aiguisée que la barde se demandait si on pouvait se couper en ne croisant que le regard avec celle-ci. Et en attendant d’avoir la réponse, elle ne pouvait que regarder son reflet sur la lame. Celle-ci avait une âme puissante et représentait une extension de mort dans la main de n’importe lequel de ses guerriers. Elle n’en doutait point sur cette vérité. Mais elle savait bien que ce fer ne lui était pas destiné et c’est les pensées légères qu’elle rejoignit le monde des rêves.

Le deuxième jour ressembla au premier et le troisième aussi. La barde pouvait voir encore plus de la civilisation elfique. Elle gouta ainsi plusieurs recettes traditionnelles des elfes de la Grande Forêt. Et elle en apprit aussi un peu plus sur leur histoire, de ce qu’elle put glaner en picorant à droite et à gauche. Elle fut d’ailleurs surprise de n’avoir croisé aucun elfe dans la Jungle alors qu’ils défendaient que certains de leurs frères se trouvaient là-bas, dans les profondeurs de cette nature hostile. Ou alors n’avait-elle atteint là-bas que l’horizon et non les tréfonds ? Elle n’en savait rien et l’expérience d’y plonger bien plus lui passa, vu les nombreux dangers qu’elle y avait déjà croisés avec l’élue divine. D’ailleurs elle n’avait encore reçu aucune nouvelle d’elle. La situation se répétait encore une fois, à croire que les dieux lui faisaient passer un message. Voyaient-ils en elle un mauvais élève pour Elyse ? Possible, mais elle n’en avait cure. Elle avait bataillé pour cela et elle ne changerait pas d’avis sur la question. Elle avait triomphé des orcs, de la Jungle et de bien d’autres dangers pour y arriver, et cela ne serait pas le destin qui la vaincrait.
Mais surtout, on lui apprit une nouvelle mélodie que l’on disait venir des temps anciens, où l’univers florissait encore de la présence divine. C’était un présent rare que Vaelyana lui offrait, qu’elle avait elle appris de sa mère qui l’avait appris de la même manière et ainsi de suite. Ce n’était pas un grand présent digne des rois mais pour Triss, il valait tout l’or et la gloire du monde, et sans plus attendre, elle l’exécuta avec son luth. Il était d’une beauté cristalline mais il connaissait un défaut : un manque se faisait sentir. Il lui manquait son âme. Après même Vaelyana n’avait pas compris comment lui rendre. Elle l’avait appris d’une telle manière et ce manque sonnait comme une fausse note. Elle avait cru qu’une barde de renom aurait pu trouver la faille et régler cette défaillance. Mais Triss ne s’avoua pas vaincu si vite. Elle passa ainsi les deux jours qui suivirent, seule, à essayer de régler cette équation. Les arrangements ne donnaient rien, ni même les changements de tempo ou de rythme. Il y avait toujours un problème. Elle n’en dormait pas beaucoup d’ailleurs et cela se lisait sur ces cernes. Mais elle prenait beaucoup de plaisir et ne s’en plaignait pas, ce qui fit qu’aucun elfe ne l’arrêta dans sa lancée. Ils savaient reconnaitre la passion d’un art bien accomplie, en tant que fin bretteurs. La musique n’est que le prolongement de la pensée tout comme la lame n’est que celui du bras. Tout n’était qu’une histoire d’imagination et de maitrise après avoir eu cette idée en tête.
Lors de la cinquième nuit, elle reçut enfin une nouvelle idée. Elle se rappela en effet des dires de Vaelyana et encore plus de celle de son ancien compagnon sur son instrument : un instrument elfique répondrait sûrement correctement à une mélodie elfique. Dans la forêt, alors que les autres dormaient depuis déjà bien longtemps au vu de la lune qui régnait dans le ciel, Triss commença à pincer les premières notes. Sans le savoir, elle répondait à un rite ancien que Rhapsode avait imaginé dans un autre temps. Tout volait en éclats et le cristal enfin tinta de la belle mélodie. Et toute la forêt environnante répondit à son appel. Sans le savoir, elle marchait dans les pas d’un barde légendaire, sans même s’en rendre compte. Le plaisir était tel qu’elle lança son corps mener la danse sans y réfléchir, et celui-ci l’invitait à suivre la piste que les arbres ouvraient devant elle pour ensuite la fermer à chacun de ses pas. Les animaux regardaient eux la scène et la suivaient dans cette ode à la vie. Elle explosa d’une énergie nouvelle, elle qui se sentait avant si lasse de ne pas trouver la réponse. Elle était enfin heureuse. Le spectacle dura pendant une longue demi-heure et elle gagna ensuite une demeure mystérieuse. Et encore sans y réfléchir, elle y rentra. Le temps paraissait suspendu en ces lieux et pourtant aucune présence vivante n’avait parcouru ces lieux depuis longtemps. Mais la nature n’en avait pas profité, car la magie des alentours l’invitait à la fête et non aux carnages.
Triss avait réveillé les lieux en ayant commencé ce long morceau dont la suite lui était venue naturellement, alors que Vaelyana ne lui en avait rien dit car même elle ne la connaissait pas, ni ses aïeuls d’ailleurs. C’était un mystère que Rhapsode avait gardé pour lui dans l’espoir qu’un jour un nouveau s’en montre digne. Cet effort lui avait pompé le peu d’énergie qui lui restait et elle s’endormit dans de doux nuages en ces lieux perdus de tout si ce n’est de l’art et du mystère, là où personne n’avait possiblement le pouvoir de la rejoindre.
Jeu 7 Mai 2020 - 16:30
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Violet Hermia
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Violet Hermia
Le père de Violet lui disait toujours : on a tous une histoire à raconter. Et quelle magnifique histoire que celle des elfes de la Grande Forêt. La semaine qu'elle passa chez eux fut comme un rêve. Elle découvrit une nouvelle civilisation, une nouvelle manière de vivre, une nouvelle facette du monde. Les elfes n'étaient pas un peuple très ouvert. Ils restaient très secrets sur la plupart des choses mais la curiosité authentique et sincère de la jeune conteuse finit par en faire céder quelques-uns. Après quelques jours, Vaelyana l'avait laissé sous la garde d'Elyria qui n'avait pas été très bavarde dans les premiers temps mais qui s'était laissé attendrir par le bavardage incessant de Violet. La conteuse avait cet effet-là sur les gens. Enfin... cet effet-là ou de l'agacement. Cela dépendait des gens.
Si cet endroit était quelque peu spartiate, ne laissant que peu de place à l'amusement, il regorgeait d'histoires. Violet eut l'immense joie et honneur de faire la rencontre de Soline, dont l'esprit était aussi peuplé de récits qu'une bibliothèque. Les deux femmes passèrent des heures à discuter et échanger des histoires. Soline était la mémoire de sa tribu, rassemblant tous les récits de son peuple pour préserver le souvenir des elfes et de la forêt tels qu'ils n'étaient depuis plus loin qu'une mémoire d'humain. Sa connaissance semblait sans limite et elle émerveillait la jeune conteuse qui voyait en cette femme ce qu'elle aspirait à devenir.
Violet n'eut aucune nouvelle d'Elyse et vit de moins en moins souvent Triss au fil des jours. Au début, les deux jeunes femmes étaient ensemble, mais la barde n'était pas très loquace et surtout intéressée par la découverte du peuple. Puis quand elles furent séparées, elles se voyaient surtout le soir mais chacune était trop fatiguée pour véritablement prendre le temps de discuter et elles se couchèrent tôt à chaque fois. Lors du quatrième soir, la barde disparut complètement, plongée dans sa musique. C'était une mélodie fabuleuse que Violet pouvait entendre de sa chambre et sur laquelle elle s'endormait chaque nuit.
Le matin du sixième et avant dernier jour, Violet fut réveillée par Vaelyana contrairement aux autres jours. Habituellement, c'était Ellyria qui venait la chercher le matin, Triss et Vaelyana étant déjà parties de leur côté. Cette dernière semblait de forte mauvaise humeur, ce qui n'arrangea pas le réveil de Violet. Quand celle-ci lui demanda ce qu'il se passait, l'elfe lui répondit en très peu de mots mais tout aussi percutant qu'un discours complet : Triss n'était plus là. Et Violet était dans la panade.
***

