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[Terminé]En quête d'un avenir [PV Helvoran]
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Manuela Felicia regarda au loin sa destination. La Cité-Etat d'Harmad. Après plusieurs semaines de voyage, qui l'avaient fait passer par le désert, pour aller retrouver un port, prendre un navire qui traversait la Mer Intérieure, débarquer à Karak-Tur, puis aller de Cité-Etat en Cité-Etat jusqu'à Harmad.
A chaque étape, des vampires désertèrent. Ceux-là estimaient que c'était son attitude qui avait amené au désastre des Montagnes Noires. Ce qui faisait qu'il ne lui restait qu'une petite dizaine de vampires lorsqu'elle arriva à destination. Et le temps qu'elle arrive à l'endroit qui serait sa maison pour les temps à venir, cinq d'entre eux avaient déjà disparu. La maison qu'elle avait choisi était au milieu d'un beau quartier, et se trouvait dans un petit parc entouré par un mur. Au moment de franchir la porte dudit mur, elle regarda derrière elle. Six vampires lui étaient resté fidèles en tout pour tout. Mais à tout le moins, il lui restait ses plus précieux conseillers à l'heure actuelle. Helvoran et Arphénise.
Cette dernière lui demanda d'ailleurs comment avait-elle pu obtenir ce petit manoir.
"Des faveurs dues, d'autres sollicitées, répondit-elle."
Au vu du visage étonné que pris Arphénise, elle comprit qu'elle risquait de devoir expliquer à ses compagnons qu'ici, la politique fonctionnait différemment. Mais l'heure était pour l'instant à la visite du manoir.
On entrait dans la maison par une porte qui donnait sur un couloir, qui avait trois issues. L'une, toute sur la gauche, menait à salon pour des réceptions en petit comité, l'autre, juste en face de l'entrée, menait à une large salle pour des réceptions plus importantes. En face de l'entrée de cette dernière, au fond de la salle, une porte menait aux jardins. A droite du couloir, une porte menait à un escalier en bois, qui montait après un demi-tour au premier étage. Sur le palier de ce dernier, trois portes. Une en face de l'escalier, l'autre sur la droite, et la troisième sur la droite également, perpendiculaire à l'escalier. La porte en face menait à un couloir qui libérait l'accès à deux chambres. Une dévoilée par une porte à droite au milieu du couloir, l'autre cachée par un faux-placard tout au fond, faux-placard qui contenait une porte cachée menant à un petit salon privé jouxté par la plus grand chambre de la maison. La porte à droite de l'escalier menait à une troisième chambre, et la deuxième porte à droite ouvrait sur un autre escalier qui menait au deuxième étage. Ce dernier était composé d'un couloir qui décrivait un angle droit. Tout au long du couloir, quatre chambres bien plus petites que celles du premier. Dans l'anti-chambre de l'une de ces dernières, une échelle menait à une trappe qui faisait accéder au grenier.
Tout cela serait entretenu par une troupe de domestiques mortels qui avaient accueillis les vampires dès leur arrivée.
"Ce n'est pas aussi luxueux que le palais royal des Montagnes, dit-elle aux vampires réunis dans le salon du rez-de-chaussée, mais c'est l'endroit que nous habiterons pour les prochaines années."
Les vampires autour d'elle hochèrent la tête, attendant sans doute qu'elle enchaine.
"J'ai déjà fait savoir aux domestiques que j'habiterais la chambre cachée du premier étage, ils attendent que vous vous débrouilliez entre vous pour savoir qui prendra les autres chambres. Vos réserves de sang, pour leur part, ont déjà été prises en charge par les domestiques. Mais parlons d'autre chose. Ici, ce n'est pas les Montagnes, il nous faut un alibi pour vivre tous ensembles, sinon toute la Cité saura bien vite qui nous sommes. Officiellement donc, je suis une noble dame de Karak-Tur venue accompagner son époux qui s'est installé ici pour affaires. Helvoran, bien que cela me dégoute autant que toi, tu vas jouer ce rôle. Mais n'espère pas partager ma chambre. Nazima, Arphénise ? Vous serez nos filles. Vu que nous sommes légèrement au-dessus de la moyenne en termes de hiérarchie sociale, attendez-vous à recevoir des demandes en mariage par dizaines d'ici quelques jours. Quant à vous autres, dit-elle en regardant les trois vampires restant, vous êtes respectivement un frère d'Helvoran, et deux de ses plus proches associés. C'est tout ce qu'il y aura à savoir."
Sur ce, elle fit disposer les vampires, et rejoignit sa chambre, faisant savoir aux domestiques qu'elle aimerait que la femme qui lui servait de réserve de sang soit amenée dans son salon privé ce soir. En effet, Helvoran avait apparemment des choses à lui dire, et elle comptait en discuter dans de bonnes conditions.
Dim 7 Sep 2014 - 10:18
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Helvoran
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Je suis votre plus sombre espoir
Helvoran
Helvoran jonglait dans le grand salon avec une fiole contenant un liquide rouge sombre semblable à du sang, mais beaucoup plus liquides. A moitié vautré dans un fauteuil des plus confortables. Tout en réfléchissant encore aux paroles de Manuela.
Comme les humains s’habituent vite à leur environnement alors qu’il observait Nazima et Arphénise prendre possession des lieux avec une aisance déconcertante.
Lui pensait que si un jour il devait être tué l’enfer ressemblerait certainement à cette ville. Seul oasis pour lui dans ce désert de pierre, le parc. Et encore un parc… Une forêt pensée et arborée par des humains. Rien de comparable avec les forêts dont il avait été le gardien il y a de cela bien longtemps.  Il avait appris à être conciliant avec les humains vampires, apprendre à les côtoyer, les comprendre et finalement même éprouvé des sentiments pour certains d’entre-deux.
C’était le cas pour Nazima qu’il considérait comme une amie. Après tout n’avait-elle pas sacrifié la promesse d’un paradis offert par les dieux contre l’immortalité pour continuer à l’aider à trouver un reméde à l’état vampirique ?
Malgré quelques divergences de point de vue, Manuela restait quant à elle celle qui -outre le fait de l’avoir condamné- comme la plus bienveillante des reines pour les vampires. Tel une sorte de mère qui aime ses enfants.
Même la disparition de Kafkon affectait quelque peu Helvoran.  Le chevalier n’était-il pas partit pour défendre les terres de sa reine ? Tout comme un elfe sylvain défendrait le roi des elfes si sa forêt devait être mise en danger.
Puis il y avait Arphénise. Helvoran n’aurait jamais dû la connaitre s’il n’avait pas été vampirisé. Et c’est la seule chose qu’il trouvait de positif dans le fait d’être un vampire. Avoir pu la rencontrer. Il en venait même à se demander s’il n’avait pas plutôt suivi Manuela parce que, Arphénise l’accompagnait…
Ce fut la nécromancienne qui le tira de ses pensées en entrant dans le salon et en lui tendant un costume. A la vue de celui-ci Helvoran haussa les épaules et précisa qu’il ne s’abaisserait pas à porter ces tenues inconfortables que les riches humains des villes prenaient plaisir à porter et à se pavaner avec.
Alors Arphénise se pencha vers l’elfe le regard plein de tristesse. Il connaissait se regard et déjà il remettait en question le fait de ne pas porter cette tenue.
« -Elle t’ira très bien et ne te gênera pas. »
La main d’Arphénise caressa la joue d’Helvoran amenant l’oreille de l’elfe au plus près de sa bouche.
« - Je te l’ai fait faire sur mesure. »
Helvoran rejeta la tête en arrière et sourit s’avouant une nouvelles fois vaincu aux demandes d’Arphénise. 
« - C’est d’accord. »
Après tout elle était la mieux placée pour connaitre les mensurations de l’alchimiste. Helvoran alla se changer et revint vers Arphénise tout en ignorant les moqueries de Nazima qui pouffa de rire en le voyant dans cette tenue. C’était un ensemble noir comme la nuit qui donnait une élégance rare à l’elfe. Une tenue parfaite pour le rôle de père de famille que Manuela lui avait imposé. Bien qu’un peu décontenancé il reconnut bien vite qu’Arphénise avait raison. Cette tenue ne le gênait absolument pas dans ses mouvements.
« - Alors ? Cela donne quoi ? » Demanda l’elfe à la nécromancienne.
« -Parfait ! » S’exclama Arphénise dont le sourire dévoilait ses canines. Elle enchaîna les compliments jusqu’à arriver tout près de l’elfe
La nécromancienne réajusta le col de la chemise aussi rouge que les reflets dans les cheveux de la nécromancienne. Aussi rouge que ses lèvres qui se tenaient si proche de celle d’Helvoran. Il essaya d’attirer Aphénise encore plus près de lui. Mais ce fut elle qui vint se coller à lui.
Tous les deux savaient comment ce petit jeu allait finir. Helvoran se laissait volontiers emporter par Arphénise dans ses moments. Malheureusement, ce n’était pas la priorité du jour. A regret Helvoran repoussa Arphénise.
« -Pas maintenant. »
Le regard de la nécromancienne se changea en brasier. Elle détestait qu’il lui résiste. Il réussit à échapper à sa colère en lui promettant qu’il choisirait la chambre voisine à la sienne et en prétextant qu’il serait dommage de réduire en lambeau son nouveau costume.
Helvoran quitta la pièce à son grand regret. Il resta un moment à observer les domestiques qui s’affairaient à emménager les affaires des uns et des autres. Songeant à ce qui arriverait si Arphénise devait un jour mourir pour de bon. Il préfèrerait encore brûler en enfer avec elle plutôt que de chercher à rejoindre ses anciens frères chez Canërgen.
C’est comme cela que se manifestait la folie vampirique chez Helvoran. Vivre éternellement aux côtés d’Arphénise ou se soigner et rejoindre enfin les siens. Peut-être même la soigner elle et enfin vivre paisiblement le temps que la vie leurs offrirait. Puis après rejoindre ensemble l’un des paradis que Canërgen pouvait offrir à ceux qui s’aiment.
L’un des domestique vint lui signifier que Manuela l’attendait afin de discuter autour d’un dîner d’affaire.
Un dîner… Il n’aimait pas les dîners. Ou pour être plus précis il n’aimait pas se nourrir en présence des autres vampires. Il demanda à ce qu’on lui amène cette Cinder dont il avait épargné la vie.
Nazima avait tracé tellement de runes sur les chaînes qui l’a retenait prisonnière que le simple fait d’essayer de s’en débarrassé aurait réduit en bouillie cette Cinder.
Il ne ménagea pas cette elfe noire lorsqu’il vint à la mordre pour se nourrir. Alors qu’il la quittait il se demanda pourquoi même les elfes noirs voulaient la perte des vampires. Si même les dieux du chaos voulaient en finir avec les vampires la situation était alarmante.
Il rejoignit Manuela Celle-ci fut plutôt étonner de le voir arriver dans un costume d’humain. Il refusa de se nourrir devant Manuela prétextant qu’il venait de le faire un peu auparavant.  Prenant la fiole qu’il avait conservé il la déposa sur la table avant de s’assoir en face de Manuela.
« - Ceci est le résultat de mes recherche pour soigner le vampirisme. » Dit-il sans détour.
« - Cela ne change rien au fait que je reste un vampire cependant cela m’évite de me croire supérieur aux dieux et de connaitre des déconvenues comme celles que tu viens de subir. Je parle de la perte de ton royaume. Je vais jouer le bon père de famille dans cette horrible ville. Je serais médecin de nuit. »
Quoi de plus logique. La nuit le travail ne manquerai pas pour un médecin dans la ville qui fait de la poudre à canon et des armes à feu une fierté. Puis cela justifierait le fait qu’il se repose la journée.
« -Si tu veux de cette potion, je peux en produire. Cela évitera peut-être de faire des erreurs de jugements que ton ambition dévorante de dicte. Il va falloir que nous travaillions de concert pour ne pas subir le sort de ceux qui sont tombés dans les montagnes. Le noble humain que j’ai sauvé de la purge ordonner par les autres ferait un bon majordome. Pour ce qui est de l’état de nos finances, j’ai déjà pris la liberté de faire ramener de l’or d’une de mes cachettes pour subvenir au bon fonctionnement de cette demeure. »
 Helvoran claqua des doigts et ceux qui devaient se faire passer pour ses assistant amenèrent une caisse en bois qui n’aurait pas pu être soulever par pas moins d’une vingtaine d’humain.
« -Reste une ombre au tableau. » Continua Helvoran.
« -L’elfe noire. Elle voulait ta mort tout comme les autres. Voir même plus encore. Les runes de Nazima la retienne prisonnière. Et je suis bien placé pour savoir que si elle tente de s’échapper, même moi, je ne pourrais pas retrouver le moindre bout de chair fondue de son corps. Cependant, je te laisse le choix de savoir ce que tu veux en faire. Mais je ne serais pas tout le temps là pour te sauver. »
 Helvoran attendit patiemment que Manuela lui réponde.
Dim 21 Sep 2014 - 11:08
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Dargor
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Le Maitre de l'Intrigue
Dargor
Manuela écouta le discours d’Helvoran d’un bout à l’autre, sans intervenir, tenant dans ses mains l’amazone sur laquelle elle avait bu peu avant.
A la fin du discours, elle signe aux assistants d’Helvoran de quitter la pièce, et se leva tranquillement, tenant toujours fermement la jeune femme, pour ouvrir la caisse, et en découvrir le contenu.
« De quoi régler tes faveurs sollicitées, dit Helvoran, quand Manuela put voir tout l’or que contenait la caisse. Il vaut toujours mieux régler rapidement ses dettes.
-Cela me sera bien utile, je t’en remercie. Et je confirme, dans les Cités-Etats, faire trainer une dette est la pire chose qui puisse t’arriver. »
Elle se rassit, maintenant toujours fermement l’amazone, lui tordant même le bras afin de l’empêcher de se débattre.
« Maintenant, concernant ce que tu m’as dit. Tu vas pouvoir, Helvoran, être fier et te vanter d’être l’une des rares personnes en vie de ce monde à m’avoir obligée à dire la vérité, toute la vérité, et rien que la vérité. Le programme est donc plutôt chargé, je ne te le cache pas. »

« Pour ce qui est de mon ambition dévorante… Je suis ainsi Helvoran. Les vampires sont ainsi. Tu es sans doute le seul vampire que je connaisse à ne pas avoir cette envie de tout posséder, cette impression de légitimité à prendre ce qui ne t’appartient pas. J’accepterais peut-être cette fiole, si tu arrives à me convaincre que tu ne cherches pas à m’empoisonner. Mais quant à ne pas chercher à dominer les humains… J’ai fait des erreurs, j’en suis consciente, mais regarde. »
D’un geste, elle cassa net le bras qu’elle tordait depuis quelques instants, arrachant un cri de douleur à l’amazone. De l’autre main, elle saisit sa tête, et la tira en arrière, menaçant de briser la nuque de sa victime.
« Que peut-elle faire pour se défendre ? Rien. Elle essaye encore, car elle a été capturée trop récemment pour vraiment comprendre à quel point ne peut-elle rien contre nous. Dans quelques mois, lorsque je voudrais la mordre, elle me présentera spontanément son cou au lieu de chercher à se débattre. C’est là une humaine, Helvoran. Prends les humains en groupe, ce sont des tueurs. Prends-les individuellement, même les gobelins sont plus aptes qu’eux à se défendre. Et pourtant, les hommes cherchent par tous les moyens à s’élever. Je ne fais que jouer leur jeu Helvoran. Et quelle légitimité ont les dieux à m’en empêcher ? Aucune. Ma simple existence est une insulte à leurs yeux, disent les prêtres. Et pourtant, ils ne m’ont pas foudroyée. Pourquoi ne font-ils rien pour m’empêcher de vivre ? Pourquoi agissent-ils par l’intermédiaire d’élus divins, que je suis apte à mettre en pièces quand je le souhaite ? Je vais te le dire. Parce que les dieux nous ont abandonné ce monde. Et cela signifie bien une chose. Je ne suis pas maudite Helvoran. Le vampirisme n’est pas une maladie, ni une malédiction d’aucune sorte. C’est une bénédiction. Une chance qui m’est donnée d’être supérieure à tous ces humains. Je ne compte pas gaspiller cette chance. Tu vois cette amazone, que je pourrais tuer maintenant si je le souhaitais ? Son nom est Arsinoë. Parmi les siennes, c’était une reine. Regarde-la à présent. Toute juste bonne à gémir de douleur, à se faire sucer le sang, et à se demander maintenant si je compte la tuer ou non, si je la torturerais avant ou non. Moi, celle que tous considèrent comme maudite, je suis supérieure à une reine. Donc non Helvoran, je ne renoncerais pas à mes projets.
Tu crains sans doute que je ne mène tous les vampires à notre perte. Et il est vrai que chaque projet mène à de fâcheux dégâts.  Prends Arphénise par exemple. Depuis quelques années, son comportement à mon égard change. Elle me regarde de plus en plus avec envie. Aujourd’hui, maintenant que j’ai échoué dans les Montagnes, elle me croit en position de faiblesse. Si elle frappe, je me défendrais. L’une de nous deux le payera de sa vie, et ce ne sera pas moi. J’aimerais vraiment qu’elle se contienne, mais si elle n’y parvient pas, elle court droit à sa perte. Je n’ai pas survécu trois millénaires sans être capable de voir clair dans ce genre de petits jeux. Je sais qu’elle est ton amante. Je suppose qu’après cela, tu feras des efforts pour la contenir. Je l’espère, car une nécromancienne de ce talent est un atout majeur. »