On n'avait pas vu Triss depuis hier au soir. Elle n'avait rien emporté hormis son instrument et n'était nulle part dans le village. Une boule d'angoisse se forma dans le ventre de la conteuse, qui remonta progressivement jusque dans la gorge au fur et à mesure qu'elle prenait conscience des conséquences de cette absence. Elle fut escortée devant Khantoror, entouré par son conseil comme au premier jour où elle était arrivée. Le chef de la tribu lui expliqua que le départ de Triss violait l'accord passé au début de la semaine et que par conséquent, il se devait de prendre les mesures qui s'appliquaient. La jeune femme s'y était attendue et hocha la tête.
"-Un accord est un accord et vous avez respecté votre part. Je vous remercie d'ailleurs pour votre accueil et votre tolérance. Je comprends parfaitement votre position mais je souhaiterais plaider en ma faveur si vous le permettez." Elle prenait peu à peu de l'assurance au fur et à mesure qu'elle parlait. Elle n'était certes pas une guerrière aguerrie, pas une elfe pleine de savoir, ni même une humaine solide, mais elle savait parler. Et si cela lui permettait de sauver sa vie, elle n'allait pas s'en priver. Khantoror lui accorda la parole d'un signe de tête.
"-Le départ de mon amie vous a fait l'effet d'une offense. Je le conçois parfaitement. Néanmoins, je souhaiterais faire remarquer qu'elle est partie sans plus ni moins qu'avec un simple instrument de musique. Ce n'est pas normal. Triss est assez intelligente pour savoir qu'il lui est impossible de survivre seule dans cette forêt qu'elle ne connaît pas, surtout si vous vous mettez à sa recherche, vous qui vivez ici. De plus..." un elfe lui coupa la parole, s'offusquant qu'une simple humaine puisse leur dire ce qu'ils devaient ou non penser.
"-Elle n'est qu'une faiseuse de mensonges, ne vivant que de ces histoires à dormir debout. Ne vous laissez pas endormir par ses manipulations, à cette heure-ci, sa complice est sans doute en train de rebrousser chemin pour chercher des renforts. On n'aurait jamais dû les accepter ici dès le départ !"
"-De nous deux, ce n'est pas moi qui me fonde sur de simples suppositions." répliqua-t-elle, piquée au vif. "Comment voulez-vous que Tris rebrousse chemin si vous nous avez amené ici la tête dans un sac, dans une forêt que vous dites impénétrable sans votre accord. Et pourquoi m'aurait-elle laissé derrière ? Pourquoi aurait-elle laissé Élyse entre vos mains, blessée ?" Chaque argument fit mouche, lancé comme un trait allant se ficher dans l'ego de son interlocuteur. Violet ne s'énervait que très rarement mais elle n'acceptait pas d'être traitée de faiseuse de mensonges. C'était une insulte à ce qu'elle était et à Mystin et sa magie. Vaelyana se permit d'intervenir pour souligner que les faits relatés par Violet étaient justes, qu'il était peu probable qu'ils aient affaire à une attaque de la part des humains. Elle ne comprenait néanmoins pas le départ de Triss et Violet la rejoignait sur ce point. Elle plaida néanmoins pour son amie qu'elle pensait égarée dans la forêt au cours d'une balade, peut-être blessée en s'étant un peu trop éloignée du village. Elle tenta désespérément de les convaincre qu'il ne fallait pas la voir comme une menace mais comme une personne qui avait besoin de leur aide. Mais si les elfes admettaient que l'hypothèse d'une attaque était peu probable, ils refusent de gaspiller leur énergie pour une humaine.
"-Accordez-moi donc la faveur d'aller la chercher moi-même. Laissez-moi partir. Je ne suis qu'une humaine, je ne suis pas une menace pour vous. J'irais chercher mes amies et, si Finil le veut, nous rentrerons chez nous. Si le destin en décide autrement, je mourrai sans doute dans cette forêt tout comme elle. Le problème que nous sommes ne vous incombera plus." Elle savait qu'elle signait son arrêt de mort. Après tout, quelles étaient les chances pour qu'elle s'en sorte seule . Elle qui était si maladroite en temps normal, la voilà qui décidait d'aller crapahuter dans une forêt qu'elle ne connaissait pas, à la recherche de quelqu'un qu'elle ne connaissait pas si bien que ça. Elle se sentait d'ailleurs abandonnée par ses deux camarades, qui l'avaient laissée seule dans cette situation si compliquée. Cela était injuste et elle en avait conscience, mais elle ne pouvait s'en empêcher. Néanmoins, sa conscience ne pouvait la laisser repartir dans le monde extérieur en abandonnant Triss perdue quelque part et Élyse qu'elle savait blesser. Si ses paroles pouvaient lui sauver la vie, sa conscience allait causer sa perte.
Il en fut donc décidé ainsi, elle partirait sitôt ses affaires rassemblées. Si par miracle, elle arrivait à retrouver sa camarade et qu'elles revenaient, on leur rendrait Élyse avant qu'elles ne rejoignent le monde extérieur. Violet se prépara donc à partir et passa voir Soline pour lui dire au revoir. Celle-ci était peinée de la quitter dans de pareilles conditions et lui souhaita bonne chance. Avant qu'elle ne se retourne, Soline la retint et lui glissa un paquet dans les mains.
"-Je tiens à t'offrir ceci. Cela ne t'aidera sans doute pas dans ta quête mais vois cela comme un gage d'amitié de ma part. C'est un ancien parchemin, écris dans notre langue. J'espère qu'un jour, nous aurons l'occasion de l'étudier ensemble et si ce n'est pas le cas, je ne doute pas que tu aies la détermination et la sagesse qu'il faut pour apprendre à la déchiffrer par toi-même." Émue, Violet ne sut que dire, se contentant donc d'un merci murmuré et d'une étreinte avant de filer.
Arrivée aux frontières du village, elle trouva Vaelyana et Elyria qui l'attendaient.
"-Tu ne tiendras pas une journée." lui lança Vaelyana dès qu'elle fut à portée de voix. Charmant. Et très encourageant. Violet s'apprêtait à répliquer mais l'elfe la devança. "Nous allons t'accompagner. C'est moi qui vous ai amené ici et j'étais responsable de vous. Pour moi, ma mission n'est pas finie. Nous irons donc avec toi pour retrouver Triss et voir si tu ne t'es pas trompée. Mais attention, si je m'aperçois que tu t'es jouée de nous, mon épée te passera au travers." La conteuse poussa un petit soupir de soulagement malgré la menace. Toute courageuse (ou suicidaire, selon le point de vue) qu'elle voulait paraître, elle était rassurée de ne pas partir seule. Elle n'était pas une de ces héroïnes de contes, brave et intrépide. Elle savait ce qu'elle valait et se savait incapable de tenir seule dans cette aventure. Mais pour une fois, elle allait tout de même être protagoniste plutôt que spectatrice.
Mer 13 Mai 2020 - 20:35
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Vaelyana
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La Flèche Curieuse
Vaelyana
Deux jours étaient passés et les derniers rayons du soleil passaient à travers les feuillages de la Grande Forêt. Vaelyana et Eyria le sentaient au fond d’elle-même : un changement avait eu lieu et la nature connaissait une nouvelle allégeance en ces lieux. L’euphorie voltigeait entre les arbres et la terre, d’une douceur angevine. Pourtant elles n’étaient pas à leur aise, elles avaient peur. Elles n’avaient jamais connu un tel phénomène et celui se répandait plus les jours passaient, se renforçant à chaque fois plus les pas se comptaient jusqu’à former une piste claire et précise vers un mystère inattendu. Leur recherche était en lien avec le phénomène ? Elles ne savaient le dire et surtout elles le taisaient toutes les deux sans jamais en parler pour ne pas inquiéter Violet pour qui la vie sylvestre était déjà assez dur sans cette aura. Elle ne connaissait pas assez la forêt pour le sentir, ou si c’était le cas, la conteuse le taisait bien. Les chemins changeaient et les arbres s’agitaient dans le silence qui était le leur. Même si peu osaient le croire parmi les peuples civilisés, les elfes le savaient depuis bien longtemps. Les arbres et la nature pouvaient se mouvoir dans une alchimie indescriptible, changeant ainsi tout un paysage du jour au lendemain sans que personne ne puisse l’expliquer ni l’avoir aperçu. En un instant, alors que tout le monde avait le dos tourné, tout avait changé sans le moindre bruit. Seulement ce phénomène était assez rare, même pour une vie elfique, et bien souvent la nature était guidée par une tierce personne. La plupart étaient connus des elfes ou sentaient fortement les vents druidiques, or ici l’odeur était différente. Une puissante magie était à l’œuvre mais elle était différente, elle sentait la poussière et un temps révolu, pourtant grandement actuel au vu de ses effets. Tout cela inquiétait vraiment Vaelyana, dont la mémoire portait plus loin que sa propre existence vue la place qui lui était fort possiblement actée dans la succession à son père. Mais après tout, il faisait trop sombre pour continuer le chemin. Il ne restait plus qu’à se reposer.
Elles allumèrent toutes les trois un petit feu pour dire de s’éclairer en faisant grandement attention à ne rien bruler de la nature environnante. Pour le délimiter, elle l’avait entouré de pierres pour l’empêcher de se propager. Il n’éclairait pas énormément mais juste assez pour voir ce qui passait autour d’eux, même si les deux elfes se fiaient bien plus au son qu’à leur propre vue, à l’inverse de la conteuse. Or détail se rajoutant au tout inquiétant, la nature se taisait : aucun son d’oiseaux ne se répercutait dans leurs oreilles. Le silence régnait en maitre et tel un despote, il resplendissait pour ne rendre visible que lui. Les nerfs des deux elfes étaient à vives et aucune n’espérait trouver le sommeil dans de pareilles conditions. Elles ne reconnaissaient en aucun point leur belle forêt. À force, même la conteuse avait dû sentir le malaise tu par ses deux compagnes. Une fois installées et leurs affaires déposées par cette longue journée de marche pénible pour toutes les trois, elles se décidèrent à manger et à directement se reposer pour continuer la journée du lendemain sur le même rythme. Triss ne pouvait aller bien loin, surtout sans équipements. Elles n’allaient pas manquer de rattraper la barde sans tarder. Elles le devaient clairement car Vaelyana avait du mal à s’endormir depuis leur départ à cause de tous ses évènements, rendant son sommeil de plus en plus difficile.
Le repas fut bref et silencieux, à l’image de la forêt. Même la conteuse toujours curieuse et charmante n’avait osé ouvrir la bouche à la recherche de nouvelles informations à exploiter pour ses futures histoires. Et ce silence se maintint quand Vaelyana proposa aux deux autres d’aller se coucher pendant qu’elle mènera la garde. Elle ne souhaitait pas dormir de suite. Même si aucun vent n’avait traversé le lourd feuillage, le temps refroidissait avec la disparition du soleil. Et leur feu ne les réchauffait pas assez à cause de sa taille minimaliste pour espérer les chauffer assez dans le but de les faire oublier la température.

Vaelyna mena la garde toute une heure complète avant de sentir elle-même qu’elle piquait légèrement du nez. Ces derniers jours avaient été trop rudes mais elle ne pouvait se laisser vaincre. Elle se tiendrait éveillée jusqu’à la fin de son tour de garde. Elle se leva et prit son épée pour marcher quelque peu dans le but de se réveiller. Après quelque pas de marches, elle put apercevoir un lieu plein de lumières : des milliers de bulles chacune d’une couleur différente du spectre lumineux se suivait à la queue leu leu dans une file sans fin. Elle souhaitait pousser l’investigation plus loin tant que la piste, si on pouvait appeler cela ainsi vu la clarté émise, était importante. Elle se rappelait bien assez lieux pour savoir que ce rayon se propageait dans la même direction qu’elles suivaient au cours de la journée. Elle retourna réveiller les deux autres, au grand dam de Violet qui ronchonnait quelque peu de son manque de sommeil et surtout de l’incompréhension de la situation. C’était trop d’informations balancer à même le réveil alors qu’elle ne souhaitait que rejoindre ses doux rêves. Mais la situation ne le permettait pas et même si c’était le cas, les deux elfes eux la traineraient quand même. Le temps que Violet retrouva quelque peu ses esprits, ses deux compagnes avaient plié bagage et éteint le feu. La nuit était sombre dans la forêt et Violet avait du mal à se repérer si Vaelyana ne la guidait par sa voix, étant bien plus habitué à la noirceur nocturne.
Ainsi donc, toutes les trois fatiguées de leur journée, elles étaient reparties. Le phénomène était inconnu et merveilleux aux yeux des deux elfes et le regard pétillant dans les yeux de la conteuse témoignait que la situation était réciproque. Une enfant découvrant un nouveau jeu aurait témoigné au monde le même regard. Mais après tout, la situation se comprenait. Cette magie, car seulement celle-ci aux connaissances de Vaelyana, permettait cela. Et le tout avait une aura quelque peu féérique et surtout magnifique.
Pendant une longue heure, elles suivirent prudemment le phénomène. Vaelyana était positionnée à l’avant et Eyria à l’arrière, prêtes à tirer leur arme, tandis que Violet se tenait au milieu. Après un si long temps, la situation avait perdu de son charme et la fatigue reprenait ces droits. Violet en avait marre et chaque pas était plus dur que le suivant. Ses yeux étaient de plus en plus lourds et sentaient que le sommeil la rattrapait. Et la situation était identique, quoi que moins forte pour les deux autres demoiselles.
Encore une dizaine de minutes  passèrent et la première à chuter fut Violet, suivie de peu par Eyria. Elles étaient tombées, à bout de force. Vaelyana ne pouvait arrêter, elle ne pouvait se laisser vaincre. Elle était la fille du chef et tous voyaient en elle sa digne successeure. Elle ne pouvait faillir. Un son mélodieux fut porté à ses oreilles alors qu’avant cela le silence régnait. Il était aussi doux que des nuages et merveilleusement envoutant. Elle ne souhaitait qu’une chose, s’y laisser porter pour mieux l’atteindre, ce qu’elle fit. Et le noir la vainquit ainsi alors qu’elle tombait à même le sol.

Elle sentait quelque chose d’étrange. C’était râpeux et pourtant cela la chatouillait. Quand elle ouvrit les yeux, elle pouvait voir une biche qui lui léchait le visage dans le but de la réveiller. La nature était réapparue. Cependant, elle eut à peine le temps de se lever que la biche avait déjà fui. Elle essaya de retourner sur ses pas mais tout était différent par rapport à hier. Les arbres étaient serrés et elles se demandaient comment elles avaient pu traverser tout cela. Elle ne se rappelait pas qu’hier soir elle avait pu voir cela, mais peut-être que la lumière les avait trompées. En tout cas elle était seule. Elle ne pouvait rebrousser chemin pour permettre de retrouver ses compagnons et les arbres ne la laissaient que continuer. Elle n’avait donc pas le choix et avança encore quelque peu pour arriver dans une belle clairière où le bruit des oiseaux resonnait. Elle fut d’abord éblouie par les rayons de soleil puis quand elle put enfin voir devant elle, elle put voir une maisonnette se tenant au milieu de la forêt ayant épousé à merveille la nature environnante dans une fusion parfaite et quelque peu surnaturelle. Un arbre avait même fusionné avec l’un des murs créant une ombre au milieu de la clairière et au-dessus de la maisonnette, empêchant fort possiblement les gouttes de passer à travers la toiture grandement défaillante par endroits. Une fille l’attendait, la harpe à la main, avec autour d’elle une dizaine d’animaux, dont la biche qui l’avait réveillé. Tous se tenaient autour d’elle comme si c’était leur reine. Elle mit du temps à comprendre que se tenait devant elle la barde, Triss. Comment avait pu commettre cet exploit, elle qui n’était ni mage, ni une oreille pointue ? Vaelyana n’en revenait pas. Le monde avait encore tant de mystères à éclaircir et ne finirait jamais de la surprendre.
La barde s’avança vers elle et les animaux lui ouvrirent la voie dans une scène encore plus féérique et spectaculaire que le rayon lumineux du jour d’avant. Elle ouvrit la bouche d’une parole qui fit l’effet d’une sérénité exceptionnelle.