« Ou du moins le sera-t-elle dans un futur proche, ajouta Manuela. Quant à ton noble, je n’ai tout de même pas envie d’en faire un majordome. L’actuel est à mes pieds, et cela me convient parfaitement. Pourquoi j’ajoute cela maintenant ? Parce que tout cela est prévu Helvoran. Je dois avouer que la débâcle des Montagnes m’a prise par surprise, je pensais vraiment gagner cette bataille. Mais crois-tu que j’ai choisi cette cité par hasard ? Tout était prévu Helvoran. T’ai-je jamais dit ce que je faisais avant d’être transformée ? J’étais une prêtresse. Une prêtresse de Finil. Et même si Finil m’a retiré sa bénédiction depuis bien longtemps, je sais toujours lire l’avenir. Oh, je ne suis plus aussi douée que les prêtres. Finil, ingrate qu’elle est, a récompensé une vie de servitude et de dévotion par l’indifférence la plus glaciale quant aux prières que je lui adressais après avoir été transformée. Nous avons tous eu cette période où nous avons eu du mal à admettre notre transformation. J’ai fini par me remettre de la mienne quand j’ai réalisé à quel point ma vie précédente n’avait été qu’une farce. Servante de Finil pendant de longs tours, il a suffi d’un malheur pour que ma déesse m’abandonne. J’ai réalisé cela au beau milieu d’une prière que je lui adressais. Et alors, au lieu de poursuivre la prière, j’ai éclaté de rire. Mais passons. Ceci, c’est ma vie, et elle ne te regarde pas. J’ai acquis la capacité à lire l’avenir dans les conflits politiques. Comment crois-tu que j’ai pu avoir des faveurs ici alors que depuis des siècles je vis à l’autre bout du monde ? Crois-tu qu’à chaque fois que je restais des heures, parfois des journées entières, dans ma chambre, Kafkon était avec moi ? Dans ces moments-là, il était généralement occupé à aller entrainer ses soldats. Non. Je passais mon temps à entretenir un réseau d’espions, de renseignements en tous genres. Dortan Giger m’a pris les Montagnes. Qu’il les garde, ce n’est pas mon problème. Mon Empire ne s’y trouvait pas. Mon empire se situe à travers tous les petits oiseaux que j’ai dans les cours royales du monde. Et ces petits oiseaux m’ont parlé de changements à venir dans cette région où nous sommes à présent. Il va y avoir des guerres, Helvoran. Et celui qui saura tirer son épingle du jeu de ces guerres possèdera probablement plusieurs Cités-Etats entières. Il en sera l’unique dirigeant. Et même si c’est une vampire, moi en l’occurrence, qui se trouve à leur tête, tous les Dortan Giger du monde ne pourront plus rien y faire. »

« Je lis dans tes yeux une certaine inquiétude. Et il est vrai que les jours de repos dans les Montagnes sont terminés. Tu as des raisons d’être inquiet. Tu es libre de me croire folle Helvoran, mais si je réussis, nous aurons plus de pouvoir que ce nous n’avions jamais eu auparavant, et nous serons à l’abri. Si j’échoue ? Si j’échoue, tu seras libre de me tuer, si tant est qu’Arphénise ne l’ai pas fait avant. Mais je sais que je n’échouerais pas. J’ai joué à ce jeu pendant des siècles, et je prépare mes cartes pour cette partie depuis des années. Depuis que je sais ce qui se prépare ici, j’ai joué pour placer des agents en ces lieux. Cette maison, je l’avais repéré dès le début. J’y ai grandi étant enfant. Oui tu as bien entendu, les pierres qui nous entourent sont plus anciennes que nous deux. Je me suis assurée qu’elle soit préparée pour y envoyer un agent depuis longtemps. Tu me crois si je te dis que je prévoyais de toute façon de t’envoyer dès que nous aurions vaincu Dortan ici ? Tu y aurais été seul, ou avec Nazima si tu l’avais souhaité, m’y représenter. Mais nous y sommes tous allés finalement. Au moins aurais-je un meilleur contrôle des évènements. Tu auras moins de travail à faire, à part des missions que je te confierais. Médecin ? Tu n’aurais pas pu choisir meilleure carrière. Fais-toi une clientèle riche et fortunée de préférence, et avec mon talent de politicienne et de comploteuse d’élite, nous serons très vite les maîtres de la ville.
Crois-moi, en trois millénaires, son fonctionnement n’a pas changé. »

« A présent, pour ce qui concerne ton elfette noire, je me pose des questions moi aussi. Il me paraissait impossible qu’elle ait agi de sa propre initiative. Tu te souviens quand je t’ai dit que j’étais une ancienne servante de Finil ? Même si elle m’a abandonné, j’ai gardé quelques moyens de lire dans l’avenir. Je cherche une raison pour laquelle je serais une menace pour les elfes noirs, ou s’il y a quelqu’un parmi nous qui en serait une. Mais ce n’est pas si simple. Je ne suis pas une aussi bonne augure qu’un vrai prêtre ou une vraie prêtresse de Finil, et il semblerait, d’après ce que j’ai découvert, que la tentative de cette magicienne est pour origine une personne très haut placée dans leur société, leur reine peut-être. Et celle-ci a une augure de talent avec elle, une augure qui brouille les pistes en parcourant fréquemment les fils du destin.  Il me faudra du temps pour tout reconstituer, et je compte le prendre. Fouiller dans les secrets de la reine des elfes noirs est un passe-temps des plus dangereux, et je serais prudente.
Quant à cette tueuse, tu peux en faire ce que tu veux. Je pense être capable de la vaincre si elle s’évade, mais je suis rassurée de savoir que cela n’arrivera pas. Pour le reste, elle t’appartient.
J’ai découvert par hasard, au passage, en parcourant les fils de l’avenir, quelque chose qui m’a intrigué. Kafkon est vivant, et il s’est déjà installé, à l’heure qu’il est, en Euplemio. J’ignore ce qu’il compte y faire, mais méfie-toi quand tu sors seul la nuit Helvoran. Je lui avais dit où me trouver en cas d’urgence. S’il n’est pas venu ici, c’est qu’il faut désormais nous attacher à le considérer comme une menace potentielle. Cela m’attriste, mais il nous faut prendre le monde comme il est. »

Manuela se tut sur cette dernière déclaration. Elle regardait Helvoran, qui semblait accuser le choc de tout ce qui lui avait été dit. Et elle comprenait. Il était rarissime qu’elle-même se livre à de telles confessions, et encore plus qu’elle dévoile aussi ouvertement tous ses plans d’avenir. Elle regarda la fiole sur la table. Elle boirait, si Helvoran arrivait à la convaincre que ce n’était pas du poison. Car même si elle avait encore quelques facultés à lire l’avenir, ce n’était qu’au prix d’une grande concentration, et la fiole étant désormais faite, elle savait qu’il lui serait impossible de déterminer ce qui avait été mis dedans avec précision.
Mais quoi qu’il en soit, Helvoran avait à présent intérêt à se montrer fin politicien. Ce plan qu’elle lui avait décrit, il reposait en très grande partie sur ses épaules à lui. Même si elle se chargerait de déterminer l’objectif de ses actions, et de lui confier de fréquentes missions, au final, il était sa pièce maitresse dans cette affaire.
Elle repensa à l’avenir. C’était la première fois qu’elle avait parlé de Finil à quelqu’un. Finil… Comme elle haïssait à présent la déesse qu’elle avait auparavant adorée ! Elle était sa raison première de détester les dieux. Vivante, elle l’avait prise pour une guide, une femme d’une sagesse infinie qui la mènerait vers quelque chose de meilleur. Quand elle s’était relevée de la tombe, elle avait cru que Finil l’accueillerait. Mais le silence qui avait était la seule réponse à ses prières avait choqué Manuela, et fait d’elle ce qu’elle était aujourd’hui.

Arsinoë avait la main sur son bras endolori. Bien qu’elle parle leur langue, elle n’avait rien compris au dialogue que ces deux maudites sangsues avaient entretenu. Mis à part le passage la concernant. Elle pestait intérieurement. Un jour, elle planterait sa lance dans le cœur de cette femme monstrueuse, et ce jour-là, elle aurait sa vengeance pour tout ce qu’elle subissait depuis plusieurs semaines.
C’est à cet instant qu’elle senti la sangsue la saisir à nouveau.
« Tu auras peut-être envie de boire un peu avant de me répondre, ça te ferait du bien, dit Manuela. »
Puis Arsinoë se sentit être soulevée du sol pour être lancée aux pieds de l’autre sangsue, par-dessus la caisse. A peine atterrie, elle tenta déjà de se relever pour s’échapper, quand elle remarqua les oreilles de la sangsue mâle. Alors, toute la haine qu’elle éprouvait se transforma en un mélange de terreur et d’incompréhension.
« Envoyé des dieux, murmura-t-elle… Pourquoi ? »
Elle se sentit chuter vers le sol, qui l’appelait, et l’appelait encore. Et tandis que sa chute s’achevait et que les ténèbres l’entouraient, elle entendit la sangsue femelle rire.
« Fais-tu toujours cette effet-là aux femmes la première fois qu’elles pensent que tu vas les mordre Helvoran ? »
Dim 21 Sep 2014 - 14:51
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Helvoran
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Helvoran
Si Manuela avait commencé par lui dire tout ça il y a près de deux milles tours auparavant peut-être son existence en tant que vampire aurait été complétement différente.
Helvoran n’aurait pas imaginé un seul instant que Manuela ai pu regretter d’être un vampire à une époque. Comme pour le réveiller de ses pensées Manuela lui balança  l’amazone en lui proposant de se nourrir d’elle.
« Envoyé des dieux… Pourquoi ? »
Helvoran haussa les sourcils en observant cette dénommée Arsinöé sombrer dans l’inconscience.
« Fais-tu toujours cet effet-là aux femmes la première fois qu’elles pensent que tu vas les mordre Helvoran ? » Lui demanda Manuela en éclatant de rire.
Il n’aimait pas se nourrir devant les autres. Toujours ce sentiment de honte qui l’habitait lorsqu’il devait le faire. La plupart du temps même ses victimes ne s’en apercevaient même pas qu’il se nourrissait d’elles à leur insu.
Pour ce qui était de Kafkon, il ne s’en souciait pas vraiment. Avant que ce lourdaud en armure arrive à attraper un elfe sylvain vampire, il se passerait encore bien des siècles.
Helvoran refusa poliment la proposition de Manuela.
« -Eh bien, je ne m’attendais vraiment pas a autant de révélations de ta part. Je vais mettre de côté mes recherches pour l’instant. Arphénise ne devrait pas te causer de soucis. Et pour répondre à ce qu’il y a dans ce flacon, sache que c’est peut-être la solution pour freiner ses ambitions de prendre ta place.
Nazima en prend régulièrement. Sauf dernièrement. Tu as bien du remarqué qu’elle était bien trop occupé ses dernier temps pour penser à  en boire. Sa réaction excessive d’ambition envers les pharaons en est la preuve. »
Helvoran sortit une fiole vide et transvasa la moitié du liquide dans celle-ci et la bu d’un trait.
« -Voilà qui devrait te rassurer sur une éventuelle possibilité d’empoisonnement. Mais fait attention ça pique légèrement la gorge. Ceci est dû à la présence d’une quantité infime d’argent que j’ai légèrement modifié. Rien de mortel pour nous. La majeure partie du breuvage et composé de sang.
Du sang de chauve-souris. Je me suis longtemps pencher sur le pourquoi Pour ce qui est des effets secondaires, ils devraient te plaire. »
La peau blême d’Helvoran commença à prendre une teinte de plus en plus proche de celle d’un être vivant. Ses canines se mirent à rétrécir à vue d’œil.
« - Cela ne modifie que très légèrement ce que tu appels un don. Mais reprendre une apparence plus vivante peut être utile pour côtoyer plus facilement les… enfin ceux qui sont assez fous pour vivre dans une ville comme celle-là. »
Helvoran regarda à nouveau Arsinoë tout en se rappelant au bon souvenir d’une partie de sa vie où il avait vécu parmi les elfes de la jungle.
« -Veux-tu que je te la soigne ? »
Mer 1 Oct 2014 - 6:52
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Dargor
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Dargor
Manuela ne fut pas surprise de voir qu’Helvoran ne toucha pas à l’amazone. Elle ne l’avait jamais vu se nourrir depuis plusieurs siècles, et soupçonnait bien qu’il ait encore, malgré son ancienneté parmi les vampires, une certaine gêne à l’idée de se nourrir au vu et au su d’autres personnes, fut-ce des personnes en lesquelles il savait parfaitement pouvoir avoir confiance. Après tout, elle était Manuela Felicia. Elle n’avait tout simplement aucun intérêt à dévoiler son secret à la face du monde. Sinon, bien entendu qu’elle serait repérée elle aussi. Et ça, elle n’en voulait certainement pas. Mais tout de même, il faudrait qu’il s’habitue à l’idée de se nourrir en public si elle devait recevoir les vampires d’un autre clan, parmi ceux qui allaient inévitablement se former grâce aux déserteurs tels que Kafkon. Elle en toucherait deux mots à Arphénise. Si elle gardait encore une autorité suffisante sur la nécromancienne, il faudrait que cette dernière apprenne à son amant à faire des sacrifices, comme celui-ci.
Puis elle l’écouta, réfléchissant au fur et à mesure à ce qu’elle allait lui répondre. A mesure qu’il lui révélait ses travaux, une pensée horrible naquit dans son esprit. Helvoran n’essayait tout de même pas de redevenir un elfe par hasard ? Il allait falloir très vite mettre les choses au point sur ce plan là. Elle, pour sa part, n’avait aucune envie de redevenir humaine. Et elle n’avait pas l’intention de perdre ses serviteurs.

« Veux-tu que je la soigne ?
-La soigner ? demanda-t-elle en regardant Arsinoë. Mais la soigner de quoi exactement ? Elle n’a rien de plus qu’une grosse frayeur. C’est même plutôt bénéfique dirais-je. Peut-être qu’ainsi elle cessera de me causer des ennuis à essayer sans cesse de s’échapper de sa cellule. Et si tu parles de son bras … Bah, que les dieux nous gardent ! Si ses os ne se remettent pas correctement en place, elle ne pourra plus jamais manier correctement sa lance ! Non Helvoran, ça ne sert à rien de la soigner, vraiment. Ne gaspille pas inutilement ton talent à ça, elle n’en vaut pas la peine. »

Elle se pencha ensuite sur la potion et la saisit entre ses doigts, l’examinant un peu à la lumière de la lampe qui brûlait dans la pièce.

« Dis-moi Helvoran, un horrible doute m’a saisi pendant que tu parlais. Est-ce que par hasard tu n’essayerais pas de trouver un remède au vampirisme ? A t’entendre parler, avec tes « freiner les ambitions », « ce que tu appelles une bénédiction »… C’est un problème inhérent au vampirisme, et tu le sais. Il m’importe peu de savoir si tu y échappes réellement ou pourquoi, mais sache ceci Helvoran. Si j’ai été malheureuse d’être une vampire à une époque, et si j’ai prié Finil de me délivrer de ce cauchemar, ce temps est révolu depuis des millénaires. Aujourd’hui, redevenir humaine serait un cauchemar, et si Finil se trouvait en face de moi, crois bien que je prendrais une statue à son effigie pour voir qui de son crâne ou de ladite statue cèdera en premier. Est-ce clair ?
« Ensuite, ajouta-t-elle avant qu’Helvoran n’ait eu le temps de lui répondre, j’aimerais tout de même, quoique ce soit une bonne idée, que tu ne dépendes pas totalement de ces potions pour aller parmi les citoyens de la Cité, car c’est ainsi que tu devras t’attacher à les appeler, Helvoran. Si jamais l’effet de la potion venait à t’abandonner pour une raison ou une autre, je ne veux pas que tu aies des ennuis. J’ai toujours su dissimuler mes crocs à leurs yeux, je peux continuer à le faire. Tu dois apprendre à te débrouiller sans la magie, de temps en temps Helvoran. Car viendra un jour où tu ne pourras plus compter sur elle. Et j’aimerais savoir ce que tu feras ce jour-là si tu n’as pas appris avant. »
Elle se rendit compte qu’involontairement, elle avait haussé la voix.
« Arf… Excuse-moi de m’être emportée sur la fin Helvoran. Mais tu dois comprendre que l’absence de véritable guerrier parmi nous m’angoisse. Kafkon était un imbécile, certes, mais il y avait de nombreux avantages à sa présence. Et savoir que je pouvais compter sur au moins une personne qui sache toutes les méthodes du combat sur le bout des doigts… Peut-être que je vampiriserais cette amazone un jour. A moins qu’un candidat plus apte qu’elle ne se présente, ici, il n’y a qu’à se baisser pour en ramasser.
« Toujours est-il que tu veux te cacher, je t’en félicite. Je t’avertis cependant Helvoran, que tu auras affaire à des gens qui sauront ce que tu es. Penses-tu vraiment que mes contacts ici ignoraient avoir affaire à la reine des Montagnes Noires ? Bon, il est vrai que j’ai tout fait pour dissimuler cela, aussi je garde espoir qu’un grand nombre d’entre eux l’ignorent effectivement. Mais je sais qu’au moins celui qui nous a fourni cette maison sait ce que nous sommes. Cela en fait déjà un, il pourra y en avoir plusieurs.
« En parlant de ça. Tu connais la déesse Simialle, je suppose. Connais-tu les Poignards d’Argent ? Il s’agit d’une organisation, comme ils se désignent eux-mêmes, bien que dans les faits il s’agisse plutôt d’alliances temporaires entre politiciens. Ces derniers peuvent être des commerçants, des soldats, ou quoi que ce soit d’autre. Ils sont unis par un désir commun : monter dans la hiérarchie. Toute la ville est dédiée à Simialle, sache-le. Tous les habitants, du simple mendiant au membre du conseil de direction de la ville, souhaitent avoir toujours plus de pouvoir. Il faudra que tu prennes cela en compte quand tu te promèneras dans les rues. Car je souhaite moi aussi plus de pouvoir. Je me ferais des alliés bien sûr, mais aussi des ennemis. Pour en revenir aux Poignards d’Argent, surtout s’ils tu as l’impression qu’un membre de l’organisation t’approche, préviens-moi. Même si je respecte l’ambition, ces gens-là sont des fanatiques prêts à tout. Je préfère avoir le moins de rapports possibles avec eux. Nous en aurons, n’en doute pas, mais ils sont aussi peu fiables que des elfes noirs…
« Enfin, dernière chose. Et là Helvoran, ce n’est pas négociable. Je veux que tu m’obéisses dans cette ville. Tu es peut-être un elfe sylvain vampire, peut-être es-tu millénaire, mais crois-moi les citoyens de la Cité sont des gens qui jouent à un tout autre jeu. S’ils veulent te supprimer, ils en ont les moyens, crois-moi. Et ce n’est pas ton état, ni tes pouvoirs qui les en empêcheront. Il en va de même pour moi, pour Arphénise, pour Nazima, et pour tous les autres. Si je te demande de m’obéir, c’est pour ton propre bien. Je sais mieux que toi comment éviter de m’attirer leurs foudres, il faudra donc m’écouter. Est-ce clair ? »
Mer 1 Oct 2014 - 12:49
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Helvoran
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Helvoran se leva et se dirigea vers la fenêtre. Son regard embrassa la cité. Il n’aimait pas les grandes villes. Il n’avait jamais compris ce qui poussait les humains à s’agglutiner ainsi.