- Des jours sont passés si je me fie au cycle solaire et pourtant tout me parait si proche. Je ne serais dire combien sont finis tellement que tout cela est merveilleux. Tes amis sont à l’intérieur, en train de dormir calmement, si telle est ta question, lui dit la barde pour la calmer.
Jeu 4 Juin 2020 - 18:11
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Violet Hermia
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Conteuse sous l'étoile de Mystin
Violet Hermia
Quand Violet se réveilla, elle sut tout de suite qu'elle n'était pas morte. Elle était bien trop fourbue de partout pour avoir rejoint le royaume de Canërgen. Revenant peu à peu à elle, Violet se souvint de son abominable périple dans la Grande Forêt en compagnie d'Elyria et Vaelyana où elle ne fit que marcher des heures durant sans savoir où elle allait ni d'où elle venait d'ailleurs, suivant les deux elfes qui semblaient ne jamais fatiguer. Elle s'était sentie profondément seule et abandonnée par tout et tout le monde. On l'avait séparé de ses compagnes de voyage, elle se trouvait dans un endroit qu'elle ne connaissait absolument pas et son corps arrivait à sa limite. Tout d'abord fatiguée, la colère et le ressentiment enflèrent en elle, lui redonnant un petit regain d’énergie avant que la résignation ne vint abattre définitivement son moral et ses forces. Les elfes s'en aperçurent sans aucun doute mais ne dirent rien, sans doute par respect ou, comme la conteuse se prit à le croire pendant ses moments de colère, par simple indifférence de leur part. Dans ces moments-là, elle maudissait tout le monde et elle la première pour s'être fourrée dans une aventure qui n'était pas la sienne, dans un périple trop grand pour la simple petite conteuse sans importance qu'elle était, pas fichu de mettre un pied devant l'autre sans trébucher. Vaelyana avait fini par s'arrêter pour se reposer un peu. Cela fit un bien fou au corps de Violet qui était mis au supplice depuis quelques heures mais n'atteignit pas son moral qui était au plus bas. Le sommeil lui fit un peu de bien mais bien sûr, c'était sans compter sur le réveil que lui fit subir l'elfe à peine une heure après. Plus grognonne que jamais, elle avait suivi les deux femmes, se frottant les yeux pour rester éveillée. Vraiment, ce voyage était le pire de tous. Puis elle vit les bulles de lumière. Clignant des yeux, elle les fixa. Puis les frotta de nouveau, persuadée que Finil l'avait emprisonné dans un rêve. Mais c'était bien réel, les bulles lumineuses flottaient dans l'air, formant une file. Subjuguées, les trois femmes les suivirent... puis ce fut le trou noir pour Violet. Du moins, jusqu'à ce réveil endolori qu'elle venait de subir.
Grommelant à nouveau dans une barbe qu'elle n'avait pas, Violet se leva toute courbatue et évalua la situation. Elle se trouvait dans une sorte de petite maison très charmante et propre. L'endroit était petit mais accueillant, loin de la vieille cabane délabrée où elle avait la rencontre de Hanaé dans le royaume des nains. Il y faisait d'ailleurs une température agréable et la belle lumière du soleil entrait par la porte laissée ouverte. Laissant Elyria endormie près d'elle, la jeune conteuse s'aventura prudemment dehors, à la recherche de l'elfe manquante. Et quelle ne fut pas sa surprise quand elle trouva non seulement l'elfe, mais également Triss ! Des émotions totalement contradictoires la submergèrent et elle s'élança vers la barde, ne sachant si elle allait laisser la colère l'emporter en la frapper ou le soulagement et la joie en la prenant dans ses bras. Mais si vous connaissez bien Violet, vous savez que c'est évidemment la seconde option qui l'emporta. Triss fut donc prise dans l'étau des bras et des émotions de la jeune conteuse qui pleurait et souriait, lui faisait des reproches et lui demandait si elle n'était pas blessée, le tout dans un flot de paroles absolument incompréhensible. Riant gentiment, Triss réussit à se détacher de Violet et lui promit de lui raconter son aventure après qu'elle eut entendu le sien autour d'un bon petit-déjeuné bien mérité. À cette idée, un sourire ravi éclaira le visage de la jeune femme qui s'empressa d'aider son amie à préparer un repas pour tout le monde. Entre-temps, Elyria se réveilla et elles s'installèrent au-dehors, profitant du beau temps, la maisonnette étant de toute manière bien trop petite pour accueillirent tout le monde autour de la table. Entamant avec appétit leur repas, Violet raconta à Triss ce qu'il s'était passé durant son absence, la peur qu'elle leur avait fait, les soupçons des elfes à leur égard, le marché qu'elle avait du passer avec le chef des elfes et enfin leur affreux périple dans la nature qui s'était terminé sur un trou noir. Ce fut long à raconter, les deux elfes n'intervenant que quelques fois pour apporter des détails qui avaient échappé à la conteuse dans la Forêt. Une fois le long récit et le repas terminés, Violet, une tasse d'infusion à la main, pressa Triss de leur raconter ce qui s'était passé et pourquoi elle se retrouvait ici. La jeune femme, posant une main sur luth, tenta de leur raconter ce qu'elle avait vécu.
Jeu 11 Juin 2020 - 19:48
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Plusieurs jours avaient passé depuis la première rencontre brutale avec les elfes sylvains. Ces derniers, qui avaient eu le temps de comprendre avoir affaire à une élue divine et ses compagnes de voyage, avaient finalement opté pour une politesse tout à fait mesurée. Pour l’instant, Elyse et ses deux amies étaient tolérées dans la forêt. Cela ne signifiait pas qu’elles étaient acceptées dans les halls des elfes pour autant. Mais une première étape avait été franchie, à tout le moins…

Du moins c’était ce que savait Elyse Fadelis, élue de Filyon, qui avait donc été séparée de ses deux amies pour soigner ses blessures. Car les lames des gardiens de la forêt n’étaient pas seulement aiguisées, mais empoisonnées, avait-elle appris. Et les poisons étaient concoctés à l’aide d’ingrédients que l’on ne trouvait qu’au fond de la forêt. Puisque c’était de là que venaient les ingrédients, il était normal que ce fût également de là que venaient les antidotes. Alors, tandis qu’elle sombrait dans le sommeil, elle avait été emmenée sur le dos d’un grand aigle, l’ami par excellence des elfes sylvains et du peuple de la forêt. Elle se souvenait vaguement du décollage, puis de s’être éveillée dans une chambre, dans un lit dont le confort n’avait rien à envier à celui de palais humains, ce qui était normal puisqu’elle était dans un palais elfique, et en même temps étonnant. Après tout, n’était-elle pas sous terre, dans une demeure creusée sous les racines d’un immense arbre ?
Le poison l’avait faite dormir. C’était un poison noble. Pas un de ceux qui faisaient tousser et cracher du sang, pas un de ceux qui faisaient virer le visage au bleu, ou de ceux qui brûlaient les entrailles. Rien de tout cela. Ce poisson noble plongeait la victime dans un profond sommeil dont elle ne s’éveillait qu’à l’aide de l’antidote. Dans ce sommeil forcé, la victime rêvait. Agissant comme une drogue, le poison suscitait des rêves agréables, chose qu’Elyse pouvait confirmer, à présent. Mais puisque la victime ne se réveillait pas sans antidote, elle en oubliait de se nourrir, de boire, et finissait par périr d’inanition sans même s’en rendre compte, tandis qu’elle passait du monde des rêves à celui des morts d’une façon qui lui semblait naturelle. Ce monde n’était-il pas une sorte de rêve lui aussi ?
Un poison noble, vraiment. La plus douce des morts, aurait-on pu dire. Mais ce n’était pas une mort pour elle. Elle avait été nourrie, et elle avait reçu l’antidote des mains expertes des elfes sylvains. Et à présent, elle vivait ici.

« Où sont mes amies ? avait-elle demandé dès qu’elle avait fini de remercier ses sauveurs pour l’avoir guérie.
-Elles arriveront ici lorsque leur temps sera venu, avait été la réponse. »

Cette réponse était sinistre. Elyse Fadelis allait-elle récupérer des cadavres, ou ses sauveurs parlaient-ils simplement d’une mise à l’épreuve ? En tous les cas elle ne pouvait pas nier que le temps de sa demeure ici était parfaitement agréable. Il y avait des elfes partout et ce peuple n’avait pas usurpé sa réputation de « beau ». Elyse avait connu des elfes jadis dans sa vie et les avait trouvés splendides, mais c’était une toute autre chose que de poser les yeux sur eux par dizaines, au plus profond de leur domaine.
Les premiers jours de son éveil, ce beau peuple était en pleine fête, car on passait du règne de Vamyse à celui de Daudysse. Une succession qu’il s’agissait de célébrer dignement, et qui avait commencé, un soir, par un banquet. Là, dans le hall sous les racines de l’un des arbres les plus vieux de Ryscior tout entier, elle avait bu le vin des elfes, et l’avait trouvé délicieux. Il était d’ailleurs d’une puissance rare, car elle qui se targuait de boire de l’alcool sans jamais être ivre avait vite dû s’asseoir, alors qu’autour d’elle, aucun membre du beau peuple ne s’en était trouvé affecté. De même, leurs mets étaient absolument délicieux. Raffinés ? Certes, mais la ripaille était également présente à leur table. Elle y avait touché, curieuse de voir ce à quoi les versions elfiques de ces plats correspondaient, et s’était aperçue que même en faisant des choses simples, les elfes introduisaient une complexité exceptionnelle. Elle avait attendu avec une grande hâte d’entendre l’inévitable musique qui allait accompagner le banquet.
Celle-ci était venue, aurait-elle appris plus tard, mais en vérité, elle s’était endormie sur sa chaise. Encore des effets secondaires du poison ? A moins que ce ne fût-ce le vin ? Elle avait dormi et n’avait pas entendu la musique. Ou peut-être l’avait-elle entendue et avait-elle été enchantée par cette dernière au point de sombrer dans une impression de sommeil ? Vraiment, elle avait l’impression que tout était possible.