Manuela s’était un peu emporter. Quoi de plus normal. Ce faire chasser de la sorte de son trône. Plus que jamais, ils allaient tous devoir se protéger les uns et les autres.
« - Bien entendu que je cherche un remède au vampirisme. Pouvoir retourner parmi les miens dans la grande forêt sans en être chassé serait une chose merveilleuse.
J’observe le monde et ce que je vois me plaît de moins en moins. Comment des divinités comme Elÿe ou Cerumnos peuvent-ils élire des humains pour les représenter ? C’est une pure aberration pour moi.
-As-tu entendue comment cette amazone m’a appelé ? Envoyé des dieux. Les elfes sont bien supérieurs aux humains. Je n’ai jamais eu l’ambition que tu as tout simplement parce que naître, vivre et mourir est ce qu’il y a de plus normal pour un elfe sylvain.
 En ce qui me concerne, il en est de même pour l’ambition. Les elfes ont un roi ou une reine qui aime profondément son peuple. Pas une seconde il me viendrait à l’idée de chercher à m’emparer de sa place. Récupérer la mienne sera déjà une grande chose.
Lorsque je parcours les forêts, j’arrive même à me cacher de mes anciens congénères et ils n’ont même pas conscience que je suis là tout près d’eux.
 Tu me parles des poignards d’argent et de Simialle ? Regarde cette ville, c’est une jungle. Mais je dois bien avoué que tu y es certainement plus à l’aise que moi.
Alors oui, je vais t’écouter, je vais même t’aider. Pour ce qui est de faire des efforts, il va falloir que chacun de nous en fassent c’est inévitable. »

Helvoran revint à sa place.
« - Alors ? Par quoi commences-t-on ? »
Sam 4 Oct 2014 - 21:58
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Dargor
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Manuela n’aimait vraiment pas ce qu’Helvoran venait de lui dire. Redevenir un elfe ? Parcourir les bois ? Quelle était cette histoire ? Et voilà qu’il se réaffirmait à son service, après lui avoir explicitement annoncé son envie de la trahir pour retourner vivre une vie de mortel !

« Et si tu redeviens elfe, Helvoran, cela rachètera-t-il ton âme aux yeux des dieux ? Tu n’as aucune idée de leur puissance, ni de leur étroitesse d’esprit ! Lorsque tu mourras, tu ne pourras t’en prendre qu’à toi-même si es envoyé en enfer. Et là, les démons seront des maitres biens moins aimables que moi, et tu le sais ! »

Elle prit la fiole de potion, ouvrit la fenêtre et d’un geste d’humeur la lança. Elle sourit en entendant un bruit de verre brisé après quelques instants de silence. Elle se calma un peu à cet instant.

« Je suis désolée Helvoran, mais si tu redeviens un elfe, tu ne m’emmèneras pas en enfer avec toi. Ni moi, ni aucun de mes serviteurs. J’ai fait un choix de vie, et je m’y tiendrais. Tu te demandes comment des dieux comme Elye et Cerumnos peuvent choisir leurs élus parmi les humains ? Mais je vais te le dire mon ami. Parce que le temps des elfes est terminé. Malgré les guerres, malgré les épidémies, mais les meurtres incessants, à chaque tour de la roue des saisons, les humains sont toujours plus nombreux. Et toujours mieux armés. Tu vois ces nuages noirs au-dessus de la cité ? Ils sont causés par la fumée des fonderies de canons, qui fonctionnent jour et nuit. En hiver, même la neige qui tombe est noire. Tu peux détester cette ville autant que tu le veux, Helvoran, mais elle est l’avenir de Ryscior. Car un jour viendra où les humains termineront de conquérir les territoires qui ne leur appartiennent pas encore.
« Tu veux redevenir un elfe ? Soit. Mais je vais peut-être te faire une proposition plus intéressante encore. Je peux te proposer de stopper l’extension de la race des hommes. Bien sûr, ils ne rendront pas les terres qu’ils ont déjà prises. Mais avec un elfe pour être, du moins théoriquement, l’époux de leur reine à tous, ils cesseraient d’abattre les forêts, si tu m’y aidais… Je te propose de faire un travail au moins équivalent à celui de ton roi, Helvoran. »

Elle lui saisit le menton d’une main, et le regarda dans les yeux. Elle sentit qu’un sourire se peignait sur son visage, et ne prit pas la peine de le chasser. Ce n’était pas le moment de lui faire croire qu’elle souhaitait se maitriser, il pourrait croire qu’elle jouait encore la politicienne.

« Tu comprends, l’intérêt qu’il y a à vivre parmi les humains ? Bientôt, c’est moi qui aurais le vrai pouvoir, Helvoran. Elye, Cerumnos, Finil, Canërgen, Simialle et tous les autres ? Bah, ils ne font rien contre nous. Et lorsqu’ils se réveilleront enfin, il sera bien trop tard… Les liches sont mortes Helvoran. Les dragons dorment dans leurs cavernes. Les dieux ne passent plus que par des intermédiaires incapables de m’arrêter. Je suis l’être le plus puissant de ce monde. Je connais des sorts que personne d’autre ne connait, pas même Arphénise, et je n’hésiterais pas à les utiliser. Je sais comment prendre le pouvoir parmi les humains. Et je le prendrais. Quand je l’aurais, ceux qui m’auront aidé seront bien récompensés. Les traitres comme Kafkon, en revanche, prieront pour que je mette fin à leurs jours. Et les humains ? Ils se soumettront à moi, de leur plein gré. Les quelques poches de résistance seront broyées par des généraux bien vivant menant des troupes bien vivantes. Mais mon cœur ne battra pas, comme il le fait depuis trois millénaires.
« Tu affirmes être dans mon camp ? Soit, je te crois. Et tu me demandes par quoi nous commencerons ? Eh bien pour ta part, tu vas commencer, si tu es raisonnable, par renoncer à ton projet insensé. Je n’essayerais pas de t’en empêcher. Mais, comment dire … Vois-tu cette faible femme évanouie à nos pieds ? Bientôt, sa race entière aura disparu, car les humains abattent les arbres de la Jungle. Je sais qu’il y a des elfes là-bas. Je pourrais tout aussi bien favoriser ces colons si un elfe me trahissait…
« Nous y voilà, je t’ai explicitement menacé. Je t’ai promis l’enfer si tu me trahissais, et le pouvoir si tu me suivais. Chantage et corruption à la fois. Les deux forment un cocktail mortel pour  tout être normalement constitué. Mais toi, tu n’en auras rien à faire, je le sais déjà… Tu vas rester obstiné, n’est-ce pas ? J’espère au moins t’avoir donné matière à réfléchir. »

Elle se dirigea vers la porte de sa chambre, gardant aux lèvres son sourire, et l’ouvrit tranquillement.

« Tiens, les serviteurs doivent s’en être allés ou avoir commencé à vaquer à leurs occupations. Veux-tu bien ramener cette amazone dans sa cellule s’il te plait ? Et une fois que ce sera fait, prends-donc une journée de repos. Le soleil est fraichement levé, et lorsqu’il se couchera commencera ton travail de médecin. Je me suis moi-même assuré qu’une poignée de médecins réputés parmi la haute-société disparaisse, tu auras de bonnes occasions dans les temps à venir. »

Bien qu’elle lui tourne désormais le dos, elle pouvait sentir le poids de son regard.

« Quelque chose à ajouter ? demanda-t-elle. »
Lun 6 Oct 2014 - 14:38
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Helvoran
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L’enfer. Peut-être il y avait plus de chance de l’éviter en mourant comme un elfe que comme un vampire. Cela Helvoran le garda pour lui. La réaction et le discours de Manuela lui fit tirer la triste conclusion qu’il n’arriverait pas à raisonner la reine quoi qu’il fasse.
Néanmoins, il ne pouvait qu’approuver les constatations de Manuela. Les hommes avançaient inexorablement.
Pourtant il savait qu’il arriverait à survivre seul. Il se jouait facilement des elfes  en utilisant les portails elfiques. Mais qu’arriverait-il le jour où les hommes dans leurs idéaux d’expansion les détruiront ?
Les hommes avaient prouvé qu’ils pouvaient mettre leur misérable grief de côté pour s’unir contre un ennemi commun dans les montagnes. Il est vrai que jamais il n’avait entendu dire qu’aucuns elfes qu’ils soient Sylvain ou blanc ne c’était alliés avec les elfes noirs.
« -Quelque chose à ajouter ? »
Helvoran ne répondit pas un mot à cela. Il souleva le corps toujours inerte de l’amazone pour le ramener dans sa cellule. Pauvre enfant pensa Helvoran soudainement prit d’un sentiment de pitié pour la prisonnière. Si lui ne comprenait plus trop ce monde, elle n’avait même pas conscience dans quel enfer humain elle se trouvait.
Puis dépassant Manuela sans se retourner il lui lança :
« - Puisse Arphénise ne jamais devenir comme toi. »
Cela non, il ne le permettrait jamais. Pas plus qu’elle ne lui fasse du mal.
A peine avait-il fini de remettre les chaînes de l’amazone que celle-ci reprit connaissance.
« -Tu me demandais pourquoi tout à l’heure avant de perdre connaissance. Ma pauvre enfant,  j’ai l’impression que comme moi tu ne te poses pas les bonnes questions. »
Manuela lui avait accordé une journée de repos. C’était tant mieux il  en avait bien besoin. Il soigna cependant l’amazone. Peut-être par défi ou par simple pitié cela lui importait peu. Que les amazones disparaissent ou non, au moins pour elle il restait peut-être un elfe. Doublé d’un monstre certes, mais pour lui les dieux n’étaient pas si étroits d’esprit que le prétendait Manuela.
Jeu 9 Oct 2014 - 14:36
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Dargor
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Cela commença par la sensation d’anneaux métalliques se refermant autour de ses poignets. Puis la douleur dans son bras qui acheva de l’arracher à la douce inconscience dans laquelle elle avait été plongée. Alors que sa vision se précisait, se faisant de moins en moins trouble, elle regretta de s’être réveillée dans ce cauchemar. Evanouie, elle avait retrouvé la Jungle, ses sœurs, la lutte quotidienne pour la survie, et sa fille deuxième née, celle-là même qui ne savait ni parler ni marcher. Réveillée, elle se retrouvait à nouveau en enfer, prisonnière d’un groupe de sangsues, sans aucun doute loin de chez elle, loin de tout ce qu’elle connaissait, dans cette bâtisse de pierre.
Et pire que tout, il y avait cette sangsue envoyé des dieux. Et son visage fut la première chose que vit Arsinoë en se réveillant. Il achevait de l’attacher au mur, l’empêchant de faire plus de deux pas dans la pièce qui était sa chambre. Comme elle aurait aimé avoir la force de briser ces chaines, pour sortir, et s’enfuir, le plus loin possible d’ici… Si elle ne reverrait jamais la Jungle, elle le sentait, à tout le moins échapperait-elle à ce cauchemar.

« Tu me demandais pourquoi tout à l’heure avant de perdre connaissance. Ma pauvre enfant, j’ai l’impression que comme moi tu ne te poses pas les bonnes questions. »

Quelles questions ? Elle résista à l’envie de lui répondre, cela se serait mal terminé pour elle dans tous les cas. Elle hésitait. Allait-elle voir en lui un envoyé des dieux ou une sangsue ? Car il ne pouvait pas être les deux, cela était clair pour l’amazone. S’il y avait une bonne question à se poser, c’était celle-là.
Puis elle en arriva à la conclusion suivante. Elle ne pouvait pas le considérer comme un envoyé des dieux. Peut-être l’avait-il était, mais il était une sangsue à présent. La distinction devait être claire. Elle prépara son regard le plus haineux, pour bien lui faire comprendre le dégout qu’il lui inspirait, mais ce faisant, tira sur son bras blessé, aussi ne parvint-elle qu’à gémir et à lui envoyer le regard qu’elle avait depuis qu’elle s’était réveillé, celui dans lequel brillait l’incompréhension.
Alors, il sortit d’une poche une fiole contenant un étrange liquide verdâtre, et prétendit le lui faire boire. Elle ferma obstinément la bouche, mordant sa main lorsqu’il tenta de lui ouvrir lui-même les mâchoires. Sans mot dire, et sans changer de visage, il se contenta de lui boucher le nez et de faire basculer sa tête en arrière.  Elle essaya de maintenir sa bouche fermée pendant quelques instants, mais à cause de sa force de sangsue, il parvenait à la maitriser d’une seule main, et de l’autre, n’eut aucun mal à lui ouvrir les mâchoires pour lui faire boire le liquide.
Elle toussa et se débâtit, mais il se contenta de la relâcher, elle avait déjà tout avalé. Arsinoë s’attendit à sentir une intense douleur l’envahir d’un instant à l’autre. Quel poison lui avait-il fait boire ? Mais à la place, elle sentit une douce chaleur envahir son bras blessé, et la douleur disparut petit à petit. Au bout de quelques minutes, elle ne sentait plus rien. Elle essaya de le bouger, et il répondit impeccablement.
Ce fut un regard en larmes que l’amazone adressa à Helvoran, alors qu’il quittait sa chambre, et refermait la porte derrière elle. Arsinoë n’y comprenait plus rien. Il était une sangsue, mais un envoyé des dieux en même temps. Elle avait décidé de ne le considérer que comme un monstre, mais il venait de prouver qu’il méritait d’être mieux considéré. En la guérissant, il avait non seulement mis fin à sa douleur, mais il avait aussi sauvegardé ses capacités. Car si elle maniait la lance, Arsinoë savait que des os mal ressoudés l’auraient fortement handicapée. Mais maintenant … Elle allait avoir une maitrise qu’elle n’aurait jamais cru retrouver.
Elle s’assit contre un angle de la salle, enfouissant sa tête dans ses genoux, et serrant de ses mains ses chevilles. Il l’avait sauvée, mais en même temps, il ne l’avait pas fait sortir. Elle avait la sensation que lui-même ne savait pas ce qu’il était.
Pour se rassurer elle-même, et pour s’obliger à penser à autre chose, elle pensa au jour où elle planterait la pointe argentée de sa lance dans le cœur de la sangsue femme. Elle se mit à fantasmer sur un retour dans la Jungle. Elle retrouverait ses sœurs, et sa fille, qui aurait sans doute appris à marcher depuis…
Le retour à la réalité se manifesta sous la forme d’un domestique des sangsues qui la tira de sa rêverie par un violent coup de casserole sur le crâne. Sonnée, elle mit quelques instants à réaliser qu’il lui amenait l’infâme mixture qu’il qualifiait de repas. Elle mangea, sachant que si elle essayait de résister, ce serait pire encore. Et cela, même si elle savait également que les forces qu’elle reprenait lui seraient très bientôt sucées par celle qu’elle haïssait par-dessus tout…
Jeu 9 Oct 2014 - 20:58
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Dargor
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Manuela était assise un siège, dans son antichambre, accusant le choc des nouvelles. Deux poches à sang s’étaient échappées. Ça, c’était la première mauvaise nouvelle. Parmi ces deux-là, se trouvait évidement l’elfe noire d’Helvoran. C’était une autre mauvaise nouvelle. En s’échappant, elles avaient tué l’un des quelques vampires qui lui étaient resté fidèle et agressé une autre. Et finalement, pire que tout, elles avaient pu faire cela grâce à l’aide d’Arphénise. Que maudite soit cette nécromancienne ! Elle n’avait vraiment que cela à faire d’entrer en rébellion maintenant ? Et pour quelle profit ? Le siens ? Espérait-elle vraiment maitriser la pyromancienne elfe noire et la guerrière amazone en même temps ? Ces deux-là ne s’allieraient jamais, mais Cinder n’aurait aucun mal à manipuler Arsinoë. Arphénise s’était condamnée elle-même si elle pensait toutes les deux les maitriser. Non, il y avait forcément autre chose.
Nazima avait parlé d’une autre elfe et d’une humaine qui avaient aidé à la libération, voire l’avaient initié.  Se pouvait-il qu’Arphénise soit leur alliée ? Si tel était le cas, et c’était probable, alors l’évasion ne servait pas les intérêts d’Arphénise, cela indiquait juste un changement d’allégeance de cette dernière. Et une nouvelle allégeance à qui ? Elle était bien naïve si elle pensait que les elfes noirs lui feraient jamais une place parmi eux. Même après avoir libérée une des leurs. Voire surtout après avoir libéré une des leurs. Et pourtant tout laissait penser que c’était bien cela qui s’était passé, et la nécromancienne s’était montrée maligne en organisant l’évasion le soir précis où il fallait qu’Helvoran et elle-même soit absents pendant plusieurs heures d’affilées.
Et maintenant, ne lui restaient qu’Helvoran et Nazima. Si elle ne doutait pas de la loyauté de Nazima à l’égard d’Helvoran, elle avait peur du comportement de ce dernier. Elle s’estimait toujours largement capable de le vaincre, mais s’il décidait de partir, il le ferait sans chercher à l’affronter, discrètement. Et Nazima, comme toujours, suivrait son maitre. Et alors elle serait seule. Elle pouvait se débrouiller seule, elle l’avait déjà fait. Mais elle n’avait pas besoin d’un retour à zéro maintenant. Pas alors qu’elle était si proche de son plus grand succès depuis qu’elle avait démarré sa quête du pouvoir. Harmad lui tendait les bras, et elle avait besoin des soutiens d’Helvoran et de Nazima pour les temps à venir.
Pour le moment, Helvoran était resté impassible et s’était enfermé dans sa chambre. Nazima lui avait garanti qu’une telle réaction n’était pas bon signe, mais Manuela s’en fichait un peu. Tout ce qu’elle voyait, c’était qu’il n’était pas encore parti. Mais d’un autre côté, elle devrait rester sur ses gardes dans les temps à venir. Elle prit donc le temps d’invoquer des sorts de protection de haute qualité.
 
« Madame ? demanda le majordome humain, frappant à la porte de son antichambre.
-J’ai demandé qu’on me laisse seule et qu’on ne me dérange sous aucun prétexte, répondit-elle. Ce n’est pas assez clair ?
-Madame, un visiteur se trouve à notre porte, et il a demandé expréssément à vous parler à vous et à personne d’autre.
-Je suis occupée, dit-elle. Je me remets d’une fête épuisante à laquelle j’étais invitée. Ne peut-il pas revenir plus tard ?
-Il a dit que vous diriez sans doute quelque chose comme cela madame, répondit le majordome. Et il m’a dit que si vous disiez cela, je devais vous dire… »
 
Il s’interrompit.
 
« -Tu dois me dire quoi ? Viens en au fait.
-Selon ses propres termes, et non les miens, madame, il vous fera payer cher votre orgueil mal placé comme il l’a déjà fait lorsque vous avez chassé les liches il y a des millénaires de cela. »
 
Ces propos firent marquer un moment de silence à Manuela. C’était les termes exacts qu’un elfe lui avait donné il y avait deux millénaires. Normalement, les elfes ne vivaient pas aussi vieux. Sauf un en particulier. Qu’il soit maudit lui aussi, il l’avait humiliée à l’époque, lorsqu’elle avait tenté de se débarrasser de lui après la chasse aux liches, puis elle n’avait plus jamais entendu parler de lui. A l’époque, leur relation s’était résumée à une alliance malgré la haine cordiale qui les unissait. En l’observant au combat, elle avait beaucoup appris sur l’usage de la magie, et sur ses propres limites également. Puis elle avait fait l’erreur d’essayer de se débarrasser de lui. Mais il l’avait vaincue, et l’avait quitté en faisant allusion à son orgueil mal placé. Cela pouvait-il être lui ?
 
« Dis-lui de patienter, dit-elle, j’arrive tout de suite. »
 
Elle termina ses sorts de protection. Il était certes puissant, mais elle avait fait des progrès elle aussi. Il n’était pas venu la tuer, il ne se serait pas fait annoncer s’il était venu pour cela, mais un peu de prudence ne faisait jamais de mal à personne. Puis elle sortir de son antichambre, et tapa un grand coup à la porte d’Helvoran.
 
« Sors de là l’alchimiste ! dit-elle. Nous avons un visiteur, et un qui doit être accueilli avec tous les honneurs qui lui sont dû ! »
 
Elle ne prit pas le soin d’aller chercher Nazima. Cette dernière descendrait si elle entendait trop de bruit. Elle descendit tranquillement l’escalier, pour aller dans le petit salon du rez-de-chaussée. Puis, de là, elle fit signe au majordome d’ouvrir.
Astalil entra, tenant par le bras une femme dont le visage était dissimulé par la façon dont elle regardait le sol, la capuche largement rabattue sur sa face. Mais elle devait être malade, car elle avait du mal à marcher, et se serait d’ailleurs effondrée si l’élu de Mystin ne la tenait pas par le bras, dans un geste tendre.
 
« Astalil, cela fait bien longtemps, dit Manuela, en faisant une révérence. »
 
Astalil commença par accompagner tendrement la femme qu’il avait avec lui sur un fauteuil, et au moment où elle y fut bien installée seulement, se permit de la lâcher. Puis il se tourna vers Manuela, et mit la main sur le cœur, avant de s’incliner à son tour.
 
« Manuela Felicia. Je ne cache pas que j’espérais ne jamais vous revoir.
-Je partage ton sentiment, mon bon Astalil, dit-elle. Mais puisque tu es ici, à présent, puis-je savoir ce qui me vaut l’honneur d’une telle visite ? Je suppose que ce n’est pas pour me féliciter de mon exploit dans les Montagnes Noires.
-Bien que tu ne sois qu’une femme orgueilleuse et maudite, répondit Astalil, tu avais dirigé ce territoire avec sagesse. Dortan Giger n’avait pas tort en te chassant, mais le changement de dirigeant ne sera pas au goût de tes anciens sujets, j’en suis sûr. Enfin bon, je ne suis pas venu ici pour discuter de cela. As-tu pu observer les étoiles cette nuit ?
-J’avais autre chose à penser que de me plonger dans leur contemplation, répondit Manuela. Et il y a longtemps que j’ai renoncé à mes pouvoirs d’augure.
-Il y a eu une pluie d’étoiles filantes cette nuit. Ne t’es-tu pas demandé ce qu’elle pouvait bien signifier ?
-Je viens de te le dire, je ne cherche pas à le savoir.
-Alors je vais te le dire. Les dieux sont parmi nous. Les étoiles filantes étaient eux qui revenaient parmi nous. Mais nous ne sommes pas de retour à l’époque des Anciens pour autant, sois en sûre. Ils sont parmi nous, mais dénués de tout pouvoir, si ce n’est leur immortalité habituelle. Et ce n’est qu’à titre temporaire, qui plus est. »
 
Manuela prit le temps d’accuser le choc de cette nouvelle qui venait s’ajouter aux autres. Les dieux parmi eux ? Sur Ryscior ? Voilà qui était dangereux. Même privés de tous pouvoirs, certains dieux comme Canërgen, tout particulièrement, pouvaient s’avérer dangereux. Et ils n’apprécierait rien tant que d’aller affronter une vampire qui posait des problèmes à leurs élus depuis des millénaires. Mais Astalil ne serait pas venue la trouver si c’était de cela qu’il s’agissait.
 
« En quoi est-ce que cela me concerne assez pour que tu aies jugé bon de venir m’en parler ? demanda-t-elle.
-Les liches, répondit Astalil.
-Les liches sont toutes mortes ! Nous nous en sommes nous-mêmes chargés, rappelle-toi !
-C’est là que tu te trompes, répondit Astalil. Quatre liches ont survécu à notre traque. Il s’agit de Ravenna, Bomendacir, Uthoroth et Barceth. Où est Bomendacir, ça je le sais. Il est à Karak-Tur. Où sont les autres, ça je ne le sais pas, ils arrivent encore à échapper à mes traques. Enfin bref. Réfléchis. Si tu étais une liche, et que les dieux venaient parmi nous, sans pouvoirs, que ferais-tu ?
-J’essayerais d’en profiter pour les attaquer, dit Manuela. Et comme les liches peuvent absorber l’énergie vitale des … »
 
Elle sentit brusquement pâlir. Si les liches absorbaient l’énergie vitale d’une seule divinité… Pour la première fois depuis trois millénaires, elle se sentit obligée d’appeler l’aide de sa némésis ultime.
 
« Canërgen nous protège de cela, mumura-t-elle.
-Il fera ce qu’il pourra, répondit Astalil.
-Enfin, tenta Manuela, il doit bien y avoir une solution n’est-ce pas ? Je veux dire… Personne ne peut absorber toute l’énergie vitale d’une divinité sans y survivre, si ?
-Veux-tu prendre ce risque ? demanda Astalil.
-Où est-ce que j’interviens ? demanda Manuela, qui comprenait qu’Astalil considérait très sérieusement cette possibilité.
-Tu es, avec moi-même, la seule personne encore vivante à avoir vécu la chasse aux liches. Tu vas donc m’aider à en piéger une. A piéger Bomendacir. Il ne résistera pas à l’envie de venir absorber l’énergie vitale d’une divinité qu’il sait affaiblie.
-Et comment saurait-il quelle divinité est affaiblie ?
-Il le saurait, car il a des pouvoirs que tu n’as pas, Manuela. Même Tesla Eilun reste une moins bonne augure que lui.
-Alors il saura que nous lui tendons un piège.
-Il le saura. Mais il ne verra que toi dans ce piège, et donc l’occasion de se débarrasser d’une vieille ennemie en absorbant l’énergie de la divinité. J’ai passé longtemps à me cacher des traits de l’avenir.
-Soit, dit Manuela. J’accepte ce risque. Je dois donc héberge cette divinité affaiblie ?
-Dame Finil, retirez votre capuche, s’il vous plait, répondit Astalil, en s’adressant à l’autre femme, qui était restée immobile. »
 
En entendant son nom, Manuela sentit une émotion indescriptible la prendre. Finil. Sa déesse. Sa déesse qui l’avait trahie et abandonnée quand elle avait été transformée. Elle était là, depuis plus d’un quart d’heure, assise dans la même pièce qu’elle. Et elle était terriblement affaiblie, au point d’être réduite à devoir servir d’appât. Et elle, Manuela, allait devoir l’héberger ?
Elle fit une révérence devant Finil. Le temps de lui faire payer sa trahison viendrait après, quand Astalil serait parti se mettre en embuscade, et avant que Bomendacir n’arrive.
 
« Déesse, dit-elle, c’est un honneur pour moi de vous recevoir. J’étais une de vos prêtresses avant d’être transformée en vampire. J’espère donc que le lien particulier qui nous unit saura ne pas entacher les quelques jours que vous passerez sous mon humble toit.
-Manuela Felicia, dit Finil, et sa voix n’était qu’un murmure, je me souviens de toi… Je me souviens de tous ceux et celles qui m’ont servi. C’était un plaisir, à l’époque, d’entendre tes prières monter à moi. »
 
Manuela sentit une brusque colère la prendre. Un plaisir d’entendre ses prières ? Alors pourquoi, oui pourquoi, n’avait-elle rien fait par la suite ? Oh, cette maudite déesse allait souffrir pour cela. Si elle espérait avoir une vie confortable pendant quelques jours…
 
« J’aimerais moi-même accompagner Dame Finil jusqu’à la chambre qui lui sera dévolue, dit Astalil. Puis-je ?
-Bien sûr, où avais-je la tête ? Venez, Dame Finil. Vous avez de la chance, deux chambres ont justement récemment été libérées. »
 
Elle l’emmena dans la chambre qu’occupait Arphénise, et observa Astalil l’aider à s’allonger dans le lit, puis rabattre la couverture sur le corps de la déesse, de sorte que seules les épaules, le cou, la tête et les bras étaient visibles. Et alors, quand Manuela put enfin voir distinctement son visage, elle nota bien que la déesse suait à grosses gouttes, et était d’une pâleur à faire peur.
 
« L’un des miens est un guérisseur, dit-elle pour paraitre polie. Si vous voulez quoi que ce soit…
-Ce dont je souffre, Manuela, ce n’est pas d’une maladie que ton guérisseur pourra soigner, répondit Finil.
-Il est l’heure pour moi de partir, dit Astalil. Je vous laisse, madame. Je reviendrais vous chercher dès que cette sinistre affaire sera terminée. »
 
Lorsqu’il passa à côté de Manuela, il murmura, de façon à n’être entendu que par elle.
 
« Et si il lui arrive un quelconque mal, tu le payeras cher, vampire. »
 
Manuela se tourna. Sur le pas de la porte, Helvoran, Nazima, et tous les domestiques derrière eux, qu’Astalil dût écarter pour passer et descendre l’escalier. Elle soupira. La nouvelle de la présence de Finil ici allait se répandre partout en ville en quelques heures… Et là oui, Bomendacir viendrait à coup sûr. Elle examina les sorts de protection qu’elle s’était apposé. Il faudrait au moins en doubler la puissance pour être apte à accueillir cette liche.
Lun 3 Nov 2014 - 14:16
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Helvoran
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En rentrant d’une soirée à laquelle il aurait préféré échapper Helvoran c’était soudainement murer dans le silence en constatant la trahison d’Arphénise. Il avait donné à Nazima de quoi se soigner et c’était réfugier dans sa chambre sans donner d’explication.
Il s’en voulait d’avoir été si naïf. Il avait tellement espérer pouvoir changer les choses. Resté quelqu’un de bon. Suivre la voie de ce qu’il était avant sa transformation. Pour gagner quoi au final. De la haine et du mépris.
Assisté par une elfe des neiges avait dit Nazima. Il n’avait rencontré qu’une elfe des neiges en étant vampire et il l’avait épargné pour quel résultat ?
Manuela le tira de ses pensée en l’invitant à venir saluer des visiteurs qui selon elle méritait bien des égards.
Allait-il encore devoir jouer le bon époux ou pire se nourrir public tout en acquiesçant aux promesses et aux rêves de dominations de Manuela ?
En réalité, lorsqu’il descendit pour trouver Manuela, il aurait peut-être préféré jouer le jeu de dupe qu’elle avait mis en place.
Rien de moins qu’un elfe blanc et pas n’importe lequel. Astalil en personne alitait Finil. Une déesse et ironie du sort celle qui avait eu pour élue Manuela. Il préféra mettre de côté le fait qu’il s’agissait de la chambre d’Arphénise, même si cela ne faisait que raviver la douleur qu’il essayait de contenir depuis quelques heures
Il écouta et s’écarta lorsque ce dernier sorti de la pièce. Manuela referma la porte derrière elle et le regarda une fois qu’elle eut dispersé l’attroupement autour d’eux. Il ne lui laissa pas le temps de parler. Elle la soit disant toute puissante reine que rien ne pouvait arrêter c’était comportée comme la plus attentionner des servantes vis-à-vis de ses invités qui effectivement devaient être traités avec les plus grandes attentions.
 
« -  Si jamais il me prend l’envie de l’étrangler. Je t’en prie empêche-moi de le faire. »
Lui dit-elle en essayant de se contenir.
Nazima avait emboité le pas à l’elfe blanc sans toutefois oser vraiment l’approcher. Il s’arrêta net avant de franchir la porte d’entrée, sans se retourner en lui disant :
« -Vas-y parles, mais hâte toi j’ai bien d’autres choses à faire. »
« - Vous qui vous acharné à vouloir notre éradication vous… Vous venez nous demandez de l’aide alors que… »
Alors Astalil se retourna et observa Nazima qui crut mourir lorsque les yeux de l’elfe croisèrent les sien et pénètre son esprit avant de s’en retirer aussi vite qu’il y était entré.
« - Tu aurais très certainement préféré qu’Atÿe vienne à la place de Finil et ouvre les yeux d’Helvoran ou encore qu’elle te donne le courage de lui avouer pourquoi tu t’es délibérément détournée de Lothïe pour le suivre. Est-ce là la question que tu veux me poser ? »
Nazima oublia pourquoi quelques secondes avant elle lui avait emboîté le pas et il quitta la maison la laissant avec ce souvenir qui revenait même lorsqu’elle essayait de le chasser.
Sa première rencontre avec Helvoran alors qu’elle n’était encore qu’une humaine. Elle se senti défaillir alors que les domestiques la retenait et la menait dans sa chambre.
Plus haut Helvoran demandait des comptes à Manuela.
« - Il y a quelques temps tu m’avais assuré que les liches n’existaient plus. Que tu contrôlerais Arphénise.  Maintenant tu veux aider qui et pourquoi surtout. Le résultat sera le même. Ils nous détesteront toujours autant, nous haïront et essayeront de nous détruire. Qu’est-ce qui arrive si une divinité meure ? La belle affaire cela ne changera rien pour nous qui sommes déjà  promis aux pires enfers. Dit-moi ce que l’on y gagne dans l’histoire de défendre l’épouse de celui qui nous déteste, nous tuerais sans hésiter une seule seconde s’il nous voyait ici.»
Brusquement il s’interrompit dans la cascade de reproches. Etait-ce pour cela que Tesla avait épargnée Manuela ?
Plus il réfléchissait et plus les réponses qu’il supposait être les bonnes donnaient naissances a d’autre question.
Mer 5 Nov 2014 - 9:12
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Dargor
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 Manuela fulminait. Astalil était en train de descendre l’escalier, et déjà, elle n’avait plus qu’une envie, c’était d’aller étrangler la déesse qui se reposait l’air de rien dans la chambre d’à côté. Elle fit savoir à Helvoran que si elle essayait une telle chose, il devait l’en empêcher par tous les moyens possibles. Elle n’avait pas envie de s’attirer les foudres de l’élu de Mystin, et pas envie non plus de prendre le risque d’attirer la colère de Canërgen. S’il retrouvait sa femme dans un état déplorable, nul doute que le dieu passerait outre les raisons, peu importe leur nature, pour lesquelles les dieux n’intervenaient normalement jamais pour le seul bénéfice de l’envoyer en enfer lui-même. C’est alors qu’Helvoran lui adressa un torrent de reproches. Sans doute n’était-il pas dans son état normal à cause du départ d’Arphénise, qu’il mentionna d’ailleurs d’entrée de jeu, mais peut-être était-il vraiment excédé par son comportement inhabituel à elle. Dans tous les cas, il méritait des réponses claires. Elle l’emmena dans son antichambre, là où personne ne pourrait les entendre, avant de commencer à lui répondre.