Les fêtes ne s’étaient heureusement pas arrêtées au banquet, et elle avait lendemain pu tresser des couronnes de fleurs, et dresser dans la grande clairière qui faisait face à l’arbre des lanternes pour la soirée qui allait venir. Des centaures impressionnants étaient venus se joindre à eux pour préparer la fête, et quand elle avait pu contempler la puissance qui se dégageait de ces hommes-chevaux, elle s’était longuement demandée ce à quoi ressemblaient leurs femmes. Elle avait compris en voyant des biches émerger. Mi-femmes, mi-biches. C’était la première fois qu’elle entendait parler de telles créatures. Mais avait-elle jamais vu de …

« Dortan. Evidemment que tu savais, sale … Sale rôdeur, avait-elle sifflé. »

Le rôdeur, celui dont on disait qu’il était plus humain qu’elfe, avait dû jalousement garder le secret des centaures et de leurs épouses aussi agiles et grâcieuses que leurs mâles étaient puissants et épais. Il avait également dû garder le secret sur les faunes qui vinrent entourer les elfes et la firent danser, en jouant de leurs flûtes. Elle, Elyse Fadelis, apprit ce qu’était danser sur une grande musique. Pas une musique entraînante, ni belle. Une grande musique. Et elle entendit dire que les elfes, les centaures et les faunes l’admirèrent. Elle sourit. Mais elle ne se souvint pas de tout cela.
Car elle s’éveilla à nouveau le lendemain, avec l’impression de s’être endormie.[/i][/i]
Mar 30 Juin 2020 - 21:36
https://ryscior.forumactif.org
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
La barde prit la peine d’écouter l’histoire de la conteuse, utilisant les mots et scandant avec, à la manière des siens, conteur et narrateur de légendes. Dans sa bouche, ils paraissaient doux et accueillants, à l’inverse de ceux des deux elfes qui étaient amères et dures. Ils donnaient l’impression de bonbons surs comme savent les apprécier les enfants : n’étant ni trop sucré ni pas assez, leur donnant cette saveur douce et onctueuse comme tous savent l’apprécier, quelque soit les âges des concernés. Alors que ceux de ces compagnons, apportant quelques détails vifs et précis, avaient été réalisés à la hâte. Ils les avaient faits tombés dans le pot de sucre ne leur donnant que l’aspect acide et les rendaient désagréables à la bouche. Et pourtant des elfes, on aurait pu en croire autre chose. Triss avait eu la chance une fois d’en croiser un, dans un autre temps, et elle avait pu gouter à leur mot, et à bien d’autres choses. Sa passion lui avait paru suave et avait été savoureuse au goût de la barde. Or les deux éclaireuses étaient sèches et ignobles, comme si la situation ne leur plaisait pas. Et grand bien leur fasse, elle ne comptait pas partir. Ou pas de sitôt au vu de la cabane dans laquelle elle n’était apparue. Elle essaya d’y mettre des mots et des sons pour expliquer le pourquoi du comment à son public. Elle prit ainsi son luth et à la manière des siens, les bardes, elle fit comme la conteuse et raconta son histoire, en mettant son pied droit  sur le tabouret sur lequel son fessier s’y donnait encore il y a quelques instants.

˜

Miel… Tout était miel autour d’elle et les sons dansaient. Ils étaient envoutants et enivrants. Ils venaient de l’extérieur à la base, de la forêt… des arbres. Ceux-ci dansaient autour d’elle et se mouvaient sur le tempo de la musique. Leurs racines sortaient et se replantaient sur le rythme dicté par ses sons externes. Ils lui donnaient l’impression d’être les battements de cœur de la forêt, primitifs et sauvages. Le vent doré soufflait sur son visage et rentrait en elle, par ses narines, par sa bouche, par sa peau... Il passa par ses poumons, dans son sang, dans tout son être, et elle l’expira par ses mains. Elles se mouvaient sans que celle-ci ne pût s’y opposer et puis de toute façon, elle ne le souhaitait pas. Elle était en symbiose avec la nature. Elle se sentait telle une fourmi et ressentait les volontés de chacune des entités autour d’elle. Elles servaient toutes le bien commun à leur manière. Elles obéissaient à une reine invisible et transcendante que les elfes devaient sûrement nommer le cœur de la forêt. Ils pouvaient peut-être l’imaginer comme une créature pensante ou un être fait de sève et de racines. Mais c’était bien plus difficile que cela à nommer ou même à imaginer. C’était un esprit, une manière de pensée, la terre, le ciel, les vents, les arbres et encore bien d’autres choses qui vivaient en ces lieux ou qui y avaient vécu. Car rien n’est éternel et pourtant le cœur ne s’arrêterait jamais. Il revivrait sous une autre forme dans d’autres générations et resterait pourtant le même alors que sa peau, sa carapace, son écorce et ses écailles aient changé.
Et la reine, le cœur souhaitait que la barde fasse ce qu’elle savait faire. Elle devait transmettre son tempo au monde par la musique. Son nom devait être loué et reconnu. Son amour devait lui être rendu et son courroux craint. Elle ne souhaitait aucun favoritisme, quelles que soient les races. D’ailleurs les races pour elle n’avaient peu d’importance. Là où les créatures pensantes se nommaient et nommaient toutes les choses autour d’elle, le cœur lui voyait que dans les différences il y avait aussi des biens communs. C’est pourquoi elle ne les nomma pas nain, elfe, humain ou encore bien d’autres noms, mais les autres. Ce qui n’était de la Grande Forêt mais vivait avec ou contre elle. Ainsi le vent doré, mêlé du miel et de l’émeraude puis lui donnée les sons qu’elle devait réaliser avec sa harpe. Un son exotique et merveilleux et qui pourtant était familier à la barde. Loin des cimetières et proches des foyers, il était la musique de la vie qui battait dans le cœur de chaque créature, pensante ou pas.
Ivre, Triss joua ou plutôt ses mains jouaient sans qu’elle n’ait à y penser. C’était d’un naturel qu’elle n’avait connu et qu’elle ne connaitrait peut-être plus jamais. La musique était sauvage, le rythme bestial et les percussions jouées par les arbres et les animaux rajoutaient le ton naturel à l’ensemble. Et à chacun de ses pas, son public lui ouvrait la voie qu’elle suivait sans même y réfléchir, d’un air candide et simple.
Puis un moment le vent doré s’essouffla et disparut. La vigueur de la damoiselle diminua mais elle n’abandonna pas. La nuit s’avançait et haute était la lune dans le ciel. L’émeraude maintenant dominait dans son ensemble. Il la souleva du sol et lui permit de marcher sur du coton d’un soyeux. Son pas qui avait été difficile par la disparition de l’or lui fit faciliter par ce sol nouveau. Et son esprit aussi sortit quelque peu du brouillard et elle restait pour autant passionnée. Elle continuait ainsi sa musique sans même reprendre la réflexion sur son action. Cependant, la bestialité fut remplacée par la douceur de la mère. La nature créait la vie et ne souhaitait pas la mort même si elle en reconnaissait l’utilité dans ce cycle éternel. Ainsi le rythme ralentit, sur encore quelques heures.
Une lueur rosée montait dans le ciel et le vent d’émeraude lui aussi s’estompa pour ne laisser que le miel… initial et premier qui avait engagé la valse endiablée de la forêt. Le miel baisa la main de sa danseuse et la déposa à même le sol pour la laisser rejoindre le monde des rêves, après sa dure nuitée.