« Ce qui nous attend si une divinité meurt, je n’en sais rien Helvoran. Peut-être sera-t-elle remplacée, peut-être ne le sera-t-elle pas, peut-être les étoiles, qui dépendent d’elle, tomberont du ciel… Je m’en fiche. En tout cas, ce que je sais, c’est le bénéfice que nous avons à la garder ici, et les inconvénients qu’il y aura. Helvoran, je pensais sincèrement que les liches étaient toutes détruites, jamais je n’aurais cru que quatre d’entre elles avaient survécu à la chasse qui leur a été faite. Tu n’étais même pas né je crois à l’époque. J’avais à peine un siècle d’existence, et j’avais été transformée depuis environ soixante-dix tours. Mon maitre était un vampire dont je ne regretterais jamais la mort. Jamais. Toujours est-il que je me souviens de chaque jour de cette traque, de la façon dont nous détruisions toute trace de leur existence, petit à petit. Cela a duré des années, nous avons passé tout le continent au peigne fin, et parfois, au cours des batailles, j’ai pu assister à leur puissance dévastatrice. Crois-moi, tu n’as aucune envie que l’un de ces monstres en vienne à absorber l’énergie vitale d’une déesse. Voilà pourquoi nous gardons chez nous la femme de notre pire ennemi. Après, reste à savoir pourquoi Astalil nous a-t-il choisi précisément nous comme gardiens de sa précieuse dame. Je pense à deux choses pour ma part. La première, c’est qu’il sait que je ne laisserais personne venir fouiner dans nos affaires, il n’y a donc pas de risque que les gens la dérangent, et donc que Bomendacir s’infiltre tranquillement ici. La deuxième, c’est que dans le pire des cas, le monde est débarrassé de moi, que veux-tu. Et enfin la troisième, je veux bien le croire quand il m’affirme m’avoir choisie parce que je suis la seule à avoir vécu la chasse aux liches.
« Maintenant, je dois avouer que si nous pouvions en profiter pour envoyer un message clair à Canërgen, ce serait parfait. Je ne pense pas que nous puissions la tuer, ni attirer la pitié de son époux. Mais nous pouvons tenter quelque chose. Obtenir une trêve, peut-être ? Je n’en sais trop rien. C’est une question qui mérite réflexion. A vrai dire, je n’ai pas envie de mettre la main dans un engrenage où les dieux en personne jouent.
« Je sais que je n’agis pas comme je le fais normalement, Helvoran, mais j’ai mes raisons pour cela. Disons que pour la première fois depuis que je t’ai transformé, tu me vois agir comme une habitante de Ryscior, qui pense pour le bien du monde et non pas pour le miens. Détruire une liche, c’est quelque chose d’une importance capitale. Mais rassure-toi. Je n’oublie pas nos objectifs personnels. »

Sur ce, elle le congédia, et s’enferma dans sa chambre, se jetant sur son lit, et serrant ses oreillers jusqu’à faire blanchir les jointures de ses mains. Finil était ici, Finil était ici, Finil était ici… Elle pouvait prendre sa vengeance, maintenant. Elle pouvait le faire. Il lui suffisait d’aller dans cette pièce, cette maudite déesse lui faisait confiance. Et elle lui ferait tout payer. Tout. Elle n’avait même plus la force de crier, ce serait tellement facile… Mais d’un autre côté, elle ne voulait pas s’attirer un châtiment divin. Non, elle devait attendre, et combattre son envie d’égorger cette déesse, de boire son sang et de lui arracher les yeux.

Deux jours passèrent.

Finil n’avait pas quitté son lit. La déesse ne ressentait pas les contraintes des mortels. Cette période de repos allait lui faire du bien, et Manuela Felicia avait dévoué plusieurs serviteurs humains à s’assurer que ses désirs soient comblés. Cependant, son ancienne prêtresse elle-même n’allait jamais la trouver. Que pouvait-elle…

« Maman… »

La voix de sa fille interrompit ses pensées. Elle était apparue, toute discrète, et timidement, dans un coin de la chambre. Elle mangeait un morceau de brioche, et regardait sa mère d’un air triste.

« Viens-là, ma chérie, murmura la déesse en l’invitant à s’asseoir à côté d’elle dans le lit. »

Elis s’exécuta doucement, montant sur le lit de sa mère. Aussitôt, cette dernière l’attrapa pour la serrer contre elle. Cela faisait combien de temps qu’elle n’avait pas fait cela ? Des millénaires entiers. Elle huma un instant les cheveux de sa fille, toujours aussi doux.

« Maman… Tu vas guérir ? demanda Elis. Je veux pas te faucher Maman. Ce serait trop triste.
-Allons ma chérie, dit Finil, tout sourire, je suis une déesse. Jamais tu ne faucheras un d’entre nous.
-J’ai peur Maman, répondit Elis.
-Je ne connais qu’une seule façon de faire passer ça, dit Finil, qui se mit à fouiller dans le cou de sa fille pour la chatouiller. »

Cette dernière avait toujours été très chatouilleuse, aussi Finil n’eut-elle aucun mal à la faire éclater de rire, prolongeant son supplice aussi longtemps que possible. Et peu lui importait que toute la maison les entende. Elle savourait trop l’instant présent pour s’en soucier.

Manuela, en entendant ces éclats de rire, ne parvint plus à se contrôler. Cela faisait deux journées entières qu’elle se retenait, et s’absorbait dans le travail et la politique pour ignorer la présence de Finil. Elle s’était découvert une passion pour les livres théorisant la magie des mages de l’Empire d’Ambre, même si elle en savait bien plus qu’eux dans ce domaine, et dès que la nuit tombait, elle disparaissait. Elle allait voir des fréquentations ou allait simplement se promener, tout plutôt que d’être dans la même maison que Finil. La venue potentielle d’une liche ne l’affectait pas plus que cela, car elle avait plusieurs fois remarqué Astalil qui tournait fréquemment autour de leur maison, prêt à intervenir au moindre danger. Elle avait presque réussi à oublier que Finil était là. Mais maintenant… Elle poussa un cri de rage et s’empara d’une paire de ciseaux qui trainait par-là, et se précipita dans la chambre de la déesse.

Elis fut envoyée au sol d’une seule gifle, où elle se mit à pleurer, ne comprenant pas ce qui venait de lui arriver. Elle était tranquillement en train de jouer avec sa mère, et d’un seul coup, une méchante dame était venue et lui avait fait ça. Elle tenta d’aller se réfugier dans le bras de sa mère, mais c’était impossible. Elis savait utiliser sa faux, mais elle ne pouvait pas le faire sur cette méchante dame, d’abord parce que c’était interdit, ensuite parce qu’elle réalisa avec horreur qu’elle avait déjà fauché cette dame, et pourtant elle vivait encore. Alors la petite mort ne contint plus ses larmes. Elle entendit sa mère dire à la méchante dame qu’elle pouvait lui faire ce qu’elle voulait, mais que si elle retouchait ne serait-ce qu’à un cheveu de sa fille, alors elle en subirait les conséquences. Elis était plus habituée à entendre son père parler comme ça. Elle eut brusquement envie d’aller le chercher, mais se rappela que lui non plus ne pouvait pas se téléporter depuis quelques jours. Il ne pourrait donc jamais être ici pour punir la méchante dame. Alors, elle alla frapper son dos en lui hurlant de laisser sa mère.

Manuela, de son côté, était enfin heureuse. Oublié, l’ordre qu’elle avait donné à Helvoran ! Oublies les Montagnes Noires, la Cité-Etat, Canërgen, Kafkon, Arphénise, tout ! Oublié ! Il n’y avait plus que l’instant présent. Elle, et la déesse qu’elle haïssait par-dessus tout. Elle avait tracé un sillon sanglant sur la joue de Finil, ignorant les pleurs d’Elis et le regard implorant la pitié de la déesse.

« Vous savez quoi, déesse, dit-elle, je me suis toujours demandé quel goût pouvait bien avoir votre sang… »

Avant que la blessure de la joue ne se referme, elle recueilli une goutte de sang sur son doigt, et la lécha doucement. Il était exquis. Elle se pencha lentement, théâtralement, vers le cou de la déesse. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pas mangé, et peu importait la petite fille qui tambourinait dans son dos en pleurant, ce n’était pas une menace.
Mer 5 Nov 2014 - 21:13
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Helvoran
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Cela faisait deux jours que Finil occupait la chambre qui était mis à sa disposition. Manuela semblait se tenir tranquille et tout le monde vaquaient à ses occupations. Il avait bien essayé de soigner les blessures et les fièvres de la déesse sans succès. Ce qui interpella l’elfe, ce fut des rires d’enfants. Puis lorsque les rires se transformèrent en pleurs, il se précipita vers la chambre. Passant à côté de Nazima qui lui emboita le pas.

Ouvrant brusquement la porte. Manuela s’apprêtait à se nourrir sur Finil. La reine n’avait plus rien de la femme délicate à laquelle elle s’efforçait de ressembler afin de masquer son identité.
Sans réfléchir, il attrapa Manuela par le col de sa robe et la projeta  violement contre le mur de la chambre.  Ivre de rage celle-ci se jeta sur lui en hurlant. Il fit un pas de côté et lui asséna un violent coup de genoux dans l’estomac. Cela eut au moins le mérite de stopper net l’élan meurtrier de Manuela envers Finil.

Nazima commença à tracer des runes qui se mirent à luire d’une intense lumière avant de disparaitre. Formant autour de Finil une barrière protectrice presque palpable derrière laquelle disparurent Manuela et Helvoran. La bulle d’énergie dans laquelle elle c’était enfermée avec Finil et la petite fille occultait complétement la scène et les bruit du combat qui se déroulait à quelques mètres d’eux.

De l’autre côté de la barrière protectrice Helvoran essayait de retenir Manuela qui avait riposté en lui lacérant le visage. Il s’en sortait plutôt bien. S’il n’avait pas esquivé ce coup, sa tête serait déjà en train de rouler sur le sol. Utilisant son corps pour lui barrer le passage il l’a saisi par les poignets et la plaqua contre une armoire qui vola en éclat sous l’impact des deux vampires. Inutile d’essayé de la raisonner. Son regard noir injecté de sang trahissait une envie incontrôlable de sang. La haine viscérale qu’elle éprouvait pour son ancienne divinité n’arrangeait certainement pas les choses.
Il emprisonna Manuela dans ses bras presque à lui rompre les os et se jeta au sol avec elle. D’une main il lui prit l’arrière de la tête et la colla contre son épaule

« - BOIT ! » Lui ordonna-t-il.
Il senti les crocs de son adversaire lui transpercer la chair et la désagréable sensation du sang qui s’en quitte de son corps lui raidit encore plus ses muscles tendu presque à la rupture.
La même sensation horrible qu’il avait ressentie il y avait Deux milles tours lorsque celle qu’il essayait de raisonner l’avait transformé.
Manuela cessa peu à peu de se débattre pour lui échapper. Il ne la repoussa que lorsque la douleur devint insupportable et avant qu’elle ne le vide complétement.
Helvoran était épuisé, mais au moins Manuela semblait avoir retrouvé un semblant d’esprit.
Dim 9 Nov 2014 - 9:15
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Dargor
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Alors que Manuela voyait ses crocs toucher enfin la peau de porcelaine de la déesse, elle se sentit être soulevée du sol et être violement projetée contre un mur. Qui avait pu oser faire cela ? Elle leva les yeux, et poussa un cri de fureur. Se rapprocher de la déesse lui avait donné terriblement soif. Etre plus proche que jamais de sa vengeance avait réveillé en elle des envies de tuer comme jamais auparavant. Ses yeux virèrent au rouge sang, il n’y avait plus la moindre trace de blanc ou d’une quelconque autre couleur. Juste deux tâches rouge uniformes qui ornaient son visage. Les vampires appelaient cela la soif rouge. Souvent, elle affectait les vampires nouveau-nés qui ne savaient pas encore se maitriser, ou ceux qui avaient été privés de nourriture pendant trop longtemps. Et il n’y avait qu’un seul moyen de calmer un vampire qui s’y était laissé aller.
Cela faisait des millénaires que cela n’était pas arrivé à Manuela Felicia, mais la vengeance et la soif combinées avaient réveillé la bête sauvage qui sommeillait dans le corps de la vampire, bête sauvage qu’elle avait toujours su dominer. Jusqu’à maintenant.
Elle se jeta sur un vampire qu’elle ne reconnaissait même plus, Helvoran. Son cœur ne battait pas, car il était mort, mais elle sentait deux cœurs battre derrière un nuage d’obscurité, dans la pièce. Et là où il y avait deux cœurs, il y avait de la nourriture. Et ce vampire souhaitait l’empêcher d’y accéder. Elle se jeta sur lui, et tenta de lui arracher les yeux, mais il la repoussa et la plaqua violement contre une armoire, puis lui exposa son cou en lui ordonnant de boire.
Sans plus y réfléchir, Manuela plongea ses crocs dans la veine saillante, et but goulument. Lorsqu’elle eut fini, Helvoran, épuisé, tenta de s’éloigner, mais elle ne se maitrisait toujours pas, et elle mordit à nouveau son cou. Moins fort cette fois, de manière plus sensuelle. Et Helvoran, épuisé par l’effort, ne parvint pas à se contenir, et ses yeux virèrent au même rouge que ceux de Manuela. Les mortels, lorsqu’ils imaginent deux vampires en train de faire l’amour, ne se rendent pas compte de ce dont il s’agit. Ils pensent qu’il s’agit de la même chose que deux humains. Ceux qui sont un peu plus renseignés pensent qu’il ne s’agit de rien d’autre que d’un échange de sang. Mais en vérité, cela n’a rien à voir.
Manuela et Helvoran n’étaient plus que deux animaux, des bêtes qui devaient apprendre à contrôler leur nature sauvage, sous peine de s’entredéchirer. Leur passion était tout aussi animale que leur besoin de se nourrir, douleur et plaisir à une égale mesure, se mordant et s’embrassant, se griffant et se caressant, s’infligeant des blessures qui se refermaient en l’espace d’un instant sur leur peau nue et poisseuse de sang et de salive.
Finalement, après un temps de repos, ils restèrent allongés, rassasiés, nus, l’un contre l’autre, le temps de reprendre leurs esprits. Lorsque Manuela s’aperçut de ce qu’elle venait de faire, elle s’empressa de se relever pour arracher un rideau et s’envelopper dedans.
Elle jeta un regard noir à Helvoran.
 
« Je te remercie de m’avoir empêché de faire une bêtise, dit-elle en se dirigeant vers la sortie de la pièce. Mais que l’on soit clairs : il ne s’est rien passé d’autre. »
 
Sur ce, elle sortit en claquant la porte.
Lun 10 Nov 2014 - 19:46
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Helvoran
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« Je te remercie de m’avoir empêché de faire une bêtise, dit-elle en se dirigeant vers la sortie de la pièce. Mais que l’on soit clair : il ne s’est rien passé d’autre. »
 
Sur ce, elle sortit en claquant la porte.
 A son tour Helvoran se releva  se demandant encore s’il n’avait pas rêver. Posant son regard sur ses vêtements en lambeau et à en juger dans l’état déplorable dans lequel la pièce se trouvait. Il comprit pourquoi Manuela avait insisté sur le « -Il ne s’est rien passé d’autre »
 
Se retournant il fut rassuré de voir que l’opacité de la barrière protectrice créer par Nazima tenait toujours. Pas certain que même Finil aurait prédit ce qu’il venait de se passer. C’est sous la forme d’une chauve-souris qu’il regagna sa chambre. Une fois changé il retourna vers la pièce dans laquelle se trouvait la déesse. A ses ordres Nazima baissa la barrière.  Il n’avait pas vraiment eu le temps de s’attarder sur qui était la gamine qui pleurait lorsqu’il était intervenu pour empêcher Manuela de mordre Finil.
Voir Elis en face de lui l’inquiétait autant que la petite semblait terrifiée. Qu’est-ce que la mort en personne faisait ici !? Pour qui était-elle ici ? Voir sa mère malade ou pour le faucher une bonne fois pour toute lui, Nazima et en finir une bonne fois pour toute avec les vampires.
« - Est-ce pour cela que vous êtes venues ici ? Nous tendre un piège ou avez-vous vraiment besoin de nous ? REPONDEZ ! » Hurla-t-il en direction de Finil.
Cela eut pour conséquences de faire fondre en larme Elis. Helvoran regarda Nazima et d’un geste lui demanda de faire son possible pour qu’elle cesse cela.
Nazima s’approcha d’Elis et s’accroupie pour se mettre à la hauteur de son visage.
« -Il ne pensait pas ce qu’il disait, tu peux rester avec ta mam… »
Nazima c’était permise d’essuyer une larme sur la joue de la fillette. La larme roula le long de son index, puis sur le dos de sa main et enfin sur son avant-bras avant de tomber sur le sol.
Où la larme avait roulé la peau de Nazima était redevenue bronzée comme lorsqu’elle était encore humaine. Le temps qu’Helvoran comprenne ce que cela signifiait la fillette c’était à nouveau refugier auprès de sa mère.
Cela serait-il possible. Que le remède qu’il cherche se trouve dans les larmes de la mort en personne…
A la hâte Nazima traça une rune et toutes les larmes versées par la fillette reprirent leurs formes liquides et commencèrent  à flotter dans la pièce pour finir dans une fiole.
« - Viens. Laissons les tranquilles. »
Dit Helvoran en quittant la pièce tout en laissant Finil et sa fille ensemble.
Jeu 13 Nov 2014 - 14:22
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Dargor
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Cinq jours s’étaient écoulés depuis l’incident. Une semaine. Il n’en restait plus qu’une avant qu’elle ne reparte enfin chez elle. Ce repos lui faisait du bien, mais elle devait y mettre fin dès que possible. Finil savait que ces deux semaines auraient des conséquences cataclysmiques. La roue aurait tissé seule et sans aucun contrôle, même succin. Cela ne signifiait pas pour autant la fin de Ryscior, ni aucun grand cataclysme, mais de grands changements dans le cours de la vie des mortels. Manuela Felicia en était la preuve. Finil avait cessé de faire attention à cette prêtresse pendant quelques heures, et elle l’avait retrouvée changée en vampire. Et maintenant, cette vampire souhaitait sa mort, autant qu’elle-même la haïssait. Mais elle était une ancienne prêtresse… Et il y avait cet elfe vampirisé et sa compagne qui les avaient sauvées, elle et Elis. Sa fille était partie bien vite, après cela. Elle était revenue à deux reprises, toute timide, disant que Canërgen était furieux d’entendre dire qu’elle était retenue chez eux.
Et il fallait dire qu’elle ne comprenait pas pourquoi Astalil l’avait emmenée ici. Qu’il souhaite l’utiliser pour piéger une liche, elle le comprenait, à défaut de l’approuver. Mais pourquoi, oui pourquoi la faire héberger chez des vampires ? Il devait avoir une idée derrière la tête.
En bas, Manuela Felicia avait organisé une réception. Bien qu’elle se déroule au rez-de-chaussée, et que sa chambre soit au deuxième étage, Finil pouvait entendre le brouhaha des conversations. Il faisait nuit noire dehors. Quand soudain, elle put sentir quelque chose. Comme une perturbation magique qui approcherait de la maison. Lentement, péniblement, elle se leva, par curiosité. La perturbation était dans le jardin, et sa fenêtre donnait sur ledit jardin. Il n’y avait que quelques pas à faire pour l’atteindre, mais elle dût toutefois s’appuyer sur le mur tout au long du chemin. Elle fut au moins heureuse de voir qu’elle n’y laissait pas de marque rouge poisseuse. Lorsqu’elle atteignit enfin la fenêtre, elle risqua un œil. En bas, un squelette marchait tranquillement dans le jardin, semblant prendre l’air. Puis il la remarqua, et la salua du bras.
Finil savait ce qu’était cette créature. Une liche. Comment personne, parmi les convives, ne pouvait la remarquer ? C’est alors qu’elle comprit. La perturbation était autour d’elle. « Vous serez immunisés à la magie, avait dit le Juge ». Et de fait, lorsque Nazima avait fait tomber son voile pour la protéger de Manuela l’autre jour, c’était parce qu’elle avait murmuré à Elis de maintenir l’illusion pour elles deux qu’elle avait pu ne pas savoir ce qui se passait de l’autre côté. Et si cette liche utilisait un sort d’illusion elle aussi… Finil la perdit de vue quand elle entra dans la maison, simplement après avoir frappé à la porte et présenté une invitation.
 