Le lendemain, encore émerveillée et pourtant embrumée, la barde se leva et put ainsi voir son nouveau paysage sans même savoir réellement la manière dont elle y était arrivée si ce n’est pas des bribes indistinctes et floues. Elle savait cependant qui l’avait emportée et en remercia la forêt. Et elle passa ensuite le reste du temps à fouiller la cabane et chanter son ode à la nature.

˜

Le jour de la longue marche pour les trois comparses, Triss quant à elle jouait de sa harpe comme à son habitude au grand bonheur de ses compagnons, des animaux de passage qui vivaient dans la paix. D’ailleurs, la barde ne savait même pas dire que plusieurs jours étaient passés, car sa vie était ponctuée par ses phases de sommeil et ses moments de conscience musicale. Elle ne savait pas non plus de quoi elle se nourrissait, ni même si elle avait mangé. Elle devait parier qu’elle avait trouvé de la nourriture que d’autres qu’elle lui apportaient… possiblement la Grande Forêt elle-même. D’ailleurs séparer ses phases de sommeil et d’éveil n’avait aucun sens, car l’un n’était que la continuité de l’autre. Alors que les doux rêves la rattrapaient et qu’elle lâcha sa harpe, celle-ci lui revenait dans les mains pour l’aider à continuer son air dans l’autre monde. Et dans et l’autre, tout n’était que feuillu et cornu.
Cependant ce soir-là, un on ne sait quoi, possiblement une intuition ou un moment de conscience plus important que les autres la poussa à visiter la cabane. Elle la connaissait par cœur et l’avait déjà maintes fois visité, mais cette fois-ci sa vision était différente. Elle ne regardait pas la cabane pour ce qu’elle était, une bâtisse fait de quatre murs de bois mais comme une mâle au trésor, un temple des merveilles, un vestige d’un autre temps… et elle y vit enfin ce qu’elle recherchait. Elle la prit entre les mains et sentit qu’elle lui appartenait. Elle déposa sa lyre sur la seule table, unique mobilier si l’on ne comptait pas le lit, de la cabane, pour mieux la saisir. Elle l’approcha de sa bouche et se mit à souffler une première fois dedans. Le son fut d’abord discordant et la força à reculer d’un pas de ses rêves. Mais elle reprit son calme et se mit à resouffler dedans cette fois-ci avec plus de finesse et le son redevint mélodieux. Elle savait que cette flûte de pan était désormais la sienne. Elle en était sure, aussi sure qu’elle était une barde et qu’elle avait ses dix doigts au bout de ses mains.
Elle se mit donc à jouer en gambadant d’un air gai, tel un enfant heureux d’avoir retrouvé son ours en peluche. Elle l’avait en main et se devait d’en faire profiter le monde. Et quand elle jouait, alors que les biches, les écureuils, les ours et bien d’autres animaux la regardaient s’avancer vers eux, ils s’endormirent dans de doux et merveilleux rêves. Mais elle continua quand même à jouer, car elle percevait que c’est ce qu’elle devait faire. Et son pressentiment fut le bon, car elle trouva la réponse avec le retour du miel qui chavirait dans son flot une multitude de bulles aux mille-et-une couleurs.  
Les bulles commencèrent à s’agglutiner en un point donnant une vague d’une couleur infinie qui aurait pu faire mourir d’épilepsie la demoiselle musicienne. Et de la vague, sortit un jeune homme d’or composé d’une multitude de bulles. Chacune de ses phalanges de sa main qu’il tendit à la barde était en effet une bulle attachée à d’autres pour donner cette forme humaine. Sa paume était un conglomérat de ces mêmes bulles et il en était de même pour l’ensemble de son corps. Ses yeux était d’un vert flamboyant comme les arbres au début du printemps et ses beaux atours étaient aux couleurs de l’automne : du rouge à l’orangé. Triss lui offrit ainsi sa main et s’arrêta ainsi de jouer de sa flûte qu’elle déposa à même le sol et ensemble ils mirent à danser dans une danse somptueuse. Des bulles commencèrent à couvrir la demoiselle et elle sentit la vie qui s’accrocha à elle. Elles le couvrirent d’une robe faisant jalouser bien des princesses et des reines face à sa beauté et embrassait ses teintes sudistes. Puis sur un dernier mouvement, l’homme fit tourner la demoiselle et la lâcha ensuite avec délicatesse. Sa bouche s’ouvrit mais aucun son en ressortait. Pourtant elle put entendre au plus profond de sa tête murmurer ces mots-ci : « Joue ma douce, ma belle… » d’une voix exaltante et passionnée. Elle s’abaissa donc pour saisir son instrument et quand elle se releva pour fixer une dernière fois le jeune homme, il avait été remplacé par une femme d’âge mure et au pourtant belle. Elle était aussi avec sa peau à la couleur du miel. Son aspect était familier à la barde et pourtant au grand jamais elle ne l’avait vu. Elle ne savait pas l’expliquer et décida donc de se mettre à jouer de sa flûte de pan comme l’avait souhaité l’homme. À ses premiers sons, la dame fixa au plus profond de ses iris la barde qui en était presque gênée et ne put s’empêcher de rougir. Puis elle lui sourit et d’un mouvement de main elle lâcha les bulles. Celles-ci commencèrent à s’envoler puis une fois ayant atteint le ciel à exploser libérant des cris de joie, des rires cristallins et d’autres voix toutes aussi charmantes. Et dans le processus, la dame faite de bulles elle aussi s’envola petit à petit et disparut… ne laissant que la barde seule qui ne manqua pas de se recueillir dans le monde des rêves comme les animaux autour d’elle.

Le lendemain, bien avant que l’aube ne pointe son nez, elle fut réveillée par la même biche qui avait croisé Vaelyana un peu plus tard. Ses amis lui firent comprendre que de la compagnie s’était présentée en ces lieux et qu’elle devait l’accueillir. Ainsi les deux dames, une elfe et une humaine, furent transportés dans sa cabane et se réveillèrent un peu plus tard sous les sons de la harpe.

˜

Les deux elfes ne sachant que tirer comme conclusion aux divagations de l’artiste dédaignèrent quelque peu son discours tandis que la conteuse l’écouta d’une oreille attentive. Et c’est dans l’interrogation la plus complète qu’elle laissa son public, car la barde ne pouvait répondre à leurs questions, n’en sachant pas plus que ce qu’elle leur avait raconté. C’est un mystère où la seule dame et l’homme d’or en savaient la vérité, et possiblement le doux miel. Et cela n’en déplaisait pas à la barde, car elle chérissait ces instants et elle aurait souhaité encore les continuer si ses trois compagnons ne la poussaient pas à partir, à son plus grand regret. Elle se sentait chez elle dans cette cabane alors qu’elle ne connaissait rien à son histoire et à ceux des instruments qu’elle avait pu effleurer à l’intérieur. Elle était chez elle ici et ne voyait pas en le départ. Puis que lui restait-elle du monde extérieur si ce n’était des souvenirs flous et camouflés dans la brume. Elle se rappelait de certains passages… d’une Elyse, de pirateries, de musiques, d’orcs et d’amazones. Mais tout cela lui paraissait venir d’une autre vie. Elle avait l’impression de se tenir face à trois inconnues et au pourtant proches. La barde tenait sa torche de toutes ses forces dans sa vision et essayait de se retrouver dans le brouillard qu’elle était. Elle n’y voyait pas à deux pas devant elle et devait avancer à l’aveuglette. Telle était sa réalité à l’instant… Perdue...
Ven 3 Juil 2020 - 16:36
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Violet Hermia
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Conteuse sous l'étoile de Mystin
Violet Hermia