Barceth l’Ancienne souriait. Bomendacir le Terrible avait choisi de partager avec Ravenna l’Eternelle une divinité, affirmant qu’il était trop dangereux de s’essayer à en vider une seule. Mais elle, Barceth, souhaitait plus que cela. Une divinité pour elle seule ferait d’elle l’être le plus puissant du monde, loin devant Bomendacir, loin devant Ravenna, loin devant tous les archimages elfiques, et loin devant Uthoroth le Damné, la plus puissante des liches actuellement en vie, qui n’avait même pas cherché à capturer une divinité, pour sa part. Elle sourit, et présenta l’invitation au nom de la femme dont elle avait pris l’apparence. Il était si facile de manipuler ces mortels ! D’une pensée, elle envoya un double fantomatique discuter avec Manuela Felicia, tandis qu’elle-même, invisible, et silencieuse comme le chant de la lune, montait les escaliers. Finil était au deuxième étage, elle pouvait le sentir, et elle sentait aussi que personne n’avait remarqué sa présence, à part la déesse elle-même, qui de toute façon était trop faible pour crier, et donc appeler à l’aide.
Lorsqu’elle arriva dans la chambre à la fenêtre de laquelle elle avait vue Finil, elle fut surprise de la trouver vide. Elle ouvrit les placards un à un, mais rien n’y fit. La déesse devait être partie se cacher. Barceth se contenta de réactiver ses sens magiques. Finil n’était pas loin. Elle avait juste eu le temps de marcher vers un petit débarras dont la porte se trouvait dans l’escalier qui menait à l’étage inférieur. D’ailleurs, en descendant vers la porte, Barceth put voir quelque chose qui l’intéressa grandement. La tapisserie du mur gardait une marque de main, comme si la déesse avait tenté de se retenir après avoir chuté. Mais elle ne pensa pas plus à ça. Pour l’heure, elle était devant la porte. Derrière, Finil en personne l’attendait. Ses sens magiques pouvaient le lui dire. Puis soudain, elle prit conscience de son erreur. Toute occupée qu’elle était à chercher la déesse, elle n’avait pas fait attention à un détail. Son double fantomatique.
 
Manuela s’était d’abord étonnée de voir cette vieille amie qu’était Rita se contenter de rester immobile à côté d’elle. Elle avait d’abord pensé qu’elle cherchait à attendre que sa conversation actuelle se termine, puis, lorsqu’elle avait tenté de lui parler, avait vu qu’elle ne répondait pas. Elle essaya tout pour la faire parler, mais cela n’avait pas fonctionné. Une erreur bien stupide de la part de celui qui avait invoqué cette illusion magique. Enfin, illusion… A voir ! Rien, non rien ne permettait de croire à la nature magique de la femme qui se tenait devant elle. Seul un véritable maitre magicien pouvait créer une illusion aussi saisissante. Elle-même en était incapable. Si l’illusion à l’effigie de Rita avait parlé, alors il aurait été impossible de faire la différence. Manuela était étonnée que quelqu’un manifeste un tel oubli. Ce devait être quelqu’un de très orgueill…
Un maitre magicien.
Un être à l’orgueil inégalable.
Elle fonça vers Helvoran, qui restait à l’écart avec Nazima.
 
« Occupez-vous de divertir les invités pendant mon absence, dit-elle. Et si vous entendez du bruit à l’étage, que tout le monde quitte cette maison.
-Quel est le problème ? demanda Nazima.
-Nous partons à la chasse aux liches, répondit la voix d’Astalil, qui venait d’entrer. »
 
Il n’avait pas été difficile de créer une fausse invitation pour l’élu de Mystin. Mais à l’instant où il avait eu la certitude que cette femme n’était pas ce qu’elle prétendait être, il l’avait créée d’une seule pensée. Il fallait remercier sa jeune amie Rikku Dedalius, qui avait reconnu en Rita une femme assassinée la veille, même si cela n’avait pas encore fait le tour de la cité. Cela ne pouvait être l’œuvre que d’une seule personne.
Aussi, à peine avait-il répondu à la question de Nazima que déjà, il montait l’escalier, ne mettant le pied que sur une marche sur deux, tous ses sens magiques en éveil. Il vit distinctement la pièce où était Finil… Et la liche en train d’ouvrir la porte. Alors, pour la première fois depuis des siècles, l’élu de Mystin se mit à courir. L’escalier étant assez large pour les laisser passer tous les deux, et Manuela étant plus rapide que lui, elle arriva la première. L’escalier qui menait au deuxième étage, lui, était beaucoup moins large, aussi s’y engagea-t-elle lorsqu’il lui fit signe qu’il la laisser y aller. Pendant ce temps, il prépara son sortilège d’exorcisme le plus puissant.
 
L’orgueil était le défaut de cette liche, plus encore que pour les autres. Manuela ne comptait pas mourir, mais il allait lui falloir exploiter cet orgueil. Aussi, lorsqu’elle la vit, penchée sur Finil, qui était assise, l’air résignée, devant Rita, ou du moins l’être qui avait pris l’apparence de Rita, elle s’annonça. Le nom de Manuela Felicia était connu parmi les liches. Aussi cette dernière se retourna.
 
« Manuela Felicia ? dit-elle. Ah, douce enfant. »
 
Elle dissipa un sortilège que venait de lui jeter Manuela sans même y penser.
 
« Réaliseras-tu un jour, reine vampire, que tes pouvoirs ne sont rien face aux miens ?
-Oh vraiment ? demanda Manuela, faussement amusée. »
 
Elle savait n’avoir aucune chance tant qu’Astalil n’interviendrait pas. Ce dernier, toujours sur le palier de l’étage inférieur, avait préparé son sort d’exorcisme, et en amplifiait la puisasnce.
 
« Vraiment, dit la liche.
-Ah, Bomendacir, dit Manuela. L’orgueil te tuera, de même que pour tes trois semblables…
-Me prends-tu vraiment pour Bomendacir ? dit son adversaire en éclatant de rire. Je suis Barceth l’Ancienne,  vampire. Mais ne retiens pas ce nom. Là où je vais t’envoyer, il ne te sera d’aucune utilité. »
 
Manuela réalisa alors que la liche avait également préparé un sort. Elle dût réagir très vite. C’était une lance de ténèbres beaucoup trop puissante pour qu’elle ne l’arrête. Si elle tentait de rester, nul doute qu’elle serait embrochée et tuée sur le coup. A moins que ses défenses ne fassent exploser la lance à l’impact, et là, elle ferait un vol plané sur plusieurs mètres. Elle n’avait pas non plus le temps de se transformer en chauve-souris, c’était trop tard. Alors, elle fit quelque chose de stupide. Elle jeta une onde de choc magique à ses pieds.
 
L’onde fit trembler toute la maison, puis lorsque le bruit d’un corps qui heurtait un placard se fit entendre partout, Manuela put entendre, montant du bas, des clameurs d’interrogation. Elle soupira. Elle en avait marre de détruire son mobilier de cette façon. Mais elle était en vie. L’onde l’avait soulevée du sol et faite bondir en arrière avec assez de vitesse pour qu’elle retombe avant que la lance n’arrive. Et la porte étant dans des escaliers, la lance avait percé le mur au-dessus de sa tête, mais ne l’avait pas touchée. Elle se tourna vers la liche.
 
« Tes boucliers t’ont protégée une fois, dit Barceth. Voyons s’ils le feront à nouveau…
-Ils ne le feront pas, confirma Astalil, qui déchaina alors la puissance de son sort. »
 
En vérité, il ne l’avait pas invoqué maintenant. Il l’avait préparé depuis plusieurs jours, et l’avait nourri un peu plus chaque soir, dans les limites du possible. Il fallait bien cela pour mettre fin aux jours d’une liche. Ou du moins, de la partie qui vivait dans son corps. Car la partie qui se trouvait dans le réceptacle, elle, y serait enfermée, mais restait intacte.
Il y eut un éclair lumineux, qui éclaira tant la pièce que son éclat jaillit à travers les fenêtres, et que tous, en dessous, attendirent le coup de tonnerre qui allait s’ensuivre. Il n’arriva jamais. Manuela soupira. Il faudrait trouver une explication convenable à tout le monde. Alors qu’elle dépoussiérait sa robe, elle regarda Astalil, qui avait pris Finil par la main, et déjà, l’aidait à descendre l’escalier.
 
« Pas de remerciements, je suppose ?
-Je dois t’avouer que je suis positivement impressionné. Tu n’as pas fait de mal à Dame Finil, et tu as fait preuve d’une grande intelligence, dans ce combat. Il ne reste plus que trois de ces monstres. Mais sache-le, Manuela. Les autres savent ce qui est arrivé à Barceth. Et nous avons eu de la chance, beaucoup de chance. S’ils cherchent à la venger, nous n’aurons pas la même chance, car ils ne feront pas les mêmes erreurs qu’elle.
-Pourquoi était-ce Barceth et non Bomendacir ?
-Sans doute Bomendacir fait-il autre chose, et c’est Barceth qui s’est laissée piéger… Je l’ignore, répondit Astalil. Le résultat est le même de toute façon. Bomendacir ne viendra pas si nous avons détruit sa sœur. Il prendra trop de temps pour planifier son attaque. »
 
Manuela le fit sortir par la porte des domestiques, afin que ni lui ni Finil ne repassent devant tout le monde.
 
« Et donc, j’y ai juste gagné le plaisir de détruire une liche, grommela-t-elle d’une voix vexée.
-La malédiction des vampires reprend le pas, murmura Astalil. Plutôt que de te réjouir de cela, tu préfères calculer les conséquences négatives que cela aura sur ta réputation en ville. Je te plains, réellement. Mais si tu tiens tant que cela à avoir une récompense… »
 
Il lui tendit un paquet. Manuela l’ouvrit, et laissa échapper un hoquet de surprise.
 
« Ce sont les clés de la ville ! dit-elle. Mais Astalil, elles désignent le …
-Le souverain de la ville, en effet, répondit Astalil. Tu auras du mal à te faire accepter comme telle, mais le vol est considéré comme un moyen valable de se les approprier.
-Tu me donnes une cité-état, dit-elle, d’une voix interrogatrice.
-Car il est des êtres pires, bien pires que toi, qui pourraient la prendre, sinon, répondit Astalil en s’éloignant la rue, Finil au bras. »
Jeu 13 Nov 2014 - 16:00
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Helvoran
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Je suis votre plus sombre espoir
Helvoran
Une armoire remplacée et un rideau raccroché plus tard, la vie dans la maison reprit son cours habituel. Si toutefois habituel signifiait avoir une déesse en convalescence, un elfe blanc plusieurs fois millénaire faisant le guet dans le jardin, la mort en personne qui de temps en temps rend visite à sa mère et la menace permanente de se retrouver nez à nez avec une liche en ouvrant une porte.
Helvoran avait pris l’initiative de remplacer au plus vite ses réverses de sang ainsi que celle de Manuela. Des clochards qui, après une brève enquête menée par Manuela, ne manqueraient à personne dans cette ville.

Manuela s’occupait comme elle le pouvait et Helvoran lui c’était penché sur la découverte faite récemment. Et si les larmes de la mort en personne étaient la solution au vampirisme. Il n’avait pas aimé faire pleurer la petite lorsqu’elle était revenue voir sa mère. Mais il ne pouvait pas passer à côté de cette occasion tout de même !
 
Helvoran étant absorbé par la découverte qu’il venait de faire ainsi que par son emploi de médecin. Il gardait une surveillance aidé par Nazima sur Manuela. Cette dernière s’occupant de tisser des relations avec des gens potentiellement important ou important de la ville.
 
A ceux qui posaient la question sur l’absence d’ Arphénise et de l’assistant d’Helvoran. Tout le monde c’était mis d’accord sur le fait qu’officiellement Arphénise était partie faire de très longue études loin d’Harmad et l’assistant pour sa part avait été appelé dans une cités-état au nord.
 
Alors que Manuela organisait l’une de ces soirées elle vint trouver Helvoran en lui disant de s’occuper des invités et de les faire sortir si jamais il y avait un problème.A peine Nazima venait de demander ce qu’il se passait qu’Astalil fit irruption dans la pièce en leur révélant qu’il partait à la chasse au liche en emboîtant le pas à Manuela vers l’étage.
Helvoran balaya du regard la salle. Il reconnut la mère d’un enfant qu’il avait soigné trois jours plus tôt. Assit sur une chaise un peu plus loin, un homme d’une cinquantaine d’année à qui il avait retiré une balle qu’il s’était tiré lui-même en nettoyant son pistolet.
Puis un tremblement ayant pour origine l’étage provoqua une panique parmi les convives. Il lui fallait réfléchir et vite. Sauver qui ? Ces gens ou suivre les consignes de Manuela qui sans doute risquait une place de choix en enfer si jamais les choses tournaient mal pour elle.
Il rassura les personnes présentes en leur demandant leur attention. Rien de compliqué à cela pour lui. Sa taille massive et son statut de maître de maison suffit amplement.

« - Navré d’écourter cette soirée mes amis. Malheureusement la personne qui a emboîté le pas à mon épouse semble être porteuse de mauvaises nouvelles. Je pense qu’il serait plus sûr pour vous tous de bien vouloir revenir une fois qu’elle aura digérée son échec à la demande d’un endroit où tous et toute pourrais se faire soigner. »

Helvoran marqua un temps de silence alors que d’autres bruits de lutte se faisaient entendre.

« - Ne lui en tenez pas rigueur pour autant. Ceux qui comme moi ou ma fille ici présente la connaisse savent qu’elle importance elle accorde à la vie et au bien-être de tous depuis notre arrivée ici. »

S’excusant encore une fois il laissa les domestiques raccompagner les invités dehors. Le silence pesant qui s’installa dans la maison ne présageait peut-être rien de bon. Au bout d’interminables secondes, il entendit la voix de Manuela discutant avec Astalil.
Nazima par la fenêtre regardait partir l’elfe blanc et Finil alors qu’Helvoran avait rejoint Manuela Attendant patiament que la conversation entre elle et Astalil prenne fin.

« -Je n’irais pas jusqu’à dire que je me suis inquiété pour toi, cependant je ne devais pas  être loin de ce sentiment à ton égard. »
Jeu 20 Nov 2014 - 8:14
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Lyzma Felicia
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Lyzma Felicia
Lyzma, bien que tournant le dos à ses interlocuteurs, pouvait sentir leurs regards l’examiner du haut en bas. Elle avait été fouillée intégralement au moins une dizaine de fois avant de venir, et avait quand même réussi à dissimuler une dague sur elle. Elle était petite, certes, mais c’était néanmoins une arme, qui pouvait tuer, et sa petite taille venait du fait qu’elle était cachée dans une broche à cheveux. Une technique classique, mais qui marchait à chaque fois, surtout face à des personnes qui n’étaient pas habituées à de telles méthodes. Plus alarmant encore pour ceux à qui elle tournait le dos, la lame était en argent.
Trois choses étonnaient les vampires présents dans la pièce, et Lyzma, en contemplant le feu brûler dans la cheminée démesurée, savait bien ce qu’était chacune d’elles. La première, c’était la présence d’une elfe noire à Harmad. Bon, ça n’était pas étonnant en soi. Après que Cinder se soit enfuie, il paraissait logique que d’autres viennent. Toutefois, cela devenait source d’étonnement dès lors que ladite elfe s’était officiellement présentée comme telle, apportant même la preuve de son origine en leur parlant de l’elfe Cinder comme de sa mère. Elle avait réussi à faire en sorte de ne pas être abattue sur place en mettant aussitôt son sabre à terre, en mettant les genoux aux sols, et en posant les deux mains sur sa tête, en signe de reddition. Qu’une elfe noire vienne se livrer, voilà quelle était la deuxième source d’étonnement. Et lorsqu’elle avait finalement été reçue en privé, comme elle le demandait, elle avait directement indiqué que leur garde rapprochée avait oublié cette fameuse dague. Voilà la dernière source d’étonnement.
Les vampires, Lyzma le supposait, ne devaient cependant pas être inquiétés un seul instant. Manuela Felicia s’était assurée en personne qu’aucun garde ne dirait rien sur cette elfe qui s’était présentée dans les quartiers privés de la famille royale au lever du soleil, et elle avait rapidement pris toutes les dispositions nécessaires à son accueil dans les meilleures conditions possibles. C’est-à-dire couverte de chaines et au fond d’une cellule jusqu’à être reçue plusieurs jours plus tard. En outre, leur supériorité physique, qui était ce que recherchait Lyzma, leur donnerait sans nul doute l’avantage si combat il devait y avoir. Non, elle n’avait aucun doute, les vampires ne devaient pas être inquiétés un seul instant. Ils devaient plutôt être curieux. Et cette curiosité, elle comptait la satisfaire, en leur expliquant comment et pourquoi les avait-elle trouvés.