Sa mère lui disait souvent que sa particularité était que, contrairement à la plupart des gens qui fronçaient les sourcils quand ils ne comprenaient pas quelque chose, Violet, elle, souriait. Et le sourire rayonnant qu'elle arborait devant le récit onirique de Triss en était la preuve. Les deux elfes étaient restés indifférents voire sceptiques face à l'histoire de la barde mais la conteuse avait reconnu la marque de Finil, Mystin et Filyon tout. Triss était bénie des dieux et des déesses, cela ne faisait aucun doute pour elle. Si la compréhension des événements, des faits ne lui étaient pas accessibles, la magie et la marque divine ne lui échappèrent pas. Et rien que cela fit sens aux yeux de Violet.
Ce fut également cette révélation qui lui permit de comprendre qu'il serait difficile de convaincre Triss de partir. Elle paraissait à sa place ici, au milieu de la beauté de la nature et des chants mélodieux. Comment l'arracher à ce monde si beau dont elle faisait partie ? Néanmoins, l'élue de Filyon restait encore à rejoindre et Violet, même si elle commençait à aimer la Grande Forêt, savait qu'elle n'avait pas sa place en ces terres. Elle décida donc de ne pas tenter tout de suite de pousser Triss à partir, de lui laisser un peu de temps avant d'évoquer la possibilité d'un départ. Cela ne plairait certes pas aux deux elfes qui l'accompagnait mais elle ne voyait pas d'autres solutions. Si elles connaissaient si bien la Grande Forêt, elles pouvaient comprendre cela.
La question qui se posait maintenant était : qu'allait-elle faire, elle, Violet ? Rester auprès de Triss jusqu'à ce qu'elle soit prête à partir pour rejoindre Elise ? Ou partir de son côté en espérant que Triss la rejoigne plus tard ? Dans les deux cas, elle avait l'impression d'abandonner l'une d'elles. Empreinte d'indécisions et de doutes face à ce dilemme dont elle ne savait comment se détacher, Violet passait une grande partie de sa journée à tenter de déchiffrer le parchemin dont lui avait fait cadeau Soline à son départ. Cela aussi la travaillait. Plus elle observait ce parchemin et plus le désir de le comprendre se faisait ressentir. Une troisième option s'offrait donc à elle : retourner sur ses pas et rester. Retrouver Soline pour pouvoir étudier ce texte qui lui semblait si mystérieux. Mais cela voulait dire abandonner non pas une mais ses deux compagnes de voyage. Et qu'on la laisse revenir sans Triss et de surcroît, rester, ne lui était pas assuré. Laissant échapper un soupir de frustration, Violet abandonna son parchemin et s'adossa aux murs de la petite maison, exposant son visage au soleil qui avait fait son chemin entre les branches des arbres. Fermant les yeux, elle se laissa bercer par la musique de la Forêt, des petits animaux qui faisaient leur vie aux alentours jusqu'aux notes lointaines du luth de Triss qui déversait sa mélodie envoûtante.
"-Il est temps de déterminer ce que nous allons faire." La voix dure de Vaelyana brisa la petite bulle de paix de la conteuse, qui ouvrit les yeux et réprima une grimace de regret. Se redressant, elle contempla les deux elfes qui lui faisaient face. Elles semblaient toutes deux déterminées à agir, à ne plus rester assises sans rien faire. Violet les comprenait. C'était des guerrières, elles avaient été élevées pour le combat, pour l'action et ces trois jours d'inactivité commençaient à les agacer. Elles avaient tenté de tuer le temps comme elles pouvaient en s’entraînant, chassant, explorant... Mais elles ne pouvaient rester ici sans but indéfiniment. D'un mouvement de tête, Violet les invita donc à s'installer en face d'elle et leur exposa ses réflexions et discuta avec elle de leurs options. Vaelyana, comme la conteuse s'y était attendue, était pour l'idée de continuer le voyage afin de retrouver Elyse, d'attendre Triss au camp et de repartir aussitôt celle-ci revenu. Violet sentait que si cela ne tenait qu'à elle, elle aurait ramené Triss par la peau des fesses mais elle ne pouvait passer outre la volonté de sa chère Forêt. Elle voulait néanmoins en finir le plus vite possible avec cette histoire et retourner à sa vie. Se tournant vers Elyria, Violet attendit. Elle avait été, comme souvent, silencieuse durant la discussion mais la jeune femme voulait entendre son avis. Prenant le temps de réfléchir, l'elfe finit par prendre la parole.
"-Je suis d'accord avec Vaelyana. Il faut retrouver ton autre amie et vous tenir prêtes à partir dès que Triss sera de retour."
Violet hocha la tête, un peu déçue. Elle aurait voulu retrouver Soline. Elle n'y connaissait pas grand-chose aux langues elfiques et elle sentait qu'elle aurait pu apprendre énormément auprès d'elle. Cela n'échappa pas à Elyria.
"-Cependant, tu pourras toujours travailler avec Soline le temps que tes amies reviennent. Nous sommes, Vaelyana et moi, témoins du fait que Triss est partie sous la volonté de la Forêt et sans intention de nuire. Ton retour sans elle ne sera donc pas un problème." lui assura-t-elle avec un petit sourire. La conteuse lui rendit son sourire et acquiesça. Ainsi donc, elles repartaient sans la barde.
Mar 8 Sep 2020 - 12:41
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Les fêtes elfiques continuaient dans la clairière de Filillë, et à mesure les jours passaient, Elyse Fadelis continuait à y participer, se fatiguant de moins en moins. Cependant, elle avait toujours autant la sensation d’être dans un rêve, et même si cela faisait longtemps qu’elle ne s’était pas réveillée à l’issue d’une fête en se demandant si tout cela avait réellement existé, elle devait bien avouer que ces dernières paraissaient toujours aussi irréelles. Etaient-elles un simple tour de son esprit ?
En vérité, elle aurait rapidement la réponse, car les elfes semblaient se faire de plus en plus distant. Alors qu’elle ne trouvait au début que des compagnons de danse potentiels, et de la musique partout, les beaux visages qu’elle avait autour d’elle se détournèrent et cherchèrent à l’éviter. Les elfes les premiers, puis les centaures ensuite, et tous les habitants de la forêt finalement. Elle était toujours acceptée, au bout d’une semaine, au sein de la fête, mais c’était cela. Elle était acceptée. Tolérée. Cependant les elfes ne se réjouissaient pas de sa présence, et ne cherchaient plus à lui être désagréable. La peur grandit en elle. Son temps était-il limité ? Allait-elle devoir fuir ? Les elfes finiraient-ils par être agressifs ?

A moins qu’il n’y ait un autre problème ? Quelque chose qu’elle ne comprenne pas ? Elle essaya, durant les jours qui suivirent sa réalisation de la façon dont sa situation se dégradait, de se reconcentrer. Quelle magie était à l’œuvre ici ? Mais elle l’ignorait. Pire encore, elle recommença à s’éveiller au lendemain des fêtes, en se demandant si elles avaient ou non existé…
Dim 20 Sep 2020 - 17:32
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Triss Miders
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Mélodie à la gloire de la déesse
Triss Miders
Le quatrième jour commença pour la barde et elle se retrouva à nouveau seule. Le soleil passait à travers les branches de la profonde forêt et éclairait son visage. Ses trois compagnons, la conteuse et les deux elfes guerrières, étaient parties le jour d’avant dans la soirée. Elle les avait entendus malgré son ivresse musicale, mais ne s’était pas retournée pour les adieux. Elle avait bien compris que ses dires les avaient chamboulés. Une humaine était devenue une envoyée et une proche de la Grande Forêt, cela avait de quoi déstabiliser bien des elfes. Seulement à force de vivre reclus, le cœur des elfes s’était corrompus de leurs préjugés. Ils s’étaient renfermés sur eux-mêmes avec les autres peuples de la forêt soi-disant pour la protéger, renfermant par la même occasion leur cœur à sa voix. La Grande Forêt, aussi étrangement que cela puisse paraitre, n’était qu’une entité unique reliée par la terre et ce qu’elle transportait : tous passaient par elle. Des animaux aux racines des plantes, elle était la vie et la mère de bien des êtres qui lui rendaient ce don par un service inconditionnel. Dans un autre temps, même les elfes la servaient, mais à force de l’oublier, ils étaient restés sur ces anciens préceptes de préservation sans non plus prendre la peine d’écouter ses nouvelles préoccupations. Aujourd’hui, la désunion des peuples n’était plus possible : une menace bien trop grande planait sur ce monde pour les querelles intempestives planent sur Ryscior.
Seulement la source ne peut se jeter directement dans la mer. Avant, elle doit projeter les rochers et les autres obstacles qui lui bloquent sa voie. En tout premier, la forêt se doit de retrouver son lien avec les peuples elfiques. En premier lieu, elle touchera ceux qu’elle a autrefois bénis et qui même dans l’erreur la servent encore actuellement. Ensuite, elle se doit d’obliger une alliance des peuples frères et sœurs. Même si le vent les a fait chavirer aux autres coins du continent, et même pour certains bien plus loin, les elfes ne formaient autrefois qu’un seul et unique peuple. Et puis au final… tout cela était bien trop loin pour la barde. C’était trop pour elle. Elle n’était qu’une humaine et toutes ses pensées lui donnaient la nausée tellement qu’elles étaient puissantes. Celles-ci la submergeaient et l’étouffaient au point qu’elle n’en oubliait encore bien plus son existence. La musicienne se savait autre qu’une simple messagère. L’humaine maintenant partie l’avait appelé Triss. Cela devait être son nom. Quant aux deux elfes, elle avait senti en elles une bonté et une loyauté indéfectible. Eux aussi n’étaient que des serviteurs du Roi d’Or et de la Reine d’Ambre, les deux faces invisibles et secrètes de la Grande Forêt. L’un était l’homme protecteur, aux bois de cerf et à la férocité d’ours, l’autre était la mère aimante au cœur de vigne et à la beauté des roses.
C’était trop pour la barde qui tomba sur elle-même, épuisée. Dans sa chute, elle se rattrapa in extrémiste sur un arbre, qui avait presque apparu pour la rattraper. Elle s’y agrippa de toutes ses forces et au fur et à mesure, ses pensées commencèrent à s’écouler en elle pour devenir limpides grâce aux soutiens des arbres. Le silence était revenu et la brume recommençait à se dissiper pour la musicienne. Elle savait ce qu’elle devait faire. Elle devait parler aux elfes, lui expliquer sa tâche et ensuite les aider dans les desseins de la Grande Forêt. C’était ce pour quoi elle avait été guidée grâce à la mélodie de Rhapsode, à son ancienne demeure, préservée du monde et du son. Ce n’était que la première étape de son éveil au monde. Elle devait d’abord apprendre à s’ouvrir à la forêt pour ensuite réapprendre aux elfes à faire de même, ce savoir ayant été oublié ou alors inutilisé. Cela, elle n’en savait rien. Mais le temps pressait. Ryscior ne pouvait pas l’attendre et elle devait se remettre en route.

Elle commençait à se demander si Rhapsode n’avait imaginé à l’aube de sa vie, après une vie de voyages et d’arts, que les elfes seraient capables de l’oubli et s’il n’avait pas créé ses dernières œuvres comme une clé pour l’appel à une nouvelle âme qui les guiderait. Quelques souvenirs lui revenaient par instant, par de courtes visions et peut-être qu’un jour elle comprendrait ce qu’elle vivait. Elle avait déjà vu quelquefois lors de son sommeil un elfe aux cheveux d’argent assis sur une couche lui jouer des musiques grâce aux instruments présents dans la cabane. À chaque fois, les mélodies différaient et s’imprégnaient en elle. Triss n’avait jamais essayé de les rejouer, mais en y réfléchissant, elle s’y pensait capable. Comme si petit à petit, le savoir du maitre passait à travers les songes à l’élève humaine. Seulement le temps n’était pas à la musique. Elle devait d’abord partir au cœur de la Grande Forêt, dans le foyer des elfes sylvains.
Elle prit dans la cabane ses maigres affaires qui n’étaient composées que ses vêtements et ses deux instruments, son luth et sa harpe auxquelles elle ajouta la flûte de pan. Elle savait maintenant que celle-ci lui appartenait pour l’instant, et que peut-être d’autres se joindraient à sa collection au cours du temps. Elle attacha rapidement ses cheveux et prit la peine de se regarder une dernière fois dans le miroir brisé. Elle se demanda si elle avait changé, ayant du mal à se rappeler précisément de son ancienne vie même si tout lui paraissait déjà bien plus clair par rapport au premier jour de son éveil, suite à la première fois où elle avait joué la mélodie de Rhapsode dans le village des Masques d’Acier.
Une fois dehors, elle put remarquer qu’un grand cerf l’attendait et abaissait sa tête en la voyant, comme s’il s’y inclinait face à une noble dame. Ses bois étaient gigantesques et noueux et sa taille dépassait beaucoup ses congénères. Elle s’avança vers lui sans crainte et le caressa pour lui signifier qu’il ne devait pas s’abaisser face à elle, n’étant ni une reine ni une dame. Elle monta ensuite sur son encolure et sans même qu’elle n’est à le formuler, le cerf se mit à galoper de toutes ses forces vers le foyer des elfes. La barde et l’animal ne s’arrêteraient plus avant d’arriver à destination, et la Grande Forêt leur ouvrait la voie et portait en même temps le présage de son arrivée grâce à ses serviteurs. La nature chantait et louait sa réussite.
Sam 26 Sep 2020 - 16:39
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Violet Hermia
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Conteuse sous l'étoile de Mystin
Violet Hermia

Le chemin fut moins pénible au retour qu'à l'aller. Sans doute dû au fait que premièrement, Violet ne se sentait plus abandonnée mais aussi parce qu'elle savait où elle allait. La tension était moindre également chez ses deux compagnes elfes, ce qui retira un poids au voyage. L'accueil fut en revanche un peu plus délicat. Vaelyana et Elyria durent user de toute leur autorité et réputation pour apaiser la tribu, qui accepta de croire la conteuse et de la laisser rester. Du moins pour le moment.
Ses retrouvailles avec Soline furent chaleureuses et pleines d'enthousiasme. L'elfe se proposa d'héberger l'humaine qui restait tout de même sous la garde d'Elyria, Vaelyana étant chargée de s'occuper du cas d'Elyse et de Triss et de leur retour.
À peine reposées de son voyage, les deux jeunes femmes se plongèrent dans le parchemin que l'elfe avait offert à l'humaine avant son départ. Violet expliqua à Soline que malgré tous ses efforts, elle ne connaissait pas assez l'elfique pour comprendre ce qui était écrit. Néanmoins, à l'observation du texte et de la carte, elle en avait déduit qu'il s'agissait d'un conte ou d'une légende et que la carte, représentant la Grande Forêt mais à une époque différente, retraçait le voyage narré dans l'histoire. Soline, quant à elle, lui expliqua que même avec une connaissance parfaite de la langue elfique, il était difficile de comprendre ce parchemin car il était écrit en une langue plus ancienne que celle parlée actuellement. Elle-même avait du mal à le lire, la langue ayant évolué depuis. Mais la conteuse n'avait pas tort, il s'agissait bien d'un conte et la carte, plutôt une sorte de carte au trésor.
Elles passèrent la plus grande partie de leur journée dans la pièce qui servait de bibliothèque chez Soline. Assise en tailleur à même le sol, Violet s'entourait de parchemins sur la Grand Forêt ainsi que toutes les cartes dont Soline disposait afin de dater celle qui accompagnait le conte. Ce fut un travail harassant mais o combien passionnant, au point où elle en avait des douleurs au dos et au cou à force de rester pencher sur les documents du matin au soir, relevant la tête uniquement pour boire et manger ou pour discuter avec Soline d'un point particulier. Celle-ci était entourée quant à elle de parchemins sur la langue elfique et tentait de comparer la grammaire à celle du conte afin d'y trouver des similitudes et de dégager une structure cohérente du texte.
Au bout de trois jours, elles avaient fini par faire de grandes avancées. Soline avait presque fini de traduire le texte et Violet avait réussi à recréer une chronologie des différentes cartes qu'elle avait à disposition et donc de dater le parchemin qu'elles étudiaient.
"La carte semble dater de la première génération d'elfes sur cette terre. Je l'ai comparé à une carte un peu plus large et si tu regardes bien à l'est, la forêt n'était pas aussi étendue qu'elle ne l'est aujourd'hui sur les terres des orcs." Tout en parlant, Violet mit en miroir les deux cartes et fit suivre de ses doigts les frontières de la Grande Forêt. "Si j'ai eu autant de mal à la dater c'est parce qu'elle est tronquée sur la partie nord, elle ne représente pas tout le territoire de la Forêt."
Soline hocha la tête, pensive, puis lui expliqua à son tour ce qu'elle avait réussi à traduire.
"C'est un conte à propos d'une créature étrange, dont je n'avais encore jamais vu dans aucun autre texte ni dans nos récits. La traduction la plus proche de ce que j'ai pu en tirer serait un faune, un être mi-humanoïde mi-chèvre, possédant des cornes et des sabots et un torse humain. C'est assez flou. Apparemment il aurait été une sorte de gardien du cœur de la Grande Forêt, là où sont les arbres les plus vieux, dont personne, ni humain ni elfe n'a jamais eu accès." Elles se penchèrent toutes les deux sur la carte, afin d'essayer de déterminer si la carte montrait cette partie de la Forêt ou si cela était une carte qui traçait le chemin menant à cet endroit. Mais, épuisées, elles s'endormirent toute deux.
Dim 11 Oct 2020 - 11:32
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