« Je suis venue ici pour le pouvoir, dit-elle sans chercher à faire de détours, ni à leur mentir, même si elle ne doutait pas qu’ils pèseraient chacun de ses mots. Vous devez le savoir, j’imagine, mais pour nous autres elfes noirs, rien n’est plus important. Je crois qu’il doit en être de même pour vous, mais sachez que je souhaiterai devenir reine des elfes noirs. Seulement le problème que cela me pose, c’est que l’espérance de vie de nos souverains est malheureusement affreusement courte. Cela parce qu’ils n’ont que rarement le pouvoir de se maintenir face aux hordes d’ambitieux qui veulent prendre leur place. C’est ainsi que va la société elfe noire. Pour se maintenir, leur seule arme est la politique, car s’ils comptent uniquement sur leurs capacités martiales ou magies, ils n’ont que quelques jours devant eux. Je ne prétends pas être une experte en politique, mais c’est un jeu que j’apprécie et dans lequel j’apprends vite.
« Ce qui m’amène à un deuxième problème. Quand la moindre erreur peut se solder par la mort, il est illusoire d’espérer prendre le temps d’apprendre. Ou bien alors il nous faut revenir à ce que j’ai déjà évoqué. Le pouvoir.
« Je suis venu vous trouver après que ma mère, la sorcière Cinder, que vous devez sans doute connaitre, m’ai raconté la façon dont vous l’avez battue, dans les Montagnes Noires. C’est cela qui m’intéresse. Vous avez le pouvoir. Pour vous retrouver, j’ai dû user de mes talents en politique et en escrime, afin de savoir où étiez-vous allés, car ma mère ne m’aurait certainement pas répondu, et me voilà devant vous à présent, après un long voyage. Vous retrouver n’as pas été dur en soi, il m’a suffit de contacter les vampires qui se trouvaient encore dans les Montagnes Noires. L’une d’elle avait réussi à sauver une partie de votre bibliothèque privée, madame Felicia. Et parmi cette bibliothèque, de très intéressantes lettres sur une maison à Harmad, ainsi que d’autres propriétés un peu partout sur le continent. J’ai dû les fouiller une à une, et j’ai fini par vous retrouver, à Harmad. Vous devriez faire plus attention. Bien que devenue reine de la cité, vous conservez cette maison ? Elle vous rend aisée à trouver.
« Mais venons-en au fait. Comme je vous l’ai dit, je suis venue pour le pouvoir. Et vous en avez. Si je possédais ce pouvoir, non seulement j’aurais le temps d’apprendre de mes erreurs, mais je pourrais également devenir reine des elfes noirs. Et me maintenir, car je pourrais compter aussi bien sur ma puissance personnelle que sur mes talents en matière de politique. Je crois que vous avez déjà compris quelle est ma demande. Même si je ne vois pas vos visages, j’imagine parfaitement les sourires amusés que vous cherchez à dissimuler devant la naïveté de cette pauvre elfe noire qui n’a pas vos millénaires de vie pas vrai ? C’est là que vous vous trompez. Je suis loin d’être naïve, je sais qu’il vous faut une compensation avant d’envisager de me changer en l’une des vôtres. Alors voici le marché que je vous propose. Puisque l’état vampirique procure l’immortalité, je me mettrai durant un millénaire, à compter de l’instant où je me relèverai de la mort, jusqu’à ce que mille tours se soient écoulés, à la seconde près, à votre service. Ma lame sera la vôtre, ainsi que mes capacités en matière de politique. Cela me semble être un marché équitable, pas vrai ? »

Elle ne se retourna pas, et contempla le feu tandis qu’ils discutaient. Par les dieux, il fallait qu’ils disent oui ! Elle avait déserté de l’ost noir, sans prévenir personne. S’ils rejetaient son offre, elle n’avait nulle part où aller, et tels les elfes noirs en exil ou les prêtres de Silir, elle n’aurait plus qu’à errer sans but, écartée à tout jamais du pouvoir et des rouages de la vie d’elfe noir…
Mar 14 Avr 2015 - 17:32
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Helvoran
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Je suis votre plus sombre espoir
Helvoran
Plusieurs fois Manuela retenue par le bras Helvoran qui regretta de ne pas pouvoir enfoncer la tête de cette Lyzma dans l’âtre qu’elle regardait maintenant en attendant patiemment leur décision.
 
  Avant que Manuela ne puisse prendre la parole Helvoran l’entraina à l’écart. Il avait remarqué la façon dont Nazima bougeait étrangement ses doigts au moment où l’elfe noire avait commencé son discours. Si il devait y avoir une divergence d’opinion entre l’elfe vampire et la reine quant à la proposition de Lyzma. Helvoran jugea inutile qu’elle y assiste. Lui pensait déjà aux conséquences d’accéder favorablement à la requête de l’elfe noir lorsqu’il ferma la porte derrière lui. Cependant il ne lui hurla pas aux oreilles ce qu’il pensait de cette affaire. Une elfe noire ! Ici ! Elle avait presque tranquillement imposée ses conditions  oubliant à qui elle s’adressait. La teneur de ses propos teinté de mépris aussitôt adoucies par des promesses tissées de mensonges.
« - Ces elfes ne sont pas dignes de confiance Manuela. »
Il adoucit le ton de sa voix en l’appelant par son prénom. A vrai dire il ne savait plus vraiment s’il était son plus fidèle serviteur, son amant ou son pire ennemi. Les choses s’étaient terriblement accélérées pour Helvoran depuis la fuite des Montagnes Noires.  Des événements à rendre fou n’importent quel être se vantant d’avoir eu une vie pleine de rebondissements.
« -J’ai conscience qu’avoir une telle personne à ton service peut s’avérer tentant. Surtout si on lui offre ce qu’elle demande. Cependant rien n’est moins sûr qu’elle ne te trahisse pas. Vaincre sa mère était une chose. Réussir à garder le contrôle sur un individu tel qu’elle une fois vampirisé en est une autre. Quand bien même elle respecterait sa parole de te servir durant un millénaire. Elle ne sera que plus dangereuse une fois ce délai passé. »
 
 
Pendant ce temps Nazima avait depuis longtemps terminé de tracer la dernière rune qui rendait aussi inoffensive qu’un insecte l’elfe noire qui ne c’était aperçue de rien. Elle passa juste devant Lyzma plongeant son regard dans le sien comme l’on observe avec curiosité un tableau. La vampire décela en elle de l’inquiétude en se laissant aller à écouter les battements de son cœur. Pourtant elle n’arrivait pas à savoir si c’était sa présence et l’insistance avec laquelle elle la fixait qui incommodait le plus l’elfe. C’était la deuxième fois que Nazima approchait d’aussi près une elfe de cette race. Elle ne lui posa aucune question avant d’aller s’assoir sur un fauteuil non loin de la cheminée.
Lizma dut certainement à peine bouger, mais cela suffit à faire apparaitre tout autour d’elle une quinzaine desymboles nimbés de flammes vertes qui  encerclaient l’elfe. Sans quitter le foyer du regard Nazima prit la parole.
« - Je suppose qu’il est inutile de t’inviter à déchiffrer ces runes. J’ai même pris le temps de les inscrire en elfique afin que tu te fasses une idée de ce qui risque de t’arriver si je déclenche le pouvoir d’une seule. »
Sam 18 Avr 2015 - 13:07
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Lyzma Felicia
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Lyzma Felicia
Lyzma tendit l’oreille lorsque les deux premiers vampires sortirent de la pièce, espérant capter ce qu’ils pouvaient dire, mais rapidement, le duo s’éloigna beaucoup trop pour qu’elle puisse entendre quoi que ce soit à ce qu’ils pouvaient raconter. Puis la troisième vampire intervint. Elle tourna autour d’elle pendant quelques instants, comme si elle la jugeait, puis repartit à la place qu’elle tenait auparavant. Lyzma prit un instant pour réfléchir à la situation, et leva lentement un doigt de sa main. Des runes apparurent autour d’elle.
Elle n’écouta pas la menace de la vampire, pas plus qu’elle ne lut les runes. Ce genre de choses, elle y était habituée, et s’était même attendue à en voir un peu plus. Les elfes noirs se menaçaient et se livraient sans cesse à un tel chantage. Ça n’était absolument pas nouveau pour elle. A l’instant où elle avait été laissée en retrait, elle avait compris la hiérarchie locale. Les deux vampires sortis devaient être plus anciens, et avoir le plus d’autorité. S’il était vrai que Manuela Felicia était la chef du groupe, celui qui l’avait accompagnée être son plus fidèle conseiller, peut-être son amant. Et donc, on avait laissé cette vampire-là en retrait pour la surveiller. En d’autres termes, c’était probablement une combattante. Peut-être avait-elle d’autres talents, mais il était impensable d’espérer les découvrir avec si peu de connaissances. Et si elle n’était pas la main armée de la bande, en tous les cas était-elle en bas de la hiérarchie. Un dernier ressort, ou ce qu’il convenait d’appeler une servante des deux précédents. A moins qu’elle ne soit ce que les humains appellent une amie, c’était aussi possible, mais là n’était pas la question.
Et maintenant, Lyzma continuait à fixer les flammes, attendant que son destin ne soit décidé sans qu’elle puisse y dire quoi que ce soit. Elle réfléchissait déjà à l’éventualité d’un échec de son plan. Si les vampires la rejetaient, au mieux ils la laisseraient s’en aller, au pire ils la tueraient. Ils pourraient aussi la laisser dans leurs geôles comme nourriture, mais si sa mère avait réussi à s’en échapper, Lyzma ne doutait pas de trouver une solution elle aussi. S’ils la tuaient, tous ses problèmes seraient de toute façon réglés, elle n’avait donc pas à s’inquiéter de cette option. S’ils la laissaient partir, en revanche, ce serait plus complexe. Mais les elfes noirs exilés, cela existait. Il devait donc bien y avoir pour les siens un moyen de survivre incognito parmi les humains. Elle réfléchit. Quelles étaient les régions en conflit en ce moment ? Elle l’ignorait. Mais ce qu’elle n’ignorait pas, c’est qu’en se déguisant en humain de sexe masculin, avec son talent pour manier l’épée, elle n’aurait aucun mal à se faire engager dans n’importe quelle armée, même une qui rejetterait les femmes à cause de leur prétendue faiblesse. Et dans le pire des cas, elle pourrait se faire mercenaire ou verser dans le banditisme. Il paraissait également qu’un elfe noir avait pris le pouvoir à Oro. Elle pourrait aussi aller voir ce dont il retournait afin de vérifier qu’il ne soit pas prêt à l’accueillir parmi les siens.

Elle attendit encore pendant ce qui lui sembla être de longues heures. Le débat devait être vif pour que ces deux-là mettent tant de temps à revenir. C’était une bonne chose. Cela voulait dire que si l’un d’eux refusait de l’avoir parmi la troupe, l’autre souhaitait accepter cette proposition, et était capable de la défendre à tout prix, malgré la réputation de sa race qui la précédait. Qu’un débat soit précipité aurait été mauvais pour elle, car la décision aurait été prise à contrecœur, ou bien pire encore, ils n’auraient pas hésité un seul instant à se débarrasser d’elle.
Aussi, lorsque s’ouvrit finalement la porte qui avait fait disparaitre les deux vampires, elle faillit bien se retourner brusquement pour demander ce qu’il en était, mais se rappela les runes qui l’entouraient. Bien que les symboles aient disparu, il était évident qu’elles étaient toujours ici. Aussi Lyzma attendit-elle, patiemment, qu’on lui adresse la parole.

« Tu peux te retourner, entendit-elle dire. »

Elle obéit, sans poser de questions. Le trio était désormais au complet. Le mâle et la gardienne, debout, entouraient Manuela Felicia, qui était tranquillement assise en train de l’examiner.

« Comment pourrions-nous te faire confiance, à toi, une elfe noire ? demanda finalement Manuela. Je ne crois pas avoir entendu parler de membre de ta race qui soit fiable. Alors une fois que tu auras ce pouvoir, quel assurance avons-nous que tu ne t’en serviras pas contre nous ?
-Sur l’île de mon peuple, répondit tranquillement Lyzma en haussant les épaules, le plus apte survit. Le plus apte, c’est le mélange du plus intelligent et du plus fort, ou à défaut, de celui qui utilise le mieux la force qu’il a sa disposition. Même si j’avais la force et les pouvoirs d’une vampire, à l’heure actuelle, vous me surpassez largement tous les trois. Il serait stupide d’espérer vaincre n’importe lequel d’entre vous. Ce serait faire preuve d’inaptitude.
-Et dans un millénaire ? Passé un moment, l’apprentissage du pouvoir est long. Et si nous suivons ton plan, tu aurais une armée.
-Ce que je compte faire une fois au pouvoir des elfes noirs, je ne le sais pas encore, répondit Lyzma. Si vous acceptez d’accéder à ma requête, j’aurais un millénaire pour y réfléchir, ce qui me semble plus que suffisant.
-Ses réponses te plaisent-elles Helvoran ? demanda Manuela, sans quitter Lyzma des yeux. »

Si les propos de Manuela Felicia pouvaient laisser penser qu’elle ne croyait pas l’elfe capable de mensonge, le regard qu’elle avait pour elle était tout autre. Mais au moment où elle croisa ce dernier, Lyzma sût qu’elle avait gagné. C’était un regard qui annonçait très clairement une chose. Manuela Felicia avait pris sa décision. Mais si par hasard Lyzma avait menti, s’il se trouvait qu’un seul des mots qu’elle avait prononcé dans cette pièce était faux, alors les enfers lui paraitraient être un endroit où la vie serait douce en comparaison de ce que lui ferait subir Manuela Felicia… Pendant l’éternité qu’elle lui aurait offert à Lyzma. Voilà ce qu’annonçait ce regard. Et il réjouit Lyzma, qui savait avoir été la plus honnête du monde.
Sam 18 Avr 2015 - 18:03
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Helvoran
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Helvoran
« -Ses réponses te plaisent-elles Helvoran ? »

Il fallait au moins reconnaitre à cette elfe le fait qu’elle ne se surestimait pas. Chose rare à en croire ce qu’Helvoran savait de cette race.
« -Me plaire !?
 S’exclama Hevoran sans quitter une seule seconde du regard Lyzma.
Tout ceci était bien loin de lui plaire. C’était même à l’exact opposé à bien y réfléchir. Cependant rien ne permettait de deviner le moindre sentiment sur le visage du vampire. En réalité, cela lui plaisait tout autant que de se retrouver dans cette ville noircie par la fumée que crachaient jour et nuit les usines. Pourtant il s’en accommodait.
C’était dans cette ville qu’il avait rencontré une humaine. La seule à mettre de côté la crainte qu’inspiraient les vampires et à lui faire confiance. Dans cette ville où après des millénaires il était enfin parvenu à trouver le remède qu’il cherchait.
Remède qu’il s’interdisait de prendre peut-être parce qu’au final. Lui aussi avait pris goût à la supériorité que le vampirisme  donne sur tout le monde.
Que cette Lyzma se mette à leur service pour un millénaire ou plus. Vampire ou pas. Elle ne serait jamais supérieure à l’un des trois membres de cette triste parodie familiale qu’ils formaient.
Il avait depuis leur fuite des montagnes Noires, insisté auprès de Manuela pour qu’elle recrute dans son entourage des personnes qualifiées. Le recrutement  passant par le quantitatif ayant largement prouvé ses limites lors de leur défaite.
Il savait Manuela encore hésitante sur le fait d’accepter le marché proposé par Lyzma. Si elle ne l’avait pas été. Elle ne lui aurait pas demandé son avis et l’elfe noire serait déjà morte à l’endroit même où elle se trouvait, sans s’être aperçue de quoi que ce soit.
D’un autre côté, la détermination des elfes noirs en général pour obtenir ce qu’ils souhaitent n’étant plus à prouver. Refuser l’offre ne ferait que retarder le fait qu’elle devienne une vampire. D’autres moins regardants lui offrirait ce qu’elle souhaite sans même lui demander  une compensation.
Laisser passer une opportunité pareille serait dommage.
Helvoran s’avança vers Lyzma les mains dans le dos. S’arrêtant à moins d’un mètre et toujours sans la quitter du regard.

« -Que cela me plaise n’est pas la question. Disons simplement que je suis curieux de voir l’évolution de cette personne au sein de notre famille. »
Manuela savait qu'Helvoran nourrissait encore des inquiétudes vis à vis de Lyzma. Cependant la reine savait aussi qu'il faisait toujours preuve de prudence. Peu importe ils auraient un millénaire pour vérifier si Helvoran
avait raison ou pas de se méfier. Il fit demi-tour en reprenant sa place auprès de Manuela.

Attendant qu'elle accède ou non à la requête de Lyzma.
"-
Sam 25 Avr 2015 - 9:06
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Lyzma Felicia
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Lyzma Felicia
« Que cela me plaise n’est pas la question. Disons simplement que je suis curieux de voir l’évolution de cette personne au sein de notre famille. »

Lyzma dût dissimuler un sourire. Il ne s’y était pas opposé ! Elle s’était attendu à ce qu’il proteste et cherche à faire revenir Manuela Felicia sur sa décision, mais non, il ne s’y était pas opposé. Une pointe d’anxiété naquit dans son cœur, anxiété qu’elle cacha, tandis que la troisième vampire, celle qui était restée la surveiller, demandait à Manuela si elle pouvait avoir l’honneur de la transformer. Quand Manuela accepta, Lyzma sût que dans quelques instants, elle pourrait dire adieu à sa forme vivante. Elle avait beau vouloir cela, c’était un petit peu angoissant. Mais elle chassa ces pensées. Elle voulait cette transformation, elle n’allait pas se défiler maintenant. Surtout que les vampires la tueraient sans nul doute pour faire ça. Alors elle attendit, tandis que la vampire l’approchait.

« Puisque nous serons bientôt sœurs, dit-elle, autant que tu connaisses mon nom. Je suis Nazima. Et je tâcherai d’éviter de te faire souffrir.
-Je ne crains pas la douleur, répondit Lyzma.
-Nous ne l’infligeons pas, répondit Nazima en lui écartant les cheveux et en lui faisant pencher la tête sur la droite, approchant sa bouche. C’est une question de principe. »

Puis elle planta ses crocs dans sa chair. Lyzma sentit une petite douleur quand sa peau fut percée à deux endroits, mais ce n’était rien de grave. Elle s’était attendue à une morsure brutale, mais le geste de Nazima était presque plus proche du baiser. Elle put toutefois sentir que quelque chose était versé en elle par cette ouverture. Ça n’était pas une sensation désagréable, mais terriblement étrange. Puis ce fut fini. Nazima retira ses crocs, et s’essuya un filet de sang qui coulait de la bouche avec un mouchoir.
Lyzma se passa la main sur le cou, étalant par mégarde les deux perles rouges qui s’y trouvaient, puis elle secoua la tête, attendant la suite, qui ne mit pas longtemps à arriver. Elle sentit soudain une douleur sourde dans sa poitrine, au niveau du cœur. Par réflexe, elle y porta sa main, et sentit que ce dernier ne battait plus. Elle eut également mal aux poumons, et chercha un air qui ne vint jamais. Elle tomba à genoux, la main sur le cœur, son visage figé dans une expression de douleur, comme si elle voulait crier, mais aucun son ne sortait de sa bouche. A ce moment, des points noirs se mirent à danser devant ses yeux, de plus en plus gros, et elle se sentit chuter, puis plus rien.

Lorsqu’elle s’éveilla, elle se trouvait dans un lit. De nouveaux vêtements lui avaient été mis. La première chose qu’elle sentit fut le froid. Une sensation étrange. Comme si la température de son corps avait naturellement baissé, sans que les couvertures n’y changent quoi que ce soit. D’ailleurs, si elle remuait, la chaleur ne se conservait pas dans les draps. Puis elle s’aperçut que son cœur ne battait pas, et que sa poitrine ne se soulevait plus au rythme régulier de sa respiration. Elle porta la main à la bouche, et sentit deux de ses canines qui étaient désormais plus longues, et plus pointues.
C’était donc fait. Elle était donc devenue une vampire.
Elle se leva, et fit quelques mouvements qui alors qu’elle était vivante servaient à remettre ses muscles en route. Tout son corps répondait à ses ordres. C’était bien. C’est à cet instant seulement qu’elle sentit que sa bouche était atrocement sèche. Et elle avait l’impression que des milliers de vers lui rongeaient l’estomac. Elle avait faim… Elle eut alors terriblement conscience du bruit qu’il y avait autour d’elle, dans ce palais, des pas des serviteurs aux alentours, et du battement régulier de leurs cœurs… Elle commença à se diriger vers la porte. Boire, c’était désormais devenu le centre de son existence.
Du moins jusqu’à ce qu’entre Manuela Felicia, qui referma la porte derrière elle.

« Déjà réveillée ? demanda-t-elle.
-Soif… parvint juste à murmurer Lyzma, d’une voix rauque.
-Je vois, soupira Manuela, visiblement lasse. »

Elle clappa des mains, et un serviteur entra, suivi par Helvoran. Calmement, il se dirigea directement vers Lyzma, et lui présenta son cou. Lyzma put entendre le vacarme du sang qui coulait à flots dans ses veines et de son cœur qui battait. Aussi, sans douceur, elle planta ses crocs dans le cou et but à grandes gorgées, laissant le sang chaud se répandre partout dans son corps.

« Lyzma ! dit une voix lointaine. Doucement Lyzma ! »

Elle n’écouta pas. Elle s’en fichait. Plus rien n’existait d’autre que ce sang qu’elle buvait, et buvait encore. Puis ce furent les ténèbres, à nouveau. Lorsqu’elle s’éveilla, elle n’était plus dans le lit, mais sur le canapé de la même pièce. Elle avait mal à l’estomac, comme si elle avait trop mangé. Ou trop bu, en l’occurrence. Elle sentit un battement de cœur proche d’elle. Le serviteur était dans le lit, évanoui. Entre eux deux, Helvoran et Manuela, silencieux.

« Il est vivant, lui dit Manuela en parlant du serviteur. »

Lyzma comprit que faire remarquer qu’elle s’en fichait n’était pas une bonne idée, aussi se tint-elle silencieuse.

« Ce n’est pas grâce à toi, reprit Manuela. Helvoran a bien failli l’égorger en essayant de te décrocher. Je ne sais pas à quel moment tu as perdu le contrôle, mais mettons les choses au clair tout de suite, Lyzma. Il va très vite falloir que tu apprennes à te contrôler. Autrement, nous nous verrions obliger de mettre fin à notre engagement de façon prématurée, et ça, tu n’en as clairement pas envie. Nous ne voulons pas dans notre famille d’une goule qui dévore ses victimes. Nous voulons des vampires de race supérieure, des vampires qui font attention au moindre écart de conduite. Fais-moi honte Lyzma, et je n’aurais aucun remords à me débarrasser de toi. »

C’était une mise en scène, bien entendu. Lyzma doutait que Manuela Felicia elle-même ait su se contrôler la première fois. Mais ça n’avait aucune importance. Elle devrait apprendre, elle le savait bien.
Sam 25 Avr 2015 - 17:19
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Helvoran
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Sur ces mots Manuela quitta la pièce. Le bruit de la porte qui en claquant mettait à rude épreuve les gonds fit sourire Helvoran qui prit un siège s’asseyant face à Lyzma.
« - Et encore tu ne l’as pas vu en colère… Ma fille. » Dit-il sans cacher l’ironie d’un seul de ses mots.
Helvoran laissa une seconde certainement interminable pour Lyzma s’écouler avant de reprendre la parole.
« -Bien. Maintenant que le plus dur semble être fait. Il va falloir que je t’explique. De manière moins brutale je l’espère pour toi.  Ce que tu peux et doit faire. Et aussi le reste. »
Tout en se levant il se mit à poser une série de questions à Lyzma.
« -Sensation de froid ?
-Effectiv..
-De soif ?
-Oui
-Légère désorientation  lorsqu’on se lève ?
-Aussi  Mais…
- Sens en éveil constamment  et semblant décuplés ?
-Hanhan. »
Lyzma aurait pu répondre un simple oui. Si Helvoran ne lui avait pas déjà ouvert la bouche en portant toute son intention sur ses canines.
-Les canaux  ne sont pas encore visibles. Cependant une légère teinte sombre à la pointe laisse deviner qu’ils sont déjà en formation…
-Mais enfin ! Qu’est-ce que v… t… »
Le temps d’un vol plané Lyzma se retrouva contre l’un des murs de la pièce.  En sang, le corps percé de flèches. Cherchant encore à savoir comment Helvoran avait eu le temps de faire tout cela. Il était déjà assis sur ce même siège en prenant tranquillement des notes.
« - Maintenant retire donc ses flèches s’il te plaît. »
Lysma le fit tout en regardant ébahie ses plaies se refermer à vue d’œil.
Tout en l’observant Helvoran sorti d’une valise en gant qu’il enfila avant de s’emparer d’une sphère métallique qu’il présenta à Lyzma.
« -Réflexes ? » Dit-il avant de la lancer droit vers la tête de cette dernière avec une force et une vitesse prodigieuse. Pourtant Lyzma eut tout le temps de voir arriver la bille dans sa direction. Lui laissant même le temps de se demander si elle devait l’esquiver ou l’attraper.
Une odeur de chair brûlée se rependit dans la pièce suivie d’un cri mêlant surprise et douleur. Lyzma jeta un regard noir lorsqu’elle lâcha la bille d’argent vers Helvoran qui affichait un sourire sans relevé la tête de ses notes.
« -Celle-là . Je ne m’en lasserais jamais de la faire aux nouveaux. »
Dit-il tout haut en terminant d’écrire. Puis rangeant ses affaires il invita Lyzma à s’approcher de lui. Tout en inspectant la brûlure qui commençait à peine à s’estomper. Il lui signifia qu’elle avait de la chance d’être une elfe. D’habitude les vampires humains  la prennent en plein front et ils sont la risée des autres pendant deux ou trois jours. Oui on cicatrise moins vite des blessures causées par l’argent. »
Puis il se releva en claquant dans les mains.
« -Mince j’allais oublier de le remettre sur pied celui-là. » En parlant du serviteur. Tu peux aller voir Man… Ta mère. Je n’en ai pas pour longtemps.
Dim 26 Avr 2015 - 10:32
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Lyzma Felicia
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Lyzma Felicia
Lorsqu’elle ressortit de la pièce, Lyzma était furieuse. Non pas de ne pas avoir su se contrôler, même si elle devrait apprendre, mais d’avoir servi de défouloir à un Helvoran un peu trop démonstratif. Elle était une vampire nouvelle née, elle le savait, mais elle était aussi et une adulte ! Elle était assez grande pour qu’on lui dise les choses au lieu de les lui montrer. Puis elle chassa ces pensées. Elle n’était plus une gamine qui rejetait toute éducation. Que Helvoran ait des méthodes déplaisantes était son problème, pour l’heure, elle devait aller trouver Manuela Felicia. C’étaient les instructions qu’elle avait, et elle comptait bien les respecter.
Sauf que Manuela Felicia, elle, lui fit savoir par l’intermédiaire d’un serviteur qu’elle était occupée et avait autre chose à faire que de s’occuper d’elle pour le moment.

« Madame Felicia vous suggère d’aller trouver votre père, dit le serviteur. Elle pense qu’il sera à même de s’occuper de vous le temps qu’elle connaisse la tâche qui vous sera confiée. Elle vous recontactera pour vous en dire plus le moment venu. »

Elle retourna donc voir son « père », tout en se souvenant de ce qu’elle avait dit. Elle avait prêté serment de fidélité. Il était normal qu’on mette sa résolution à l’épreuve en la traitant comme une moins que rien, comme si elle ne valait rien. Mais tout de même, c’était vexant. Elle retourna donc dans la chambre où elle s’était éveillée, et où Helvoran avait depuis longtemps fini de guérir le serviteur.

« Manuela Felicia pense que vous devez achever ma formation, dit-elle, d’une voix vexée. »
Dim 26 Avr 2015 - 17:40
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Helvoran
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Helvoran
« Manuela Felicia pense que vous devez achever ma formation. »
Helvoran releva la tête de sa lecture. Un peu surpris de la demande de Manuela. Qu’entendait-elle exactement par formation ?
« -J’ignores comment elle compte utiliser tes compétences, mais saches que si tu souhaites une formation scientifique. J’ai une amie qui travaille à l’université qui… »
Le regard de Lyzma parlait suffisamment pour faire comprendre qu’elle se moquait bien d’apprendre autre chose que ce qui concernait son nouvel état. Aussi Helvoran l’invita à le suivre.
Traversant le palais ils arrivèrent dans une pièce qu’Helvoran présenta comme son laboratoire. Ils y retrouvèrent Nazima. Absorbé par ce qu’elle était en train de faire. Elle ne releva même pas la tête et continuait méticuleusement de réduire en poudre à l’aide d’un pilon divers éléments.
« -Bien ! Si nous devons nous côtoyer pendant près d’un millénaire. Autant que tu saches certaines choses. J'ai été transformé par Manuela contre ma volonté. Ce fut comme tu peux te l’imaginer pour un elfe sylvain une expérience personnelle… Compliquée. »
Helvoran cessa un instant de parler pour vérifier divers liquides. Ajoutant ici et là d’autres ingrédients. Fouillant dans une de ses poches il en sorti une montre à gousset. Puis après l’avoir rangée prit une fiole vide se mit à la remplir d’une solution aux teintes bleutée.
Puis se retournant vers Lizma la lui tendit.
« -J’étais un grand guérisseur chez les miens. Je veillais sur eux et aussi sur d’autres. Un archer émérite protégeant des biens des menaces ceux qui m’étaient cher. Puis… Après avoir été mordu. Je n’étais plus qu’un monstre. J’ai cherché pendant des centaines de tours un moyen de revenir parmi les miens. Maintenant que j’ai trouvé ce moyen de guérir. Je ne vois plus le fait d’être un vampire comme un mal, mais comme une opportunité de pouvoir observer ce monde comme le font les dieux.
-Et vous m’offrez la possibilité de redevenir vivante comme cela ? » Demanda Lizma en observant avec une certaine curiosité le liquide à l’intérieure de la fiole.
« -Non pas du tout. Ceci est un médicament destiné à soigner la femme du pauvre bougre qui t’a servi de repas tout à l’heure. »
Lui répondit platement Helvoran en prenant place derrière un bureau.
« - Crois-tu qu’il aurait risqué sa vie uniquement par curiosité ? Cette ville est dangereuse, je peux soigner beaucoup de maux. Manuela règne sur cette cité. Nous prenons soins de nos plus fidèles suivants et récompensons ceux qui sont prêt à se sacrifier pour cela. Maintenant va. Trouve ce serviteur. Tu le remercieras pour ce qu’il a fait. Tu lui feras tes excuses d’avoir été indélicate avec lui et lui offrira cette fiole. Cet homme te sera d’une grande utilité car il est au courant de bien des choses dans cette ville. »
Tout en remplissant une valise de diverses fioles et documents il rappela Lizma juste avant qu’elle ne franchisse la porte.
« -Et change de tenue ! Nous sortons ce soir. Tu ne devrais pas avoir de difficultés à trouver quelque chose de plus habillé que ce que tu portes à l’heure actuelle. »
Il invita Nazima à accompagner Lyzma. Sans relever la tête la magicienne mit quelques minutes avant de lui répondre positivement.
Elle semblait lasse et ne cacha pas son plaisir de pouvoir faire autre chose. Elle déposa le mortier devant Helvoran en lui demandant si cela était suffisant.
« -C’est très aimable à toi, mais j’aurai pu m’en charger.
-Je préférais te savoir à côté d’elle. » Dit simplement Nazima en souriant à Lyzma.
« - Nous repasserons plus tard. » Les deux femmes quittèrent la compagnie d’Helvoran et Nazima prit sa désormais sœur par le bras. Une fois devant le serviteur Lizma respecta à la lettre les instructions d’Helvoran. Puis Nazima lui trouva une robe plus adapté. Lyzma se plia également à une séance de maquillage.
Sa nouvelle sœur une fois satisfaite du résultat. Elle emmena l’elfe noire voir Manuela. Elles la trouvèrent en grande discussion avec ses conseillers.
« -Mère ? Nous sortons ce soir ! » Lança Nazima souriante sans pour autant dévoiler ses canines.
« -Soyez prudentes mes filles. Les rues sombres sont parfois source d’ennui.
-C’est ennuyeux… » Répondit Nazima qui avait suivi l’imperceptible regard que Manuela avait lancé en direction d’un homme arrivé depuis peu en ville.
Lyzma restait observatrice feignant elle aussi la déception qu’affichait le visage de Nazima. Son regard et ses sens attiré par ce qui se passait au plafond. Dissimulées dans l’ombre des chauves-souris restaient immobile attentive à la scène.

« - Quel dommage que personne ne puisse nous servir d’escorte. J’aurai tellement aimé montrer à ma sœur la beauté de cette cité.
Bien des regards se tournèrent vers l’homme en question. Il fut fortement encourager par ceux autour de lui à tenir ce rôle.
Aussitôt l’homme se proposa de leur servir d’escorte. Lizma pouvait sentir le cœur de l’individu battre à tout rompre dans sa poitrine. Même s’il paraissait serein en offrant ses bras aux deux jeunes femmes.
« -Et vous en serez récompensé messire. » Termina Manuela en souhaitant bonne soirée à ses filles.
En sortant de la pièce le trio tomba nez à nez avec Helvoran. L’homme perdit tout de son masque de sérénité. Il essaya vainement de se dégager, mais c’est sans effort que Nazima et Lyzma purent le retenir.
Habillé d’un costume et tenant sa valise à la main. Il approcha du visage de l’homme.
« -Vous allez bien ? Vous savez, je suis médecin. Si votre état ne s’arrange pas je me ferais un plaisir de vous soigner.
-Ce galant homme c’est gentiment proposé de nous servir d’escorte. » Précisa Lizma qui était entrée dans le jeu.
« - Bien dans ce cas, je ne vous retiens pas plus longtemps. Amusez-vous bien. » Il s’éloigna et seul les sens des deux vampires purent détecter le « bon appétit » qu’il leur souhaita.
Nazima et Lizma s’engouffrèrent dans un carrosse en compagnie du pauvre homme sous le salut amical du serviteur qui leur servirait de cocher pour l’occasion.
« -Nazima prit un air détaché une fois à l’intérieur en s’adressant à sa sœur.
« -Tu as entendu père ? il veut le revoir en vie. D’un autre côté mère ne semblait plu pouvoir le voir. »
Saisissant les cheveux de l’homme. Elle planta ses crocs dans son cou avec beaucoup moins de ménagement que lorsqu’elle avait transformé Lizma. Veillant toutefois à ce que le bruit de l’attelage qui se dirigeait vers l’hôpital couvre les cris du malheureux.
Une fois rassasier elle l’envoya valser vers Lizma.
« -Tu peux y aller franchement avec lui. Père veut seulement qu’il reste en vie. »
Mar 5 Mai 2015 - 17:10
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